mercredi 19 octobre 2011

Les 100 ans de la rencontre entre Gardel et Razzano célébrés au Museo Casa Carlos Gardel [à l'affiche]


En 1911, Carlos Gardel, surnommé el Morocho del Abasto, faisait la connaissance de José Razzano, surnommé El Oriental, dans des circonstances qui restent l'objet de nombreuses conjectures. Les uns pensent que la rencontre a eu lieu dans un café, les autres préfèrent une version chez un ami commun. Ce qui est certain, c'est que cette rencontre ne s'est pas tenue dans ce qui est aujourd'hui le Museo Casa Carlos Gardel, la maison qu'habita Gardel à partir de 1927 seulement.

Tous deux étaient chanteurs, l'un, Gardel, ténor barytonnant, l'autre, Razzano, ténor. Gardel allait développer sa voix et changer de tessiture, devenant un véritable baryton, tandis que Razzano allait perdre la sienne, vers 1924, moment où il devait passer de partenaire de duo de Gardel à impresario. José Razzano était né en Uruguay, d'où son surnom, El Oriental. Comme Gardel, né quant à lui à Toulouse, d'où son autre surnom, El Francesito, il avait passé toute son enfance à Buenos Aires. Et c'est donc là que les deux hommes se rencontrèrent entre 20 et 30 ans. Ils allaient former un duo légendaire dans un genre, le tango, qui n'en compte pas beaucoup, un duo qui se fit connaître comme celui de El Morocho y el Oriental, ce qui inspira à Enrique Cadicamo l'un de ses plus beaux tangos (1). Au début, en 1911, ils chantaient essentiellement du folklore, le tango-canción n'existant pas encore, se partageant entre pièces traditionnelles, voire anonymes et compositions personnelles. En décembre 1913, un parlementaire très en vue les invita à animer la soirée du réveillon de nouvel an (nochevieja) qu'il organisait chez lui et que tout le groupe termina dans un restaurant huppé de Palermo, L'Armenonville, où les voix de Gardel et de Razzano furent repérées par le patron, qui leur fit un pont d'or, leur offrant un cachet de 70 pesos par soirée, un montant mirobolant pour l'époque. C'est ainsi que leur duo prit son essor.

Il se défit donc après le 30 septembre 1925, après leur dernier concert conjoint, puisque Razzano ne pouvait plus chanter et que Gardel avait de son côté suffisamment évolué pour envisager une carrière de soliste, accompagnée par plusieurs guitaristes, la carrière référence du cantor a la criolla.

Le Museo Casa Carlos Gardel accueille à l'occasion de ce centenaire un journaliste spécialisé sur l'univers gardélien, Alfredo Carlos Dighiero, qui a derrière lui une carrière de 34 ans comme animateur radiophonique. Aujourd'hui, Alfredo Dighiero produit et anime Asi es Carlos Gardel, une émission hebdomadaire de fin de semaine, qui compte déjà plus de mille heures de diffusion et 500 reportages sur des personnes qui ont connu Gardel (elles ne sont plus très nombreuses à s'en souvenir maintenant).

La conférence a lieu demain, jeudi 20 octobre 2011, à 18h30, au Museo Casa Carlos Gardel, Jean Jaurés 735.
Entrée libre et gratuite.

(1) El Morocho y el Oriental est traduit dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, que j'ai fait paraître en mai 2010 aux Editions du Jasmin. Dans toutes les bonnes librairies de France et de Navarre et même encore ailleurs.