dimanche 31 octobre 2010

Milena Plebs vedette du Plenario du 1er novembre [à l'affiche]

Le lundi 1er novembre à 19h30, aura lieu le Plenario habituel des premiers et troisièmes lundis de chaque mois d'avril à décembre. Ce sera aussi la réouverture de la Academia Nacional del Tango qui a fermé ses portes en signe de deuil jeudi et vendredi, pour les obsèques de l'ancien président Néstor Kirchner.

Le Plenario sera entièrement consacré à la danseuse et chorégraphe Milena Plebs, qui est Académica Titular, qui dansera le tango rituel, Emancipación de Alfredo Bevilacqua, puis dialoguera avec Luis Tarantino, Académico Titular lui aussi et très connu pour l'émission qu'il anime tous les matins sur les ondes de la 2 x 4, la radio publique 100% tango de la Ville de Buenos Aires (lien dans la rubrique Ecouter, dans la Colonne de droite), sur les aspects fondamentaux de son parcours artistique dans le cadre d'une série de conférences intitulée Les Etoiles du Tango racontent leurs succès (Las Estrellas del Tango cuentan sus éxitos).

L'espace artistique de cette séance académique sera également confié à Milena Plebs qui disposera d'ici quelques jours ou quelques semaines d'un raccourci dans la rubrique Vecinos del Barrio, dans la partie supérieure de la Colonne de droite.

Carlos Gardel y la filatelia, 1985-2010, au Museo Casa Carlos Gardel [à l'affiche]

Invitation lancée par le Musée (cliquez sur l'image pour lire le texte confortablement)

L'ouvrage de José Campoy Fernández dont je vous ai déjà parlé dans Barrio de Tango, ce blog, dans ma rubrique Chroniques de Buenos Aires, puisque j'ai assisté à sa toute première présentation le jour même de la sortie à Buenos Aires au mois d'août, était la vedette de la soirée que le Museo Casa Carlos Gardel (1) a maintenue vendredi soir à 19h, malgré le deuil national qui a supprimé un certain nombre d'activités culturelles dans tout le pays.

Après la présentation du livre lui-même, le chanteur Esteban Riera, un familier des lieux, a donné un petit concert. Cela méritait bien cela, dans ce lieu-là...

Comme d'habitude lorsque survient un décès aussi conséquent que celui d'un ancien président constitutionnel, en Argentine comme en Uruguay, je n'ai pas fait écho à cette information vendredi pour laisser toute la place à l'événement historique que constituait cet adieu de la Nation à un homme politique d'importance (2).

(1) Le Museo Casa Carlos Gardel est installé dans la dernière maison du chanteur. Elle se situe en plein quartier de l'Abasto, le quartier de son enfance et de ses premiers succès, dans la rue Jean Jaurès au numéro 735.
(2) Qu'on apprécie la politique qu'il a menée ou non, qu'on apprécie l'homme ou non, Néstor Kirchner était une personnalité importante dans le paysage politique et social argentin et c'est une perte considérable pour le pays qui voit toute sa vie politique bousculée par cette disparition précoce auquel il n'était pas préparé, en dépit des alertes de santé récentes de l'intéressé.

Quelques réflexions de la famille Kirchner autour du souvenir de Néstor dans Página/12 [Actu]

Le temps me manque ce matin pour vous livrer un vrai et long billet sur cet article très émouvant et peut-être éclairant (peut-être seulement) que Página/12 (une de ce matin ci-contre) a consacré à la sépulture vendredi de Néstor Kirchner à Río Gallegos, la ville où il était né, la ville dont il fut le maire puis le Gouverneur provincial (Santa Cruz, en Patagonie), avant de devenir Président de la République puis Président du Partido Justicialista puis Président de l'Union des Etats d'Amérique du Sud, l'UNASUR.

Des propos tenus par la mère du défunt (90 ans), son fils Maximo (30 ans), sa veuve, la Présidente (ci-contre).

Ce soir ou demain, après cette longue journée de samedi passée au Salon de l'Ecrit à Gagny, où j'ai fait de très belles rencontres avec des amoureux du livre qui ont, à cette occasion, pu découvrir, par hasard, la profondeur et la consistance culturelle du tango, avec un peu plus de disponibilité devant moi, je reprendrai ce billet pour vous donner plus d'informations.

Pour en savoir plus dans le texte d'ici là :
lire l'article de Página/12, d'un des rédacteurs du journal les plus compétents en matière de droits de l'homme, Horacio Verbitsky

vendredi 29 octobre 2010

L'hommage à Néstor Kirchner par la Universidad Popular Madres de Plaza de Mayo [Actu]

L'Université Populaire fondée par l'ONG Madres de Plaza de Mayo, dont les diplômes sont depuis peu reconnus au niveau national, vient de diffuser cet hommage que je vous retransmets intégralement :

Cliquez sur l'image pour lire le texte original dont la traduction en français suit.

6 avril 2000 - 6 avril 2010 : dix ans de combat et de résistance

"Jugez-les", ordonna le Président le 24 mars 2004, et avec les faces des assassins, c'est une étape de l'horreur dictatoriale longuement prolongée après la dictature qui tomba dans le sous-sol de l'histoire.

"Ce sont des assassins que tout le peuple renie", dit-il quelques heures plus tard, devant l'ESMA (1) tout juste expropriée.

"Nous sommes les enfants des Mères" [de la Place de Mai], déclara-t-il peu de temps après devant l'Assemblée Générale de l'ONU, faisant pour la première fois un geste de vénération politique justifiée à l'égard des combattantes, qui l'écoutèrent avec émotion.

L'ancien Président Néstor Kirchner a changé l'histoire de l'impunité et de la honte de la démocratie et il a ouvert la possibilité institutionnelle d'une autre relation de forces matérielles et symboliques pour le peuple argentin face à ses ennemis de classe et de toujours.

Du siège de l'Université Populaire Madres de Plaza de Mayo, nous exprimons notre douleur à l'occasion de son décès, nous présentons à la Présidente Cristina Fernández l'expression de notre sympathie pour cette perte personnelle et politique qui nous touche et nous nous engageons à mettre notre vocation académique et militante au service du triomphe des projets d'égalité, de justice, de souveraineté [nationale] et d'unité latino-américaine entamés par Néstor Kirchner et approfondies par Cristina Fernández.

Jusqu'à la victoire, toujours !

Ville autonome de Buenos Aires, le 27 octobre 2010

Inés Vázquez
Recteur
(Traduction Denise Anne Clavilier)

(1) L'ESMA, école supérieure de mécanique de la marine, servit pendant la dictature de centre de détention clandestin et de centre de torture. Nombreux parmi les 30 000 disparus sont ceux qui y sont passés et plusieurs y ont été tués. Le bâtiment abrite aujourd'hui le centre culturel fondé par les Mères.

Les obsèques de Néstor Kirchner [Actu]

La Avenida de Mayo pleine de monde hier à la tombée du jour.
La bannière dit : "Néstor avec Perón, le peuple avec Cristina"

L'ancien Président de la République Néstor Kirchner sera mis en terre aujourd'hui, dans l'après-midi, à Río Gallegos, la ville où il est né en 1950, la capitale de la Province patagonienne de Santa Cruz, où il est aussi décédé il y a trois jours à Calafate.

Le cercueil et Cristina (debout à côté). La photo est diffusée par la Présidence de la Nation.
Au dessus du cercueil, des symboles : le drapeau national, l'écharpe présidentielle, le bâton de commandement (baston de mando), les deux insignes de la fonction présidentielle, et deux foulards blancs, qui représentent les combats de Madres de Plaza de Mayo et de Abuelas de Plaza de Mayo, deux causes fortement soutenues par les Kirchner, mari et femme. C'est Cristina elle-même qui les a déposés hier soir sur le cercueil de son époux.

La quasi-totalité du personnel politique, opposition et majorité confondues, Mauricio Macri y compris, est allé présenter ses condoléances à la Présidente et à la famille Kirchner, à l'exception du Vice-Président, Julio Cobos, et  Eduardo Duhalde, un des opposants péronistes à la mouvance kirchneriste.

La présidente de Madres de Plaza de Mayo et la Présidente de la République
(photo Présidence de la Nation)

Une cérémonie aura lieu aujourd'hui à Buenos Aires au Palais présidentiel à 10h puis le cercueil partira, accompagné de la famille, à Río Gallegos où l'avion est attendu à 14h.

La présidente de Abuelas de Plaza de Mayo avec la Présidente
(photo Présidence de la Nation)

Le maire de Río Gallegos a demandé à la population de sortir dans la rue pour saluer le cortège. Et au cimetière, les ouvriers préparent le caveau familial qui a été entièrement repeint hier.

L'hommage de Maradona (il est probable que c'est lui qui a déposé le chapelet sur les foulards).
Au centre, Cristina. Sur sa droire, Evo Morales, le président bolivien
(photo Présidence de la Nation)

Bien entendu, un deuil national de 3 jours a été décrété. A ce titre, de nombreux spectacles, conférences et autres activités culturelles et de loisir sont annulés. Ainsi Horacio Ferrer a fait partir hier un mail pour annoncer la fermeture jeudi et vendredi de la Academia Nacional del Tango, dont, de toute manière, l'accès doit être bigrement difficile en ce moment (il donne sur la Avenida de Mayo totalement occupée par la foule qui se rend à la veillée funèbre ou qui en revient, comme on peut le voir en haut de cet article).

Les messages de soutien sur les grilles de la façade de la Casa Rosada

jeudi 28 octobre 2010

Veillé à la Casa Rosada pour la première fois de l’histoire [Actu]

C’est à la Casa Rosada, dite aussi Casa de Gobierno, où le couple présidentiel argentin ne résidait d’ailleurs pas, qu’est veillé depuis 10h ce matin (heure locale) le corps de Néstor Kirchner, décédé dans la matinée d’hier. Le cercueil, exceptionnellement fermé (c’est vraiment très rare dans le monde hispanique), est entouré des portraits de Juan Domingo Perón et de Salvador Allende, deux chefs d’Etat de gauche, profondément opposé à la mainmise des Etats-Unis sur leur pays respectifs et qui furent tous les deux renversés par des coups d’état fomentés par la CIA. D’ordinaire, les funérailles d’Etat ont pour cadre le Palais du Congrès (el Congreso), qui est le siège de la représentation nationale avec ses deux chambres, la chambre des députés, dite Chambre basse, et le Sénat, la Chambre haute, dont la constitution veut qu’elle soit présidée par le Vice Président de la Nation. Le premier personnage protocolaire du Congrès est donc le Président du Sénat. Or le président du Sénat, actuellement, c’est Julio Cleto Cobos, ancien allié électoral de Cristina de Kirchner, la Présidente de la République, mais qui s’est éloigné d’elle en juillet 2008 à partir de son refus de voter une loi de taxes douanières indexées sur le cours mondial des produits et affectant les exportations de céréales et de soja (voir mon article du 19 juillet 2008, qui a inauguré ce blog). On se souvient aussi (en tout cas les lecteurs de Barrio de Tango, eux, s’en souviennent, s’ils connaissaient déjà ce blog à cette époque) que lors de la veillée du Président honoraire Raúl Alfonsín, et alors que Néstor Kirchner était en représentation de sa femme, en déplacement à l’étranger, les deux hommes, Néstor Kirchner, l’homme fort du PJ, et Julio Cobos, alors l’un des hommes forts de l’UCR (sa cote a beaucoup baissé au sein de son propre parti depuis quelques mois) s’étaient soigneusement évités (voir à ce sujet mes articles au sujet de Raúl Alfonsín, le précédent ancien chef de l'Etat à avoir reçu des funérailles nationales depuis le retour de la démocratie en 1983)

Avec Cristina (une photo publiée par El Mundo, quotidien espagnol)

La raison officiellement donnée pour justifier ce changement de lieu, pour cette cérémonie d’Etat, est la plus grande facilité qu’il y aurait à recevoir la très grande foule attendue au Salon des Patriotes Latino-Américains au Palais du Gouvernement plutôt qu’au Congrès. Et le fait est que ce matin, la file d’attente à l’entrée de Balcarce 50 était déjà très, très, très longue. Cependant, la disposition de la chapelle ardente est bigrement politique et on s’imagine bien que Cristina Fernández de Kirchner n’ait pas vu d’un bon œil la perspective d’un protocole où Julio Cobos aurait eu si belle place… Julio Cobos a d’ailleurs annoncé qu’il s’abstiendra de paraître à la veillée funèbre et il a appelé au téléphone le Premier Ministre pour le charger de transmettre ses condoléances à Madame Kirchner, ce qui en dit long sur l’impossible réconciliation politique entre la Présidente et son Vice-Président et augure bien mal de ce qu’il reste à courir de leur mandat commun ! On a connu Julio Cobos plus élégant dans son comportement public.

Lors de sa prestation de serment présidentiel, en décembre 2003 (photo publiée par Die Welt, quotidien allemand)

Un certain nombre de chefs d’Etat de la région sont déjà arrivés ou sont en train d’arriver à Buenos Aires pour participer à cette veillée et aux obsèques qui suivront. Les Etats-Unis, en pleine campagne électorale de mi-mandat, envoient Hillary Clinton pour les représenter. Tous les chefs d’Etat du sous-continent font le déplacement eux-mêmes.

Madres de Plaza de Mayo hier sur la Plaza de Mayo, rassemblement en soutien à Cristina

Côté journaux (ci-contre la foule sur la Plaza de Mayo, côté Cabildo, à l'opposé du palais présidentiel, attendant de pouvoir se recueillir devant le catafalque), la presque totalité de l’édition de Página/12 est consacrée à un hommage au disparu, y compris les pages culturelles qui ne contiennent que des articles sur Néstor Kirchner signés par des artistes reconnus : le poète communiste Juan Guelman, l’auteur-compositrice-interprète de folklore Teresa Parodi, le rockeur Gustavo Santaolalla (auteur du film El café de los Maestros)…
Sur Clarín, vous trouverez une multitude de vidéos et d’articles relatant les différents événements des journées d’hier et d’aujourd’hui et des archives, des montages de toutes sortes. Attention : Clarín joue sur la vague de l’émotion (c’est l’un des journaux anti-kichneristes les plus virulents). Pour les amateurs d’émotions fortes, vous pouvez assister à l’arrivée de la dépouille sur le tarmac de l’Aeroparque Jorge Newberry, l’aéroport national de Buenos Aires, réservé aux vols intérieurs.

La Nación (opposition libérale) se joint à l’hommage (ils ne peuvent pas faire autrement, tant l’émotion de la rue est forte) avec beaucoup d’effets techniques sur leur site (en particulier un diaporama automatique en une). Ils ont choisi des images très vivantes, surtout des images du couple présidentiel, avec des éclats de rire partagés et des moments de tendresse… Ils jouent sur le sentiment mais avec tact pour autant que j’ai pu le constater. La Nación rapporte même les propos d’un premier ministre qui semble personnellement touché (il y aurait de quoi), Aníbal Fernández (aucun lien de famille avec la Présidente) qui déclare que "Después de la partida de mi viejo, nunca tuve un día tan triste" (Après le départ de mon père, je n’ai jamais vécu un jour aussi triste).

Les quotidiens uruguayens eux aussi rendent hommage à l’ancien chef d’Etat voisin, avec de nombreux articles et des titres favorables, malgré les tensions qui avaient opposé il y a à peine quelques années Néstor Kirchner et Tabaré Vázquez au sujet de l’implantation de la papeterie Botnia à quelques kilomètres de la rive du fleuve Uruguay dans le nord de la République orientale.

Le couple présidentiel tel que The Guardian (quotidien britannique) a choisi de les montrer

Dans une telle abondance d’hommages et devant ce déferlement d’émotion que la presse amplifie peut-être (1), il est bien difficile, pour ne pas dire impossible, de faire un choix d’articles vraiment significatif et lisible pour le lecteur francophone. Je vous invite donc à vous connecter vous-mêmes sur les sites des journaux, tant argentins qu’uruguayens et à faire votre propre exploration. Vous trouverez les liens dans la rubrique Actu de la partie inférieure de la Colonne de droite, en bas de laquelle vous accédez aussi au traducteur en ligne Reverso, qui peut vous aider en l’espèce (vous pouvez faire traduire en traduction automatique des articles complets). Cependant, il est possible que vous ayez quelque mal à vous connecter aux sites des quotidiens de Buenos Aires : ils sont pris d’assaut par la diaspora argentine et sud-américaine partout dans le monde et ils ne sont pas prévus pour être aussi sollicités. Donc parfois, ça rame, comme on dit en français populaire.

Voici à titre tout à fait indicatif et pour vous aider dans votre navigation dans la presse argentine quelques liens avec des articles ou des blocs d’articles qui me paraissent éclairants :

Mais une fois n’est pas coutume, commençons par les réactions en français :

Quotidiens français :
L’article matinal du Monde (paru très tôt sur le site du quotidien) Attention : les articles du Monde ne restent que quelques jours en accessibilité gratuite. Il en va de même pour la plupart des quotidiens d’information francophones en Europe.
L’article du Figaro (qui écrit entre guillemets que Kirchner est mort "subitement". On se demande à quel doute font allusion ces signes de ponctuation pour le moins inélégants dans cette occasion)
L’article de Libération

Quotidiens belges :
L’article du Soir, qui propose tout un cahier thématique en renvoyant à divers articles plus anciens, un fait exceptionnel dans cette revue de presse francophone
L’article de La Libre Belgique
Un entrefilet dans L’Avenir, qui reproduit la dépêche Belga.

Quotidiens suisses :
L’article du Temps
L’article de La Tribune de Genève
24 Heures, quant à lui, est muet : on y parle bien d’une mort significative, mais c’est celle du poulpe Paul. Un poulpe allemand, ça doit être plus important, même pour des Suisses romands !

Et côté argentin :
L’article de Juan Guelman dans Página/12
Le cahier culturel du jour dans Página/12
La déclaration poignante de Aníbal Fernández dans La Nación

Ne pas oublier les autres quotidiens importants d’autres pays (en dehors de l’Uruguay, dont vous avez un lien avec les principaux quotidiens nationaux, tous eux aussi remplis de la même nouvelle, dans la rubrique Actu de la Colonne de droite) :

Quotidiens espagnols :
Le cahier publié par El País à la une de son site internet (le journal de Madrid, à ne pas confondre avec celui de Montevideo)
L’article (pas très aimable) de El Mundo
Le cahier de ABC (vraiment pas en une mais bien fourni néanmoins)

Quotidiens italiens (beaucoup d’Argentins sont d’ascendance italienne)
L’article du Corriere della Serra
L’article de La Stampa
Le diaporama de La Stampa
La Repubblica, quant à elle, n’accorde qu’un rapide entrefilet et il faut bien chercher pour le trouver.

Et le New York Times, qui donne le la de la côte Est, celle du gouvernement fédéral des Etats-Unis. Son article vient du correspondant permanent à Sao Paolo qui s’est déplacé à Buenos Aires pour l’occasion. Ils n’ont même pas de correspondant à Buenos Aires !
A noter aussi que les grands quotidiens allemands, à diffusion nationale, parlent tous du décès de l’ancien président argentin (Die Welt, Die Presse, Die Zeit, Die Süddeutsche ZeitungDie Frankfurter Allgemeine Zeitung…). C’est aussi le cas de la plupart des grands quotidiens britanniques et d’au moins un journal irlandais (The Irish Times).

(1) Même les opposants font taire leur acrimonie habituelle devant la brutalité de l’événement et sa portée symbolique et politique.

mercredi 27 octobre 2010

Néstor Kirchner est mort [Actu]

Capture d'écran sur le site du quotidien

Après plusieurs accidents cardiaques répétés ces derniers mois, la mort de Néstor Kirchner ce matin arrive tout de même comme une grande surprise. Il n’avait que soixante ans.

C’est un ancien président de la république qui disparaît et l’une des figures de proue du péronisme d’après la Dictature et d’après la catastrophique présidence de Carlos Menem dans les années 90. C'est lui qui avait fait relancer les procès contre les bourreaux de la Dictature et l'enquête sur l'attentat de l'AMIA. C'est lui aussi qui eut la redoutable responsabilité de conduire l'Argentine juste après l'effondrement économique de décembre 2001. Il avait immédiatement précédé à la magistrature suprême sa propre épouse, l’actuelle présidente, et la passation de pouvoir entre les deux, le 10 décembre 2008, avait été une cérémonie très émouvante à bien des égards.

La crise cardiaque l’a surpris ce matin au cours d’une réunion à laquelle il participait dans la ville très touristique de Calafate, dans le sud du pays, où il avait investi pas mal d’argent dans des projets et des entreprises touristiques, investissements sur lesquels des bruits fâcheux avaient circulés et qu’il avait pu faire démentir l’année dernière avec beaucoup d’habileté politique. Il a été admis immédiatement à l’hôpital le plus proche mais les médecins n’ont rien pu faire. Sa femme était à ses côtés.

Plusieurs ministres du gouvernement fédéral se sont aussitôt rendus à Calafate, d’où ils convoieront très certainement le corps jusqu’à Buenos Aires où l’ancien mandataire sera très certainement veillé, dans la salle des Pas Perdus du Congrès ou un autre salon d’honneur, dès ce soir avant des obsèques qui pourraient avoir lieu dès demain. La veillée qui se prépare donnera la mesure de sa popularité et des chances de l’actuelle majorité aux élections de l’année prochaine. Déjà, certaines voix se sont élevées en Argentine pour rendre hommage à l’homme et Estela de Carlotto, la Présidente de Abuelas de Plaza de Mayo, autorité morale s’il en est, en fait partie, ainsi que Pino Solanas, pourtant presque hostile aux Kirchner dans la lutte politique…

Plusieurs chefs d’Etat latino-américains ont déjà rendus un hommage vibrant à celui qui avait pris, il y a quelques mois, la présidence de l’Union régionale, l’UNASUR. Chavez a été parmi les premiers à s’exprimer. Curieusement, Pepe Mujica, le voisin uruguayen, si prompt à relancer le processus d’entente transfrontalière, ne fait pas parmi de ces tout premiers chefs d’Etat à exprimer leurs condoléances.

La mort soudaine de son mari sera-t-elle pour Cristina l’année prochaine ce que la mort d’Evita fut pour Perón ? Un formidable atout ! En tout cas, c’est certainement un coup rude pour les ambitions présidentielles de Mauricio Macri, le principal présidentiable d’opposition, après la série de scandales dans lesquels il est impliqué.

Il est probable que toutes les Ambassades d’Argentine vont ouvrir un livre de condoléances dès demain.

A 20h, ce soir, un rassemblement aura lieu Plaza de Mayo en signe de soutien à la présidente Cristina Fernández plus de Kirchner que jamais…

Et comme toujours dans ce cas, Barrio de Tango se met à l’heure de l’Argentine : les articles d’aujourd’hui et de demain (peut-être aussi de vendredi) ne parleront que de ce décès et des événements qui vont l’entourer.

A mes très amis argentins péronistes K (j’en compte un bon paquet), j’adresse ce soir un salut affectueux. Je sais qu’ils sont tristes et qu’ils attendaient encore beaucoup de ce combattant tenace et madré qui savait rebondir comme peu.

Pour aller plus loin :
Lire l’article de Página/12 (déjà plus développé et déclinée en plusieurs articles)
En France : Le Monde a consacré à cette disparition une analyse exceptionnellement longue que je me devais de souligner.

mardi 26 octobre 2010

Alan Haksten Grupp au Black Market : le tout est parfaitement portègne [à l'affiche]


L’orchestre Alan Haksten Grupp sera au Black Market, à Piedras 545 (1), le vendredi 29 octobre 2010 à 22h précises (en tout cas, c’est ce que dit l’affiche) et partagera la soirée avec un groupe de DJ’s.

L’affiche de la soirée vous permet de visualiser au soleil couchant une partie de Puerto Madero, le quartier le plus récent de Buenos Aires, le plus cher aussi et l’un des plus moches, totalement dépourvu d’une âme quelconque, avec ses anciens docks de briques rouges transformés en lofts, en restaurants et en boutiques de luxe le long de l’ancien port de commerce international, aujourd’hui désaffecté et que d’ailleurs on ne voit pas ici –pourtant c’est tout ce qui dans le coin a encore un peu de cachet-, et derrière sa forêt permanente de grues et de gratte-ciels tous plus hideux les uns que les autres... Au premier plan, le Río de la Plata.

Ceci dit, la musique de Alan Haksten, elle, est belle. Comme celle de Ciudad Baigon, de Astillero, de la Fernández Fierro, mais dans un style singulier, différent de chacun de ces autres groupes de jeunes musiciens, elle dit la rebellion de la jeunesse contre cette Buenos Aires-là, cette Buenos Aires de l’argent, de l’affaire, des spéculations boursières et de l’investissement du revenu de l’exportation du soja...

(1) L’affiche annonce San Telmo, mais cette adresse-là est encore à Monserrat. San Telmo commence 150 mètres plus au sud.

Cette semaine au CAFF [à l'affiche]

Le CAFF, c'est le lieu qu'anime la Orquesta Típica Fernández Fierro rue Sánchez de Bustamante dans le quartier de l'Abasto.

Demain, mercredi 27 octobre 2010, à 22h30, concert de l'orchestre, à 25 $ la chaise seule et 35 $ attablé.

Puis vendredi 29 octobre, à 22h, nouvelle présentation du disque Tango Tango 3, de Walter Chino Laborde, le chanteur de l'orchestre, et Diego Dipi Kvitko, le guitariste qui conduit par ailleurs le quatuor Catenacho. Pour l'occasion, ils partageront la scène avec le trio Las Bordonas, composé de deux guitaristes et un chanteur, qui ont eux aussi leur propre nouveau et deuxième disque à présenter : 2010.

Vous trouverez le site de l'OTFF dans la rubrique Grillons, zorzales et autres cigales, dans la partie inférieure de la Colonne de droite.
Le site de Las Borbonas n'y figure pas. Cliquez sur le lien pour y accéder.
Quant au disque de Chino Laborde et Dipi Kvitko, vous pouvez le découvrir à travers plusieurs articles que je lui ai déjà consacrés en cliquant sur le nom de l'un ou l'autre des musiciens dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus.

Des salaires en augmentation de 30% en moyenne [Actu]

Selon un article publié hier matin dans les pages économiques de Clarín, on parle d'une augmentation supérieure des salaires à l’inflation, essentiellement dans les entreprises qui adhèrent à une convention collective (ou son équivalent en droit social argentin : il faut toujours faire très attention avec la traduction car les réalités juridiques argentines sont toujours un peu différentes des réalités européennes).

Les chiffres annoncés vont d’une moyenne de 21,61% pour les salariés travaillant dans des entreprises sans convention collective à 30%, toujours en moyenne, dans celles qui en ont une.

Les perspectives de développement s’améliorent par rapport à l’année dernière (dans un article récent des Chroniques de Buenos Aires, je vous avais raconté combien j’avais été frappée de la disparition des enfants mendiants dans le métro en août par rapport à l’année dernière et par l’amélioration des conditions de travail des cartoneros, les chiffonniers banlieusards venant travailler à Buenos Aires, voir mon article du 15 septembre 2010).

On observe une augmentation des embauches et l’apparition de politiques très affirmées dans un certain nombre d’entreprises pour fidéliser les salariés occupant des postes clé. Les salaires ont augmenté et les primes versées aussi ainsi que les avantages sociaux accordés au personnel dans le secteur privé…

Plutôt une bonne nouvelle dans l’ensemble que cet article, même si sur le terrain, les Argentins ne voient pas vraiment de signes tangibles d’amélioration, chacun dans sa situation personnelle et individuelle.

Pour en savoir plus :

dimanche 24 octobre 2010

Página/12 s'alarme du triste état des orchestres publics à Buenos Aires [Actu]

Le quotidien argentin Página/12 consacre la une de ses pages culturelles de ce dimanche à faire une recension des problèmes sociaux et économiques que rencontre en ce moment l'ensemble des orchestres publics dépendant du Ministère de la Culture de la Ville de Buenos Aires et le tableau n'est pas rose.

Déjà dans son numéro spécial pour ses 15 ans (voir mon article du 10 juillet 2010), la revue El Tanguata avait donné la parole à un des musiciens de la Orquesta del Tango de la Ciudad de Buenos Aires qui a fêté, il y a quelques semaines, les 30 ans de sa fondation dans l'indifférence générale, le ministère n'ayant pas mis les moyens requis pour promouvoir l'événement, contrairement à ce qui avait été fait l'année dernière pour les 40 ans de la création de Balada para un loco (voir l'article du 11 décembre 2009 par Solange Bazely, exceptionnelle envoyée spéciale de Barrio de Tango à Buenos Aires pour l'occasion).

Le constat était déjà terrifiant : non remplacement des musiciens partis à la retraite, absence de réparation des instruments, non payement des salaires des musiciens et ce non seulement à la Orquesta del Tango, mais aussi à l'Harmonie municipale, à l'Orcheste Philarmonique, à l'Orchestre du Teatro Colón qui n'est rien d'autre que l'opéra de Buenos Aires réouvert en grande pompe en mai dernier, pour les fêtes du Bicentenaire...

Bref, une situation catastrophique qui semble être la triste mais logique conséquence d'une politique culturelle qui n'est conçue qu'en termes de tourisme et de rentabilité par un gouvernement ultra-libéral issu du monde des affaires et qui gère la ville comme s'il s'agissait d'une entreprise (mais d'une entreprise qui va droit dans le mur, tant les décisions sont absurdes et l'organisation chaotique malgré le discours brillant de quelques huiles locales).

Pour en savoir plus :

L'enquête avance à pas de géant [Actu]

Pour une fois, la justice argentine avance à marche forcée.

Après la mort par tir d'arme à feu d'un manifestant mercredi, voilà qu'un premier suspect a déjà été arrêté et il ne s'agit pas d'un quelconque fusible mais bel et bien d'un responsable de la Unión ferroviaria, l'organisation patronale des chemins de fer, que la justice accuse d'avoir été à la tête du service d'ordre privé dont les membres ont fait usage de leur arme contre les militants syndicaux qui s'apprêtaient à envahir les voies.

Un mandat d'arrêt national et international a aussi été lancé contre un autre membre de cette troupe (patota) qui serait l'un des trois tireurs comptabilisés.

Reste à savoir bien sûr et c'est la suite de l'enquête qui devrait le déterminer si ces gens sont bien les responsables ou si quelqu'un cherche à leur faire porter le chapeau. D'autant que Clarín n'hésite pas à mouiller dans l'affaire plusieurs membres du gouvernement fédéral auprès desquels l'un des suspects poserait sur des photos visibles sur des comptes Facebook.

En tout cas, après l'inculpation d'un certain nombre de fonctionnaires territoriaux et parmi eux de hauts gradés dans la Direction des Habilitations après l'effondrement du Bar Baera à Palermo le 10 septembre dernier (voir mon article du 11 septembre 2010), c'est une nouvelle et rapide réaction qu'il faut saluer.

La justice argentine a la réputation de laisser traîner les dossiers. Fasse le ciel que cette époque soit révolue.

Pour en savoir plus :

samedi 23 octobre 2010

Ma prochaine conférence : Salon L'Autre Livre à Paris [ici]

Si j'ai donné mes deux premières conférences d'académicienne correspondante à Paris de la Academia Nacional del Tango de la República Argentina (voir mon article du 27 septembre 2010 avec images de la cérémonie présidée par Luis Alposta) en français et en France à Orléans (voir mon article du 17 septembre 2010) et à Caen (voir mon article du 22 septembre 2010), me voilà de retour dans notre bonne ville de Paris, en plein coeur historique de la capitale, pour une conférence sur l'histoire du tango et de son développement culturel dans la Buenos Aires du 19ème siècle et du début du siècle dernier, à l'Espace d'Animation des Blancs Manteaux, 48 rue Vieille du Temple, dans le 4ème arrondissement, le dimanche 14 novembre 2010, à 14h.

Ce sera dans le cadre du Salon L'Autre Livre, un salon organisé par un groupe d'éditeurs indépendants, du jeudi 11 novembre au dimanche 14 novembre. J'y serai tous les après-midi sur le stand des Editions du Jasmin pour dédicacer mon livre Barrio de Tango, rencontrer le public et partager cette passion qui est la mienne avec vous, les lecteurs de ce blog. Sous toute réserve en ce qui concerne le jeudi 11 novembre. Pour l'heure, le stand du Jasmin ne peut pas accueillir deux auteurs (il constitue pour le moment un angle et dans un angle, on ne peut pas mettre deux chaises). Il est donc possible que je cède l'unique chaise à ma consoeur et amie, Sabine du Faÿ, auteur d'un roman d'anticipation pour adolescents. Si notre stand change de localisation, je viendrai modifier cet article en conséquence. Dans tous les cas de figure, je serai là les 12 et 13 novembre, à partir d'environ 14h30, et dès 14h le dimanche 14, pour commencer la journée Salon par ma conférence.
Dimanche, je ne sais pas comment nous ferons pour nous partager l'unique chaise qu'on peut mettre dans un angle mais un autre auteur du Jasmin sera présent : Rachid Sadaoui, l'auteur de Sonakaï.

Dans cette belle halle en pierres de taille, typique d'une certaine architecture fonctionnelle parisienne, ils seront plus de 150 éditeurs, français et étrangers, pour vous proposer leurs catalogues originaux, loin du prêt-à-penser des supermarchés du livre. Un beau week-end d'automne pour les amoureux de la culture et les chercheurs d'authenticité...

Pour en savoir plus :
visiter le site (très riche) du Salon L'Autre Livre

Prochaine dédicace : le Salon de l'Ecrit en Aulnoye à Gagny [ici]

Si Dieu me prête vie (ce qu'il ne manquera pas de faire), je serai présente pour une dédicace et une rencontre avec le public sur le stand des Editions du Jasmin au 1er Salon de l'Ecrit en Aulnoye, organisé à Gagny (Seine Saint Denis), en proche région parisienne. J'y présenterai une nouvelle fois ma première anthologie, Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, publiée au mois de mai cette année (et accompagné d'un disque Melopea de 22 morceaux, issus du livre, of course).

Le Salon aura lieu Salle Arena, 121 rue Jules Guesde (à Gagny) le samedi 30 octobre de 9h à 18h.
Entrée libre et gratuite.

Il est organisé par la Société historique du Raincy et du pays d'Aulnoye à l'occasion de son 100ème anniversaire. Le Salon accueille des écrivains, des éditeurs, des libraires, des associations qui éditent des ouvrages, des artisans du métier du livre et bien sûr des lecteurs sans lesquels les livres n'existeraient pas. L'invité d'honneur est Gérard Aubert, dramaturge : sa pièce de théâtre Sentiments provisoires a connu la saison dernière un grand succès à Paris avec une belle distribution (Sylvie Testud, Pierre Arditi, François Berléand).

Sur les éditions du Jasmin et leur catalogue, je vous invite à consulter mes articles précédents sur les autres salons dont j'ai eu l'occasion de parler dans ce blog (en cliquant sur le mot-clé Jasmin dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus) et à consulter son propre site, dont vous trouverez le lien dans la rubrique Cambalache (casi ordenado), dans la partie basse de la Colonne de droite.

Pour connaître l'ensemble de mes activités, cliquez sur le mot-clé ABT dans le bloc Pour chercher ou sur le raccourci Agenda de Barrio de Tango, en haut de la Colonne de gauche. Tout en bas de la Colonne de droite, vous trouverez aussi des informations sur mon admission en août au sein de l'Académie Nationale du Tango de la République Argentine en qualité d'Académicienne Correspondante à Paris.

Pour en savoir plus sur le Salon de l'Ecrit en Aulnoye, consultez leur blog, qui n'est pas encore très nourri... Normal, c'est la première édition !

Abuelas fête ses 33 ans [Actu]

Affiche de l'exposition extraite du site de Abuelas (voir lien en partie basse de la Colonne de droite)

L'ONG Abuelas de Plaza de Mayo (grand-mères de la place de Mai) a fêté hier, vendredi 22 octobre 2010 à 18h, ses 33 ans d'existence et surtout les 102 personnes retrouvées et identifiées. Malgré la tragédie de mercredi dernier, qui a vu mourir un jeune militant syndical dans un affrontement entre protestataires et milice patronale, l'anniversaire a donné lieu à une fête à laquelle ont participé les petits-enfants retrouvés et les arrières-petits-enfants ainsi que les autres associations qui se sont fondées autour du thème des disparus de la Dictature (1976-1983), HIJOS (anagramme signifiant enfants en espagnol), Familiaires de Desaparecidos y Detenidos por Razones Políticas (Parents de disparus et de détenus pour raisons politiques), Madres de Plaza de Mayo (Mère de la place de Mai) et Madres de Plaza de Mayo línea fundadora (1).

Pour l'occasion, Abuelas a monté une exposition en deux espaces différents dans le Hall Central de la Maison de la Télévision Publique (2) dans le quartier de Palermo, sur ses 33 ans d'histoire, les luttes menées, les histoires des petits-enfants retrouvés (3). Etait également présent à cette inauguration festive le Sénateur Daniel Primus, très impliqué dans la promotion du combat de Abuelas (c'est lui qui a proposé l'ONG à trois reprises pour le Prix Nobel de la Paix, voir mon article n° 1300 du 21 avril 2010 et la lettre -en illustration- que Diego Maradona, ex-sélectionneur national, a adressée le 4 octobre dernier au Comité Nobel avant l'attribution du Prix qui est allé, comme vous le savez, cette année, à un militant des droits de l'homme chinois, actuellement en prison) et dans tous les enjeux de la culture et de l'éducation.

Lettre de Diego Maradona (image extraite du site de Abuelas)

“Me emocioné porque vi a muchas compañeras que ya no están, pero también veo a la gente que nos acompaña en el presente. Estamos más viejas pero más fuertes y estos 33 años valieron la pena”
Estela de Carlotto, actuelle présidente de Abuelas, citée par Página/12

J'ai été émue parce que j'ai vu beaucoup de camarades qui ne sont plus là mais j'ai aussi vu les gens qui nous accompagne actuellement. Nous sommes plus vieilles mais plus fortes et ces 33 ans valaient la peine.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

L'exposition est ouverte tous les jours jusqu'au 7 novembre prochain, de 8h à 20h. Entrée libre et gratuite.

Il reste encore environ 400 personnes à retrouver parmi les enfants enlevés pendant la Dictature (ce chiffre est nécessairement approximatif parce que nul ne connaît exactement le nombre de femmes enceintes parmi les opposantes arrêtées par la Junte).

Pour en savoir plus :
Lire l'article de Página/12 sur l'inauguration et l'expositon
Pour s'informer (en français) sur les nouvelles récentes de l'association, cliquez sur le mot-clé Abuelas dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus. Pour élargir ces questions, cliquez sur le mot-clé JDH (anagramme de Justice et Droits de l'Homme). Vous trouverez aussi la même sélection de mes articles en cliquant sur le raccourci Juste et Droits de l'Homme dans la Colonne de droite (partie supérieure).

(1) Contrairement à ce qu'on peut être tenté de penser en Europe, où l'on a souvent perdu le souvenir de ces luttes que nous connaissions bien dans les années 70, les militantes de Abuelas (grand-mères) et des deux ONG de Madres (Mères) appartiennent à la même génération. Les premières recherchent des personnes qui étaient des enfants en bas-âge sous la Dictature et Madres recherchent des personnes qui étaient des adultes jeunes ou dans la force de l'âge et qui ont disparu à cause de leur action militante. Les deux associations de Madres se sont séparés peu de temps après le retour de la démocratie (fin 1983) pour des désaccords sur le devenir et la nature politique de leurs objectifs. Madres de Plaza de Mayo a développé des activités connexes à la recherche des disparus, notamment beaucoup d'activités culturelles et pédagogiques, jusqu'à fonder une radio (La Voz de las Madres), un centre culturel (ECuNHi, Espacio Cultural Nuestros Hijos) et une Université Populaire qui vient de se voir reconnaître un statut d'Université délivrant des diplômes reconnus à l'échelle nationale. Madres Línea Fundadora est restée uniquement consacrée à la recherche d'informations sur les disparus adultes. Vous pouvez trouver les liens vers plusieurs sites de ces ONG dans la partie inférieure de la Colonne de droite.
(2) Pour information, l'Argentine possède deux chaînes publiques nationales, une chaîne généraliste, Canal 7, et une chaîne culturelle et éducative, Canal Encuentro, sur laquelle vous pouvez trouver des émissions très intéressantes en téléchargement gratuit, à la seule condition de vous inscrire sur le site en donnant votre nom et une adresse mail. Cela leur permet de suivre la fréquentation des émissions à télécharger.
(3) Les histoires de ces adultes arrachés en bas-âge, voire à leur naissance, à leurs parents pour être confiés le plus souvent en adoption plénière à des couples complices de la Junte militaire alors au pouvoir, toujours avec des papiers falsifiés, des dates et lieux de naissance fausses, des filiations dissimulées ont inspiré plusieurs tangos au cours des 10 dernières années. Il y en a deux, l'un de Marcela Bublik, l'autre de Raimundo Rosales, dans mon prochain livre, dont je viens de terminer la correction des épreuves (à paraître en décembre prochain, aux Editions Tarabuste, dans la revue Triages).

vendredi 22 octobre 2010

Grande manifestation de protestation après la mort par balle d’un jeune ouvrier [Actu]

La mort d’un jeune militant syndicaliste de 23 ans avant-hier après-midi, à la suite d’un coup de feu tiré par une milice de sécurité privée au service de Ferrocarril Roca, a fait sortir les gens dans la rue à Buenos Aires hier soir.

Plusieurs militants politiques et sociaux avaient appelé à ce défilé : les dirigeants du Partido Obrero, organisateurs de la manifestation ouvrière qui a si mal tourné, Jorge Altamira et Marcelo Ramal, des dirigeants de la CTA (Centrale des Travailleurs Argentins, un syndicat alternatif anti-système), la présidente de Madres de Plaza de Mayo Linea Fundadora, Nora Cortiñas (1), le député portègne Pino Solanas (oui, le cinéaste, devenu homme politique à gauche toute !) et diverses autres personnalités.

La presse revient longuement aujourd’hui sur les faits, leurs origines, leurs causes et leurs conséquences, par des analyses passionnées et partisanes.

Photo La Nación
La manifestation des partis de gauche esquina Corrientes et Callao (à gauche de l’image, vous voyez l’enseigne du célèbre disquaire Zivals)


Hier en rapportant les faits (voir mon article du 21 octobre 2010), je n’ai pas illustré mon propos de photos. La Une de Página/12 exhibait le cadavre du jeune homme. Certes, c’est un réflexe culturel très argentin (et très hispanique en général) mais pour notre sensibilité européenne non espagnole, c’est plus choquant qu’autre chose et j’ai préféré m’en abstenir pour rendre hommage de ce côté-ci de l’Atlantique à ce garçon à notre manière de francophones. Aujourd’hui, Página/12 fait sa une avec la manifestation qui a parcouru les rues de Buenos Aires hier soir et à laquelle le blessé, Nelson Aguirre, touché à une jambe et à une fesse et brièvement hospitalisé pour recevoir les soins inhérents à ces blessures sans gravité excessive, était dans le cortège, en chaise roulante. Deux filles de l’autre victime, la femme de ménage uruguayenne Elsa Rodríguez, touchée à la tête, étaient elle aussi dans le cortège. Leur mère se trouve toujours entre la vie et la mort, en soins intensifs à l’hôpital Argerich, à Buenos Aires, où les médecins l’ont placée en coma artificiel.


Ci -dessous : les militants ouvriers le long de la voie de chemin de fer, après la mort de leur compagnon. Cela vous donne une idée de ce à quoi ressemblait le quartier de tango (barrio de tango) décrit par Homero Manzi dans Sur et dans Barrio de Tango : el terraplén dont il y est question, c’est ça, cette levée de terre au-dessus de laquelle circulait un train, qui, lui, a maintenant disparu. Vous voyez : le tango ne parle pas d’une ville imaginaire ou désincarnée !



Avec le temps, on en sait un peu plus sur cette femme humble, arrivée en Argentine sans savoir lire ni écrire, qui vit à Berazategui, une ville de la banlieue sud dans le Gran Buenos Aires, d’où elle va trois fois par semaine faire des ménages dans la capitale pour un salaire de 10 $ de l’heure ($ = peso argentin). Clarín lui consacre un article entier, avec un ton certes un peu misérabiliste (il faut bien que la rédaction montre une fois de plus son hostilité au Gouvernement en place) mais qu’il est bon de lire. Ne serait-ce que pour se faire sa propre idée.

Pour aller plus loin :
Lire l’article de Página/12 sur l’accord de réintégration des travailleurs externalisés de Ferrocarril Roca au sein de leur entreprise d’origine signé au Secrétariat d’Etat au Travail (gouvernement fédéréal).
Lire l’article principal de La Nación (opposition de droite libérale)

(1) En l’occurrence, l’autre association, Madres de Plaza de Mayo, fortement péroniste (or le Gouvernement est attaqué dans cette histoire), a pris position à travers un communiqué de presse de l’Université Populaire Madres de Plaza de Mayo que j’ai trouvé hier dans ma boîte mail en rentrant de mon travail.

El Tangauta lance Tangauta TV sur Internet [à l’affiche]

La revue portègne El Tangauta, consacrée au tango en privilégiant très clairement la danse, les cours, les stages et les milongas, va lancer son projet de télévision sur le Web le samedi 30 octobre prochain en retransmettant, à partir de 22h, le dernier concert du 50ème anniversaire du Quinteto Real, avec les Maestros Horacio Salgán et Leopoldo Federico, en direct du Centro Cultural Torcuato Tasso.

Avec le décalage horaire Argentine-Europe (actuellement 5 h, puis 4 heures après notre passage à l'heure d'hiver) et le fait qu’on change d’heure précisément cette nuit-là en Europe atlantique, ça ne va pas être commode pour nous. Mais nos amis québécois auront plus de chance : ils sont dans le même fuseau horaire de Buenos Aires…

Si vous pouvez veiller jusqu’à cette heure tardive, ça en vaut sûrement la peine ! Le concert sera rediffusé le lendemain, dimanche 31 octobre, à la même heure difficile pour les Européens mais en France, en Belgique et dans certains cantons suisses, le lendemain est férié (pas en Argentine).

Voir mes autres articles sur l’événement tanguero de ce mois d’octobre, qui est aussi l’un des grands événements de l’année : mon article du samedi 16 octobre 2010 et celui publié le 18 octobre autour d’une revue de presse du week-end.

Et pour info, le numéro de novembre de la revue aura Amelita Baltar en couverture, Amelita Baltar qui vient à nouveau de faire le plein tous les samedis à Clásica y Moderna, avec Susana Rinaldi et Marikena Monti, et qui fut elle aussi une figure importante de cette année.

Une exception à la règle : quand je parle du Québec ! [là-bas]

En général, sur ce blog, je m’abstiens de parler de ce qui se passe au Québec, même si le Québec c’est bien la francophonie… Tout simplement parce que les journées n’ont que 24 heures, dont une partie est consacrée à gagner ma vie, une autre à dormir et que la troisième partie n’est pas extensible à l’infini… j’ai donc bien assez de travail comme cela avec l’actualité à Buenos Aires et les quelques tournées des artistes en Europe… Mais nos amis québécois célèbrent en ce moment le Festival littéraire Québec en toutes lettres dont le thème 2010 n’est autre que l’écrivain argentin Jorge Luis Borges. Et du coup, l’invitée d’honneur est Buenos Aires… Et le tango dans son sillage, le tango inscrit depuis tout juste un an au Patrimoine de l’Humanité par l’UNESCO. En cette année du Bicentenaire, avouez que ça tombe bien !

Dans la délégation portègne, Inés Bogado et Sebastián Jiménez, les récents champions du monde de tango salón, qui viendront aussi prochainement en Europe, où ils ont décroché quelques contrats comme tout bon couple champion du monde qui se respecte. Ils ont fait des démonstrations qui ont été chaleureusement applaudies par le public canadien et Clarín s’en félicitait ce matin sous la plume de son envoyé spécial (excusez du peu !).



Pour aller plus loin :
Lire l’article que Clarín consacre aujourd’hui à cette reconnaissance par la Belle Province
Et pour découvrir le programme de Québec en toutes lettres et ses propositions autour de Borges (en français !), se connecter au site de la manifestation. Il vous offre une petite causerie en vidéo de Gilles Pellerin, le conseiller littéraire de la manifestation, sur Borges et la découverte qu’il a lui-même fait de cette œuvre… qui ne lui a pas plu d’emblée.

Palermo Tango Fest jusqu’à la fin de la semaine prochaine [à l’affiche]


Palermo Tango Fest est un festival de danse parrainé par la revue El Tangauta qui se tient dans le quartier de Palermo du 22 au 31 octobre. Il propose des cours tous les jours entre 12h et 19h avec un certain nombre de professeurs, dont Milena Plebs, plusieurs adhérents de l’AMBCTA (voir leur site dans la rubrique Eh bien, dansez maintenant ! dans la partie inférieure de la Colonne de droite) et des champions du monde de tango salón couronnés dans les Mundiales qui se tiennent à Buenos Aires.

Fête d’ouverture et de clôture, milongas, démonstrations à gogo, bref un vrai festival de danse qui se tient à partir d’aujouurd’hui, à Chalmers, rue Niceto Vega, à la hauteur du 5248.

Pour plus d’information :
Vous pouvez accéder au site de la revue El Tanguata ainsi qu'à l'Association AMBCTA, à travers leur liens respectif placé dans la rubrique Eh bien dansez maintenant !, que vous trouverez dans la partie inférieure de la Colonne de droite.

jeudi 21 octobre 2010

Les mauvais souvenirs de la Semana Trágica resurgissent à Buenos Aires [Actu]

Un militant du Partido Obrero (parti ouvrier), Mariano Esteban Ferreyra, 23 ans, dont neuf de militantisme dans cette organisation (1), a été tué hier, dans le quartier de Barracas, par le tir d’une patrouille de sécurité ferroviaire : il était au milieu d'un groupe de compagnons, la plupart d’entre eux salariés récemment externalisés de la société de chemin de fer Roca (Ferrocarriles Roca), qui réclamaient leur réintégration dans leur entreprise d’origine. Le groupe tentait d’occuper les voies, celles-là mêmes qui passent au-dessus de ce fameux bar-restaurant Barracas qui servit de décor à Sur, le film de Pino Solanas, où Roberto Goyeneche chante (entre autres) Vuelvo al Sur (je reviens vers le Sud). Ils entendaient ainsi, comme il est fréquent en Argentine, et pas seulement en Argentine, la France en sait quelque chose en ce moment, alerter l’opinion sur leur sort peu enviable.

Bien évidemment, comme le pays est désormais une démocratie, une enquête a été ouverte par l’institution judiciaire. Mais il n’est pas sûr néanmoins qu’elle aboutisse à la découverte ni à la condamnation des vrais coupables. Le Gouvernement fédéral, par la voix notamment de Aníbal Fernández, le premier ministre (jefe de gabinete), s’est déclaré scandalisé mais le PO l’a mis en cause, au même titre que l’organisation patronale des chemins de fer, dans le communiqué émis après l’événement : la police fédérale n’aurait pas fait son travail correctement, le gouvernement n’assurerait donc pas comme il convient la liberté de manifestation. Certains syndicats, en particulier la CTA, dont le PO est proche, protestent et lancent différentes manifestations, dont plusieurs grèves.

On déplore deux autres victimes :
Elsa Rodríguez, une employée de maison, mère de famille de 7 enfants, elle aussi militante du PO depuis 7 ans, a reçu une balle en pleine tête. Elle a 56 ans, elle a été opérée avec un demi-succès (les médecins n’ont pas pu extraire tous les éclats du projectile répartis dans le cerveau). Elle se trouve donc dans un état critique et son pronostic vital est engagé.
Nelson Aguirre, jeune chômeur de 30 ans, également militant du PO, a été touché à la jambe droite et à la fesse gauche. Il est hospitalisé sans que ses jours ne soient en danger.

En 1919, un incident du même type, qui avait fait trois morts dans un premier temps, avait, dans ce même quartier de Barracas, provoqué un soulèvement populaire très long, d’une dizaine de jours, avec batailles rangées et scènes de guerrilla urbaine entre grévistes et forces de l’ordre, qui est resté dans l’histoire sous le nom de Semana Trágica, et dont on se souvient aussi comme de Los de Vasena (ceux de Vasena, du nom de l’entreprise qui employait les grévistes sur lesquels la police avait tiré). Plusieurs tangos font allusion à ces faits sanglants qui avaient abouti à la satisfaction des revendications ouvrières. Puente Alsina, dont Osvaldo Pugliese fit un remarquable enregistrement avec le chanteur Jorge Vidal (récemment disparu), est de ceux-là et pour cette raison, ce tango de Benjamín Tagle Lara a subi, à plusieurs reprises, les foudres de la censure…

Pour en savoir plus :
Lire l’article de Página/12 (quotidien de gauche, favorable à la protestation)
Lire l’article de La Nación (journal d’opposition au niveau national)

(1) En Argentine, le travail à 14 ans est légal. Ce sont donc parfois des enfants qui s’inscrivent dans les organisations ouvrières. Mariano Fereyra avait pris sa carte à l’âge de 14 ans. Il y a un an environ la majorité en Argentine a été porté de 21 à 18 ans.

Le Quinteto Angel Pulice et Ruth de Vicenzo au Musetta samedi soir [à l'affiche]


Angel Pulice et Ruth de Vicenzo, sans Carolina Cajal, leur nouvelle contrebassiste, qui travaille aussi avec China Cruel, se présenteront samedi 23 octobre au soir au Musetta Café, minuscule établissement dont je vous recommande le plateau pan y vino et le moelleux au chocolat, dans le quartier de l’Abasto.

Le concert est annoncé à 21h. Prévoyez d’y être à 20h pour ne pas faire des bruits de fourchettes pendant le concert (ne gâchons ni la nourriture ni la musique).

L'annonce ne comporte aucun prix. Mais le mail promet (en bas) des prix à gagner pour ls premiers à appeler pour réserver (1).

Copie d'écran du mail diffusé par Angel Pulice


(1) C'est une blague d'Angel, bien sûr !

Le Dúo Roggero à la Academia Nacional del Tango demain soir [à l’affiche]

Luis et Aquiles Roggero, fils de Aquiles Roggero, violoniste, pianiste et chef d’orchestre de l’époque d’or du tango, dans les années 40 et 50, présenteront demain soir, vendredi 22 octobre 2010, à 21h, leur nouveau CD Hermano Tango (Frère Tango), à la Academia Nacional del Tango, en présence du Maestro Horacio Ferrer, président et fondateur de l’institution.

Il sera demandé un droit d’entrée de 20 $.

Academia Nacional del Tango, Museo Mundial del Tango, avenida de Mayo 833, 1er étage.

Conférence de Solange Bazely à Cahors le 23 novembre [ici]

Solange Bazely donnera une conférence sur Cinéma et Tango le mercredi 23 novembre à la Médiathèque de Cahors à 17h.

Si vous êtes libre ce jour-là et à cette heure-là et que vous vivez ou séjournez à proximité, n'hésitez pas à en profiter.

Pour connaître un peu mieux Solange Bazely, vous pouvez cliquer sur son nom dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus : vous pourrez ainsi lire l'ensemble des articles où j'ai déjà parlé d'elle et de ses activités dans ce blog.
Elle est aussi l'une des co-organisatrices du Festival Tangopostale à Toulouse, un festival qui a fêté début juillet sa 2ème édition internationale.

mercredi 20 octobre 2010

Savoir choisir son spectacle à Paris... et attendre si besoin est ![ici]

Actuellement, le spectacle de tango for export (entendez de tango pour gogos d'étrangers) O Tango couvre certains murs du métro parisien, pour deux semaines de représentations au Casino de Paris au début du mois de novembre. J'ai déjà parlé de ce spectacle qui fait sa tournée annuelle en France toujours en automne. Je vous renvoie donc à cet article du 27 octobre 2009 qui vous dit ce que j'en pense.

Pour le reste, c'est cher et pas très authentique. Libre à vous d'y aller bien entendu, à Paris ou partout ailleurs en France où la troupe va certainement se produire, si vous aimez le cliquant et le cliché.

Si ce que vous recherchez, c'est le tango authentique, je vous invite à prendre plutôt votre mal en patience...

Vous allez avoir un très beau tour de chant le samedi 5 février 2011 à 20h au Théâtre des Champs-Elysées, avec des prix s'étageant entre 82, 67 et 42 € : le spectacle est celui que la chanteuse allemande Ute Lemper vient de présenter à Buenos Aires même et dans d'autres villes argentines, Last Tango in Berlin, un répertoire où elle chante du tango en espagnol, notamment du Piazzolla-Ferrer, en le revisitant dans sa tradition du cabaret berlinois de l'époque de la République de Weimar. Vous pouvez d'ores et déjà vous informer sur cette soirée délectable en lisant les larges extraits de l'interview qu'a donnée la chanteuse au quotidien Página/12 et que j'ai traduits dans un article du 5 octobre 2010 dans les colonnes de ce blog.
La réservation est ouverte au théâtre et sur son site.


Vous aurez aussi le retour en avril 2011 de deux volets du triptyque tango qu'Alfredo Arias présentait il y a un an avec les chanteuses-danseuses-comédiennes argentine Alejandra Radano et Sandra Guida au Théâtre du Rond-Point. Les deux spectacles qui reviendront au Rond-Point sont Tatouage (du 12 au 25 avril, à 21h), que la troupe vient de présenter avec succès au Teatro Presidente Alvear à Buenos Aires, et Cabaret Brecht Tango Broadway (du 13 au 23 avril, à 18h30), qui fait admirablement la paire avec le tour de chant d'Ute Lemper. Pour le tango Piazzolla-Ferrer, il faut voir Tatouage plutôt que Cabaret, mais Cabaret, c'est rudement bien aussi. Pour un répertoire toutes époques, tous auteurs, vous pouvez aller voir l'un ou l'autre volets et l'un et l'autre, c'est encore mieux.

Pour vous informer sur ces spectacles, vous pouvez lire l'ensemble d'articles que je leur ai consacrés dans ce blog en cliquant sur ce lien ou en cliquant sur l'un ou l'autre des noms des artistes dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus.

La place en tarif plein est à 31 € (il y a toute sorte de réductions pour les plus de 60 ans, les moins de 30 ans, les chômeurs et intermittents du spectacle, et les 12-25 ans titulaires de la Carte Imagin'R). Et on peut déjà acheter les places sur le site et sans doute aussi aux caisses du théâtre. Sur le site du théâtre, vous trouverez un diaporama de photos, des extraits audio et vidéo des spectacles.

Alors franchement, ça vaut le coup d'attendre et de garder vos sous, vos oreilles et vos yeux pour des artistes qui vivent le tango de l'intérieur.

Pour réserver le spectacle d'Ute Lemper, cliquez sur le lien.

Pour réserver Tatouage, cliquez sur le lien.
Pour réserver Cabaret Brecht Tango Broadway, cliquez sur le lien.