Invité par Alorsa et la Guardia Hereje (voir liens), le chanteur Angel Pulice et ses musiciens partagent avec eux la scène du Criollo Tango Club, à La Plata, ce samedi 26 juillet, à 22h.
Angel Pulice, auteur-compositeur-interprète, chante sa propre musique avec une formation essentiellement de guitaristes : lui-même chante et s’accompagne à la guitare sèche, seul ou avec Ruth de Vicenzo (chanteuse et accordéoniste - attention : pour une fois, ce n’est pas du bando !). Trois autres musiciens complètent le quintette : Carlos Filipo et Pablo Covacevich à la guitare sèche et Nacho Pesalta, à la guitare basse (sèche aussi).
Une musique originale, jouée à l’économie, sans effets de scène, sobrement, comme on chante entre amis.
Ils ont déjà enregistré un disque (disponible) : Tangos nuevos y usados (Tangos neufs et d’occasion), où ils chantent à deux (Angel Pulice et Ruth de Vicenzo). Le contenu est pertinent et courageux : l’album se compose d’un grand classique (Milonga triste, de Sebastián Piana et Homero Manzi), de morceaux anciens mais dont il n’existe pas une multitude d’enregistrements comme Tu nombre (Felix Lipesker et Homero Manzi), Mala entraña (Enrique Maciel et Celedonio Flores) et Apología tanguera (Roberto Quiroga et Enrique Cadícamo) et les 7 autres pistes sont des morceaux originaux de leur composition... Une vraie perle à ne pas rater...
Si vous n’habitez pas La Plata et que c’est un peu loin pour vous pour samedi soir, vous pouvez retrouver Angelito Pulice et ses complices sur son site : http://www.angelpulice.com.ar/index.html. Il a déposé trois morceaux en écoute (MP3), dont un très joli vals argentino (valse, c’est masculin en espagnol comme en allemand) intitulé Mentira, dont ils ont tiré pour le site une superbe vidéo, hyper-travaillée, avec des effets de chiffon... mais sans effet de manche.
Un seul petit bug technique à déplorer sur le site : les paroles (la letra) annoncées et que vous pouvez lire en cliquant sur le mot letra ne correspondent presque jamais au morceau indiqué. Mais de nouvelles pages sont en préparation et le site va bientôt se refaire une beauté, avec plus de vidéos et plus de MP3...
Ci-après, avec l'aimable autorisation d'Angel Pulice, je vous livre une de ses letras avec traduction en français.
Le titre et le premier vers se réfère à un immense standard du répertoire de Gardel et de beaucoup derrière lui, un grand chant d’amour à la ville de Buenos Aires : Buenos Aires (de Manuel Jovés et Manuel Romero) qui présente la capitale comme la Reine de (la région du Río de la) Plata et dont le refrain dit :
Buenos Aires la Reina del Plata,
Buenos Aires mi tierra querida;
escuchá mi canción
que con ella va mi vida.
Or autant Buenos Aires est un tango à écouter au premier degré, sans l’ombre d’un double sens, même bien caché, autant la version de Pulice raconte son attachement à la ville avec un portrait autrement plus dérangeant...
Buenos Aires la Reina sin plata
Buenos Aires la reina sin plata
apoliya a los tropezones
en sus calles desfilan fantasmas
que el olvido sembró en los rincones
Buenos Aires te duele la mugre
que no entra debajo de la alfombra
y tu cuore de rencor se pudre
porque ya no confiás ni en tu sombra
y sin embargo te quiero tanto
es que tu amor puede más que el espanto
la esperanza, un caballo cansado
que tira del carro del ciruja
la mentira, un elefante
que atraviesa el hojal de una aguja
Buenos Aires te engrupió el malevaje
te tragaste que el brillo era eterno
ya no hay guita para maquillaje
y el otoño se te vuelve invierno
y sin embargo te quiero tanto
es que tu amor puede más que el espanto
Letra de Angel Pulice
Buenos Aires, la Reine sans un rond
Buenos Aires, la Reine sans un rond,
Les yeux pas en face des trous et marchant pas droit...
Dans ses rues défilent des fantômes
Que l’oubli a semé dans les coins
Buenos Aires, ça te fait mal, cette crasse
Qui ne tient pas sous le tapis
Et ton palpitant se putréfie de rancoeur
Parce que désormais tu n’aurais même plus confiance dans ton ombre
Et malgré tout je t’aime tellement
C’est que l’amour de toi est plus fort que la peur
L’espoir, un cheval fatigué
Qui traîne la carriole du chiffonnier (1)
Le mensonge, un éléphant
Qui passe par le chat d’une aiguille
Buenos Aires, cette clique de voyous t’a raconté des craques
Elle t’a débagoulé que ce qui brille est éternel
Mais il n’y a plus de pèze pour le maquillage
Et l’automne te transforme en hiver
Et malgré tout je t’aime tellement
C’est que l’amour de toi est plus fort que la peur
Traduction Denise Anne Clavilier
(1) les carrioles de chiffonniers sont très fréquentes dans les rues de Buenos Aires. Ces hommes, parfois ces femmes et trop souvent aussi ces enfants ramassent tout ce qui traîne dans la rue et peut être recyclé, dépiauté, revendu d’une manière ou d’une autre : papier, carton, métal, plastique, jusqu’à des déchets alimentaires.... Pour les moins misérables, c’est un cheval qui tire la carriole. Les autres utilisent leurs bras. Il y a quelques années, une poignée de chiffonniers se sont associés en une coopérative qui connaît un succès commercial grandissant et se transforme petit à petit en une vrai service privé, hyper-organisé, de propreté de l’espace public et de recyclage, une opération modèle de développement durable. Hélas, ce succès reste tout à fait exceptionnel (c’est d’ailleurs pour cela qu’on en parle).