lundi 23 décembre 2013

Le Roman national argentin : mardi à Palermo [Human Trip]

Statue de Rosas en plein Palermo,
là où se trouvait autrefois le caserón (sa luxueuse et imposante résidence privée)

A Buenos Aires, Palermo, c'est LE quartier des espaces verts par excellence. Et pourtant, les espaces verts, ce n'est pas ce qui manque dans la capitale argentine.

Le quartier a été fondé dans la seconde partie du XIXème siècle, sous l'impulsion de Domingo Faustino Sarmiento (1811-1888), qui voulait détruire le souvenir de son ennemi politique, Juan Manuel de Rosas (1793-1877). Cela n'a pas vraiment réussi, en tout cas sur le long terme ! Rosas est en plein retour en grâce depuis la restauration démocratique et constitutionnelle de décembre 1983. Récemment, une nouvelle station de métro a été baptisée de son nom (malheureusement pour le sens historique des Portègnes, cette station se trouve en plein quartier de Villa Urquiza, baptisé ainsi du nom de son vainqueur de 1852, le général Urquiza).


Une hymne historique à la gloire de Rosas en 1839

En effet, Palermo reste profondément lié à l'histoire du Restaurateur, comme Rosas se faisait appeler car il avait restauré les lois et l'ordre civil à sa façon, violente et sectaire, en mettant fin en 1829 puis à nouveau en 1835 à la guerre civile qui avait succédé à la révolution indépendantiste. 

Ou plutôt, il était parvenu à mettre sous le boisseau le conflit dans la Province de Buenos Aires en imposant l'ordre fédéral sur tout son territoire.

Ce qui est actuellement un quartier était autrefois la propriété privée immense où il vivait du temps où il était le très contesté et très despotique Gouverneur de la Province de Buenos Aires et le maître du port qui commandait l'entrée des marchandises étrangères dans le territoire de la Confédération Argentine. Ce vaste territoire qui longe la courbe du Río de la Plata au nord de la ville doit beaucoup à un architecte paysager de génie, français de naissance et qui se fit naturaliser argentin, Carlos Thays (1849-1934), l'un de ces savants naturalistes qui vinrent en Argentine mettre en valeur le patrimoine botanique (beaucoup d'entre eux étaient français, formés sous le règne de Louis XVI puis sous la Monarchie de Juillet et le Second Empire). Directeur des espaces verts à Buenos Aires de 1881 à 1913, c'est lui qui dessina, sous l'impulsion de Sarmiento (1), le Parque 3 de Febrero, le plus important ensemble de jardins de Palermo, avec notamment le jardin botanique où se trouve toujours sa maison à deux pas de Plaza Italia. C'est lui aussi qui aménagea ou réaménagea la plupart des parcs et jardins du nord, du sud et de l'ouest de l'actuelle Buenos Aires, en pleine époque de la Grande Immigration qui devait aider à donner forme à ce que nous appelons aujourd'hui le tango...

Une vue du Jardin japonais, une des merveilles du Parque 3 de Febrero.
Ce jardin a été offert par la communauté japonaise
à la fin du 19e siècle pour remercier Buenos Aires de son accueil
Aujourd'hui, l'association concessionnaire fait payer l'entrée et ça énerve dans l'opposition municipale.


Notre journée commencera donc, après le petit-déjeuner buffet, avec un exposé de ma part sur les tenants et les aboutissants de cet épisode crucial de la formation de l'actuelle République Argentine. Nous nous mettrons ensuite en route pour le nord de la ville, vers le métro Plaza Italia, et nous visiterons le somptueux quartier des ambassades, qui jouxte la Plaza Grand-Bourg, découverte la veille lors de notre journée consacrée à San Martín (1778-1850).

Le candombe fédéral présidé par Rosas et dona Encarnación, son épouse
d'après Martín Boneo.
Ce tableau daté de 1845 est exposé au Museo Histórico Nacional de Buenos Aires

Palermo est un quartier riche en musées tous plus intéressants les uns que les autres. Chacun restera donc libre de privilégier un thème plutôt qu'un autre (une liste sera fournie pour aider au choix). C'est aussi à Palermo que l'on a retrouvé il y a peu les vestiges du célèbre Cafe de Hansen, un lieu où le tango a connu des heures fastes, sous le règne des musiciens de la Guardia Vieja (voir mon article du 27 décembre 2008) à ce propos.

Après une partie de programme libre, nous pourrons nous retrouver tous ensemble pour faire un tour dans cet ex-campus militaire qui est devenu un espace dédié aux Droits de l'Homme : l'ex-Esma, Ecole supérieure de mécanique de la Marine qui servit sous la Dictature militaire (1976-1983) de centre clandestin de détention et de torture. Aujourd'hui, chaque pavillon abrite un centre culturel avec expositions, concerts et conférences. Chaque ONG des droits de l'homme a le sien, le plus connu d'entre eux étant ECuNHi, Espacio Cultural Nuestros Hijos (espace culturel Nos Enfants) animé par Madres de Plaza de Mayo et dirigé par la folcloriste Teresa Parodi.

Le déjeuner de ce jour est compris dans le programme. Nous le partagerons dans un bistrot local au milieu des Portègnes qui travaillent dans le secteur.

La pizza argentine n'est jamais individuelle.
Elle se partage et elle vous nourrit convenablement !

En soirée, nous irons nous régaler d'un concert selon ce que l'affiche nous offrira ce soir-là : comme le savent mes fidèles lecteurs, les concerts de musique populaire (les shows comme on dit là-bas) se donnent dans des restaurants, des cafés ou des centres culturels de quartier qui proposent juste avant le spectacle une carte bon marché de spécialités traditionnelles (pizzas à partager - para compartir, empanadas ou chaussons à la viande, tostadas ou croque-monsieur, guisos ou ragoûts, grillades et salades...)

* * *

Le Roman national argentin, voyage culturel, solidaire et humain est un séjour à Buenos Aires, que vous propose l'agence de tourisme équitable et solidaire Human Trip du 24 avril au 8 mai 2014, pour 2740 € TTC par personne (inscriptions ouvertes jusqu'à la fin janvier).




Pendant tout le séjour, nous serons au Monserrat Apart Hotel (quatre étoiles) : nous y disposerons de chambres équipées d'une kitchenette des plus commodes. Ce mode d'hébergement permet d'équilibrer le budget et le régime alimentaire de chacun (c'est beaucoup moins cher et beaucoup plus sain que de prendre tous ses repas au restaurant dans les conditions aménagées par le secteur touristique local !)
Vous pouvez consulter les conditions d'hébergement sur le site Internet de cet hôtel situé en centre-ville. Le Monserrat Apart Hotel dispose aussi d'une page Facebook. Le site Internet comme le Facebook reflètent la réalité de l'établissement que j'ai pris la peine de visiter personnellement.

Le programme complet du séjour est disponible en format imprimable sur mon site Internet et en lecture en ligne sur le site de l'agence Human Trip (destination Argentine), laquelle est à votre disposition pour répondre à toutes vos questions (conditions de vente, modalités de paiement et d'inscription et toutes les autres questions techniques).
Nous avons disposé tout au long du séjour plusieurs soirées libres pour qu'entre autres, les danseurs de tango puissent s'adonner librement à leur passion chorégraphique...

* * *

Grâce à son correspondant sur place, Human Trip peut vous offrir des extensions vers d'autres destinations, en Argentine ou dans les pays limitrophes, à votre guise, à l'intérieur des dates prévues (vous pouvez sauter des chapitres, comme font certains en lisant un bouquin), soit avant l'arrivée du groupe, le 25 avril, soit après son départ le 7 mai.

L'agence est à votre service pour vous construire un programme sur mesure.
Contactez-la par mail (info@humantrip.fr)
ou par téléphone (04 86 11 01 71).

Pour en savoir plus sur le quartier, cliquez sur son nom dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus.
Vous pouvez faire de même pour retrouver dans ce blog tous les articles relatifs à la figure de Juan Manuel de Rosas, personnage historique de grande importance.
Il est particulièrement présent dans le manifeste de Juan Carlos Cáceres, dont j'ai fait l'adaptation aux Editions du Jasmin pour le public francophone : Tango Negro.
Il en sera aussi question dans la conférence que je donnerai le 7 janvier 2014 à la Maison de l'Argentine à Paris.

(1) Pendant le gouvernorat de Rosas (1835-1852), Sarmiento avait choisi l'exil politique. Cet ancien instituteur, théoricien et praticien de génie de l'école primaire, se fit alors nommer chargé de mission par le gouvernement chilien pour aller étudier les systèmes d'enseignement en vigueur aux Etats-Unis, en Angleterre et en France. C'est ainsi qu'il tomba en admiration devant Central Park à New York et les jardins dont Londres et Paris s'ornaient déjà dans les années 1840. Le Parrque 3 de Febrero doit donc beaucoup à New York et aux deux grandes capitales européennes. Rien d'étonnant par conséquent si c'est à un architecte botaniste français que ce savant autodidacte a donné la mission de doter la capitale argentine d'un parc digne de ce qu'il considérait être les plus belles villes de son temps.