dimanche 16 octobre 2011

Macri revient aux affaires [Actu]

Et dans tous les sens du terme. Après une trêve césarienne/biberon en milieu de semaine, le Chef du Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires, Mauricio Macri, qui est en train de distribuer les portefeuilles et les charges politiques pour le début de son prochain mandat (10 décembre 2011), vient de revenir à son péché mignon, les cadeaux aux copains, dans une belle fidélité au modèle de la Generación del Ochenta, dont il se révèle décidément bien proche (voir mon article du 10 décembre 2010 sur certains propos xénophobes qui avaient immanquablement rappelé ce triste épisode de l'histoire argentine, dont vous trouverez un chronogramme dans la rubrique Petites Chronologies située dans la partie médiane de la Colonne de droite).

En l'occurence, le 16 septembre dernier, Macri a fait fermer par contrainte le Club Obras Sanitarias de la Nación, un club de quartier tout public animé par une institution sociale (comme son nom l'indique) pour libérer l'immeuble sur l'emplacement duquel il va faire aménager un complexe de tennis qui sera lui-même repris en concession par la Fédération Argentine de Tennis (AAT) dont l'actuel président, Arturo Grimaldi, a été le témoin de son mariage, l'année dernière, avec Juliana Awada. Il ne manque plus que le même bonhomme soit aussi le parrain de la petite Antonia et le tableau sera complet.

Ce domaine public, qui appartient à la Nation argentine et est situé avenida Figueroa Alcorta à la hauteur du n° 7350, avait été concédé, il y a de nombreuses années, à la Ville de Buenos Aires pour y établir un espace vert (plaza), au terme d'une loi, votée en 1996 et entrée en vigueur en 1999. Le Club Obras Sanitarias était usufrutier du lieu depuis 26 ans et la Police Métropolitaine, qui dépend de la Ville, absente au moment de la fermeture du club, a en revanche, le lundi suivant, repoussé avec vigueur les salariés de l'institution qui voulaient retourner à leur travail. Donc non seulement Macri fait un usage privé d'un espace destiné à un usage public mais en plus il met à nouveau au chômage un bon nombre de salariés qui animaient ce lieu de vie et de convivialité populaire.

Et où se trouve le numéro 7350 de l'avenue Figueroa Alcorta ? Dans le quartier très chic de Belgrano, qui vote très majoritairement pour Mauricio Macri.

L'opération, qui est donc illégale, vient de faire l'objet d'une plainte devant la justice de Buenos Aires de la part d'une élue de la Junta de la Comuna 13 (formée par les quartiers de Belgrano, Nuñez et Colegiales), sorte de conseil local introduit depuis 4 ans pour renforcer la démocratie dans la Constitution de la Capitale, et deux députés Proyecto Sur à la Legislatura Porteña.

Les plaignants demandent à la justice portègne de rendre ce lieu à l'usage public et d'interdire ce projet dans lequel seuls les adhérents à la Fédération pourront bénéficier des infrastructures mises ainsi en place.

Les 46 300 mètres carrés correspondant au lot cadastral cédé par la loi de la Nation à la Capitale abritent aussi une chapelle, un ancien restaurant totalement abandonné à l'heure qu'il est, une annexe de l'Université Di Tella, l'une des nombreuses universités privées que compte la ville de Buenos Aires, et enfin la Plaza El Salvador. Tous potentiellement en danger vu la manière dont Mauricio Macri mène les opérations.

Pour aller plus loin :