samedi 27 février 2010

Seminario Argentino Galván 2010 : inscriptions ouvertes [Actu]

C'est la rentrée à Buenos Aires et ça se voit ! Le Conservatoire de tango Argentino Galván, qui est l'école de formation de la Academia Nacional del Tango pour tous les métiers de la musique, recrute actuellement ses élèves pour la nouvelle année scolaire, en deux quadrimestres, qui s'ouvre lundi (pour les enfants).
Tous les métiers sont donc concernés : arrangeur (c'est très important, les arrangements originaux des partitions, dans la tradition du tango, c'est une des sources de l'extraordinaire variété qui règne dans les interprétations), bandonéoniste, pianiste, guitariste, violoniste, flûtiste, contrebassiste et chanteur.

La liste des enseignants est elle aussi très impressionnante. Jugez plutôt :
Aníbal Arias, Osvaldo Montes, Roberto Siri, Fabián Bertero, Juan Trepiana, Oscar De Elía, María José Mentana. Alejandro Martino, Ramón Maschio, Pedro Ochoa, Julián Hasse, Emiliano Greco, Virginia Tenconi et Julián Graciano (et encore, la liste n'est pas complète).

Cette formation avait déjà fait l'objet d'autres articles lors de la rentrée 2009. Je vous invite donc à aller y jeter un coup d'oeil pour de plus amples informations : mon article du 23 décembre 2008.

En cliquant dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, sous le titre de cet article, sur le mot-clé Academia Nacional del Tango, vous pouvez accéder à l'ensemble des articles de ce blog sur le vaste programme d'activités culturelles et pédagogiques de cette insitution phase à Buenos Aires, qui fêtera en juin son 20ème anniversaire.

Carnaval à l'ESMA pour que gagne la vie [à l'affiche]

Alors que le séïsme au Chili vient de faire plus d'une centaine de morts et que ses répliques se sont fait sentir jusqu'à Buenos Aires, dont les gratte-ciels ont subi une très légère secousse très tôt ce matin, les Mères de la Place de Mai (Madres de Plaza de Mayo), proposent en ce dernier week-end du carnaval, différents spectacles de murgas dans le centre culturel consacré aux droits de l'homme et à la mémoire des victimes de la Dictature dans ce qui fut l'Ecole Supérieure de Mécanique de la Marine (ESMA).

Ce lieu, de sinistre mémoire, a servi, sous la dictature, de centre de détention clandestine et de torture pour les opposants qui étaient arrêtés arbitrairement et qui, pour la plupart d'entre eux, n'ont pas survécu.

"Un seul cri : plus jamais la dictature". Tel est le slogan sous lequel l'ONG a placé cette manifestation festive pour que la vie ait le dernier mot...

Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 d'hier matin (1)

(1) Dans la rubrique Cambalache (casi ordenado), dans la partie basse de la Colonne de droite, vous disposez d'un lien vers l'un des meilleurs sites de traduction automatique, Reverso. Vous pouvez donc lire les articles des quotidiens argentins et uruguayens auxquels je vous renvoie...

vendredi 26 février 2010

Souscription pour Barrio de Tango, ed. du Jasmin, jusqu'au 30 mars 2010 [ici]

Le 6 janvier, je vous avais annoncé la parution prochaine d'un recueil bilingue espagnol-français, postfacé par Luis Alposta, et présentant, en version bilingue, 231 textes (letras) du répertoire du tango argentin (voir mon article du 6 janvier 2010 sur le contenu du livre, les 96 auteurs traduits, la couverture et la postface).

Aujourd'hui les Editions du Jasmin ouvrent la souscription pour cet ouvrage illustré (en noir et blanc), de 380 pages. Le livre sera publié au début avril en France et pourra donc être disponible dans toute la zone euro où des libraires décideront de le proposer à leurs clients.

Dans le cadre de cette souscription, le prix de lancement de Barrio de Tango, Recueil bilingue de tangos argentins, est de 20 € (au lieu de 24,90 €, prix public, en librairie).

L'offre à ce prix est valable jusqu'au 30 mars, cachet de la Poste faisant foi.
Au-delà, c'est le prix public qui s'appliquera.


Feuillet de présentation du livre et de l'auteur (intérieur du dépliant de la souscription)

Le livre sera aussi accompagné de son bonus, celui auquel je faisais allusion dans mon premier article : un disque Melopea, de 22 pistes, vous offrant des interprétations choisies de 21 des 231 morceaux traduits et commentés par mes soins dans le livre, et se conclut avec un instrumental de Litto Nebbia, grand musicien populaire argentin, immensément connu en Amérique Latine. Comme le savent déjà les fidèles lecteurs de ce blog, Litto Nebbia est aussi le fondateur et donc le patron du label indépendant Melopea, dont je vous invite à visiter le site (le lien est de façon permante dans la Colonne de droite, dans la rubrique Les commerçants del Barrio de Tango).

Litto Nebbia doit m'envoyer très prochainement un document qu'il a lui-même préparé sur le contenu de ce disque et que j'utiliserai pour un autre article, plus fouillé, sur ce bouquet de voix historiques, qui témoignent de la qualité et de l'abondance du catalogue de tango de cette maison qui occupe, dans l'univers musical de l'Argentine, une place à part (plus de 150 disques déjà produits rien qu'en tango) : vous entendrez ainsi Roberto Goyeneche el Polaco (en public), Antonio Agri, Horacio Ferrer, Gustavo Nocetti (fabuleux chanteur uruguayen trop tôt disparu), Raúl Garello, Virgilio Expósito, pianiste et diceur de tango, le compositeur de Naranjo en flor (sur une letra de son frère aîné, Homero), un musicien avec lequel Litto Nebbia a lui-même travaillé, Nelly Vázquez, la dernière chanteuse de Aníbal Pichuco Troilo, accompagnée par le Maître et son orchestre, la chanteuse Mariel Dupetit accompagnée par son mari, le grand bandéoniste Walter Ríos, la chanteuse Mariel Martínez et le guitariste et arrangeur Alejandro Picciano que vous connaissez déjà bien à travers ce blog, Tito Reyes, qui fut le dernier chanteur de Pichuco et fut aussi, comme Goyeneche, un grand ami de Litto Nebbia, la chanteuse María Graña et Litto lui-même dans un tango qu'il composa en hommage à Pichuco (peu connu de nous, bien sûr, et donc à découvrir) et Litto encore, conversant dans le studio de Melopea, à Villa Urquiza, en 1990 avec Enrique Cadícamo (95 ans bien sonnés au moment de cette prise), le grand poète dont il a fait enregistrer plusieurs morceaux qui, sans cette maison de production discographique, seraient sans doute restés dans des fonds de tiroirs (il s'agit de disques de Adriana Varela et de disques où il chante lui-même).

Sur le site des Editions du Jasmin, la fiche de Barrio de Tango n'est pas encore en ligne mais elle va être installée d'ici peu (elle est déjà prête, je l'ai vue). L'opération de souscription sera elle aussi très prochainement consultable directement sur le site. Je devance un tout petit peu l'éditeur, avec son accord, parce que, je m'occupe pour ma part de la promotion d'un seul livre. Lui, il en a beaucoup plus en chantier. Il vient d'ailleurs de sortir une biographie très intéressante de Frédéric Chopin (1) dont c'est précisément cette année le bicentenaire de la naissance (le compositeur franco-polonais est un contemporain de l'indépendance argentine).

Vous pouvez prendre contact par mail directement avec l'éditeur, Saad Bouri, si vous le souhaitez, soit en cliquant sur le lien mail que je vous propose soit en passant par le site du Jasmin.

Sur le site de Melopea, vous pouvez accéder à des pages en français (et aussi en anglais) : l'histoire du label, la biographie de Litto Nebbia, sa carrière et sa discographie sont intégralement traduits dans notre langue. Le catalogue lui-même ne l'est pas puisqu'il se compose essentiellement de titres, de noms propres, celui des interprétes et des auteurs, et de dates.



Enfin sur cette page Web, vous pouvez télécharger le formulaire du bon de souscription (comme la double page de présentation du livre et de son auteur) : il vous suffit de cliquer sur les illustrations et de les enregistrer.
Pour souscrire, vous n'avez qu'à remplir le formulaire et à l'envoyer par courrier à la maison d'édition avec votre règlement. Si vous le souhaitez, vous pouvez me demander par mail de vous envoyer le document en pdf (il se peut que le pdf rende de meilleurs résultats en impression papier).

Chaque souscripteur recevra le (ou les livres) livre commandé (s) franco de port, à l'adresse qu'il aura indiquée, quelques jours avant la sortie officielle, ce qui nous mène dans les premiers jours d'avril (d'autant que le Lundi de Pâques, jour férié en France, tombe cette année le 5 avril). Le livre sera accompagné du disque, bien sûr.

Si vous voulez en savoir un peu plus en français sur les artistes présents dans le disque, cliquez sur leurs noms dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus : cela vous donnera accès à tous les articles les concernant et déjà parus dans Barrio de Tango le blog (2).
Vous pouvez aussi visiter les sites des artistes eux-mêmes, que vous trouverez dans les liens extérieurs de la Colonne de droite (partie inférieure).

Si vous voulez en savoir plus sur ma manière de traduire, vous pouvez cliquer sur le mot-clé Ant Jasmin : ce clic fera remonter les articles liés à la parution de ce livre et certains autres où j'ai utilisé des citations (et traductions) de letras contenues dans Barrio de Tango le livre.

Vous pouvez aussi aller visiter le site de Rodrigo Rufino et Gisela Passi, deux professeurs de tango qui exercent à Paris et en France et dont vous trouverez le site dans la rubrique Eh bien dansez maintenant ! dans la Colonne de droite (partie basse). Depuis décembre, j'ai entamé avec eux un partenariat (voir mes articles sur eux) et je publie, à l'usage de leurs élèves, dans la rubrique Ecouter de leur site, des traductions inédites et exclusives de grands classiques (vous ne les retrouverez donc pas dans le livre).

Si vous préférez recevoir le bon de souscription en format pdf, il vous suffit de me le demander par mail : le lien avec mon mail se trouve en haut de la Colonne de droite ou tout en bas de la page d'accueil (3).

A l'intention des lecteurs de Barrio de Tango (le blog) qui résident hors de la zone euro :
Vous pouvez vous aussi souscrire si vous le souhaitez grâce à un virement international en euros. Le mieux est de vous mettre directement en contact avec l'éditeur, Saad Bouri, par mail : il vous indiquera lui-même et rapidement la marche à suivre.

Si vous préférez vous exprimer en espagnol ou en anglais, envoyez votre demande de préférence sur mon adresse mail. Je vous transmettrai les informations dans votre langue.


(1) Au fait, vous savez ce que ça veut dire un Chopin (prononcez Tchopèine) en lunfardo ? Et Gardel ? Un Chopin (subst. masc), c'est un pianiste. Et Gardel (adj. masc ou fém.), ça veut dire "parfait", "qui a réussi ce qu'il entreprend". Voir mon article sur les voeux 2009 de Luis Alposta où il jouait avec cette expression.
(2) Pour la chanteuse Mariel Dupetit, cliquez sur le nom de Walter Ríos. Pour Alejandro Picciano, cliquez sur celui de Mariel Martínez. Antonio Agri n'a pas pu être cité, ni les activités de Barrio de Tango (à voir sous le mot-clé ABT) pas plus que le mot-clé Ant Jasmin, ces deux derniers étant disponibles sous les liens de cette note. Pour le poète Luis Alposta et la danseuse Aurora Lubiz, qui figure avec son partenaire brésilien Luciano Bastos, photographiés par Ciro Jeolás, sur la couverture du livre, voyez leur raccourci dans la rubrique Vecinos del Barrio, dans la Colonne de droite. L'espace affecté au bloc Pour chercher étant limité à 200 caractères par Blogger, j'ai dû m'astreindre à des choix cornéliens.
(3) Mais surtout n'utilisez pas la fonction Commentaire si vous attendez une réponse de ma part. La fonction Commentaires n'est vraiment pas faite pour cela. Il y a déjà deux internautes qui ont essayé. Cela ne fonctionne pas.

Sans aucun doute ce qui s'appelle un grand succès [à l'affiche]

Capture d'écran du mail de Clásica y Moderna

Le tour de chant Tres mujeres para el show revient pour quatre nouvelles représentations exceptionnelles à Clásica y Moderna, Callao 892, dans le sud de Recoleta.

Susana Rinaldi, Amelita Baltar et Marikena Monti remontent ensemble sur les planches, encore une fois en février, pour une toute petite série depuis hier et jusqu'à dimanche soir, à 21h30 (ce soir, vendredi, et demain) et à 22h dimanche, pour un concert qui devrait être le dernier de cette reprise qui clôt en grande beauté la période estivale argentine.

Ce spectacle a connu une première série de représentations sur 12 soirs de suite en novembre, puis une reprise de 12 autres soirées au début du mois et enfin cette série de 4 concerts. Je vous invite donc à aller consulter aussi les articles que je leur ai consacré le 5 novembre 2009 et le 21 janvier 2010.

Le lendemain, les enfants retournent à l'école et les parents au travail. D'ici là et pour autant que ce soit encore possible, précipitez-vous à Callao pour prendre une place s'il en reste encore !

jeudi 25 février 2010

Juan José Mosalini cette nuit sur Fractura Expuesta [à l’affiche]

Fractura Expuesta est une émission hebdomadaire, qui passe tous les jeudis de 22h à 23h30 sur La Voz de las Madres et qui peut aussi être téléchargée sur le site de l’émission quelques jours après. Pour lire les articles de Barrio de Tango qui se rapportent à cette émission, cliquez sur son titre dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus.

Ce soir, donc, l’invité d’honneur sera Juan José Mosalini, un musicien, bandonéoniste et compositeur argentin, installé à Paris et actuellement en visite dans son pays natal. C'est donc un grand moment de tango et de radio qui se prépare et qui se savourera soit en direct (attention au décalage horaire en fonction de votre lieu de résidence) soit dans quelques jours ar podcast lorsque nos amis animateurs auront téléchargé l’ensemble du document Mp3 sur leur site, que vous pouvez d’ores et déjà visiter (le lien se trouve dans la rubrique Ecouter, dans la partie inférieure de la Colonne de droite).

Juan José Mosalini se produira samedi prochain, 27 février 2010, au Teatro IFT, rue Boulogne-sur-Mer 549 (dans le quartier de l’Abasto) : le concert est prévu à 21h30 et le tarif commence à 35 $ la place.
Pour découvrir le théâtre, visiter son site.

Reprise des inscriptions pour le Séminaire d’écriture Homero Expósito [Actu]

Le Séminaire d’écriture Homero Expósito est la formation proposée par la Academia Nacional del Tango à Buenos Aires aux artistes qui écrivent ou veulent écrire des tangos. La formation est confiée à Alejandro Martino et Alejandro Szwarcman. Elle se présente sous forme de cours et de travaux pratiques en soirée réservés aux inscrits et de conférences, généralement ouvertes au public (mais à entrée payante).

Le séminaire commencera le jeudi 18 mars à 19h. Les inscriptions sont ouvertes au siège de la Academia, au 3ème étage (Avenida de Mayo, 833) depuis le 15 février et jusqu’au 17 mars du lundi au vendredi de 16h à 20h.

L’année dernière, ce séminaire avait été décrit déjà dans Barrio de Tango, donc je vous renvoie à ce premier article et à celui que j'ai consacré à la soirée de présentation des oeuvres des étudiants en décembre 2009. En cliquant sur le mot clé Taller Letristas, dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, qui se situe sous le titre de chaque entrée de ce blog, vous pouvez aussi accéder à tous les articles déjà publiés sur ce site au sujet des programmes de formation très pointus proposés à Buenos Aires par des poètes et des meilleurs, au sein d’une institution aussi prestigieuse que la Academia comme dans un simple centre culturel de quartier...

Pour embrasser d’un seul clic toute l’activité de la Academia Nacional del Tango à travers les articles de Barrio de Tango, cliquez sur son nom dans le bloc Pour chercher. La Colonne de droite dans sa partie supérieure vous donne aussi un certain nombre de raccourcis thématiques qui vous permettent de vous orienter au milieu des nombreux articles de ce blog.

mercredi 24 février 2010

Emouvantes déclarations du père et du fils [Actu]

Une de ce matin de Página/12

Hier, en publiant mon premier article sur cette affaire, je ne pensais pas revenir sur cette nouvelle et 101ème identification d’un enfant enlevé par la Dictature mais la conférence de presse qu’a tenue Abuelas hier midi a été riche en émotions et en signification pour comprendre, depuis ce côté-ci de l’Atlantique, ce qu’est cette plaie béante laissée par la Dictature dans la chair du pays : l’adoption frauduleuse et non dite des enfants en bas âge et des nouveaux-nés, enfants de militants de l’opposition arrêtés, séquestrés et assassinés.

Francisco Madariaga Quintela et son père, Abel Madariaga, qui occupe le poste de Secrétaire de l’ONG Abuelas de Plaza de Mayo, se sont présentés à la presse, entourés par Estela de Carlotto, la présidente, du Secrétaire d’Etat aux Droits de l’homme, Eduardo Luis Duhalde (gouvernement fédéral), deux amis du jeune homme et des représentants de diverses associations des droits de l’homme, dont Madres de Plaza de Mayo (dont on reconnaît sur la droite l’emblématique foulard blanc sur la tête).

Les deux hommes ont une grande ressemblance physique qui ne peut pas être du mimétisme puisqu’ils ne se sont rencontrés qu’il y a quelques jours, après que, taraudé depuis une dizaine d’années par des doutes grandissants sur son identité réelle, Francisco, dont les prénoms officiels étaient alors Alejandro Ramiro, s’était présenté au siège de Abuelas, le 3 février, pour faire des tests ADN et savoir enfin s’il était, comme il le pensait, un enfant volé, un fils de disparus. La procédure a été menée rapidement parce qu’on craignait une action hostile de la part du père adoptif, un homme que tout désigne comme dénué de scrupule et capable de tuer (il a d’ailleurs déjà été condamné pour des vols avec violence et morts d’homme). La Justice a communiqué au jeune homme les résultats des tests deux semaines plus tard et il a alors pu rencontrer sa vraie famille, à commencer par son père, ancien militant montonero, actuel responsable de communication de Abuelas et concepteur de la campagne d’information qui invite les trentenaires ayant des doutes sur leur filiation à se manifester auprès de l’ONG. Il a aussi retrouvé un frère de sa mère et deux cousines qui, de leur côté, avaient eux aussi entrepris des recherches pour l’identifier.

Estela de Carlotto, selon l’habitude des précédentes conférences de presse, a raconté l’histoire de la naissance et de la captation de l’enfant ainsi que celle des premières recherches menées sous la Dictature par les deux grands-mères du nouveau-né, Sara Elena de Madariaga, la grand-mère paternelle, et Ernestina Dallasta de Quintela, la grand-mère maternelle, dont la fille a disparu dans des circonstances qui restent inconnues.

Au milieu de nombreuses larmes de toute l’assistance et en s’essuyant lui-même les yeux, Abel Madariaga a dit reconnaître en son fils les traits et le caractère de sa femme ("il lui ressemble et malheureusement pour lui un peu à moi aussi et c’est quelqu’un de formidable comme elle"). Francisco a parlé quant à lui d’une enfance maltraitée, auprès d’un père adoptif très violent et au sein d’une famille dans laquelle régnait une violence endémique et permanente où il était sans cesse brimé et où toutes ses tentatives pour progresser étaient entravées par les autres. Le père de famille était à l’époque un ancien officier d’intelligence, il était marié. Le couple avait déjà deux enfants. Au retour de la démocratie, en 1983 (1), cet ancien capitaine, qui s’était fait bourreau pendant les années noires, s’est lancé dans diverses opérations de droit commun pour lesquelles il a purgé une lourde peine de prison, dans les années 1990, avant de monter, une fois libéré, une agence de sécurité qu’il dirigeait jusqu’à sa nouvelle arrestation, à la fin de la semaine dernière, une arrestation dont Abuelas s’est félicité puisque l’homme est dangereux et qu’il semblerait même avoir été l’organisateur de deux incidents dont Francisco a failli être victime au cours des semaines qui viennent de s’écouler.

Francisco a conçu ses premiers doutes en constatant qu’il ne ressemblait physiquement à aucun membre de sa famille et qu’on l’empêchait de s’épanouir dans la vie, ce qu’aucune famille au monde, pensait-il, ne pourrait infliger à l’un des siens.

C’est la mère adoptive qui a fini par lui avouer, au bout de nombreuses années, qu’il n’était pas né d’elle, que son mari l’avait un jour rapporté de Campo de Mayo (le centre d’internement clandestin où la mère, Silvia Quintela, avait été retenue et où elle a accouché) comme enfant abandonné. Cette femme elle aussi a été arrêtée et inculpée pour rapt d’enfant et falsification d’identité. Les deux époux devraient être jugés ensemble et il est probable que, si elle coopère avec la justice, elle encoure une peine un peu moindre que lui (si elle en sait aussi peu que ce qu’elle a fait paraître elle-même à Francisco quand elle lui a avoué les choses, elle n’est que complice et elle aura au moins fait preuve, tardivement, d’un peu de bonne volonté).

En conclusion de la conférence de presse, Francisco a déclaré que n’avoir pas d’identité [propre], c’était comme d’être un fantôme : no tener identidad es como ser un fantasma. En revanche, a-t-il ajouté, en guise d’encouragement aux autres jeunes adultes en quête de leur véritable histoire, j’ai trouvé une famille gigantesque, où l’on s’aime et où l’on se soutient (con amor y contención). C’est cela ce que je cherchais : pour moi, c’est un cadeau.

L’auteur-interprète Marcela Bublik a su parfaitement saisir, il y a plusieurs années, la douleur complexe de ces jeunes gens privés de la vérité sur eux-mêmes, dans un tango au texte magnifique, qui avait été couronné par Abuelas lors d’un concours et mis en musique par Raúl Garello : Soy (je suis).
Le poète et lui aussi auteur-compositeur-interprète Alejandro Szwarcman a consacré,de son côté, un autre très beau tango à ce douloureux héritage de la Dictature : Pompeya no olvida (Pompeya n’oublie pas), sur une musique de Javier González, porté au disque, avec un talent inoubliable, par Patricia Barone. L’histoire du souvenir d’une fillette anonyme qui habitait Pompeya, disparue depuis 30 ans et que recherche sa grand-mère, à laquelle Alejandro a choisi de donner le simple prénom de Beatriz.

Pour en savoir plus :
Sur la conférence de presse de Abuelas hier midi :
Lire l’article de Página/12, qui fait la une du journal ce matin (comme le montre l’image que j’ai choisie pour cette entrée sur Barrio de Tango, le blog) et qui comme toujours sur ce genre d’affaire publie le papier le plus fouillé (2)
Lire l’article de Clarín, tout à fait honnête mais beaucoup plus court (3)

Sur Soy et Pompeya no olvida : visiter le site de Marcela Bublik et la page MySpace d’Alejandro Szwarcman ainsi que le site de Patricia Barone et Javier González dans la rubrique Grillons, zorzales et autres cigales, située dans la partie basse de la Colonne de droite.
Vous pouvez également découvrir le blog d'Alejandro Szwarcman, qu'il a ouvert il y a quelques temps sur blogger en cliquant sur le lien (et à condition de connaître un peu le lunfardo parce qu’il y va fort à la manoeuvre, Alejandro...).

(1) Lire mes articles sur les célébrations des 25 ans de démocratie en Argentine, en décembre 2008
(2) Dans la manchette de gauche, "Lula a mis Londres au tapis" : ce gros titre fait allusion à une rencontre pan-latino-américaine où le Président brésilien a présenté des arguments très forts contre la prospection pétrolière que les Britanniques viennent de démarrer au large des Malouines, des îles qui ont été prises à l'Argentine tout récemment indépendante par le Royaume-Uni au début du 19ème siècle. Le dessin de Daniel Paz et Rudy, complètement à gauche, commente lui aussi cette même actualité îlienne et brûlante. Dans la manchette de droite, le journal titre sur une nouvelle autorisation de mariage accordée par une juge à un couple homosexuel. Ces autorisations font régulièrement l'objet d'opposition ou d'appel de la part des autorités politiques régionales en Argentine.
(3) Une enquête est actuellement en cours pour savoir si les enfants adoptés pendant la Dictature par la propriétaire du groupe Clarín ne seraient pas eux aussi des enfants de disparus (voir
mon article à ce sujet).

Las Minas del Tango Reo font leur rentrée à Clásica y Moderna [à l’affiche]

Les chanteuses de tango argentin Lucrecia Merico et Valeria Shapira présenteront leur spectacle d’humour faubourien, construit à partir du répertoire tanguero et théâtral des années 1920 et 1930, au Bar Notable Clásica y Moderna, dans le quartier de La Recoleta (Callao 892), mardi prochain, 2 mars 2010, à 21h30.

Les places sont à 30 pesos argentins ($).

Comme le plus souvent, elles seront accompagnées par le guitariste Daniel Pérez, qui les accompagne fidèlement depuis 4 années qu’elles présentent ce spectacle un peu partout dans Buenos Aires et à l’intérieur du pays et à travers lequel elles font revivre l’esprit du sainete porteño et parodient les clichés du tango for export, comme on appelle là-bas ces spectacles à gros effets et gros budgets conçus pour épater le gogo de touriste, lui en mettre plein la vue (et lui en prendre plein la poche) avec un contenu culturel brillant par son manque d’authenticité et sa superficialité (1).

Pour en savoir plus sur ce spectacle avant d’aller profiter de la soirée de mardi, vous pouvez lire les autres articles sur le spectacle en cliquant sur le mot-clés Minas Tango Reo dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, qui se trouve sous le titre de chaque entrée de ce blog. Vous pouvez également y accéder en cliquant sur le nom de l’une ou l’autre chanteuse dans la rubrique Vecinos del Barrio dans la Colonne de droite (partie haute). Et vous pouvez enfin visiter le site de Lucrecia Merico, dont le lien est dans la rubrique Grillons, zorzales et autres cigales, située dans la partie inférieure de la Colonne de droite.

Un peu plus tard dans ce même mois de mars, Daniel Pérez arrivera en France, avec la flûtiste Marie Crouzeix. Tous deux forment le groupe Taquetepa auxquel s’agrègent différents musiciens et chanteurs en fonction des circonstances locales. Taquetepa fera donc, comme l’année dernière, une tournée en France et en Europe, de fin mars à fin juin (2) et à cette occasion ils nous présenteront leur nouveau disque, enregistré presque entièrement au printemps 2009 à Clermont-Ferrand, dont Marie est originaire, et achevé, mixé puis édité à Buenos Aires. Ils avaient notamment fait la présentation de cet album, intitulé Au Taquet, avec la participation de Lucrecia Merico, au Teatro Ciego à l’Abasto (voir mon article du 9 novembre 2009).

(1) le genre de spectacle qui fait la fortune des Cena-Shows à Buenos Aires et qui se promène dans le monde avec des affiches tape-à-l’oeil représentant des danseurs acrobatiques, lui en costume rétro, en chapeau mou et chaussures bicolores, elle en tenue contemporaine très, très déshabillée...
(2) Si vous êtes membre d’une association de tango, d’une association de mélomanes, si vous vous occupez d’animation culturelle dans votre ville ou votre village, si vous êtes disquaire indépendant, patron d’une salle de spectacle ou d’un café à vocation culturelle et que l’organisation d’une soirée, d’une journée ou d’une matinée musicale vous intéresse, vous pouvez naturellement prendre contact avec Marie Crouzeix pour profiter de leur séjour chez nous. Comme Marie parle français, ce n’est pas très difficile de se comprendre. Leur site se trouve dans la Colonne de droite, en partie basse, dans la rubrique Grillons, zorzales et autres cigales. Si vous n’y arrivez pas par cette voie, vous pouvez toujours m’envoyer un mail. Je me ferai un plaisir de vous mettre en contact.

mardi 23 février 2010

Les Grands-Mères ont retrouvé le cent-unième petit-enfant [Actu]

Cette fois-ci, c’est un papa de retour d’exil qui a rejoint les rangs de l’association des Grands-Mères de la Place de Mai (Abuelas de Plaza de Mayo) pour rechercher son fils, ce bébé dont sa compagne était enceinte lorsqu’elle fut arrêtée, le 17 janvier 1977, dans la rue Hipólito Yirigoyen, à Buenos Aires, alors qu’elle se rendait à un rendez-vous avec une amie, à la gare.
Elle en était à son quatrième mois de grossesse et c’est en prison qu’elle a mis au monde un petit garçon.
Elle militait dans la Jeunesse péroniste et exerçait son métier de médecin dans une clinique de Beccar (Province de Buenos Aires), où elle s’occupait de patients carencés.
Elle avait alors 28 ans. Elle s’appelait Silvia Mónica Quintela.

Le mari, secrétaire de presse dans l’organisation des Montoneros (des péronistes révolutionnaires), Abel Madariaga, assista à l’enlèvement et put lui-même échapper aux miliciens lancés à leur poursuite. Il s’est exilé en Suède en 1980 puis au Mexique, est revenu quelque temps en Argentine en 1983 pour prendre des contacts avec des survivants du Campo de Mayo où sa femme avait été détenue mais c’est seulement à son retour définitif dans le pays qu’il a rejoint l’association Abuelas.

Son fils avait été arraché à sa mère dès sa naissance et confié en adoption à un capitaine en retraite, Victor Alejandro Gallo, qui a été arrêté à la fin de la semaine dernière. Il est poursuivi pour falsification d’identité dans ce cas typique d’adoption clandestine par rapt, dont il y aurait eu environ 300 cas pendant la dictature militaire de 1976 à 1983. Le bonhomme a déjà été condamné en 1997 à 10 ans de prison pour des faits criminels crapuleux (vols qualifiés, détention d’armes de guerre, enlèvements).
L’Association Abuelas de Plaza de Mayo doit donner une conférence de presse dans la journée pour présenter l’ensemble du dossier et les détails qui ont permis de confirmer l’identité du jeune homme, une conférence de presse à laquelle participeront le père et le fils.

Pour en savoir plus :
Lire l’article de Página/12
A lire sans doute aussi l’article que le quotidien publiera demain, après la conférence de presse de Abuelas (à lire sur le site du journal, dont vous pouvez trouver le lien dans la rubrique Actu, de la Colonne de droite, en partie inférieure).
En cliquant sur les mot-clés Abuelas ou JDH (Justice et droits de l’homme), vous pouvez accéder aux autres articles de ce blog sur ces sujets.

Trintignant bientôt au San Martín [à l’affiche]

Le comédien Jean-Louis Trintignant donnera à Buenos Aires, en français dans le texte et sans sous-titres, deux représentations de son spectacle Trois poètes libertaires, dans lequel, accompagné par la musique de jazz de Daniel Millie et dans une mise en scène de Gavor Rassov, il dit des poèmes de Boris Vian, Robert Desnos et Jacques Prévert.

Il a refusé tout net qu’il y ait une traduction parce que pour lui, la poésie ne souffre pas de passer d’une langue à une autre, elle y perd trop.
Les spectateurs qui iront donc les 13 et 14 mars au Teatro San Martín, Sala Casacuberta, devront déjà avoir une bonne culture francophone...
C’est d’ailleurs parce qu’il connaît l’amour des Argentins pour la culture française qu’il a choisi d’aller se produire dans cette ville.

Par la suite, Jean-Louis Trintignant doit tourner un film en Argentine, sous la direction de Santiago Ortegui.

La Nación en profite pour présenter à ses lecteurs l’artiste, son spectacle et sa carrière, dans l’édition de ce matin.

Pour aller plus loin :
Lire l’article de La Nación

lundi 22 février 2010

1er Festival de tango indépendant du 6 au 14 mars [à l'affiche]

C'est une initiative conjointe de la Unión de las Orquestas Típicas et de l'émission de radio Fractura Expuesta que vous connaissez déjà bien pour les podcast hebdomaires dont ils nous régalent.
Vous retrouverez dans le programme de nombreux artistes et groupes déjà connus des lecteurs de ce blog :
le chanteur Cucuza et son alter ego musical, le guitariste, Moscato, le Cuarteto Julio Coviello, la orquesta El Afronte, la orquesta La Vidú, Alan Haksten, Analia Sirio, Angel Pulice et Ruth de Vicenzo, Dema et la Petitera, Tape Rubin et Juan Tata Cedrón.

Vous voyez aussi apparaître des lieux que vous connaissez déjà bien : la Esquina Homero Manzi, le Sanata Bar, le Bar El Faro, diverses milongas comme Gardel de Medellín ou La Viruta.

Parmi les conférenciers, le célèbre historien très engagé dans le mouvement péroniste, Norberto Galasso (la UOT et Fractura Expuesta, ce sont des partisans du tango résolument engagé à gauche toute). Il faut aller les écouter si vous vous trouvez à Buenos Aires cette semaine-là. Il est passionnant.



Le Festival s'ouvrira sur une grande milonga gratuite le 6 à partir de 18h, à ciel ouvert, dans la plus célèbre esquina chantée par le tango, la esquina San Juan y Boedo, celle qui ouvre la letra de Sur, de Homero Manzi et Aníbal Troilo, celle que je citais encore il y a quelques jours seulement au sujet des inondations que la capitale argentine a subies au cours de la semaine dernière.

Pour connaître le programme de ce festival hors norme et surtout complètement off par rapport au Gouvernement portègne, il faut consulter le site de l'UOT, dont vous trouverez le lien dans la Colonne de droite, dans la rubrique Grillons, zorzales et autre cigales.

dimanche 21 février 2010

La rubrique Vecinos del Barrio totalement réparée

Que venga el mecánico pa' ver si se puede arreglar...
(Enrique Cadícamo)

Appelons le dépanneur pour voir si ça peut s'arranger...
(Traduction de Denise Anne Clavilier)

C'est avec cette citation de Al mundo le falta un tornillo, un tango de Enrique Cadícamo, que je termine cette longue réparation des raccourcis concernant les artistes argentins dont le nom ou le prénom comporte un é accentué, inconnu en français, et que blogger.fr était incapable de reconnaître parce que les paramétrages n'autorisent pas les noms étrangers....

Tous les raccourcis dela rubrique Vecinos del Barrio en Colonne de droite sont maintenant en état de marche, grâce aux nouveaux liens mis sous les noms de Néstor Marconi et Néstor Tomassini. Si vous cliquez sur n'importe quel nom, le raccourci doit vous ouvrir l'ensemble des articles que j'ai consacrés à l'artiste en question dans Barrio de Tango depuis le 19 juillet 2008, date d'ouverture du blog.
Réparations terminées en temps et en heure, comme promis dans mes articles précédents sur la Colonne de droite... Les artistes argentins peuvent reprendre la saison 2010 d'ici la fin de la semaine...

samedi 20 février 2010

Ce soir, 19h, à l'Obélisque [à l'affiche]

Une du supplément culturel de Página/12

Ce soir, la Ville de Buenos Aires clôt son cycle culturel d'été Aires Buenos Aires par un grand concert au pied de l'Obélisque. Pour l'occasion, Página/12 fait la une de son supplément Spectacles et Culture sur les trois vedettes du spectacle : la chanteuse Adriana Varela (premier plan), le chanteur et auteur-compositeur Guillermo Fernández et la danseuse Mora Godoy, qui dirige depuis la fin de l'année dernière le futur Baile Escuela de Tango de Buenos Aires (lire mon article sur le lancement de cette nouvelle école).

C'est la journaliste Karina Micheletto qui interviewe dans l'article principal du cahier culturel les trois artistes sur trois axes : l'état de santé du genre, le marché du tango et les problèmes de diffusion qu'il a toujours connu depuis les origines vers 1880, tant à travers les labels discographiques et les salles qu'à travers les médias auquel Internet s'est ajouté il y a quelques années (voir mon article Grandes dates du tango, dans la Colonne de droite, rubrique Petites Chronologies, dans la partie médiane).

Comme je l'ai dit dans l'article précédent de ce même jour (sur les murgas belges au Carnaval de Buenos Aires), le temps me manque ce soir pour m'attarder à traduire comme je l'aimerais cette longue interview (1). Je vous en livre donc deux extraits bilingues, dont la première sur leurs réactions à tous les trois au sujet de la déclaration du tango comme Patrimoine culturel de l'Humanité (voir mes articles sur cette déclaration y compris celui-ci). Entre autres passages, celui-ci vaut son pesant d'or...

Y la reciente declaración de patrimonio intangible de la humanidad, ¿qué implica para el género?
A. V.: –¡Yo quiero que el tango sea nuestro, y de nadie más! (risas).
M. G.: –Es un gran título, es como ganarse un premio, sirve para ser más mirados. Debería traer más sponsors, abrir más salas, acercar a empresas nacionales o de afuera que podrían ayudar a desarrollar muchos espectáculos. Y desde ya, debería ayudar a que se den cambios que para mí son prioritarios: el baile de tango debería ser obligatorio en las escuelas, por ejemplo.
G. F.: –No sé cómo es en el resto de Estados Unidos, pero en California hay una orquesta de jazz en cada escuela. Me encantaría que hubiera una orquesta de tango, al menos en cada escuela de la ciudad de Buenos Aires.
A. V.: –Sería genial. Me parece una propuesta no solamente divertida para los chicos, sino también una gran posibilidad de mostrarles una forma copada de encuentro entre varón y mujer. En estos tiempos tan complicados para el encuentro, tan agresivos, abrirles el camino que hace posible el baile del tango me parece alucinante.
Página/12

Karina Micheletto :
Et la récente déclaration comme patrimoine immatériel de l'Humanité, qu'implique-t-elle pour le genre ?
Adriana Varela :
Moi, je veux que le tango soit à nous et à personne d'autre ! (rire).
Mora Godoy :
C'est un titre prestigieux. C'est comme remporter un prix. Cela sert à gagner de la visibilité. Cela devrait rapporter plus de sponsors, ouvrir plus de salles, intéresser des entreprises nationales ou de l'étranger qui pourraient aider le développement de nombreux spectacles. Et à partir de là, ça devrait aider à ce qu'il y ait des changements qui selon moi son prioritaires : danser le tango devrait être obligatoire à l'école, par exemple.
Guillermo Fernández :
Je ne sais pas comme ça se passe dans le reste des Etats-Unis mais en Californie, il y a un orchestre de jazz dans chaque école. Cela m'enchanterait qu'il y ait un orchestre de tango, au moins dans chaque école de la ville de Buenos Aires.
Adriana Varela :
Ce serait génial ! Cela me paraît une proposition non seulement sympa pour les gamins mais aussi une grande possibilité de leur montrer une manière singulière de relation entre homme et femme. A notre époque où il est si difficile de se trouver, où il y a tant d'agressivité, leur ouvrir le chemin qui leur rende possible la danse de tango me paraît quelque chose de fantastique
.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Et en dessous, sur le rôle social du tango danse (il est très rare que des non-danseurs s'expriment sur ce que la danse représentent pour eux dans le tango) :

–¿Cuál sería esa forma de encuentro para un bailarín amateur?
G. F.: –Estoy totalmente convencido de que la danza del tango devuelve a la humanidad el rol de macho y hembra. Porque no hay hombre más interesante que un macho ni mujer más interesante que una hembra. Por eso son tantos los que eligen bailar tango, porque la gente está buscando volver a esa forma de encuentro primordial.
A. V.: –¡Totalmente! Y esto va más allá de la sexualidad, tiene que ver con el género (2) y con lo cultural. Es una invitación muy interesante para acercar las diferencias con los cuerpos. ¡Qué me van a hablar de Internet! (risas). (3)
Página/12

Karina Micheletto :
Quelle serait cette forme de relation pour un danseur amateur ?
Guillermo Fernández :
Je suis complètement convaincu que la danse du tango rend à l'humanité le rôle de la virilité et de la féminité. Parce qu'il n'y a pas d'homme plus intéressant que l'homme viril et de femme plus intéressante que la femme féminine. C'est pour ça qu'il y a autant de gens qui choisissent de danser le tango, parce que les gens recherchent en ce moment de retrouver cette forme primordiale de relation.
Adriana Varela :
Exactement ! Et ça va bien plus loin que la sexualité. Cela a à voir avec le genre (2) et la culture. C'est une invitation très intéressante à aborder les différences à travers le corps. Qu'est-ce que vous venez me parler d'Internet !
(3) (rires)
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Pour le reste et entièrement en espagnol, sauf à utiliser les services de la traduction en ligne Reverso, dont vous trouverez le lien dans la rubrique Cambalache (casi ordenado), dans le bas de la Colonne de droite, je vous invite à aller lire l'ensemble de l'article sur le site du journal...
Pour aller plus loin :
Lire l'article de Página/12

(1) Je consacre la majeure partie de mon week-end à relire les épreuves de Barrio de Tango, Recueil bilingues de tangos argentins, qui doit paraître début avril aux Editions du Jasmin.
(2) El género ou le genre dont il est question ici, c'est le genre masculin (mâle) ou féminin (femelle) et non pas un synonyme de tango (genre musical et artistique). Les violences de genre en espagnol sont ce que nous appelons en français d'Europe les violences domestiques, c'est-à-dire les violences exercées par des hommes sur des femmes.
(3) Citation de Homero Expósito (1918-1987) : ¡Que me van a hablar de amor! Un tango où un Don Juan, fat et intimement blessé dans son amour-propre, se vante de ses multiples conquêtes, sans doute toutes aussi imaginaires les unes que les autres, depuis que la femme qu'il aimait et qu'il feint de compter pour rien l'a abandonné.

Murgas belges au Carnaval de Buenos Aires [à l'affiche]

Alors que Buenos Aires est à nouveau sous l'eau, après l'orage d'hier qui a duré 2 heures et deversé à nouveau 80 mm d'eau sur la capitale argentine (voir mon article d'il y a deux jours), une murga fondée à Anvers par un Argentin expatrié en Belgique, Enrique Noviello, participe ce week-end au Carnaval de Buenos Aires : Los Murginales.

Los Murginales et d'autres groupes venus de Belgique se produisent dimanche soir, 21 février 2010, au Centro Cultural Ricardo Rojas et à ECuNHi, le centre culturel de l'association Madres de Plaza de Mayo (Espacio Cultural Nuestros Hijos), que dirige l'auteur-compositeur-interprète de floklore Teresa Parodi, dans le quartier de Palermo.
Depuis que Enrique Noviello, installé en Flandre après la crise économique de 2001 qui a mis l'Argentine en quasi-faillite, a fondé los Murginales, plus d'une douzaine de murgas se sont créées dans la région entre 2006 et maintenant. Ces groupes rassemblent en Belgique environ 800 personnes qui font de la musique punk, du breakdance, du rap, le tout englobé dans la tradition de la murga argentine.

Pour l'occasion, Página/12 consacre un article à l'événement dans son supplément culturel d'aujourd'hui et interviewe Enrique Noviello, qui y raconte comment il en est venu à fonder son groupe et comment le phénomène est en train de prendre de l'ampleur en Belgique et aux Pays-Bas. Le temps me manque en ce week-end consacré aux travaux de relecture finale de mon manuscrit, avant envoi du bon à tirer, pour traduire l'article que je vous invite donc à aller lire directement, et le filet habituel de la traduction (pardon), sur le site du quotidien.

Il y a quelques jours, c'était un groupe italien qui avait participé au défilé inaugural du Carnaval de Montevideo (voir mon retour sur images de ce corso publié avec l'aide du photographe uruguayen Pablo Vignali).

Pour en savoir plus :
lire l'article de Página/12

vendredi 19 février 2010

Ariel Ramirez s’en est allé par le chemin de Dieu [Actu]


Ariel Ramirez était le compositeur, entre autres oeuvres, de deux monuments de la musique populaire argentine : la Missa Criolla et la chanson Alfonsina y el mar. Il vient de mourir à l’âge de 88 ans : comme disent les Argentins, se fue camino de Dios.

Missa criolla est une messe catholique classique, où la musique folklorique soutient la prière du missel d’avant Vatican II. En 1964, c’était d’une grande audace, même si le Concile Vatican II, qui se tenait au même moment à Rome, allait donner raison à cet exercice d’acculturation liturgique. Elle reste une oeuvre liturgique très jouée, aujourd’hui encore, souvent dans des cadres de concert, surtout autour des grandes fêtes religieuses que sont Noël et Pâques. Il en existe de très nombreux enregistrements, dont plusieurs dirigés par lui-même. La plupart des albums sont argentins mais de nombreuses versions ont été montées à l’étranger. Alfonsina y el mar raconte la poétesse Alfonsina Storni (1892-1938), grande dame de la littérature nationale, qui choisit de mettre fin à ses jours lorsqu’elle se sut condamnée par un cancer. Elle se noya dans l’océan à Mar del Plata.

Ariel Ramirez était né à Santa Fe le 4 septembre 1921. C’était un pianiste de formation et un grand musicien qui a donné ses lettres de noblesse au folklore de son pays. Sa Missa criolla a été enregistrée de nombreux artistes, dont Mercedes Sosa, elle aussi grande artiste folklorique décédée il y a quelques mois (voir mes articles sur elle). Il a été de ceux qui ont composé et joué du folklore à écouter, alors que la majorité de la musique rurale argentine était conçue alors pour la danse et la fête. Il avait aussi beaucoup travaillé avec le poète et historien Felix Luna, lui aussi récemment disparu (voir mon article à ce sujet).

Il a été très longtemps l’un des piliers de la SADAIC, la société des auteurs et compositeurs argentins fondée en 1936 par Francisco Canaro. Il y avait travaillé avec le poète et compositeur de tango Cátulo Castillo (1906-1975), du temps où celui-ci en assurait la présidence. Il en fut lui-même le président un peu plus tard.

Ariel Ramirez était malade depuis quelques années. Il s’est éteint dans un établissement hospitalier de la banlieue de Buenos Aires où il avait été admis en soins intensifs au début du mois.

Son départ est salué par la plupart des journaux. Página/12 lui consacre la une de son supplément culturel et deux articles, l’un de Karina Micheletto, qui passe en revue sa vie et sa carrière, l’autre de Diego Fischerman, qui analyse ce qu’il apporta à la musique nationale et à la musique tout court.

Après Chula Clausi avant-hier (voir mon article), c’est un autre très, très grand de la culture argentine qui s’en va, et, en son cas, il s’agit d’un grand créateur, d’un grand témoin de l’histoire culturelle et politique et d’un artiste emblématique.

Pour aller plus loin :
Lire le supplément culturel de Página/12 (dans lequel vous trouverez aussi une interview d’un autre grand musicien du folklore du nord du pays, l’accordéoniste Raúl Barboza, par Carlos Bevilacqua).
Lire l’article de Clarín
Lire l’article de La Nación
Le site de La Prensa, ce matin, ne parlait pas de la disparition du maître ce matin et les journaux uruguayens sont trop occupés par les rebondissements de la fin de la période de transition gouvernementale pour s’aviser de ce qui se passe de l’autre côté du fleuve.

jeudi 18 février 2010

Adieu au Maestro Chula Clausi [Actu]


Le grand bandonéoniste, qui fut aussi un compositeur, un chef d’orchestre et même un letrista, Gabriel Clausi, surnommé Chula par ses amis, est décédé hier matin, mercredi 17 février, à la Clinique Güemes, d’une soudaine pneumonie. Il avait 98 ans passés. Il avait assisté en août dernier à la remise du bandonéon de Pedro Maffia au Museo Mundial del Tango (photo ci-dessus avec, à sa droite Cholo Mamone et Gabriel Soria, de profil, et à sa gauche Raúl Garello). Au cours de cette soirée, il avait joué sur son propre instrument, qui était comme le frère de celui de Maffia : les deux bandonéons avaient été marqués chacun du nom de son propriétaire.

Mon émotion est grande aujourd’hui de découvrir cette nouvelle dans la presse... Pour illustrer un des tangos que je présente dans mon prochain livre, il se trouve que je viens d’intégrer, il y a de cela à peine 10 jours, une photo de lui, que j'ai prise pendant ce Plenario bandonéonant, selon le titre que j’avais alors donné à l’article de ce blog, publié en août dernier pour annoncer cette soirée académique.

Je me souviens qu’il avait ce soir-là joué avec une sûreté d’interprétation vraiment surprenante chez un monsieur de son âge et il avait laissé la petite salle de conférence de la Academia muette d’attention et d’émotion. Je me souviens aussi que, dans une discussion avec Gabriel Soria, à côté de Raúl Garello, de Cholo Mamone, de Horacio Ferrer et de Julio Maffia (le fils du compositeur), il avait prononcé des paroles d’hommage ému à la mémoire de Pedro Maffia, l’un des tout premiers grands bandonéonistes de l’histoire du tango, l’un des maîtres du fueye, comme on appelle cet instrument à Buenos Aires (le soufflet).

Gabriel Clausi avait participé au film documentaire, Café de los Maestros, dont je vous avais parlé dans l’un de mes premiers articles en 2008 (voir raccourci Cinéma, dans la rubrique Tangoscope, de la Colonne de droite).

Le Maestro Clausi sera inhumé dans les prochaines heures au cimetière de la Chacarita où il rejoindra d’autres grands maîtres qu’il a côtoyés et avec lesquels il a travaillé...

C’est le chroniqueur et DJ de tango Gabriel Plaza qui signe l’article nécrologique que publie La Nación de ce matin. Il y rappelle la très longue vie du musicien et la litanie de ceux avec lesquels il a fait vivre le tango : ce n’est pas un article, c’est un panthéon. Je vous traduits ci-après les quelques paroles du maestro disparu que Gabriel Plaza cite dans son papier :

"Con Pracánico llegué a grabar para el sello Electra, de pantalones cortos; no figuro en los créditos porque era menor de edad. Ojo, no figuro pero era yo el que tocaba, eh. También Maffia me hizo llamar después por su hermano para que tocáramos en dúo de bandoneón. Yo estaba en el Armenonville y me iba muy bien, pero tocar con Maffia era estar como con Maradona. Tenía una gran admiración por él, porque era muy completo para tocar. Fue un ejemplo de instrumentista. Todos los que salieron tocando bien en el tango vienen de su escuela".
Gabriel Chula Clausi, cité par Gabriel Plaza (La Nación)

Avec Pracánico (1), j’ai réussi à enregistrer pour le label Electra, en culotte courte, je ne figure pas dans les crédits parce que j’étais encore mineur. Mais attention : je ne figure pas mais c’est bien moi, celui qui jouait, hein ! Maffia aussi m’a fait appeler plus tard par son frère pour qu’on joue en duo de deux bandonéons. J’ai été à l’Armenonville, moi (2), et ça marchait plutôt bien mais jouer avec Maffia, c’était comme d’être avec un Maradona. J’avais une grande admiration pour lui, parce qu’il avait vraiment tout quand il jouait. Il a été un instrumentiste exemplaire. Tous ceux qu’on a vu bien jouer dans le tango, ils sortent de son école. (3)
(Traduction Denise Anne Clavilier)

"El tango floreció con grandes compositores sobre todo entre el veinte y el cuarenta, y tuve la suerte de conocerlos a muchos de ellos: De Caro, Firpo, Minotto, Pedro Maffia, Pedro Laurenz y Pacho Maglio y su maestro Domingo Santacruz, que aportaron cosas muy buenas y eran todos los de la primera horneada del tango"
Gabriel Chula Clausi, cité par Gabriel Plaza (La Nación)

Le tango s’est épanoui avec de grands compositeurs surtout entre les années 20 et les années 40 et j’ai eu la chance de connaître beaucoup d’entre eux : De Caro, Firpo, Minotto, Pedro Maffia, Pedro Laurenz et [Juan] Pacho Maglio et son maître Domingo Santacruz, qui ont apporté des contributions très bonnes et tous, ils formaient la première fournée du tango.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

"Yo que conozco el asunto, le digo que Gardel le mataba el hambre a varias familias. No se negaba a grabar ningún tema. Mi hermano le llevó un tango y se lo grabó dos veces para acá y para España. Muchos de los tangos que cantaba no eran tan lindos pero él era un gran melodista y los inventaba de nuevo. Por eso, era algo increíble"
Gabriel Chula Clausi, cité par Gabriel Plaza (La Nación)

Moi qui connais le fond des choses, Gardel, je vous le dis, il a épargné la faim à plusieurs familles (4) . Il n’y avait pas de morceau qu’il refusait d’enregistrer. Mon frère lui a apporté un tango et il le lui a enregistré deux fois, pour ici et pour l’Espagne. Beaucoup de tangos qu’il chantait n’étaient pas terribles mais lui, il était le chanteur le plus mélodique et il en faisait quelque chose d’autre. Là-dessus, c’était un truc incroyable.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

"El artista no está en el virtuosismo, está en la expresión. Nunca toqué con los dedos, ni con el cerebro, sino con el corazón".
Gabriel Chula Clausi, cité par Gabriel Plaza (La Nación)

L’artiste il n’est pas dans la virtuosité, il est dans l’expression. Je n’ai jamais joué avec les doigts, ni avec ma cervelle, mais avec mon coeur.
(Traduction Denise Anne Clavilier)


A lire :
L’article de Gabriel Plaza dans La NaciónL’article de Karina Micheletto dans Página/12


(1) Francisco Pracánico, grand compositeur, en particulier de Corrientes y Esmeralda, dont la letra est du poète Celedonio Flores.
(2) El Armenonville : un très chic restaurant qui exista dans le quartier de Palermo entre 1910 et 1920, où Gardel se fit connaître du Tout Buenos Aires, où joua Eduardo Arolas. Qu’il ait joué à l’Armenonville est donc très étonnant parce qu’il n’avait guère que 12 ans lorsque le restaurant a fermé. Il a d’ailleurs rendu hommage à Eduardo Arolas en écrivant un jour une letra sur le célèbre tango Comme il faut, en 1951, lorsque les cendres du Tigre del Bandonéon (la bête du bandonéon) furent rapatriées de Paris, où il est mort en 1924, de tuberculose et d’alcoolisme, à Buenos Aires. Cette letra figurera dans mon recueil à paraître prochainement.
(3) Escuela est à entendre ici plus comme exemple et comme style que comme école au sens institutionnel du terme. Maffia a eu des élèves mais il n’a pas fondé d’école à proprement parler. Pedro Maffia était de ces musiciens dont le père de Piazzolla donnait en exemple à son fils dans sa tendre enfance, espérant voir un jour son petit Astor être aussi grand artiste que lui. Et la tactique paternelle a fini par marcher.
(4) La générosité de Carlos Gardel, sa capacité à aider économiquement les autres, est un trait légendaire de sa personnalité et tous les témoins qui l’ont connu de son vivant répètent ces anecdotes-là à satiété. Ils en ont tous.

mercredi 17 février 2010

Y más allá la inundación... [Actu]

Une de ce matin

On croyait sans doute que l’inondation était une réalité perdue dans la mémoire poétique de Homero Manzi, à seule fin d’écrire l’un des plus beaux vers du tango qui se trouve dans ce chef d’oeuvre immortel, ce must du répertoire du tango, qu’est Sur...







San Juan y Boedo antigua, y todo el cielo,
Pompeya y más allá la inundación...
Tu melena de novia en el recuerdo
y tu nombre flotando en el adiós.
Homero Manzi

San Juan et la vieille Boedo, et tout le ciel
Pompeya et au-delà l’inondation.
Ta coiffure de mariée dans la mémoire
Et ton nom flottant dans un adieu
.
(Traduction Denise Anne Clavilier) (1)

Jusque dans les années 1920 dont se souvenait Homero Manzi, les inondations étaient le fait des crues des rivières deltaïques qui abondent dans et autour de Buenos Aires. Ces inondations font partie, grâce à Homero Manzi, de la mémoire collective des Portègnes, même de ceux qui n'en ont aucune expérience historique. Etaient particulièrement surveillés le Maldonado, le Vega et le Medrano, à présent canalisés et enfouis grâce à des ouvrages hydrauliques qui contribuent à résorber les colères de la nature. Et plus que tous les autres encore, on redoutait le Riachuelo, qui ceinture le sud de Buenos Aires, de Mataderos à La Boca. Le Riachuelo, d’ordinaire paresseux, est capable pourtant de faire plusieurs crues dans la même année et il était donc fréquent que les habitants de Mataderos, Nueva Pompeya et La Boca dans la capitale et les départements (partidos) de Lanús et Avellaneda de l’autre côté du cours d’eau eussent les pieds dans l’eau. Depuis, des travaux ont été réalisés qui permettent de contenir cette rivière.

Mais c’est compter sans les pluies diluviennes qui peuvent s’abattre sur le nord du Río de La Plata en été. Or depuis avant-hier, les orages ont déversé sur Buenos Aires des quantités d’eau qui ont déraciné des arbres, transformé des poubelles déposés sur le trottoir (à l’heure de la collecte des ordures) en radeaux livrés à eux-mêmes et couvert les rues de plusieurs décimètres d’eau qui font obstacle à la circulation.... Les feux rouges sont hors service, la ligne B du métro aussi et ainsi de suite comme toujours dans ce genre de circonstances. Le tout se passe pendant les deux jours fériés des Lundi et Mardi Gras où le Carnaval bat son plein.
Avant-hier, lundi, l’orage a déversé 88,5 mm de précipitation sur la ville en deux heures et hier encore un peu plus dans le même temps : 90 mm. Ces deux orages, d’une violence rare, ne sont pas non plus les premiers de la saison. On compte deux à trois gros orages par semaine depuis le début de l’été. Et les deux derniers ont causé des ruptures d’alimentation électrique en une saison où les Portègnes consomment beaucoup d’énergie pour faire tourner les appareils de climatisation. On évalue à 30 000 le nombre de foyers où l’on s’est réveillé ce matin privé d’électricité.

Les journaux posent sur l’événement un regard différent selon qu’ils sont de gauche ou de droite, hostiles ou favorables à la gestion libérale du Gouvernement de la Ville Autonome présidé par Mauricio Macri. Comme d’habitude, c’est le quotidien de gauche, Página/12, qui traite l’info en première page et qui réussit la une la plus rigolote (et la plus partiale aussi) avec un de ces montages photos dont la rédaction a le secret et le jeu de mots dont elle a l'habitude de régaler son lectorat (Macri Nada, c'est à la fois Macri Néant et Macri nage). Voir l’illustration ci-dessus (2).

Vous remarquerez en lisant ces articles que les choses se passent là-bas d’une toute autre manière qu’en Europe, où en pareil cas la presse commente en premier lieu la réactivité des pouvoirs publics sommés de déclarer dans l’urgence un état de catastrophe naturelle, pour déclencher les procédures d’indemnisation des particuliers et des entreprises par les compagnies d’assurance privées. Là-bas, ce qui est immédiatement scruté par les journalistes, c’est la mise en place d’un système d’indemnisation sur les deniers publics. En effet, assurer son logement n’est pas à la portée de tout le monde. Il y a donc bien des gens à Buenos Aires qui n’ont pas aujourd’hui de recours financiers privés face au sinistre.

C’est pourquoi le Gouvernement portègne a annoncé qu’il dégageait un budget pour les sinistrés à hauteur maximum de 5000 pesos par foyer affecté (3).

Les victimes des intempéries doivent se faire connaître aux services municipaux, en justifiant de leur identité et de la réalité du sinistre, au plus tard dans le délai de sept jours.

Imaginez qu’une partie des habitants est encore en vacances, sur la côte, à la montagne ou dans le nord du pays, et vous aurez un tableau assez réaliste d’une situation pas vraiment drôle...

Pour en savoir plus :
Lire l’article principal de Página/12
Lire l’article principal de Clarín d’hier soir (lui aussi dans l’opposition au Gouvernement portègne)
Lire l’article de Clarín de lundi
Lire l’article de La Nación (favorable au Gouvernement portègne).
Pour aller plus loin :
Lire mes articles liés à Nueva Pompeya et à la Esquina Homero Manzi.
Les Bares Notables, ce qui se passe dans le quartier de Boedo et le poète Homero Manzi disposent d’un raccourci à leur nom dans la Colonne de droite (partie haute, réservée aux liens internes).

(1) Sur (dont la musique est de Aníbal Troilo) fait partie des tangos traduits dans mon recueil bilingue à paraître en France début avril aux Editions du Jasmin (cliquez sur Ant Jasmin pour accéder à l’ensemble des articles consacrés à cet ouvrage sur le blog).
Dans cette citation qui reprend les 4 premiers vers de Sur, San Juan y Boedo sont les noms de deux avenues, qui appartenaient alors au quartier de Almagro et qui sont passées depuis dans celui de Boedo, de création plus récente (dans les années 1970 seulement). A l’angle sud-est de ce carrefour se trouve la Esquina Homero Manzi, tout à la fois Bar Notable où il fait bon aller prendre un verre dans la journée, cena-show à touristes à 21h30 tous les soirs, et authentique tanguería certains soirs après minuit (quand les touristes sont couchés et que les Portègnes restent entre eux).
Pompeya, c’est le quartier de Nueva Pompeya, où, adolescent, Homero Manzi a été mis en pension et dont il fait admirablement mémoire dans plusieurs tangos, notamment Sur, Barrio de Tango, Mi taza de café et Manoblanca, qui a donné son nom à un musée public d’art populaire portègne à deux pas de ce qu’il reste du bâtiment de l’ancien Colegio Luppi.
(2) La lutte pour le respect du droit international dont il est question dans la manchette du haut de page fait référence à une décision gouvernementale, expliquée en conférence de presse par le Premier Ministre, Aníbal Fernández : l’exploitation du pétrole des Malouines par les Britanniques vient de réactiver le contentieux anglo-argentin concernant ces terres de l’Antarctique. En réponse, l’Argentine vient de décider que tout navire à destination des Malouines souhaitant naviguer dans les eaux territoriales argentines (c’est-à-dire 100 % du trafic) devraient obtenir l’autorisation du pays pour entrer dans les eaux nationales. D’après A. Fernández, il s’agit de faire pression sur la Grande-Bretagne pour l’obliger à respecter une résolution de l’ONU qui a ordonné il y a de nombreuses années la tenue de négociations bilatérales entre les deux pays pour la possession des Malouines et des Iles Sandwich du Sud, négociations auxquelles, selon l’Argentine, le Royaume-Uni se refuse à participer.
(3) C’est une somme qui ne suffira pas à remeubler une maison et à la rééquiper à neuf si l’électroménager n’a pas survécu à l’eau qui s’est engouffrée dans l’habitat. Mais c’est tout de même une vraie enveloppe pour la ville car à Buenos Aires, les logements sont encore dans de très nombreux cas des maisons individuelles qui font rarement plus de deux étages. Nul doute donc qu’il y ait beaucoup de sinistrés à assister économiquement.

La France accueillera la rencontre Argentine-Iran en mars sur le cas de l’AMIA [Actu]

Le Secrétaire Général d’Interpol, dont les services ont été sollicités par l’Argentine pour aider à l’arrestation des commanditaires de l’attentat de l’AMIA, a convoqué à Lyon à la mi-mars prochain une délégation argentine et une délégation iranienne pour négocier la possibilité que le procès contre les auteurs de l’attentat se déroule dans un pays tiers.

L’attentat de l’AMIA s’est produit le 18 juillet 1994, à 9h53 du matin. Une voiture piégée a été garée devant l’entrée de la mutuelle juive et en explosant, elle a détruit l’édifice. Au-delà de sa fonction d’assurance mutualiste confessionnelle, l’AMIA tient à Buenos Aires un rôle assez proche de celui que tient en France le CRIF (Conseil Représentatif des Institutions Juives) à quoi s’ajoute une fonction de club social, avec des activités culturelles. A cette heure-là, l’établissement était en pleine activité et la rue Pasteur, dans le quartier de l’Abasto, très fréquentée. L’explosion a fait 85 morts (+1 victime, comptabilisée plus tardivement) et plus de 300 blessés, dont beaucoup garderont des séquelles toute leur vie.
Sous la présidence de Néstor Kirchner, l’enquête judiciaire a été reprise à zéro et on a découvert que les services secrets iraniens pourraient avoir joué un rôle dans ce qui reste l’attentat antisémite le plus meurtrier en dehors des frontières d’Israël. Néstor Kirchner a même dénoncé à la tribune de l’ONU la mauvaise volonté de l’Iran dans le processus d’enquête. Le président en fonction à l’époque, Carlos Menem, ennemi juré des Kirchner au sein du Partido Justicialista, est actuellement poursuivi pour avoir couvert grâce à son immunité constitutionnelle deux hommes que, dès la fin juillet 1994, la police soupçonnait d’être les poseurs de bombe et pour être intervenu dans l’enquête. Le juge en charge de cette enquête initiale a été condamné pour avoir falsifié le dossier en vue de faire accuser un groupe de policiers de la Police de la Province de Buenos Aires, dont l’innocence a, depuis, été reconnue.
Interpol tente donc de réitérer pour l’AMIA l’opération qui avait permis la tenue aux Pays-Bas du procès de l’attentat de Lockerbie, qui impliquait la Grande-Bretagne sur le territoire de laquelle l’avion de la PanAm avait explosé et la Libye, dont plusieurs ressortissants étaient accusés d’être les commanditaires de l’attentat.

C’est le quotidien Página/12, fervent soutien de la cause des victimes de l’AMIA, qui diffuse et analyse l’information dans son édition d’aujourd’hui.

L’attentat a très vivement affecté les Argentins et principalement les Portègnes et les Bonaerenses. D’abord par l’ampleur du désastre. Ensuite parce que l’Argentine s’enorgueillit, à juste titre, du bon accueil qu’elle a fait aux juifs du monde entier depuis son indépendance, de la réussite de leur intégration sociale, culturelle et politique, dans un pays pourtant très marqué par une tradition catholique intolérante, longtemps dominée par l’Inquisition espagnole, et de l’importance de la communauté israélite argentine, qui est la plus forte du sous-continent. Enfin, parce que c’est sur son sol, à la grande honte de tous les démocrates, que le 1er mai 1960, le Mossad a enlevé Adolf Eichmann, qui avait organisé à partir de 1942 l’extermination des juifs en Pologne. Eichmann avait trouvé refuge en Argentine en 1950, sous le premier mandat de Juan Perón. Dix ans plus tard, sous le mandat d’Arturo Frondizi, il vivait dans la capitale sous une fausse identité et avait été localisé par Simon Wiesenthal quelque part sur l’avenue Garibaldi. Dès sa capture par un petit commando, il fut exfiltré clandestinement vers Haïfa via l’aéroport d’Ezeiza. Et au cours d’un très long procès, devant la presse du monde entier, il a été jugé en Israël et condamné à mort. Il a été pendu le 1er juin 1962. Ce procès marqua la prise de conscience au niveau mondial du caractère spécifiquement raciste et antisémite des crimes nazis, alors que Nüremberg avait mis en lumière les atrocités commises sans distinguer entre persécution politique (les résistants, les communistes, les francs-maçons, les chrétiens engagés...) et persécution de type raciste (les juifs, les tziganes, les homosexuels, les handicapés, les malades mentaux...).
Par un raccourci terrible, le caractère spectaculaire de cet enlèvement a accrédité dans le grand public l’idée, tout à fait fausse, que l’Argentine a été la terre d’élection des fuyards nazis en Amérique du Sud. Pourtant tous les pays du sous-continent en ont accueilli et certains beaucoup plus que l’Argentine, sans avoir pour autant à subir la flétrissure diplomatique d’une opération commando au coeur de leur capitale. On a ainsi moins parlé des criminels remis à la justice par les voies diplomatico-légales. Pire encore, le grand public n’a jamais entendu parler des criminels qui n’ont pas été livrés à la justice ni de ceux qui ont donné un coup de main technique aux dictatures, comme celle de Stroessner au Paraguay, pour organiser les centres de détention, durcir les protocoles de torture et régler leur sort aux militants des droits de l’homme (ce qui, jusqu’à plus ample informée, ne s’est pas produit en Argentine).

Sous le gouvernement de Néstor Kirchner, le 18 juillet a été proclamé Jour du Souvenir (Día de la Memoria) au niveau national. En mémoire des victimes de cet attentat. Dans les ministères, sur les média publics, dans les écoles, ce jour-là, on observe une minute de silence. Les officiels déposent des gerbes devant les monuments commémoratifs. Les associations et les centres culturels organisent des conférences, des colloques, parfois des concerts autour de la thématique des droits de l’homme et la lutte contre le racisme. La presse publie des articles mémoriels, historiques, analytiques ou judiciaires (sur l’avancée ou l’enlisement de l’enquête).
Bref, c’est un événement qui aura marqué la conscience nationale.

Cuisine française pour buffet froid en plein été austral [Gastronomie]

Une du supplément d'aujourd'hui

Alors que la chaleur de l’été et les orages, qui vont souvent avec, accablent la ville de Buenos Aires et toute sa région, Clarín consacre la une de son supplément gastronomique à la cuisine française et à une spécialité qu’on nous envie : les pâtés, terrines et autres agapes en croûte... Le quotidien est allé demander quelques recettes à un cuisinier qui tient à Buenos Aires un restaurant français, baptisé Le Sud, Olivier Falchi.
Il en résulte 5 recettes, dont celle de notre bon vieux pâté de campagne, agrémentées de quelques fautes d’accent, l’accent circonflexe étant un exotisme que les typographes argentins manient avec difficulté.
Puristes de l’orthographe, un peu d’indulgence...

Amateurs de légumes à la provençale (provenzal), de saumon et langoustines, de porcelet au miel et de pommes à la cannelle, où que vous viviez dans le monde, voilà une excellente façon pour vous de vous familiariser avec la langue espagnole telle qu’on la parle sur les rives du Río de la Plata.

Pour aller plus loin :
Lire l’article Frescura à la francesa (fraîcheur à la française) dans Clarín
Accéder à l’ensemble du supplément Ollas y sartenes (marmites et poêles) d’aujourd’hui, dont la couverture illustre cet article.
Vous pouvez également consulter les autres articles publiés dans Barrio de Tango sur la cuisine et les coutumes de la table en cliquant sur le mot-clé Gastronomie, dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, que vous trouvez sous le titre de chaque article. Vous pouvez également y accéder par le raccourci installé en partie supérieure de la Colonne de droite, qui vous oriente thématiquement au milieu des centaines d’articles déjà parus dans ce blog.

mardi 16 février 2010

Lucrecia Merico et Daniel Pérez au Sanata Bar [à l'affiche]

La chanteuse Lucrecia Merico et le guitariste Daniel Pérez présenteront jeudi prochain, 25 février 2010, à 23h45 un nouveau spectacle, intitulé La Mugre serena (1), mélange de tango classiques et de poésie dûe à la plume de Rodolfo Edwards.

Le spectacle aura lieu au Sanata Bar, dans le quartier de l’Abasto, côté Balvanera (esquina Sarmiento y Agüero) et l’entrée sera gratuite.

A son répertoire, ce soir-là, Lucrecia nous annonce, entre autres grands tangos classiques des années 20, 30 et 40 comme elle les aime : Muñeca brava (de Enrique Cadícamo et Luis Visca ), Al mundo le falta un tornillo (de Enrique Cadicamo et José María Aguilar), Atenti pebeta (de Celedonio Flores et Ciriaco Ortiz), Soledad (de Carlos Gardel et Alfredo Le Pera ), Lloró como una mujer (de Celedonio Flores et José María Aguilar).

Pour aller plus loin :
Vous pouvez découvrir les artistes directement sur leur site ou leur page Myspace : les liens vers les sites extérieurs se trouvent dans la partie basse de la Colonne de droite et ceux des artistes sont regroupés dans la rubrique Grillons, zorzales et autres cigales (où vous trouverez par ordre alphabétique les instrumentistes et les chanteurs). Lucrecia Merico et Daniel Pérez ont depuis longtemps leur lien dans cette rubrique.
Vous pouvez auparavant accéder à l’ensemble des articles publiés dans Barrio de Tango (le site) sur Lucrecia Merico et sur Daniel Pérez : pour cela, cliquez sur leurs noms respectifs dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, qui se trouve sous le titre de l’article.
Lucrecia Merico et Daniel Pérez ont aussi leur raccourci dans la rubrique Vecinos del Barrio, dans la Colonne de droite. Le raccourci de Daniel Pérez vient de retrouver son bon fonctionnement.

(1) que l’on pourrait traduire par La crasse tranquille.
La mugre (la crasse), ce n’est pas tant la saleté en soi que la saleté, le "pas propre" considéré comme symbole du petit peuple, des humbles, des travailleurs, aujourd’hui par exemple des habitants des bidonvilles, ceux que les puissants traitent toujours de "crasseux", parce qu’ils n’ont pas de beaux habits (et qu’ils sont aussi parfois sales, comme le soir les cartoneros qui collectent les déchets dans la rue toute la sainte journée et les trient pour les revendre et gagner ainsi leur vie), parce qu’ils n’ont pas les manières distinguées des beaux salons, parce qu’ils ont le langage rude et rugueux dont Maradona use si souvent encore aujourd’hui, lui qui est resté fidèle à ses racines sociales de petit gars de la zone (Maradona est né et a grandi dans un bidonville, Villa Fiorito, au sud du quartier de Nueva Pompeya). Dans des sens très proches, les poètes de tango ont parlé et parlent encore de fango et de barro (fange, boue). Héctor Negro dit bien de abajo (tout à fait d’en bas, comme l’a dit, mais sans y mettre la même nuance orgueilleuse, Jean-Pierre Raffarin, dans une formule célèbre, opposant "la France d’En Haut" et "la France d’En Bas"). Fango, Barro, Abajo, Mugre, dans la culture populaire de Buenos Aires, ce sont des symboles revendiqués par le peuple, dans un retournement de sens dont le tango est coutumier : c’est ce qui est mal vu socialement que le peuple adopte pour identité, s'attribue comme caractéristique et fierté. D’où le terme de lunfardo choisi par les Portègnes pour désigner le langage qu’ils ont forgé : le lunfardo, comme le poète et essayiste Luis Alposta l’a expliqué dans une conférence dont j’ai parlé dans un
article du 20 octobre dernier, c’est la langue du voleur.... Le français parle plus volontiers du "ruisseau", qui s’oppose au "haut du pavé", par allusion à l’organisation de la rue en ville jusqu’à la Révolution industrielle, quand les eaux sales circulaient dans une rigole au centre de la chaussée et que les belles gens rasaient les façades, en haut de la chaussée, là où le pavé était plus propre. Dans les rues européennes d’aujourd’hui, ces expressions n’ont plus de sens. Qui plus est, le français n’a jamais pu donner au terme ruisseau la moindre coloration laudative. Le terme continue de désigner systématiquement une réalité sociale dévalorisée et dévalorisante, il sonne toujours comme une insulte et les poètes qui veulent l’employer à contresens passent pour des provocateurs aux yeux de tous, y compris du peuple.

Quelques réparations en Colonne de droite (Rubrique Vecinos del Barrio)

Depuis quelques mois, j’avais constaté que les raccourcis créés se corrompaient dès que je les utilisais dans la Colonne de droite si le mot-clé qui me permettait de les créer comportait un é accentué espagnol inconnu en français. Pourtant dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, que vous trouvez sous les titres des articles, ces mêmes mot-clés se comportaient en parfaits gentlemen.

Pour pallier le bug de blogger, il fallait donc que je corrige à la main chaque mot-clé concerné dans tous les articles où je l’avais déjà placé. Ce que je fais progressivement, dès que l’actualité et l’ultime relecture de épreuves de Barrio de Tango (le livre) m’en laissent le temps, après ma journée de travail.

D’ores et déjà, dans la rubrique Vecinos del Barrio, vous pouvez cliquer sans crainte sur les raccourcis concernant :

Les auteurs compositeurs interprètes Néstor Basurto et Rubén Juárez (les accents sont sur les noms, plus dans les mots-clés)
Les chanteuses María José Mentana et María Volonté
Le musicien Daniel Pérez
Le poète contemporain Héctor Negro
Le poète et compositeur disparu en 1951 Enrique Santos Discépolo.

Vont prochainement retrouver un raccourci en état de marche le compositeur et bandonéoniste Néstor Marconi et le compositeur et clarinettiste Néstor Tomassini.
Avant la fin du mois. Je m’y engage (et je croise les doigts pour pouvoir tenir ma promesse).