samedi 28 février 2009

Jairo chante Horacio Ferrer à Mataderos ce soir [à l'affiche]



Ce soir, à l'Amphithéâtre de Mataderos, un quartier sud ouest de Buenos Aires, le chanteur et compositeur Jairo, celui dont en France ceux qui n'ont plus vingt ans depuis longtemps se souviennent comme d'un jeune artiste de variété des années 70, plutôt beau gosse (avec un physique très à la mode dans ces années-là) et savoureusement exotique (vous pensez ! L'Argentine ! Et qui plus est, l'Argentine sous la botte des militaires), Jairo donc reprend un spectacle où il chantera des tangos écrits par le Maestro Horacio Ferrer.

De retour dans son pays à la chute de la Junte, il est devenu une vraie personnalité artistique, il a mûri sur le plan artistique et a pris de la consistance culturelle. Tout en restant un artiste de variété, il s'intéresse à la musique de son pays dans ses dimensions traditionnelles, principalement le tango et le folklore. Sa discographie est impressionnante. Dans le domaine du tango, il a notamment enregistré un disque des morceaux composés par Astor Piazzolla sur des vers de Jorge Luis Borges, une série datant de 1965 qu'avait créée en son temps Edmundo Rivero (rien que ça !) et une version de María de Buenos Aires, l'opera-tango du tandem Astor Piazzolla-Horacio Ferrer, qui fut créé en 1968.

Mais pour illustrer cet article, j'ai choisi non pas une photo de Jairo (toujours très séduisant soit dit en passant) mais une très belle photo publiée, par le site 10tango, qui montre un Horacio Ferrer très nature, avec un geste et un regard que je lui ai souvent vus... Ensemble, Jairo et lui ont d'ailleurs signé plusieurs morceaux... Et très beaux. Comment pourrait-il en être autrement !

Le spectacle a lieu ce soir, à 19h30, entrée gratuite. Le récital fait partie du programme estival de la Ville de Buenos Aires (ministère de la Culture portègne), Aires Buenos Aires, qui offre une multitude de spectacles et de concerts en plein air et gratuits. Ici, nous sommes dans la série de spectacles intitulés Grandes Momentos. Voir les photos sur le site de la Ville de Buenos Aires (dans les liens vers Les Villes, en partie basse de la Colonne de droite de ce blog).

Et si vous avez envie de savoir un peu ce qu'est devenu Jairo, rendez-vous sur son site. Vous pourrez l'y écouter : il a fait installer une bande-son qui se met en route dès que vous vous connectez sur le site. Pour écouter, lire et vous informer, cliquez sur ce lien.

Les articles (y compris celui-ci) sur ce qui se passe dans le quartier de Mataderos en cliquant sur ce nom dans le pavé Pour chercher, para buscar, to search, en dessous du titre.
Les articles (y compris celui-ci) sur les activités publiques du Maestro Horacio Ferrer, en cliquant sur son nom dans le pavé Pour chercher, para buscar, to search ou par le raccourcis Los troesmas, dans la rubrique Les artistes de la Colonne de droite.

Jacqueline Sigaut et José Teixido parmi les invités d'un Concierto Atorrante ce soir [à l'affiche]

Le cycle Tangos Conciertos Atorrantes (1) est une série de soirée au Sanata Bar, dans la rue Sarmiento, à la hauteur du numéro 3501, dans le quartier de Almagro. Le show a lieu ce soir à minuit et l'entrée est gratuite.

Les deux artistes principaux seront Emiliano Grecco et Javier Weintrauw et ils ont invité la chanteuse Jacqueline Sigaut, le guitariste et compositeur José Teixido, le bandonéonistre Nicolás Perrone et le contrebassiste Juan Minguens. Ce qui formera une Típica (Emiliano Grecco étant pianiste).

Vous trouverez le site Internet de Jacqueline Sigaut dans la Colonne de droite, au niveau de la rubrique Grillons, zorzales et autres cigales...
Et il me restera encore un peu de travail pour mettre à votre disposition toujours plus de nouveaux liens aux sites des différents artistes qui viennent au long des semaines enrichir les colonnes de Barrio de Tango...

(1) "Atorrante" est un adjectif qui veut dire en lunfardo insolent, gonflé, pas bégueule, infernal... Cela caractérise le titi de Buenos Aires qui se conduit mal en société (c'est-à-dire hors de convention de la haute société, qui regardait ça de très haut). Donc, comme le veut le caractère du peuple portègne, ils ont pris le contre-pied des bonnes manières et en ont fait leur identité... Il s'agit donc d'un cycle de concerts aux mauvaises manières !

El Café de los Maestros ce soir au Planetario [à l'affiche]

Le Planetario et son parvis à Palermo en août 2008

Ce soir à 19h30, le Planetarium de Buenos Aires, dans la verdure du quartier de Palermo, sera le cadre d'un représentation du spectacle créé par Gustavo Santaolalla (un musicien de rock argentin) et le compositeur de tango qu'est Gustavo Mozzi, directeur du Festival de Tango de Buenos Aires, Café de los Maestros, qui a donné un film (voir mon article de juillet 2008 à ce sujet).

Tout ce que le tango compte de figures historiques qui acceptent toujours de monter en scène participent à ce concert qui est à la fois un récital de la nostalgie et un formidable hommage à de grandes gloires nationales. Certains d'entre eux ont néanmoins renoncé à jouer en public (l'âge a trop amoindri leur ouïe et rien de plus terrible pour un musicien que d'entendre mal ce qu'il joue lui-même).

Le spectacle fait partie du cycle Grandes Momentos du programme estival qu'est Aires Buenos Aires, une série d'activités artistiques et culturelles montée par le Ministère de la Culture de la Ville de Buenos Aires.

Articles sur sujets connexes : voir dans la Colonne de droite le raccourci Les Troesmas (rubrique Les artistes) et le raccourci Cinéma (rubrique Tangoscope).

Ce qui s'est passé mercredi au Parlement uruguayen [actu]

La séance du 26 février 2009, désertée par la droite.

Mercredi dernier, le Parlement uruguayen était convoqué au grand complet, deux chambres jointes, donc en congrès (Asemblea General, dit-on à Montevideo), à la demande de la majorité de gauche (Frente Amplio, qui fédère depuis 1971 l'ensemble des partis de gauche, communistes, socialistes et autres tendances), pour déclarer anticonstitutionnelles la loi dite de Caducité (Ley de Caducidad) prise par la majorité de droite au retour de la démocratie en 1985 et validé par un référendum national.

L'idée à ce moment-là avait été d'empêcher la justice d'inquiéter tous ceux qui avaient du sang sur les mains du fait de la longue dictature militaire qui venait de tomber (1973-1985). Ainsi la ley de Caducidad protégeait ceux qu'on appelle les terroristes d'Etat (policiers et militaires ayant agi pour raisons politiques sur le sol national) et la ley de Amnistia protégeait les guerrilleros, qui avaient eux aussi commis des crimes de sang, des attentats notamment, en prenant les armes contre la Dictature.

En 2005, pour la première fois dans l'histoire de l'Uruguay, est arrivé au pouvoir un président de gauche, en l'occurence socialiste, candidat du Frente Amplio, Tabaré Vázquez, qui avait promis pendant sa campagne électorale de ne pas toucher à la Ley de Caducidad, qui apparaissait encore, 20 ans après les faits, comme une sorte de garantie de la paix civile (selon le modèle qu'avait d'ailleurs suivi l'Espagne au sortir de la dictature de Franco en 1975). Cependant, depuis qu'il a pris ses fonctions, Tabaré Vázquez n'a pas manqué une seule occasion de faire poursuivre par la Justice de son pays tous les criminels dont les actes ne sont pas non couverts par cette loi, en particulier tous ceux qui ont commis des crimes contre des Uruguayens sur des territoires étrangers, l'Argentine par exemple, ou le Brésil, ou le Chili, et ceux qui ont commis leurs crimes par crapulerie (pour s'emparer des biens des victimes ou régler des comptes personnels sous prétexte de préserver le pays de la suppposée subversion gauchiste). Il y a quelques jours, alors qu'il entame la dernière année de son mandat présidentiel et qu'il ne se représentera pas à la magistrature suprême (1), Tabaré Vázquez a déclaré que la Ley de Caducidad était anticonstitutionnelle. Ce qui n'est qu'un avis politique. Seule la Cour Suprême a la capacité juridique de prononcer un tel jugement. Et mercredi, c'était la Chambre des Députés et le Sénat rassemblés qui devaient se prononcer.

La droite dans son ensemble, constituée par deux partis, l'un très conservateur (pas d'Etat providence), l'autre plus centriste (libéral mais avec des préoccupations sociales), était opposée à ce débat. Pour beaucoup de raisons. L'ancien Président de la République, qui était au pouvoir lorsque la ley de Caducidad a été votée, aujourd'hui sénateur, voulait défendre ce qui avait été sa politique, dont il estime qu'elle a fait l'admiration du monde entier puisqu'elle a garanti une transition heureuse vers la démocratie. Beaucoup de ses collègues élus invoquaient quant à eux, non sans raison, l'incompétence de la représentation nationale sur cette question : si une loi est anticonstitutionnelle, la déclarer telle est l'apanage d'un tribunal. Pour eux, le débat législatif sapait les fondements mêmes de la démocratie uruguayenne, en mettant en cause une loi votée par la représentation démocratiquement élue puis confirmée par le peuple souverain. D'autres parce qu'ils estimaient, on est en année électorale, que la majorité ("el oficialismo") cherchait avec ce débat oiseux à détourner l'attention des citoyens des vrais problèmes du moment (la sécheresse dans le nord du pays, comme dans le nord de l'Argentine, une catastrophe pour des pays aussi agricoles que ceux-là, le chômage et l'insécurité régnant dans le pays, deux thèmes bien porteurs électoralement là-bas aussi).

Tout a été déclenché par la volonté d'une Procureure ("la fiscal"), Mirta Guianze, qui souhaite poursuivre les assassins (un bataillon militaire) d'une jeune professeure de littérature, fille d'ouvriers et militante communiste, arrêtée en 1974 et dont le corps fut rendu le jour même de son arrestation chez elle, à sa famille, à laquelle on expliqua qu'elle s'était suicidée. Cette jeune femme s'appellait Nibia Sabalsagaray.

Une partie de la droite a tout simplement boycotté la séance. Une autre est venue, le temps de lire une déclaration de principe et de se retirer, en laissant des coussins derrière soi en guise de représentants de la nation... Puisqu'il ne restait plus guère que les élus de la majorité et un senateur de droite, demeuré tout seul dans les travées de la droite, (2) le vote fut positif et la loi de caducité déclarée anticonstitutionnelle...


Le Sénateur Rafael Michelini pendant les débats du 26 février 2009

Les débats ont permis à un jeune et fougueux sénateur de faire résonner son combat dans le haut-lieu de la démocratie retrouvée : Rafael Michelini, fils d'un sénateur, Zelmar Michelini, qui s'opposa à la Dictature militaire et fut assassiné à Buenos Aires, donc à l'étranger, dans le cadre de l'opération Condor (une opération conjointe de toutes les dictatures de la région pour combattre ensemble leurs opposants et empêcher ainsi les militants de la démocratie de trouver refuge dans un pays voisin pour échapper à la répression dans leur propre pays). Ce jeune élu a même porté plainte, en dépit de la Ley de Caducidad qu'il combat de toutes ses forces depuis des années, contre un chef d'Etat du temps de la Dictature, Juan María Bordaberry, pour qu'il réponde un jour du meurtre de son père (dont il se dit innocent bien sûr).

C'est la première fois que la classe politique uruguayenne parvient à débattre démocratiquement de cet épineux problème qu'est la légitimité ou non de l'impunité pour les criminels de la dictature, puisque même ceux qui ont boycotté le débat se sont amplement exprimés sur le pourquoi du comment de leur position. Le Frente Amplio salue cet événement comme un triomphe. Parmi les candidats à la candidature présidentielle au nom du FA, le parti socialiste a d'ailleurs désigné, en lieu et place de Tabaré Vázquez, un ancien guerrillero... Les militants des droits de l'homme, Rafael Michelini en tête, estime que ce débat et ce vote sont une victoire historique, même si tout le monde, y compris Michelini, reconnaît que ce vote n'a pas force de loi et que pour lever la Ley de Caducidad, il faudra un arrêt de la Cour Suprême, ce qui arrivera peut-être.

En tout cas, l'événement a offert bien des tribunes sur Internet au Sénateur Rafael Michelini et son interview sur Diarioperfil, un site argentin, veut le coup d'être lu.

On peut consulter aussi les articles de deux quotidiens uruguayens dans leur édition du 26 février 2006 : El País et La República.



(1) La Constitution ne le lui permet pas et il vient de refuser avec la dernière énergie que ses compagnons du Frente Amplio fassent modifier la loi fondamentale pour permettre sa réélection. Seul président de gauche de l'histoire nationale, il semble pourtant jouir de la plus grande popularité qu'ait jamais connu un chef d'Etat dans ce pays.
(2) Il s'agit du sénateur Luis Alberto Heber, qu'on voit perdu au milieu des coussins et plongé dans sa lecture sur la photo noir et blanc.

vendredi 27 février 2009

Quarante bougies et toujours pas un cheveu sur le caillou [à l’affiche]



Vendredi 27 février à 21h30
Le tango se ramène dans le quartier - Edition spéciale
A peu près le même foutoir que d’habitude mais avec un gâteau en plus.
Cucuza (moi) fête son anniv
Moscato y donne du lustre (enfin, il essaye !)
Invités d’honneur : vous tous.

(Traduction Denise Anne Clavilier)

Telle est l’invitation que j’ai reçue hier soir (trop tard pour prendre mon billet auprès d’Aerolineas - c’est incroyable comme ils sont mal organisés, ces Argentins !). Comme j’ai trouvé l’invitation sympa, j’ai décidé de la partager.

La fête se passe donc ce soir au café El Faro, un bar-restaurant-pizzeria situé à l’angle (esquina) Pampa et Constituyentes dans le quartier excentré de Villa Urquiza, où vit Cucuza (voir les autres articles de Barrio de Tango sur ce cycle, EtvaB, en cliquant sur l’anagramme dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search ci-dessus, il y a aussi dans les articles quelques photos des soirées passées).

Pour ceux qui ne connaissent pas encore le chanteur (mais aussi auteur et compositeur, on en reparlera à la fin mars) Cucuza, rendez vous de toute urgence sur les autres articles que je lui ai déjà consacrés (en cliquant sur son nom dans le pavé Pour chercher Para buscar To search, sous le titre) et sur sa page My Space pour écouter cette voix de velours (dans les liens externes de la Colonne de droite, dans la rubrique Grillons, zorzales et autres cigales). Elle vaut le clic de souris.
Ou alors cliquez sur ce lien, Tibieza (Cucuza accompagné par Hernán Reinaudo et Norberto Vogel, dans un de ses propres morceaux).

Et comme c’est aujourd'hui même son anniversaire (c'est même écrit sur la page d'accueil de Todo Tango !) et que Cucuza a une bonne dose d’humour dans la plume, dans l’encrier et dans la boîte mail, je vous livre quelques uns des délires de sa prose promotionnelle...

Corría el verano de 1969, poco antes poco después se separaban "Los Beatles", el hombre llegaba a la luna (oooootro tema...), "El Polaco" Goyeneche se tomaba su "whiscacho" número 2346, Raúl Lavié empezaba a hacerse el coqueto y nacía casi sin querer Hernán Ernestor Castiello. Este "pescadito" con ascendente en conejo y descendente en ornitorrinco, que a la edad de 5 años escribía sus primeros palotes en las páginas del Tango y a los 6 recibía sus primeros palazos por escribir desafinando. A los 10 se saca los últimos mocos (hecho que se concretaría en verdad recién a los 14) y a partir de los 15 años hasta los 39 su historia se pierde en un misterioso "Triángulo Bermudezco" que nos fuerza a llegar raudos hasta este presente...
Hernán Cucuza Castiello

C’était l’été 1969, un peu avant un peu après les Beatles se séparaient, l’homme marchait sur la lune (toute une histoire, ça !), le Polaco Goyeneche s’avalait son 2346ème whiscacho (1), Raúl Lavié (2) commençait à se faire coquet et naissait, presque sans le vouloir, Hernán Ernestor Castiello. Ce petit poisson avec le lapin en ascendant et l’ornithorynque en descendant, qui à l’âge de 5 ans traçait ses premiers bâtons sur les pages du Tango et à celui de 6 recevait ses premiers coups de règles parce qu’il écrivait en chantant. A 10 ans, il finissait de moucher son nez (ce qui en fait n’arriva vraiment qu’à l’âge de 14) et à partir de ses 15 ans juqu’à ses 39 ans, son histoire se perd dans un mystérieux Triangle des Bermudes que nous force à arriver en 4ème vitesse jusqu’à aujourd’hui...
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Le mot d’ordre de la soirée est de chanter exclusivement des tangos dont le titre contient le nombre 40, comme Las 40 (les années 40) ou Buenos Aires del 40 (Buenos Aires en 1940). Les titres avec le nombre 50 sont priés de rester au vestiaire : Cucuza ne chantera donc pas l’immortel chef d’oeuvre du Padre del Tango, Don Ángel Villoldo (1861-1919), qui fit bien rigoler en son temps les petits gars du faubourg avec son Cuidado con los 50 (chansonnette qui moquait un édit municipal interdisant aux hommes d’adresser des galanteries aux femmes dans la rue sous peine d’une amende de 50 pesos, une vraie fortune pour l’époque) (3). Dans son mail d’invitation, Cucuza précise (à toutes fins utiles) que les rigolos de service sont priés de s’abstenir de lui réclamer le tango Voy camino a los 50 (je vais sur mes 50), le seul tango dont, dit-il, il sache que son titre contient le chiffre 50. Mais bon ! comme il n’en aura que 40, on restera sur ce chiffre. Non mais !

Ultime précision : Cucuza fera don de tous les cadeaux qui lui seront faits à cette occasion à l’institution S.O.N.M.I.O.S (il y a un jeu de mots, je vous laisse deviner lequel ? Si ! C’est vachement fastoche... Promis !) (4)

Enfin il termine son mail en remerciant tous ceux qui l’ont aidé à réalisé l’affiche et à rassembler quelques tangos rassemblant les caractéristiques mathématiques susvisées et en priant les gens d’arrêter de lui envoyer des listes de titres(il croule sous les suggestions de ses correspondants !)

Allez !
Depuis Paris et depuis l’hiver, bon anniversaire, Cucuza,
et bonne soirée à tout le monde !

(1) whiscacho : l’immense chanteur Roberto Goyeneche, dit El Polaco (1926-1994), ne pouvait pas entrer en scène sans avoir bu juste avant un petit cocktail passablement costaud qui avait été très en vogue dans les années 20. Je me souviendrai longtemps d’avoir entendu l’anecdote racontée par Horacio Ferrer, qui est un conteur fabuleux. C’était le 15 août dernier, quelques heures avant l’ouverture du Festival de tango. Une petite équipe de tournage de Telesur (la chaîne du Venezuela) venait de nous projeter, à lui, à Walter Piazza, le secrétaire de la Academia Nacional del Tango et à moi qui me trouvais là presque par hasard, un superbe documentaire de 25 minutes (si riche qu’il en paraissait 60) dont ils venaient d’achever le montage et dont Horacio Ferrer se montra très content ("ce film est plus moi que moi-même", joli compliment, non ? et mérité avec ça !). Et le Maestro se mit à nous raconter des tas d’anecdotes avec faconde, sur Troilo, sur la fondation de la Academia, sur l’écriture de Balada para un loco... et sur le whiscacho d’El Polaco. L’un de nous lui demanda ce que c’était que cette bête-là. "Oh, un vieux cocktail des années 20, expliqua-t-il avec un geste vers un lointain passé... Il faut bénir celui qui l’a inventé... S’il ne l’avait pas fait, il aurait fallu inventer le whiscacho pour qu’el Polaco puisse chanter".

Y cuando el fueye arrea su vendaval de infarto,
El Tango es una curda poética en tu voz
(dans El Polaco, tango d’Horacio Ferrer et Leopoldo Federico)

Et quand le soufflet lâche sa bourrasque cardiaque,
Le tango, chanté par toi, est une cuite poétique.
(traduction Denise Anne Clavilier)

Vous pouvez entendre ce texte récité par Horacio Ferrer, accompagné au bandonéon par le compositeur lui-même, dans un disque reprenant un concert public à la mémoire de Roberto Goyeneche (chez Melopea, pour ne pas changer....)
El fueye (le soufflet), en lunfardo, c’est le nom du bandonéon.
(2) Raúl Lavié, un autre chanteur, heureusement toujours en vie et toujours en activité, lui. Les articles sur les chanteurs en général, sous la mention Les chanteurs, dans la rubrique Les artistes, dans la Colonne de droite.
(3) Comme il y avait beaucoup plus d’hommes que de femmes à Buenos Aires au début du 20ème siècle, beaucoup hommes importunaient assez fréquemment les femmes dans la rue. Le Maire de l’époque prit donc des mesures énergiques !
(4) Pour ceux qui n’ont pas la bosse de l’espagnol : "son míos", surtout si vous parlez de cadeaux, ça veut dire "ils sont à moi !" Le présent article de blog, en français, finira donc directement dans la trésorerie de cette brave ONG aux objectifs pas clairs...

mercredi 25 février 2009

Raúl Luzzi en concert à Bien Bohemio [à l’affiche]

Raúl Luzzi avec Jacqueline Sigaut (le mate dans la main) et Franco Luciano à l'harmonica (photo extraite de la page Myspace de Raúl Luzzi)

Le 6 mars 2009, le guitariste et compositeur Raúl Luzzi sera avec son propre groupe (Raúl Luzzi Ensamble) et divers invités seront à 21h30 sur la scène de Bien Bohemio, rue Sanchez de Loria 957 (qui sépare les quartiers de Boedo et de San Cristobal), dans le cadre de son disque de musique instrumentale, Tiempo virtual, enregistré en 2007 et sorti il y a un an.


Tiempo virtual est un disque de 13 pistes, avec plusieurs très grands classiques comme Taconeando, El día que me quieras, Nunca tuvo novio, Organito de la Tarde, Oblivión, Tu pálida voz et quatre morceaux de sa propre composition et un tango, Dos duendes, co-signé avec le parolier Mario Dobry.

Raúl Luzzi enregistre en ce moment un autre disque, dont il présentera quelques pièces. Ce nouveau disque s’appellera Un sueño de horizonte et contiendra plusieurs chansons co-signées avec Mario Dobry. A ce titre, Mario Dobry sera présent à Bien Bohemio.


Je vous ai déjà parlé de Raúl Luzzi à propos d’un concert récent de la chanteuse Jacqueline Sigaut (pour lire les autres articles relatifs à Raúl Luzzi, cliquez sur son nom dans le pavé Pour chercher, para buscar, to search entre titre et article).

D’ici là, demain à 18h (heure de Buenos Aires), Raúl Luzzi sera (avec Mario Dobry, le seul présent en chair et en os dans le studio) le co-invité de Claudio Tagini sur Radio Sentidos, lors de son émission hebdomadaire ADN Tango, que vous pouvez écouter ensuite pendant toute la semaine sur le site de cette radio web (último programa). Vous pourrez y entendre quelques extraits de Un sueño de horizonte qui devrait sortir à mi-mars dans les rayons des disquaires de Buenos Aires (surveillez sur le site de Zivals, dans la Colonne de droite, rubrique Les commerçants du quartier).

A partir de mars, l’horaire de ADN Tango change, l'émission passera désormais à 19h, toujours le jeudi (heure de Buenos Aires).

La page My space de Raúl Luzzi est accessible en cliquant sur le lien ainsi que son site.
(La photo en noir et blanc m'a été envoyée par Pilar Sanchez, assistante du Maestro. Qu'elle trouve ici mes remerciements chaleureux).


Pour le décalage horaire avec l’heure de Bruxelles, voir Buenos Aires : infos pratiques dans la Colonne de droite.
Le lien vers ADN Tango est disponible dans la Colonne de droite, rubrique Ecouter.
Les articles de Barrio de Tango sur des sujets connexes : voir les raccourcis A l’affiche et Disques & Livres dans la rubrique Les avenues-las avenidas, Les musiciens dans la rubrique Les artistes et Radio dans la rubrique Tangoscope.

Tout est bon du moment que ça roule [actu]

Dans le cadre du plan de relance de l’économie argentine, l’opération 0 km (voir mon article du 31 décembre 2008) n’a pas donné jusqu’à présent les résultats escomptés. En deux mois, seulement 0,5% de voitures d’entrée de gamme effectivement vendues sur le nombre prévu par le plan 0 km, annoncé à la fin de l'année dernière. A fin janvier (donc en pleines vacances estivales), les concessionnaires automobiles n’avaient enregistré que 500 ventes de ces véhicules en tout et pour tout. Ils croisent les doigts pour que février parvienne au même chiffre et ce ne serait toujours pas très satisfaisant.

L’institut de statistiques national, l’INDEC, vient de publier des chiffres décourageants sur la production industrielle dans le pays, en forte baisse notamment dans le secteur automobile qui portait jusqu’à présent le rétablissement économique du pays pour le secteur secondaire. Et le pire, c’est que ces chiffres semblent solides (1) puisque les agences privées publient des estimations significativement proches. Ainsi donc la production automobile aurait été en janvier de 4,6% inférieure à son chiffre de janvier 2008 (qui était, il est vrai, particulièrement haut). Ce 4,6% interannuel correspond en fait à une baisse de 13,2 % par rapport à décembre 2008.
C’est la première fois depuis 2003, depuis l’arrivée au pouvoir de Néstor Kirchner auquel a succédé sa femme à la tête de l’Etat, que ces chiffres s’effondrent. Conséquence de la crise économique internationale que subit ainsi l’Argentine qui se rétablissait convenablement du krach monétaire qui l’avait mise à terre à la fin 2001. La dernière chute de la production du secteur secondaire en Argentine remonte en effet à octobre 2002, avec une baisse de 4,2%.

En comparaison interannuelle, donc entre les chiffres de janvier 2008 et ceux de janvier 2009, dans le secteur textile, la chute est de 10,3% (de 20,6% par rapport à décembre). Elle est de 9,1% dans le secteur de la production pneumatique (et 20,9 par rapport à décembre). Elle est de 21,7 % pour la métalurgie de base (29,3 pour l’acier alors que la production d’aluminium a augmenté de 10,4 %). Le secteur de la construction s’en sort mieux : + 4,80% d’augmentation interannuelle (mais un chute de 9,1% par rapport aux chiffres de décembre). Le secteur agro-alimentaire connaît une situation similaire : + 7,2% d’augmentation interannuelle et - 11% de baisse par rapport à décembre.

Le secteur automobile, composé entièrement d’entreprises étrangères installées sur le territoire national, marques françaises, espagnoles, japonaises et américaines essentiellement, portant la reprise générale hors agriculture, il était important pour le Gouvernement de proposer une modification du plan 0 km sur lequel il comptait pour sortir l’ensemble du secteur de l’ornière. Le plan de soutien à la consommation des ménages s’ouvre désormais à tout ce qui roule, depuis l’achat de la bicyclette jusqu’à celui d’utilitaires et même de camions pour les professionnels en passant par des voitures neuves de milieu de gamme. Les véhicules éligibles au plan devront être fabriqués sur le territoire national (la moitié des 500 voitures déjà vendues sous le régime du plan 0 km étaient importées du Brésil). C’est ce qu’a annoncé hier la Présidente, accompagnée de sa ministre de la Production, Débora Giorgi.

Le nouveau plan durera toute l’année et de grandes enseignes de grande distribution y participeront grâce à la vente des vélos (des vélos d’enfant aux modèles tout terrain ou professionnels à l’usage des coursiers) : Carrefour, Coto, Garbarino, Olimpia et Frágeva vont récupérer les vieux vélos (qui seront recyclés selon la philosophie constante de ces Planos Canje) et vendre des machines neuves fabriquées sur place, ce qui devrait aider à maintenir l’emploi.

Pour le remplacement des véhicules professionels, utilitaires et poids lourds, les financements se feront sur la base d’un apport de 30% du prix total (payable comptant ou en 12 mensualités) et le reste financé sur fonds de l’ANSeS sur une durée de 36 mois à taux fixe (un taux de 13%, ce qui n’est pas très lourd étant donné le niveau d’inflation chronique qui règne dans la région).

Le 13 février, la Présidente, en compagnie cette fois de sa belle-soeur, la Ministre du Développement social, Alicia Kirchner (2), avait annoncé un autre plan, destiné quant à lui à soutenir les micro-entreprises et les coopératives.

Les coopératives sont une forme d’entreprise très prisée des indépendants qui veulent créer leur propre emploi, ce qui généralement leur réussit. Ce plan, qui entraîner un plus budgétaire de 2000 millions de pesos pour le Ministère du Développement social, entend soutenir un millier de coopératives, des programmes destinés à la jeunesse et au troisième âge, des clubs de quartier (le centre de la vie sociale, culturelle et sportive de proximité en Argentine) entre autres activités conduites par le secteur associatif, syndical, culturel, militant. Les coopératives visées sont celles que monteront des chômeurs pour effectuer les travaux peu qualifiées de voierie publique à l’échelle des municipalités. Il est toujours très étonnant pour nous autres, Européens, de voir fleurir ces coopératives dans les secteurs les plus déshérités de la société. Il existe des histoires économiques très édifiantes de chiffonniers qui s’organisent pour améliorer leur travail, rationaliser la collecte, s’engager dans le recyclage des matériaux ainsi récupérés, des histoires de succès stupéfiants pour nous. En quelques années, ces gens, qui sont les pauvres d’entre les pauvres, parqués dans des bidonvilles innommables, se retrouvent à gagner si bien leur vie qu’ils peuvent s’offrir une semaine de vacances dans l’année. Et nous avons bien du mal à nous faire une idée de la rentabilité qu’il faut atteindre pour pouvoir avoir une semaine de vacances quand on est chiffonnier et qu’on a une famille à nourir.

Quelques articles intéressants à lire dans la presse :
Página/12 du 24 février sur la production industrielle,
Página/12 du 25 février sur le présent plano canje automotor,
Clarín du 23 février sur la production industrielle,
Clarín du 25 février sur le plano canje automotor.
Página/12 du 13 février, sur l’aide aux micro-entreprises et au secteur social.

Barrio de Tango sur l’Economie en cliquant sur le raccourci correspondant dans la section Quelques rubriques thématiques de la Colonne de droite, sur la vie politique en Argentine en cliquant sous le lien Gob argentin dans le pavé Pour chercher para buscar to search, entre le titre et l’article.

(1) Généralement les chiffres de l’INDEC sont contestés. En fait, il semble beaucoup plus fiables que la majorité argentine veut bien le reconnaître. C’est un peu une maladie nationale que d’afficher par principe un manque de confiance dans ce qui est national. Ce qui n’empêche absolument pas les Argentins par ailleurs de se vanter de tout et de n’importe quoi et d’adorer leur pays. La position est contradictoire mais quasiment assumée comme telle, en tout cas en ce qui concerne l’élite intellectuelle (les journalistes, les artistes, les enseignants...).
(2) Après avoir fait partager à tout le monde sa propre émotion et celle de son interlocutrice le jour de sa prestation de serment entre les mains de Cristina, le 10 décembre 2007, Alicia Kirchner essuie à présent les critiques de certaines personnalités de la majorité sans qu’on sache bien si elles lui reprochent ses idées, sa façon d’être ou tout simplement sa qualité de soeur du Président du parti justicialiste ou de belle-soeur de chef d’Etat. L’Argentine est en année électorale et le Parti Justicialiste est déjà entré dans en lice...

mardi 24 février 2009

Marottes argentines... in utero - Spécial Mardi-Gras


Tout au long de l’été austral, Miguel Rep, l’autre dessinateur du quotidien Página/12, a développé toute une bande dessinée sur une naissance gémellaire. Je vous en avais déjà parlé en janvier, on en était alors à la fécondation (étape blastocyte). Et puis tout de suite après, il y a eu une deuxième fécondation, ce qui nous donne deux faux jumeaux adorables mais passablement tête à claque de temps en temps, un petit garçon, terriblement machiste, et une petite fille, déjà coquette et pontifiante...
A travers ces deux adorables futurs bambins, Rep s’est amusé à repasser quelques classiques des "beretines argentinos" (les tocades, les idées zinzins, en lunfardo).
Le 7 février dernier : la nostalgie (excellent pastiche du dialogue des deux vieux grigoux encore bien verts du tango Te acordas hermano, de Francisco Canaro et Manuel Romero, 1926, ici chanté par Carlos Gardel)

Elle : Comme le temps passe, frèrot !
Lui : Tu te souviens quand nous étions des blastocytes ? quelle force, quel dynamisme ! Personne ne pouvait nous arrêter. (1)
Elle : Quelle drôle d’époque !
Lui : Regarde-nous maintenant, bien tranquilles dans le liquide amniotique, en train d’attendre, sans bouger...
Elle : Le cours du temps est implaccable !
Lui : On n'est plus ce qu'on était !
(Traduction Denise Anne Clavilier)

*~*~*~*~*~*

Le 9 février, Mademoiselle bâtit des châteaux en Espagne (comme la milonguita des tangos des années 30 et 40 ou comme les artistes de Tristezas de la calle Corrientes qui rêvent inlassablement de triomphes, ici par Libertad Lamarque en 1942) !

Elle : combien de temps il va falloir avant qu’on nous donne le jour ? Les lecteurs s’impatientent.
Elle : Les cases passent, les pages s’ajoutent les unes aux autres. Mais c’est qu’il n’y a pas de temps à perdre dans le monde contemporain.
Elle : Je veux naître. Pour briller. Je veux aller dans le monde déployer cette énergie que je porte en moi et illuminer la vie des autres et...
Lui : Beurk ! C’est d’un ringard !
Lui (ou eux) : Combien de temps il va falloir avant qu’on nous donne le jour ? Les lecteurs s’impatientent.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

*~*~*~*~*~*

Le 12 février, Monsieur n'est pas né qu'il commence à critiquer !

Lui : Tiens, soeurette, ce pays est un vrai souk.
Elle : Et alors ?
Lui : Et alors, je veux naître en Europe. (1)
Elle : Moi, j’aime bien naître ici. C’est rigolo.
Lui : Fais ce que tu veux. Moi, je veux être civilisé et riche, je veux être du nord (2). Non mais sans blague. Je veux avoir un passeport comme tout le monde (3). Je veux naître en Europe. Emmenez-moi là-bas.
Elle : Tu es fou !
Lui : Je veux naître en Europe.
La mère : Gaspard, j’ai une autre envie.
Le père : Oh non !
La mère : et alors là, accroche-toi parce que ça va pas être simple !
(Traduction Denise Anne Clavilier)

*~*~*~*~*~*

Le 17 février, le grand jour est arrivé.

Elle : Bon, alors, qui sort d’abord ?
Lui : Hein ? Quoi ? c’est déjà l’accouchement ? De toute façon, tu sais très bien ce que je pense.
Elle : Je sors la première.
Lui : Tchao (4)
........................
ça y est, il y a une Argentine de plus (5). Naître ici, moi ? tu m’as pas regardé ! J’ai le ventre pour moi tout seul, tout seul... Prévenez-moi quand on arrive en Europe.

*~*~*~*~*~*

Après avoir fait mille manière et avoir presque réussi à rendre fous Papa et Maman ("los viejos", comme on dit en lunfardo), le bout de chou a fini par se résoudre à être Argentin. Faut dire qu’on ne lui a guère laissé le choix. Il est né cette nuit (si, si, c’est vrai, une semaine après sa frangine). Et elle qui ne se prive pas de se payer sa tête, pendant la têtée d'aujourd'hui...

Je vous laisse découvrir chaque épisode en allant directement sur le site de Página/12 et en jouant avec les petites flèches sous le titre pour remonter l’histoire (vous avez le lien dans la rubrique Actu, de la Colonne de droite, dans la partie inférieure consacrée aux liens externes)...

Bonne lecture ! Amusez-vous bien. Vous avez les 40 jours de Carême pour apprendre l’espagnol d’Argentine en vous amusant avec les loufoqueries de Rep. Avouez qu’il pourrait y avoir pire comme acte de pénitence en ce bas monde.

(1) Pour les Argentins, l'Europe est une entité indistincte. Certains pensent qu'il existe une nationalité européenne, puisqu'ils voient passer des passeports marqués Union Européenne.
(2) "primer mundo" : s’oppose à "tercer mundo" (tiers-monde). C’est le nord riche par opposition au tiers-monde situé plutôt au sud, ne serait-ce qu’on sud de l’hémisphère nord.
(3) Avoir un passeport a longtemps été un rêve presque impossible pour les Argentins, à cause des restrictions aux voyages en vigueur pendant les différentes périodes dictatoriales. Et au-delà du passeport, il y a les difficultés économiques pour voyager.
(4) "Au revoir" dans le texte. On trouve cette expression dans de nombreux tangos, dans ceux de Enrique Cadícamo (1900-1999) et dans ceux, très contemporains, d'Alejandro Szwarcman...
(5) le droit du sol : on est Argentin parce qu'on naît sur le sol national. Cela reste un fait politique très important pour une nation descendant d'un si grand mouvement d'immigration...

Fernándo Bitter au CCC demain [à l'affiche]

Une belle affiche à lire de près... pour la présentation d'un premier disque (Artesano)

Un día agarré mi guitarra eléctrica y pensé que estaba perdiendo tiempo, entonces agarré la guitarra criolla y sólo había que encordarla y hacerla vibrar con el corazón. El Tango me atrapó. Escuché su música,su poesía, elegí un repertorio y asi de guapo me mandé a las milongas, sin más que la viola al hombro, y fue
tan grande la satisfacción de encontrar amigos, que no paré de hacerlo.

Un jour, j'ai attrapé ma guitare électrique et j'ai pensé que j'étais en train de perdre mon temps. Alors j'ai attrapé une guitare sèche (1) et il n'y avait plus qu'à lui mettre des cordes et la faire vibrer avec le coeur.
Le Tango m'a saisi. J'ai entendu sa musique, sa poésie, j'ai choisi un répertoire et comme ça, de chic, je me suis baladé dans les milongas, avec rien d'autre que ma gratte sur le dos, et le bonheur de trouver des amis a été si grand que j'ai continué à le faire et je n'ai jamais arrêté...
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Pas seulement musicien, le monsieur... Poète en prime !
Vous pouvez l'écouter sur sa page MySpace.



(1) il parle de guitarra criolla. On parle aussi de guitarra española.

Jorge Videla restera en prison [actu]

Le Tribunal fédéral, jugeant en dernière instance, vient de rejeter une demande de semi-liberté, sous régime de résidence surveillée (prisión domiciliaria), faite par la défense de l’auteur du coup d’Etat du 24 mars 1976, Jorge Rafael Videla (il était général mais il a été déchu de tous ses titres militaires il y a bien longtemps).

Videla avait bénéficié d’une amnistie accordée par Carlos Menem, alors Président de la République. Cette amnistie avait ensuite été déclarée nulle par un tribunal, il avait alors été à nouveau arrêté et placé en régime de résidence surveillée au titre de la détention préventive, en attente d’un second procès sous de nouveaux chefs d’inculpations pour des crimes commis pendant la Dictature et non encore jugés. Le 10 octobre dernier, à la demande du Sous Secrétaire national aux Droits de l’Homme, il avait été écroué dans un établissement de droit commun, toujours sous le régime de la préventive. Et son avocat, qui n’est autre qu’un ancien ministre de la Justice de la Junte, avait réclamé son retour à la maison.

Il vient d’être débouté. Il attendra donc son second procès derrière les barreaux. Au grand soulagement des associations de droits de l’homme argentines.
Au tout début de l’année, Daniel Paz (Página/12, édition du 16 janvier 2009) a eu cette idée de mélanger deux informations sans aucun lien l’une avec l’autre, d’un côté l’augmentation du titre de transport en commun à Buenos Aires le 1er janvier (ce qui posait un gros problème : les tickets de bus ne s’achètent qu’en faisant l’appoint, l’ancien prix était de 0,90$, le nouveau est de 1,10 ! Le problème sera bientôt du passe : la ville est en train de mettre en place un système de carte à puce prépayée et rechargeable qui devrait être généralisé en mai...) et le régime pénal très favorable obtenu par plusieurs criminels de la Dictature (represores), libérés pour dépassement du délai de préventive ou raison de santé et autres motifs tout aussi difficiles à accepter pour la population.
Cela donne le dialogue suivant :

Elle : Et alors, les criminels qui ont été libérés, ils vont aller et venir librement en ville ? Lui : Ouais, mais ils iront pas loin...
Elle : Pourquoi ça ? Lui : Ben, tu sais bien comment c’est difficile de trouver de la monnaie pour le bus. (1)
(Traduction Denise Anne Clavilier)

De l’autre côté du Río de la Plata, en Uruguay, l’actuelle opposition, qui se met en ordre de bataille pour l’élection présidentielle d’octobre, fait actuellement des pieds et des mains pour empêcher l’annulation de l’amnistie ("amnistía a represores") accordée, dans un souci d’apaisement et de réconciliation civile, aux criminels de la dernière dictature (1973-1985). La majorité de gauche (Frente Amplio) a fait inscrire à l’ordre du jour du parlement la déclaration d’inconstitutionnalité de cette amnistie pour demain, mercredi 25 février. Le parti conservateur représentant la droite dure (el partido blanco) et le parti libéral regroupant centre-droit et démocratie chrétienne (el partido colorado) discutaient ce week-end de la meilleure tactique à adopter : boycott de la discussion, calcul savant de présence pour empêcher le quorum, participation au débat pour voter non et dire pourquoi et/ou bataille procédurale pour empêcher discussion et vote.

L’opposition estime en effet que ce débat est ouvert pour faire diversion aux vrais enjeux des élections qui auront lieu le 25 octobre (il y a une raisonnable probabilité aujourd’hui que la majorité gagne ces élections, même si elle n’a pas encore désigné son candidat définitif). L’actuelle majorité de gauche, de son côté, veut qu’un certain nombre de responsables de la dernière dictature, dûment identifiés, des militaires et des policiers, passent en jugement pour plusieurs arrestations arbitraires et disparitions individuelles, nominatives. Pour cela, elle a besoin que la loi soit modifiée.

Pour situer ces événements, voir les grandes dates de l’Argentine et de l’Uruguay et plus largement les articles de Barrio de Tango sur l’histoire (voir le raccourci en Colonne de droite, dans la section Quelques rubriques thématiques).
Sur les élections en Uruguay, se reporter
aux articles que j’ai consacrés à l’actuel Président de la République de ce pays, Tabaré Vázquez.
Sur les questions des droits de l’homme en Argentine, lire mes articles sur
les 25 ans du retour de la Démocratie et visiter les sites des Mères de la Place de Mai, des Grands-Mères de la Place de Mai et de H.I.J.O.S. (les liens sont accessibles dans la Colonne de droite, sous la rubrique Cambalache), ainsi que les articles de Barrio de Tango portant sur les combats terribles et nécessaires que mènent ces associations, sous les raccourcis Abuelas de Plaza de Mayo et Madres de Plaza de Mayo.

(1) El bondi : un terme de lunfardo qui désignait le tramway. Maintenant qu’il n’y a plus de tram, le mot désigne le bus (colectivo).

Spécial Mardi Gras. Une recette lyonnaise : les bugnes [coutumes]


Attention : cet article est écrit en espagnol. Eviter les traductions de Google par les liens Italiano et Inglés (cela ne fonctionnera pas). Pour une traduction en anglais ou en allemand, il est préférable d’utiliser Reverso ou consulter les dictionnaires disponibles dans la rubrique Cambalache, dans le bas de la Colonne de droite.
*~*~*~*

Es una tradición gastronómica de la ciudad de Lyon, en el sur de Francia. Lyon es una de las ciudades más prestigiosas del país. Fue fundada por Julio César como Capital de las Galias Y aún lleva el título de Capitale des Gaules para la Iglesia Católica. Su catedral sigue siendo la sede del Arzobispo Primato francés (Cathédrale Saint Jean).

En el mes de febrero, las pastelerías, charcuterías y servicios de lunch de Lyon venden esta especialidad frita a montón. El pico de fabricación es el Martes de Carnaval que en francés se dice "Mardi-Gras". Esta factura se llama bugne. Hay dos tipos. Uno se hace con levadura (que sea levadura química o de panadería o cerveza si es más facíl encontrarla): las llamamos bugnes moëlleuses (o blandas). El otro tipo se hace sin levadura y estas se llaman bugnes nomás o también oreillettes o merveilles (son facturas crujientes muy parecidas en forma a las tortas de aceite de Sevilla en España como se puede ver en la foto). Bugnes moëlleuses estan en cada panadería de todo el país en el día de Mardi Gras pero sólo unos artesanos saben como hacerlas bien, con sabor.

Acá una receta para 6 personas (pero como va a depender del tiempo y del hambre de cada uno ¡ojo!... Hay que acordarse que acá es el invierno, con bajas temperaturas. Por algo necesitamos más calorías de este lado del Charco).

750 gr harina de trigo (lisa, sin grumo, para que se mezcle bien)
7 huevos
180 gr azucar en polvo
150 gr manteca blanda (mantequilla en español de España)
Cascaras picaditas de naranja (para esta cantidad de harina, un mínimo de 4 naranjas)
1 cucharradita pequeña de sal
Aceite para freir

Poner la manteca blanda en un bowl y batirla bien durante 3 minutos para que este bien lisa y con aire adentro.
Añadir el azucar, la sal, la cascara de naranja. Mezclar. Añadir uno por uno los 7 huevos y mezclar uno por uno.
Cuando todos estan bien integrados, echar la harina y amasar a mano.
Dejar la masa durante una hora en un lugar fresquito.
Con un rodillo, desplegar la masa sobre una encimera añadiendo harina para que no pegue. Estirar la masa hasta lograr los 2 mm de espesor. Cortar formas en la masa (cuadros, triángulos, discos, lo que les gusta más...).
En aceite caliente, poner los pedazos de masa a freir hasta que resulten rubios.
Poner las bugnes sobre papel absorbante antes de disponerlas en un plato. Se puede cubrir con azucar blanco para adornar.

A los habitantes de Lyon les gusta comer bugnes bebiendo Condrieu (un vino blanco muy famoso hecho con uvas viognier). Ver el sitio bilingüe francés y inglés del vino Condrieu en este enlace.

Para saber más sobre la ciudad de Condrieu y su zona, hacer clic en el enlace.

En la Argentina y el Uruguay, ¡hay que ver como salen con mate! Lo probé esta mañana... Muy rico.

Del 4 al 12 de febrero, la municipalidad de Lyon organizó una semana de la Bugne Lyonnaise con colaboración de siete artesanos del centro de la ciudad, como se puede ver en el afiche que pusé arriba...

Otras recetas (en francés esta vez) :
Bugnes crujientes : Bugnes au rhum blanc (1) en Cuisine de A à Z, bugnes à l’eau de fleur d’oranger (2) de Recettes de France, Bugnes à l’eau de fleur d’oranger de Recettes et Terroirs, Bugne au rhum blanc del sitio belga Epicurien.
Bugnes blandas (este tipo no se puede comer cuando hace calor o sólo si se trata de una forma de suicidio) : bugnes à la levure de boulanger de Habett.org, bugnes à la levure chimique de Cuisine Lyonnaise.
El sitio Rhône-Alpes Tourisme (la región de Lyon) propone las dos versiones con los nombres bugnes briochées (blandas) y merveilles (crujientes). Bajo el enlace, el comentario sobre la guerra de las dos bugnes (en el sitio, no hay empate: la versión crujiente le ganó a la blanda como los albicelestes a los azules hace unos días en Marsella).

Autres articles sur des thèmes similaires : voir les raccourcis Coutumes et Gastronomie dans la Colonne de droite, partie supérieure.

Et puis un petit tango pour accompagner les bugnes et le Condrieu (ou le mate, comme vous voulez) : Otra vez carnaval, de Carlos Di Sarli chanté par Jorge Durán en 1947.

(1) Rhum : ron.
(2) Eau de fleur d’oranger : agua de azahar

Carnaval sur Avenida de Mayo et Corrientes Spéciale Mardi-Gras [coutumes]

Photo extraite du site de Clarín


A Buenos Aires, Lundi Gras et Mardi Gras (Lunes y Martes de Carnaval) sont des jours fériés. Avec le dimanche qui précède, ils sont traditionnellement les jours où culminent les réjouissances de Carnaval.

Pour l’occasion, hier et aujourd’hui, ont lieu toutes sortes de défilés de murgas, les officielles et les off (comme on dit au Festival d’Avignon, là-bas, à Buenos Aires, on dit plutôt "murgas oficiales" et "murgas independientes"), sur les grandes artères de la capitale argentine : les deux grands lieux où passent les groupes sont Avenida de Mayo (comme le montre la photo du défilé d’hier par Marcel Genlote, que publie Clarín), depuis la Place du Congrès jusqu’à la Place de Mai (Plaza de Mayo) et la Avenida Corrientes, depuis la esquina Corrientes y Callao jusqu’à l’Obélisque (d’ouest en est). La photo de Marcelo Genlote montre une murga off défilant hier sur Avenida de Mayo. On voit bien là que la murga a son type de costume et ses couleurs.
(Dans le même ordre d’idée, dans les années 30 et 40, les admirateurs des différents orchestres de tango se distinguaient aussi et se faisaient reconnaître à leur tenue vestimentaire. Dans la rue, en se rendant au cabaret ou au café pour animer la milonga de cette nuit-là, Osvaldo Pugliese pouvait reconnaître lui aussi ses fans !).

Hier, Lunes de Carnaval, la rue appartenait aux independientes. Aujourd’hui, Martes de Carnaval, elle appartient aux murgas oficiales.

Parmi les murgas qui défilent en ce moment, certains groupes sont très anciens. Une murga a même été fondée en 1925 et existe toujours (ce qui veut dire qu’elle a survécu à bien des tentatives dictatoriales d’en finir avec ces festivités un peu trop subversives). Il y a aujourd’hui plus de 40 murgas actives dans Buenos Aires.

Un petit Gardel de derrière les fagots pour fêter ça : Siga el Corso (que le défilé continue), de Anselmo Aieta et Francisco García Jímenez (enregistré en 1927).

Mise en abîme historique - Spécial Mardi-Gras [actu]

Tout au long de cet été, Daniel Paz, l’un des deux dessinateurs vedettes du quotidien Página/12, a publié, avec son complice dialoguiste, Rudy, quelques vignettes bien senties sur des questions d’actualité relues à la lumière du passé ou vice versa et inversement... Je vous en ai sélectionné trois qui m’ont fait mourir de rire...

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Au sujet de la toute récente expulsion d’Argentine de l’évêque intégriste et négationniste anglais (quelle liste !), directeur (relevé de ses fonctions par ses supérieurs, tout aussi intégristes que lui pourtant) d’un séminaire de la Fraternité Pie X installé dans le Gran Buenos Aires, le tristement célèbre Williamson, qui a fait acte de soumission... conditionnelle au Pape. (1)


Le journaliste : Monseigneur Williamson a été expulsé d’Argentine.
Le prélat : Oui... Les valeurs traditionnelles se perdent !
Le journaliste : Comment ça ?
Le prélat : Ben tiens ! On suppose que les gouvernements péronistes devraient accueillir les nazis, pas les expulser.
Página/12 aujourd'hui
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Ce dialogue est très drôle mais il est aussi très injuste envers l’Eglise catholique actuelle en Argentine (en général, Daniel Paz s’en prend à une Eglise catholique plus fantasmatique que réelle, surtout lorsqu’il prend pour tête de turc l’Archevêque de Buenos Aires, un homme de fait très ouvert). L’Archidiocèse de Buenos Aires a d’ailleurs clairement fait savoir son accord avec la décision d’expulsion prise par la Présidente de la République à l’encontre de ce négationniste îlien et n’a pas caché qu’il en était soulagé, les agissements du bonhomme créant autant de scandale à Buenos Aires chez les fidèles catholiques qu’à Paris ou Bruxelles et troublant gravement, là-bas aussi, le dialogue judéo-chrétien. Et cette case est aussi très sévère pour Juan Domingo Perón, car c’est bien lui qui est visé et non pas le Gouvernement actuel (dont Daniel Paz approuve très certainement la décision). Comme on va le voir un peu plus bas, Perón a été élu Président en 1946 contre la volonté des Etats-Unis, aux intérêts économiques et géo-politiques desquels il s’opposait frontalement. Pour se maintenir au pouvoir dans ces conditions peu confortables, entretenir sa propagande, développer les oeuvres de bienfaisance d’Evita, il lui fallait de grosses rentrées d’argent à une époque où personne ne se souciait de "moraliser le financement des partis politiques". Perón n’a pas fait la fine bouche devant l’argent que plusieurs criminels nazis, poursuivis par les Etats-Unis, lui ont offert pour pouvoir se réfugier en Argentine. Eichmann a ainsi négocié un sauf-conduit en livrant les clés d’un coffre suisse, ce qui a valu à l’Argentine l’affront de voir un jour le Mossad intervenir en pleine rue au coeur même de la capitale pour enlever Eichmann...

Pourtant on chercherait en vain la moindre parenté idéologique entre le péronisme, celui d’aujourd’hui et celui d’hier, et le nazisme ou le fascisme, même si les Argentins anti-péronistes traitent Perón de fasciste et c’est bien leur droit. Cette position fait partie du débat démocratique (comme celle des manifestants français qui scandent "CRS-SS !" sous le nez des forces d’ordre républicaines). On peut reprocher beaucoup de choses à Perón surtout dans le domaine des Droits de l’homme, mais d’avoir été porteur d’une idéologie totalitaire, non...

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L’Argentine se prépare à une année électorale. Il y a des élections locales dans plusieurs provinces, la Province de Catamarca dans une dizaine de jours par exemple. La Ville de Buenos Aires va aussi renouveler la moitié de son Parlement (Legislatura). Et en octobre, il y aura des élections législatives de mi-mandat au niveau fédéral. De tous les côtés, les partis s’organisent. A la fin de l’année 2008, on a vu se rapprocher tous les partis d’opposition, l'UCR (parti du Vice-Président, qui appartient à une mouvance dissidente) censée être à gauche, la CC (Coalición Cívica, de centre-droit, autour d’une transfuge de l’UCR, Elisa Carrió), certains partis socialistes (le socialisme n’a jamais fait son unité en Argentine) et la droite dure de Mauricio Macri (la majorité au pouvoir dans la ville de Buenos Aires)... Ces alliances improbables rappellent des souvenirs !


Le journaliste : Le rapprochement entre Carrió, le macrisme, les socialistes et l’UCR provoque des commentaires.
Le rédac chef : Par exemple ?
Le journaliste : Les descendants de Braden jurent qu’ils n'y sont pour rien, eux !
Página/12, du 12 janvier 2009
(Traduction Denise Anne Clavilier)

En 1945, après le 17 octobre (voir mon article à ce sujet), quand il a été évident que Juan Perón allait se présenter à l’élection présidentielle et qu’il avait de bonnes chances de l’emporter, Spruille Braden, un homme d’affaires qui était aussi l’Ambassadeur des Etats-Unis à Buenos Aires, a coalisé contre Perón l’UCR, toute la droite, le PC, divers PS, l’UCR et un certain nombre d’organisations syndicales, corporatistes et patronales pêle-mêle. Et il l’a fait d’une façon si impudente, avec toute la suffisance que la victoire contre l’Allemagne et contre le Japon, la puissance atomique donnaient alors aux Etats-Unis sur ce continent, que Perón a joué sur du velours : le choix laissé à l’électeur argentin, c’était ou Perón ou les Etats-Unis.
Ça a été Perón.
A 56%. Au premier tour...
L’opposition s'est trouvé KO debout pour plusieurs années. Jusqu’au renversement de Perón en septembre 1955... par un coup d’Etat commandé officiellement par la Marine argentine et en sous main par la CIA (plus de 600 morts à Buenos Aires même pendant les 3 jours d’affrontement).

Il y a quelques jours, le rapprochement électoral Macri-Carrió-UCR s’est concrétisé dans une conférence de presse où Elisa Carrió a surpris les journalistes par un sens de l'humour et une gaité d'humeur qu'on ne lui connaissait guère. Les coalisés iront ensemble à la bataille avec un programme commun. La partie socialiste s’était faite excuser. Mais il paraît que même portée pâle, cette mouvance du socialisme argentin est d’accord avec ses partenaires... Qui vivra verra !

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La nationalisation d’Aerolineas, reprise de force à la société Marsans, une société privée de capitaux espagnols, a tendu les relations entre l’Espagne et l’Argentine au dernier trimestre 2008 (voir mes articles sur cette renationalisation). La crispation était d’autant plus forte que l’économie espagnole s'est effondrée avec l’industrie du bâtiment en vue du tourisme alors que l’économie argentine tient nettement mieux le coup. Le 10 janvier 2009, juste avant que les relations s’améliorent vraiment grâce au récent voyage officiel de Cristina Fernández à Madrid, Daniel Paz a commenté la tension diplomatique...


Personnage 1 : L’Espagne s’inquiète pour son futur.
Personnage 2 : L’Argentine aussi.
Personnage 1 : Depuis quand ?
Personnage 2 : dans le genre 1810. (2)
Página/12 le 10 février 2009
(Traduction Denise Anne Clavilier)




(1) Ce triste sire a en effet besoin qu’on lui présente des preuves de la destruction des Juifs d’Europe dans l’Allemagne nazie dans les années 40, pour revenir sur ses propos, comme l’exige le Saint Père pour que son excommunication personnelle soit levée de facto.
L'individu a fini par quitter l'Argentine cet après-midi même. Il a acheté un billet aller pour Londres pour un départ immédiat, directement au comptoir de British Airways à Ezeiza, et avant de s'embarquer immédiatement après, il a tenu à laisser un petit souvenir aux Argentins : son poing dans la figure d'un journaliste de télévision, qui travaille pour TN. A mon avis, si vous allez sur TN entre ce soir et demain matin, vous allez en entendre parler !
Le lien avec la chaîne Todo Noticias se trouve dans la Colonne de droite, partie inférieure, rubrique Actu.
(2) Et si vous ne savez pas pourquoi 1810, il faut vous plonger d’urgence dans de bons livres d’histoire. Car qui dit 1810 dit qu’il y a peut-être un bicentenaire en vue.
Premier élément de réponse dans la Colonne de droite, en partie centrale, dans la rubrique Petites chronologies (le "s" du pluriel, c’est de l’anticipation : j’ai deux autres chronologies en cours de construction). Mais celle qui est déjà là suffit pour comprendre un peu pourquoi 1810...

lundi 23 février 2009

Le monde à l’envers : Juan José Mosalini au Teatro 25 de Mayo [à l’affiche]




C’était samedi soir, le 21 février, au Teatro 25 de Mayo, dans le quartier de Villa Urquiza. Le bandonéoniste et compositeur Juan José Mosalini, argentin naturalisé français, présentait un disque déjà bien diffusé ici mais encore inédit à Buenos Aires, où il vient d’être repris par le label Aqua Records pour le marché sud-américain.

Ce disque, Juan José Mosalini l’avait enregistré en 1996 à Paris avec le Quinteto Mosalini-Agri, qui était un quinteto típico, composé du violoniste Antonio Agri, du pianiste Osvaldo Caló, de Roberto Tomo à la contrebasse et de Leonardo Sánchez à la guitare, Mosalini tenant le bandonéon, bien entendu. Le concert de samedi dernier reprenait tous les morceaux du disque mais Pablo Agri avait remplacé son père (aujourd’hui décédé) et le piano était tenu par Cristian Zárate, celui-là même qui tenait l’instrument aux côtés de Rubén Juárez lors de la soirée de clôture du 10ème Festival de Tango de Buenos Aires en août dernier (voir article sur ce concert dans Barrio de Tango).

Juan José Mosalini vit en France depuis l’époque où Isabel Perón régnait à la Casa Rosada (voir les dates de l’histoire argentine, dans la rubrique Petites Chronologies, dans la Colonne de droite). En Argentine, il était un militant comme cela était fréquent dans les années 60 et 70 dans les milieux artistiques, tant au nord qu’au sud de notre planète. L’organisation terroriste Triple A (Alianza Argentina Anticomunista), au service d’Isabel Perón, pourchassait alors toute la gauche non péroniste (et même certains péronistes un peu trop exigeants à son goût, comme les montoneros) et Mosalini s’est retrouvé dans le collimateur de cette redoutable police parallèle. Il a alors préféré quitté l’Argentine pour Paris, comme le firent nombre de ses compatriotes. C’était juste avant que l’accession au trône du roi Juan Carlos installe la démocratie en Espagne. Après la mort de Franco et le vote de la nouvelle constitution espagnole, les Argentins ont plus volontiers trouvé refuge outre-Pyrénées. A commencer par Isabel Perón elle-même après le coup d’Etat militaire qui l’a renversée en 1976 (1). Juan José Mosalini a été l’un des bandonéonistes de la Orquesta Típica Osvaldo Pugliese (lui-même grand communiste devant l’Eternel et fortement tracassé par la Triple A et toutes les dictatures argentines de 1930 à 1983, ce qui en fait un petit paquet). Mosalini a milité dans le syndicat des musiciens, que Pugliese avait fondé en 1936 (2). Après son départ d’Argentine, Juan José Mosalini a fondé à Paris plusieurs formations musicales de tango avec d’autres exilés comme lui et il est considéré comme l’un des musiciens d’avant-garde dans la musique de tango post-piazzollienne. Juan José Mosalini dispose d’un site web trilingue (français, espagnol et anglais, les trois langues étant symbolisées par des drapeaux de pays européens : ni drapeau argentin ni drapeau américain en vue !) où vous pouvez écouter 8 morceaux (seulement en écoute via Internet, aucun téléchargement possible).

Dans son édition de samedi, le quotidien Página/12 lui consacre un article à partir d’une interview accordée à Diego Fischermann. Pour lire ce papier, cliquez sur le lien. La photo ci-jointe est extraite de cet article de la version web du journal. On y voit Mosalini poser dans le Pasaje Enrique Santos Discépolo, une petite rue oblique donnant sur la Avenida Corrientes, dans le quartier des théâtres et cinéma, dont je vous avais montré une photo dans un article d’hommage au comédien-poète.

Les articles connexes dans Barrio de Tango : sur Osvaldo Pugliese, sur le quartier Villa Urquiza, bien éloigné du Pasaje Enrique Santos Discépolo (voir aussi rubrique Quelques quartiers, villes et lieux dans la Colonne de droite), sur les compositeurs, sur les Disques & livres (voir rubriques Les avenues-Las avenidas, dans la Colonne de droite).
(1) Malgré un ordre d’arrestation international émis contre elle par les autorités judiciaires argentines avant l’élection de Cristina Fernández à la Présidence argentine, Isabel Perón coule des jours tranquilles dans la banlieue de Madrid et n’est pour le moment pas véritablement inquiétée. Il est vrai aussi que Cristina Fernández a fait rétablir le portrait d’Isabel Perón dans la galerie des portraits des Chefs d’Etat à la Casa Rosada, ce qui fut fort commenté à l’époque. Isabel Perón est soupçonnée d’être la commanditaire de l’arrestation arbitraire de deux étudiants par la Triple A. Les deux étudiants ont disparu après leur arrestation. Officiellement, la Triple A a été créée par Isabel Perón lorsqu’elle était encore la Vice-Présidente de son mari. Certains historiens mettent prudemment en question cette version et avancent que la Triple A a été constituée par Perón lui-même, dans les six derniers mois de sa vie, qui furent aussi les six mois de sa dernière présidence.
(2) Pugliese en avait la carte n°3.

Adieu à Julio Martel [actu]

Le chanteur de tango argentin Julio Martel, qui fut l’une des vedettes de l’orchestre de Alfredo de Angelis, est décédé jeudi dernier à l’âge de 85 ans. Il était né, sous le nom de Julio Pedro Harispe, dans une bourgade proche de Junín (Province de Buenos Aires) le 14 mai 1923. Il avait entamé sa carrière de chanteur en 1936 à Munro (toujours dans la province de Buenos Aires).

Il fut l’un des chanteurs qui brilla d’un éclat tout particulier dans les années 40 sur diverses scènes de cabaret et de café à Buenos Aires ainsi qu’à la radio, notamment dans une émission de Radio el Mundo qui est restée dans les mémoires, Glostora Tango Club.

Il avait fait ses adieux en tant que chanteur le 20 décembre 1959 à Luján, la grande cité mariale de la Province de Buenos Aires.

Nous pouvons l’écouter ici en 1945 dans Pregonera, de Alfredo de Angelis, un de ses grands succès, que je choisis parce que Gisela Passi et Rodrigo Rufino, mes professeurs de tango, aiment bien nous le mettre pour nous faire travailler fiortitures et enchaînements de petits pas bien nets...
(Pour Gisela et Rodrigo, professeurs de tango argentin à Paris et en France, voir la rubrique Eh bien dansez maintenant ! dans la Colonne de droite et le raccourci danse dans la rubrique Les artistes)

Et ici, un peu plus tard, en 1949 dans La Limosna, un mélodrame présentant un orphelin contraint à mendier (une composition de José Juan Guichangut), toujours avec l'orchestre de Alfredo de Angelis.
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Lire sa nécrologie complète sur ce lien à Página/12, édition web du 20 février 2009 (elle s'inspire de et résume l'article d'Alberto Príncipe dans cette encyclopédie Internet qu'est Todo Tango).
Les liens avec Todo Tango et le quotidien Página/12 se trouvent dans la Colonne de droite (partie basse, consacrée aux liens vers les autres sites).

dimanche 22 février 2009

La chanteuse Anna Saeki bientôt à Buenos Aires [à l'affiche]

Anna Saeki et Horacio Ferrer à la Academia Nacional del Tango (août 2008)



Dans les colonnes de Barrio de Tango, il est rare que je parle d'artistes qui ne soient ni argentins ni uruguayens. C'est qu'ils sont déjà si nombreux là-bas que les vingt-quatre heures d'une journée ne me suffisent déjà pas à rendre compte des activités de tous ceux d'entre eux qui là-bas ont du talent. Alors élargir aux étrangers, c'est mission impossible ! Mais bien sûr, à toute règle, il faut une exception et, l'exception, la voilà.

Anna Saeki est japonaise. Et elle chante le tango avec une authenticité remarquable. Le Japon est une grande terre d'adoption du tango argentin (vous pouvez le découvrir en lisant l'ouvrage de Luis Aposta, El Tango en Japon, Ed. Corregidor, BsAs, 1987, 171 pages). J'ai déjà eu l'occasion de vous parler de Rosita Quiroga, qui fut la première chanteuse argentine à se produire au pays du Soleil Levant (c'était au sujet d'un hommage que Luis Alposta lui rendait sur Noticia Buena au mois de janvier). Je vous ai un peu parlé de l'immigration japonaise à Buenos Aires, qui explique la présence d'Argentins d'origine nippone dans l'univers du tango sur place (c'était au sujet d'un concert de Pepe Kokubu). Depuis jeudi dernier et jusqu'à jeudi prochain, vous pouvez écouter sur Radio Sentidos María José Mentana parler avec Claudio Tagini notamment de son expérience au Japon (elle y est très connue et elle chante, en tournée là-bas, en japonais !). Ce soir, je vous parle d'une artiste qui vit là-bas. En août 2008, elle était invitée par Horacio Ferrer lors du Festival de Tango pour une soirée consacrée aux poètes du tango où elle s'est produite avec le Maestro sur la petite scène du Salón de los Angelitos (Academia Nacional del Tango, photo ci-dessus, qui j'ai prise à cette occasion).

Anna Saeki retourne en Argentine. Elle chantera lors du spectacle d'ouverture du Sommet Mondial du Tango (Cumbre Mundial del Tango), qui aura lieu du 5 au 14 mars 2009 à San Carlos de Bariloche, la grande station de sport d'hiver de la Patagonie argentine. A la fin du Sommet, elle retrouvera Buenos Aires, pour se produire au COA (Centro Okinawense en Argentine), avenida San Juan, à la hauteur 2651. Ce sera le 14 mars à 19h30.

Vous pouvez en savoir plus sur Anna Saeki sur son site (mais vous ne pourrez pas l'écouter, il n'y a pas de document audio sur ce site).

Elle viendra ensuite en Europe (je vous en parlerai le moment venu).
Elle se produira à Paris (en avril) puis parcourra l'Allemagne en mai avant de retourner en Argentine pour le Festival de La Falda en juillet prochain.

Les activités du Museo Casa Carlos Gardel [à l'affiche]

En cette fin de la saison estivale, le Museo Casa Carlos Gardel, établi dans la dernière maison où vécut le chanteur à Buenos Aires et donc situé dans le quartier de l'Abasto, rue Jean Jaures 735, reçoit en ces deux derniers jeudis du mois de février le chanteur Esteban Riera, à 17h30. Le concert prend place dans un cycle appelé Mis tardes con Gardel (mes après-midis avec Gardel). L'entrée au spectable est comprise dans l'entrée au musée, d'un montant symbolique (1 $).

Esteban Riera est un jeune chanteur qui monte, comme on dit en français. Il est la voix de l'ensemble Vale Tango, fondé en 1999 par le pianiste Andrés Linetsky, l'un des musiciens, compositeurs et arrageurs d'un autre orchestre, El Arranque (beaucoup de musiciens appartiennent à plusieurs formations simultanément). Il y a peu, Esteban Riera a sorti un disque, Tal vez será su voz (peut-être c'est sa voix) (1). En ce moment, au Carnaval de Gualeguaychú, dans la Province de Entre Ríos (entre deux rivières), il est le principal chanteur de la Comparsa Los Papelitos (les confettis), dans ce qui est réputé être l'un des carnavals les plus spectaculaires de la région (2). Il se produit dans cette comparsa (3) tous les samedis de carnaval, jusqu'au 7 mars (le carnaval de Gualeguaychú dure plus d'un mois).

Esteban Riera a participé à de nombreux événements de prestige, comme les adieux de Julio Bocca, danseur classique argentin, qui fit une tournée mondiale en 2005-2006 avec un spectacle intitulé Boccatango, Cien años no es nada (100 ans, ce n'est pas rien), le spectacle qui marqua les 100 ans du Teatro Maipo à Buenos Aires, les festivals de Cosquín (qui accueille tous les genres musicaux argentins) et de La Falda (essentiellement consacré au tango). Vous pouvez le voir sur YouTube partageant la scène du feu Club del Vino à Palermo avec le Sexteto Raúl Garello. Vous pouvez aussi l'écouter sur la page My Space du groupe Vale Tango.

En ce moment, le musée propose aussi deux expositions thématiques, l'une sur le poète et dramaturge Alberto Vaccarezza (dans le cadre d'une série d'exposition intitulée Gardel y sus compositores) et une autre, intitulée Discos y partituras, 1912-1925 (Disques et partitions, 1912-1925). L'entrée au musée coûte donc 1$, sauf le mercredi (le musée est alors gratuit). Le Museo Casa Carlos Gardel dépend de la Ville de Buenos Aires. Il dispose d'un mini-site sur le portail de la capitale, où vous pouvez écouter quelques enregistrements cultes de Carlos Gardel et visionner quelques passages de ses films.

(1) Tal vez será su voz est le titre d'un tango de Lucio Demare et Homero Manzi écrit, composé, publié et créé en 1943. Ce titre est celui sous lequel il est le plus souvent connu de nos jours. C'est le titre qui est utilisé généralement sur les pochettes de disques. Pourtant son titre original était Tal vez será mi alcohol. En 1944, le gouvernement argentin institua une censure du lunfardo et de toutes les mauvaises moeurs qu'il était censé encourager et les références à l'ivresse, au suicide, à l'adultère, aux amours hors mariage, à la prostitution etc furent bannies des ondes, des disques, de la presse, de l'édition et des planches. Pour le gouvernement, un gouvernement de fait installé à la suite d'un coup d'Etat le 4 juin 1943, il s'agissait de rallier une certaine opinion bien pensante et sa caution morale qu'était l'Eglise, puisque ce gouvernement voulait garder l'Argentine hors du conflit mondial et avait besoin de l'appui le plus large en Argentine, étant donné le poids des pressions formidables que les Etats-Unis exerçaient alors sur tous les pays latino-américains pour obtenir leur engagement militaire. L'Eglise exigea cette mesure, particulièrement idiote, puisque, selon un dicton francophone, ce n'est pas en cassant le thermomètre qu'on fait baisser la fièvre. L'Eglise obtint gain de cause et les artistes furent contraints de faire disparaître de leurs oeuvres le lunfardo, les argentinismes et les descriptions trop crues d'une réalité que tout le monde avait pourtant sous les yeux. Cette censure officielle fut levée en 1949 et il ne resta plus qu'une censure endémique qui dura, elle, jusqu'en octobre 1983.
(2) Gualeguaychú est une ville argentine sise sur les rives de l'Uruguay, au nord de son embouchure dans le Río de la Plata. C'est une ville qui fait beaucoup parler d'elle depuis plusieurs années parce qu'elle commande un pont international, qui traverse l'Uruguay et relie donc l'Argentine et la République Orientale de l'Uruguay. Or ce pont est régulièrement occupé et bloqué par des commandos d'écologistes argentins qui protestent depuis des années d'abord contre l'installation et désormais contre le fonctionnement d'une papeterie finlandaise, Botnia, installée sur la rive uruguayenne. L'industrie papetière est très polluante et ces écologistes craignent pour l'avenir du fleuve. Gualeguaychú est devenu leur fortin et il ne se passe pas de semaine sans qu'ils organisent un happening quelconque pour attirer l'attention de la presse et relancer leur combat.
(3) Une comparsa est un groupe organisé qui participe aux défilés des différentes fêtes en Argentine et en Uruguay. Les défilés de carnaval mais aussi ceux de certaines fêtes patriotiques ou locales. C'est ce mot qui a servi de titre au plus célèbre tango du monde, La Cumparsita, composé comme une marche pour une comparsa, celle des étudiants de l'Université de Montevideo pour le carnaval de 1913 (selon les auteurs, la date varie de 1913 à 1917). Mais aussitôt après ce carnaval, le morceau tomba dans l'oubli et c'est Carlos Gardel qui le rendit populaire au niveau mondial en le chantant sur le texte de Pascual Contursi lors de sa première tournée en Europe en 1924 puis Juan D'Arienzo qui en fit le morceau rituel de la fin du bal (milonga) avec son arrangement de 1937.