lundi 15 avril 2013

Página/12 objectif, sinon avec l'Eglise du moins avec le Pape [Actu]


De nouveau sous la plume de sa correspondante à Rome, Elena Llorente, qui semble exercer son métier avec professionnalisme, en écartant méthodiquement les préjugés usuels des libres-penseurs alors que personnellement, elle ne semble guère versée ni dans la théologie ni dans le fonctionnement de l'institution ni dans son histoire (1), Página/12 rend compte ce matin de la nomination par le Pape d'une commission de huit cardinaux de tous les continents qui assurera à ses côtés une forme de gouvernement collégial de l'Eglise et concevra avec lui cette réforme de la Curie que l'Eglise attend depuis la mort de Jean-Paul II. L'article est complet, informatif, aussi objectif qu'on peut raisonnablement et démocratiquement le souhaiter (2).

Juste après l'installation du Pape le 19 mars, Página/12 avait dit qu'il attendait celui-ci au tournant des actes concrets avant d'adhérer ou non au programme de gouvernement que dessinaient ses discours inauguraux et ses premiers gestes symboliques qui ont surpris et enchanté le monde entier. C'est avec une grande satisfaction que je me fais un devoir de constater que face aux actes effectivement posés par le Souverain Pontife, le quotidien agit avec loyauté en dépit d'un résidu persistant d'erreurs d'interprétation au sein de la rédaction quand il s'agit des affaires d'Eglise (comme on l'a vu hier). C'est d'autant plus remarquable que sur ce sujet, l'objectivité n'était pas le point fort de ce journal lorsque le Pape était encore archevêque de Buenos Aires.

Dans la presse francophone, l'info est étouffée par les scandales qui agitent actuellement la France (3). La décision pontificale n'est traitée que par un petit nombre de journaux dans l'Hexagone, au nombre desquels La Croix, bien sûr, et en Belgique La Libre Belgique (4). Le Vatican propose aussi un service d'information dans notre langue auquel les francophones peuvent se référer.

Osservatore Romano, édition d'hier (dimanche 14 avril 2013)

(1) Sur ces questions-là, elle ne se réfère jamais à sa propre connaissance mais rapporte les propos publics qu'elle a lus dans la presse spécialisée (notamment la presse italienne, ce qui n'est pas étonnant pour quelqu'un qui vit à Rome), qu'elle a entendus dans la bouche des évêques ou de leur porte-parole ou les propos qu'elle a pu recueillir, publiquement ou dans un dialogue singulier, auprès de théologiens qu'elle croise dans la Ville Eternelle (où ils sont assez nombreux).
(2) Il ne comporte qu'une petite erreur : Elena Llorente fait de la renonciation de Benoît XVI une conséquence directe du scandale de Vatileaks, ce qui est en contradiction avec toutes les déclarations du Pape émérite lui-même sur le sujet et ne repose sur aucun élément de preuve capable d'invalider les propos de l'intéressé.
(3) Affaire Cahuzac et tout le scandale de l'évasion fiscale de la part de personnalités culturelles, politiques et économiques du pays, manifestations anti-mariage homosexuel qui tournent à la violence de rue, voire à la dénégation du fonctionnement des institutions démocratiques, et la piètre réaction, qui creuse la crise au lieu de la résoudre, du côté du Gouvernement sur les deux sujets. Cela fait beaucoup en l'espace de deux semaines.
(4) qui attribue la paternité de la décision de François au Cardinal Daneels, ancien archevêque de Malines-Bruxelles (grand prélat s'il en fût), dont une partie de la Belgique catholique aurait volontiers fait un papabile (une autre partie, assez agressive, le tient pour responsable de certains scandales sexuels au sein du clergé national)... Bien qu'on ne soit jamais si bien servi que par soi-même, il n'est pas impossible qu'en effet l'idée du cardinal ait joué son rôle dans la mise en place des nouvelles institutions dans le chef du Pape mais la manière de l'affirmer manque un peu de nuance.