mercredi 29 mai 2013

La ronde des magiciennes continue tous les premiers samedis du mois [à l'affiche]

Les auteurs-compositrices-interprètes qui se sont elles-mêmes désignées comme Círculo de Brujas (ronde des sorcières ou ronde des magiciennes, car le mot a le double sens en espagnol, malfaisant et bienfaisant) se produiront à nouveau samedi 1er juin 2013, à 21h, à Circe, avenida Córdoba 4335, dans le quartier de Recoleta.

Entrée : 50 $.


Comme vous le voyez sur l'affiche, elles auront plusieurs invités et il en va ainsi à chaque début de mois pour tout l'hiver entrant.

Jacqueline Sigaut et Osvaldo Burucua demain à la Peña Japaleña de Palermo [à l'affiche]


La chanteuse Jacqueline Sigaut et le guitariste Osvaldo Burucua se produiront ensemble demain soir, jeudi 30 mai 2013, à 21h30 ou plutôt 22h, à la Peña Japaleña (1), Angel Carranza 1939 dans le quartier de Palermo.

Droit au spectacle : 50 $.

Vous pouvez en savoir plus sur les activités des deux artistes en cliquant sur leur nom dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus.


(1) Une peña est une fête nocturne très exubérante...

El Tangauta salue les champions portègnes [à l'affiche]

La revue Tangauta a rendu hommage aux vainqueurs du championnat métropolitain de tango qui s'est achevé la semaine dernière à Buenos Aires pour désigner quelques couples dont la Ville autonome financera la participation du prochain Mundial del Tango, qui se tient dans la seconde quinzaine d'août, tous les ans à Buenos Aires.

Vous disposez d'un lien permanent avec la revue
dans la rubrique Eh bien ! dansez maintenant, dans la Colonne de droite

"La finale du Championnat de Danse de la Ville s'est conclue à la Usina del Arte. Ce fut une soirée et une nuit exceptionnelle avec des concurrents de haut niveau et de l'émotion dans le public présent qui s'est terminé par la consécration comme triple champions du couple formé par Fernando Carrasco et Jimena Hoffner (valse, milonga, tango de piste adulte), de Luis Anchava et Marta Doctorovich dans la catégorie tango de piste senior, et de Edwin Enrique Espinosa et Jennifer Yepes dans la catégorie Milongueros del Mundo" (une catégorie créée cette année pour les étrangers).
(Traduction partielle Denise Anne Clavilier)

Une nouvelle tesselle alpostienne : la cuisine italienne [Jactance & Pinta]


C'est le nouveau texte que Luis Alposta a mis en ligne jeudi dernier dans son blog, Mosaicos Porteños, où il publie régulièrement des petites vignettes littéraires, comme autant de tesselles pour sa vaste mosaïque sur les singularités portègnes (j'en ai traduits deux, publiées à Buenos Aires sous forme d'un recueil aux Editions Marcelo Olivieri, dans Deux cents ans après, le Bicentenaire de l'Argentine à travers le patrimoine littéraire du tango, Tarabuste Editions, comme numéro spécial de la revue Triages, en janvier 2011).

Il y a quelques jours, Luis Alposta nous régalait d'un bon morceau sur le trasvestissement des mots espagnols intégrés, dans un autre sens, dans le lunfardo portègne. Ici, ce médecin gourmet et poète s'attaque aux expressions issues de la gastronomie italienne et qui ont changé de sens en s'installant sur les bords du Río de la Plata.

ACERCA DE ITALIANISMOS Y COMIDAS

No son pocas las palabras de origen italiano que se han ido incorporando a la parla nuestra de cada día, y que están relacionadas con la comida. Palabras que la cocina italiana ha exportado, no sólo a nuestro país sino a todo el mundo. Términos gastronómicos que terminaron imponiéndose, sin dar lugar a la creación de nuevos vocablos para reemplazarlos. Una excepción la encontramos en el pan dulce navideño, versión argentina del panettone. Pero lo común es lo contrario. La mayoría de estas palabras conservan sus significados sin dejar por eso de enriquecerse con nuevas acepciones. Tal los casos de los mentados "papelitos" o ravioles; el tirarse a muerto o a mortadela; el darle el pesto a alguien o recibirlo; el quedarse callado o musarela; el tener los dedos o los grisines hinchados; el tener vigor, potencia o polenta; el ser un chupóptero, a quien preferimos seguir llamando ñoqui, aunque cada vez sean menos los que cobran el día 29.
Y por último, ser una persona torpe, boba, atontada, de pocas luces o, simplemente un salame.
En este punto, creo oportuno traer a cuento que la palabra salame es una voz italiana con la que se designa al embutido hecho con carne vacuna y carne y grasa de cerdo, picadas y curadas, que se come crudo y que fue inventado por los egipcios aunque usted no lo crea.
Luis Alposta, Mosaicos Porteños

Des italianismes et de la nourriture

Ils ne sont pas rares, les mots d'origine italienne qui se sont incorporés au fil du temps à notre parler de chaque jour, et qui sont reliés à la nourriture. Mots que la cuisine italienne a exportés, non seulement dans notre pays mais dans le monde entier. Termes gastronomiques qui ont fini par s'imposer, sans donner lieu à la création de nouveaux vocables pour les remplacer. Nous trouvons bien une exception dans le pan dulce de Noël (1), version argentine du panettone. Mais la règle, c'est l'inverse. La majorité de ces mots conservent leur signification tout en continuant de s'enrichir de nouvelles acceptions. Tel est le cas des célèbres barrettes (2) ou raviolis, se la couler douce (3) ou mortadelle, donner un pesto (une leçon) à quelqu'un ou en recevoir un (4), en rester bouche-bée ou mozzarella, avoir les doigts ou les gressins enflés, avoir de la vigueur, de la force ou de la polenta, être un profiteur (5), que nous préférons continuer d'appeler un gnocchi, bien qu'ils soient de moins en moins nombreux à toucher leur dû le 29 du mois (6).
Et pour finir, être une personne pas très futée, idiote, un crétin, quelqu'un qui ne brille pas par son intelligence ou, plus simplement, un salami.
Sur ce point, je crois opportun de raconter que le mot salami est une terme italien (7) qui désigne la charcuterie faite de viande bovine et de viande et gras de porc, hachée et mise à sécher, qui se mange crue et fut inventée par les Egyptiens même si vous me me croyez pas.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Je vous ai mis en gras les termes que le français a repris directement dans leur forme italienne tandis que les Argentins les ont hispanisés.

Plus de Mosaicos Porteños sur le blog de Luis Alposta. Parution tous les jeudis.


(1) Voir mes articles sur cette spécialité de la table de fin d'année.
(2) barrette de drogue, bien sûr.
(3) En français, on aura tendance à parler de dolce vita ou de "farniente" pour à peu près la même chose.
(4) En l'occurrence, donner une leçon dans le sens d'en remontrer à qqn, d'être plus fort que qqn. C'est très employé en sport pour désigner la supériorité d'un joueur ou d'un athlète sur les autres.
(5) Chupóptero : celui qui touche une ou plusieurs rémunérations sans effectuer le travail correspondant.
(6) Allusion à une coutume qui consiste à servir des gnocchis tous les 29 du mois. Parce qu'en fin de mois, c'est tout ce qu'on peut s'offrir. La coutume semble venir d'un village italien sans qu'on puisse remonter l'histoire précise. La coutume est assez respectée des familles d'ascendance italienne, je me suis aperçue qu'elle est inconnue chez d'autres Portègnes pour lesquels l'ancêtre italien, quand il existe, ne compte pas beaucoup.
(7) Ce qui existe en Europe sous le nom de salami n'existe pas en Argentine.

lundi 27 mai 2013

Mes conférences cet été en France [ici]

Studio de RFI, à Paris, le 6 mai dernier (photo RFI-Jordi Batallé)
Cet été, du 1er juillet jusqu'au 7 août 2013, je donnerai quatre conférences sur le tango et sur le général San Martín, toutes les quatre dans le Midi de la France (je pourrai ainsi faire provision de soleil et de chaleur avant de m'envoler vers l'hivernal Festival de Tango de Buenos Aires).

En résumé :

1er juillet 2013, à 18h20 : Festival Tangopostale à Toulouse, Salle Bellegarde, conférence sur la vie du général San Martín, héros de l'Amérique latine (avec présentation de San Martín, à rebours des conquistadors, Editions du Jasmin). Ce sera ma deuxième participation à ce festival où j'avais fait la présentation de Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, en juillet 2010, quelques mois après sa parution (voir mon article du 7 juillet 2010).

17 juillet 2013, à 17h ou 17h30 : Festival La Plaza del Tango, à Roquebrune-sur-Argens (83), conférence sur la Genèse du tango argentin à Buenos Aires au XIXe siècle.
20 juillet 2013 à 17h30 : Festival La Plaza del Tango, toujours à Roquebrune-sur-Argens, conférence sur José de San Martín, héros argentin initié aux droits de l'homme à Toulon (si, si ! Quand il avait vingt ans et n'était encore que lieutenant d'infanterie de marine...)

La rencontre publique suivante se fera à La Courneuve, au Village du Livre de la Fête de l'Huma, à la mi-septembre.

Ces différentes interventions sont d'ores et déjà présentées sur la page Agenda complet de mon site Internet (l'agenda se situe dans le menu horizontal à gauche et, sous une autre forme, dans le menu vertical de droite, en haut), sur les pages Web des associations organisatrices (cliquez sur les liens dans la liste ci-dessus) et elles seront détaillées dans la Colonne de droite de Barrio de Tango au fur et à mesure que l'été approchera... Elles seront aussi l'occasion de présenter mes propositions de séjour culturel à Buenos Aires, en partenariat avec Human Trip (www.humantrip.fr)

Tous mes livres seront disponibles avant et après mes interventions sur les deux festivals.

Ajout du 16 juillet 2013 :
Pour de graves raisons d'organisation qui menaçaient la tenue de ma conférence (payante et assez chère, ceci ne correspondant nullement à une demande de ma part), j'ai dû annuler ma participation à Very Nice Tango, prévue le 7 août. A mon plus grand regret. Le festival quant à lui est maintenu. Vous devriez y applaudir entre autres la chanteuse, danseuse et comédienne Cristina Ormani, avec autour d'elle une très bonne équipe d'artistes pour, entre autres, un petit hommage à Tita Merello, grande artiste du tango et du cinéma argentin.

Un 25 Mai où il a été beaucoup question d'unité nationale [Actu]

"Cette place n'appartient ni à hier, ni à aujourd'hui mais au futur"
Rarement les Te Deum du 25 Mai auront autant attiré l'attention de la rédaction de Página/12 ! Pas moins de trois articles sur le sujet (assez répétitifs d'ailleurs) dans l'édition d'hier matin.

Outre cette une renversée consacrée à la fête politique et musicale organisée par le Gouvernement national sur Plaza de Mayo et les trois articles consacrés aux initiatives de celui-ci pour cette journée, dont le discours très électoraliste tenu à la nuit tombée par Cristina de Kirchner, qui célébre les dix ans au pouvoir du courant de pensée qu'elle représente (son défunt mari a été élu en 2003), le journal a fait aussi la tournée des Te Deum sur tout le territoire, du nord au sud, d'est en ouest, transformant les homélies prononcées par les évêques et archevêques en une série de petites phrases où les journalistes ont cherché les sous-entendus partisans. Sans pouvoir en débusquer. L'épiscopat à l'unisson s'est tenu à un discours très conciliant et particulièrement pacificateur.

Dans les colonnes du journal, la déclaration présidentielle du soir, "Yo quiero la unidad de todos los argentinos. Pero quiero la unidad con memoria, con verdad y con justicia porque sin eso no hay unidad posible y la necesitamos" (Je veux l'unité de tous les Argentins mais je veux l'unité en même temps que la mémoire, la vérité et la justice, parce que sans cela il n'y a pas d'unité possible et nous avons besoin d'elletraduction Denise Anne Clavilier) (1), fait écho à des citations (tirées de leur contexte) piquées ici et là dans la bouche des célébrants liturgiques, l'un à Luján en présence du Chef de l'Etat, l'autre à Buenos Aires en présence de Mauricio Macri, d'autres à Córdoba, Santa Fe (dont l'archevêque est l'actuel président de la Conférence épiscopale argentine, donc épié par la gauche en quête d'un faux pas), Río Grande, Corrientes et San Juan. A la poursuite de ces homélies locales, le journal a établi une véritable chasse à la citation papale (du temps où François s'appelait Jorge Bergoglio et où le monde entier ignorait jusqu'à son existence, mais pas Página/12 qui l'attendait au tournant de tout et n'importe quoi), quelque chose comme une chasse aux œufs de Pâques mais à la Trinité et par matin frisquet. Où le journal reconnaît entre les lignes que l'Eglise argentine veut, elle aussi, le progrès social, une juste redistribution, la solidarité entre les catégories sociales et les générations, et qu'elle les réclame, à ceci près qu'à l'inverse du monde politique, elle le fait en cherchant à dépasser les brèches partisanes qui divisent le pays (encore plus dans une année électorale comme celle que nous vivons). Le lecteur a droit aussi à des interprétations fantaisistes et réductrices comme on peut le voir sur ce passage tiré du reportage sur la cérémonie de Luján :

El desprecio a los derechos de los pueblos más vulnerables, la trata de personas –incluso de niños– son moneda corriente. Nuestros errores como Iglesia no quedan fuera de este panorama”. Esto último quizá fue una alusión a los casos de pedofilia perpetrados por curas que se conocieron tanto en la Argentina como en diversas partes del mundo.
Página/12

"Le mépris des droits des peuples les plus vulnérables, la traite des personnes -y compris celle des enfants- sont monnaie courante (2). Nos erreurs, à nous l'Eglise, ne sont pas à écarter de ce panorama" (3). Ce dernier point était peut-être une allusion aux cas de pédophilie perpétrés par des prêtres et qui ont été révélés tant en Argentine qu'en diverses parties du monde.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Que vient faire la pédophilie, crime individuel d'une poignée de pervers, je vous le demande un peu !, dans cette dénonciation d'un système socio-économique à l'échelle planétaire qui met l'homme au service du profit d'un petit nombre de gens très puissants (type Mittal et autres magnats équipé d'un portefeuille en guise de cervelle et de cœur) et d'une structuration de l'ordre mondial qui asservit l'homme (4). Le journaliste ne se rend pas encore compte qu'il passe à côté du véritable discours de l'homme et va chercher l'explication du mauvais côté.

Le journal s'attarde aussi lourdement, il faut dire qu'il y a matière, sur les contradictions de Mauricio Macri, venu avec tout son Gouvernement parader au Te Deum de la cathédrale de Buenos Aires présidé pour la première fois par le nouvel Archevêque. Mgr Mario Poli n'a cessé d'appeler lui aussi au dialogue entre les différents courants du pays avec des phrases pesées au trébuchet. Mais pas plutôt sorti de l'église, le Chef du Gouvernement portègne, qui a fait semblant de l'approuver, s'est lancé dans son jeu favori : casser du sucre sur le dos de la Présidente et pour un oui ou un non, prouvant une nouvelle fois, si c'était nécessaire, qu'il récupère et instrumentalise tout, le tango, la religion et le reste. C'est une tactique assez pitoyable mais elle marche, car seuls les lecteurs de Página/12, dont on est assuré qu'ils ne voteront jamais pour lui, peuvent prendre connaissance de ce comportement puisque ni Clarín, ni La Nación ni La Prensa ne se font écho de ces perpétuelles contradictions chez lui entre le fond et la forme, le discours et les actes.

Pour aller plus :
lire l'article principal de Página/12 sur le rassemblement sur Plaza de Mayo (dix ans de progrès et de succès, selon le slogan kirchneriste)
lire l'article de Página/12 sur la fête musicale sur Plaza de Mayo (surtout du rock nacional et du folclore)
lire l'article de Página/12 sur le Te Deum de Luján, auquel la Présidente a participé (5)
lire l'article de Página/12 sur le Te Deum de Buenos Aires et les tartarinades de Mauricio Macri, au côté d'une Vice-Chef du Gouvernement qui avait choisi samedi de porter un noir très strict, à la manière de Cristina (quelle manipulation de l'image, tout de même !)
lire l'article de Página/12 sur la tournée des Te Deum dans le pays (et la chasse aux œufs !)


(1) C'est très difficile d'appeler à l'unité nationale en Argentine parce que ce thème a été usé jusqu'à la corde et dans le mensonge par la Dictature, jusque dans les remerciements que la famille Videla a publiés dans le carnet de La Nación à la fin de la semaine dernière pour exprimer sa gratitude aux nombreuses personnes qui, d'après elle, lui ont manifesté leur sympathie après la mort de l'ex-dictateur. Elle a appelé à prier pour la concorde de tous les Argentins et la démocrate que je suis constate qu'elle s'est gardé de toute allusion à la Dictature elle-même. Ce qui semble indiquer au moins que même au sein de cette famille ultra-compromise dans les années de plomb, on reconnaît que les temps ont changé et qu'il n'est plus envisageable de faire la moindre apologie d'un régime condamné unanimement par toute la presse dès que la mort de Videla a été connue. C'est à cause de ce mésusage de la notion d'unité que Cristina est obligée de mettre des conditions à son emploi et que les évêques et jusqu'au Pape associent l'idée à celle de dialogue à instaurer dans le pays (puisque personne, c'est sûr, ne peut associer la dictature au dialogue). C'est aussi pour cette raison, entre autres, que les appels à l'unité,dès lors qu'ils étaient formulés par l'Eglise et singulièrement par le Cardinal Bergoglio alors archevêque de Buenos Aires, ont systématiquement été interprétés en mauvaise part par Página/12 et par ses lecteurs. J'en connais plusieurs et je me souviens de discussions épiques (et douloureuses pour eux comme pour moi) avec des amis "progre" (de gauche) à ce sujet. Ils étaient si remontés qu'ils étaient sourds à tout ce que je pouvais leur dire. Impossible pour eux d'aller regarder le fond des choses, putréfié par les mensonges entretenus par la Junte militaire pendant sept ans. Aujourd'hui, l'action publique du Pape, parce tout se passe à Rome dans un autre contexte médiatique et géo-politique, a sans doute permis à bon nombre de ces Argentins de prendre conscience du caractère partisan qu'ils ont attribué à la signification de certains mots. Et la réciproque est sans doute vraie pour au moins une partie de la droite, même si ni Clarín, ni La Nación ne me permettent de m'en rendre compte depuis Paris. On verra sur place comment se présente la situation d'aujourd'hui.
(2) Si vous êtes désormais familiers du style du Pape François, vous avez d'ores et déjà reconnu une phrase du Cardinal Bergoglio. Ses mots sont exactement les mêmes aujourd'hui.
(3) Le cardinal dit clairement ici que l'Eglise en Argentine a sa part de responsabilité dans cette mise en place systémique, ce qui est tout à fait dans la ligne de ce qu'il dit aujourd'hui comme Pape (il ne cesse de mettre le doigt sur les comportements anti-évangéliques au sein de l'Eglise, tous les jours dans son homélie, souvent avec un grand sens de l'humour et de la formule. Vérifiez sur le site du Vatican, si vous ne me croyez pas). Ce qu'il disait là va dans le sens de Página/12 mais le journaliste est tellement persuadé que c'est impossible qu'il se bat les flancs pour trouver une autre explication qui tienne debout et ça tourne à l'obsession sexuelle.
(4) Les scandales de pédophilie semblent remplir l'horizon de la rédaction de Página/12 un peu coupée dans son élan pamphlétaire il y a quelques jours par la décision d'un évêque de porter en justice des actes criminels dont un prêtre de son diocèse s'est rendu coupable. Le journal en a honnêtement rendu compte tout en laissant paraître sa perplexité devant une situation tactique à laquelle il a du mal à s'adapter. Comment continuer à taper sur l'Eglise à bras raccourcis si elle fonctionne désormais en obéissant à ces consignes qui datent Benoît XVI et il y a un bon moment ? Mince alors !
(5) La droite réclame le retour à ce qu'elle appelle le "Te Deum historique" et que Radio Vatican appelle le "Te Deum unitaire" (unissant le pouvoir temporel et l'autorité religieuse dans une même célébration patriotique). De mémoire d'homme, depuis deux cents ans que le 25 Mai est institué fête nationale (par l'Assemblée de l'An XIII), le Te Deum dit national est celui qui est célébré dans la cathédrale de Buenos Aires et aucun autre. Bon nombre d'Argentins vivent donc comme une insulte à l'histoire que la Présidente aille fêter ce Te Deum ailleurs. En Argentine, le processus de constitution de la Nation n'est pas achevé. Il est donc encore impossible symboliquement de bousculer un tant soit peu les traditions. Ce qui nous paraît à nous, Européens, complètement ahurissant. A cela s'ajoute que le choix de Néstor puis de Cristina Kirchner d'aller voir ailleurs si le ciel est plus bleu s'explique par le boycott (insultant) du Cardinal Bergoglio qui a eu le courage, mais aussi le malheur, en 2004 de mettre en garde Néstor Kirchner, pendant ce Te Deum national, contre un risque d'autoritarisme dans le pays (risque bien réel dans un Etat à terre après la faillite de tout le système financier et qui venait d'appeler à sa tête un courant politique historiquement connu pour son autoritarisme, le péronisme, qui est à l'Argentine ce que le bonapartisme est à la France). Néstor Kirchner semble ne lui avoir jamais pardonné cette mise en garde et lui a fait une guerre inimaginable jusqu'à sa mort en octobre 2010, favorisant, pour autant qu'on puisse l'interpréter, le développement des ragots et des rumeurs sur l'attitude du cardinal pendant la Dictature, ce qui reste encore la meilleure manière de déconsidérer un adversaire en Argentine comme très longtemps en France et en Belgique, les politiciens se sont débarrassé d'opposants ou de rivaux gênants en leur attribuant, à tort ou à raison, des conduites indignes sous l'Occupation...

Le nouveau CD de Pulso Ciudadano [à l'affiche]


Le groupe Pulso Ciudadano, organisé autour de la chanteuse Cecilia Bonardi, sort son nouveau disque, Juglaría Porteña (ce qui peut se traduire comme "Troubadourie Portègne").

Le groupe en fera la présentation au Café Los 36 Billares (belle adresse pour cet événement !), le bar notable (café classé) situé Avenida de Mayo 1265, dans le quartier de Monserrat, le jeudi 13 juin 2013 à 21h30.

Les réservations peuvent être faites d'ores et déjà au 4381 5696, directement auprès de l'Etablissement.

Droit au spectacle : 50 $ par personne.

Candombe para Gardel, interprété au Festival de Grenade par Pulso Ciudadano et Cecilia Bonardi

Que tous les saints du tango les accompagnent (ils sont nombreux : Gardel, Troilo, Pugliese, etc.)

Le féminisme à l'argentine et en action d'après CFK et Página/12 [Actu]

Sur le côté, l'article intitulé El contra Mayo francés
concerne les manifestations anti-mariage gay en France

Mercredi dernier, la Présidente argentine, Cristina Fernández de Kirchner, que ses partisans surnomme CFK en hommage à qui vous imaginez dans l'hémisphère nord et les années 60, a annoncé d'importantes décisions économico-sociales dont j'ai rendu compte le lendemain (voir mon article du 23 mai 2013).

Au milieu des augmentations en quelque sorte habituelles depuis son arrivée à la magistrature suprême, elle a glissé une décision peu commentée mais qui casse certains modèles en vigueur : pour les allocations familiales réservées aux personnes exclues du dispositif de sécurité sociale (donc les plus défavorisés d'entre les Argentins, les chômeurs, les salariés non déclarés, parfois mieux payés certes que leurs homologues déclarés mais sans aucune couverture sociale, etc.), les AUH, elle a décidé que désormais ces sommes seraient versées tous les mois aux mères et non plus aux pères de famille comme c'était le cas jusqu'à présent. Pourquoi ? Pour prémunir ces femmes du risque que le père des enfants, lorsqu'il abandonne le domicile conjugal sans s'acquitter d'une pension alimentaire, ne continue à toucher l'allocation pour ses enfants dont il s'est détourné. Ce qui revient à mettre tous les pères (pauvres) dans le même sac, une stigmatisation dont je ne suis pas sûre que ceux qui, malgré les difficultés sociales et professionnelles qu'ils rencontrent, assument leur devoir vis-à-vis de leur progéniture l'apprécient beaucoup...

Tout un système est en cours d'installation à l'ANSeS, l'administration de la Sécurité Sociale argentine, pour créer les comptes des nouvelles bénéficiaires et faire en sorte que tout soit prêt pour le 1er juin, date du début de la réforme. Página/12 y consacre rien moins que sa une ce matin, y voyant une victoire contre le système patriarcal que le journal voue aux gémonies...

Quand on sait les dégâts que, depuis une quarantaine d'années, dans les pays développés et en particulier dans leurs ghettos défavorisés, la progressive déresponsabilisation des pères et le discrédit institutionnel et réglementaire qui a ainsi été jeté sur eux, provoquent dans l'intégration et la réussite sociales de leurs enfants, on frémit en voyant cette tendance gagner du terrain en Argentine. Sans doute fallait-il trouver une solution pratique et efficace contre les pratiques malhonnêtes de certains pères (et beaux-pères) mais de là à voir dans cette évolution un progrès social !

Le système de règlement au père de famille est toutefois maintenu pour les familles régulièrement couvertes par le système de Sécurité sociale, ce qui instaure une Sécu à deux vitesses, entre des familles réputées stables, pour lesquelles l'Etat fait a priori confiance aux pères (et non aux deux parents à part égale) et des familles dont les pères seraient a priori irresponsables, voire quelque peu voyous et susceptibles d'agissements dont l'Etat protège les mères (1). C'est injuste et c'est humiliant alors que l'AUH affichait à ses débuts l'objectif inverse (voir mon article du 26 novembre 2009 sur cette création d'un nouveau droit). Il va sans dire que cette brèche ouverte dans le modèle familial traditionnel et l'influence que cela peut avoir sur le regard que des enfants pourront à terme porter sur leur père heurtent de front les valeurs traditionnelles toujours très vivaces dans une grande partie de la société argentine. Il est probable que pendant la campagne électorale, cette brèche va participer à marquer les camps respectifs et aggraver la fracture idéologique déjà bien profonde dans le pays (2) et c'est peut-être la raison pour laquelle Página/12 a choisi d'en faire sa très étrange une ce matin. Pour autant, il n'est pas sûr que les Argentins connaissent la nature et les éléments constitutifs de la crise morale que traversent nos sociétés post-industrielles.

La campagne électorale officielle commence à la fin du mois de juin, avec les primaires universelles et obligatoires pour tous les partis, en vue de désigner les candidats qui se présenteront aux suffrages pour les sièges de députés, nationaux et provinciaux, et de sénateurs à renouveler cette année.

Pour aller plus loin :


(1) On n'est pas loin du préjugé qui existait pendant la Grande Immigration (1880-1930), où l'on distinguait les familles bien (en général aisées, bien logées et socialement intégrées de longue date) et les familles suspectes, celles des étrangers, celles des faubourgs et des conventillos (taudis habités par les pauvres et les miséreux)... On se croirait dans un texte de tango de l'Age d'Or (1930-1940)... Etonnant de voir resurgir ainsi ce modèle sous une plume de Página/12, fermement installé dans le camp progressiste. Il est vrai toutefois que le journaliste et le titreur renversent quelque peu les valeurs traditionnelles, en décrivant la femme chef de famille comme une héroïne des temps modernes. Ce qu'elle est bien entendu. Cela permet aussi de contrecarrer l'un des arguments des adversaires du système actuel des AUH, qui voient dans cette allocation un schéma d'assistance qui encourage la paresse. En effet, l'allocation est bien soumise à un contrôle concernant les enfants (scolarisation, suivi médical) mais à aucun contrôle pour vérifier que les parents cherchent effectivement du travail. Toujours la même idée ultra-libérale qui veut que les bénéficiaires d'une aide de la collectivité soient tous des profiteurs qui vivent aux crochets des autres. Pourtant l'instauration des AUH ont visiblement réduit la mendicité infantile (on ne voit plus de petits mendiants en semaine, ils sont à l'école) et elle a considérablement amélioré les conditions de vie concrètes des enfants des classes les plus défavorisés.
(2) Contrairement à ce qu'on observe en Europe, les partis politiques ont tendance à radicaliser leurs positions respectives pendant une campagne électorale alors qu'ici, ils ont la tendance inverse : ils tâchent d'aller chasser dans les périphéries de leurs adversaires politiques, pour séduire une partie de leurs électeurs. D'où un discours parfois très confus.

La Vidú en concert à Radio Nacional [à l'affiche]

La Orquesta Tipíca La Vidú donnera un concert le mercredi 5 juin 2013 à 20h à l'Auditorium de Radio Nacional, Maipú 555, dans le quartier de Monserrat.

Ces concerts, organisés par Radio Nacional, sont gratuits mais attention, l'auditorium n'est pas immense...

Depuis quelques années, on voit le tango regagner ses lettres de noblesse dans la programmation de la radio publique qui dépend du Gouvernement fédéral.
Et c'est une bonne chose pour La Vidú d'en être car c'est une formation jeune, une de ces formations qui construisent l'avenir du tango et qui sont de tous les coups du Tango Nuevo (Festival Indépendant et différentes séries de concert dans tout Buenos Aires, à La Boca, à San Telmo, à Villa Urquiza : suivez leur actualité en cliquant sur leur nom dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus, vous allez voir).



vendredi 24 mai 2013

La Pieuvre de Rep tance les révolutionnaires [Humour]


Le Culpo (jeu de mot intraduisible entre culpa, faute, et pulpo, poulpe) du dessinateur nourri de psychanalyse Miguel Rep s'en prenait ce matin aux révolutionnaires de 1810...
Ce céphalopode denté, vert-pomme et rabat-joie, hante en effet de loin en loin la vignette quotidienne de Página/12.

Tous les personnages sont coiffés du couvre-chef typique de l'époque napoléonienne qui en vient à symboliser dans la mémoire argentine ce moment historique comme en France le bonnet phrygien nous suffit à faire remonter en nous des émotions de prise de la Bastille.


Le Culpo : Ça ne vous fait pas de peine de prendre des terres aux Espagnols ? Vous n'avez pas honte de crier Révolution à un pauvre vice-roi (1) et de le mettre à la porte ? Ça ne vous gêne pas de profiter du fait que les pauvres Galiciens (2) souffrent à cause de Napoléon (3) ? Vous savez le nombre de morts que ça va vous coûter le 25 Mai ? Ingrats, c'est grâce à eux que vous parlez espagnol !
(Traduction Denise Anne Clavilier)



(1) Le pauvre vice-roi en question, Baltasar de Cisneros, a laissé en Argentine un souvenir épouvantable, un peu comme en France Louis XVI et Marie-Antoinette. Cette image repoussante correspond assez peu à la réalité historique qui était elle beaucoup plus nuancée. En l'occurrence, l'homme était un héros de la guerre de l'Espagne, alliée à la France, contre les Anglais. Il était l'un des trois amiraux espagnols qui avaient survécu à Trafalgar, dont il était sorti invalide : il avait perdu l'ouïe à cause d'un obus qui avait explosé tout près de lui. Ce handicap explique un part de son comportement pendant la Semaine de Mai : il n'entendait pas les bruits de la ville et il n'a compris que très tard son impopularité et le niveau de mécontentement du peuple. Il a été surpris par la révolution un peu comme Ceaucescu, dont il n'avait cependant ni la cruauté ni les délires mégalomanes et paranoïaques.
(2) Une particularité linguistique argentine : désigner tous les Espagnols comme Galiciens, comme les Français prennent tous les Britanniques pour des Anglais ou tous les Néerlandais pour des Hollandais. Contrairement à ce qu'on serait tentés de croire, ce n'est pas le résultat de la grande Immigration des années 1880-1930. Le phénomène se rencontre déjà dans les documents historiques de la guerre d'indépendance. Dans ses mémoires, parues en deux volumes en 1827 et 1828, le général William Miller, qui fut l'un des collaborateurs du général José de San Martín pendant la campagne de libération du Pérou (1820-1822), raconte une anecdote savoureuse sur ces mauvaises manières des Argentins vis-à-vis des Péninsulaires, y compris ceux qui s'étaient rangés du côté de la Révolution américaine et qui en ont vu des vertes et des pas mûres.
(3) Allusion à l'invasion de l'Espagne par l'armée impériale entre 1808 et 1814.

Le Trio Taquetepa au Centre Mandapa le 30 mai [ici]



Le trio Taquetepa que connaissent bien mes lecteurs, composé de Daniel Pérez, le guitariste et compositeur argentin, Marie Crouzeix, la flûtiste française, et Fabrice Gouterot, le contrebassiste français lui aussi, se produiront à nouveau à Paris jeudi 30 mai 2013, à 20h30, au Centre Mandapa, 6 rue Wurtz, Paris 13.

Places : 15€ en tarif plein, 11 € en tarif réduit et 7,50 € pour les enfants.

Plus d'informations sur le site Internet du Centre Mandapa et sur le blog des artistes où vous pouvez les écouter, visionner certaines vidéos et suivre leurs différentes activités.

Concert de La de Tango à Morón [à l'affiche]



La de Tango, orchestre de tango du Conservatoire Ginastera de Morón, dans la banlieue sud de Buenos Aires, donnera à 20h, dimanche 26 mai 2013, lendemain de fête nationale, un concert au Teatro Municipal de la ville, situé esquina Almirante Brown y San Martín (face à la place de Morón).

Entrée libre et gratuite.

La de Tango est dirigée musicalement et pédagogiquement par le compositeur et guitariste Javier González, dont je vous parle assez souvent, l'un des poids lourds parmi les créateurs de sa génération dans le Tango Nuevo, comme les Argentins nomment cette musique d'après Piazzolla.

A côté de l'orchestre, le Conjunto de Guitarras et les chanteurs Adriana Carlevari et Alberto Raúl.

Au programme, des œuvres du répertoire classiques mais aussi des pièces post-piazzolliennes et un must, la première exécution par cette formation de jeunes musiciens d'un grand classique, l'arrangement original de Garúa tel que l'avait joué la Orquesta de Aníbal Troilo, le compositeur de cette œuvre sacrée du répertoire (1).

(1) Garúa fait partie du corpus de Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, Editions du Jasmin, dans les pages de textes traduits et sur le disque offert par Melopea et produit par Litto Nebbia... Dans une interprétation que je vous laisse découvrir et déguster...

jeudi 23 mai 2013

Opération automnale de relance tous azimuts [Actu]



Hier, la Présidente argentine a annoncé une nouvelle série d'augmentations des allocations et minimums sociaux à une date peu habituelle (en général, ces annonces se font à la rentrée, pas à la fin mai).

En résumé :

La AUH (Asignación Universal por Hijo, allocation familiale versée à tous, de création récente, à l'intention des travailleurs ou chômeurs dépourvus de sécurité sociale) passe en juin de 340 à 460 pesos par mois, ce qui représente un peu plus de 13% du revenu moyen des parents allocataires. La AUH est soumise à diverses obligations de suivi médical et de scolarisation des enfants.

Les autres allocations, soumises à plafond de ressources et distribuées aux salariés déclarés, de création beaucoup plus ancienne, sont elles aussi revalorisées. Pour les classes sociales les plus modestes, l'allocation est du même montant que l'AUH.

Augmentent également les allocations de naissance, d'adoption et de mariage dont la dernière revalorisation remonte à 2007. La prime scolaire, versée d'ordinaire seulement à la rentrée, sera doublée cette année : 2,6 millions d'enfants donneront droit en juin à un nouveau versement de 340 pesos. Sur ce point, de toute évidence, on est bien en année électorale !

L'aide que l'Etat verse aux familles des retraités pour faire face aux frais des obsèques augmente elle aussi, elle passe de 1800 pesos à 4000 pesos à partir de juin.

Enfin, un changement de taille est institutionnalisé : l'AUH sera désormais versée aux mères et non plus aux familles parce que le Gouvernement prend en considération les abandons de famille de la part des pères, ce qui laisserait supposer que l'Argentine prend le chemin de l'Europe, avec des pères qui font de plus en plus défaut. Ce n'est pas une bonne nouvelle pour le pays. On sait en Europe les ravages que produit dans la société l'augmentation exponentielle du nombre de familles monoparentales.

Même si on ne peut que se réjouir pour les bénficiaires de ces mesures, il semble clair qu'elles ont un caractère électoraliste, sans quoi elles auraient été annoncées à la rentrée, à la date habituelle. De fait, et dans la foulée, la Présidente a aussi présenté un plan Mirar para Cuidar (Regarder pour Faire attention) qu'elle a confié aux mouvements politiques qui la soutiennent, dont la fameuse Campora, qui rassemble la jeunesse kirchneriste et que conduit son fils Máximo. Il s'agit de surveiller les prix dans les grandes surfaces pour s'assurer que l'accord de gel annoncé avant-hier (voir mon article sur le sujet) sera bien respecté. Une mission qui aurait dû être confiée à une instance paritaire ou au contrôle direct de l'Etat. On est en campagne électorale, et voilà tout !



Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 (pro-Kirchner) sur les augmentations sociales
lire l'article de Clarín (anti-Kirchner) sur le même sujet
lire l'article de Página/12 sur le plan Mirar para Cuidar
lire l'article de Clarín sur ce plan
lire le communiqué officiel émis par la Salle de Presse de la République Argentine.

Poussez pas ! Tout le monde aura sa photo avec François [Actu]


Après Cristina accourue dès le 18 mars saluer le tout nouveau Souverain Pontife (voir mon article du 19 mars 2013), les dirigeants du Club Atlético San Lorenzo de Almagro qui ont offert aux pèlerins la première intervention du Pape en espagnol pendant ses Audiences générales -et ce n'est pas n'importe quel exploit sportif qu'ils ont réalisé là (voir mon article du 10 avril 2013), Estela de Carlotto accompagnée par quelques militants de la cause des enfants disparus (voir mon article du 25 avril 2013), et les journalistes argentins en poste à Rome reçus à la messe de la Maison Sainte-Marthe il y a dix jours (voir mon article du 12 mai 2013), c'était hier au tour de deux hommes que tout sépare dans le paysage politique argentin. Ils ont assisté à l'Audience Générale et le Pape François les a salués sur le chemin du retour. Il s'agit du socialiste Hermes Binner, venu en Europe pour fêter les 150 ans du parti social-démocrate allemand (aujourd'hui) et qui a fait escale à Rome pour l'occasion, et le très kirchneriste Jorge Capitanich, le Gouverneur de la Province de Chaco, venu exprimer au Saint-Père la fierté du peuple chaquègne à l'idée qu'un Argentin soit désormais le Successeur de saint Pierre.

Binner à gauche, Capitanich à droite
Les deux ont ensuite raconté l'entretien à la première personne du pluriel aux journalistes et sur les réseaux sociaux, ce qui semblerait suggérer qu'ils ont ressenti sur place une certaine fraternité peu commune entre les politiciens argentins de différents bords et c'est ainsi que Página/12 en fait le récit dans un article court mais touchant.

Si Capitanich est un homme politique d'un modèle assez classique en Argentine, Binner est quant à lui un démocrate conciliant et tolérant. A la tête du Frente Amplio Progresista (FAP), il appartient à l'opposition nationale. Son comportement très digne et très sobre dans la défaite m'a beaucoup impressionnée lors de la dernière soirée électorale à laquelle j'ai pu assister il y a deux ans (les primaires des élections législatives et présidentielles où Cristina de Kirchner a battu tous les records de l'Argentine démocratique). D'ailleurs, ses propos montrent une bien meilleure connaissance de la personnalité du Pape que pour tous les autres visiteurs (hormis les footeux du San Lorenzo, bien entendu) et son choix de cadeau le prouve aussi : un livre d'un jésuite allemand du XVIIIème siècle qui a exercé son ministère dans la Province de Santa Fe et qu'il a fait publier lorsqu'il était, jusqu'à il y a peu, Gouverneur (excellent) de cette Province, située au nord de celle de Buenos Aires.

Nouvel indice que le sens du dialogue avance en Argentine et que la conscience nationale prend peu à peu le pas sur l'esprit partisan, ouvrant la possibilité de construire un désaccord pacifique dans ce pays, comme le montre aussi la manifestation d'hier à Mercedes (voir mon autre article de ce jour).

Pour aller plus loin :

Le 25 Mai aux fourneaux [Coutumes]

Guiso de lentilles (guiso de lentejas)

Ce matin, Clarín propose dans ses pages Entre Mujeres (on appréciera le côté un soupçon sexiste...) une liste gourmande de spécialités de saison, les locros, guisos, empanadas, tamales, humitas, pastelitos et autres alfajores qui font la joie des tables des fêtes nationales (días patrios) qui arrivent à commencer par le 25 Mai, à quoi s'ajoutera le 20 juin (fête du drapeau), le 9 juillet (fête de l'indépendance) et le 17 août (fête de San Martín), et qui partagent tous une caractéristique : c'est l'hiver et à Buenos Aires on commence à sentir le froid (moins à Corrientes ou à Tucumán...).

Il fait bon déguster des plats roboratifs, à base de brisures de maïs blanc (un délice), de lentilles, de haricots (qui fondent en bouche), de charcuterie et bas morceaux de cuisine pauvre et simple, et de dulce de leche pour le dessert...

Les recettes sont à découvrir en bas de l'article, sous le lien Bien Casero (comme à la maison)...

Comme en Europe actuellement, la météo est en phase avec celle de Buenos Aires, vous pouvez les essayer, elles dépayseront votre table tout en restant dans le ton des choucroutes, pots-au-feu, soupes au choux et autres cassoulets dont nous avons soupé tout cet hiver qui n'en finit pas...

La mort de Videla nourrit la polémique et... cultive l'union [Actu]


Le Gouverneur de Córdoba, José Manuel de la Sota, en pleine négociation électorale avec l'opposition (Macri, Moyano et autres Elisa Carrió), a profité de l'émotion suscitée par la mort de l'ancien dictateur Jorge Videla pour appeler à une réconciliation nationale en passant l'éponge sur les violations des droits de l'homme pendant la Dictature militaire de 1976-1983. Inutile de dire que l'Argentine, l'un des rares pays du sous-continent à mener coûte que coûte les procès qui s'imposent sur ces crimes, n'est pas prête à sceller une telle réconciliation.

Les organismes des droits de l'homme ont bien entendu réagi ainsi que de nombreux responsables politiques au premier rang desquels le député portègne Juan Candambié, petit-fils identifié de Abuelas de Plaza de Mayo, qui siège à la Legislatura de Buenos Aires comme président du groupe Frente Para la Victoria (parti de Cristina de Kirchner).

A Mercedes, hier, là où la famille Videla possède un caveau où l'on pense que l'ex-dictateur pourrait être enterré, une grande manifestation a envahi la rue pour condamner ce que fut son action politique jusqu'à ses derniers jours (le lendemain de l'installation du Pape, il avait profité de l'émotion nationaliste qui submergeait le pays pour appeler l'armée à un nouveau coup d'Etat contre l'actuel Gouvernement). Il faut dire qu'à quelques mètres du caveau des Videla, reposent les restes de certaines victimes de la Dictature qui ont pu être retrouvés et identifiés.

D'après Página/12, toutes les composantes politiques de la ville avaient répondu à l'appel et marchaient ensemble, au coude à coude, en dépit des lignes de fracture qui traversent aujourd'hui le paysage politique argentin. Une des premières occasions où les Argentins montrent qu'ils peuvent s'unir et faire taire leurs divisions pour défendre et promouvoir la démocratie qui est devenue leur bien commun.

Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 sur la condamnation politique qui s'est abattue sur De la Sota
lire l'article de Página/12 sur la manifestation de Mercedes.

Miguel Rep fête la Semaine de Mai – Article n° 3100 [Coutumes]


Hier, c'était le 22 mai, or le 22 mai n'est pas n'importe quelle date : en 1810, ce fut le jour où se tint un Cabildo Abierto un peu spécial, pour savoir ce qu'il convenait de faire devant la chute de la Junta de Séville intervenue au début de l'année, à cause de l'avancée des troupes impériales dans une Espagne peu à peu conquise par Joseph Bonaparte. Ce Cabildo Abierto fut cette année-là la grande réunion des notables de Buenos Aires et de ses environs qui décida de mettre en place, comme en Espagne, un gouvernement collégial, qu'on appelle Junta, pour remplacer le vice-roi... Lequel avait réussi à s'octroyer une place dans celle-ci, provoquant la colère du peuple que son statut social excluait des délibérations mais qui ne s'en laissait pas compter pour autant (voir mon article du 22 mai 2010 au sujet de cette journée historique).

C'est à quoi fait allusion aujourd'hui le dessin que Miguel Rep, fidèle à sa ligne anti-raciste, publie dans Página/12 (au pied de la page d'accueil du site Internet du quotidien). Beau dessin que je dédie à ces rares Européens que je vois faire la moue lorsque je parle, sur les salons ou dans mes conférences, des racines noires du tango argentin. Que certains Argentins se tiennent encore et toujours dans le déni de cette réalité sociologique et historique de leur propre passé, cela les regarde (et cela ne les grandit pas) mais que nous, Européens, nous ayons le front de nier la présence d'esclaves te donc de descendants d'esclaves sur ces territoires alors que ce sont nos armateurs qui les y ont déportés (ce à quoi nous devons ce patrimoine architecturale que constituent les magnifiques façades des quais de Bordeaux et de Nantes), c'est un comble, dans un pays, la France, qui se veut le berceau des droits de l'homme !


Le petit garçon (1) : Père. C'est quoi, l'Espagne ? C'est quoi, un Cabildo ? C'est quoi, la Révolution ? "Libre", ça veut dire quoi ?
(Traduction Denise Anne Clavilier)

En contrebas de la scène, on aperçoit le Cabildo de Buenos Aires, dans son état de 1810, et sans doute ce qui évoque la silhouette de l'église San Ignacio, situé dans l'un des angles de la Manzana de las Luces. Le Cabildo, qui a perdu plusieurs de ses arches, est devenu le Musée de la Révolution de Mai et tout comme la Manzana de las Luces, il fait partie du programme du voyage culturel que je vous propose actuellement avec l'agence française Human Trip (www.humantrip.fr), qui travaille dans l'optique de l'économie durable et équitable (voir mon article du 24 septembre 2012 sur cette partie du séjour).



Pour aller plus loin sur l'événement :
lire le communiqué officiel sur la relève de la garde au Cabildo hier, où le Régiment de Patricios mène cette cérémonie du souvenir (c'est en effet ce régiment, qui s'était illustré dans la reconquête de Buenos Aires contre les Britanniques en 1806 et 1807 qui assura la sécurité du Cabildo, sous les ordres de Cornelio de Saavedra, le 22 mai 1810).


(1) Et encore, la scène est largement idéalisée avec cette famille tranquille et oisive parfaitement équilibrée entre père et mère, fils et fille, sans oublier le petit chien... La plupart du temps, les enfants d'esclaves n'avaient aucune relation éducative avec leur père, qui n'était pas toujours connu comme tel et qui vivait rarement avec la mère. On le voit d'ailleurs dans les petites annonces de vente d'esclaves, que les propriétaires faisaient paraître dans la dernière page de La Gazeta del Gobierno de Buenos Aires entre 1810 et 1821. Pour notre sensibilité contemporaine, elles sont terribles, ces petites annonces d'il y a deux cents ans...

Obama aussi a envoyé ses bons vœux pour le 25 Mai [Actu]

Photo publiée par le service de presse de la Casa Rosada


Après le message du Pape (voir mon article du 21 mai 2013), c'est une lettre de Barack Obama que publie, directement en espagnol, le service de presse de la Présidence argentine (pour les besoins de la campagne électorale ou parce que la place de l'Argentine évolue dans le concert des nations ou les deux à la fois ?).

Estimada Sra. Presidenta:
En nombre del pueblo de los Estados Unidos de América, deseo felicitar a la Argentina en el aniversario de su Día Nacional, el 25 de mayo.
Nuestros países tienen afinidades históricas como grandes naciones el “nuevo mundo” que han sido guía de esperanza y oportunidades para millones de inmigrantes a lo largo de doscientos años de historia. Hoy, seguimos construyendo sobre una alianza duradera en áreas como la promoción de los derechos humanos y el uso pacífico de la energía nuclear para explorar nuevas iniciativas y oportunidades en ciencia, tecnología, comercio, cultura y educación.
Esperamos continuar desarrollando una relación madura, equilibrada y productiva con la Argentina, con el objetivo de promover valores democráticos, seguridad ciudadana y desarrollo general inclusivo en este hemisferio y más allá.
Con mis más sinceros saludos.
Barack Obama

Madame la Présidente,
Au nom du peuple des Etats-Unis d'Amérique, je souhaite présenter à l'Argentine mes vœux de bonheur à l'occasion de l'anniversaire de sa Fête Nationale, le 25 Mai.
En tant que grandes nations du Nouveau Monde qui ont été un guide d'espérance et d'opportunités pour des millions d'immigrants tout au long de deux cents ans d'histoire, nos pays ont des affinités historiques. Aujourd'hui, nous continuons à construire à partir d'une alliance durable dans des champs comme la promotion des droits de l'homme et l'emploi pacifique de l'énergie nucléaire pour explorer de nouvelles initiatives et opportunités en science et en technologie, dans le commerce, la culture et l'éducation.
Nous espérons continuer à développer une relation mûre, équilibrée et fructueuse avec l'Argentine dans le dessein de promouvoir les valeurs démocratiques, la sécurité citoyenne et le développement général pour tous dans notre hémisphère et au-delà.
Avec mes salutations les plus sincères.
Barack Obama
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Página/12 en rend compte avec un article beaucoup plus développé que celui consacré l'autre jour à la lettre du Pape.

Pour aller plus loin :
lire le communiqué officiel publié par la Salle de Presse de la République Argentine

mercredi 22 mai 2013

Mon dernier salon de la saison 2012-2013 [ici]


Affiche communiquée aux exposants le 28 mai
Ajout du 2 juin : les exposants s'étant presque tous retirés du salon au soir du samedi faute de visiteurs (même pour la conférence de Robert Solé), je n'y serai pas présente aujourd'hui dimanche.

Pour la dernière fois en cette saison 2012-2013, je signerai mes ouvrages au Salon du Livre du Lions Club Le Chesnay-Rocquencourt, à la Mairie du Chesnay, à côté de Versailles, du vendredi 31 mai 2013 au dimanche 2 juin 2013.

Je présenterai mes trois ouvrages déjà parus aux Editions du Jasmin sur le stand de ces dernières :
- Barrio de Tango, qui date de mai 2010
- San Martín, à rebours des conquistadors, biographie sortie en décembre 2012
- et Tango Negro, qui vient de sortir en avril.

Comme d'habitude, j'apporterai le mate pour un échange gustatif... à l'argentine. A Saint-Malo, le week-end dernier, c'est avec plaisir que j'ai constaté que bien des gens y connaissaient déjà cette boisson nationale du Cône Bleu (et de l'Uruguay, du Paraguay et du Chili). Mais il est vrai que c'étaient tous des Etonnants Voyageurs !

Ce nouveau salon du livre se tiendra à la Mairie du Chesnay, Salle Maurice Cointe, 9 rue Pottier (gare SNCF de Versailles-Rive-Droite). Il est organisé par le Lions Club du Chesnay-Rocquencourt au profit de la jeunesse en difficulté et comme souvent avec le Lions Club en région parisienne (que ce soit à Antony, à Châtenay-Malabry ou ici au Chesnay), la communication autour de l'événement est très défaillante. Il n'y a ni site internet, ni blog, ni page Facebook, pas même une mention sur le site de la Mairie qui prête ses locaux... Aux auteurs et aux exposants de faire seuls le boulot ! C'est dommage parce que les organisateurs se sont pliés en deux pour offrir un programme culturel intéressant, avec des concerts et des conférences, dont une de Robert Solé, journaliste au Monde, sur le thème de l'Egypte, D'une révolution à l'autre, 1919-2013, le samedi à 15h (ça vaudrait donc bien le coup de faire du bruit autour !)

Pour ma part, je serai présente le vendredi matin, jusqu'en fin d'après-midi (vers 17h30 ou 18h), puis le samedi (j'arriverai sans doute vers 11h) et le dimanche dès le début d'après-midi ou la fin de la matinée.

Entrée libre et gratuite.


Cliquez sur l'image pour lire le programme

Et les prochaines dédicaces, ce sera à la rentrée, à la mi-septembre, à la Fête de l'Humanité, à La Courneuve, au Village du Livre.

Pour en savoir plus sur mes activités à venir, vous pouvez vous reporter à mon Agenda sur mon site Internet, où je donne les dates longtemps à l'avance.