dimanche 31 juillet 2011

Abrazos, documentaire musical, au Museo Casa Carlos Gardel [à l'affiche]


Dans le cadre du cycle cinématographique, organisé conjointement par le Museo del Cine Pablo Ducrós Hicken et le Museo Casa Carlos Gardel, on projettera demain, lundi 1er août 2011, à 18h30, le documentaire Abrazos, où apparaissent le bandonéoniste José (Pepe) Libertella et le Sexteto Mayor, les chanteuses Adriana Varela et María Graña, le chanteur Raúl Lavié, le guitariste Luis Borda, le bandonéoniste, compositeur et chanteur Rubén Juárez, la danseuse Mora Godoy entre autres artistes...

Le documentaire est de Daniel Rivas, il date de 2003 et il dure 85 minutes. Il sera projeté avec des sous-titres en anglais pour aider les étrangers de passage à Buenos Aires.

Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles. Museo Casa Carlos Gardel, Jean Jaurès 735, dans le quartier de l'Abasto.

Un poète triste sur le divan : le plenario de demain à la Academia Nacional del Tango [à l'affiche]


Demain, lundi 1er août 2011, la Academia Nacional del Tango consacrera sa première séance du mois à un livre sur Enrique Santos Discépolo, Enrique Santos Discépolo o que se puede hacer con la Tristeza, de la psychanalyste Alicia Antonia Crosa.

Ce sera à 19h30, au Salón de los Angelito Horacio Ferrer, au premier étage (833 avenue de Mai), avec entrée libre et gratuite comme d'habitude.

Le tango rituel de la soirée sera Uno, de Enrique Santos Discépolo (texte) et Mariano Mores (musique), chanté par Susana Rinaldi.

L'espace artistique sera occupé par le chanteur Carlos Rossi.

Alicia Crosa est de La Plata. Elle a publié ce livre, aux Editions (editorial) de los Cuatro Vientos, à l'occasion du 110ème anniversaire de la naissance du poète, qui fut aussi un compositeur, un comédien, un acteur et un réalisateur de cinéma (1901-1951). Il devait mourir de dépression, à la veille de la Noël 1951, il y a 60 ans, après avoir été très durement attaqué par ses amis anarchistes pour ses prises de position en faveur de Perón, que les anarchistes haïssaient à peu près autant que les membres de l'oligarchie...

"A través del recorrido biográfico y del análisis de su vasta producción artística, trazo el perfil psicológico de este indiscutible filósofo popular argentino, autor de los tangos "Cambalache", "Uno" y "Martirio" entre tantos otros por igual colosales. Conductas humanas reprobables como la traición, el engaño, el abandono, la crueldad, el desamor, el abuso y la violencia, son analizadas a propósito de la difícil vida de Discépolo”
Alicia Antonia Crosa

A travers le parcours biographique et l'analyse de sa vaste production artistique, je retrace le profil psychologique de cet indiscutable philosophe populaire argentin, auteur des tangos Cambalache (1), Uno et Martirio, entre autres tout aussi colossaux. Des conduites humaines répréhensibles comme la trahison, la tromperie, l'abandon, la cruauté, le désamour, l'agression et la violence sont analysées à propos de la vie difficile de Discépolo.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Ce très grand poète a eu plusieurs biographies parmi lesquelles il faut citer celle écrite par Horacio Ferrer et Luis Adolfo Sierra, Discepolín, Poeta del hombre que está solo y espera, aux Editions Sudamericana, Buenos Aires 2004, et Discépolo y su época, par Norberto Galasso, Editions Corregidor, Buenos Aires 2004.

Pour aller plus loin :
connectez-vous au blog de Alicia Antonia Crosa.

(1) Cambalache fait partie du corpus que j'ai présenté en version bilingue dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, Editions du Jasmin, mai 2010, p 144.

vendredi 29 juillet 2011

Néstor Basurto continue la présentation de Recalada au Cafe Garrick [à l'affiche]


Ce soir, vendredi 29 juillet 2011, à 22h, l'auteur-compositeur-interprète et guitariste Néstor Basurto présentera son nouveau disque, Recalada (mouillage), au Café Garrick, Avellaneda 1359, dans le quartier de Caballito.

Il sera accompagné de Franco Polimeni, le pianiste, Matias Rubino, le bandonéoniste et Daniel Falasca, le contrebassiste, tous musiciens dont les noms sont familiers aux lecteurs réguliers de ce blog. Comme la chanteuse invitée, Viviana Scarlassa, qui est une chanteuse soliste, la voix de l'orchestre féminin China Cruel et également une comédienne et un professeur de chant...

Ce soir, Buenos Aires offre à nouveau l'embarras du choix. Et des concerts qui valent tous autant le coup les uns que les autres....

Pour mieux connaître Néstor Basurto :

Perception uruguayenne des disparus de la Dictature [Actu]

Dimanche dernier, Página/12, qui est si solidaire du combat militant mené pour les droits de l'homme par toutes les ONG de parents de disparus pendant la Dictature en Argentine, publiait l'interview d'un sociologue uruguayen, Gabriel Gatti, sur les différences de perception et de réaction face à cet héritage du passé anti-démocratique du sous-continent de part et d'autre du Río de la Plata. J'étais à ce moment-là encore en "vacances" de ce blog et je n'ai pas souhaité les interrompre pour aborder le sujet. Néanmoins, j'ai trouvé l'interview pertinente et éclairante, même si elle procède d'une personne qui ne vit pas en Uruguay, qui a même en quelque sorte rompu avec ce pays (il vit en Europe occidentale, ce qui sans aucun doute possible change profondément et le regard et la capacité analytique). J'ai donc décidé de traduire cet article à l'usage du public francophone.

Gabriel Gatti est né en 1967 en Uruguay. A l'âge de 8 ans, en 1975, avec sa famille, qui fuyait la dictature uruguayenne (1973-1985), il est venu vivre à Buenos Aires, où un régime similaire n'a pas tardé à s'implanter en mars 1976. En juin 7916, son père fut arrêté par les militaires. Il est toujours porté disparu. Sa soeur, qui était alors enceinte, fut elle aussi arrêtée et on a retrouvé ses restes en 1983. Avec sa mère et son frère, Gabriel Gatti a trouvé refuge en France. Par la suite, il est allé à Madrid où il a fait ses études de sociologie. Depuis 1993, il vit au Pays basque (côté espagnol) dont l'agitation politique, au début des années 90, l'a passionné, lui qui était alors un jeune sociologue de gauche, fils de parents révolutionnaires.

C'est pour un congrès international sur les pratiques sociales génocidaires (portant donc sur les événements sud-américains) qu'il était de passage à Buenos Aires et qu'il a accordé cette interview à Página/12.

–¿Qué diferencias hay entre Argentina y Uruguay en lo que respecta a la elaboración del pasado?
–En la Argentina, la figura del desaparecido está totalmente institucionalizada como parte de la escena pública. Los familiares de desaparecidos existen no sólo como un personaje doliente sino como un personaje político de primer orden. A diferencia, la figura del desaparecido es sumamente molesta para el imaginario colectivo del Uruguay, que tiende a valorar las cosas tranquilas. En parte, se explica por una cuestión de números, allí hay muy pocos. En Uruguay, antes de 2005, era muy difícil que te hablasen de desaparecidos. Te hablaban de otra cosa, de presos.
Gabriel Gatti, dans Página/12

- Quelles différences y a-t-il entre l'Argentine et l'Uruguay en ce qui concerne l'élaboration du passé ?
- En Argentine, la figure du disparu est totalement institutionnalisée et fait partie de la scène publique. Les parents de disparus existent non seulement comme personnages souffrants mais aussi comme personnages politiques de premier ordre. Tout au contraire, la figure du disparu est extrêmement gênante pour l'imaginaire collectif en Uruguay, qui tend à valoriser les choses tranquilles. Cela s'explique en partie par une question de nombre, il y a eu très peu de disparus [en Uruguay]. En Uruguay, avant 2005 (1), c'était très difficile qu'on te parle des disparus. On te parlait d'autre chose, de prisonniers.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

–¿A qué se debe de que hoy esté más presente en Uruguay la figura del desaparecido?
–Desde ese año hasta hoy, han pasado muchísimas cosas, no sólo la constatación del Segundo Vuelo (N. de R: que trasladó en 1976 detenidos desde Argentina a Uruguay). Hubo un importantísimo intento de anular la Ley de Caducidad. No se puede decir que fue negativo el resultado: el 48 por ciento de la gente votó a favor de anularla, el resto de la gente no votó. Y hubo una movilización colectiva que indica que está aflorando, en cierto grado, una figura que era invisible y muy vinculada al mundo muy chiquito de los familiares. Pero la sensibilidad de los líderes políticos más renombrados, incluido el propio presidente, no es la misma que la que tienen los argentinos en esta materia.
Gabriel Gatti, dans Página/12

- A quoi le fait qu'aujourd'hui, la figure du disparu soit davantage présente en Uruguay est-il dû ?
- Depuis cette année-là jusqu'à aujourd'hui, il s'est passé beaucoup de choses, et pas seulement la prise en considération du Vol n° 2 [NdR : celui qui transféra en 1976 des détenus d'Argentine en Uruguay]. Il y a eu une tentative très importante d'abrogation de la Loi d'Amnistie. On ne peut pas dire que le résultat a été négatif : 48% des gens ont voté en faveur de l'abrogation, le reste n'a pas voté (2). Et il y a eu une mobilisation collective qui indique qu'est en train d'émerger, à un certain degré, une figure qui était invisible et très lié au tout petit monde des familles. Mais la sensibilité des leaders politiques les plus renommés, y compris le Président lui-même, n'est pas la même que celle qu'ont les Argentins dans ce domaine.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

–¿Cómo tomó la actuación del presidente José Mujica frente al proyecto interpretativo que pretendía dejar sin efecto la Ley de Caducidad?
–Me generó profundo desagrado. Entre otras cosas, porque el presidente y su actual ministro de Defensa, Eleuterio Fernández Huidobro, son parte de la misma generación de mi padre. Eran colegas de sensibilidad, aunque no eran de la misma línea política y, sin embargo, tienen una lectura tan militarista que es insensible con lo que ocurrió a una buena parte de su propia generación. Es desagradable por una cosa muy uruguaya (como científico social no lo debería decir porque es una generalización barata) que es la sobrevaloración de la institucionalidad, de los acuerdos, de lo que votó el pueblo. Eso los torna insensibles ante las cosas excepcionales, como es la figura del desaparecido.
Gabriel Gatti, dans Página/12

- Comment avez-vous pris l'action du Président José Mujica face au projet interprétatif qui prétendait priver d'effectivité la Loi d'Amnistie ? (3)
- Cela m'a fait très mal. Entre autres, parce que la Président et son actuel Ministre de la Défense, Eleuterio Fernández Huidobro, appartiennent à la même génération que mon père. Ils étaient confrères de sensibilité, même s'ils ne suivaient pas la même ligne politique et pourtant, ils ont une lecture si militariste qu'elle en est insensible à ce qui est arrivé à une bonne partie de leur propre génération. C'est déplaisant à cause de quelque chose qui est très uruguayen (comme scientifique de la chose sociale, je ne devrais pas le dire parce que c'est une généralisation de bazar), la survalorisation de l'institutionnalité, des accords, de ce qu'a voté le peuple. Cela les rend insensibles face aux choses exceptionnelles, comme c'est le cas de la figure du disparu.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

–¿Esa “insensibilidad” podría explicarse por una cuestión de números, porque allí hubo menos desaparecidos que en la Argentina?
–Sí, en parte. La dictadura uruguaya fue diferente de la argentina. Tuvo un “plan institucional” de exterminio. O sea, se pasaba por las cárceles y por el exilio, hasta eso era legal. La desaparición no entró en el registro de prácticas represivas de modo tan extensivo como ocurrió aquí. La sensibilidad uruguaya tan extrema por lo que es compartido y tan nula por lo que se sale de la norma hace que sea difícil pensar la figura.
Gabriel Gatti, dans Página/12

- Cette insensibilité pourrait-elle s'expliquer par une question de nombres, parce que là-bas, il y a eu moins de disparus qu'en Argentine ?
- Oui, en partie. La dictature uruguayenne a été différente de la dictature argentine. Il y a eu un plan institutionnel d'extermination. Ou pour le dire autrement, ça se passait dans les prisons et dans l'exil, même ça, c'était encore légal. La disparition n'est pas entrée dans le registre des pratiques répressives d'une manière aussi extensive que ce qui s'est produit ici. La sensibilité uruguayenne si extrême pour ce qui est partagé et si inexistante pour ce qui sort de la norme fait qu'il est difficile de penser cette figure du disparu.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

–¿Y qué diferencias ve entre el movimiento de derechos humanos argentino y el uruguayo?
–Las sensibilidades históricas son tan distintas que no sé si es justo hacer una comparación, porque entre otras cosas lleva a considerar lo evidente: Argentina está muy por delante en esa materia con respecto a Uruguay. Si hago la comparación, tendría que plantear una evolución en esta línea que no se va a dar.
Gabriel Gatti, dans Página/12

- Et quelles différences voyez-vous entre le mouvement des droits de l'homme argentin et son homologue uruguayen ?
- Les sensibilités historiques sont si différentes que je ne sais pas s'il est raisonnable de faire une comparaison, parce que entre autres choses, cela conduit à regarder l'évidence : l'Argentine est bien plus avancée en la matière au regard de ce qui se passe en Uruguay. Si je fais la comparaison, il faudrait que je supposer une évolution dans ce sens qui n'aura pas lieu.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

–¿Por qué dice que las políticas de la memoria son tramposas?
–Construyen unanimidades y construyen la convicción de que la verdad es cierta. Eso es tramposo, si lo miro desde el ojo clínico del sociólogo. Y no lo digo por aquello de que las memorias son múltiples sino porque éste es un campo precario, móvil, difuso. Si lo valoro como ciudadano implicado, no puede estar más que contento en el caso argentino, de una construcción de una narrativa oficial en el tema de los derechos humanos que ha permitido elaborar a medio plazo una figura internacionalmente consensuada de lo que es un desaparecido y que se está aplicando por doquier y con dosis crecientes de eficacia.
Gabriel Gatti, dans Página/12

- Pourquoi dites-vous que les politiques de la mémoires sont un piège ?
- Elles construisent des unanimités et contruisent la conviction que la vérité est sûre. Cela, c'est un piège si je l'observe avec l'oeil clinique du sociologue. Et je ne dis pas ça pour le fait que les souvenirs sont variés mais parce que c'est un champ précaire, variables, diffus. Si je lui donne de la valeur comme citoyen impliqué, je ne peux pas être autrement qu'heureux dans le cas de l'Argentine de la construction d'une histoire officielle sur le thème des droits de l'homme qui a permis d'élaborer à moyen terme une figure internationalement consensuelle de ce qu'est un disparu et qui est est appliqué par tout un chacun et avec des doses croissantes d'efficacité.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

–¿Por qué afirma que no es correcto hablar de “desaparecidos” en el caso de la represión franquista?
–Estamos hablando de un fenómeno que empezó a finales de los años ‘30 y hasta ahora no se nombraba. Se los denominaba “fantasmas”, los “paseados”. Sólo hace cinco años, y ahora está especialmente el asunto hirviendo, empieza a usarse el término desaparecido.
Gabriel Gatti, dans Página/12

- Pourquoi affirmez-vous qu'il n'est pas correct de parler de disparus dans le cas de la répression franquiste ?
- Nous parlons là d'un phénomène qui a commencé à la fin des années 30 et jusqu'à maintenant, on n'en parlait pas (4). On les appelait "fantômes", les "trépassés". Il n'y a que 5 ans et maintenant, le sujet monte comme le lait sur le feu, qu'on a commencé à utiliser le terme de disparus.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Pour aller à la source :

(1) 2005, soit 20 ans après le retour formel de la démocratie (1er mars 1985). C'est aussi l'année de l'arrivée au pouvoir du Frente Amplio et du premier gouvernement de gauche de l'histoire du pays, avec la prestation de serment, le 1er mars, du Président Tabaré Vázquez, élu en octobre de l'année précédente, un médecin humaniste et franc-maçon, qui, après l'obtention de sa thèse (1969) puis la mort de plusieurs membres de sa famille atteints de cancers, est allé parfaire sa spécialisation ultérieure en cancérologie, en 1977, à Paris (Institut Gustave Roussy, à Villejuif). Par la suite, il a beaucoup voyagé, de congrès international en congrès international. Vázquez a acheté une des cliniques les plus en pointe dans ce domaine et pendant sa présidence, il a continué à exercer, en traitant une poignée de patients. Après la fin de son mandat, il a retrouvé les malades et sa chaire de Radiothérapie à l'Université de Montevideo. C'est lui qui le premier a fait remettre en question la Ley de Caducidad, dont il souhaitait l'abolition, beaucoup plus que son successeur, sans avoir pu l'obtenir.
(2) Au sujet de ce référendum, voir mon article du 21 octobre 2009
(3) Sur ce vote parlementaire, voir mon article du 13 avril 2011
(4) Il me semble que Gabriel Gatti ergote un peu sur le vocabulaire ici. La terrible réalité historique de la disparition des opposants à Franco a été largement abordée à plusieurs reprises depuis le retour de la démocratie en Espagne, notamment à l'occasion du décès du Comte de Barcelone, Don Juan de Borbón, le père du roi Juan Carlos, précisément en avril 1993, l'année où Gatti s'est installé au Pays Basque, puis lorsque le Gouvernement espagnol a décidé de rendre leur nationalité aux exilés républicains et/ou à leurs descendants s'ils le souhaitaient et enfin lorsqu'il a été question de supprimer la pharaonique et hideuse nécropole de Valle de los Caidos, où reposent Franco et un grand nombre de phalangistes tombés sous les balles des républicains pendant la guerre civile. Et le quotidien espagnol El País n'a jamais hésité à rappeler les atrocités de la répression franquiste pendant et après la guerre civile.

Le dernier show de juillet du Tomassini-Reinaudo Project [à l'affiche]


Ce soir, vendredi 29 juillet 2011, à 23h, au Cafe Rivas, Estados Unidos 308, dans le quartier de San Telmo, ce sera le dernier du trio de concerts donnés par Néstor Tomassini (clarinette, composition et arrangements), Hernán Reinaudo (guitare et composition) et José Balé (cajón peruano et percussions) avec différents artistes invités.

Entrée : 50 $.

Retrouvez les artistes sur leurs sites Internet et pages Myspace que vous trouverez dans la partie basse de la Colonne de Droite, dans la rubrique Grillons, zorzales et autres cigales.

Dema et la Petitera vendredi soir au CAFF [à l'affiche]

L'auteur-compositeur interprète Dema se produira ce soir, vendredi 29 juillet 2011, à 23h, avec son orchestre, La Petitera, au CAFF, Sánchez de Bustamente 764, dans le quartier de Almagro (mais aussi celui de el Abasto, qui n'est pas un quartier officiel mais une zone à cheval sur Almagro, Balvanera, Recoleta et Palermo).

Pour mieux connaître les artistes :

jeudi 28 juillet 2011

La mobilisation du secteur culturel contre Mauricio Macri s'intensifie en cette dernière semaine de campagne [Actu]

Dimanche, à la gare de Retiro, l'une des deux plus importantes de Buenos Aires, un groupe de militants du tango, El Tango es Cultura, a investi une partie du grand hall et y a organisé une milonga sauvage dans le but d'attirer l'attention sur leurs revendications politiques. El Tango es Cultura entend en effet répondre à l'affirmation cynique de Mauricio Macri, il y a un an, lors de la présentation à la presse du programme du Festival de Tango. Il avait alors affirmé que le tango était le soja de la Ville de Buenos Aires, une phrase qui avait révolté la majorité du secteur culturel de la ville. Le soja est en effet une source considérable de bénéfice pour les magnats de l'agriculture argentine, mais ce sont là des retombées économiques fort mal partagées tandis que l'expansion de la culture du soja est en train d'enchérir le prix des denrées alimentaires de base (viande, lait, pain, pâtes, pommes de terre et cucurbitacées) en restreignant l'espace du blé, du maraîchage, des vergers et des pâturages. Sans parler des problèmes écologiques que pose cette culture intensive (perte de la bio-diversité, appauvrissement des sols, usage démesuré de produits phytosanitaires très polluants etc.).

Ainsi donc, ce groupe de danseurs, d'organisateurs de milongas et de professeurs, où se mélangent amateurs et professionnels, répondait que le tango est bel et bien affaire de culture avant d'être affaire de gros sous. Ce pourquoi ils réclamaient l'institution d'une Direction du Tango au Ministère de la Culture pour centraliser la gestion aujourd'hui éclatée dans une multitude de structures (musique, enseignement, danse, etc...) et un rééquilibrage dans l'affectation du budget public, un peu trop centré sur des opérations liées au tourisme où le tango est détourné de la signification qu'il a pour les Portègnes et les clichés les plus éculés servis aux visiteurs étrangers (on a vu il y a peu le dernier exemple de cette politique clinquante avec ce festival de tango à Flores annoncé par les autorités sans même mentionner les artistes qui devaient y participer, voir mon article du 13 juillet 2011 à ce sujet).

Le happening ferroviaire a connu un certain succès dans la mesure où il a attiré de nombreux danseurs, dont il n'est pas certain qu'ils aient tous eu conscience qu'il s'agissait d'une manifestation politique dans le cadre de la dernière semaine de campagne du second tour, alors que Mauricio Macri est bien près d'être rééelu (voir mon article du 11 juillet 2011 sur les résultats du 1er tour).

Il est très significatif en tout cas que les danseurs se soient mobilisés, avec dans ce cas pour porte-parole le champion du monde de tango salón 2006, Pablo Rodríguez. En effet, la danse est de toutes les composantes de l'univers du tango le plus apolitique, celui où l'on entend le moins les voix s'élever, celui où les gens (danseurs) sont le plus apathiques sur les questions de société et de politique. Ainsi donc si les danseurs aussi se mobilisent, y compris les amateurs, et se mobilisent dans un happening en plein milieu d'une gare ultra-fréquentée, c'est qu'un deuxième mandat de Mauricio Macri apparaît à un secteur culturel très élargi comme la perspective d'une véritable catastrophe. Et dans ce cas, on peut rester ébahi devant l'écart que le corps électoral a creusé il y a près de 3 semaines entre les deux candidats de tête...

Cette mobilisation du secteur culturel s'est confirmée hier lorsqu'une foule d'artistes et d'autres acteurs de ce secteur a manifesté devant le Teatro San Martín pour "défendre solidairement la culture et le capital symbolique construit par tous les Portègnes" alors que s'approche la trève électorale du second tour, qui se tiendra dimanche.

La compositrice et chanteuse de folklore Liliana Herrero, qui est aussi la directrice du Centre culturel de Madres de Plaza de Mayo, ECuNHi, à Palermo, a pris le micro pour demander comment il pouvait se faire que Mauricio Macri estime que la pauvreté n'était pas une question politique. Il faut dire que les affirmations du Chef de Gouvernement de la Ville de Buenos Aires ont été de plus en plus surprenantes et brutales au fur et à mesure qu'il a sécurisé son pouvoir dans la ville (au début de son mandat, il tenait encore des propos très sensés mais ce temps semble désormais derrière nous et il assène à présent un peu trop souvent des contre-vérités avec un aplomb irritant).

A la fin de la manifestation d'hier, Carlos Tomada, actuel Ministre du Travail dans le gouvernement national et candidat au vice-chefat de gouvernement à Buenos Aires au côté de Daniel Filmus, est monté sur scène pour une brève allocution et pour lancer des ballons jaunes (comme ceux de Macri, la couleur du PRO) remplis de propositions pour la gestion de la culture populaire. Ce lâcher de ballons, qui parodiait les meetings très pom-pom girls de Macri (qui imite lui-même les meetings électoraux des Etats-Unis), avait été imaginé par un groupe de créateurs intitulé El Grupo Choripan (imaginez un groupe de créateurs belges qui s'appelerait les Moules-Frites !) qui se dit proche des préoccupations populaires.

Il n'est pas sûr bien entendu que ce type de manifestation fasse vraiment bouger les lignes électorales puisque 20 points séparaient les deux candidats à l'issue du premier tour. Pas plus que la plainte que Daniel Filmus, le candidat arrivé second, a portée hier devant l'hémicycle sénatorial (il est sénateur) pour l'affaire du faux sondage (baptisée campaña sucia, campagne sale), qui a éclaté quelques jours avant le premier tour (voir mon article du 6 juillet 2011 sur ce sujet). A travers ce bidonage grossier, on a cherché à salir le nom du candidat d'une manière particulièrement odieuse. Or l'enquête menée par la police et la justice dès le dépôt de plainte de Daniel Filmus a mis à jour les liens qui existent entre Mauricio Macri et l'institut de sondage qui s'est prêté à ce jeu fort peu démocratique (qui faisait planer le doute sur l'honnêteté du père du candidat) : cet institut de sondage est dirigé par son propriétaire, qui est aussi le directeur de campagne de Maurico Macri, Jaime Durán Barba. Qui plus est, l'équipement technique qui a servi à passer plusieurs milliers d'appels dans des foyers de Buenos Aires pour distiller de fausses informations sur la famille Filmus serait le même qui avait déjà servi à opérer les écoutes illégales des adversaires de Macri et des victimes de l'AMIA, dans un autre scandale dans lequel le chef du Gouvernement Portègne est déjà impliqué de longue date ! Les enquêteurs ont presque acquis la certitude que c'est bien Mauricio Macri qui a commandité l'opération du faux sondage destiné à discréditer son adversaire le plus redoutable, puisque les sondages, les vrais ceux-là, montraient qu'il était en mesure de l'emporter au second tour.

Daniel Filmus veut désormais savoir si la manoeuvre a été ou non financée sur des fonds publics. On ne prête qu'aux riches, or Mauricio Macri a été pris plusieurs fois à faire joujou avec l'argent du contribuable pour servir des intérêts privés au détriment des programmes auxquels ces sommes étaient officiellement destinées (on a vu ainsi son ministère de la santé acheter de grandes quantités de médicaments dont les hôpitaux et les dispensaires n'ont jamais vu la couleur mais dont les commandes ont grassement enrichi certains intermédiaires, qui les ont entreposés quelque part, dans un coin de hangar, où on a pris grand soin de les oublier jusqu'au-delà du délai d'utilisation, alors même qu'ils auraient tout aussi bien pu être acheminés à temps jusqu'aux patients sans que les intermédiaires perdent pour antant leurs faramineuses commissions).

De toute évidence, Daniel Filmus va faire tout ce qui est en son pouvoir pour obtenir la nullité des élections si la duplicité de Mauricio Macri est reconnue par la Justice mais il n'est pas sûr que, même dans ce cas-là, sa démarche puisse aboutir avant la fin du prochain mandat qui s'ouvrira en décembre de cette année.

Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 de lundi sur la manifestation de El Tango es Cultura
lire l'article de Página/12 de ce matin sur la manifestation devant le Teatro San Martín hier après-midi
lire l'article de Página/12 sur la plainte que Daniel Filmus vient de déposer devant le Sénat.
Comme le savent les lecteurs réguliers de Barrio de Tango, ce quotidien suit une ligne politique clairement ancrée à gauche. Sa rédaction redoute donc autant que le reste du secteur culturel et intellectuel le renouvellement du mandat de Mauricio Macri.

mercredi 27 juillet 2011

Alan Haksten Grupp ce soir au Centro Nacional de la Música [à l'affiche]


Le jeune orchestre animé par le guitariste et compositeur Alan Haksten Grupp (9 musiciens) se produira ce soir, mercredi 27 avril 2011, à 19h, au Centro Nacional de la Música, México 564, dans le quartier de Monserrat.

Entrée libre et gratuite.

Un puissant orchestre de 11 musiciens à découvrir absolument. Problème : comment concilier le concert du CNM et celui du CCC avec Claudia Levy ? En allant très, très vite dans les rues de Buenos Aires et en priant le ciel que le premier show commence pile à l'heure et le récital de Claudia un peu en retard...

Buenos Aires est ainsi : opulente et offrant presque toujours l'embarras du choix.

D'autant que ce mercredi vous avez encore deux autres concerts à ne pas louper et dont je vous ai déjà parlé au début du mois, avant la semaine de silence à laquelle je viens de mettre fin : au Café 36 Billares, vous avez un duo de chanteurs exceptionnels, Alberto Podestá et Luis Filipelli, dans Dos amigos siempre fuimos (c'est leur dernière, jusqu'à ce que l'établissement les rappelle) et à Clásica y Moderna, vous avez un autre duo, qui présente un nouveau disque, Vos y yo, la chanteuse Susana Rinaldi et le bandonéoniste Leopoldo Federico, qui devraient continuer en août...

Et là, à moins d'avoir de don d'ubiquité...

Pour découvrir ce groupe :
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Pour découvrir les articles sur l'actualité de tel ou tel artiste, pensez à vous aider de la rubrique Vecinos del Barrio, dans la partie haute de la Colonne de droite.

Claudia Levy ce soir au CCC Floreal Gorini [à l'affiche]


L'auteur-compositeur-interprète et pianiste Claudia Levy sera ce soir, mercredi 27 juillet 2011, au Centro Cultural de la Cooperación Floreal Gorini, Corrientes 1543.

Entrée : 30 $.

Claudia Levy a invité pour l'occasion une autre chanteuse, très différente d'elle, María Estela Monti.

Claudia présente ses propres compositions et sera accompagnée du guitariste Pablo Zapata, du percussionniste Diego Cueto et du bassiste Gaspar Porto...

A ne pas louper, d'autant que sur scène (comme à la ville), Claudia est une fantaisiste très rigolote... Une autre image du tango.

Pour en savoir plus sur l'artiste :
Le site du CCC est en lien permanent dans la rubrique Cambalache (casi ordenado) dans la partie basse de la Colonne de droite.

mardi 26 juillet 2011

L'Université de Buenos Aires fête ses 190 ans [Actu]

Buenos Aires dispose de quatre universités intéressantes sur le plan historique et culturel. La UBA, comme l'appellent les Argentins, est l'Université d'Etat. La UCA est l'université catholique, dont les bâtiments bordent le vieux por, à Puerto Madero. Il s'agit d'une institution privée. La Universidad del Salvador est aussi une université privée, confessionnelle comme l'indique son nom, elle a été fondée et elle est gérée par la Compagnie de Jésus, qui joua historiquement un rôle-clé dans le développement culturel et intellectuel de tout le sud du sous-continent hispanophone, grâce à son implantation dans les réductions qui étaient situées dans ce qui est aujourd'hui le nord de l'Argentine, le Paraguay et le sud de la Bolivie. Enfin la UPMPP, qui vient de se voir décerner la dignité d'Université de plein droit, habilitée à décerner des diplômes d'Etat, est l'Université Populaire fondée par l'ONG des droits de l'homme, Madres de Plaza de Mayo, d'où son sigle imprononçable...

Or, à partir d'aujourd'hui, la UBA fête les 190 ans de sa fondation, le 12 août 1821, par la volonté du Gouverneur de la Province de Buenos Aires d'alors (qui comprenait la capitale, devenue autonome en 1880), Bernardo Rivadavia, celui qui a donné son nom à l'artère qui détermine la numération des rues dans Buenos Aires, qu'elle traverse d'est en ouest. La UBA est donc contemporaine de l'indépendance, qui fut déclarée le 9 juillet 1816 mais ne fut pas effective avec 1820. Ce qui veut dire que très tôt dans l'histoire du pays, les Argentins ont eu conscience de la nécessité d'équiper leur pays d'institutions intellectuelles. Son cachet est plus récent, on le doit à l'un des peintres argentins les plus prestigieux aux yeux de ses compatriotes, Ernesto de la Cárcova (1866-1927), dont le nom a été donné à l'Institut des Beaux-Arts qui appartient à l'Université.

Aujourd'hui, s'ouvre un mois de festivités académiques et populaires, avec conférences et visites guidées d'accès libre et gratuit. Du 26 juillet au 28 août, de 15h à 20h, un certain nombre de lieux ouvrent leurs portes au public et proposent des parcours historiques pour repasser les presque deux siècles de vie universitaire : le Colegio Nacional de Buenos Aires (un grand lycée public dans lequel on entre sur concours très exigeant et qui compte parmi les 4 lycées qui dépendent pédagogiquement de la UBA) (1), l'église San Ignacio, qui, l'année dernière, était fermée pour travaux de restauration (on va voir ce que cela donne maintenant), la Salle des Représentants et l'un des plus beaux patios de la Manzana de las Luces, qui fut la Maison Provinciale de la Compagnie de Jésus, avant que le Roi d'Espagne n'expulse cette congrégation qui jouait un peu trop les poils à gratter contre l'absolutisme que la monarchie espagnole avait fini par mettre en place, notamment avec l'arrivée sur le trône des Bourbons. Aujourd'hui, la Manzana de las Luces (2) accueille les célébrations d'anniversaire. C'est là en effet, dans cette très belle église de style colonial qu'est San Ignacio, qu'il y a 190 ans, Rivadavia avait fondé la UBA.

La Manzana de las Luces : c'est ici que tout a commencé il y a 190 ans

Aujourd'hui, la UBA, c'est 320 000 étudiants, 22 600 enseignants et 12 000 agents administratifs et techniques. Elle décerne 112 diplômes dans le premier cycle et 350 dans l'équivalent de nos 2èmes et 3èmes cycles. La UBA, c'est 13 facultés différentes, dont certaines sont installées dans des bâtiments très réputés, 6 hôpitaux, 4 grands lycées dont un technique et une école de commerce de niveau secondaire (le fameux Carlos Pellegrini, dont vous ne pourrez pas ne pas entendre parler si vous visitez Buenos Aires), 20 sites d'enseignement de première année, qui reste encore très peu spécialisé et une maison d'édition universitaire. Elle compte aussi un centre culturel (le CC Ricardo Rojas, du nom d'un de ses recteurs), un cinéma, 15 musées et un nombre considérable de centres essaimés en banlieue et dans tout le pays. C'est environ le tiers de la recherche scientifique du pays qui s'y réalise, souvent dans des unités de recherche partagées avec le CONICET, l'organisme national de recherche scientifique, en sciences expérimentales et non expérimentales et en sciences humaines.

La UBA s'enorgueillit de compter parmi ses étudiants quatre des cinq Prix Nobel argentins, qui y étaient ou y avaient été enseignants au moment de leur élection à cette récompense suprême, et 15 chefs d'Etat argentins, dont 5 appartiennent à la Generación del Ochenta de triste mémoire (le régime oligarchique, ultra-véreux, qui dirigea l'Argentine de 1880 à 1916, juste avant que le pays se dote d'une loi instituant le droit de vote universel masculin, pour tous les Argentins de naissance, en 1912), les deux présidents radicaux des années 1916-1930, Hipólito Yrigoyen et Marcelo T. de Alvear (celui qui a donné son nom au théâtre public de l'avenue Corrientes), trois affreux jojos de la Década Infame (la décennie ignomineuse, entre 1930 et 1940, que l'on peut prolonger jusqu'en 1943) et Raúl Alfonsín, le plus prestigieux de tous, l'avocat qui ramena l'Argentine dans le giron de la démocratie à partir du 10 décembre 1983 et qui fit là ses études de droit, en un temps où la faculté n'était pas encore à la Recoleta...

Le dernier week-end d'août, la Manzana de las Luces sera le siège du bouquet final des célébrations, avec spectacles, concerts et expositions, le tout avec entrée libre et gratuite. Ce sera aussi l'occasion pour les étudiants de s'inscrire pour le second quadrimestre de l'année, l'année scolaire et universitaire argentine s'organisant autour de 2 quadrimestres, de mars à juillet et de septembre à Noël.

Ailleurs en Argentine, il existe de nombreuses universités. Au total, le pays en compte 47, pour 23 Provinces fédérées et une Ville Autonome. Pour un pays émergent, c'est déjà une bonne infrastructure, même si les chiffres montrent que la proportion d'étudiants est faible par rapport à la population globale (moins d'un million d'étudiants pour plus de 40 millions d'Argentins) (3).

Ne serait-ce que dans la ceinture de Buenos Aires, chaque chef-lieu de partido (département) dispose de sa petite université ou de son centre d'enseignement supérieur dépendant de la UBA. Après la UBA, les universités les plus connues sont sans doute celle de Córdoba, qui fut la toute première fondée sur le territoire national, fondée en 1610 (ou 1613 ou 1621, selon l'acte que l'on considère comme rééllement fondateur), par... -je vous le donne en mille ?- la Compagnie de Jésus (comme d'hab !), 115 000 étudiants l'année dernière, et l'Université de La Plata, environ 90 000 étudiants, qui viennent d'un peu partout dans le pays. C'est à l'Université de La Plata que se sont formés (et connus) Néstor et Cristina Kirchner.

La UBA est la seule université argentine citée par le classement de Shanghaï, lequel est un classement contesté pour beaucoup de ses paramètres, qui ne sont pertinents que dans certaines disciplines et pour les critères politiques retenus par la République Populaire de Chine.

Pour aller plus loin :

(1) La manzana, c'est le pâté de maisons, le quadrilatère que délimitent 4 rues qui se coupent à angle droit, dans le schéma général à la romaine des villes de l'Empire espagnol. La manzana, c'est aussi la pomme en espagnol, d'où le jeu de mot en image qu'a signé Daniel Paz pour illustrer l'article de Página/12. Vous remarquerez qu'en Argentine, les lumières sont associées aux Jésuites, alors qu'en Europe, le mouvement intellectuel qu'on appelle les Lumières, au 18ème siècle, s'est construit majoritairement contre l'Eglise catholique et notamment contre la Compagnie de Jésus dans tous les pays de majorité catholique...
(2) Il fait aussi partie des lycées régulièrement occupés par les élèves parce que le plafond leur tombe sur la tête pendant les cours. Administrativement, le personnel enseignant et les murs dépendant du Ministère de l'Education portègne, dont on sait qu'il n'entretient pratiquement pas le parc scolaire public. Les règles de gestion sont, elles, déterminées par le Gouvernement national, comme pour tout ce qui touche l'enseignement public, qui est obligatoire jusqu'à l'âge de 14 ans, depuis 1883.
(3) A titre de comparaison, avec 65 millions d'habitants, la France compte 2,23 millions d'étudiants (tous sytèmes confondus, alors qu'en Argentine, tout l'enseignement supérieur est dispensé dans un cadre universitaire).

Comme on pouvait le prévoir, Tecnópolis sera pérennisé [Actu]

Le succès populaire aura donc fait pour Tecnópolis, dans la petite ceinture de Buenos Aires, ce qu'il a déjà fait pour la Casa del Bicentenario, dans le nord de la capitale : la méga-exposition destinée à ne durer que quelques mois deviendra pour finir un nouveau centre culturel thématique. La Casa del Bicentenario est consacrée à l'histoire et à la construction (en cours) de l'identité argentine. Tecnópolis s'intéresse aux secteurs de la recherche scientifique et de la haute technologie, essentiellement en Argentine.

Les deux centres sont deux initiatives destinées à marquer les fêtes du Bicentenaire, en 2010. Tecnópolis a été retardé par le refus du Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires, qui ne voulait pas de lui sur les pelouses de Palermo, pour ne pas gêner le trafic automobile dans la zone, où habite une classe sociale plutôt aisée, donc bien équipée côté tacots...

Tecnópolis a été inauguré le 14 juillet 2011 et ne désemplit pas depuis. Il faut dire aussi que ce sont les vacances scolaires d'hiver et que les familles et les centres aérés y conduisent des bambins dont les bouilles émerveillées font plaisir à voir. Et celles des adultes ne sont pas mal non plus...

L'Argentine s'aligne donc de plus en plus sur les pays développés en s'équipant ainsi d'infrastructures propres à mettre la culture à la portée de tous et à susciter chez les gamins des vocations pour des métiers à haute valeur ajoutée, ce qui est un facteur-clé du futur développement du pays.

Pour en savoir plus :
lire mon article précédent sur l'ouverture de cette Cité des Sciences rioplatense, le 14 juillet 2011.

Comme dans les vieilles démocraties, le livre de campagne de Cristina sort le 1er août [Actu]

Dimanche dernier, Página/12 publiait en article de une les bonnes pages de la biographie que sa journaliste, Sandra Russo, a consacrée à la Présidente argentine, Cristina Fernández de Kirchner, qui vient d'annoncer sa candidature à un second mandat (voir mon article du 22 juin 2011 à ce sujet).

L'ouvrage, édité par Sudamerica, est intitulé La Presidenta, historia de una vida. Il a été rédigé à partir d'entretiens exclusifs accordés à la journaliste par une dirigeante qui, si elle multiplie les annonces devant la presse pour faire connaître elle-même ses grandes décisions, garde ses distances avec la presse en général et la presse écrite en particulier. En quatre ans, elle n'a donné aucune interview à aucun périodique.

Dimanche, Sandra Russo livrait donc à la curiosité du peuple de gauche passablement intellectuel, le seul qui lise Página/12, quelques extraits de son livre, fort bien choisis entre confidences personnelles sur sa jeunesse, sa vocation d'avocate, ses combats militants et sa relation conjugale avec Néstor Kirchner, pour le deuil duquel elle porte toujours un noir rigoureux, et analyses de la politique qu'elle mène depuis son entrée à la Casa Rosada, or ce premier mandat (4 ans) est riche en décisions dont on peut constater à l'oeil nu qu'elles ont impacté la vie quotidienne des gens modestes et fait bouger quelques lignes politiques traditionnelles, sur un continent où ces lignes sont beaucoup plus rigides qu'en Europe.

L'article montre une femme qui se raconte avec naturel dans le langage de Madame Tout le Monde. Du grand art de la communication, mais ce n'est pas une surprise en ce qui la concerne (c'est une excellente communicante). Reste à savoir si le livre (et la responsable politique dont il dresse le portrait) sont à l'aune de ces extraits...

Ces bonnes pages arrivent quelques semaines après une très intéressante interview accordée, toujours à Página/12, par Amado Boudou, l'actuel ministre de l'Economie et futur vice-président, qui y expliquait, le samedi 9 juillet 2011, les grands axes de son action ministérielle et son programme de partenaire de formule électorale de Cristina Fernández de Kirchner. Cette longue interview, particulièrement instructive, met en lumière une personnalité assez atypique dans le paysage politique argentin, excessivement porté sur la langue de bois et les grandes déclarations aussi peu réalistes que fracassantes. Boudou, lui, tient un discours assez modeste, plein de bon sens et dans l'ensemble très terre-à-terre, en décrivant, avec une bonne dose de sérénité, une vision politique claire et rigoureuse. Il insiste en particulier sur la nécessité de séparer désormais en Argentine le service des intérêts particuliers, auquel l'Etat était beaucoup trop subordonné jusqu'à la faillite nationale de décembre 2001, ces intérêts qui sont ceux du patronat des différents secteurs économiques, de l'intérêt général, une séparation volontariste et combattante qui fait émerger le politique, comme un domaine de décision propre, qui fait émerger l'Etat, selon sa propre formule. Or cette mise en avant de l'intérêt général sur les intérêts particuliers, c'est le principe même que l'Europe a si difficilement et si lentement mis en oeuvre tout au long du 19ème siècle après que la Révolution Française l'ait énoncé à travers la Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen. Et en tant qu'observatrice étrangère qui passe tous les ans quelques semaines là-bas, j'ai la très nette impression que c'est bien ce qui est en train de se passer en Argentine. Et tous les Argentins sont loin de s'en rendre compte, y compris ceux qui sont de bonne volonté...

Dans les bonnes pages de dimanche dernier, Cristina Fernández de Kirchner estime que cette révolution en douceur est l'héritage laissé par son défunt mari, l'ancien président Néstor Kirchner (sur Néstor Kirchner et sa disparition en octobre 2010, voir mes articles).

Pour aller plus loin :
lire l'interview de Amado Boudou dans Página/12 du 9 juillet 2011

mardi 19 juillet 2011

Une fois n'est pas coutume : bougies et repos simultanés

Aujourd'hui, Barrio de Tango (le blog) a 3 ans... Cela ne nous rajeunit pas, ma bonne dame ! Et sa patronne lève un peu le pied pour la semaine, afin de se consacrer à d'autres tâches, toujours autour du tango et de la culture populaire de ce coin de la planète, ou plutôt des gens qui y vivent.

J'ai "loupé" le Plenario qui s'est tenu hier à la Academia Nacional del Tango et le show que la chanteuse Lucrecia Merico a donné au Museo Casa Carlos Gardel, dans la série des concerts Mis tardes con Gardel.

Vendredi, samedi , dimanche, le Festival de Tango Radio CAFF, 2ème édition, se poursuit. Branchez-vous sur le site Internet du CAFF pour connaître le programme (Daniel Binelli est prévu vendredi soir...)

Bien entendu, si un événement exceptionnel survenait dans l'actualité, je reprendrais aussitôt la souris mais jusque là, je vais laisser les candidats du deuxième tour des élections portègnes s'écharper seuls, sans aucun commentaire.

Et demain, n'oubliez pas la Fête des Amis (Dia del Amigo), que l'on fête en Argentine comme en Uruguay. Belle fête que celle-là...

vendredi 15 juillet 2011

El País publie une anthologie du tango en 15 fascicules-disques [Disques & Livres]

C'est une anthologie sur l'histoire du tango que le quotidien uruguayen El País s'apprête à publier, en 15 volumes, à partir de demain, en supplément de son édition du samedi. La parution a été programmée pour coïnicider avec el Encuentro Montevideo Tango, qui, à partir du jeudi 21 juillet 2011, déploiera le genre à Montevideo sur quatre jours bien remplis.

L'anthologie annoncée aujourd'hui se composera de 15 livres-disques, qui reprendront les archives de grands labels historiques, comme RCA Victor, CBS et Microfón, et elle se déploiera sur 5 axes thématiques, qui sont Tiempos viejos (le bon vieux temps, qui parlera des années 20 et 30) (1), A bailar (sur la piste) qui s'intérresse aux années 1940, Siga el baile (Que le bal continue), pour les années 50, Años de soledad (années de solitude) pour les années de crise, de 1960 à 1979 et des poussières et Volver (le retour) (2), qui rassemble l'histoire depuis les années 1980 à nos jours. Vous avez remarqué que chaque axe porte le titre d'un tango célèbre. Et si vous ne les connaissez pas, alors un tour s'impose sur le site encyclopédique argentin Todo Tango pour en savoir plus sur ces 5 tangos qui ont marqué le répertoire (voir le lien dans la rubrique Les Institutions dans la partie inférieure de la Colonne de droite).


La collection qui reprend un matériel déjà édité en Argentine est dirigée par Andrés Casak et rédigée par Alejandra Boehden, Javier Firpo, Lucila Rolón et Pablo Sigal.

Pour en savoir plus :
lire l'article de El País


(1) Pourtant le tango est plus ancien encore et on dispose d'enregistrements dès 1903. Les années 20 et 30 sont déjà celles où est apparue la Guardia Nueva, donc ce qu'on peut définir comme la seconde étape du tango.
(2) Tiempos Viejos et Volver sont deux tangos de Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, que j'ai publié en mai 2010 aux Editions du Jasmin. Respectivement à la page 128 et 17.

jeudi 14 juillet 2011

Cristina inaugure aujourd'hui Tecnópolis, un grand musée consacré à la recherche en Argentine [Actu]

Tecnópolis est un centre culturel, un musée, un centre de loisirs destiné au grand public et consacré à la recherche, fondamentale et appliquée, et aux réalisations de l'Argentine en la matière. Le centre s'étend sur 50 hectares, en périphérie de Buenos Aires, à Vicente López, en bordure de la General Paz, la voie rapide qui sépare la capitale de sa banlieue et donc de la Province de Buenos Aires sur toute la limite ouest de la ville. Tecnópolis doit être inaugurée à 18h30 aujourd'hui par la Présidente, à la nuit tombée, et elle accueillera le grand public dès demain matin, pour une durée de 5 semaines.

Ce projet fait partie des grandes manifestations qui célébraient l'année dernière le Bicentenaire de l'Argentine. Le retard est dû au refus du Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires de voir la méga-exposition s'installer à Palermo, à quelques centaines de mètres du Planetarium, dans la zone dite Palermo Parques y Bosques (Palermo des espaces verts), sous prétexte que ça gênait la circulation automobile (Sainte Bagnole, priez pour nous !). Encore une décision en contradiction avec le discours officiel tenu par le Gouvernement de Mauricio Macri qui se présente, avec son parti, le PRO, comme le seul espoir d'avenir censé de ce pays et le seul à pouvoir l'installer dans la catégorie des "pays sérieux" (entendez les pays développés). Encore faudrait-il pour cela que les secteurs porteurs d'avenir disposent de vitrines dignes de ce nom qui puissent donner aux enfants l'envie de s'y investir en s'orientant vers des études et des formations qui leur permettront d'y consacrer leur vie professionnelle. Or il n'y a pas grand-chose à Buenos Aires pour valoriser la modernité du pays, exception faite du Planétarium à Palermo, et on a vu que le reste de ce que met en valeur le présent gouvernement portègne en matière de culture tourne autour d'une vision rétrograde d'un tango stéréotypé et de diverses imitations des Etats-Unis, avec des budgets en baisse dans tous ces domaines. Bref, la capitale a refusé, il a donc fallu trouver un autre lieu, ça a pris du temps et c'est donc plus d'un an après le Bicentenaire de la Revolution de Mai que la méga-exposition ouvre ses portes et clôt, par là-même, la série de ces manifestations commémoratives et festives.

Lundi dernier, mais l'information a été passée sous silence à cause des résultats du premier tour des élections dans la capitale, l'Argentine procédait à son premier tir expérimental d'une fusée spatiale à deux étages, un programme conduit par le Ministère de la Défense, mais dans un but d'abord civil, pour doter le pays d'un secteur spatial opérationnel avec capacité de lancer depuis le sol national des satellites civils (commerciaux et scientifiques) et militaires, un grand rêve envisagé déjà par Perón (au début des années 50) qui a pris fin avec l'éviction du Général. Jusqu'à présent, les activités spatiales de l'Argentine sont conduites par une petite agence très modestement dotée en moyens et en budget, la CONAE, qui dépend du Congrès (Comisión Nacional Argentina para el Espacio). Il y a quelques semaines, l'Argentine faisait lancer depuis les Etats-Unis son 4ème satellite d'observation de la terre, qui est aussi sa participation à un vaste projet international d'étude hydraulogique, Acqua-Train.

Tecnópolis est le pendant scientifique et technologique de la Casa del Bicentenario, qui, elle, a pu être implantée à Palermo et qui propose des expositions, des conférences, des activités enfantines, des spectacles autour de l'histoire de l'Argentine et de l'identité culturelle du pays. Tecnópolis a été voulu par un Gouvernement qui mène une politique volontariste pour les secteurs de l'économie de la connaissance et de la technique, et ce depuis l'arrivée au pouvoir de Cristina de Kirchner, dont l'un des premiers actes officiels a été de créer un Secrétariat d'Etat à la Recherche, qui n'existait tout simplement pas avant elle. Pour le moment, l'exposition est temporaire mais il n'est pas dit que si elle rencontre un grand succès populaire, Tecnópolis ne soit pas pérennisée comme semble y être désormais destinée la Casa del Bicentenario, qui ne devait pas, elle non plus, survivre à l'année du Bicentenaire, et puis ça continue, il y a encore un programme bien rempli d'expositions, d'activités scolaires, de spectacles, d'ateliers en tout genre...

Qui vivra verra...

Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 sur l'ouverture de Tecnópolis
lire l'article de Página/12 du 9 juillet dernier sur le chantier de lancement spatial.
Lire l'interview de Liliana Piñeiro, la directrice de la Casa del Bicentenario, dans l'édition du 4 juillet 2011 de Página/12.

mercredi 13 juillet 2011

Deuxième festival de Radio CAFF ce week-end à Buenos Aires [à l'affiche]

Radio CAFF lance vendredi prochain, 15 juillet 2011, la deuxième édition de son festival, après le succès de la tentative de l'été dernier...

Le festival aura deux centres : le CAFF lui-même, dans le quartier de l'Abasto, Sánchez de Bustamante 764 et le Café Vinilo, Gorriti 3780, à Palermo, qui s'y associe avec sa série de concert, intitulée Tangocontempo, un jeu de mot entre "Tango avec du tempo" et "Tango contemporain".

Au CAFF, le prix est de 30 $ en achat à l'avance au Musetta Cafe, esquina Billinghurst y Tucumán, et 40 $ sur place le jour même, sauf pour les concerts de Daniel Binelli et Néstor Marconi la semaine prochaine (prix : 40 $ et 50 $) et pour celui du samedi 16 juillet (prix : 20 et 30 $).

Au Vinilo Cafe, le prix est de 30 et 35$ pour le premier concert, de 30 et 40$ pour le second.

Cette semaine, au CAFF :

Vendredi 15 juillet 2011 à 21 h, les groupes Altertango et Dema-Sampaoli avec le récital Tangos de Bolsillo (tangos de poche)

Samedi 16 juillet 2011, à 21h, trois groupes : Dúo Fain Mantega, Proyecto LCB et le Trío Boero, Gallardo y Gómez

Dimanche 17 juillet 2011, à 21h, le Nicolás Guerschberg Sexteto et Los que vendrán sans oublier des bandonéonistes de moins de 23 ans (présentés comme une équipe de foot junior).

Au Café Vinilo, les concerts ont lieu le mercredi. Le premier est pour ce soir, 13 juillet 2011 à 21h, avec Cristian Zárate et César Angeleri.

Le festival reprendra pour un second week-end à la fin de la semaine prochaine.

Les concerts sont retransmis en ligne, par streaming, par Radio CAFF, en direct, donc à des heures difficiles pour l'Europe atlantique (+ 5h sur l'heure de Buenos Aires). Le lien avec Radio CAFF se trouve dans la Colonne de Droite, dans la rubrique Ecouter.

La nausée électorale de Fito Páez fait voler les noms d'oiseaux [Actu]

Hier, le chanteur de rock nacional Fito Páez a lâché sur la dernière page du quotidien national de gauche argentin Página/12 toute la rage que lui inspirait le score électoral de premier tour de Mauricio Macri, insultant ses électeurs en parlant de la "nausée" que lui causaient les 47%, inattendus il est vrai, récoltés par le Chef du Gouvernement sortant.

Cet éditorial a déchaîné les réactions de tous les côtés. Le PRO, parti de Mauricio Macri, accuse le chanteur de fascisme, ni plus ni moins. Cela fait un peu "hôpital qui se fiche de la charité" mais c'est ainsi.

La veille, Aníbal Fernández, le premier ministre national, avait fait bien pire en déclarant que "les peuples ont les gouvernements qu'ils méritent" et que, puisque les Portègnes sont assez bêtes pour avoir renouvelé le mandat de Macri, qu'ils fassent avec. Un mépris pour le moins choquant de la part d'un homme politique qui dirige un gouvernement pour l'expression souveraine d'un corps électoral démocratiquement convoqué devant les urnes.

Daniel Filmus a été obligé de se désolidariser et du premier ministre, dont il condamne fermement les propos (et c'est bien le moins qu'il puisse faire), et du chanteur, à la tête un peu trop près du bonnet, à qui il laisse la responsabilité de ses propos (à près tout, un chanteur, ce n'est pas un politique, qu'il dise ce qu'il veut).

D'un autre côté, Pino Solanas a déclaré que les 47% récoltés par Mauricio Macri n'étaient pas des voix macristes mais des voix antipéronistes et antikirchneristes. Ce n'est pas la marque d'un meilleur respect des citoyens, soit dit en passant. Il ne donnera aucune consigne de vote de second tour à ses 12,82% d'électeurs, qui peuvent voter comme ils veulent, ça lui est égal...

Bref, une foire d'empoigne indigne mais qui est peut-être à la mesure des coups tordus qui ont émaillé la campagne et où Daniel Filmus se retrouve victime de l'irresponsabilité et de la déception de ses propres partisans... Quelle tristesse !

Et sur ces entrefaits, Cristina Fernández de Kirchner annonce que son fils Máximo, le leader et le fondateur de la Cámpora, le nouveau mouvement politique qui soutient le Gouvernement, va avoir un enfant et faire d'elle une grand-mère, visiblement ravie. On s'en réjouit pour elle et pour sa famille mais ça ne console pas...

Pour en savoir plus :

Trois jours de deuil national pour Facundo Cabral [Actu]

Le corps du chanteur Facundo Cabral, assassiné samedi à Managua, a été rapatrié en Argentine hier soir. Les photos sont particulièrement surprenantes. Le corps a voyagé en soute comme un bagage quelconque avec la guitare du chanteur, dument étiquettée à ses côtés. Et ce n'est pas un cercueil, même provisoire, qu'on a vu sortir de l'avion mais un énorme carton de livraison, avec des étiquettes d'enregistrement collées dessus, un carton qui a été chargé non pas dans un corbillard mais sur un chariot à bagages de l'Aeroparque Jorge Newberry, l'aéroport réservé aux vols intérieurs et régionaux situé au bord du Río de la Plata.

Facundo Cabral est veillé jusqu'à ce soir, à 22h, au Teatro ND-Ateneo, où il avait donné son dernier récital à Buenos Aires, au début du mois de mai. Les obsèques auront lieu demain matin, dans le cimetière privé Jardín de Paz, dans la banlieue de Buenos Aires.

Une chapelle ardente sans dimension confessionnelle a été dressée dans le foyer du théâtre. Le cercueil blanc, fermé, y est exposé, recouvert du drapeau argentin et du drapeau de l'UNESCO, qui avait nommé l'artiste Ambassadeur pour la Paix en 1996.

Le Gouvernement argentin a décrété trois jours de deuil national. La Présidente et le Secrétaire d'Etat à la culture ont tous deux envoyé une couronne.

Dans les journaux, c'est le service minimum. On en parle à peine. Mais il est vrai que l'actualité est particulièrement dense en ce moment : la campagne électorale du second tour à Buenos Aires vient de prendre un tour nauséabond, avec la rage manifestée par certains péronistes contre les électeurs de Macri, rage qui enfonce encore un peu plus Daniel Filmus, déjà en position très difficile pour le prochain scrutin (il faudrait qu'il remonte de plus de 20 points), les premières comparaisons de l'ADN des enfants Noble Herrera ont déçu parce qu'elle montre que ces deux ADN ne correspondent à aucune des deux familles qui s'étaient porté parties civiles dans cette affaire il y a 10 ans, ce qui fait naître mille conjectures sur le pourquoi du comment, de nouveaux soupçons sordides éclaboussent Madres de Plaza de Mayo, on commente les propositions pour l'emploi de la France et de l'Argentine au G20 et enfin, une jeune femme, accusée d'avoir assassiné l'une de ses amies, vient d'être acquittée, au grand dam de la famille de la victime.

A Managua, la police qui enquête sur le meurtre de Cabral a déjà procédé à deux arrestations de seconds couteaux et les enquêteurs pensent que le chanteur a bien été tué par accident. Les balles qui l'ont atteints étaient sans doute destinées au producteur de son spectacle, qui voyageait à l'arrière du véhicule et a été grièvement blessé. L'homme est soupçonné d'être mêlé à des affaires maffieuses.

Pour aller plus loin :

Un festival de tango à Flores... pour le tourisme [à l'affiche]

Document officiel diffusé par le Ministère de la Culture et du Tourisme de la Ville Autonome de Buenos Aires, ou plutôt le Ministère du Tourisme et de la Culture (s'il reste des sous)
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Le Ministère de la Culture de Buenos Aires vient d'envoyer une publicité pour un festival de tango qu'il organise à partir de demain et tout le week-end dans le quartier de Flores. Cette publicité a été diffusée à la liste d'abonnés aux informations sur le tourisme. Rien n'a été diffusé à la liste de diffusion sur la culture.

Et d'ailleurs, les documents officiels font foi de cette démarche touristique au détriment du culturel : l'affiche présente des jambes de danseuse comme si l'essence du tango était dans cette image sophistiquée d'élégance prétentieuse et on cherche en vain le nom des artistes qui vont participer. On nous annonce 20 femmes et on n'a que le nom d'un homme. Bref, n'en jetez plus, la cour est pleine.

Vendredi, participent au spectacle les chanteuses Viviana Scarlassa et Jacqueline Sigaut, qui risquent d'être quelque peu noyées dans la masse.... Cela vaut le coup d'y aller pour les découvrir si vous ne les connaissez pas déjà. Sinon, préférez le Festival de Radio CAFF, c'est payant (mais pas cher) et surtout,  surtout, surtout, c'est axé sur la musique et la culture...

lundi 11 juillet 2011

Imperdibles (1) de juillet à Clásica y Moderna [à l'affiche]

En juillet 2011, le Bar Notable Clásica y Moderna maintient ses deux soirées événements de tango, le jeudi soir à 21h30, la chanteuse Susana Rinaldi et le Maestro Leopoldo Federico continuent à présenter leur disque commun, Vos y yo, accompagnés par Nicolás Ledesma au piano et Horacio Cabarcos à la contrebasse, et le samedi soir à 22h, Amelita Baltar et Horacio Molina prolongent leur récital à deux voix...

Et il semble bien qu'en août, l'établissement n'ait pas l'intention de changer un programme qui marche...

Pour en savoir plus, voir le site Internet de Clásica y Moderna

(1) Imperdible : incontournable, qu'il ne faut pas manquer (perder)

La semaine de Jacqueline Sigaut [à l'affiche]

La chanteuse Jacqueline Sigaut sera ce mercredi 13 juillet 2011 à 21h30 à La Bohemia Cafe Concert, Yerbal 1657, dans le quartier de Caballito. Elle sera accompagnée au piano par Franco Polimeni et elle a invité un autre chanteur, Cucuza.

Entrée : 30 $.

Pour en savoir plus, voir le site Internet de La Bohemia Cafe Concert (et écouter la musique qui accompagne la page d'accueil... Cela va vous rappeler quelque chose que vous avez l'habitude d'entendre en français).

Dimanche 17 juillet, à 19h30, elle participera au Festival de Tango y Poesía Las Mujeres y el Tango en Flores, parainné dans le quartier homonyme par le Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires. Entrée libre et gratuite. On en reparlera...

Baile a beneficio avec Ariel Ardit et Andrés Linetzky ce soir [à l'affiche]

Cette milonga est organisée au bénéfice de deux foyers pour enfants de 18h à 2h, ce 11 juillet 2011, avec la participation du chanteur Ariel Ardit, qui sera accompagné par un autre ancien de El Arranque, le pianiste et compositeur Andrés Linetzky.

Entrée : 25 $.

Si vous voulez faire des dons en nature en plus, vous êtes les bienvenus. N'offrez que des vêtements et des denrées non périssables.
Une tombola sera également organisée.
Toutes les recettes des entrées et de la tombola iront aux deux foyers pour mineurs.

Et comme c'est aujourd'hui la fête nationale du Bandonéon, on peut illustrer cet article d'un enregistrement fait par Aníbal Troilo lui-même, avec le chanteur Jorge Casal, de ¡Che bandoneón! (1), un tango de Troilo lui-même sur une letra de Homero Manzi, grâce à Todo Tango, le site encyclopédique argentin sur l'univers du tango.

(1) ¡Che bandoneón! fait partie de Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, que j'ai publié aux Editions du Jasmin, en mai 2010 (p. 38)

Gabiel Soria salue le Día Nacional del Bandoneón en citant Horacio Ferrer [Troesma]

Aujourd'hui, 11 juillet 2011, en ce 97ème anniversaire de la naissance de Aníbal Troilo, l'Argentine fête la Fête Nationale du Bandonéon ( Día Nacional del Bandoneón ), ce que le premier Vice Président de la Academia Nacional del Tango marque dans son blog par une citation du tango dédié par Horacio Ferrer et Astor Piazzolla à leur maître commun.

Ce tango s'appelle El Gordo Triste.

El Gordo (entendez le brave gars plutôt que le Gros, assez peu aimable en français), c'était l'un des surnoms de Troilo, qu'on appelait aussi Pichuco (à la suite de son père).

El Gordo Triste fait partie des 231 letras de tango présentées, en version originale et traduction française, dans mon anthologie Barrio de Tango, publiée en mai 2010 aux Editions du Jasmin (Clichy, 92), en page 302. Un texte d'une grande poésie, plein d'allusions à la vie et au caractère de Pichuco et farci de jeux de mots comme Horacio Ferrer en a le secret (1).

A lire en version originale seule sur le blog de Gabriel.
Ecoutons-le ici dans l'enregistrement proposé par Todo Tango, avec la voix de Sandra Savoia (ce n'est pas ma version préférée, Roberto Goyeneche, lui-même chanteur de Troilo, en a donné une interprétation inégalable, où l'on peut sentir la part du souvenir personnel).


(1) Solange Bazely m'en avait fait faire la lecture, l'année dernière, au festival Tangopostale qui vient de tenir sa troisième édition à Toulouse. Voir mon retour sur images du 19 juillet 2010. A noter que dans Barrio de Tango, il y a d'autres tangos consacrés à Troilo et qu'il y un très beau poème, de Héctor Negro, datant de mai 1975, à la mort de Troilo, dans Deux cents ans après, le Bicentenaire de l'Argentine à travers le patrimoine littéraire du tango, Tarabuste Editions, Supplément 2010 de la revue Triages, janvier 2011.

La surprise sortie des urnes - Article n° 2300 (1) [Actu]

Capture d'écran du site Internet de Clarín à 9h30 ce matin (heure de Paris)

A moins d'un retournement totalement improbable et à cette heure imprévisible, c'est plié de chez plié, comme dirait l'autre : Mauricio Macri rempile à la tête de la Ville Autonome de Buenos Aires pour quatre ans, l'écart du 1er tour étant beaucoup plus large que ce que les sondages de la semaine dernière laissaient encore croire.

Une vingtaine de points sépare Mauricio Macri, libéral (PRO), de son adversaire le plus proche, le péroniste Daniel Filmus (2). Et les candidats éliminés dès le premier tour, se présentant comme force d'opposition à la Présidente plutôt qu'à Macri, ne combleront pas le retard par le report de leurs voix sur le candidat de la majorité nationale : Ricardo Alfonsín, leader de l'UCR au niveau national et premier adversaire (loin derrière) de Cristina Fernández de Kirchner, a déjà appelé à voter Macri (3),et le candidat arrivé en 3ème position, Pino Solanas, qui tient une ligne quelque peu rigide, systématiquement hostile à tout ce qui n'est pas son propre mouvement, Proyecto Sur (4), a annoncé qu'il ne voulait pas se prononcer entre les deux candidats arrivés en tête. On peut néanmoins espérer qu'il aura le bon sens politique de le faire dans les 3 semaines qui viennent mais le caractère de l'homme et l'ampleur de sa défaite d'hier, après une ascension politique prometteuse sur Buenos Aires, ne laisse guère présager la manifestation d'une telle sagesse et d'une telle maturité démocratique.

Ainsi donc, avec ce qui est considéré à Buenos Aires comme un fort taux de participation, 75%, et une infime proportion de votes blancs qui, de toute manière, ne comptent pas,1,25%, Mauricio Macri engrangeait, à 1h du matin (état du dépouillement avec lequel je travaille eu égard au décalage horaire de 5 heures entre l'Europe atlantique et Buenos Aires), 47% des voix (+ quelques décimales) tandis que Daniel Filmus frôlait (mais ne faisait que frôler) les 28%. Solanas, quant à lui, ne parvenait pas à atteindre 13% des voix exprimées.

Qui plus est, Mauricio Macri arrive en tête dans les 15 comunas, ou circonscriptions électorales, qui constituent la totalité du territoire de la Ville Autonome de Buenos Aires. Qu'ils soient des quartiers sud, des quartiers nord ou du centre ville, les Portègnes se sont donc majoritairement prononcés pour Macri. Lequel a célébré hier soir son triomphe, avec une inhabituelle exubérance, sans doute inversement proportionnelle à la peur qu'il a pu avoir ces derniers temps de ne pas être réélu.

Il reste donc à Daniel Filmus à sauver l'honneur (très tôt, dans la soirée d'hier, il a promis de relever le défi et ne s'avoue pas vaincu), en obtenant dans trois semaines, le 31 juillet, le score le plus haut possible mais il n'y aura pas ballotage au sens français du terme, même s'il y aura bien balotaje, c'est-à-dire second tour de scrutin, en langage politique sud-américain, encore peu habitué à rendre compte de seconds tours dans des scrutins uninominaux.

Les causes de cette différence entre les derniers sondages, d'il y a une semaine, qui situait les deux candidats dans la fourchette des 30 à 40% d'intentions de vote, et le résultat du scrutin réel sont encore difficiles à identifier mais il ne fait guère de doute que le scandale Schoklender y est pour quelque chose (5), surtout de la manière dont il a été exploité contre Filmus. Peut-être l'opération carnet, rose ou bleu, lancée il y a quelques mois par le couple Macri qui exhibe avec fierté la grossesse de Madame, épousée, à grand renfort de publicité, au printemps de l'année dernière (en septembre ou en octobre si mes souvenirs sont bons) a-t-elle joué (6). Il est vraisemblable aussi que, pour mettre à mal le pouvoir de séduction de Mauricio Macri (7) et la puissance des organes de presse hostiles à la candidature de la gauche péroniste, il aurait fallu au Frente para la Victoria un programme autrement argumenté alors que le candidat a beaucoup compter sur la popularité et le bon bilan de la Présidente. Le clip de propagande que l'équipe de campagne a mis en avant était fort indigent de ce point de vue-là, ce qui ne manque pas d'étonner de la part de cet ancien Ministre de l'Education nationale qui a prouvé à plusieurs occasions qu'il est ce qu'on appelle en France une tête bien faite et un excellent penseur des enjeux de la culture, de l'éducation et des droits de l'homme (8). On peut aussi remarquer que l'émotion suscitée avant-hier et hier par la mort si violente de ce chantre de la liberté, de la démocratie et de l'entente entre les peuples qu'était Facundo Cabral n'a pas joué en faveur de Daniel Primus, comme on aurait pu s'y attendre sur une fraction, même minime, de l'électorat (voir mon article d'hier sur ce meutre épouvantable qui émeut toute l'Amérique Latine). En revanche, on voit que les Portègnes ont pratiqué ce qu'en France on appelle le vote utile. La répartition des voix est en effet très disproportionnée entre les différents candidats.

Ces résultats constituent une excellente nouvelle pour le monde des actionnaires et des spéculateurs (la Bourse, le courtage en import-export et la publicité constituent le gros des activités les plus rentables sur Buenos Aires intra-muros), pour le secteur du tourisme de masse, pour le groupe médiatique Clarín et ses homologues.

En revanche, ils représentent une catastrophe pour le secteur culturel, pour la grande majorité des artistes, pour les secteurs de l'éducation et de la santé, qui constituent le sujet central de ce blog et qui, depuis 4 ans, sont traités à Buenos Aires en parents pauvres de la politique budgétaire, puisque Macri ne considère leurs activités et leurs résultats qu'en fonction des règles du marché, qui, bien évidemment, ne sauraient s'appliquer à ce que les économistes appellent justement le secteur non marchand.

Pour aller plus loin :
lire l'article principal de Página/12 (plus que déçu mais combatif)
Eu égard au décalage horaire, je vous donne ici des liens qui vous conduiront vers des articles parus aux environs d'1h du matin. Si vous les consultez dans la journée du 11 juillet 2011, il ne sera pas mauvais de cliquer sur le titre du quotidien pour rafraîchir les données et obtenir des résultats affinés au plus près des résultats définitifs, tous bureaux de vote dépouillés.
Cliquez sur les images pour obtenir des résolutions lisibles sur l'écran.

(1) L'actualité est ainsi faite que je dois consacrer aux élections portègnes un article numéroté que je comptais originellement dédier au chanteur et compositeur Edmundo Rivero, dont c'est cette année le 100ème anniversaire de la naissance. Mais hier, la mort violente du chanteur Facundo Cabral a constitué le sujet de l'article n° 2299 et ce matin, l'importance de l'information politique me semble mériter, par ses conséquences sur la vie culturelle et artistique à Buenos Aires dans les années qui viennent, cet article numéroté de ce mois qui marque l'entrée de Barrio de Tango dans sa 4ème année d'existence.
(2) La couleur du PRO est le jaune pétant (celui du soleil au centre du drapeau argentin), la couleur du Frente para la Victoria (les péronistes qui forment l'actuelle majorité nationale) est le bleu ciel de ce même drapeau national. D'où le péril jaune (el peligro amarillo) du gros titre (d'humour noir, sans en rajouter dans les jeux de mots) à la une de Página/12, qui aura tout fait pour mettre en lumière ce qu'il estime être les vices irrémédiables du gouvernement Macri. En parlant de "péril", la rédaction du journal veut montrer qu'elle croit encore à un possible renversement de la situation.
(3) Politiquement, ce n'est pas une surprise, car Alfonsín a choisi une alliance avec le PRO dans la Province de Buenos Aires et ailleurs, achevant ainsi l'évolution de la UCR, fondée en 1891 comme un parti de gauche révolutionnaire, qui avait pour objectif d'en finir avec la corruption effrénée de la droite affairiste des années 1880-1916 (qu'on a appelée Generación del 80) et qui, depuis un peu plus de 4 ans, montrait tous les signes d'une dérive droitière de plus en plus prononcée. Pourtant, sur le plan historique, c'est assez choquant car Ricardo Alfonsín est le fils de Raúl Alfonsín, l'avocat qui a rétabli la démocratie en Argentine après avoir été élu démocratiquement et constitutionnellement chef d'Etat en octobre 1983, à la fin de la plus sanglante dictature que l'Argentine ait connue (voir mes articles sur la belle figure de Raúl Alfonsín). Or si vous suivez ce blog depuis un moment, vous savez que Mauricio Macri est dans le collimateur de la justice pour de très nombreuses et très graves infractions aux règles démocratiques les plus élémentaires (écoutes téléphoniques illégales de ses adversaires politiques -voir, entre autres, mon article du 1er juillet 2011-, mise en place d'une milice de gros bras pour passer à tabac les sans-abris, la nuit, et les faire déguerpir -voir, entre autres, mon article du 27 novembre 2010-, système de fausses factures et comptes publics trafiqués -voir, entre autres, mon article du 21 février 2011-, entraves aux procédures parlementaires et judiciaires -voir, entre autres, mon article du 16 mars 2011-, tenue de propos ouvertement xénophobes contre les immigrés boliviens et péruviens -voir mon article du 10 décembre 2010-, et j'en passe, comme en faisait foi encore mon article du 5 juillet 2011 sur l'ordonnance de fermeture du Club 17 de Agosto, que l'exécutif portègne a superbement ignoré)
(4) sans doute parce qu'il craint de se faire récupérer par un mouvement aux côtés duquel il ne ferait pas le poids électoral, ce qui serait le cas s'il faisait alliance avec le Partido Justicialista (les péronistes) dont il a éconduit les avances au lendemain du premier tour des élections de juin 2009. Toutes les tentatives d'alliance avec d'autres partis, notamment le GEN de Margarita Stolbizer, la Coalición Civíca de Elisa Carrió, une ex-militante de l'UCR, fantasque, irrationnelle et imprévisible, ont toutes échoué depuis la percée de Proyecto Sur en juin 2009.
(5) Je fais référence ici au scandale du détournement de fonds publics par le fondé de pouvoir du programme de construction de logements sociaux de l'ONG Madres de Plaza de Mayo (voir mon article du 6 juin 2011 à ce sujet), qui a été fortement exploité par la presse pro-Macri (sans jeu de mot) et par le personnel politique anti-péroniste, de droite, de gauche et du centre. Jusqu'à ce faux sondage qui a été dénoncé au milieu de la semaine dernière, quand on s'est aperçu qu'un call-center de Buenos Aires appelait les foyers portègnes pour distiller des mensonges sur les liens totalement fictifs entre le père de Daniel Filmus et le scandale Schoklender (voir mon article du 6 juillet 2011 à ce sujet). La justice est saisie de cette tentative de déstabilisation du candidat et sans doute de fraude électorale (car c'est bien à fausser le scrutin que visait cette pseudo enquête d'opinion) mais vu les moeurs politiques et judiciaires argentines, il y a fort à parier que, quand bien même l'enquête prouverait l'implication du PRO ou de Macri dans l'opération, l'élection de ce dernier ne serait pas pour autant invalidée. Pour mettre fin au mandat de Macri, s'il est réélu, il faudra très probablement une procédure parlementaire, à l'initiative de la Legislatura Porteña, ou un dépôt de plainte très solide au niveau fédéral (Gobierno de la Nación ou Congreso, pouvoir exécutif ou pouvoir législatif national), et si cette procédure aboutissait, elle conduirait non pas à l'organisation de nouvelles élections, comme l'exigerait le principe démocratiquen en tout cas en Europe, mais simplement au remplacement de Macri par sa Vice Présidente, María Eugenia Vidal, dont on a vu, il y a quelques jours, dans une interview à La Nación, qu'elle partage les moeurs politiques de son champion (voir mon article du 6 juillet 2011 à ce sujet).
(6) Verrait-on cela en Europe, dans une droite favorisant les intérêts des grandes entreprises et des grandes fortune dans l'année précédent une échéance électorale nationale ? Bien sûr que non ! Sur le mélange vie privée-vie politique pratiqué par Mauricio Macri à Buenos Aires, lire mon article du 20 septembre 2010. Et vous verrez que, comme "vous l'avez compris, avec Juliana, c'est du sérieux".
(7) L'homme est redoutable sur ce point. J'ai eu personnellement l'occasion de le voir de très près en représentation politique en août 2008. Il est très beau, il a beaucoup de prestance et d'élégance et un charme indéniable. Il parle admirablement bien (ce n'est pas pour rien un chef d'entreprise), ce qu'il dit est en contradiction manifeste avec la réalité de son action politique mais c'est un discours très bien construit qui n'a donc pas de mal à emporter l'adhésion de qui écoute, s'il a laissé au vestiaire son esprit critique et sa mémoire, ce qui peut arriver à tout le monde devant quelqu'un qui a du charisme, et indéniablement, Macri n'en manque pas. Cette nuit-là, en août 2008, il avait réussi à faire taire des perturbateurs qui profitaient de l'obscurité pour le conspuer et avait mis de son côté cette grande salle remplie d'artistes et d'intellectuels, qui lui était plutôt hostile par principe. C'était, il est vrai, au tout début de son mandat, je ne l'ai plus jamais revu depuis inaugurer le festival de tango. Il laisse ça à Hernán Lombardi, son ministre de la culture et du tourisme, voire à Gustavo Mozzi, le directeur de la manifestation.
(8) Selon toute apparence, ces trois points sont ceux sur lesquels le corps électoral de Buenos Aires vient de montrer une certaine immaturité au regard des standards de démocratie qu'appliquent (mais pour combien de temps encore ?) les vieilles démocraties européennes, où il est fort rare qu'un homme politique aussi compromis que lui soit renouvelé à la tête d'un Gouvernement. On a bien assisté, il y a a quelques années, à l'élection de Berlusconi, lui aussi poursuivi par la justice de son pays, mais c'était dans le cadre d'une alternance, après un gouvernement de centre gauche qui avait fini par décevoir son électorat. Dans mes articles des jours précédents, je pense avoir laissé entrevoir comment la presse argentine, par la façon dont elle rend compte de l'actualité, d'une manière très partiale et parfois tout à fait déformée, atteste de et entretient ce manque de maturité démocratique dans son lectorat, qui n'est lui-même qu'une toute petite partie du corps électoral portègne. Il y a pleins d'électeurs hier qui ont fait leur devoir, dans la capitale argentine, sans avoir jamais lu un article d'analyse politique. Ceci dit, Rome ne s'est pas faite en un jour et l'Argentine, comme tous les autres pays de la région, n'a pas eu trop de ce dernier quart de siècle pour se remettre de deux cents ans et plus de corruption et de dictatures en tout genre.