jeudi 30 avril 2009

Au Salon du Livre de Buenos Aires [Disques & Livres]

Le Salon du Livre de Buenos Aires bat son plein depuis une semaine dans le Predio Ferial de la Sociedad Rural dans le quartier de Palermo.

La Feria del Libro de Buenos Aires est un des événements les plus importants de la vie culturelle non seulement dans la capitale argentine mais aussi dans toute l’Amérique du Sud. C’est une très longue manifestation qui dure plusieurs semaines et qui attirent les éditions de tout le continent (ce n’est pas la petite échelle du livre francophone).

Le vendredi 1er mai, à 17h, l’écrivain et éditeur Marcelo Oliveri y présentera son nouveau livre (à paraître), El chamuyo de las tribus urbanas (la jactance des tribus citadines) et dialoguera avec le public. Marcelo Oliveri est un grand expert en matière de langage populaire. Sa maison d’édition est spécialisé dans les dictionnaires et autres ouvrages sur le lunfardo. Il a écrit lui même, seul ou en collaboration, généralement avec José Gobello, actuel président de la Academia Porteña del Lunfardo, une quinzaine d’ouvrages et il a publié de nombreux ouvrages d’autres auteurs, José Gobello lui-même bien sûr mais aussi Luis Alposta et d’autres.

Egalement à la Feria del Libro, mais cette fois-ci le 10 mai, à 18h30, dans la Sala Alfonsina Storni (une grande poètesse de la première moitié du 20ème siècle), présentation du recueil de poèmes du Maestro Eugenio Mandrini, Conejos en la nieve (des lapins dans la neige), Editorial Colihue.
Conejos en la nieve a reçu récemment le prix Olga Orozco de poésie ibéro-américaine.

Cette présentation prendra la forme d’un show, où le poète Roberto Diaz rendra hommage à son confrère Eugenio Mandrini et auquel participeront deux autres poètes cantautores, Marcela Bublik et Alejandro Szwarcman, ainsi que le chanteur-compositeur et guitariste Néstor Basurto, trois artistes de tango déjà bien connus des lecteurs de Barrio de Tango (voir leur site ou page myspace dans la rubrique Grillons, zorzales et autres cigales, dans la Colonne de droite).

Le Maestro Héctor Negro s’apprête lui aussi à publier un nouveau recueil de poèmes. Il en présente en avant-première l’une des pièces dans son blog. Le lien est accessible dans la rubrique Troemas, dans la Colonne de droite, en partie inférieure (celle réservée aux liens externes).

En savoir plus sur la Feria del Libro : visiter le site du Salon, dans la Colonne de droite, partie inférieure, rubrique Cambalache (casi ordenado).

La Feria del Libro vue par Miguel Rep (Página/12, du 30 avril 2009).
Traduction (de haut en bas puis de gauche à droite)

Salon du Lecteur. De la mère aux livres.

Nous allons au Salon
Au Salon du lecteur
Pour nous acheter des lecteurs
Il y a des promos
Aujourd’hui il y a même une table-ronde pour présenter le lecteur espagnol (1). C’est déjà commencé dans la salle.
Tu as acheté un lecteur ?
Oui, une nouveauté.
Tu as une bibliothèque avec.
(Traduction Denise Anne Clavilier)


(1) Bien entendu, il y a eu effectivement, à la Feria del Libro, une journée spécifique dédiée à l’Espagne en présence de plusieurs grandes plumes péninsulaires...

Charango, quena et bandonéon en bords de Seine [ici]

Daniel Pérez, Marie Crouzeix et Fernando Giardini, rassemblés sous le nom de Taquetepa, feront une première halte parisienne les 20 et 21 mai prochain pour nous offrir deux concerts de tango et de musique argentine, le 20 dans le 19ème arrondissement dans une péniche amarrée sur la Seine et le lendemain, jeudi de l’Ascension, un jour férié, dans un restaurant latino du 11ème.

Daniel Pérez (guitare et charango, argentin), Marie Crouzeix (flûte traversière, flûte andine et quena, française) et Fernando Giardini (bandonéon, argentin) ne sont pas des inconnus pour les internautes qui visitent régulièrement Barrio de Tango. En mars, j’avais décrit un premier état, toujours valable, de leur tournée printanière, en France. Je vous renvoie donc à la lecture de article (lire l’article principal).

Pour ceux qui viennent d’arriver et qui débarquent sur Charango, quena et bandonéon en bords de Seine, un petit mot de présentation sur chacun de ces artistes s’impose :
Daniel Pérez est argentin, il vit à Buenos Aires, il joue de la guitare et du charango (un instrument à cordes pincées,une sorte de guitare bonzaï, très utilisée dans la musique folklorique et la tradition musicale des Indiens d’Argentine). A Buenos Aires, il joue notamment avec deux autres artistes très présentes dans Barrio de Tango, Las Minas del Tango Reo, les chanteuses Lucrecia Merico et Valeria Shapira (pour trouver les articles les concernant, cliquez sur le nom de Daniel dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, en haut de cet article ou cliquez sur le nom de Lucrecia Merico, dans la rubrique Vecinos del Barrio, dans la Colonne de droite).

Marie Crouzeix est française. Elle joue en duo avec Daniel depuis leur rencontre l’année dernière, lors d’un festival de musique, chez elle, c’est-à-dire en Auvergne. Marie joue de la flûte traversière, de la flûte andine (qu’on appelle aussi, improprement, flûte de Pan) et de la quena, instrument immense, long d’environ 50 cm, une flûte autochtone des Indiens argentins.

Fernando Giardini est argentin, il vit en Europe et il joue du bandonéon (ça, au moins, on sait ce que c’est).

Le mercredi 20 mai, ils seront tous les trois à la Péniche Demoiselle, Bassin de La Villette, Quai de Seine, au métro Riquet dans le 19ème, à 22h. Les activités artistiques de la Péniche Demoiselle sont des initiatives de l’association Les ailes d’Ouragon. Voir le site de la Péniche.
Le lendemain, 21 mai, jeudi de l’Ascension, ils seront au restaurant latino (Tex-Mex) el Camino, 16 rue Guillaume Bertrand dans le 11ème arrondissement, à 20h30. Vous pouvez d’ores et déjà réserver.


Tous les renseignements figurent sur l’affiche dont la résolution permet une impression en format de A5 à A3 (pour El Camino), A5 à A4 (pour la Péniche Demoiselle). Les affiches seront retirées de l'article après l'événement pour ne pas alourdir inutilement l'ensemble du blog dont l'espace image est limité...


Comme on le fait couramment à Buenos Aires, vous pouvez diffuser cette affiche autour de vous, sur votre lieu de travail, dans votre CE, votre cours de tango, votre milonga préférée.... Les artistes vous en remercient par ma voix.
Pour télécharger l’affiche, cliquez sur l’image pour l’ouvrir ou faites un clic-droit suivi d’un Enregistrer la cible sous.

Et comme annoncé dans l’article principal, le concert-repas argentin du 16 mai 2009 s’organise en ce moment à l’AEP Clermont-La Plaine, à Clermont-Ferrand, la ville dont Marie est originaire.


Les Auvergnats et autres passionnés d’Argentine, de passage dans la région ou la ville, peuvent d’ores et déjà s’inscrire grâce au bulletin joint (qui disparaîtra de cet article après le 11 mai 2009, date limite d’inscription).


En savoir plus et écouter ces musiciens avant toute réservation (à l’intention des lecteurs prudents ou méfiants) :
Aller sur le site de Daniel Pérez
Accéder à la page My Space de Daniel Perez
Accéder à la page My Space de Marie Crouzeix
Accéder à la page My Space du groupe Taquetepa
Pour lire d’autres articles les concernant dans Barrio de Tango, cliquez sur leur nom dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search
Lire l’article principal sur la tournée en France d’avril à juillet.

mercredi 29 avril 2009

Gardel en Pollera, Malena, Cantora Nacional, Descamisada : Nelly Omar [à l’affiche]

Couverture du supplément Culture et Spectacles de Página/12
(Cliquez sur l'image pour la voir en résolution plus grande)

Gardel en pollera : la Gardel en jupons.

Malena : c’est la chanteuse par excellence. "Malena canta el tango como ninguna" (Malena chante le tango comme personne d'autre)... Un texte splendide d’Homero Manzi. Et une musique, à la hauteur, de Lucio Demare.

Cantora nacional : la chanteuse du peuple nationale.

Descamisada : la Sans-Chemise (par allusion à une chanson dédiée à Evita Perón et qui parle du peuple qui mettait tout son espoir dans le programme de Perón en 1945).

Nelly Omar, artiste de légende, chanteuse, compositrice et parolière (letrista), revient sur scène au Luna Park samedi, à six mois de son 98ème anniversaire. La voix claire et puissante, les idées lucides, la mémoire intacte.

Karina Micheletto, critique culturelle à Página/12, est allée l’interviewer chez elle quelques jours avant ce récital dont s’entretient tout Buenos Aires (il y a une campagne de publicité qui passe toutes les heures sur la 2x4). Pour un peu, le concert ferait oublier la campagne électorale (en savoir plus), l’épidémie de dengue dans le nord du pays (en savoir plus) et celle de grippe nord-américaine qui vient de conduire la Casa Rosada à suspendre pour 72 heures les liaisons aériennes avec le Mexique.

Dans cette interview, qu’il faut lire intégralement, Nelly Omar parle longuement de son métier, de son engagement politique (elle est péroniste depuis que Perón est entré dans la vie publique argentine en 1943, comme Secrétaire d’Etat au Travail, un poste ministériel créé pour lui), de ses amants et surtout de l'un d’entre eux, la liaison la plus scandaleuse mais la plus secrète, la plus romantique et la plus tragique aussi, celle sur laquelle elle est restée silencieuse jusqu’en 1992... Homero Manzi.

Verbatim...

-¿Cómo cuida la voz?
- La naturaleza mía es así. El maestro que me probó cuando era una chiquilina [...] me dijo que tenía voz para hacer música de cámara. Empecé a aprender francés para cantar esas canciones. Hasta que un día, cuando ya estaba medio harta con la música de cámara, dije no, tengo que ir con lo mío, con el tango [...] Seguí con los ejercicios. Así hasta el día de hoy, hago ejercicios respiratorios. Después, lo único que tengo que hacer es dormir ocho horas, y no tener ningún problema. Nada más.
- Pero de algún lado habrá aprendido a cantar tangos...
- Aprendí sola, de los discos de Gardel que había en casa. Mi papá era muy amigo de Gardel. Recuerdo cuando en 1918 vino Gardel a mi casa de Guaminí, donde vivíamos. [....] No nos permitía a los chicos tratar con los hombres grandes, ¡y menos con los artistas! Pero yo, a través de la persiana, lo espié. [Era] un hombre gordito, con el peinado al medio, con unas onditas, también estaba Razzano. Hasta que murió mi padre tuvo una amistad con Gardel, le llevaba los discos a casa. Yo los escuchaba y fui aprendiendo cosas que Gardel cantaba.
(Extrait de l’interview. Nelly Omar - Karina Micheletto)

- Comment prenez-vous soin de votre voix ?
- C’est ma nature. Le professeur qui m’a fait faire des essais quand j’étais tout petiote [...] m’a dit que j’avais une voix pour faire de la musique de chambre. J’ai commencé à apprendre le français pour chanter ces chansons-là. Jusqu’à un jour où j’en ai vraiment eu assez de la musique de chambre. J’ai dit non, il faut que je fasse mon chemin à moi avec le tango. [....] J’ai continué les exercices. Jusqu’à ce jour, je fais toujours des exercices respiratoires. Après, tout ce qu’il me faut, c’est dormir huit heures et n’avoir aucun problème. C’est tout.
- Mais d’une manière ou d’une autre, vous avez appris à chanter le tango...
- J’ai appris toute seule, à partir des disques de Gardel qu’il y avait à la maison. Mon père (1) était très ami avec Gardel. Je me souviens qu’en 1918 (2) Gardel est venu chez moi à Guamini, où nous vivions (3). [...] On ne nous permettait pas à nous, les petits, de parler avec les grandes personnes, et encore moins avec les artistes ! (4) Mais moi, je l’épiais de derrière les persiennes. [C’était] un petit gros, avec la raie bien au milieu, avec une légère ondulation dans les cheveux. Razzano était là aussi (5). Jusqu’à sa mort, mon père a eu cette amitié pour Gardel, il emportait ses disques à la maison. Moi je les écoutais et j’ai appris des choses que chantait Gardel...
(Traduction Denise Anne Clavilier)

[...]

- ¿Y de dónde salió lo de “Gardel con polleras”?
- Me lo pusieron en el cine Carlos Gardel de Valentín Alsina. El público me lo puso, gritaba “¡Gardel con polleras!” [...] Yo tenía miedo, gritaba que me bajaran. Era muy chica. Ya más grande, fui a cantar a Radio Belgrano y [...] Enrique De Rosas [...] me bautizó como “La voz diferente”. Y en el ’44 hice dos meses en el Novelty, una especie de cabaret. Ahí conocí a grandes autores, y ellos me pusieron “La voz dramática del tango”, tengo la medalla.[...] Antes era otra vida, nos codeábamos más, no había TV, íbamos a cantar a la radio y ahí nos encontrábamos. Así nos fuimos conociendo. Con Libertad Lamarque, o con D’Arienzo, nos íbamos al Luna Park a ver las peleas de boxeo. ¡Boxeo, dios mío! Pero en la época era lo usual.
(Extrait de l’interview. Nelly Omar - Karina Micheletto)

- Et d’où vient ce surnom de Gardel en jupons ?
- On me l’a donné au cinéma Carlos Gardel de Valentín Alsina (6). C’est le public qui me l’a donné. Il criait : "Gardel en jupons" ! [...] Moi, j’avais peur, je criais qu’on me fasse descendre. J’étais toute petite. Plus grande, je suis allée chanter à Radio Belgrano (7) et [...] Enrique de Rosas [...] m’a baptisée "La voix qui nous change des autres". Et en 1944, j’ai fait deux mois au Novelty, une espèce de cabaret (8). Là, j’ai connu de grands auteurs et eux m’ont appelée "La voix théâtrale du Tango". J’ai la médaille [...] Avant, on ne vivait pas comme maintenant. On se tenait davantage les coudes. Il n’y avait pas la télé. On allait chanter à la radio et là, on se rencontrait. C’est comme ça qu’on s’est connu. Avec Libertad Lamarque, ou avec D’Arienzo, on allait au Luna Park voir les combats de boxe. La boxe, Grand Dieu ! Mais bon, c’était comme ça à l’époque.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

[...]

En la carrera de Nelly Omar hay un quiebre abrupto, marcado por la Revolución Libertadora. Como muchos de los que adherían públicamente al peronismo, su caída marcó el ingreso de la cantante a las listas negras. No sonó más por radio ni TV. Pasó a estar prohibida. De la noche a la mañana perdió su única fuente de ingresos, que era su voz.

- El silencio que le impuso la Libertadora debe haber sido difícil de sobrellevar.
- Sí, pero yo no me arrepentí nunca de haberle grabado a Evita esas dos canciones por las que quedé marcada. Ni me arrepentiré.

Nelly Omar se refiere a “Ese pueblo” y sobre todo “La descamisada”, que grabó para la campaña del ’45, y quedó fijada en su voz: “Soy la mujer argentina, la que nunca se doblega, y la que siempre se juega, por Evita y por Perón”. Nelly puede repetir esas palabras ahora con la misma convicción.
(Extrait de l’article. Nelly Omar - Karina Micheletto)

Dans la carrière de Nelly Omar, il y a un grand trou. Provoqué par la Révolution Libertadora (libératrice) (9). Comme pour beaucoup de ceux qui avaient adhéré publiquement au péronisme, la chute de celui-ci marqua le placement de la chanteuse sur liste noire. On ne l’entendit plus à la radio ni à la télé. Elle passa au nombre des interdits. Du jour au lendemain, elle perdit son unique source de revenus : sa voix.

- Le silence que vous a imposé la Libertadora a dû être difficile à surmonter.
- Oui, mais je n’ai jamais eu de regret d’avoir enregistré pour Evita ces deux chansons que lesquelles j’ai été stigmatisée. Et je n’en aurai jamais.

Nelly Omar fait allusion à Ce peuple-là et surtout à La Sans-Chemise, qu’elle enregistra pour la campagne de l’année 1945. Et pour toujours c’est sa voix qui chante : "Je suis la femme argentine, celle qui jamais ne plie le genou, et celle qui risque tout ce qu’elle a pour Evita et pour Perón". Nelly peut reprendre ses paroles aujourd’hui avec la même conviction.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

[...]

- Su relato siempre es en singular. ¿Nunca tuvo un hombre que la apoyara en estos momentos difíciles?
- No, los hombres que tuve fueron amores, pero no me ayudaron. Tampoco quería que me ayudaran. Nunca los quise por la plata. Mi matrimonio fue un fracaso, duró un suspiro. [...] De Homero no tengo nada que hablar, con él no conviví, era un amor, y tampoco quise que me diera nada. Cuando tuve la última pareja tampoco me ayudó, me ayudó en la publicidad, en hacerme conocer, pero con dinero no.
[...] “Fue una cosa de parte de él, no mía”, aclara. “A mí me simpatizaba, era un hombre talentoso, valía la pena tener una charla con él. Pero yo no lo amaba, él me amaba a mí, estaba enamorado locamente. Tanto que lo conocí en el año ’37 y empezamos a estar juntos en el ’44. [...]
- ¿Cómo se conocieron?
- Yo hacía con Charlo un programa que se llamaba Los pájaros ausentes, y él escribía los libretos. [...] En el ’44 yo me separé y empecé a tolerarlo un poco más. Después en el ’48 se enfermó, gravemente. Tenía cáncer y me necesitó, y yo estuve con él hasta el final.
- Le ganó por cansancio.
- Se enfermó pronto y yo le tuve un poco de... no digo compasión, eso sería ofenderlo, porque era un hombre digno de muchas cosas. Pero cayó en una especie de obstinación, venía a mi casa para que yo lo cuidara, no quería que lo atendiera otra persona. En el hospital, los últimos días estaba cercado por su mujer y sus hijos. El llamaba por mí y al final terminé entrando a escondidas a las 4 de la mañana. Era una imagen que no me quería llevar, la de él tan mal, casi acabado. Son recuerdos muy tristes... Por eso digo que yo sufrí mucho. Hubo y hay mucho dolor detrás de esa voz que todos escuchan. No me quejo, es la vida que me ha tocado. Y es la que supe vivir.
(Extrait de l’interview. Nelly Omar - Karina Micheletto)

- Vous parlez toujours à la première personne du singulier. Vous n’avez jamais eu un homme qui vous ait soutenue pendant ces périodes difficiles ? (10)
- Non, les hommes que j’ai eus ont été mes amants mais ils ne m’ont pas aidée. Moi non plus je ne voulais pas qu’ils m’aident. Cela n'a jamais été pour l’argent que je les ai aimés. Mon mariage a été un échec, il a duré le temps d’un souffle. [...] Sur Homero (11), je n’ai rien à dire. Je n’ai pas vécu avec lui. C’était un amant et lui non plus, je n’ai pas voulu qu’il me donne quoi que ce soit. Quand j’ai eu mon dernier compagnon, lui non plus ne m’a pas aidée. Si, il m’a aidé pour la publicité, pour me faire connaître mais pas financièrement.
[...] [L’amour], c’était son affaire, à lui [Homero Manzi], pas la mienne, explique-t-elle. Moi je l’aimais bien. C’était un homme qui avait du talent. Une conversation avec lui, c’était quelque chose. Mais je ne l’aimais pas (12). Lui, il m’aimait. Il était amoureux fou. Tant et si bien que je l’ai rencontré en 1937 et que nous avons été ensemble seulement en 1944. [...]
- Comment vous êtes-vous connus ?
- Avec Charlo (13), je faisais une émission qui s’appelait Les oiseaux disparus et lui en écrivait les scripts. [...] En 1944, j’ai quitté mon mari et j’ai commencé à tolérer un peu plus sa présence. Après, en 1948, il est tombé malade, gravement. Il avait un cancer. Il avait besoin de moi. Et j’ai été avec lui jusqu’à la fin.
- Il vous a eue à l’usure ?

- Il est tombé malade très vite et j’ai eu pour lui un peu de... Je ne dirais pas compassion parce que ce serait lui faire offense. C’était un homme de grand mérite. Mais il est tombé dans une espèce d’obsession, il venait chez moi pour que je m’occupe de lui, il ne voulait pas que qui que ce soit d’autre s’occupe de lui. A l’hôpital, les derniers jours, il était serré de près par sa femme et ses enfants (14) . Il me faisait appeler (15) et sur la fin, j’arrivais en cachette à 4 h du matin. C’est une image que je ne veux pas emporter, celle de lui si malade, presque passé. Ce sont des souvenirs très tristes... C’est pour ça que je vous ai dit que j’ai beaucoup souffert. Il y a eu et il y a beaucoup de malheur sous cette voix que vous entendez tous (16) . Je ne me plains pas, c’est la vie que j’ai eue. Et c’est celle que j’ai appris à vivre.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Pour aller plus loin : lire le dossier du supplément culture et spectacles de Página/12 qui se compose de cette interview et de deux autres articles, dont un entrefilet sur l’identification entre Malena et Nelly Omar (dont j’ai déjà parlé dans mon précédent article, annonçant le concert de samedi au Luna Park)

Procurez-vous le dernier disque de Nelly Omar, La Criolla, ed. Polygram (avec sa jacquette où elle porte ce poncho rouge et noir qui est son emblème, à si haute résonance politique) (17)

Reportez-vous aussi au livre de Horacio Salas, Homero Manzi y su tiempo, ed. Vergara 2001 (1ère édition), 2007 (2nde édition), au chapitre Nelly Omar : el largo adiós (pp 271-279).

(1) En Argentine, on dit très facilement Mi papá, mi mamá, tout aussi facilement qu’on dit mi viejo, mi vieja (la même chose mais en lunfardo) et dans des contextes très publics. Là où les Européens diront mon père, ma mère. Et om ils n’emploieront jamais les diminutifs, réservés au cercle familial le plus intime.
(2) Nelly Omar est née le 10 septembre 1911. Elle avait donc 7 ans. Et à cette époque, Gardel commençait tout juste à perdre un peu de cette obésité qu’on voit sur ses photos jusqu’au début des années 20. Nous avons du mal à nous représenter cela, mais Gardel, vers 1914, pesait 120 kilos. Nelly Omar est une des rares personnes qui peut se flatter d’avoir vu de ses yeux vu Gardel en chair et en os et obèse.
(3) Nelly Omar est née à Guamini, bourgade du centre de la Province de Buenos Aires. Nelly Omar pense que Homero Manzi a écrit El último organito en souvenir des petits orgues de barbarie qui sillonnaient ces petits bourgs provinciaux et qu’elle gardait en mémoire. Ce n’est pas complètement invraisemblable mais de toute évidence, tout le texte indique que l’idée qui a guidé Homero Manzi, c’était en fait de signer un tango avec son fils avant de mourir et cette façon qu’a Nelly Omar de s’en prendre à la famille de Homero Manzi laisse penser qu’il y a des choses qu’elle ne dit pas. En 1948, Homero Manzi avant 41 ans. Son fils, Acho, en avait 16. La Faculté venait d’annoncer au poète qu’il était atteint d’un cancer (à l’époque, cette maladie ne laissait aucun espoir. La chirurgie ne pouvait que retarder l’issue fatale, inéluctable). Très tôt après ce diagnostic, Homero Manzi s’empara du thème de l’orgue de barbarie que 20 avant, un grand ami à lui, un ami d’adolescence, Cátulo Castillo, avait composé à 18 ans sur un texte de son père, José González Castillo, poète anarchiste et grand formateur populaire que Manzi admirait profondément : Organito de la tarde. Il écrivit un poème qui parle de la mort, sur le dernier orgue de barbarie qui disparaît du quartier, le laissant voix pour s’exprimer, et il en confia la musique à son propre fils, Acho. Les vers de Manzi disent ce désir de père plus que n’importe quel discours et c’est ce que le Maestro Acho Manzi m’a confirmé, de lui-même, un jour d’août 2007 où le peintre Chilo Tulissi lui présentait un travail de traduction que j’avais signé.
La version que conte Nelly Omar apparaît dans un chapitre de la biographie de Homero Manzi, par Horacio Salas, sortie en 2008.
(4) Les artistes avaient alors la réputation de corrompre la jeunesse et l’enfance. Leur vie nocturne était assimilée à une vie de débauche ou de truanderie. Cela n’était pas toujours faux (Gardel a fréquenté de ses zébres !) mais ce n’était pas nécessairement assez violent pour justifier qu’on envoie les enfants jouer dans leur chambre dès qu’un artiste entrait dans une pièce.
(5) José Razzano (1887-1960) : il fut de 1911 à 1925 le partenaire de duo de Gardel et resta son ami jusqu’en 1933, date d’une fâcherie que la mort brutale de Gardel, le 24 juin 1935, laissa sans réconciliation.
(6) Valentín Alsina, localité limitrophe de Buenos Aires, au sud, de l’autre côté du Riachuelo, lorsque vous passez le pont Alsina (dont la photo côté Buenos Aires sera de symbole à ce blog, en haut, sous le titre général). Une ville ouvrière, populaire, comme tout le sud de Buenos Aires. C’est le nom d’un gouverneur de la Province de Buenos Aires, dans les années 1860.
(7) Une des très grandes stations de radio qui arrosaient la ville de Buenos Aires, dès les années 30 et qui mena tambour battant les campagnes électorales péronistes des années 40 et 50.
(8) Le Novelty était une "boite", selon le terme de l’époque. Un cabaret bon marché, bas de gamme. C’est là néanmoins qu’Astor Piazzolla fit ses débuts de musicien d’orchestre en 1938, lorsqu’il arriva à 17 ans à Buenos Aires. De là, il se fit embaucher, à l’arrachée, par Pichuco, un an et demi plus tard. Il en parlait comme d’un établissement plutôt minable où les artistes étaient exploités et où la drogue coulait à flot pour supporter cette vie détestable. Lire à ce sujet : Astor, par Diana Piazzolla (sa fille), Ed. Atlantica pour la version traduite en français, Ed Corregidor pour la version originale.
(9) Revolución Libertadora (1955-1958) : un gouvernement de fait, imposé par les Etats-Unis et téléguidé depuis Washington, après le renversement de Perón, alors dans son deuxième mandat comme président constitutionnel. Beaucoup d’Argentins s’en souviennent aujourd’hui comme d’une période de dictature, en tout cas d’absence de toute démocratie. Les péronistes furent écartés de toutes les positions un tant soit peu publiques et une censure frappa les artistes engagées comme Nelly Omar ou cet autre chanteur et compositeur (et artiste de cinéma) que fut Hugo del Carril. Les tangos et les films de Discépolo, mort en décembre 1951, furent mis à l’index, le théâtre qui portait son nom fut rebaptisé Teatro Presidente Alvear (parce qu’Alvear avait été beaucoup plus souple vis-à-vis des Etats-Unis que les Présidents Yrigoyen et Perón). Il ne semble pas en revanche que les tangos d’Homero Manzi, pourtant lui aussi très engagé mais sous son véritable nom, Homero Mancione, et mort la même année que Discépolo à quelques mois près, ait subi le même triste sort.
(10) Pure technique journalistique que cette question écrite. La chroniqueuse connaît si bien la réponse qu’elle n’a probablement jamais posé la question et sûrement pas sous cette forme.
(11) Manzi, bien sûr.
(12) Nelly Omar n’est pas très claire dans ce qu’elle dit au sujet de cette histoire. Ici, elle tient tout du long qu’Homero Manzi était fou amoureux d’elle au point de faire des folies pour ses beaux yeux alors qu’elle faisait pour tout l’éviter et le renvoyer à son foyer légitime. Dans les passages que j’ai enlevés à cause de leur longueur et pour respecter aussi un tant soit peu les droits du quotidien, elle multiplie les anecdotes piquantes. Ailleurs, elle a pu dire, et avec des mots très sentis, qu’elle tenait rigueur à Homero Manzi de lui avoir promis de divorcer pour elle et de n’en avoir jamais rien fait ("me mintió", il m’a menti. On parle rarement ainsi quand on n'a pas souhaité de toutes ses forces la réalisation de la promesse concernée). Le Manzi qu’elle décrit là, qui perd la tête et le bon sens pour elle, est difficile à concilier avec l’autre Manzi que raconte tous les autres témoins, celui d’un homme de passion, certes doté de quelques coups de folie carabinés, mais éminemment responsable de ses actes, très courageux et très digne et assumant consciencieusement ses devoirs familiaux et citoyens. Le point sur lequel les déclarations de Nelly Omar, d’ailleurs rares sur cette histoire, ne varient ni en contenu ni en tonalité, c’est qu’elle a mis longtemps à répondre aux avances du poète et que celui-ci a été très persévérant. Ces souvenirs sont donc prendre pour ce qu’ils sont : ceux d’une grande artiste à la sensibilité exacerbée et d’une passionnée en toute chose.
(13) Charlo : le compositeur et chanteur, avec qui Homero Manzi signa la milonga Oro y Plata.
(14) Acho Manzi, son fils né le 6 mars 1933, et les deux demi-soeurs aînées de celui-ci, les filles que Doña Casilda Iñiguez avait déjà quand ils s’étaient mariés le 31 décembre 1930, auxquelles Manzi avait donné son nom et qu’il avait élevées comme ses propres filles.
(15) avec la complicité du Directeur de la clinique où il était soigné.
(16) On peut aussi traduire : "que tout le monde entend".
(17) Le poncho, depuis la guerre d’indépendance, c’est le vêtement du petit peuple. C’est originellement un vêtement rural, celui des gauchos et des journaliers agricoles qui se louaient de part et d’autres du pays en fonction des saisons et des récoltes.

Néstor Basurto et Alejandro Szwarcman présentent Asunto Nuestro au CCC [à l'affiche]

Le guitariste, compositeur et chanteur Néstor Basurto et le poète (mais aussi cantautor) Alejandro Szwarcman seront au CCC Floreal Gorini, Sala Osvaldo Pugliese, le 6 mai à 21h30 (avenida Corrientes 1543. Entrée 15 $.

Ils auront pour invités la chanteuse Noelia Moncada, le pianiste Franco Polimeni et le compositeur José Ogivieki, avec lequel Alejandro a créé de nombreux tangos.

Asunto Nuestro, ça veut dire : notre affaire à nous.
Il s'agit du tango et du trésor de la musique populaire portègne en général. Le show rassemblera tangos, valses, milongas et canciones (chansons) originaux des deux auteurs et compositeurs qui préparent par ailleurs un disque commun.

Le spectacle répond à une volonté politique de faire vivre cette culture, en dépit de la force des majors et des circuits commerciaux qui lui feraient volontiers un sort...

Sin pretenciones ni estridencias, la propuesta es mostrar que la canción popular argentina sigue viva, que por más que se la quiera ignorar, nuestras voces se empecinan en decir y en cantar con acento propio: Como para que la cosa siga siendo un asunto de los artistas y del público, un asunto nuestro.
(Extrait de la présentation du spectacle)

Sans prétentions ni criailleries, l'objectif poursuivi est de montrer que la chanson populaire argentine est toujours vivante, et, autant qu'on voudra l'ignorer, autant nos voix s'entêteront à dire et à chanter avec leur accent personnel. Pour que la chose continue d'être une affaire appartenant aux artistes et au public, une affaire qui nous appartiennent (une affaire à nous).(traduction Denise Anne Clavilier)

En savoir plus :

les sites ou page My space de Néstor Basurto, Alejandro Szwarcman et Noelia Moncada se trouvent en liens externes dans la Colonne de droite (rubrique Grillons, zorzales et autres cigales).
Dans la rubrique Cambalache (casi ordenado), vous trouverez aussi le lien vers le site du Centro Cultural de la Cooperación Floreal Gorini, bien connu déjà des lecteurs assidus de Barrio de Tango.
Pour lire l'ensemble des articles de Barrio de Tango concernant ces artistes, cliquez sur leur nom dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, en haut, sous le titre de l'article, ou dans la Colonne de droite, dans la rubrique Vecinos del Barrio (habitants du quartier).

En ce qui concerne Franco Polimeni, dont c'est la première mention dans ce blog, voici sa page My Space sur laquelle vous pourrez, dès que le morceau sera à nouveau disponible, l'entendre accompagner la grande chanteuse vedette de rock argentin Celeste Carballo, dont j'ai déjà eu l'occasion de parler (au sujet de la sortie de son dernier disque, un album de tango, et au sujet des nominations aux Premios Gardel 2009 pour lequel elle a été sélectionnée. Lire mes articles sur Celeste Carballo).

La Orquesta juvenil de Cámara del Congreso Nacional tous les mois à la Academia Nacional del Tango [à l'affiche]

Tous les derniers jeudis du mois, l'Orchestre de Chambre junior du Parlement argentin se produira à 19h, gratuitement, au Salón de los Angelitos Horacio Ferrer, à la Academia Nacional del Tango, avenida de Mayo 833 (1er étage).

Le cycle de concerts commence ce 1er mai.

L'événement a un mécène, le Banco Provincia (une banque établie dans la Province de Buenos Aires et qui soutient de nombreuses initiatives conduites par Horacio Ferrer).

Les ñoquis portent chance [Coutumes]

Illustrations extraites du site de Página/12


Nous sommes le 29 du mois et comme chaque 29 du mois, le plat qui trône sur la table familiale à Buenos Aires aujourd’hui, ce sont les gnocchi (ñoquis en portègne). Une vieille tradition apportée d’Italie par certains immigrants, sans doute dès la fin du 19ème siècle, lors de la grande vague d’immigration (1880-1930). Les gnocchis composent un plat simple, très roboratif et bon marché, bien adapté aux fins de mois (lire mon article sur el Día de los Ñoquis, publié fin août 2008). Cette pasta a aussi la réputation de porter chance.

Alors, avec un soupçon d’avance sur le brin de muguet du 1er mai, qui est le porte-bonheur de saison en France, préparons des ñoquis. C’est toujours ça que la crise mondiale et la morosité ambiante n'auront pas...

Dans son supplément Ollas y sartenes (marmites et poêles), le quotidien Página/12 propose à ses lecteurs (dont vous êtes désormais au moins par mon truchement) quelques recettes du cuisinier Donato De Santis, chef de l’entreprise gastronomique Da Donato, cucina paradiso (Chez Donato, cuisine paradis), enseigne italienne pour une maison située dans le quartier de Palermo, un coin ultra-chic surnommé Palermo Hollywood. De Santis est un chef très en vue, très présent dans les médias. Il organise des ateliers de cuisine, possède différents services de traiteur en livraison et à emporter et de restauration en salle.

Voilà sa recette de gnocchis de patate douce et cannelle (ñoquis de batatas y canela), une recette lointianement italienne très, très portégnisée depuis !!!!

Pour 4 personnes

500 gr de patate douce (la plupart du temps, la patate douce argentine est blanche, alors que celle que nous trouvons le plus facilement sur nos marchés et dans nos épiceries est rose, ce qui colorera vos pâtes).
Farine : 200 gr (1)
1 jaune d’oeuf
1 pincée de cannelle en poudre
parmesan râpé fin : 140 gr
sel et poivre selon goût
crème fraîche (crema de leche) : 200 gr

Préparation :

Faire cuire les patates douces dans leur peau, au four ou à la vapeur, jusqu’à ce que la chair soit tendre (même temps de cuisson que pour les pommes de terre).
Peler les patates cuites et écrasez-les à la fourchette ou au moulin à légumes pour obtenir une purée lisse et homogène (éviter d’utiliser le mixeur qui modifiera la structure)
Verser la purée dans un saladier et creuser un puits pour créer plus de surface en contact avec l’air. Cela facilitera le refroidissement.
Lorsque la température a suffisamment baissé pour que vous ne vous brûliez pas, ajouter le jaune d’oeuf, la cannelle, la moitié du parmesan et la farine et mélanger. Ajuster la quantité de farine en fonction de sa capacité à absorber l’humidité de la purée. Pétrir à la main rapidement. Sans insister. Arrêter dès que l’appareil est suffisamment ferme pour être mis en forme.

Ramassez la pâte en boule et laisser-la reposer à l’abri pendant 30 minutes.

Former des bandeaux de pâte de 1,5 cm d’épaisseur sur un plan de travail fariné puis découper-les en petits rectangles ou en carrés. Si vous voulez donner un décor à vos ñoquis, marquez-les de trois petits sillons en enfonçant légèrement le dos d’une fourchette.

Faire cuire les ñoquis dans une grande quantité d’eau salée en les plongeant au moment où l’eau commence à bouillir. Les ñoquis sont cuits lorsqu’ils remontent à la surface. Les retirer alors à l’aide d’une écumoire (éviter de les jeter dans une passoire, cela les casserait).

Pour la sauce : faire chauffer la crème fraîche dans une poêle avec le reste du parmesan.

Déposer les ñoquis dans les assiettes ou le plat de service. Assaisonner selon goût (sel, poivre). Couvrir avec la sauce. Et à table !


D’autres recettes de Donato De Santis : d'autres ñoquis dans le supplément gastronomique de Página/12 (cliquer ici pour l'édition du 29 avril 2009 de Ollas y Sartenes) et, pour les ñoquis, la pasta et tutti quanti, sur le site du cuisinier (cliquer ici).

(1) de préférence de la farine de blé dur, mais sur nos marchés francophones nous avons plutôt de la farine de blé tendre dans les commerces classique. Vous pouvez donc vous faire un mélange à part égale de semoule ultra-fine de blé dur et de farine type 55.

mardi 28 avril 2009

La bouteille à la mer - Article n° 600

Tout Internet en général et les moteurs de recherche en particulier me font penser à ce naufragé qu’un illustrateur de presse installe sur son île déserte, sous un cocotier (il y a toujours au moins un cocotier sur une île déserte), barbu, hirsute et dépenaillé, griffonnant un mot sur une feuille de papier. Il enferme sa missive de fortune dans une bouteille et il jette la bouteille à la mer. Et dans le message, il demande à sa femme de penser à acheter le journal pour le tiercé ou pour savoir ce qui passe à la télé ce soir.
Un jour, sur mon écran d’ordinateur, j’ai vu arriver une de ces bouteilles à la mer. Dans son appel au secours, l’inconnu(e) demandait dans sa langue (qui est aussi la mienne) : "Où peut-on voir du tango pas trop touristique à Buenos Aires ?"

La réponse est évidemment fort simple : absolument partout, sauf dans les établissements à touristes. Mais telle quelle, cette réponse ne va pas beaucoup aider notre naufragé, que j’imagine faisant à Buenos Aires un séjour fort court, pour des motifs très éloignés du tango : audit de contrôle de gestion dans la filiale d’un constructeur de voitures ou d’un groupe de grande distribution européen, halte de 48 h avant l’Atlantique sud et son safari-photo baleinier, Congrès à la Recoleta, Salon à Palermo ou soumission, à Puerto Madero, d’une réponse à un appel d’offre en architecture ou en ingénierie civile... Je l’imagine, notre naufragé, entouré de tous les volantes (tracts) aux slogans racoleurs trouvés à la réception de son hôtel, sachant en tout et pour tout trois mots d’espagnol, néanmoins curieux d’authenticité et soucieux de ne pas se faire vendre une boîte aux lettres ("vender un buzón", en portègne, c’est faire prendre des vessies pour des lanternes, entourlouper quelqu’un, lui faire gober n’importe quoi).

Alors, si vous êtes dans ce cas (et peut-être l’êtes-vous si vous venez d’atterrir sur cet article), voici, pour un premier séjour sans connaissance préalable du tango, quelques conseils qui vous épargneront peut-être, du moins je l’espère, le jet d’une bouteille dans la mer Google.
(Pensons à préserver la mer pour le bien de nos descendants, même quand elle s’appelle Google !)

Conseil n° 1 : Eliminer tous les cena-shows.

Ce n’est pas qu’il ne s’y passe jamais rien de bon, loin de là ! Mais comme vous aurez du mal à séparer le bon grain de l’ivraie, gardez-les pour un séjour ultérieur. Pour le moment, tenez-vous au sacro-saint principe de précaution : é-li-mi-nez !
Un Cena-show, c’est un restaurant qui vous propose, à un prix très élevé (par rapport au niveau de vie local), un dîner chic de cocina internacional (cuisine internationale, dont vous aurez tout oublié dès le lendemain matin) assorti d’un spectacle très complet avec chanteurs, orchestre et danseurs (1). Actuellement, par personne, le prix d’une soirée dans un Cena-show oscille entre 250 et 500, voir 600 $ arg, sans le champagne ou le digestif qu’on vous proposera en plus. Il arrive que des Argentins viennent dans un Cena-show, comme il arrive que des Parisiens s’offrent pour un anniversaire le spectacle du Lido ou du Moulin Rouge. C’est vous dire si c’est rare. Les Cena-shows les plus connus s’appellent Esquina Carlos Gardel, Esquina Homero Manzi, Tango Porteño, Señor Tango, El Viejo Almacén, Taconeando, Piazzolla Tango, Café de los Angelitos...
A noter que dans la journée, la Esquina Homero Manzi et le Café de los Angelitos sont deux cafés normaux, extrêmement agréables, historiquement très intéressants et pas touristiques pour deux sous. Même s’ils pratiquent tout de même des prix plus élevés que les autres.

Conseil n° 2 : Evitez les lieux touristiques, ceux dont vous voyez des photos partout sur Internet (mais pas sur Barrio de Tango).

Au premier rang de ces lieux, Caminito, une micro-rue du quartier de La Boca devenue un vrai piège à gogos.
En revanche, tout à côté de Caminito, il y a le Teatro de la Ribera où il peut y avoir des spectacles et des concerts très intéressants et le Museo de Bellas Artes de la Boca Benito Quinquela Martín qui veut le déplacement.
Au rang des autres lieux touristiques où on peut vous vendre du tango pas très authentique : el Abasto (et Dieu sait pourtant qu’il y a du vrai tango dans ce quartier, j’en parle à longueur de page web) et la Recoleta (idem : il y a beaucoup de choses très authentiques dans ce quartier mais il est difficile de s’y retrouver quand on dispose d’à peine quelques heures pour s’informer et se décider).
En fonction du temps dont vous disposez pour vous renseigner, consultez les articles sur ce qui se passe à l’Abasto et à La Recoleta en tapant l’un ou l’autre de ces noms dans le moteur de recherche en haut à gauche.
En fonction du temps que vous pouvez vous accorder pour explorer les ressources de Barrio de Tango, vous pouvez aussi vous reporter aux articles classés par critère géographique dans la rubrique Quelques quartiers, villes et lieux (sur la droite de votre écran).
t si vous n’êtes pas trop pressé, si vous avez 24 heures devant vous, envoyez-moi un mail, si vous voulez. Si je peux vous donner quelques indications, je le ferai avec plaisir.

Conseil n° 3 : Limitez-vous aux concerts à prix raisonnables ou gratuits.

Les concerts gratuits sont généralement de très grande qualité. Ils sont aussi très fréquentés par un public portègne extrêmement averti. Sachez vous montrer généreux si les artistes passent avec une casquette ou vendent leurs disques. Un prix raisonnable se situe actuellement (avril 2009) entre 10 à 50 $ la place.

Conseil n° 4 : Jetez un coup d’oeil à la rubrique Vecinos del Barrio (habitants du quartier), dans la Colonne de droite (sur cette rubrique et sa composition, lire cet article).
Tous ces noms sont ceux d’artistes, toutes générations confondues, qui défendent le tango tel qu’on le vit à Buenos Aires et qui ne cèdent pas à la tentation du "tango for export" (ce que notre naufragé appelait le "tango touristique"). Cliquez sur les noms pour voir si un article récent annonce un spectacle dans vos dates et si oui, allez-y.
Sinon, fiez-vous à ces noms si vous les voyez dans une revue, un tract, une affiche ou sur le site qui recense presque tous les spectacles de Buenos Aires (única cartelera).

Conseil n° 5 : Méfiez-vous des spectacles où l’on vous annonce une grosse distribution (sauf s’il s’agit d’un opéra-tango ou d’un oratorio dont l’un des auteurs serait Horacio Ferrer et l’autre Horacio Salgán, Astor Piazzolla ou Raúl Garello. Dans ce cas, ne réfléchissez même pas, allez-y !)

Sauf circonstances exceptionnelles (anniversaire, jour férié, ouverture d’un festival, hommage à un grand Maître...), la très lourde distribution n’est pas très bon signe. Quand il s’agit de vrai tango, un show (c’est l’expression consacrée) se monte soit autour d’un artiste, qui en invite éventuellement un ou deux autres, soit autour d’un groupe constitué qui porte donc un nom et qui invite, le cas échéant, un soliste et/ou un chanteur, soit autour d’une immense vedette (Amelita Baltar, Susana Rinaldi, Adriana Varela, Rubén Juárez, Leopoldo Federico, Raúl Garello, Litto Nebbia...) qui invite un artiste moins connu, voire débutant, en lever de rideau.

Quelques lieux où vous ne serez pas déçu (liste non exhaustive)
Les liens vous conduisent vers d’autres articles de Barrio de Tango.

Le long de l’avenue Corrientes : le Vesuvio, le Centro Cultural de la Cooperacion Floreal Gorini (CCC), le Teatro General San Martín juste en face (ou par l’entrée de la rue San Martín pour les salles plus petites dans les étages), le Teatro Presidente Alvear et, dans l’avenue Callao, Clásica y Moderna...

Le long de la Avenida de Mayo (le quartier est plus cher qu’ailleurs, mais c’est du vrai tango) : le Café 30 Billares et le Gran Café Tortoni (la Bodega, en sous-sol, ou la sala Alfonsina) et bien sûr, la Academia Nacional del Tango (où conférences et concerts sont gratuits dans 99% des cas).

Dans le quartier de San Telmo : le Centro Cultural (CC) Torcuato Tasso et la Feria de San Telmo à pied le dimanche après-midi (cherchez mes amis Osvaldo et Pochi Boó, devant le Café Plaza Dorego : ils dansent à merveille, et ils donnent aussi des cours, mais il faut le leur demander). Vous verrez plein de choses le dimanche à San Telmo, de l’excellent, comme eux, et du franchement exécrable.

Dans le quartier de San Nicolás : le Centro Cultural Borges, esquina Viamonte y San Martín, où vous verrez des spectacles dotés d’une petite touche intello.

Dans le quartier de Retiro : la Biblioteca Café et le Club Lounge (dont les prix sont aux alentours de 70-100 $ Arg).

Dans le quartier de Boedo : la Esquina Osvaldo Pugliese (pizzeria-grill du coin aux heures des repas, café de proximité dans la journée).

Dans le quartier excentré de Villa Urquiza : les spectacles du Teatro del 25 de Mayo et les soirées du vendredi de la pizzeria El Faro (esq. Constituyentes y Pampa) sont de très exubérants récitals à la bonne franquette, avec deux artistes résidents à qui vous direz que vous venez de ma part, ils vous sauteront au cou ! Cucuza et Moscato, l’un chanteur, l’autre guitariste, sont des artistes vrais de vrai, bien de là-bas, et Moscato se débrouille en français. Vous qui cherchez du tango pas trop touristique, à El Faro, vous serez servi.
On parie que vous serez le seul nord-hémisphérien dans la salle ?

Tous les conseils ci-dessus sont valables pour le choix de disques et de livres (voir le raccourci dans la rubrique Las avenidas - Les avenues, dans la Colonne de droite). Deux grandes adresses immanquables dans Buenos Aires.
La première, c’est la esquina Corrientes y Callao (à la station Callao, encore qu’à Buenos Aires, le repère dans la ville, ce soit la esquina, l’angle entre deux artères, pas la station de métro).
A Corrientes y Callao, presque face à face, vous trouverez du côté sud, faisant exactement l’angle entre les deux avenues, la disquerie-librairie Zivals et, du côté nord, à quelques mètres vers l’est, la librairie-disquerie Gandhi-Galerna, qui dispose aussi d’un coin cafétéria très sympa. Zivals a aussi un autre magasin, un peu plus petit, dans le quartier de Palermo.
La deuxième de ces grandes adresses, c’est toute la très commerçante rue Florida, avec son grand nombre de librairies qui ont toutes un rayon de disques. A privilégier pour la qualité de leur fonds, la librairie El Ateneo et la Librairie La Ciudad (lire l’article sur leurs 40 ans). En revanche, dans la rue Florida, vous éviterez le boutiques de cuir ou de chaussures qui font de la retape auprès des passants (leurs produits sont certes moins chers qu’en Europe ou qu’en Amérique du Nord, mais ils sont beaucoup plus chers qu’ailleurs en ville).

Si vous vous intéressez au fileteado, restez sur vos gardes : il y a peu de bons ouvrages sur le sujet (2) et un certain nombre de pas très bons. Il y a en particulier un acharné du pinceau qui se fait passer pour un expert patenté dans ce domaine et qui inonde les librairies de ses ouvrages aux titres savants (livre du fileteado, traité de fileteado, petit traité de fileteado). En fait, c’est du fileteado for export. Pas difficile à repérer : évaluez la fréquence des noms sur les couvertures de livres ou dans les crédits de maquette de couverture. Vous n’allez pas mettre longtemps à le repérer. Si vous vous intéressez au fileteado, 1) Arrêtez-vous aux trois noms suivants (ce trio n’épuise pas cet art, mais ce sont des artistes qui conjuguent talent et respect du public) : León Untroib, Luis Zorz, Jorge Muscia. 2) si vous avez le temps, faites un saut au Museo Mundial del Tango (Rivadavia 830), ou au Museo de la Ciudad à Monserrat ou (mais c’est plus compliqué) au Museo Manoblanca de la rue Tabaré dans le quartier de Nueva Pompeya. Là, vous verrez des oeuvres de véritables artistes et vous pourrez vous construire quelques repères.

Et si vous voulez danser (en Europe, il y a plein de danseurs de tango très assidus qui ne savent pas s’orienter dans le tango d’aujourd’hui, et on ne saurait leur en vouloir : dans les milongas, les DJ ne passent que des disques des années 30 à 50 ! Et les marchands de disques les imitent ou vice versa...). Si donc vous voulez danser, vous pouvez jeter un coup d’oeil sur mon article sur les milongas au jour le jour (lire Danser le tango argentin... à Buenos Aires).
Pour les cours de tango, sachez que, si votre séjour ne dure que quelques jours, prendre un cours reviendra à jeter votre argent par les fenêtres (on n’apprend rien ni en une ni en quelques heures).
Si votre séjour dure deux à trois semaines, je suppose que vous l’aurez déjà préparé a minima ou que vous êtes en train de le faire. Peut-être est-ce même la raison pour laquelle vous lisez cet article (soyez le bienvenu ou la bienvenue).
A toute fins utiles, je vous signale donc la Escuela Argentina de Tango (voir leur richissime programme sur leur site, dans la rubrique Eh bien dansez maintenant, de la Colonne de droite), la Maestra Aurora Lubiz (que vous pouvez contacter par mail de ma part via son site), la Academia Nacional del Tango (lire l’article général sur La danse à la Academia), la Casa de la Cultura (à l’angle entre Avenida de Mayo et Plaza de Mayo, lire l’article) et mes amis Osvaldo et Pochi Boó que vous rencontrerez le dimanche sur Plaza Dorrego (lire l’article 1, sans photo, et l’article 2, avec la leur).

Enfin si vous voulez vous acheter des chaussures de tango (ça se fait quand on est à Buenos Aires !), vous pouvez, homme ou femme, aller à la boutique de Loló Gerard, un authentique artisan-chausseur, qui fait de la confection et du sur-mesure, à des prix très raisonnables et dans une qualité exceptionnelle, tant pour la solidité que pour le confort. Je le dis d’autant plus qu’en cours comme à la milonga, je ne quitte plus mes Loló Gerard. A chaque fois, c’est une paire de merveilles que j’ai aux pieds avec lesquelles je ne sens pas la fatigue s’accumuler.
Vous trouverez le site de Loló Gerard dans la Colonne de droite, dans la rubrique Les commerçants du Barrio (en partie inférieure de la Colonne).
La boutique de Loló Gerard se situe dans la rue Anchorena. Ne vous trompez pas de boutique : il y a plusieurs marchands de chaussures de tango dans cette portion de rue. Celle de Loló est celle qui est la plus proche physiquement du Museo Casa Carlos Gardel, à visiter si vous avez quelques minutes (au 735 de la rue Jean Jaurés, dans le quartier de l’Abasto).

Si vous êtes une femme et que vous voulez vous acheter des chaussures pour vous (exclusivement pour vous), vous pouvez aller visiter la boutique de la Maestra Aurora Lubiz (voir son site dans la rubrique Eh bien dansez maintenant, dans la Colonne de droite). En professionnelle exigeante et avertie de l’importance d’être bien chaussée pour une danseuse, même au niveau amateur, Aurora Lubiz vous vendra des chaussures parfaitement adaptées à votre pied, à votre silhouette et à votre marche, mais, revers de la médaille, elle ne vend qu’à la propriétaire des pieds à chausser. Elle ne prend pas le risque de vendre à des pieds inconnus. Pas de vente par correspondance, pas de "c’est pour une copine qui chausse la même pointure que moi", pas non plus de "c’est pour ma femme". Vous vous déplacez vous-même. Idem chez Loló Gerard : évitez d’acheter pour quelqu’un d’autre qui n’est pas du voyage.

Voilà ! j’espère que je vous ai tout dit pour le moment. J’aurai sans doute l’occasion de revenir sur le sujet au fil du temps. Et si quelque chose vous manque, vous pouvez me contacter par mail. Vos idées, vos suggestions sont toujours les bienvenues. Profitez donc de votre séjour, même s’il est court et même si c’est pour le boulot...

(1) Et pour savoir leurs noms, vous pouvez attendre assis, comme disent les Portègnes ! ("Esperá sentado", "attends assis", c’est "compte dessus et bois de l’eau fraîche", "Tu peux toujours courir", "Va donc te me faire pendre ailleurs"...). La distribution, même quand elle compte des personnalités artistiques de valeur, n’a aucune importance dans la publicité que font ces institutions. Seuls comptent le nombre d’artistes sur scène et le nombre et la nature des costumes. Un musicien que j’ai l’honneur de connaître a exercé pendant de longs mois la direction artistique à El Viejo Almacén. Je n’ai jamais pu voir son nom sur le site de ce Cena-Show... A vous, je peux bien vous le dire : il s’agit du Maestro Fabio Hager, et c’est un très bon bandonéoniste, un excellent arrangeur et l’un des compositeurs qui font le tango vivant d’aujourd’hui... Dans les Cena-shows, se produisent des jeunes de grand talent (qui plus tard feront des carrières brillantes), des artistes de tous âges convenables mais pour certains sans présence ni génie particulier, et des artistes sur le retour, qui ne sont plus ce qu’ils furent mais dont le Cena-show exploite le glorieux passé d’une manière qui va de la mention digne à la plus franche indécence.
(2) S’il y a peu de bons ouvrages, il y a beaucoup d’oeuvres exposées partout dans la ville, sous forme d’enseignes ou de plaques, honorifiques ou commémoratives. Ce qui veut dire qu’il faut que vous ayez du temps pour vous promener... à pied.

Noelia Moncada à la Esquina Homero Manzi [à l’affiche]

Photo extraite de la page My Space de l'artiste


La chanteuse Noelia Moncada, qui chante e, ce moment tous les vendredis soirs avec l’orchestre El Arranque, à No Avestruz, se produira en qualité de soliste, dans la nuit du 1er mai, à 23h45, à la Esquina Homero Manzi, pour un tour de chant auquel elle a invité à se joindre le chanteur Luis Filipelli, lui aussi très actif en ce moment (voir mon autre article sur lui dans les publications de ce jour).

La Esquina Homero Manzi fait partie des 52 bares notables que compte la Ville de Buenos Aires : des cafés et restaurants qui ont marqué l’histoire culturelle et intellectuelle de la capitale argentine. Ce Gran Café, qui fait aussi Cena Show (1) tous les soirs, de 21h à 23h30, est un décor somptueux, entièrement dédié au souvenir du poète Homero Manzi (1907-1951), et qui fera un écrin de très belles boiseries à ce récital.

Adresse : esquina San Juan y Boedo, dans le quartier de Boedo. Entrée : 25 $.

Pour en savoir plus sur Noelia Moncada : cliquez sur son nom dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, entre le titre et l’article. Vous accéderez ainsi à l’ensemble des articles de Barrio de Tango qui la concerne.

Pour écouter Noelia Moncada à partir de votre connexion Internet : lien à son site dans la Colonne de droite, dans la rubrique Grillons, zorzales et autres cigales (partie inférieure de la Colonne, qui rassemble tous les liens aux sites externes).

Noelia Moncada est aussi présente sur Myspace. Voici un lien vers sa page.
Bonne audition et bon concert si vous êtes à proximité.

(1) Cena-shows : littéralement dîner-spectacle. Des attractions pour touristes ou amateurs fortunés.

Conférence du Maestro Héctor Negro à la Academia Nacional del Tango [à l’affiche]

Capture d'écran du blog du Maestro Héctor Negro

Ce soir, mardi 28 avril 2009, à 19h30, dans le cadre des conférences ouvertes de l’Atelier d’écriture de tango Taller Homero Expósito, le Maestro Héctor Negro délivrera une conférence (gratuite pour les élèves mais au prix de 10 $ pour les personnes étrangères à l’atelier).

Le thème du cycle des conférences ouvertes est ¿Cómo se escribe una canción? (Comment écrire une chanson ?).

Héctor Negro, que les lecteurs assidus de Barrio de Tango connaissent bien désormais, est un poète né dans les années 1930 qui s’est fait connaître en 1955 lorsqu’il a fondé le groupe de poésie le Pain Rassis (Grupo de Poesía El Pan Duro) au sein duquel il a publié ses premiers recueils, Bandoneón de papel (1957), Luz de todos (1965) y Para cantarle a mi gente (1971). Le Maestro Héctor Negro est également l’un des rédacteurs en chef de la revue Buenos Aires, el Tango y lo demás, dont le dernier numéro, paru en décembre 2008, a été présenté lors d’une soirée au Gran Café Tortoni (à laquelle Barrio de Tango a fait écho : lire l'article ici).

Héctor Negro a écrit de nombreux tangos. Les quatre plus célèbres sont Viejo Tortoni, Bien de abajo, Tiempos de Tranvias et Buenos Aires morena mais on pourrait en citer beaucoup d’autres... Héctor Negro écrit aussi pour le théâtre et il a signé plusieurs articles sur le site encyclopédique Todo Tango (et d’autres), ainsi que dans diverses collections sur la culture populaire portègne, notamment dans Historia del Tango des Editions Corregidor. Il est aussi un enseignant très apprécié de ses élèves. Il a enseigné pendant 18 ans, c’est-à-dire depuis sa fondation, au Centro Educativo del Tango, un centre culturel gratuit. Cette année encore, il enseigne, au plus grand bonheur des étudiants, au Liceo Superior del Tango, un cycle d’études générales sur le tango dispensé à la Academia Nacional del Tango.

Tous les ans, il est l’un des invités du taller Homero Expósito, dont l’un des responsables actuels, Alejandro Szwarcmann, lui a lui-même dédié un tango, Tango en Negro.

Luis Filipelli à Clásica y Moderna avec Patricia Barone et Javier González [à l’affiche]

Le show s’appelle Luis Filipelli Intimo. Il aura lieu le mercredi 29 avril à 21h30, dans le Bar Notable Clásica y Moderna, avenida Callao 892. L’entrée est au prix de 30 $.

Luis Filipelli est un chanteur, il présentera quelques tangos et chansons de son répertoire dans une soirée qu’il veut fondée en dialogue musical avec le pianiste Juanjo Hermida. Il a également invité deux artistes avec lesquels il a déjà partagé les planches il y a une dizaines d’années et qui sont des hôtes réguliers de Barrio de Tango : la chanteuse Patricia Barone et le guitariste et compositeur Javier González.

Luis Filipelli compte à présent une trentaine d’années de carrière, puisqu’il a commencé dans la maîtrise du Teatro Colón à l’âge de 10 ans. Il s’est présenté à de nombreux concours, en a gagné quelques uns, a joué sous la direction de Maestros comme Atilio Stampone et Raúl Garello, a été accompagné par les Maestros Ernesto Baffa et Osvaldo Berlinghieri, a fait ses armes dans plusieurs cena shows, dont el Viejo Almacén, il a chanté au Café Homero aux côtés de Roberto Goyeneche, son parrain dans le métier. Il a participé à des festivals en Europe, dont le Festival Internacional de Tango de Granada en Espagne qui vient de conclure sa 11ème édition (lire l’article sur l’édition 2009 de cette manifestation) et la Expo Tango de Lisbonne au Portugal... Bref, il a une carte de visite impressionnante.

Sa discographie de soliste ne l’est pas moins et commence tôt : Filipelli (Capitol, 1980), Por la costumbre de cantar (Emi Odeón, 1982), Entre vos y yo (SOCSA, 2004), où il est accompagné par le pianiste Lucho Repetto, Perdonen muchachos... les voy a contar (Fonocal, 2007), dans lequel il a pour invités d’honneur Walter Ríos, Antonio Tarragó Ros, José Colángelo et Nicolás Ledesma.

Luis Filipelli reprendra Intimo (mais cette fois-ci sans invités d’honneur, du moins pour ce qui est annoncé actuellement) au "Resto cultural" Vesuvio, Corrientes 1187, le 17 mai, à 21h30 (entrée 25 $).

Entre temps, le 1er mai, il sera lui-même l’invité du récital de la chanteuse Noelia Moncadia à 23h45 à la Esquina Homero Manzi, à l’angle des avenues San Juan et Boedo (1), à l’heure nocturne où ce Cena-show redevient certains soirs le très sélect et très agréable bar notable (2) qu’il est en journée, après que les touristes ont été envoyés se coucher. L’entrée à ce spectacle d’authentique tango, bien porteño, (3) est fixée à 25 $ (et vous pouvez y aller, Français, Belges, Suisses ou toute autre nationalité de l’hémisphère nord, du moment que vous n’êtes pas déguisé en touriste...).

Luis Filipelli se produira aussi le lendemain, le 2 mai 2009, à 23h, à La Plata, la capitale de la Province de Buenos Aires, avec José Scelzi, au bar En La Plata, angle des rues 1 et 49 (à La Plata, la plupart des rues portent un numéro au lieu d’un nom).

Pour découvrir la musique et la voix de Luis Filipelli, il n’y pas 36 solutions : connexion obligatoire et immédiate à sa page My space ici et mettez-vous en plein les oreilles.

Idem pour ceux d’entre vous qui ne connaissent pas encore Patricia Barone et Javier González ni Noelia Moncada, je suggère un petit coup de souris sur la droite. Vous avez là une Colonne avec trois parties : en haut, les raccourcis vers des articles rassemblés sous des critères thématiques, au milieu des informations pratiques, historiques et linguistiques, en bas, des liens vers des sites externes.
Je suis sûre qu’en cherchant bien vous allez découvrir leurs sites respectifs (un indice : ça se trouve dans la rubriques Grillons, zorzales et autres cigales).
Autre façon de faire connaissance avec Patricia Barone, Javier González et Noëlia Moncadia avant d’aller les écouter sur leurs sites respectifs dans la Colonne de droite : cliquez donc sur leur nom, là-haut, dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, en tête de l’article, sous le titre.
Ce clic vous permettra d’accéder à tous les articles, y compris celui-ci, que je leur ai consacrés dans ce blog.

En revanche, vous lisez en ce moment le premier article que Barrio de Tango a consacré (à la date d’aujourd’hui, 28 avril 2009) à Luis Filipelli.

(1) "San Juan et Boedo", comme dans la chanson ? Oui, comme dans la chanson ! Et la chanson est un cultissime tango qui s’intitule Sur (de Aníbal Troilo pour la musique et Homero Manzi pour les paroles).
(2) Les Bares Notables (bars remarquables) sont un ensemble de 52 établissements qui présentent un lien particulier avec l’histoire culturelle et intellectuelle de la ville de Buenos Aires. Ils jouissent d’une espèce d’inscription au patrimoine de la Ville, bénéficient d’un traitement de faveur de la part de l’Office de Tourisme, font partie d’un parcours touristique pré-établi et sont le cadre d’une série de concerts organisée par la Ville elle-même qui s’ajoute le cas échéant à la programmation privée que nombre d’entre eux montent tous les ans. Clásica y Moderna et Esquina Homero Manzi font partie des Bares Notables.
(3) "bien porteño" : vraiment de Buenos Aires.

dimanche 26 avril 2009

Le duo Napoli-Casares en France et en Angleterre en juin [ici]

Photo extraite de la page Myspace des deux artistes

Le chanteur guitariste Francisco Casares et son partenaire le guitariste Marco Napoli, posant ici le 12 janvier dernier avec la grande chanteuse Nelly Omar (1), à l'occasion d'un de leurs concerts à Clásica y Moderna (Buenos Aires), seront en Europe dès la fin mai.

Pour connaître la démarche artistique très originale de ce duo, lire l'article que je consacre aujourd'hui même à la présentation de leur nouveau disque, Barrio Pampa (rubrique Disques & Livres). Vous pourrez vous procurer Barrio Pampa, auprès des artistes, lors de leurs concerts par chez nous.

Voici le parcours de leur tournée, tel qu'il se présente aujourd'hui (il est probable qu'il s'enrichira au fur et à mesure du temps) :

31 mai 2009, 21h, à la Milonga Bahía Blanca, Salle du Patronage laïc du 15ème, 72 avenue Félix Faure, 15ème arrondissement à Paris, Métro Boucicaut ou Lourmel. Entrée : 10 € (voir le blog de cette milonga)

3 juin 2009, après 20h30, au Chalet du Lac, Orée du Bois de Vincennes, 12ème arrondissement à Paris, Métro Porte Dorée. Entrée : 9 €, prix normal, tarif réduit pour les dames avant 22h : 7 € (voir le site du Chalet du Lac)

5 juin 2009, après 21h, à la Milonga Le Divan, 25, rue d'Enghien, dans le 10ème arrondissement, à Paris, Métro Bonne Nouvelle, Strasbourg Saint-Denis ou Château d'Eau. Entrée : 8 €. (voir le site de El Turquito, le DJ de cette milonga)

6 juin 2009, à 20h. Ce sera à Paris, dans un lieu non précisé à l'heure où je publie cet article.

9 juin 2009, à 20h, à la Vieille Grille, 1 rue du Puits de l'Ermite, dans le 5ème arrondissement à Paris, Métro Monge. Il s'agit d'une salle de spectacle alternative, gérée par et pour des artistes. La réservation n'est pas encore ouverte, le prix n'est pas encore publié. Voir le site de La Vieille Grille.

11 et 12 juin 2009, à 20h, au London International Tango Festival, à Londres. Voir le site de Las Estrellas, l'école de tango, fondée en 1933, organisatrice du Festival et qui s'affiche comme la Academia National (sic) del Tango UK Ltd (avec un logo différent de celui de la Academia Nacional del Tango de la República Argentina, en Buenos Aires, fondée en 1990).

13 juin 2009, à 20h, à la Milonga Caminito, à Toulouse (France). Voir le blog de l'association Caminito 31.

20 juin 2009, à 20h, à la Compagnie 8 Renversé, Espace des Acacias, Place Joseph Hentgès, à Hellemes, dans les alentours de Lille (France). Voir le site de cette compagnie-milonga.

27 juin 2009, à 20h, à la milonga Tango Ibos, à Tarbes (France). Voir le site de cette milonga tarbaise.

Et ils seront aussi le 1er juillet 2009 dans une milonga dans les alentours de Pau (France).

Pour aller plus loin :
visiter la page My Space Napoli y Casares
visiter le site Web Napoli y Casares
(1) Sur Nelly Omar, voir mon article sur son concert du 2 mai au Luna Park.

Les jeudis tango de l'Espacio Urania Giesso [à l'affiche]

Image extraite de la page MySpace de TangoContempo

Espacio Urania Giesso, rue Cochabamba 360, dans le quartier de San Telmo, est un espace artistique ouvert qui accueille depuis jeudi dernier et jusqu'à la fin juin, tous les jeudis soirs à 21h30, un cycle de concerts organisé par le groupe de musiciens Tangocontempo.

Tangocontempo est un projet artistique qui vise à relier la tradition du tango et les expressions contemporaines du genre, en rassemblant toutes sortes de musiciens de style et d'âge différents. Ce projet a été lancé par les pianistes Nicolás Guerschberg, Emiliano Greco et Diego Schissi, le guitariste Esteban Falabella, le violoniste Sebastián Prusak, le contrebassiste Juan Pablo Navarro et le bandonéoniste Daniel Ruggiero. Tous ces musiciens appartiennent à des formations distinctes qui forment souvent des sous-ensembles en partageant tel ou tel instrumentistes. Ils n'ont pas tous été dans le tango, certains viennent du rock ou du jazz... Mais tous partagent la même envie de pallier à la rupture de transmission qui s'est produite dans les années 70 entre les grands anciens du genre et la nouvelle génération, celle qui aujourd'hui interroge cette tradition à laquelle elle n'a pas eu accès qu'en tant qu'auditeurs et non en tant que musiciens.

Le cycle s'est ouvert jeudi 23 avril avec un concert partagé entre le Néstor Marconi Quinteto (qui comprend outre Néstor Marconi au bandonéon, Leonardo Marconi au piano et Pablo Agri au violon) et le Quinteto Viceversa (aller au site de Viceversa).

Le 30 avril, ce sera le tour du Carlos Corrales Trío (écouter-les sur You Tube à la Casa de Tango à Buenos Aires dans Michelangelo 70 de Piazzolla et dans Recuerdo de Pugliese) et du Nicolás Guerschberg Quinteto (aller à la page My Space de Nicolás Guerschberg ou sur son site).

Le 7 mai, se produiront Jorge Kohan et Juan "Pollo" Raffo (aller au site de Pollo Raffo ou à sa page My Space).

Le 14 mai, joueront dans le cadre de ce cycle le Cuarteto Pablo Agri (aller au site de Pablo Agri) et le Quinteto Sideral.

En savoir plus :
lire l'article de Página/12 (édition du 23 avril 2009)
visiter la Page MySpace de Tango Contempo
visiter le site Espacio Uranio Giesso

Les cours de Johana Copes et Julio Altez à la Academia Nacional del Tango [danse]

Johana Copes (la fille de Juan Carlos Copes) et son partenaire Julio Altez donnent tous les mardis de 19h à 20h30 des cours ouverts tous niveaux gratuits à la Academia Nacional del Tango, avenida de Mayo 833, 1er étage.

Ils peuvent également donner des cours privés.
Pour plus d'informations, envoyez un mail ou téléphonez au 15 5106 2259 (les numéros en 15 sont ceux des portables à Buenos Aires. A n'utiliser que sur place, de préférence sur un portable avec une carte pré-payée achetée sur place).

Johana Copes est présentée sur le site de son papa (le lien se trouve dans la rubrique Troesmas, dans la Colonne de droite, partie inférieure réservée aux liens externes).

Vous pouvez les voir danser ensemble La Cumparsita sur cette vidéo déposée sur You Tube.

A la recherche du tango perdu [Disques & Livres]

Jacquette de Barrio Pampa (extraite de la page Myspace des deux artistes)


C'était jeudi dernier au Café Tortoni : lors d'une soirée gratuite, le duo Marco Napoli et Francisco Casares présentaient leur nouveau disque, Barrio Pampa, dont le titre est un oxymore (quartier-pampa) qui évoque cette ville-campagne qu'était encore Buenos Aires à l'heure où naissait le tango, entre 1880 et 1920...

Marco Napoli (guitariste) et Francisco Casares (chanteur-guitariste) sont animés d'une recherche musicale assez peu commune, pour ne pas dire à rebours de nombreux contemporains : retrouver le son, le style et la manière de jouer de la guitare et de chanter qui furent et firent l'identité du tango des années 20, avant que Carlos Gardel ne modifie tout cela en profondeur en intégrant la technique du Bel Canto à ses interprétations. Pour parvenir à leurs fins de musiciens-archéologues, ils ont effectué un énorme travail de recherche documentaire : biographies, bibliographies, catalogues, vieux disques pour gramophones (Victrola ou Fonola, vous choisissez la marque que vous préférez entre ces deux emblèmes des Années Folles) jusqu'à des enregistrements sur cire difficilement audibles de nos jours mais peu de partitions ("parce qu'elles ne reflètent pas le son original. Ce sont des partitions pour piano, des réductions, des choses très alambiquées")... Leur idée était d'aller rechercher et de sauver de l'oubli tout un répertoire qui n'est pratiquement plus joué aujourd'hui (1) ou qui a été notablement modernisé, sur le plan du style ou de l'orchestration... Le but n'était cependant pas de faire des reconstitutions historiques, à l'identique, mais plutôt de retrouver l'esprit qui animait le tango de ce temps-là, de retrouver une veine esthétique, une sensibilité qui ont été comme enfouies, comme dans une zone deltaïque un bras de rivière disparaît sous terre pour réapparaître un jour mais ailleurs et plus loin... Ils ont donc accompli aussi un gros travail d'arrangement pour deux guitares et voix.

Le fruit de ce travail, que Cristian Vitale de Página/12, traite de "travail d'orfèvre" ("el trabajo fue de orfebre"), est résumé dans ce nouveau disque, Barrio Pampa, qu'ils présentaient donc dans ce cadre prestigieux qu'est le Gran Café Tortoni, Avenida de Mayo, 825, dans le quartier de Monserrat.

Un CD de 16 plages d'ores et déjà disponible dans le commerce (boutique en ligne de chez Zivals entre autres).

Quelques titres : Dios te salve m'hijo (Dieu te garde, mon petit), Canchero (supporter), Mi noche triste (qui date de 1916 et est considéré comme le tout premier tango-canción), El cabure, Más allá, Griseta, El porteñito, Que me habran hecho tus ojos (que m'ont donc fait tes yeux), un tango du payador José Betinotti, qui fut l'un des maîtres de Carlos Gardel, Margot, qui appartient au premier répertoire tanguero de Gardel, sur un poème de Celedonio Esteban Flores... qu'il avait lu dans son journal préféré, qui passait pour publier les meilleurs pronostics pour les courses de chevaux. Le disque comporte aussi des titres qui sortent de la période donnée : des tangos des années 30 de Enrique Santos Discépolo auquel les deux musiciens vouent une grande admiration (Sueño de Juventud et Confesión), des tangos de la Troupe Los Atenienses, un groupe montevidéen carnavalesque qui fut très populaire des deux côtés du Río de la Plata dans les années 20 et 30 (Pato et Pajarito cantor), un tango de Sebastián Piana et Homero Manzi baptisé Betinotti, en hommage à ce grand payador mort en 1915, et plusieurs Gardel-Le Pera (1932-1935), parce que, disent Marco Napoli et Francisco Casares, "on ne peut pas échapper à Gardel" (pero bueno ¿cómo esquivar a Gardel?).

Le mieux pour découvrir ce travail musical passionnant, c'est d'aller aux sources :

sur la page My Space de Napoli et Casares, vous pourrez entendre Dios te salve m'hijo, Betinotti et Confesión. Vous pourrez aussi, ce qui n'est pas fréquent sur cet outil de communication, entendre deux extraits d'interviews que ces deux jeunes gens (ils ont trente ans l'un et l'autre) ont donnés, l'une, de 6 minutes, à Héctor Larrea sur Radio Nacional (de Argentina, of course !) et l'autre, de 5 minutes, à feu Gogo Safigueroa sur la 2x4 (2). Sur le site Web (napolicasares.com.ar), vous trouverez les rubriques habituelles : Audio (avec 3 enregistrements : Leguisamo solo, Malevaje et Melodía de Arrabal) et Video (avec 2 clips : deux fois Leguisamo solo, une fois en studio, une autre fois en public à Clásica y Moderna).

Vous pouvez aussi lire leur interview par Cristian Vitale, La cruzada contre el olvido (la croisade contre l'oubli), dans l'édition du 23 avril de Página/12.

Le duo répétera sa présentation de Barrio Pampa à Clásica y Moderna, Avenida Callao 892, les 4 et 18 mai à 21h30 (25 $).

A la fin mai, ils seront par chez nous. Je consacre aujourd'hui même un autre article à cette tournée majoritairement française, dans la rubrique Ici.

Jusqu'à la fin de leur séjour de notre côté de l'Atlantique, leur photo sera présente dans la partie haute de la Colonne de droite. En cliquant sur la photo, vous accéderez à l'article sur leur tournée.

(1) Parfois parce que ces tangos, ces valses, ces milongas semblent trop datés pour le public actuel : Leguisamo sólo par exemple (qu'on peut entendre sur le site Web Napolicasares) est un tango à la gloire d'un jockey (Ireneo Leguisamo) dont aujourd'hui seuls les connaisseurs acharnés des courses de chevaux ou les spécialistes de la vie de Gardel connaissent encore le nom. En 1926, Leguisamo avait remporté la première victoire à l'actif d'un cheval de Gardel, Lunático. Et cette victoire fit du propriétaires du champion et de son jockey deux très grands amis à la vie à la mort.
(2)
Lire mon article sur Gogo Safigueroa, décédé brutalement à la fin de l'année dernière.