samedi 31 juillet 2010

Ce soir, Barrio de Tango à l'Académie Esprit Tango à Paris [ici]

Ce soir, samedi 31 juillet 2010, conférence de votre servante à l'Académie Esprit Tango, pour y présenter Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, paru le 3 mai 2010 aux Editions du Jasmin, lesqulles, de leur côté, présentent aussi l'ouvrage au Salon du Livre de Vendôme (41), au Minotaure, dans le cadre du Festival EPOS (voir aujourd'hui les affiches dans la Colonne de droite).

La conférence a lieu à 19h, à l'Académie Esprit Tango, 3 rue des Vignoles, 1er étage (escalier au fond de la cour à droite), dans le 20ème arrondissement, M° Nation, Avron ou Buzenval. La conférence est d'accès libre et gratuit. Le livre, accompagné de son disque, sera en vente au prix de 24,90 € (chèque à établir à l'ordre des Editions du Jasmin).

A partir de 18h jusqu'à minuit, pratique habituelle du samedi soir (9 €, boissons comprises).
A 20h : cours de milonga, par Luis Bruni et Pascale Coquigny, niveau débutant et intermédiaires jusqu'à 21h
A 21h : cours de milonga, toujours par Luis et Pascale, niveau avancé, jusqu'à 22h.
Le cours est à régler à l'inscription sur place. 13 € par personne.

En raison de cette conférence, il est fort probable que je ne publierai pas d'autres articles sur ce blog aujourd'hui. Même si j'en rédige deux que j'ai sous le coude depuis deux jours. Dans ce cas, je les publierai dans la journée de demain ou de lundi.

Le Salon du Livre de Conte à Vendôme a lieu toute la journée de ce samedi, de 10h à 20h.
Entrée libre et gratuite. Cela se tient au Minotaure, rue César de Vendôme, à Vendôme. Barrio de Tango est présenté sur le stand des Editions du Jasmin, avec d'autres livres de ce catalogue riche en contes du monde entier.

vendredi 30 juillet 2010

L’Amérique du Sud redevient la source de richesse de l’Espagne [Actu]

Ou plutôt la planche de salut (tabla de salvación), comme le signale, moquerie au bout de la plume, le quotidien de gauche Página/12, qui s’amuse à faire un parallèle entre la situation économique présente et celle de l’Empire colonial… La tentation était inévitable en cette année de bicentenaire, non pas seulement pour l’Argentine mais pour de nombreux pays de la zone (región).

Pourtant, l’histoire ne bégaye pas. En fait, comme on le sait, l’Espagne paye très cher depuis deux ans une erreur stratégique de sa politique économique : à avoir fait du foncier touristique le moteur de son économie, elle a vu sa structure économique s’effondrer comme un jeu de cartes lorsque la crise s’est abattue sur le monde capitaliste à la fin 2008. Aujourd’hui, et c’est ce qui amuse tant la rédaction de Página/12 et son dessinateur, Daniel Paz, la croissance sud-américaine permet aux filiales espagnoles implantées dans la zone de compenser par les profits américains les pertes sur le territoire national. D’où le titre de l’article : en el siglo XXI, España se sigue haciendo la América (au 21ème siècle, l’Espagne se paye encore et toujours l’Amérique).

Au premier semestre de cette année, le filiale argentine de Telefónica, l'opérateur historique espagnol, a connu une croissance de 10,2 %. Le Brésil et l’Argentine arrivent ainsi parmi les meilleures sources de profit pour les entreprises de capitaux espagnols implantées là-bas : les banques BBVA et Santander en premier lieu, les fournisseurs d’accès en téléphonie mobile et internet sous la marque Telefónica ou dans des participations majoritaires ou importantes à des marques locales et l’entreprise pétrolière Repsol, qui possède la majorité de YPF, la compagnie argentine d'exploitation des gisements de pétrole patagoniens, qui fut créée par le président Hipólito Yrigoyen dans les années 20 pour que les bénéfices de cette ressource n’échappent pas au pays (1).

Pour aller plus loin sur les modalités de ces flux économiques entre l’Amérique du Sud et l’économie espagnole, lire l’article de Página/12 de ce matin.

Quant au dessin qui fait la une, il dit :
Le gros titre : De Nada (de rien, formule de politesse pour répondre à des remerciements propre à l'Espagne. Les Argentins, eux, disent no hay de que, en français : il n'y a pas de quoi.).
La vigie : Fric !!!!!
La légende dans le bandeau blanc sous le navire : Les capitaux espagnols découvrent l'Amérique.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Et pour le souvenir de ce que fut la richesse espagnole grâce à l’exploitation du Nouveau Monde depuis ce jour où la vigie de Christophe Colomb cria Terre ! (et non pas Guita!), remettons-nous en tête les vers de Victor Hugo, lui qui avait été témoin de la décolonisation vécue du côté espagnol mais afrancesado (autrement dit du côté des collaborateurs espagnols pendant l’occupation napolénienne) :

Bon appétit, messieurs ! Ô ministres intègres !
Conseillers vertueux ! Voilà votre façon
De servir, serviteurs qui pillez la maison !
Donc vous n'avez pas honte et vous choisissez l'heure,
L'heure sombre où l'Espagne agonisante pleure !
Donc vous n'avez ici pas d'autres intérêts
Que remplir votre poche et vous enfuir après !
Soyez flétris, devant votre pays qui tombe,
Fossoyeurs qui venez le voler dans sa tombe !
Mais voyez, regardez, ayez quelque pudeur !
L'Espagne et sa vertu, l'Espagne et sa grandeur,
Tout s'en va. Nous avons, depuis Philippe Quatre,
Perdu le Portugal, le Brésil, sans combattre ;
En Alsace Brisach, Steinfort en Luxembourg ;
Et toute la Comté jusqu'au dernier faubourg ;
Le Roussillon, Ormuz, Goa, cinq mille lieues
De côte, et Fernambouc, et les montagnes bleues !
Mais voyez ! Du ponant jusques à l'orient,
L'Europe, qui vous hait, vous regarde en riant.
Comme si votre roi n'était plus qu'un fantôme,
La Hollande et l'Anglais partagent ce royaume ;
Rome vous trompe ; il faut ne risquer qu'à demi
Une armée en Piémont, quoique pays ami ;
La Savoie et son duc sont pleins de précipices.
La France pour vous prendre attend des jours propices.
L'Autriche aussi vous guette. Et l'Infant bavarois
Se meurt, vous le savez. Quant à vos vice-rois,
Médina, fou d'amour, emplit Naples d'esclandres,
Vaudémont vend Milan, Leganez perd les Flandres.
Quel remède à cela ? L'État est indigent,
L'Etat est épuisé de troupes et d'argent ;
Nous avons sur la mer, où Dieu met ses colères,
Perdu trois cents vaisseaux, sans compter les galères.
Et vous osez ! ... Messieurs, en vingt ans, songez-y,
Le peuple, – j'en ai fait le compte, et c'est ainsi ! –
Portant sa charge énorme et sous laquelle il ploie,
Pour vous, pour vos plaisirs, pour vos filles de joie,
Le peuple misérable, et qu'on pressure encor,
A sué quatre cent trente millions d'or !
Et ce n'est pas assez ! Et vous voulez, mes maîtres ! ...
Ah ! J'ai honte pour vous ! Au dedans, routiers, reîtres,
Vont battant le pays et brûlant la moisson.
L'escopette est braquée au coin de tout buisson.
Comme si c'était peu de la guerre des princes,
Guerre entre les couvents, guerre entre les provinces,
Tous voulant dévorer leur voisin éperdu,
Morsures d'affamés sur un vaisseau perdu !
Notre église en ruine est pleine de couleuvres ;
L'herbe y croît. Quant aux grands, des aïeux, mais pas d'oeuvres.
Tout se fait par intrigue et rien par loyauté.
L'Espagne est un égout où vient l'impureté
De toute nation. Tout seigneur, à ses gages,
A cent coupe-jarrets qui parlent cent langages.
Gênois, sarde, flamand, Babel est dans Madrid.
L'alguazil, dur au pauvre, au riche s'attendrit.
La nuit on assassine, et chacun crie : « à l'aide ! »
– Hier on m'a volé, moi, près du pont de Tolède ! –
La moitié de Madrid pille l'autre moitié.
Tous les juges vendus. Pas un soldat payé.
Anciens vainqueurs du monde, Espagnols que nous sommes.
Quelle armée avons-nous ? À peine six mille hommes,
Qui vont pieds nus. Des gueux, des juifs, des montagnards,
S'habillant d'une loque et s'armant de poignards.
Aussi d'un régiment toute bande se double.
Sitôt que la nuit tombe, il est une heure trouble
Où le soldat douteux se transforme en larron.
Matalobos a plus de troupes qu'un baron.
Un voleur fait chez lui la guerre au roi d'Espagne.
Hélas ! Les paysans qui sont dans la campagne
Insultent en passant la voiture du roi.
Et lui, votre seigneur, plein de deuil et d'effroi,
Seul, dans l'Escurial, avec les morts qu'il foule,
Courbe son front pensif sur qui l'empire croule !
Voilà ! – L'Europe, hélas ! écrase du talon
Ce pays qui fut pourpre et n'est plus que haillon.
L'Etat s'est ruiné dans ce siècle funeste,
Et vous vous disputez à qui prendra le reste !
Ce grand peuple espagnol aux membres énervés,
Qui s'est couché dans l'ombre et sur qui vous vivez,
Expire dans cet antre où son sort se termine,
Triste comme un lion mangé par la vermine !

Cette tirade, qui est parmi les plus connues du théâtre français, écrite en alexandrins de 12 syllabes (les alexandrins espagnols en font 14), a inspiré des poètes de tango. Si vous lisez Cambalache, de Enrique Santos Discépolo (2), vous découvrirez le sceau hugolien dans cette autre diatribe contre la corruption d'un autre temps et d'un autre pays. Pas très étonnant chez un écrivain qui fut aussi un comédien de théâtre incroyablement érudit... Si vous lisez El Rey, de Horacio Ferrer (3), vous verrez aussi qu'il a pas mal lu Hugo, lui aussi, dans l'abondante bibliothèque de son père, pendant son enfance à Montevideo.

Alors, pour mes amis argentins, que je vais bientôt revoir, et les internautes qui lisent ce blog depuis les rives du Río de La Plata et qui ont tant d'amour pour notre langue, la voici, cette tirade, déclamée par Gérard Philippe, suivie des commentaires de Jean Villar, metteur en scène de ce Ruy Blas et alors directeur du Théâtre National Populaire, au Théâtre de Chaillot, grâce à la base d'archives audiovisuelles de l'INA (institut national de l'audiovisuel).

(1) Dans les années 1990, YPF a fait partie de ces joyaux de la couronne industrielle argentine que l'ancien président Carlos Menem a bradé à des capitaux étrangers, comme Aerolineas Argentinas, elles aussi vendues à des Espagnols (Iberia, qui revendit elle-même la compagnie contre de la monnaie de singe à Marsans, qui fut finalement, de jure, exproprié l’année dernière pour que l’Argentine récupère au moins ses lignes aériennes).
(2) Cambalache est intégré à Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, ed. du Jasmin, mai 2010, p 144.
(3) El Rey devrait faire partie du prochain livre, une autre anthologie, sur des poètes actuels, où vous retrouverez outre Horacio Ferrer, qui est incontournable et auquel j'ai déjà consacré un cahier de 15 pages dans la revue Triages de juin 2008, des gens moins connus chez nous, comme Litto Nebbia dont je vous parle de temps en temps dans ce blog, ou moins connus tout court, comme Alorsa, dont j'ai traduit pour ce second bouquin une dizaine d'oeuvres, dont l'un des morceaux de son second et dernier disque, 13 canciones para Mandinga, sorti post-mortem, le 3 octobre 2009 (voir mon article du 3 octobre 2009 sur cette présentation qui s'était faite à La Plata). Revue Triages, aux Editions Tarabuste, rue du Fort, 36170 Saint-Benoît-du-Sault, numéro 20 pour le cahier Horacio Ferrer et Supplément annuel pour l'anthologie 200 ans après. Pour en savoir plus sur les artistes cités, cliquez sur leurs noms dans la rubrique Vecinos del Barrio, dans la partie haute de la Colonne de droite, et retrouvez l'ensemble des articles qui leur sont consacrés dans ce blog.

Augmentation des minimums sociaux en Argentine [Actu]

Avant-hier, la Présidente argentine a annoncé de nouveaux relèvements des minimums sociaux auxquels peuvent prétendre les Argentins, généralement sous conditions de revenu (voir mes articles siglés du mot- clé Niveau vie dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus).

Pour résumer la nouvelle situation, qui entrera en vigueur au premier septembre (1), voici les nouveaux montants fixés par le Gouvernement national :

Augmentation de 16,9 % de toutes les retraites, y compris pour les pensions non imposables et les pensions des anciens combattants de la Guerre des Malouines. Le minimum passe de 895,2 pesos ($) par mois à 1046,5 pesos. Avec les aides distribuées par le Service social des Retraités (PAMI), ce montant s’élèvera à 1091,5 pesos.

Les allocations familiales, versées sous plafond de ressources, aux salariés déclarés et les allocations familiales destinées aux chômeurs, aux travailleurs employés au noir et aux employés de maison (dite Asignación Universal por Hijo) vont augmenter de 22%.

Et le chef de l’Etat a annoncé aussi qu’elle convoquerait prochainement le Conseil du salaire minimum indexable pour relever ce minimum appliqué par les employeurs de bonne foi qui déclarent leurs salariés (environ 40% des Argentins travaillent au noir). Ce salaire minimum est actuellement de 1500 $ par mois.

L’ensemble de ces mesures devraient représenter un coût d’environ 18 000 millions de pesos, soit 1,35% du PIB, dans un pays qui cette année semble vouloir renouee avec un taux de croissance à deux chiffres.

En deux ans, dans un pays qui souffre d’une inflation de 20 ou 25% l’an, les différentes revalorisations effectuées par le Gouvernement, en fonction de la loi d’indexation qu’il a fait votée à la fin 2008, parmi ses premières grandes mesures sociales, auront élevé les montants de retraite de 51,65%, ce qui permet aux anciens de conserver leur niveau de vie. Ce n’est pas bien fameux mais en Argentine et depuis décembre 2001, c’est une sérieuse amélioration de la situation !

Pour en savoir plus :
Lire l’article de Página/12 (pro-gouvernemental)
Lire l’article de Clarín (qui n’aime pas vraiment ce gouvernement mais sait accueillir positivement ses mesures sociales)
Lire l’article de La Nación (opposition de droite).
Lire aussi l'article de Clarín du 26 juillet 2010 sur la nouvelle enquête sur le pouvoir d'achat effectif à Buenos Aires (1)

Un impératif éditorial (boucler un deuxième livre avant la fin du mois) m’oblige à reporter de 24 ou 48h la publication de quelques infos culturelles sur des événements à venir la semaine prochaine : reprise au teatro Alvear d’une pièce de théâtre qui a fait un tabac à Paris et sortie d’un nouveau disque d’un grand Maestro… Pardon ! Je finis la commande qu’on a fait l’honneur de me passer, je prépare mon intervention de demain à l’Académie Esprit Tango à Paris (voir mon article du 23 juillet 2010) et je reviens sur ce blog pour ces deux scoops…

(1) Il n’est pas fréquent de voir le Gouvernement prendre autant d’avance pour une telle annonce. Généralement, la communication se fait quelques jours à peine avant l’entrée en vigueur des mesures. Mais il faut effacer les mauvais effets qu’ont pu avoir ces derniers temps quelques mesures pas nécessairement aussi populaires qu’on a bien voulu le (faire) croire : mariage des homosexuels, tentative de modifier la pratique de l’avortement par voie réglementaire (en passant outre la représentation nationale) et nécessité de se montrer généreux, à la veille d’une nouvelle campagne électorale, alors que l’opposition fait en la matière une surenchère que le Gouvernement s’est vu contraint de repousser et qu’une étude indépendante de l’Institut national de statistiques (Indec) a montré qu’à Buenos Aires, les chiffres de l’organisme officiel étaient basés sur des études mal ficelées, additionnant des navets et des carottes, pour obtenir un indice des prix acceptables. En fait, les enquêtes fondées sur des observations faites à Buenos Aires même montrent que 30% de la population dans la capitale a bien du mal à boucler ses fins de mois et à satisfaire ses besoins basiques en nourriture et en logement.

jeudi 29 juillet 2010

La Academia Nacional del Tango rend hommage à Gloria et Eduardo [à l’affiche]

Photo (datant d'il y a quelques années) diffusée par la Academia Nacional del Tango

Lundi 2 août 2010, à 19h30, au Salón de los Angelitos Horacio Ferrer (pour ne pas changer), pour son premier Plenario du nouveau mois, la Academia Nacional del Tango rendra hommage aux deux danseurs de tango salón sans doute les plus connus dans le monde entier : Eduardo et Gloria Arquimbau qui fêtent ni plus ni moins en ce moment que leurs 50 années de carrière…
Pas mal, non ?

Tango rituel de la soirée (cela s’imposait même s’il y a une erreur de calcul de 20 ans) : Milongueando en el 40 (Danser en milonga en 1940), de Armando Pontier, par la Orqueta Tango Argentino, dans un enregistrement où cet ensemble était dirigé par Pepe Libertella.

La soirée sera placée sous le sceau de la série "Las Estrellas del Tango cuentan sus éxitos" (Les étoiles du tango racontent leurs succès). Il y aura projection de films, clips et autres vidéos reprenant quelques unes des exhibitions données par le couple sur les scènes du monde entier pendant ce demi-siècle d’activités partagées. Et ils animeront eux-mêmes l’espace artistique, comme on pouvait s’en douter à l’avance...

Eduardo Arquimbau est le président de l’AMBCTA, l’Association des Professeurs, Danseurs et Chorégraphes de Tango Argentin dont vous avez de temps en temps des nouvelles sur Barrio de Tango (ce blog) à propos des informations diffusées par leur site et des compétitions locales qu’ils organisent en prévision du Mundial de Tango qui se tiendra à Buenos Aires à la fin du mois d’août (le lien avec le site de l’AMBCTA est disponible sur ce blog, dans la rubrique Eh bien dansez maintenant ! dans la partie basse de la Colonne de droite).

C’est un Plenario à ne pas manquer si vous êtes là-bas. Cela vaut à coup sûr tous les reportages d’Envoyé Spécial de cette semaine !

L’entrée est bien sûr libre et gratuite comme d’habitude pour pareille manifestation, au 833 de la Avenida de Mayo, à droite du Tortoni, et au 1er étage.

Barrio de Tango à Vendôme samedi sur le stand du Jasmin [Disques & Livres]

Les Editions du Jasmin seront présentes ce samedi 31 juillet de 10h à 20h au Salon du Livre de Conte qui se tient à Vendôme, dans le Loir et Cher (41), dans le cadre du Festival EPOS, organisé par le Conservatoire Contemporain de Littérature Orale (Clio), fondé et dirigé par le conteur et écrivain Bruno de La Salle et établi en Vendômois.

Le Salon du Livre de Conte se tiendra au Centre Minotaure, grand bâtiment municipal à l’architecture moderne établi 2 rue César de Vendôme, à Vendôme. Mon livre, Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, sera en vente sur le stand de l’éditeur, les Editions du Jasmin, tenu par le patron lui-même, Saad Bouri. Que vous pourrez donc saluer de ma part.

Le Festival EPOS fête cette année sa 5ème édition. Il a ouvert ses portes lundi dernier (26 juin). Il se clôturera dimanche 1er août. C’est un festival consacré à toutes les formes de la culture orale et en ce sens, mon anthologie y a bien sa place puisque le tango, même s’il s’écrit, est fondé sur la transmission orale, sur l’improvisation musicale, le jeu sans partition, etc. Les variantes qu’introduisent les chanteurs, y compris les plus grands, dans les textes sont légions, leur grand nombre témoigne de ce caractère oral de la culture populaire portègne (1).

Le Festival EPOS cette année, c’est plus de 40 spectacles gratuits, des ateliers et environ 2000 ouvrages au Salon.

Le Salon du Livre de conte est lui-même un évènement unique en son genre en France et les Editions du Jasmin pourront y proposer, à côté de mon ouvrage, un vaste choix de contes du monde entier puisque c’est l’un des axes éditoriaux de cette petite maison indépendante française, établie à Clichy, dans les Hauts-de-Seine.

Pour ma part, je ne serai pas sur place, étant engagée le même jour à Paris envers l’Académie Esprit Tango où je donnerai une conférence à 19h (voir mon article sur cette soirée avec pratique et cours de milonga). Le prochain Salon auquel je participerai avec le Jasmin sera celui de Rambouillet, le 19 septembre (voir mon article sur les rendez-vous déjà fixés à la rentrée). D’ici là, j’aurai présenté le livre aussi à Buenos Aires, où beaucoup d’artistes l’ont découvert au stade de manuscrit depuis trois ans et attendent de voir ce qu’il donne en vrai, dont Litto Nebbia lui-même qui a produit le disque de 22 pistes qui est offert avec le livre.

Pour en savoir plus :
Visiter le site de Clio, qui organise le Festival EPOS
Visiter la page du Salon du Livre de Conte sur le site de Clio (EPOS)
Visiter le site des Editions du Jasmin (en lien permanent dans la rubrique Cambalache casi ordenado en partie inférieure de la Colonne de droite de ce blog).

(1) D’où de nombreuses notes de bas de page dans mon livre pour vous dire que sur tel vers, une célèbre interprétation passée à la postérité laisse entendre une autre phrase ou un autre terme.

Envoyé Spécial à Buenos Aires : à prendre ou à laisser ? [ici]

Le magazine d’information de France 2, transformé pour l’été en magazine de divertissement, Envoyé Spécial, devrait diffuser ce soir un reportage d’environ 25 minutes sur le tango à Buenos Aires. Je n'ai pas vu ce petit documentaire mais il ne faut pas être grand sorcier pour savoir si c’est à prendre ou à laisser…

Il suffit d'analyser tout d'abord la bande-annonce de l’émission, censée depuis trois jours donner le ton du numéro de ce soir. Elle ne mentionne que deux sujets : le business du rapatriement sanitaire et celui des objets souvenirs touristiques (boules à neige, porte-clés et autres assiettes et bols décoratifs de Saint-Tartempion sur Mer). Cela s’annonce mal…

Autre signe médiocrement encourageant pour le téléspectateur exigeant, avide de découvrir la vraie de vraie Buenos Aires grâce à des envoyés spéciaux partis à 11 000 km de Paris avec de l’argent public en période de restriction budgétaire : le reportage s’intitule La Revanche du Tango et son prétexte est l’inscription (votée en septembre 2009) du tango au Patrimoine de l’Unesco. J’en connais à Buenos Aires qui vont pousser des cris d’orfraie et me rappeler combien ils ont eu raison d’être vent debout contre cette démarche qui sert finalement des intérêts plus mercantiles que culturels. En fait, la déclaration ne sert pas en soi l’appétit de billets verts des affairistes sans foi ni loi, elle est juste ici instrumentalisée pour servir de nouvel habillage, décent et honorable, à une industrie du tourisme et une industrie du disque aussi décervelantes l’une que l’autre et qui avaient déjà, de toute façon, bien avant elle, une garde-robe des plus fournies sans qu'une télévision publique d'Europe n'ait besoin de s’abaisser à leur servir la soupe.

L’équipe d’Envoyé Spécial n’est pas allée chercher bien loin le titre de son reportage : elle l’a emprunté au groupe suisso-franco-argentin Gotán Project, très contesté à Buenos Aires,  parce qu'il fait (et vend, très bien d'ailleurs) de la musique électronique avec du son de bandonéon, qui n'est pas l'essentiel du tango (1). Un choix éditorial qui en dit long sur la non-découverte que les reporters ont faite sur place de la réalité culturelle et socio-économique de la capitale argentine et l'inspiration qu'ils sont allés chercher plus près, dans les bacs des disquaires français.

Amateurs de clichés sur Buenos Aires, affalez-vous sur votre canapé devant le petit écran. Vous avez de bonnes chances d’être servis ce soir.

Hier, j’ai eu une petite conversation fort instructive avec l’un des lecteurs de ce blog et qui vit à Buenos Aires. Il m’a rapporté à propos du tournage quelques anecdotes affligeantes. Forte de cette confirmation de ce qui se devinait tout seule, je suis donc prête à vous parier qu’ils vont nous faire visiter Caminito, cette verrue touristique sur le front de La Boca, à un jet de pierre du port du Riachuelo. L’émission promet donc d’être à peu près aussi instructive que le reportage creux d’une quinzaine de minutes qu’Arte a diffusé mardi 27 juillet à 19h30 à propos de Mar del Plata, dont la chaîne franco-allemande ne nous a montré que les plages, un bout du casino et les boîtes de nuit pour jeunes fêtards éméchés, semblables à tous les autres jeunes fêtards éméchés sous n’importe quelle latitude et sur n’importe quel continent. Pas un mot sur la naissance du compositeur et bandonéoniste Astor Piazzolla (1921-1992) dans cette ville (pourtant, il reste le seul musicien de tango dont tout le monde connaisse au moins le nom, à défaut de l’oeuvre). Encore moins sur le suicide de la poétesse Alfonsina Storni (1892-1938). Là, c’était moi qui rêvais tout debout : comment Arte, la chaîne publique culturelle par excellence, pourrait-elle s’intéresser à une poétesse majeure de la littérature argentine ? Il ne faut tout de même pas rigoler ! Pas un mot sur l’activité du port de pêche, le plus important du pays, et sur toute l’industrie de conditionnement des produits de la mer qui fait vivre la ville depuis plus d’un siècle. A peine si l’existence d’une université dans le coin a été mentionnée… ce ne fut que pour dire que les étudiants organisaient souvent des nuits festives. Pas un mot bien sûr non plus sur le port militaire, qui a pourtant une histoire passionnante, comme port neutre pendant les deux conflits mondiaux et comme principal port d’attache de cette Marine argentine au rôle plus qu’ambigu dans l’histoire politique du pays depuis la perte des Malouines en 1833. Et pas un mot non plus sur le Festival de Cinéma, l’événement cinématographique majeur en Amérique du Sud qui ouvre la saison estivale… Et tenez-vous bien !, ce reportage vide est diffusé dans une série intitulée Arte Découverte !

Amateurs d’authenticité, qui êtes nombreux à consulter ce blog, il se peut qu’il soit plus approprié pour vous ce soir de vous passer de France 2 (de toute manière, cette émission sera rediffusée sur TV5 Monde et vous la retrouverez aussi sur le site de la chaîne ou le tout nouveau site de rattrapage de France Télévision).

Alors comme on est le 29, pour vous mettre à l’heure de Buenos Aires, laissez tomber la télécommande et saisissez le manche de la casserole (la pava), remplissez-la d’eau et mettez-la sur le feu. C’est le jour ou jamais de vous confectionner un bon plat de gnocchis maison, vieille coutume apportée par quelque Tano (2) de son village natal dans la montagne piémontaise ou la campagne calabraise (voir mon article du 28 août 2008 sur le Día de los ñoquis ou mon article du 29 avril 2009 sur les ñoquis porte-chance et les recettes publiées par Clarín). En apéro, faites-vous un Fernet-Coca (beaucoup de soda brunâtre et une rasade de Fernet-Branca pour l’amertume, encore un truc des tanos), à déguster avec des cacahuètes en cascara (en coque).

(1) Si le bandonéon vous intéresse, profitez donc de l’été pour aller écouter une conférence de Solange Bazely. Là, vous allez apprendre des choses passionnantes (voir mes articles sur Solange et ses activités de difusora cultural en français). Et si c’est le tango plus généralement qui vous intéresse, que vous êtes à Paris ce week-end et que vous avez la patience d’attendre jusqu’à samedi, allez donc passer la soirée du 31 à l’Académie Esprit Tango. J’y donnerai une conférence à 19h et ensuite, c’est un ancien danseur du Teatro Colón et sa partenaire française, Luis Bruni et Pascale Coquigny, qui donneront un cours de vraie milonga comme là-bas (en deux niveaux, à 20h et 21h). Voir mon article du 23 juillet 2010 sur la soirée de samedi et mon article du 17 juillet 2010 sur mes conférences à la rentrée. Et sinon, si vous êtes à Vendôme, allez donc rencontrer mon éditeur au Salon du livre de conte, samedi entre 10h et 20h.
(2) Tano : surnom donné aux Italiens et à leurs descendants, sans connotation raciste ni xénophobe, tout au contraire. C’est l’abréviation de Napolitano mais ça s’utilise pour toutes les régions de provenance du moment qu’elles se trouvent bien dans la Botte ou dans les îles sous pavillon italien. C’est à cette lointaine ascendance péninsulaire que la chanteuse Susana Rinaldi doit son surnom : La Tana. Evidemment, avec un patronyme pareil !

Le congrès international de Tangothérapie s’ouvre à Buenos Aires [Actu]

Le 3ème Congrès international de Tangothérapie s’est ouvert ce jeudi 29 juillet au Centro Cultural San Martín, avenida Corrientes, à Buenos Aires. Ces rencontres médicales sur les bienfaits de la pratique chorégraphique du tango sur la santé d’un certain nombre de patients, atteints de différents types de pathologies, physiques ou mentales, depuis des cardiopathies jusqu’à la maladie de Parkinson en passant par la schizophrénie et la dépression, se poursuivront jusqu’à samedi prochain. Elles sont organisées par l’Association Civile et Culturelle argentine Sentimiento Tango, qui a déjà organisé les deux précédentes rencontres, l’une à Rosario, l’autre à Mendoza.

Des médecins du monde entier sont arrivés à Buenos Aires pour partager des retours d’expérience et découvrir des pratiques thérapeutiques qui s’appuient des réalités vécues dans des institutions de tango réparties dans tout le pays, ici pour enseigner à des personnes atteintes de syndrome de Down, là pour stimuler la mémoire et la coordination gestuelle des pensionnaires d’une maison de retraite, ailleurs pour réinsérer socialement et émotionnellement des malades du cancer…

Les initiateurs de la rencontre soulignent que le tango apporte des contributions différentes et supplémentaires à la choréthérapie, qui fait partie des différentes voies de l’art-thérapie, à cause de la force de l’abrazo dans le tango et de la forte identification des rôles, masculins et féminins, dans le couple de danseurs de tango, éléments qui distinguent cette danse des autres danses de salon, où le couple s’étreint de moins près et où l’identité sexuelle des rôles est moins sensible.

Pour en savoir plus :
Lire l’article de Clarín, plein d’exemples et des témoignages de praticiens.

Jour des ñoquis à la Viruta [Coutumes]

La Viruta est une milonga traditionnelle et une salle de bal où l'on danse aussi d'autres danses en alternance avec le tango. Elle se trouve dans ce coin de l'immense quartier de Palermo que les Portègnes appellent affectueusement Palermo Viejo, et où se situe aussi le restaurant La Paila dont j'ai eu hier confirmation de Lucio Arce lui-même qu'on s'y régale dans l'assiette et dans le verre.

Et pour compléter ces hautes considérations gastronomiques, comme nous sommes aujourd'hui le 29 du mois, on mangera ce soir à La Viruta des ñoquis de papas (gnocchis de pomme de terre) en plat du jour (1). De quoi se requinquer après avoir dansé plusieurs tandas d'affilée...

Ce sera désormais ainsi tous les 29 du mois...

Ce soir, il y aura aussi le concert de la semaine, un show du groupe La Mama Tango. La semaine dernière, c'était l'orchestre El Afronte. Demain, autre show : Ojos de tango.

La Viruta
(entendez "le copeau"
que les danseurs finissent par arracher au parquet
avec leurs semelles à force de danser),
Armenia 1366 (2)
Entrée 20 $ par personne à l'unité (hors restauration et cours)
ou 50 $ pour une carte de 4 entrées par personne

Vous pouvez visiter leur site pour mieux les connaître en attendant d'aller y danser le tango, là-bas, dans son milieu urbain d'origine, à Buenos Aires.

(1) le 29 de chaque mois, sauf le mois de février (ça tombe bien avec le cagnard du plein été), les Portègnes mangent un plat pauvre dans l'attente de l'arrivée de la paye. Une vieille tradition installée là par quelques immigrants italiens à la fin du 19ème siècle qui traînaient cette habitude de leur contrée natale. Ce plat de pauvres, les Argentins l'appellent ñoquis, les Italiens l'écrivent gnocchi (ça se prononce pareil) et c'est une manière d'accommoder les pommes de terre sou forme de pâtes fraîches quand même la farine de blé dur venait à manquer dans les campagnes de la Péninsule. Avec la polenta (qui veut dire richesse en portègne) et la pizza (dont je vous parlais hier dans mon article sur le concert de demain à La Peña La Salamanca à La Plata), les ñoquis sont le grand héritage de la gastronomie de base à Buenos Aires et dans les environs. J'ai eu la chance d'en déguster à la table de fines fourchettes locales, Walter Alegre et Luis Alposta, et je n'aurai pas échanger ma place pour tout l'or du monde... (Voir aussi mon précédent article, du 28 août 2008, sur cette coutume).
(2) Voir aussi mon article du 13 avril 2009 sur les lieux où danser le tango à Buenos Aires (des informations de cet article sont bien évidemment dépassées. Consulter le magazine El Tanguata ou La Milonga argentina, dont vous trouverez les liens dans la rubrique Eh bien dansez maintenant ! dans la partie basse de la Colonne de droite de ce blog). En cliquant sur le mot-clé danse, dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus, vous trouverez aussi des articles sur des lieux de danse à Rosario, à Montevideo et dans quelques autres lieux, des écoles, des stages intensifs, les concours dont le plus prestigieux est le Mundial del Tango, ce championnat du monde auquel on peut s'inscrire sans qualification préalable, mais il faut se trouver à Buenos Aires au bon moment (dernière semaine d'août). Bref tout ce qui touche la pratique chorégraphique.

mercredi 28 juillet 2010

Kilombo 14 et Javi Camino Grupo ce vendredi à La Salamanca à La Plata [à l'affiche]

Ce vendredi 30 juillet à 22h, à la Peña (1) et Casa de Cultura La Salamanca, qui se trouve à l'angle des rues 60 et 10 à La Plata, le groupe de candombe qu'a intégré récemment Leo Gianibelli, un ancien musicien de La Guardia Hereje, qui accompagnait Alorsa au Tango Criollo Club, Kilombo 14, dont je vous ai déjà parlé il y a quelques semaines (voir mon article du 7 juilllet 2010) jouera en partageant la scène avec le Javi Camino Grupo, qui est un groupe de folklore.

Les deux groupes se partagent un musicien et disposent chacun de leur propre page Myspace où je vous invite à les découvrir :
Javi Camino Grupo (Javi Caminos, Manu Caminos, Ruly Bolañes, Nico Marini, Yamila Intili)
Kilombo 14 (Leo Gianibelli, Ulises Lescano, Mariano Rosito, Facu Zingarelli, Nico Marini, Pablo Tieri, Manu Caminos, Alejandro Duarte).



Le lieu lui aussi est à découvrir : son site regorge d'infos plus attractives les unes que les autres. Avec des pages sur le Carnaval, les ateliers proposés, les spectacles programmés et la carte du restaurant avec une description dessinée d'empanadas (façon planche botanique) suivie d'une liste de pizzas typiquement argentines qui vont vous donner envie de prendre l'avion dans les minutes qui viennent ! (Cliquez sur le raccourci La Cocina, à droite, lorsque vous entrez dans le site, entièrement en espagnol bien sûr, puisque La Salamanca ne drague pas le touriste mais s'adresse aux Platenses qui vivent toute l'année dans la capitale provinciale).

(1) Une peña est un lieu de fête qui correspond à une vieille tradition rurale de convivialité qui poursuit pendant l'année la bonne humeur du carnaval. D'où le visuel du diablotin, Mandinga, qui illustre la page d'accueil du site Internet de ce lieu. La Salamanca est une maison qui représente essentiellement la culture du nord argentin, avec ses plats typiques et sa musique traditionnelle, le chamamé et la chacarera. Ainsi les deux articles de ce 28 juillet 2010 nous envoient-ils au nord, très au nord de Buenos Aires, vers les frontières du Paraguay et du Pérou...

Jacqueline Sigaut et le Cuarteto La Púa à La Paila [à l’affiche]

La chanteuse Jacqueline Sigaut, accompagnée par le guitariste Abel Tesoriere, et le Cuarteto La Púa (guitares), artistes que les habitués de ce blog commencent à bien connaître, se partageront la soirée tango du 3 août prochain, à 21h, au restaurant La Paila, un établissement consacré à la culture et à la gastronomie du nord-ouest de l’Argentine (1), situé au cœur du vieux Palermo, rue Costa Rica 4848.

Jacqueline Sigaut a sorti, il y a un an (et j’en ai parlé dans ces colonnes), son 4ème disque : Porque Quiero (parce que je le veux, parce que j’aime ça), auquel participe notamment Amelita Baltar pour un Oblivión de Piazzolla chanté en duo et en français.

Le Cuarteto La Púa vient, lui, de sortir son deuxième disque, En alguna parte (quelque part).
Ce sera pour les uns et les autres l’occasion de présenter ces albums et d’en mettre des morceaux au programme de la soirée.

Droit au spectacle, à acquitter en plus de l’addition pour le dîner : 20 $ par personne.
C’est un prix normale (plus que raisonnable) pour une soirée musicale avec repas en toute simplicité, ce genre de soirée très convivilae dont les Portègnes raffolent et dont les touristes ignorent l’existence, embarqués qu’ils sont par leur tour-opérateurs dans les cena-shows clinquants et hors de prix de l’industrie touristique locale.

L’auteur-compositeur-interprète Lucio Arce y donnera lui aussi un concert, le 24 août prochain, dans les mêmes circonstances et il m’a fait l’honneur et l’amitié de m’y inviter à l’occasion de la sortie de mon livre, de ce côté-ci de l’Atlantique (2). J’aurai sans aucun doute l’occasion de vous en parler davantage d’ici quelques semaines.

Pour aller plus loin :
Vous pouvez suivre les activités (en tout cas une bonne partie d’entre elles) de chacun des artistes cités dans cet article en cliquant sur leur nom dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus : ces mots-clés vous renvoient à l’ensemble des articles que j’ai déjà publiés dans ce blog à leur sujet à l’heure où vous visitez Barrio de Tango.
Jacqueline Sigaut dispose d’un site Internet où vous pouvez découvrir sa voix et ses disques. Le lien se trouve dans la rubrique Grillons, zorzales et autres cigales, dans la partie basse de la Colonne de droite de ce blog. La même chose est vraie de Lucio Arce.
Le Cuarteto La Púa (le Quatuor L’aiguille, que ce soit celle du phonographe ou le dard de l’abeille ou la pointe du couteau ou de la baïonnette, entendez-le comme vous voulez, en fonction de votre humeur du jour) est présent aussi sur le net avec un site et une page Myspace. Le Cuarteto regroupe Leandro Angeli, Cristian Huillier, Juan Otero et Pablo Sensottera.
Vous pouvez aussi aller visiter le site du restaurant pour découvrir la richesse de leur carte (avec des photos à damner un saint !) et la variété de leurs propositions culturelles en matière de musique folklorique et de tango. Ils ont en particulier des spectacles à l’heure du déjeuner le week-end. A ne pas louper si vous passez vos vacances par là-bas…

(1) qui est à l’Argentine ce que la région que les Français appellent le Sud-Ouest est à l’Hexagone, région généreuse et abondante, pour la musique, les traditions locales et la table, et où le soleil est plutôt plus chaud qu’ailleurs dans le pays…
(2) Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, éditions du Jasmin, mai 2010.

mardi 27 juillet 2010

Hommage à Tita Merello au Maipo Kabaret [à l’affiche]

Affiche du Maipo Kabaret

Ce matin, les pages Cultura et Espectaculos de Página/12 sont particulièrement chargées côté tango (voir mon autre article de ce jour sur le disque du violoniste Fernando Pereyra, Sin lagrimas). On y trouve la critique d’un one-woman show qui se veut un hommage à la chanteuse et comédienne argentine Tita Merello (1), qui occupait Jean-Louis Mingalon à la fin du mois de juin dans sa chronique sur France Musique (voir mon article du 20 juin 2010).

C’est une artiste elle-même chanteuse et comédienne, Virginia Innocenti, qui a conçu et qui joue ce spectacle qui est l’aboutissement de plusieurs tentatives qu’elles a menées pour qu’un hommage soit rendu à cette grande dame de la culture populaire portègne, dont seul un cinéma, aujourd’hui fermé, perpétue le souvenir dans les rues de Buenos Aires (voir mon article du 20 juillet 2010 sur le sort de cette salle d’art et d’essai). Un spectacle qui se donne depuis le 18 juillet dans la petite salle du Teatro Maipo, le Maipo Kabaret, un grand théâtre historique de la ville de Buenos Aires, rue Esmeralda 443. Sur la photo qui illustre l’article de Página/12, vous pouvez voir à droite la vraie Tita Merello, dans une de ses plus célèbres photos, et à gauche l’interprète, qui s’est fait à merveille son look et son regard.

Un spectacle dont la direction musicale est assurée par Diego Vila et la direction générale par Luciano Suardi sous le titre de Dijeron de mí (Ce qu’on a dit de moi), qui reprend le titre d’un tango qui fit la gloire de Tita Merello, Se dice de mí (Ce qu’on dit de moi), qu’elle chantait avec sa voix grave et son timbre plein de gouaille faubourienne.

Le spectacle montre une narratrice qui raconte de multiples anecdotes sur la chanteuse, pour évoquer sa personnalité, sa carrière et sa vie, et qui chante 17 morceaux que Merello a immortalisés en les enregistrant. Comme beaucoup d’artistes péronistes, Tita Merello est née dans la pauvreté, elle a commencé sa carrière comme Edith Piaf, en cachetonnant pour éviter de mourir de faim, elle a connu la consécration dans ce même théâtre Maipo qui accueille l’hommage actuellement et s’est vu proscrite, comme d’autres (2), à l’arrivée de la Revolución Libertadora en 1955 (3).

Le spectacle se donne du jeudi au samedi à 21h, le dimanche à 20h.
Prix des places : 120 $ la place autour d’une table (ces places se vendent par table de 4), 120 $ assis au bar, 90 $ assis dans la salle. (Les prix s’entendent hors consommation et ils sont exprimés en peso argentin, naturellement, et non en dollar, malgré l’identité des symboles).

Virginia Innocenti est donc à cette occasion interviewée dans Página/12 aujourd’hui et dans Clarín il ya quelques jours sur les motivations qui l’ont portée à rendre cet hommage à son illustre prédécesseuse, qu’elle veut évoquer sans l’imiter, et sur les aspects de sa vie et de sa carrière qui l’ont inspirée pour ce spectacle, dont elle ne voulait pas faire une comédie musicale parce que dans ce genre, elle "ne trouve que trop peu de substance dramatique", avoue-t-elle à la journaliste de Página/12 qui l’interroge.



Pour en savoir plus :
Lire l’interview donnée à Página/12 par Virginia Innocenti et publiée aujourd’hui
Lire l'article de La Nacion du 18 juillet 2010
Lire l’interview donnée à Clarín par Virginia Innocenti et publiée le 23 juillet 2010
Ajout du 28 juillet 2010 : lire aussi, dans ce même quotidien, la critique du 28 juillet 2010.

(1) Elle fut aussi auteur et compositeur et à ce titre figure dans le recueil de 231 letras que j'ai fait paraître en mai dernier aux Editions du Jasmin (Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins) : Decíme Dios ¿dónde estás?, p 266.
(2) parmi ces autres, il faut citer Nelly Omar, qui était il y a quelques jours au programme du festival de La Falda (voir mon article du 12 juillet 2010), et Hugo del Carrill, lui aussi chanteur, compositeur, letrista, acteur de cinéma et même réalisateur, qui est aussi l’auteur de la Marcha Peronista, l’hymne du mouvement péroniste, qui a eu hier l’une de ses grandes manifestations publiques avec la commémoration des 58 ans de la mort d’Evita.
(3) Sur ce que fut la Revolución Libertadora, voir mon article de ce jour sur le souvenir d’Evita, morte le 26 juillet 1952, et le Vademecum historique (sur l’histoire de l’Argentine et de l’Uruguay), dont vous trouverez le lien dans la rubrique Petites chronologies, dans la partie médiane de la Colonne de droite de ce blog.

Ce soir quatuor argentino-suisse au Teatro Alvear [à l’affiche]

Leonardo Fereyra est le premier violon et le violoniste soliste de la Orquesta del Tango de la Ciudad de Buenos Aires, ce qu’on appelle en espagnol le concertino, et il vient de sortir un disque avec un quatuor à cordes, composé de deux violons (dont lui-même), d’un alto et d’un violoncelle. De ce quatuor qui se produira ce soir au Teatro Alvear, il est le seul Argentin… Les autres sont suisses : Rahel Zellweger, second violon (qui sera sur scène ce soir, même si c’est Diego Tejedor, qui tient cette partie sur le disque), Sophie Lüssi (alto) et Andreas Ochsner (violoncelle).

Avec Diego Tejedor, absent ce soir, trois d’entre eux viennent donc de sortir chez Acqua un disque de 11 pistes, intitulé Sin lagrimas, qui reprend l’aventure, rare, entreprise dans les années 60 par Leo Lipesker, Guillermo Fereyra, le père de Leonardo, et deux autres instrumentistes, respectivement à l’alto et au violoncelle.

Le concert de ce soir aura lieu à 20h30, au Teatro Alvear, Corrientes 1659, et sera l’occasion de la présentation de Sin Lagrimas.

C’est pourquoi Página/12 accueille ce matin dans ses pages culturelles une petite interview de Leonardo Fereyra qui parle de sa passion pour le tango et le violon, de l’héritage paternel et des nombreux musiciens auxquels le rattache la transmission artistique familiale.

Pour en savoir plus :
Consulter la page du disque sur le site de Zivals, le grand disquaire de Buenos Aires, qui vous permet d’en écouter les 45 minutes de chaque piste.

Hier, l’Argentine péroniste a rendu hommage à Evita [Actu]

Eva Perón est décédée le 26 juillet 1952, quelques mois après la réélection de son mari à la magistrature suprême du pays. En cette année du Bicentenaire de l’Argentine, il était normal que la mouvance péroniste, au niveau politique, syndical et social, célèbre cet anniversaire, tant la personnalité de cette ardente militante nationaliste a marqué l’histoire du pays.

Eva Perón, ou plutôt Evita comme aiment l’appeler ses admirateurs, fut l’instigatrice du droit de vote des femmes, la promotrice d’une législation plus souple sur le divorce, dans un pays où le poids de l’Eglise catholique était beaucoup plus important qu’aujourd’hui (1), l’initiatrice d’une loi qui donna des droits équivalents au père et à la mère dans l’exercice de l’autorité parentale. Ces deux dernières conquêtes du féminisme furent supprimées par la Revolución Libertadora, nom du régime qui suivit la destitution de Perón en septembre 1955. Eva Perón est aussi à l’origine du réseau socio-sanitaire du pays avec ses nombreux hôpitaux et ses centres culturels et sociaux très nombreux dans toutes les villes, même assez petites. Beaucoup d’entre eux portent aujourd’hui son nom. Beaucoup sont gérés par des personnalités morales fidèles à la mouvance péroniste (CGT, Movimiento Evita et autres). Bien entendu, le péronisme est loin d'être universel en Argentine mais c'est sans doute aujourd'hui le mouvement politique qui a la plus grande visibilité, parce qu'il est sans doute le mieux armé dans cet art de se montrer, peut-être parce qu'au cours des 50 dernières années il a été celui qui a subi le plus de persécutions (parce que le plus attractif pour la population, grâce ou à cause au charisme de Evita et de Perón)

La Présidente hier, au cours d’une cérémonie à la Casa Rosada, a répété ce qu’elle avait déjà dit lors de son discours inaugural devant le Congrès le 10 décembre 2007 : qu’Evita aurait largement mérité d’être chef d’Etat. En cette année qui est aussi une année pré-électorale, alors que les élections s’annoncent sous des auspices particulièrement orageux (voir mes articles des jours précédents, notamment sur la situation de Buenos Aires, dirigée par le prétendant n° 1 de l’opposition), c’était le moment ou jamais d’utiliser la figure mythique pour galvaniser les forces favorables au Gouvernement actuel. Et ça n’a pas manqué comme en témoigne la une aujourd’hui du quotidien de gauche péroniste Página/12.

Par ailleurs, et d’une manière plus éclairante pour nous les Européens que les grands meetings retentissants de mots d’ordre tout faits, le journal publie aujourd’hui un billet d’opinion sur les arguments des anti-Evita et la nature de la controverse qui exista et continue d’exister autour d’elle. Le billet s’intitule Esa mujer (cette bonne femme-là, que vous pouvez entendre au sens laudatif comme au sens péjoratif) est signé d’un historien de l’Université de Buenos Aires (UBA), le professeur Sergio Wischñevsky qui passe en revue toutes les formes de haine qui s’exprimèrent, dans les différents milieux sociaux, de son vivant et après sa mort, notamment sous la Revolución Libertadora, qui fut généreuse en outrages contre les deux figures du péronisme récemment vaincu, lui et elle. A lire pour tous ceux qui ont eu la chance par exemple de voir le spectacle de Alfredo Arias autour des figures d’Evita et du chanteur espagnol Miguel de Molina ou qui auront la chance de le voir en avril prochain, toujours à Paris et toujours au Théâtre du Rond-Point, à tous ceux qui s’intéressent à l’histoire en général et à tous ceux qu’interrogent les engagements politiques de grands poètes du tango comme Homero Manzi ou Enrique Santos Discépolo qui luttèrent de toutes leurs forces pour le projet politique porté par Perón, dans une Argentine prise dans les tenailles de la guerre froide.

Yo sabía que en muchos lugares
que no eran los de mi alrededor,
la discutían.
Y sabía que tenía un rostro de muchacha
y una forma de hablarnos
que nos hacía quererla.
También sabía que (por lo menos)
se había acordado de nosotros.
Y que eso
fue lo que algunos no le perdonaron.
Lo demás no lo sabía
y quizás todavía no lo sepa del todo.
Pero los míos la lloraron como nunca vi que
lloraran a nadie.
Héctor Negro
Cuando murió Evita

Je savais qu’en maints endroits
Qui n’étaient pas dans mes alentours
Elle était contestée.
Je savais qu’elle avait un visage de jeunette
Et une façon de nous parler
Qui nous faisait l’aimer.
Je savais aussi (c’est le moins qu’on puisse dire)
Qu’elle ne nous avait pas oubliés
Et que ça
Ce fut ce que quelques uns ne lui pardonnèrent pas.
Le reste, je ne le savais pas
Et peut-être je ne le sais toujours pas tout à fait.
Mais les miens l’ont pleurée comme jamais je ne les
ai vus pleurer personne.
(Traduction Denise Anne Clavilier) (3)

Pour aller plus loin :
Lire le billet de Sergio Wischñevsky dans Página/12 aujourd’hui
Lire l’article de Página/12 d’hier sur les différentes cérémonies qui se tenaient dans tout le pays
Cliquez sur le mot-clé Evita dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus, pour accéder aux autres articles sur la figure d’Evita dans Barrio de Tango, blog en français consacré au tango et à la culture populaire du Río de la Plata…

(1) Seul un catholique pouvait alors accéder au mandat de Président de la République. Cette restriction confessionelle a été supprimée il y a quelques années seulement. Plus de 90% des Argentins se reconnaissent catholiques, même si le taux de pratique religieuse est de très loin inférieur à cette proportion et se rapproche sensiblement, surtout en ville, des taux existant en Europe.
(2) comme vous le laisse deviner cette dénomination pour le moins paradoxale, le coup d’Etat du 6 septembre 1955, qui fit plusieurs centaines de morts à Buenos Aires et mit fin au mandat, pourtant constitutionnel, de Perón, avait été opéré en sous-main par les Etats-Unis qui, pendant la guerre froide et jusqu’à il y a peu de temps encore, passaient leur temps à libérer à toute force des peuples qui ne leur avaient jamais rien demandé. Un peu comme l’Union Soviétique d’ailleurs, mais dans le sens contraire et avec une répression inférieure de quelques degrés dans la violence (mais seulement de quelques degrés).
(3) Extrait d'un poème qui paraîtra en version bilingue dans la revue Triages, en décembre 2010, aux Editions Tarabuste (rue du Fort, Saint-Benoît-du-Sault, Indre)

Théâtre, polar, tango et radio à la Academia Nacional del Tango [à l’affiche]

C’était une grande tradition des années 30 : le théâtre et le tango faisaient bon ménage et la radio était alors l’un des plus efficaces vecteurs de popularisation du répertoire (si seulement on pouvait en dire autant aujourd’hui !).

Et c’est à un spectacle qui se présente comme une pièce radiophonique avec suspense et qui mêle donc les trois éléments que prendront part vendredi soir, 30 juillet 2010, à 21h, les chanteuses Lucrecia Merico et Dolores Espeja, le guitariste et arrangeur Javier Alem et le percussionniste Alberto Pata Corbani, avec une ingénieur du son qui se chargera des effets, Marcela Wolson.

Le texte de la pièce, intitulée Las Viudas de Biaba (les veuves de Biaba), est une création collective des artistes qui ont combiné une intrigue policière avec meurtre, veuves suspectes et commissaire partagé avec des tangos signé de quelques grands des années d’or, Francisco Canaro, Edgardo Donato, Juan Viladomat Masanas et Juan Carlos Cobián (un peu comme dans le spectacle des Minas del Tango reo) et des contemporains, dont Alorsa… L’une des premières fois, sinon la première, que l’œuvre de Alorsa se fera entendre dans ces murs… Un bel hommage, bien mérité, à cet artiste beaucoup trop tôt disparu (30 août 2009, il n’avait pas encore 39 ans) et qui ne pâlira pas dans cet environnement prestigieux.

Entrée libre et gratuite
Academia Nacional del Tango
Avenida de Mayo, 833

Pour aller plus loin :
Voir l’ensemble de mes articles sur Lucrecia Merio en cliquant sur son nom dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus ou dans la rubrique Vecinos del Barrio dans la Colonne de droite de ce blog
La même chose est possible pour Alorsa, dont plusieurs textes seront bientôt publiés en version bilingue espagnol-français par mes soins (1).
Sur le théâtre en lien avec le tango et la culture de Buenos Aires, vous disposez d’un raccourci interne à ce blog dans la rubrique Tangoscope dans la partie haute de la Colonne de droite. De même pour la radio, essentiellement la radio d’aujourd’hui bien sûr.
Quant aux liens qui existent entre polar et tango, voir mes articles sur ma participation en juin dernier au Salon Polar en Plein Coeur (de Paris), dont tous les auteurs qui ont pu y participer appellent de leurs voeux la tenue de la seconde édition, l'année prochaine.
Les artistes ont lancé un blog sur la pièce, un blog qui n'est pas encore très fourni mais qui veut déjà la peine d’être enregistré dans vos favoris…


(1) dans la revue Triages, à paraître en décembre 2010 aux Editions Tarabuste (Indre). Para verte gambetear, de Alorsa, est déjà dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, paru le 3 mai 2010 aux Editions du Jasmin.

samedi 24 juillet 2010

Affiche de concert pour travaux pratiques d'espagnol [à l'affiche]

Voilà le type d'article parfait pour un week-end d'été : tout est écrit sur l'affiche, il n'y a rien à traduire. Tout se comprend tout seul...
Et en plus, c'est joli...



Pour en savoir plus sur les artistes, vous savez ce que vous avez à faire :
chaque mot-clé du bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus, vous permet d'accéder à l'ensemble des articles que je leur ai déjà consacrés, donc un clic sur le nom d'un artiste vous donnera une idée de ses activités artistiques.
Un certain nombre de ces artistes ont aussi leur raccourci dans la Colonne de droite (rubrique Vecinos del Barrio) dans la partie haute réservée aux liens internes.
La partie inférieure de la Colonne donne accès à un certain nombre de sites externes, dont ceux de nombreux artistes, rassemblés dans les rubriques Troesmas (pour les très grosses pointures) et Grillons, zorzales et autres cigales.

vendredi 23 juillet 2010

Une dernière conf. en français à Paris avant Buenos Aires [ici]

Tout s’est décidé très vite hier au téléphone entre Pascale Coquigny, la directrice et fondatrice de l’Académie Esprit Tango (1), et moi : j’irai présenter Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins (éd. du Jasmin) au 3 rue des Vignoles à Paris (20e) le samedi 31 juillet à 19h.



L’Académie Esprit Tango est un lieu comme il en existe peu à Paris, avec de nombreux cours donnés tantôt par Pascale Coquigny, tantôt par Luis Bruni ou par les deux ensemble ainsi que par d’autres profs tout au long de l’année, et trois pratiques très fréquentées toutes les semaines, dans deux salles bien aménagées, avec du parquet et peu de colonnes, reliées entre elle par un espace buvette qui offre d’emblée une belle convivialité. Il y a quelques années, j’y ai pris des cours d’heureuse mémoire à l’heure du déjeuner.

Vous pouvez apprécier l’offre du lieu en allant visiter le site Internet, en cliquant sur ce lien ou sur l'autre, celui qui se trouve dans la rubrique Eh bien dansez maintenant !, dans la partie basse de la Colonne de droite de ce blog. Cet été, l’Académie Esprit Tango reste ouverte jusqu’au 14 août, sera fermée du 15 août au 1er septembre et reprendra vie le jeudi 2 septembre, pour la rentrée traditionnelle.

Le samedi est l’un de ces jours où il y a tout à la fois cours, dans la petite salle, et ce sera le cas le 31 juillet, et pratique, dans la grande salle, et ce sera le cas le 31 juillet.
La pratique de tous les samedis, de 18h à minuit (entrée 9 €, boissons comprises).
Le cours de milonga par les maîtres de maison, Pascale Coquigny et Luis Bruni, à 20h pour le niveau débutant et intermédiaire et à 21h pour le niveau avancé (mais comme dit toujours Luis lui-même, ancien danseur du corps de Ballet de l'Opéra de Buenos Aires : moi, je suis intermédiaire). Prix 13 € par personne, à régler sur place à l'inscription.

Pour ma part, je ferai ma conférence habituelle à 19h, du type ½ heure de causerie suivie d’un échange avec les participants, qui pourra se prolonger avec une dédicace (j’aurai quelques livres avec moi) et des conversations supplémentaires puisque j’ai l’intention de rester selon les opportunités qui me seront données directement à la pratique ou peut-être d’abord au cours avant de passer une peu de temps à la pratique. Tout cela comme toujours dépendra d’une mystérieuse alchimie entre les réactions du public, la météo, la disponibilité de mon partenaire attitré ou d’un autre, l’âge du capitaine et tous les autres facteurs qui pourront tomber dans l’alambic du 1er étage, au fond de la cour à gauche, entrée au 3 rue des Vignoles, Paris 20ème, M° Avron, Nation ou Buzenval.

Comme de bien entendu, si la participation à la pratique et au cours exige un petit débours, la conférence, elle, est totalement gratuite (2)

Ce sera ma dernière intervention en France pour l’année 2009-2010. Les retrouvailles avec le public de ce côté-ci de l’Atlantique auront lieu au Salon du Livre de Rambouillet, le dimanche 19 septembre, de 10h à 18h, puis à Paris 9ème, à Orléans et à Caen (voir mon article sur les rendez-vous de la rentrée). Entre temps, j’aurai publié quelques articles depuis Buenos Aires, où je serai pendant le festival et le Mundial. C’est dire qu’entre les concerts, les cours, les conférences à écouter sur place, les Plenarios académiques et surtout, surtout, tous les amis à voir, je n’aurai pas un temps fou à consacrer à ce blog mais je vous donnerai tout de même des nouvelles de la Ville Sainte du Tango, décalage horaire compris, sous le mot-clé habituel des Chroniques de BsAs et du FTBA (acronyme de Festival de Tango de Buenos Aires).

Pour en savoir plus :
lire mon article sur le retour en images sur quelques unes des présentations et conférences données à l'occasion de la sortie du livre (3 mai 2010)

(1) avec Luis Bruni.
(2) Mais pas le livre, je vous l’accorde. 24,90 € par chèque à établir à l’ordre des Editions du Jasmin et à me remettre en mains propres (je précise tout ça pour ceux qui viennent sans moyen de paiement sur eux, en ayant tout préparé à la maison pour danser léger). Les 24,90 € vous donneront droit à un livre (384 pages) et au disque Melopea qui l’accompagne (22 pistes), colé sur la troisième de couverture.

Le Cuarteto Julio Coviello dans les colonnes de Página/12 [Disques & Livres]

“El nombre del Cuarteto es para que me lleguen los juicios a mí”, es el chiste, “pero la manera de laburar tiene que ver con lo grupal. Está bueno trabajar con gente diferente. Que cada uno aporte su visión y nutra el proyecto. No creo en eso de ‘lo’ solista.”
Julio Coviello, Página/12

Le nom du Quatuor c’est pour que les jugements tombent sur moi, dit-il en plaisantant, mais la manière de bosser a à voir avec le collectif. C’est bien de travailler avec d’autres gens. Parce que chacun contribue avec sa vision et nourrit le projet. Je ne crois dans ce truc du soliste.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

C’est ainsi que débute l’interview que Cristian Vitale publie ce matin du bandonéoniste et compositeur Julio Coviello dans les pages culturelles de Página/12 à l’occasion dela présentation ce soir au CAFF du premier disque de la jeune formation qui porte son nom : Cuarteto Julio Coviello (sur ce concert et ce disque, voir mon article d’hier).

Dans cet article, Julio Coviello, 26 ans, s’explique sur son aventure hors de l’orchestre et sur son rapport au rock et au tango ainsi qu’au travail orchestral proprement dit... Extraits :

Quien conozca a la Fierro escuchará algunos tintes de la Orquesta en este Cuarteto. Pero de lo que me agarraron ganas el año pasado fue de escribir y experimentar algunas cosas dirigiendo y tomándome más licencias que las que tengo en la Orquesta, que está muy firme con una personalidad que se funde con el rock.
Julio Coviello, Página/12

Qui connaîtrait la Fierro entendrait quelques échos de l’Orchestre dans ce Quatuor. Mais ce qui m’a donné envie l’année dernière, ça a été d’écrire et d’expérimenter quelques trucs en assurant la direction musicale et en prenant plus de libertés que celles que j’ai dans l’Orchestre, qui est bien stable dans une personnalité qui se fonde sur le rock.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Au sujet du style plein de rage et de fureur, qui rappelle par bien des points la OTFF :

Sí, pero hay diferencias. Hoy por hoy, con la Fierro estamos buscando un repertorio cantado, muy relacionado con la cultura rockera. Ahí, insisto, la rockeo con todo, mientras aquí la búsqueda es más interna.
Julio Coviello, Página/12

Oui, mais il y a des différences. Au jour d’aujourd’hui, avec la Fierro, nous cherchons un répertoire chanté, très en relation avec la culture rock. Là-bas [avec la OTFF], j’insiste, je fais du rock avec tout tandis qu’ici [dans le disque et avec le quatuor], la recherche est plus intérieure.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

- ¿Abrir el disco con un arreglo de “Lo que vendrá” implica que el aura principal del disco es Piazzolla o se trata apenas de un detalle que se funde en otro todo?
- Yo diría que el músico que sobrevuele el disco se va a encontrar con algo de Troilo, de Piazzolla, de Pugliese... En fin, no es fácil de clasificar, porque todos los sonidos que encuentra el Cuarteto son en masa. No es cuatro solistas y un cantante, es un grupo-masa que avanza con temas cortos, algo que, ya que lo mencionamos, tiene poco que ver con el desarrollo a la Piazzolla.
Julio Coviello, Página/12

- Commencer le disque avec un arrangement de Lo que vendrá [de Astor Piazzolla] implique-t-il que l’aura principal du disque soit de Piazzolla ou s’agit-il seulement d’un détail qui se fonde sur tout autre chose ?
- Moi, je dirais que le musicien qui survole le disque va trouver quelque chose de Troilo, de Piazzolla, de Pugliese... Mais, bon, ce n’est pas facile de faire une classification parce que tous les sons que trouve le Quatuor forment une pâte. Ce n’est pas quatre solistes et un chanteur, c’est un groupe-pâte qui avance avec des morceaux courts, quelque chose qui, nous l’avons déjà mentionné, n’a pas grand-chose à voir avec ce qui se développe à la manière de Piazzolla.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Quelques lignes plus loin, le journaliste veut qu’il s’explique sur la brièveté des morceaux puisque l’ensemble du disque avec ses 14 pistes ne dépasse pas la demi-heure d’audition.

“Es como la búsqueda de una síntesis, como una trompada bien pensada [...] Digamos que después de hacer todo un proceso mental, vos podés decir una frase que sintetice todo de una manera clara. Son tangos cortos y sin vueltas, porque los temas muy largos me distraen. Los entiendo con el oído del músico, sí, pero la idea de poder escuchar música sin tener un background de erudición musical también está buena. Apunto a que la primera impresión impacte.
Julio Coviello, Página/12

C’est comme la recherche d’une synthèse, comme un coup de gourdin bien imaginée [...] Disons qu’après avoir suivi tout un processus mental, tu peux dire une phrase qui synthétise tout d’une manière claire. Ce sont des tangos courts et qui ne tournent pas autour du pot, parce que les morceaux très longs me procurent des distractions. Je les comprends avec l’oreille du musicien, bien sûr, mais l’idée de pouvoir écouter de la musique sans avoir une érudition musicale en background, ça aussi, c’est bien. Je vise à ce que ça fasse de l’effet à la première impression.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

L’interview se termine sur la version de Milonga triste dont il a gommé la tristesse habituelle pour un relookage rock, âpre, pas commode comme les 13 autres morceaux. Ce qui donne une version pour le moins décoiffante et déconcertante, inattendue. Dans ce dernier paragraphe, il explique que pour lui, la musique passant par son corps, il voulait donner une structure rythmique assez soutenue à cette milonga et éviter qu’elle ressemble à "une crème renversée sans rythme en perpétuel effondrement".

Et toc ! C’est à prendre ou à laisser... Une interview qui ne donne pas dans la demi-mesure mais qui cogne. Comme sa musique. A découvrir donc, ne serait-ce que par petits morceaux sur le site de Zivals (voir le lien dans la Colonne de droite de ce blog) avant d’acheter le disque ou, si vous êtes à Buenos Aires, de vous précipiter au CAFF ce soir (22h30) pour aller les écouter en vivo (1).

Pour en savoir plus :

(1) en vivo : veut dire à la fois "en public" et "en direct".

La Legislatura reste maîtresse dans son hémicycle [Actu]

Hier (voir mon article du 22 juillet 2010), à la demande expresse de Mauricio Macri, chef du Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires, les députés du PRO à la Legislatura se sont vu obligés de mettre en cause eux-mêmes la pratique gouvernementale de leur propre champion, qu’ils venaient la veille de loyalement protéger de toute poursuite politique en bloquant une initiative de l’opposition.

Mais l’Assemblée n’a pas voulu se laisser ainsi mener là où Macri veut la mener, même si, ce faisant, il joue un jeu dangereux pour lui-même. L’opposition qui, rassemblée, est majoritaire, a fait bloc et dénoncé le mépris du mandataire pour les institutions démocratiques en général et le peu de considération qu’il a pour la gravité de la crise institutionnelle déclenchée par la découverte des écoutes illégales pratiquées sur les lignes téléphoniques de plusieurs victimes de l’attentat de l’AMIA (qui a eu lieu il y a 16 ans et dont les coupables n’ont toujours pas été identifiés ni jugés).

Les députés PRO ont vu arriver l’échec du stratagème choisi par Macri pour court-circuiter le processus judiciaire en se faisant blanchir très rapidement par la fragile majorité (d’alliance) dont il dispose dans l’hémicycle portègne. Ils ont alors pris un chemin de traverse pour gagner du temps (ce que Macri voulait justement éviter en précipitant le cours des opérations). Ils ont envoyé à la Commission des Affaires Constitutionnelle de la Legislatura leur demande non motivée de procès. On ne sait finalement pas ce qu’ils reprochent à leur champion, si c’est de mal remplir son mandat ou si c’est d’avoir commis un délit, les deux seuls motifs pour lesquels le Chef du Gouvernement portègne est passible de destitution. La requête demande seulement que Macri soit jugé pour "une des causes prévues"

Le débat lui-même a été épique, riche en rebondissements, en conciliabules, en petites phrases de tout genre et le résultat est assez peu favorable à Mauricio Macri, qui se retrouve acculé à lancer de simples affirmations sans argumentation dans une interview qu’il accorde aujourd’hui au journal La Nación : questionné par le journaliste avec une certaine pugnacité, lors d’un déjeuner au restaurant du musée Servori à Palermo, le Chef du Gouvernement se contente de répondre que ses accusateurs (et les juges aussi) mentent et raisonnent à partir de prémices fausses et que l’unique but de tout ce beau monde est de "mettre des bâtons dans les roues d’un opposant présidentiable ayant de réelles chances d’être élu" président de la République l’année prochaine…

A la Legislatura et d’ici le 12 août, date à laquelle on attend les résultats de l’examen de cette requête étrangement imprécises par la Commission, l’opposition va vérifier la conformité à la Constitution locale de la composition de l’instance de jugement. L’actuelle répartition des sièges n’avait jusqu’ici pas beaucoup d’importance puisque l’instance était purement fictive. Mais dès lors qu’il y a vraiment du procès dans l’air, l’opposition s’est avisée que l’application exacte de la Constitution, qui attribue les sièges aux groupes politiques en fonction de leur importance respective, pourrait aboutir à un rapport de forces nettement défavorable à Macri puisque la Haute Chambre, selon ce nouveau calcul, devrait peut-être compter 8 députés appartenant aux groupes d’opposition et seulement 5 à ceux qui forment la fragile majorité d’alliance qui se fissure de partout depuis le début de la semaine. Si c’est ce nouveau calcul qui l’emporte, Macri risque bel et bien la destitution. Or comme il n’y a plus de Vice Chef du Gouvernement depuis la campagne électorale de l’année dernière, Buenos Aires n'est pas sortie de l'auberge !

Pour aller plus loin :