mercredi 30 mars 2011

Les 80 ans de El Faro [à l'affiche]


La fête revient au Bar El Faro à la limite entre Villa Urquiza et Villa Pueyrredón pour les 80 ans de sa fondation, ce vendredi 1er avril 2011. En Argentine, un pays jeune, on n'attend pas le siècle pour faire la fête. La plupart des chiffres ronds donnent lieu à célébration et c'est comme ça que peu à peu, se construit une identité nationale. C'est à force de créer des repères dans l'histoire au plus près de la vie des gens.

Depuis l'arrêt contraint, forcé et administrativo-corrompu, il y aura bientôt un an, des concerts traditionnels que Cucuza et Moscato y avaient installés sous le titre de El Tango vuelve al Barrio (ETvaB, pour les intimes) et qui ont permis à l'établissement de se faire reconnaître comme Bar Notable (établissement classé) en février 2010, c'est seulement la deuxième fois que les deux musiciens parvienent à y organiser à nouveau une fête artistique. Ils ont invité à les rejoindre pour l'occasion Juan Seren, le Dúo Púa Abajo, Juan Pablo Villareal, A Punto Fijo et le poète Raimundo Rosales (1), qui est presque toujours de la partie dans la salle...

Si le temps le permet (vous avez compris qu'au printemps, en été et à l'automne comme maintenant, il pleut souvent, et fort à Buenos Aires), des tables seront installées sur le trottoir.

Le spectacle est gratuit. Il commence à 21h30 (arrivez avant pour pouvoir commander et dîner avant le spectacle. Pas de bruit de fourchette pour accompagner la musique !).

Il faut impérativement réserver (El Faro, esquina La Pampa y Constituyentes) et pensez bien que tous les habitants du coin vont se précipiter (cela fait si longtemps qu'ils sont privés de leurs artistes !). Ceci dit, si vous pouvez encore trouver le bout d'un tabouret, ça vaut le coup. Et mille pardons à mes lecteurs qui sont à Buenos Aires et qui m'en voudront beaucoup de ne pas les avoir informés suffisamment à l'avance : mon ordinateur et moi avons des scènes de ménage épiques depuis une semaine. Les noms d'oiseaux volent entre nous !

(1) Raimundo Rosales est l'un des poètes dont je présente une dizaine de letras et de poèmes, dans Deux cents ans après, le Bicentenaire de l'Argentine à travers le patrimoine littéraire du tango, supplément 2010 de la revue Triages, Tarabuste Editions, janvier 2011 (Tarabuste Editions, rue du Fort, 36170 Saint-Benoît du Sault). Raimundo est un poète très marqué par la poésie espagnole et par l'effervescence artistique, socialement et politiquement fortement engagée, qui existait à Buenos Aires dans les annéees 60 et 70 avec le surgissement du rock nacional (grâce à Litto Nebbia et Luis Alberto Spinetta, dont je vous parlais avant hier à propos d'un disque de berceuses très particulier, voir mon article du 28 mars 2011) et la seconde révolution piazzollienne, celle qui démarre en 1968 (eh oui !) avec le début du partenariat entre Astor Piazzolla et Horacio Ferrer, autre poète présent dans Deux cents ans après, un duo créateur auquel Raimundo a souvent rendu hommage, notamment à travers Palabras para Astor, p 42, et Las manos de Horacio, p 55 (que vous pouvez écouter sur la liste d'écoute Deux cents ans après sur ma page Myspace). Il a aussi écrit un très beau Elogio de la duda (éloge du doute), sur le vécu des adultes que sont devenus aujourd'hui les enfants volés à leurs parents pendant la Dictature, un régime que Raimundo a fui en se réfugiant en Espagne (p 53). Face à Elogio de la Duda, le volume présente División de bienes, un tango sur un couple qui divorce et partage ses biens (Qui garde quelle partie de quoi ? / Et comment se conclut cette idylle / La pluie à la fenêtre / Et ce petit matin / Qui nous lit les lettres de l'exil [...]), autre morceau que vous pouvez entendre sur la liste d'écoute. Milonga de los arroyos et Soy cantor sont aussi dans l'ouvrage comme dans la liste d'écoute. Et il y a encore dans le recueil d'autres textes, dont je n'ai pas trouvé les versions enregistrées sur le réseau Myspace. Un poète à découvrir, doublé d'un chic type, aussi attachant que talentueux. C'est un grand ami de Cucuza qui n'hésite pas à inscrire ses tangos, ses valses et ses milongas à son répertoire. Pour mieux connaître leurs activités à l'un et à l'autre, cliquez sur leur nom dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus.