mardi 20 janvier 2009

Nouveaux podcasts à ne pas louper sur Tango City Tour [radio]

Logo de Tango City Tour (source : leur site)

Tango City Tour, de Juan Espósito, qu’il co-anime toutes les semaines avec Mabel Pramparo, s’intéresse dans ses numéros 140 et 141 à Astor Piazzolla (avec une grosse partie centrale consacrée au grand musicien) et à Cucuza, qu’ils sont allés écouter au Bar El Faro, dans le cycle El Tango vuelve al Barrio.

Quelle joie pour moi de découvrir cela ce lundi matin en faisant mon petit téléchargement hebdomadaire sur iTunes... Cucuza est un ami personnel et je me demandais si Juan et Mabel (deux amis eux aussi) auraient un jour l’occasion d’aller jusqu’au fin fond de Buenos Aires (Villa Urquiza, c’est pas tout près de l’Abasto, où Tango City Tour a installé son studio, à deux pas de la maison de Carlos Gardel...)

Eh bien, si... Ils y sont allés et je suis sûre qu’ils ont apprécié la pizza autant que le show... Vous pourrez entendre un petit extrait de la soirée au Bar El Faro (l’ambiance est comprise dans le service) : Cucuza et Moscato avec le son d’une prise en direct dans ce resto du coin, tellement plus vivant qu’une salle de concert, avec un public qui chante lui aussi (ça c’est vraiment Buenos Aires).

Dans ce numéro 141, après le Gardel de chaque semaine, vous entendrez Libertertango de Astor Piazzolla par Grace Jones (chantant un texte en anglais, qui n’a rien à voir avec la letra originale de Horacio Ferrer, c’est comme pour les paroles en français -excellentes par ailleurs- de Guy Marchand qui a rebaptisé le morceau Moi, je suis tango).

Cucuza (Hernán Castiello de son vrai nom) vient ensuite chantant Farolito de papel (Teófilo y Mario Lepes pour la musique et Francisco García Giménez pour le texte).

Attention à l’interview qui suit (n’hésitez pas à jouer des commandes d'arrêt, de retour en arrière et d'écoute sur votre Window Media Player ou votre iTunes) : il y a le bruit ambiant et Cucuza a été vacciné avec une aiguille de phono (1), cela lui donne un débit de mitraillette (comme sur les ondes de Fractura Expuesta) et il déborde de tant de passion qu’il a en permanence au moins deux ou trois idées dans la tête qui se bousculent pour passer chacune la première du cerveau aux cordes vocales. Radiophoniquement, cela donne un enthousiasme contagieux et trépidant. En gros et en substance (sans tout transcrire ni traduire mot à mot), Cucuza expose dans quel esprit il a fondé ces soirées barriales (de quartier) et comment il a choisi son surnom (Cucuza, en lunfardo, c’est la tête, la caboche, la boule, or il a entamé sa carrière de chanteur en interprétant Cucuzita, ce qui lui a donné l’idée de cette impeccable indéfrisable, qui lui donne un surplus de présence sur scène et que vous pouvez admirer sur ses photos dans d’autres articles que je lui ai consacrés dans ce blog).

Tango City Tour termine le chapitre EtvaB sur l’interprétation de China cruel par Cucuza.

La dernière partie de l’émission est consacrée à la première visite d’un des 48 quartiers de Buenos Aires : Agronomía (Juan et Mabel ont choisi de démarrer dans l’ordre alphabétique).
On commence avec un petit coup de Glorias Porteñas que Mabel adore : La pulperia de Santa Lucia (un tango appartenant à une série de pièces sur l’époque de Rosas, 1829-1852, tous d’Enrique Marciel pour la musique et de Héctor Pedro Blomberg pour les paroles... Des tangos qui furent créés dans les années 30 par le chanteur et comédien Ignacio Corsini).
On enchaîne sur un tour du monde du tango, une espèce de musée des horreurs sonores où deux perles se sont égarées : en anglais américain (bande son originale du film Moulin Rouge), à l’accordéon musette (Le plus beau tango du monde, de Vincent Scotto et René Sarvil en 1935), avec una "glosa" en allemand (pour une version en or de Malena chanté dans le texte original), façon espagnolade (mélange assez indigeste de tango standard et de paso doble), à l’italienne (tango della boccha ! heureusement l’extrait est court, sinon attention à ne pas se gâcher le tympan) et par le Cirque du Soleil (Québec) qui a consacré un de ses spectacles au tango... par un orchestre de cirque (excellent) avant de partir, enfin, à la découverte du quartier d’Agronomía, fondé à la fin du 19ème siècle tout à l’ouest de la capitale argentine.
Précipitez-vous donc sur le site, abonnez-vous (avec iTunes, c’est un jeu d’enfant mais avec les autres logiciels de téléchargement, ce n’est pas sorcier non plus) et savourez, de préférence avec un bon maté brûlant (il ne fait ni très beau ni très chaud en ce moment en Europe), sinon avec un petit noir au comptoir ou un bon vieux Earl Grey façon Five o’clock, cette émission au ton amical et sans façon.

Quant à Astor Piazzolla (podcast n° 14), est-il encore besoin de vous le présenter ? A toutes fins utiles et s’il vous reste un doute, allez donc jeter un coup d’oeil sur le site bilingue anglais-espagnol, Piazzolla.org, que lui avait consacré Natalio Gorín, l’un de ses admirateurs et biographes (malheureusement décédé lui aussi), ou plus modestement sur l’ensemble des articles de Barrio de Tango qui parlent de lui et après, plongez !... Sélectionnez le podcast, appuyer sur Play, après avoir réglé le volume à votre convenance, et vogue la galère, lancez-vous...

Vous allez entendre successivement La muerte del ángel jouée en public, El Gordo Triste (Astor Piazzolla-Horacio Ferrer) chanté par Amelita Baltar (une chanteuse de folklore qui a versé dans le tango et partagé six ans de la vie du compositeur) puis Chiquilín de Bachín (Astor Piazzolla-Horacio Ferrer) dans cet enregistrement historique qu’en firent en public Roberto Goyeneche et le compositeur lui-même en mai 1982 et où Piazzolla annonce l’entrée en scène du chanteur comme le sueño del pibe, ce que je vous commentais récemment à propos du tableau de Chilo Tulissi qui porte ce beau titre : el Sueño del Pibe). Au cours de cette partie de l’émission, Mabel lit quelques propos d’Astor Piazzolla racontant sa découverte du jazz moderne à Paris et comment cela lui donna l’idée de fonder l’une de ses plus célèbres formations : el Octeto Buenos Aires.

Le podcast continue avec un groupe que Piazzolla n’aurait sans doute pas renié et un son auquel le tango traditionnel ne nous a guère habitués : le Cuarteto Cuatro Vientos, un quatuor de saxophonistes qui interprète A fuego lento, de Horacio Salgán (né en 1916), et La Corralera, de Anselmo Aieta (bandonéoniste et grand compositeur de la Guardia Vieja, 1896-1964). Avant de se conclure classiquement avec un tango joué par l’orchestre de Mariano Mores...

En prime, dans ce numéro 140, juste après le Carlos Gardel rituel de début d’émission et avant l’intervention, tout aussi rituelle, de Norberto Spangero, avec ses incunables discographiques, vous entendrez Nuestro Balance de Chico Novarro (notre bilan), interprété par la chanteuse Jacqueline Sigaut, dont je vous parlais encore hier (voir mes articles sur elle).

Tango City Tour : le site du podcast.

(1) Etre vacciné avec une aiguille de phono (estar vacunado con una puá de fonógrafo) : refran popular para decir de alguien que habla mucho, sin poder ser parado.