lundi 16 janvier 2012

L'estivale interview de Raúl Castro, celui de la murga, pas l'autre [à l'affiche]

Comme tous les ans à la même époque, la murga uruguayenne Falta y Resto, qui travaille beaucoup à Buenos Aires, y revient avec son nouveau spectacle, un spectacle tous les ans, qu'elle donnera dans la capitale argentine, les 20 et 21 janvier 2012 à la Trastienda (dans le nord du quartier de San Telmo).

Le quotidien Página/12, qui soutient la tradition culturelle et subversive de la murga de carnaval, interview le leader, fondateur et parolier du groupe, Raúl Castro, surnommée Tintabrava (encre carabinée) sur l'histoire mouvementée de cette troupe.

Extraits

–La Falta como nexo, como ocupando el rol del medio, si se quiere.
–Yo diría que se trata de una forma de ampliar la posibilidad de decir de diferentes maneras y con profundidades diferentes, inclusive de opinar de un mismo tema con planteos discrepantes en un mismo espectáculo. Es un poco lo que está sucediendo en nuestra sociedad, donde las cosas que antes eran negras y blancas han tomado diferentes tonalidades y visiones dentro de un mismo sector, incluso dentro de una misma persona. Las tres murgas son el abanico amplio que queríamos para meter el dedo en la llaga de la actualidad y transformar la realidad en alegría. Y sí, de alguna manera la Falta está formada por las opiniones y las estéticas de las dos, porque en sí misma contiene todas las contradicciones de un grupo vivo políticamente y que opina desde la sinceridad sobre todos los temas.
Raúl Castro, cité par Página/12

- La Falta comme noeud, comme occupant le rôle du milieu, si on veut.
- Je dirais qu'il s'agit d'une manière d'élargir la possibilité de dire de différentes manière et avec des profondeurs différentes, et même de donner son avis sur un même thème sous des angles incompatibles dans un même spectacle. C'est un peu ce qui se passe en ce moment dans notre société, où les choses qui avant étaient blanches ou noirs ont pris différentes tonalités et différents points de vue à l'intérieur d'un même secteur, et même d'une même personne. Les trois murgas [trois groupes historiques de Montevideo] sont le large éventail que nous voulions pour remuer le couteau dans la plaie de l'actualité et transformer la réalité en joie. Et si, d'une manière ou d'une autre, la Falta est formée des avis et des esthétiques des deux [murgas privilégiées dans le spectacle], parce que en elle, elle contient toutes les contradictions d'un groupe politiquement pas crétin et qui donne son avis sans se compliquer la vie sur tous les sujets.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

–Un tema clave es, seguro, la política de derechos humanos en Uruguay, sobre todo los plebiscitos que impidieron revocar la Ley de Caducidad. La Falta no puede dejar de opinar.
–Lo que sucede con los derechos humanos nos sigue avergonzando. Es una vergüenza que la mayoría del pueblo en dos plebiscitos se haya negado a la verdad. Pero las causas son varias. Entre ellas, una equivocada politización del tema y una equivocada política de la izquierda mayoritaria, y aquí hay mucho por hacer porque hoy, que el Carnaval se ve por televisión y ha sido asumido por las capas medias de una manera mucho más fluida que antes, los murguistas corremos el riesgo de creernos artistas de la corona real. Ojo, porque somos pueblo que canta. Nada más ni nada menos.
Raúl Castro, cité par Página/12

- Un sujet clé, pour sûr, c'est la politique des droits de l'homme en Uruguay, surtout les référendums qui ont empêché l'abolition de la Loi d'Amnistie (1). La Falta n'a pas pu s'empêcher de donner son avis.
- Ce qui se passe avec les droits de l'homme, ça n'arrête pas de nous faire honte. C'est une honte que la majorité du peuple, au cours de deux référendums, se soit refusé à la vérité. Mais il y a beaucoup de raisons à ça. Parmi elles, une politisation à tort du sujet et une politique erronée de la gauche majoritaire (2) et là, il y a du travail par ce qu'aujourd'hui, qu'on regarde le Carnaval à la télévision et que les classes moyennes l'assument d'une manière beaucoup plus fluide qu'avant, nous les murguistes, nous courons le risque de nous croire des artistes de la Cour. Attention, hein, parce que nous sommes le peuple en chanson. Ni plus ni moins.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

–¿Le quedó algún rencor por las veces que los jurados impidieron votar a Falta y Resto como la mejor murga durante buena parte de la década del ‘80?
–No tengo ningún rencor con nadie. La Falta está cumpliendo una tarea que no pasa precisamente por los premios. Desde hace treinta años estamos tratando de cambiar y mejorar el mundo desde la alegría. Y nunca perdimos todavía.
Raúl Castro, cité par Página/12

Vous reste-t-il du ressentiment pour les fois où les jurés ont empêché d'élire Falta y Resto meilleure murga pendant une bonne partie des années 1980 ?
- Je n'ai de ressentiment contre personne. La Falta accomplit une tâche qui ne passe pas forcément par les remises de prix. Depuis environ 30 ans, nous sommes là à essayer de changer et d'améliorer le monde à base de bonne humeur. Et on a encore jamais perdu.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Pour aller plus loin :
Pour en savoir plus sur les artistes, cliquez sur le nom du groupe dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus.

(1) Sur cette question de la Loi d'Amnistie, lire sur ce blog mon article du 21 octobre 2009 sur le premier référendum et l'arrêt de la Cour Suprême sur le sujet, mon article du 13 avril 2011 sur l'abolition d'un des articles de cette loi, mon article du 21 mai 2011 sur une seconde tentative d'abolition et mon article du 27 octobre 2011 sur l'abrogation définitive et par astuce législative par voie parlementaire.
(2) Le Frente Amplio, actuellement au pouvoir et majoritaire dans les deux chambres pour le second mandat successif au niveau national.