jeudi 28 février 2013

Demain soir, sur France 3, Thalassa nous emmène (vraiment) au Río de la Plata ! [ici]


Demain soir, vendredi 1er mars 2013, à 20 h 45, Thalassa consacrera son édition hebdomadaire à Buenos Aires, à son fleuve et à ses environs.

France 3 annonce cinq reportages sur ce qui sera le thème central de l'émission.

L'un portera sur les crimes de la Dictature et principalement sur les vols de la mort, dont les responsables passent actuellement en jugement en Argentine : une vaste opération du plan Condor qui visait à débarrasser le pouvoir de ses opposants en les jetant, la plupart du temps vivants et drogués, dans le fleuve depuis un petit avion militaire censé être en mission de reconnaissance ou de livraison (d'on ne savait pas quoi). Reportez-vous à mes articles rassemblés sous le mot-clé Justice et Droits de l'Homme (JDH).

Un autre sujet est consacré au port de Buenos Aires et aux difficultés navales du trafic fluvial pour les gros porte-containers qui doivent remonter le fleuve aux très fréquents bas-fonds.

Un troisième reportage nous fera découvrir le delta du Tigre au nord de la capitale argentine. Beaux paysages assurés à ce moment-là de l'émission... Avec tout l'exotisme grâce auquel cette émission aime faire rêver les téléspectateurs...

Pour autant qu'on peut en juger sur ce qu'en disent les communicants en charge des pages de Thalassa sur le site Internet de la chaîne, ces trois sujets présentent des garanties de crédibilité dignes de France 3 et de ses équipes de journalistes.

Ensuite on nous promet un parcours touristique en taxi et là, surprise. Très bonne surprise même ! Les quelques images présentées par la bande-annonce semblaient indiquer qu'il ne nous sortirait guère des sentiers battus, et c'est la raison pour laquelle j'ai tardé jusqu'à aujourd'hui de parler de cette émission. Cette bande-annonce me faisait craindre non pas le pire (encore que !) mais je ne peux pas dire qu'elle me faisait espérer le meilleur... Devant les arguments mis en avant par la communication officielle de la chaîne, qui privilégie le Palacio de las Aguas en disant que ce bâtiment, qui est surtout connu pour sa façade exceptionnelle, est français (ce qui est absurde et inconsciemment colonialiste, car ce "palais" ne peut être qu'argentin, puisqu'on est à Buenos Aires), j'avais levé les yeux au ciel. Et puis j'ai visionné ce matin l'extrait du reportage publié sur le compte officiel Youtube de Thalassa et là, j'ai changé d'avis du tout au tout ! Pour une fois, nous allons peut-être, sans doute même, échapper au témoin local pittoresque, moitié-gaucho, moitié-compadrito, qui est une caricature invraisemblable. Nous devrions faire la connaissance d'un vrai de vrai Portègne, chauffeur de taxi de son état, ventripotent en diable et amoureux sincère, humble et INTELLIGENT de sa ville (1), lui qui habite encore aujourd'hui près des docks de Buenos Aires, c'est-à-dire, à ce que je peux imaginer, dans la partie assez miteuse de Palermo, celle qui longe le fleuve dans le prolongement nord de l'arrogant Puerto Madero... Je vous laisse découvrir cet extrait ci-dessous.

Aussi donc, si le Thalassa qui nous attend demain soir tient ses promesses, merci, merci, merci encore et encore à France 3 et à Georges Pernoud pour leur audace intellectuelle... Enfin, une Buenos Aires qui ressemblera à Buenos Aires.



Et en prime, en yapa, Thalassa diffuserait encore, si j'en crois le compte Youtube, le seul endroit où j'ai vu l'information, un reportage sur l'île Martín García, confetti argentin dans les eaux territoriales uruguayennes, face à Buenos Aires. Elle fut longtemps une zone de relégation qui abritait un bagne et une prison, essentiellement utilisée pour des raisons politiques. Elle est maintenant plus connue pour sa spécialité gastronomique : c'est de cette île que viendraient les meilleurs panes dulces du monde ! Alors régalez-vous.... (2) Je vous laisse découvrir un bout de ce sujet, toujours sur le compte Youtube de l'émission.



Pour ceux qui ne pourront pas regarder Thalassa à la télévision (notamment ceux de mes lecteurs qui se connectent depuis Buenos Aires, La Plata ou plein d'autres cités du Cône Bleu), qu'ils sachent qu'elle est accessible à l'heure de Paris en streaming puis, plus tard, en replay ainsi qu'en rediffusion télévisée sur plusieurs autres chaînes partenaires diffusées par satellite...

Pour aller plus loin :
voir la page de Thalassa sur le portail de France 3.

(1) Personnellement j'en ai rencontré quelques uns bâtis sur le même modèle à Buenos Aires même...
(2) En tapant Pan Dulce ou pan dulce dans le moteur de recherche, en haut à gauche, vous devriez pouvoir trouver mes articles consacrés à cette pâtisserie traditionnelle de Noël (mais qu'on trouve toute l'année dans certaines confiterías de la capitale argentine, dont une sur Avenida Corrientes, qui les fait venir directement de l'île et les vend... assez cher).

Página/12 rend hommage à "notre" Stéphane Hessel [Actu]



C'est surtout l'auteur d'Indignez-vous que saluait ce matin le quotidien Página/12. Rien de bien étonnant de la part de ce journal qui milite pour les droits de l'homme et la démocratie en Argentine... Página/12 souligne la culture immense du personnage, rappelle sa vie mouvementée en particulier pendant l'occupation allemande en France et décrit son itinéraire, en insistant beaucoup sur ses engagements du côté socialiste depuis des décennies. Son rôle en 1948 dans la rédaction de la déclaration universelle des droits de l'homme, un texte ratifié par l'Argentine et si souvent violé depuis jusqu'en 1983, ne pouvait pas être oublié.

L'article se conclut par un chapelet de citations de Stéphane Hessel, particulièrement bien bâties sur la priorité de la démocratie sur tous les intérêts matériels qui semblent vouloir prendre le pas sur elle depuis une vingtaine d'années.

Intéressant mais émouvant tout autant.

Un thème de tout l'été : la démocratisation de la Justice [Actu]

Une du 14 janvier 2013


Tout au long de l'été, Página/12 a entretenu ses lecteurs d'une préoccupation majeure pour la démocratie en Argentine : l'adaptation de l'appareil judiciaire aux requis des droits de l'homme, ce qui est loin d'être une affaire entendue. Avec la lutte contre l'inflation, contre la corruption et contre les violences policières (aux Etats-Unis aussi, les flics ont la gâchette facile), l'adéquation des services diplomatiques aux nécessités d'un Etat moderne sur une planète mondialisée, la démocratisation de la justice est une priorité en Argentine et depuis son accession à la présidence de la Nation en décembre 2007, Cristina Fernández de Kirchner n'a pas cessé de répéter qu'elle voulait la réformer pour en faire un véritable outil de la démocratie. Or la Justice argentine traîne avec elle un passif particulièrement antidémocratique.

Tout d'abord, très ancrées dans toutes ses institutions, elle a des habitudes de corruption variées en formes et en degrés, comme le reste de l'appareil d'Etat, habitudes qui ont été presque institutionnalisées à partir des années 1850-1860, après la chute de Juan Manuel de Rosas (1793-1877), qui avait de son côté fait régner la terreur sur la province la plus importante du point de vue démographique, celle de Buenos Aires, qui incluait encore la capitale elle-même, de telle sorte qu'une bonne partie de la population était, au sortir de cette dictature, mal armée pour défendre les principes légaux contre la puissante vague de corruption, en sens inverse, qu'apportaient les nouveaux maîtres du pays.
Ensuite parce que les juges et une bonne partie des auxiliaires de justice (à commencer par les avocats) sont très majoritairement issus des classes supérieures de la société ou de classes immédiatement inférieures qui leur sont intimement inféodées par un système d'intérêts concordants ou de clientélisme qui remonte à plusieurs générations. Cela donne un recrutement endogène et des fils qui imitent leurs pères, de génération en génération, reproduisant et solidifiant les mauvaises habitudes...
Enfin, la tradition judiciaire argentine plonge ses racines culturelles dans le droit romain, écrit et légiférant, puisqu'elle est l'héritière de la tradition espagnole, alors que la Constitution de 1853 (la première qui soit entrée en vigueur en Argentine et qui n'a subi que quelques mises à jour jusqu'à maintenant) a pris pour modèle, sur bien des points, la constitution typiquement anglo-saxonne des Etats-Unis, fondée quant à elle sur le droit coutumier, qui évolue à travers la jurisprudence (donc par le fait du juge) beaucoup plus qu'à travers la formulation de lois nouvelles (fait du parlementaire), lesquelles viennent s'empiler sur des lois anciennes, qui ne sont pas toujours abrogées à temps (un revers de la médaille du droit romain, que l'on connaît bien en France). De telle sorte que les institutions elles-mêmes (de type anglo-saxon) ne correspondent pas à la réalité des mœurs politiques et culturelles (de type latin) et rendent la Justice aussi inopérante qu'incompréhensible pour le commun des mortels.
A cela s'ajoutent l'inutile complexité des lois et des règles de procédure et leur caractère parfois incohérent, voire franchement contradictoire, autre tradition élaborée dans la seconde partie du XIXe siècle pour entraver la fluidité du système et protéger ainsi les intérêts des classes supérieures qui étaient alors occupées à se constituer en oligarchie, réalité socio-politique très influente tout au long du XXe siècle et qui pèse encore aujourd'hui de tout son poids sur l'ensemble de la vie politique du pays : dans les années 1860-1880, cette petite classe sociale (en effectif) s'est approprié les richesses du pays, notamment les terres inhabitées ou encore occupées par des Indiens, à l'aide de lois scélérates, qui ont assuré son pouvoir politique en tant que groupe social.

En Europe, tout au long du Moyen-Age, nos pays se sont dotés d'une noblesse très puissante puis la monarchie absolue a mis un terme à cette puissance privée en imposant à l'aristocratie (et à l'Eglise), de force ou par ruse, selon les lieux et les coutumes locales, de se subordonner à l'autorité d'un Etat, qui lui-même évolua dans le temps jusqu'à devoir faire place, non sans violence, à l'Etat démocratique. Or, du fait de son histoire, l'Argentine, comme tout le reste du sous-continent, a fait et de toute évidence fera bel et bien l'économie de cette étape fondamentale que fut la monarchie absolue (qui s'est tout de même étalée sur deux bons siècles chez nous). Cela ne semble d'ailleurs pas lui faciliter l'appropriation du fonctionnement démocratique.

Une du 20 janvier 2013

La démocratisation de la Justice est donc un enjeu des plus complexes, qui mêle des antagonismes sociaux, politiques, idéologiques, culturels. Bref, cela se présente comme un véritable sac de nœuds, un peu comme la réforme du code du travail en France, où il est très difficile d'obtenir qu'un acteur fasse le premier pas sans que les autres lui tombent dessus à bras raccourcis...

Et ce sont ces enjeux complexes que les articles successifs tout au long de l'été ont cherché à exposer grâce aux interventions de juristes de très haut niveau, tous bien entendu favorables à la réforme de la Justice (il est sûr que les magistrats hostiles à cette réforme n'ont pas d'arguments pour expliquer le décalage actuel entre les pratiques institutionnelles et les requis des droits de l'homme !).

Une du 26 février 2013

Très occupée par ailleurs, comme tous les hivers septentrionaux, à préparer l'année qui vient, en l'occurrence en travaillant sur les épreuves de Tango Negro, mon prochain livre co-signé avec Juan Carlos Cáceres, sur le manuscrit d'une anthologie consacrée à San Martín et sur la mise en route d'un site internet personnel, je n'ai pas pu vous tenir au courant comme je l'aurais aimé dans le détail de ces controverses fécondes mais je ne voulais pas passer au mois de mars sans vous avoir au moins renvoyés à la lecture des principaux articles concernés :

Lire l'article du 14 janvier 2013 avec une interview de Raúl Zaffaroni, une grosse pointure de la Cour Suprême, personnalité très médiatique et seul juge de cette institution à appuyer de tout son poids en faveur d'une réforme en profondeur.
Lire l'article du 20 janvier 2013Stella Maris Martínez, médiatrice nationale, donne son interprétation des complexités procédurales qui permettent aux décisions de justice de rester inefficaces presque à l'infini
Lire le billet d'opinion du 22 janvier 2013 de l'avocate et parlementaire Claudia Neira sur les liens entre pouvoir judiciaire, démocratie et souveraineté nationale
Lire l'article du 22 janvier 2013 sur le constitutionnalisme populaire par Guido Risso, professeur de droit constitutionnel à l'Université de Buenos Aires, sur le même thème
et enfin, l'article du 26 février 2013 sur le mouvement Justicia Legitima qui mène depuis l'intérieur de la magistrature le combat militant pour une réforme institutionnelle en appui au gouvernement en place.

Carlos Gardel bientôt Au Fil de l'histoire [ici]


Le 13 mars 2013, à 2 h du matin, donc dans la nuit du mardi au mercredi, France Inter diffusera une pièce de théâtre radiophonique du dramaturge et romancier Patric Nottret intitulée Carlos Gardel, le tango dans la peau (le titre n'est pas de l'auteur).

D'après l'auteur, qui a eu la gentillesse de me tenir au courant de tout après m'avoir longuement interviewée il y a plusieurs mois pour éviter les clichés qui circulent un peu partout, la pièce a été mise en ondes avec beaucoup de soin par le producteur, Patrick Liegibel, qui a traité le sujet avec le respect qui s'imposait (Champagne !). Ce n'est pas moins de vingt-six personnes qui ont été mobilisées pendant quatre heures de répétition et d'enregistrement dans le studio 115 de la Maison Ronde : comédiens, techniciens du son, bruiteurs, réalisateur etc. Les chansons de Carlos Gardel mêlées au fil de la pièce ont été choisies par Patric Nottret (ce qui n'était pas acquis d'avance, une autre coupe, garçon !).

C'est le comédien Bernard Gabay, dont Patric Nottret m'assure qu'en plus d'avoir du talent, c'est un homme très sympathique, qui prêtera sa voix parlée au Zorzal Criollo, dont l'auteur souhaite souligner l'identité française (1). Et cela doit nous valoir une troisième coupe de champagne car la bonté, la générosité, le grand cœur de Gardel sont légendaires et amplement documentés... Mieux valait donc que le rôle échoie à un homme sympathique qu'à un cabotin arrogant...

L'heure de diffusion de l'émission vous dissuadera peut-être de l'écouter si vous habitez la façade ouest de l'océan Atlantique. C'est en revanche un horaire plus adapté à nos amis argentins. Cependant, l'émission est téléchargeable gratuitement, en podcast automatique et en opération manuelle pendant une semaine après la diffusion puis disponible en écoute à volonté pendant plus d'un an... France Inter dispose d'un streaming sur son site Internet, les auditeurs vivant sous des longitudes compatibles avec ces heures pourront donc l'écouter en direct. L'émission dure une demi-heure.

La pièce n'est pas encore annoncée sur le site de France Inter. Tant que cette annonce n'est pas faite par les services de la station, la date de diffusion reste susceptible de changement, mais l'émission a déjà été si souvent repoussée que ça devrait être bon, cette fois-ci !

Pour aller plus loin :
connectez-vous à la page d'Au Fil de l'histoire sur le portail de France Inter
      Ajout du 13 mars 2013 : podcast téléchargeable jusqu'à la mi-mai (sur France Inter).
connectez-vous au site Internet de Patric Nottret et découvrez le reste de son travail
allez découvrir le profil de Bernard Gabay sur Wikipedia (information gracieusement fournie par Patric Nottret lui-même)

Et puis pour le plaisir, voici Tomo y obligo (2), enregistré en son temps par le Zorzal Criollo, dans les studios de la Paramount, à Joinville-le-Pont, tout près de Paris, en 1931. Il s'agit d'un extrait de Luces de Buenos Aires, un film qui rassemblait tout un chapelet de grandes vedettes argentines débarquées tout exprès de leur lointaine capitale... En remerciement à Patric Nottret pour le sérieux avec lequel il a mené son enquête avant de se lancer dans l'aventure d'écrire une pièce chronométrable pour la radio française !




(1) Seul petit désaccord entre nous car pour ma part, je ne pense pas qu'il faille que la France ou les Français cherchent à récupérer cet artiste qui doit tout ce qu'il fut comme homme et comme musicien à l'Argentine. Certes il a vu le jour en France (que me pardonnent mes lecteurs uruguayens persuadés que cette idée est une invention argentine) mais il n'a eu dans son pays natal que des marques de mépris puisqu'il était un enfant né hors mariage, sans père comme on disait alors. Plus tard, mais bien plus tard, la France lui a accordé l'une de ses premières reconnaissances internationales et la plus prestigieuse aux yeux de son public sud-américain, mais il était alors un homme dans la force de l'âge. En 1924, il avait déjà trente-quatre ans !
(2) Tomo y obligo (c'est ma tournée) est la dernière chanson que Carlos Gardel ait chantée. C'était le 23 juin 1935 à Bogotá. Il s'est tué le lendemain peu après midi dans un accident d'avion, au sol. Tomo y obligo est traduit dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, à la page 295.

mardi 26 février 2013

Ma prochaine conférence à Bourg-lès-Valence [ici]



Les 4èmes Rencontres à Livres Ouverts de Bourg-lès-Valence, organisées par l'association Arts Passion, auront lieu le samedi 16 mars 2013, dans l'après-midi, à Bourg-lès-Valence, dans la Drôme (26), sur le thème La musique en toutes lettres, au Centre musical du quai Thannaron, de 14h à 18h.

Une rencontre avec auteurs et musiciens, avec des animations, des lectures, des conférences et des dédicaces.

Partenaires : la ville de Bourg-lès-Valence et RCF Drôme
RCF a prévu de diffuser par la suite des interviews des auteurs et des musiciens présents sur le salon.

Pour ma part, j'y donnerai une conférence : L'histoire du tango, de 1830 jusqu'à Carlos Gardel. Et j'y présenterai mes deux livres sur le tango, Barrio de Tango et Deux cents ans après, en attendant le petit dernier dont la parution devrait coïncider avec le retour des oiseaux migrateurs, Tango Negro, manifeste de Juan Carlos Cáceres, dont j'ai assuré la traduction et les commentaires (à paraître aux Editions du Jasmin).

Entrée libre et gratuite, bien sûr.

J'aurai également avec moi quelques exemplaires de San Martín, à rebours des conquistadors (paru aux Editions du Jasmin, en décembre 2012). Et mon compagnon de tous les salons : le mate, avec la yerba, la bombilla et le thermos, pour une initiation si vous vous lancez... (pour en savoir plus sur le mate, voyez mes articles y afférents)

dimanche 24 février 2013

Triple rentrée à Che Flores [à l'affiche]



Une soirée de luxe qui se prépare samedi prochain, 2 mars 2013, à 21h30, à Che Flores, Arce 235 dans le quartier de Palermo (zone de Las Cañitas), pour 40 $ (peso argentin, ne confondons pas avec une autre devise, de couleur verte) le droit au spectacle (comptez aussi les consommations, c'est un resto-bar !) :

la chanteuse Jacqueline Sigaut, bien connue de mes lecteurs,
l'auteur-compositeur-interprète et guitariste Néstor Basurto, loin d'être un inconnu
et leur invité, l'harmoniciste platense (1) Daniel Chappet, un musicien de premier plan que j'ai entendu pour la première fois à Ave Tango, lors d'un très beau récital de Hernán Genovese.

Une très belle façon de préparer la grande rentrée générale du lundi !



(1) de La Plata, capitale de la Province de Buenos Aires.

Pour rire (un peu) de nos malheurs [Actu]


Après les mauvaises nouvelles que nous a apportées la semaine dernière, la récession dans toute la zone euro, le pénible 0,1% de croissance en France (mieux que d'autres mais tu parles d'une consolation), la Grande-Bretagne qui perd son triple A, Iberia qui licencie à tout va, les Espagnols dans la rue une nouvelle fois, les Italiens tentés de porter au pouvoir un histrion sans expérience mais avec beaucoup de colère, le dessin d'hier, à la une de Página/12, nous arrachera tout de même un sourire !

Merci aux deux complices, Paz et Rudy, les deux auteurs de cette vignette.


Le lecteur du journal : En dépit de la sévère politique de rigueur, la crise s'aggrave en Espagne.
Le moustachu : Comprends pas !
Le lecteur : Quoi ?
Le moustachu : Cette histoire : "En dépit de"
(Traduction Denise Anne Clavilier)

samedi 23 février 2013

La mort du poète Ricardo Ostuni [Actu]

Archives La Nación

Poète, essayiste et homme politique, l'Uruguayen naturalisé argentin Ricardo Ostuni vient de nous quitter, jeudi, à Buenos Aires, où il avait élu domicile il y a de très longues années. Sa mort, intervenue après un long combat contre la maladie, semble avoir surpris tout le monde car les journaux n'y font que de rares mentions...

Avec son œuvre littéraire, l'homme avait gagné sa place à la Academia Porteña del Lunfardo. Il avait illustré la vocation poétique de cette version rioplatense de l'espagnol, métissé d'italien et de tout ce que l'Europe compte de langues nationales, locales et même argotiques... Avec ces travaux d'historiographies, il avait gagné celle d'académicien de la Academia de la Historia, ce qui n'est pas rien à Buenos Aires.

Du côté politique, il avait été très investi dans la mouvance radicale à Buenos Aires où il avait été très proche, entre autres, de Fernando de la Rúa, un ancien chef du Gouvernement de Buenos Aires qui fut démis par la Legislatura à cause de ses malversations. Inutile de vous dire que cette proximité ne lui avait pas valu que des amis parmi les Argentins et notamment les Portègnes et je suis témoin que la défiance qu'un bon nombre d'entre eux témoignaient à son sujet. Mais comme dit Todo Tango, dont il était un collaborateur attiré : nul n'est parfait !

Du côté du football, ce qui compte autant sinon plus que la politique, il était un supporter du Boca Juniors et c'est vraiment une identité, la carte de supporter de ce club du sud de la ville...

A son engagement politique contestable il ajoutait une militance acharnée dans la cause uruguayenniste, où il était un allié inséparable de Martina Iníguez (voir mon article du 22 octobre 2012) : il croyait fermement que Carlos Gardel était né en Uruguay, à Tacuarembó, une thèse qui passe très très très mal dans le milieu tanguero à Buenos Aires mais dont une majorité d'Uruguayens, où qu'ils vivent dans le monde, y compris souvent lorsqu'ils se sont établis en France, ne peuvent pas se détacher... Ostuni avait même consacré à cette question une monographie de 300 pages qui constitue l'essai le plus complet sur cette fable, présentée par lui comme une vérité historique. C'est très agaçant pour les cartésiens que nous sommes mais force est de constater que pour les Uruguayens, c'est une cause sacrée, qui n'est pas sans nous rappeler les rivalités inouïes (avec échanges de noms d'oiseaux de temps en temps) qui opposent aujourd'hui en France les partisans du site d'Alesia à Alise-Sainte-Reine en Bourgogne (Côte d'Or, 21) et ceux de la localisation dans les Alpes, à Chaux-des-Crotenay, dans le Jura, ou les disputes homériques qui se sont déployées pendant parfois des siècles tout au long du Moyen-Age entre deux villes voisines sur l'authenticité d'une écharde de la Sainte-Croix que toutes les deux prétendaient détenir, pour mieux attirer le flux des pèlerins, qui comme aujourd'hui faisaient tourner la vie économique du coin...

Depuis son retrait de la vie politique, en 2001, il consacrait toutes ses forces au tango, avec une passion qui nous laisse ébahis, même si sur certains thèmes elle ne nous convainc pas.

Ricardo Otsuni a été inhumé au cimetière de la Chacarita à Buenos Aires dans la journée d'hier.

Pour aller plus loin :
Voir la notice auteur dans Todo Tango (elle n'a pas encore été mise à jour)

jeudi 21 février 2013

Salta :un retour en images [Actu]

Le monument au 20 Février, à Salta
Photo Javier Corbalán pour El Tribuno

Les célébrations d'hier ont été hautes en couleurs dans la ville nordiste de Salta pour le Bicentenaire de la victoire remportée par Manuel Belgrano sur les troupes absolutistes du Haut-Pérou...

La paysannerie dont parlait Manuel Belgrano dans son rapport militaire
(voir mon article d'hier)
et comme vous le voyez, on n'a pas oublié le rôle historique
joué par les femmes dans cette région de la Guerra Gaucha comme on l'appelle
Photo Javier Corbalán, pour El Tribuno

Alors que je ne peux que distraire quelques minutes pour cette actualité sur un agenda qui, ces deux jours, est presque entièrement occupé par la relecture des épreuves de mon prochain livre Tango Negro, en co-autorat avec Juan Carlos Cáceres (pour le bon à tirer qui doit partir avant-hier, comme toujours), voici, grâce à El Tribuno, à quoi ressemblait la fête d'hier...

La fanfare en grande tenue devant le monument du 20 Février
Photo Javier Corbalán pour El Tribuno

Côté politique, en cette année électorale, le bilan de la manifestation est triste à pleurer : plusieurs gouverneurs de la région sont venus se joindre aux célébrations et certains ont été hués. Il en est allé de même pour le vice-président Amado Boudou, dont le discours semble avoir été aussi peu inspiré qu'à San Lorenzo le 3 février dernier : peu de références sérieuses à ce que représentent l'évènement dans l'histoire politique du pays et beaucoup de propos polémique sur l'actualité gouvernementale pour louer la bonne gestion de Cristina. Pour un Bicentenaire, c'est passablement déplacé (mais vous trouverez dans Página/12 de ce jour une interview éclairante de Correa, le président équatorien, qui explique qu'en Amérique Latine, il n'existe pas d'opposition démocratique -c'est assez vrai- mais une opposition qui passe son temps à conspirer contre le pouvoir en place plutôt que de jouer un rôle de contre-pouvoir constructif. Dans ces conditions et en année électorale, le vrai discours historique, c'est difficile à tenir). Quant à l'absence de la Présidente, elle est bien entendu commentée, en mauvaise part, mais comme je le disais hier, elle a des excuses (qui en sont en tout cas pour un simple particulier, peut-être un peu moins pour un chef d'Etat).

Un autre aspect de la reconstitution historique, en vert cette fois-ci...
Photo Javier Corbalán pour El Tribuno
Pour aller plus loin :
Connectez-vous à El Tribuno (édition de Salta) qui publie un album photos (dont j'ai extrait ces illustrations) et un supplément historique (qui m'a l'air tout à fait honorable).

Fermons la marche emponchados, dans les magnifiques ponchos régionaux.
Cela donne envie d'y aller, non ?
Photo Javier Corbalán pour El Tribuno

mercredi 20 février 2013

Il y a deux cents ans aujourd'hui, le général Belgrano emportait la victoire à Salta [Bicentenaire]

Ecusson d'honneur
des vainqueurs de Salta
Sabre et bonnet phrygien !

En ce 20 février 2013, l'Argentine profite d'un jour férié exceptionnel, qui passe inaperçu pour ceux des Argentins qui sont actuellement en vacances d'été, surtout s'ils se prélassent sur la plage de Mar del Plata. Cependant il fallait bien marquer cette date, c'est celle du bicentenaire de la victoire patriote de Salta, sur les absolutistes commandés par Pío Tristán, un général d'odieuse mémoire dans toute l'Amérique du Sud.

De plus en plus portés vers l'indépendance, les patriotes étaient commandés quant à eux par un juriste qui s'était fait remarquer en 1806 en menant la reconquête de Buenos Aires contre le corps expéditionnaire britannique qui tentait d'arracher ce bout de terre à la domination d'une Espagne alors alliée à la France de Napoléon. Dès ce jour-là, il avait manifesté quelque intérêt pour la perspective d'une indépendance complète de ces terres, idée à laquelle il n'adhéra vraiment que plusieurs années plus tard. Ce héros argentin s'appelle Manuel Belgrano, il a sa statue équestre sur Plaza de Mayo à Buenos Aires et avec San Martín, dont il fut très ami, il est l'une des trois ou quatre principales figures de la guerre d'indépendance...

L'enjeu de la bataille de Salta était de maintenir le Haut-Pérou dans l'escarcelle des Provinces-Unies du Río de la Plata. En ce début 1813, la capitulation de Tristán livrait donc au pouvoir de Buenos Aires les mines d'argent du Potosí, dont la révolution, qui manquait de fonds depuis la rupture du commerce avec la Péninsule, avait le plus urgent besoin... Cependant, à part les Provinces actuelles de Salta, Jujuy et Tucumán, qui constituent le nord-ouest de l'Argentine, le Haut-Pérou s'acheminait inéluctablement vers une indépendance distincte, à laquelle il accéda en formant l'actuelle Bolivie une douzaine d'années plus tard.

Page d'accueil du site de El Tribuno de Salta, ce matin vers 8h (heure argentine)
Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution (capture d'écran)

La bataille de Salta est donc la dernière grande victoire de Buenos Aires dans cette région de haute montagne subtropicale (1). Dans la suite de l'année, Belgrano, grand juriste, grand économiste, grand lettré, grand patriote et homme d'une probité sans égale mais piètre militaire, comme beaucoup de généraux de ce camp qui s'étaient improvisés chefs de guerre pour faire face au mieux aux évènements politiques, mandé qui plus est dans une zone totalement inadaptée à des combats réguliers, devait être défait à plusieurs reprises. En très peu de temps, l'Armée du Nord sombrait dans la déroute et la démoralisation, tant et si bien qu'à la fin de l'année, depuis Buenos Aires, le Triumvirat envoya sur place un soldat de profession qui allait réorganiser ces forces et diagnostiquer l'impossibilité d'attaquer Lima par cette voie de terre : le colonel-major et futur général José de San Martín.

C'est une des raisons pour laquelle ce Bicentenaire à Salta est l'occasion de célébrer beaucoup de choses à la fois : le souvenir de Belgrano et de l'Armée du Nord, en tout premier lieu, l'Assemblée de l'An XIII qui venait de s'installer à Buenos Aires (voir mon article du 31 janvier 2013), la victoire de San Lorenzo dont on peine à comprendre pourquoi le gouvernement l'a tant délaissée (voir mon article du 3 février 2013), et le héros local qui allait bientôt faire parler de lui, le grand leader fédéral Miguel Martín de Güemes.

Dans la ville de Salta, les festivités ont commencé hier avec défilé militaire et grand son et lumière où le rôle des femmes dans la guerre d'indépendance a été souligné. Il fallait ce déploiement parce que la région est hypertouristique en cette saison ! Aujourd'hui ont lieu vers midi les cérémonies les plus solennelles où l'on attend le vice-président, Amado Boudou, dont la venue fait grincer les dents (il est impliqué dans une affaire de corruption qui a fait chuter sa cote de popularité pourtant très haute jusqu'à il y a plusieurs mois), le ministre de la Défense et le Secrétaire d'Etat à la Culture. La Présidente ne se manifestera pas plus qu'à San Lorenzo mais cette fois-ci, elle a sans doute une meilleure excuse qu'au début du mois. Elle se trouve à Río Gallegos, la capitale de la Province de Santa Cruz, dans le sud de la Patagonie, la ville natale de son défunt mari. Hier, dans le caveau familial des Kirchner, elle a enterré sa belle-mère, le jour même où, de son côté, elle atteignait l'âge symbolique de soixante ans... C'est dur, même pour une femme politique endurcie par la lutte et l'adversité ! Cristina Fernández de Kirchner n'a pourtant jamais caché son admiration pour le Docteur Manuel Belgrano, comme elle l'appelle (2), un juriste spécialisé dans les questions économiques et commerciales comme elle !

Hier, à Salta (photo El Tribuno)
Tout le monde avec le bonnet phrygien dans sa version sud-américaine !

Hier, sur Radio Nihuil, qui couvre tout le nord-ouest argentin, le directeur de Diario Uno, un titre régional installé à Mendoza, largement plus au sud que Salta, donnait une interview très éclairante sur les enjeux culturels et politiques de cette célébration : tout y passe, le rôle de Belgrano et celui de San Martín (immense gouverneur de Mendoza, qui l'aime toujours comme s'il était encore vivant), la discrétion officielle choquante sur le bicentenaire de San Lorenzo (très choquante du point de vue mendocin, naturellement), la place de l'histoire à l'école et la légitimité du combat intellectuel des révisionnistes (les historiens qui démasquent actuellement les mensonges de l'histoire officielle mitriste), l'identité irréductible de Salta (et des autres provinces de cette zone) par rapport à l'impérialisme intérieur de Buenos Aires... Un régal à écouter, sous la forme d'une conversation à bâtons rompus dans une ambiance chaleureuse et très festive...
A écouter sur le site de Diario Uno, à la page de l'article sur le supplément gratuit offert aujourd'hui avec le quotidien.

Gaceta de Buenos Aires, 4 mars 1813
Cliquez sur l'image pour lire le texte.

Monsieur

Le Tout-Puissant a couronné nos peines par une complète victoire : enveloppée par nos baïonnettes et nos sabres, l'Armée aux ordres de don Pío Tristán s'est rendue selon qu'il apparaît dans la capitulation jointe. Je ne peux donner à Votre Excellence une information exacte sur ses morts et ses blessés pas plus que sur les nôtres. Ce que je ferai avec plus de temps, me contentant de vous dire pour l'heure que mon second, le général Díaz Velez, a reçu une balle de fusil dans la cuisse quand il exerçait ses fonctions avec la plus grand courage, conduisant à la victoire l'aile droite de l'Armée. Son action, celle du colonel Rodríguez, chef de l'aile gauche, et celle de tous les autres commandants de division, tant d'infanterie que de cavalerie, et ainsi que celle des officiers d'artillerie et des autres corps de l'armée ont été ce qu'il y de plus digne et de plus propre à des Américains libres qui ont juré de soutenir la souveraineté des Provinces-Unies du Río de la Plata. Et je dois répéter à Votre Excellence ce que je lui ai dit dans mon rapport du 24 septembre dernier que du plus humble soldat jusqu'au chef le plus gradé, et aussi bien la paysannerie, tous ont contracté une créance de considération sur leurs concitoyens et un droit aux distinctions dont je ne doute pas que Votre Excellence saura les leur attribuer à titre de récompense.
Dieu garde Votre Excellence de longues années.
Dans la nuit du 20 février 1813.
De Monsieur Manuel Belgrano
au Gouvernement suprême des Provinces-Unies du Río de la Plata.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Pour aller plus loin dans la presse :
lire l'article principal de El Tribuno de Salta (le tribun de Salta).


(1) Entre autres spécialités agricoles, Salta produit les fameuses pommes de terre andines qui se vendent à prix d'or dans le reste du pays. Des petits tubercules incroyablement parfumés qui ravalent au rang de nourriture fade le nec plus ultra de nos pommes de terre européennes...
(2) Belgrano est plus connu comme général Belgrano que comme Dr. Belgrano. L'histoire officielle a passé par pertes et profits une grande partie de son œuvre politique, comme c'est aussi le cas pour San Martín, au profit de son parcours militaire qui est celui d'un homme dévoué mais en aucun cas celui d'un grand stratège. Comme Belgrano était partisan de l'émancipation sociale au sein de la révolution, l'idéologie oligarchique a jeté là-dessus un voile pudique, comme à chaque fois que le cas se présente. Elle a même voué aux gémonies Miguel de Güemes, ce que les Saltègnes ont réparé en mettant l'écarlate, futur symbole fédéral, dans le spectacle de son et lumière.

lundi 18 février 2013

Ni Dieu ni maître ! Le CCC fête carnaval en plein carême [à l'affiche]



Mercredi prochain, le 20 février 2013, et le suivant, le 27 février 2013, à 20h30, soirée de murgas au CCC Floreal Gorini, le centre culturel fédérant les gauches argentines, Corrientes 1543.

Les deux soirs, c'est la murga Garufa de Constitución (bamboche du quartier de Constitución) qui se produira avec un invité différent pour les deux dates. Le 20, elle partagerera la scène avec Los Garciarena, et le 27 avec le Omar Gianmarco Quinteto.

Entrée : 40 $ (les prix montent tous les ans au CCC).

Sur l'affiche, construite à partir d'un tableau de Rubén Borré, La Comparsa de la Ribera (la comparsa de la rive ou du quai) (1), on lit un texte que je vous traduis :

"Les origines de la Murga portègne remontent à ces temps lointains où Buenos Aires n'était qu'une poignée de maisons au bord de la Mer d'eau douce (2). Le rythme infatigable des Noirs accompagna les premiers pas qui furent les prédécesseurs de ceux que montrent aujourd'hui les groupes de carnaval.
Ce genre frère du tango par son origine et son caractère populaire s'ouvre actuellement un chemin et atteint des milieux différents impensables jusqu'à hier.
Garufa de Constitución cherche à conjuguer à travers son art la tradition du vieux Carnaval portègne et avec les instruments à vent innovants des nouvelles générations de murgueros qui brandissent dans ce XIXe siècle naissant les étendards de la liesse et de la fête populaire".

La murga Garufa au CCC le 4 février 2009

(1) Sur les termes techniques argentins, comme murga ou comparsa, consultez la Trousse Lexicale d'urgence, qui se trouve dans la Colonne de droite, en partie médiane.
(2) Mar dulce : nom donné en 1516 par le premier découvreur du Río de la Plata (Juan Díaz de Solis) qui croyait avoir trouvé une mer d'eau douce.

vendredi 15 février 2013

Tango et Fado à El Faro pour l'ouverture de la saison [à l'affiche]



Le Bar Notable El Faro, esquina Constituyentes y La Pampa, que vous connaissez bien si vous suivez l'actualité culturelle sur ce blog, ouvre sa saison 2013 ce soir, vendredi 15 février, à 22h, avec un récital de tango et de fado de la chanteuse Karina Beorlegui, qui sera accompagnée comme à son habitude par Los Primos Gabino, un trio de guitares espagnole et portugaise, guitare basse et cavaquinho (petit instrument à cordes pincées typique de la culture précolombienne du Brésil), Nacho Cabello, Juan Pablo Esmok Lew et Esteban Ruiz Barrea.

Droit au spectacle : 40 $ (peso argentin).

mercredi 13 février 2013

Quelques concerts de rentrée avant l'Europe pour Hernán Genovese [à l'affiche]



En mars, le chanteur Hernán Genovese s'en vient nous visiter à l'occasion du Festival de Tango de Grenade, en Espagne, dont il est l'un des invités. D'ici là, il ouvre cette semaine sa saison 2013 avec deux concerts du vendredi après-midi au Bar Notable 36 Billares que vous connaissez bien si vous visitez souvent Barrio de Tango.

Hernán a ses habitudes dans ce très beau café classique et classé de Avenida de Mayo, 1265.

Si vous vous trouvez sur place, n'hésitez pas une seconde à aller l'écouter, les vendredis 15 et 22 février 2013, à 18h. L'entrée est libre et gratuite (hormis les consommations, c'est la moindre des choses, d'autant que c'est l'heure de la merienda, ce pantagruélique 5 o'clock tea dont les Argentins ont le secret).

Hernán Genovese sera accompagné, comme si souvent, par le trio de guitares Pablo Alessia, Aníbal Corniglio et Joaquín Althabe.

Ce sera aux 36 Billares le lancement du cycle Bares Notables 2013, série de concerts gratuits qui fait partie du cahier des charges normalement imposé à ces établissements distingués pour leur cachet et leur longue tradition de contribution à la vie artistique à Buenos Aires.

Et en prime, ci-dessous, une petite vidéo de derrière les fagots avec les quatre artistes réunis, filmés par l'ami Pablo Jofre que je salue au passage. Hernán y chante Por culpa del escolazo (c'est la faute au tapis vert), qu'avec sa chaleur habituelle il me dédie (je me trouvais dans la salle, presque à l'aplomb de ses pieds et Pablo avait installée sa caméra sur notre table - on m'entend donc très bien répondre à la question lancée depuis la scène. C'était en août 2011, à Ave Tango, une très chouette tanguería de La Boca qui a malheureusement dû fermer ses portes il y a un peu plus d'un an maintenant – voir mon Retour sur image du 1er octobre 2011 pour ce concert lindísimo).


Massacre patrimonial, la suite : après le métro, les arbres de la plus large avenue du monde [Actu]


"Concert de casseroles", dit le titre, en bas à droite
(une des formes des manifestations populaires en Argentine,
bien connue depuis Noël 2001 et le grand krach financier)

C'est la participation, dans Página/12, de Miguel Rep aux manifestations qui se succèdent depuis le début du mois à Buenos Aires contre l'abattage des arbres, magnifiques, qui donnent de la verdure et de l'ombre sur l'immense Avenida 9 de Julio qui, avec ses 140 mètres de largeur, est l'avenue la plus ample au monde.

En janvier et sans consulter personne, le gouvernement portègne retirait, vous vous en souvenez, les wagons de la Brugeoise de la ligne A du métro (subte) de Buenos Aires, des voitures presque centenaires, les plus anciennes encore en activité commerciale au monde, déclenchant un scandale patrimonial entravé par les vacances d'été (voir mes articles sur le sujet).

En ce mois de février, c'est aux arbres que s'en prend désormais ce même gouvernement local, toujours au profit d'un projet monté sans consultation, un chantier de tramway appelé Metrobús (probablement très juteux pour la future société concessionnaire) et dont la ligne unique suit la ligne C du métro (autrement dit, un chantier inutile quand tant et tant de points de la capitale ne sont pas desservis par le métro). Pire : le projet est illégal car la procédure qui a abouti à son adoption n'a pas respecté les consultations que la constitution de la Ville autonome de Buenos Aires rend obligatoires, notamment concernant le vote de la Legislatura, l'assemblée législative de la ville.

Les manifestations se multiplient dans une Buenos Aires plongée dans la torpeur du plein été, et les référés auprès des tribunaux administratifs aussi mais sans que rien n'arrête les pelleteuses qui arrachent les arbres les uns derrière les autres à la saison de leur plus grande splendeur végétale.

A ce stade, il ne s'agit pas d'une indifférence au patrimoine et à la culture ni de la marque d'une incompétence politique crasse, c'est une stratégie délibérée et systématique et cette stratégie a un but (reste à savoir exactement lequel). Il y a une dizaine de mois en effet, Mauricio Macri avait révoqué la directrice du Patrimoine de Buenos Aires, une professionnelle unanimement reconnue pour ses compétences qui avait le malheur d'être kirchneriste (donc de voter pour ce qui est son opposition à lui). Je n'en avais pas parlé en son temps, me refusant à en entrer dans des querelles de personnes qui ne nous concernent pas, mais l'évènement avait alors provoqué un fort mouvement de contestation, malheureusement circonscrit aux seules organisations de gauche, devant la très grave violation de la liberté d'opinion constitutionnellement garantie à tous les citoyens en Argentine.
Au vu des chantiers de cet été, on peut se demander dans quelle mesure cette révocation, qui avait l'air d'un simple règlement de compte, déloyal certes mais surtout personnel, n'était pas destinée en fait à laisser à Macri les coudées franches pour ces massacres systématiques avec lesquels il est en tain de dépouiller la ville de quelques uns de ses plus beaux fleurons culturels autant que touristiques. Une politique qui rappelle terriblement les opérations de décérébration que la droite argentine a su multiplier tout au long des deux cents ans d'indépendance, elle qui s'est souvent acharnée à détruire les liens que le peuple pouvait avoir avec son passé pour le laisser désarmé devant une politique consistant à livrer le pays à l'impérialisme de puissances étrangères avec lesquelles l'oligarchie des propriétaires agricoles avait (et a sans doute toujours) partie liée, d'abord l'Angleterre tout au long du XIXe siècle puis les Etats-Unis après la seconde guerre mondiale. Cette coïncidence du calendrier est d'autant plus troublante que Mauricio Macri profite de cet été pour préparer activement sa future campagne pour l'élection présidentielle de 2015 non pas en construisant un programme de gouvernement alternatif mais en remplissant le PRO, son parti politique, de candidats bidons aux élections législatives de cette année : il recrute chez les people, acteurs tonitruants et autres pitres du show-biz, qui s'engagent à ses côtés à grand renfort de déclarations qui volent aussi bas que celles d'un Depardieu exhibant un passeport russe et chantant les louanges d'un grand démocrate nommé Poutine...

Pour aller plus loin :
lire les différents articles qui se succèdent tous les jours sur Página/12, le seul quotidien national qui s'élève avec constance contre ces massacres arboricoles :

La rentrée au CAFF, c'est en février [à l'affiche]



La Orquesta Típica Fernández Fierro, connue aussi sous le sigle OTFF, a ouvert la saison 2013 du CAFF, une salle de concert aménagée avec ce bon vieux système D dans un ancien hangar industriel désaffecté et qui a retrouvé vie grâce à la musique en plein cœur du quartier de El Abasto, Sánchez de Bustamante 764, la semaine dernière.

Comme tous les mercredis, l 'orchestre s'y produira ce soir, 13 février 2013, à 22h.

Entrée avec réservation payée à l'avance (au Musetta Café, Billinghurst y Tucumán) : 50 $
Entrée payée à l'entrée du CAFF : 60 $.

Comme l'année dernière.
Encore des prix gelés pour lutter contre l'inflation galopante...

La OTFF dans une interprétation de Bluses de Boedo
chanteur Walter "Chino" Laborde
de Alfredo Tape Rubin, en 2009

mardi 12 février 2013

Tangos et milongas, voix d'hommes et piano à Clásica y Moderna [à l'affiche]


C'est un récital à deux voix que vous propose les mardis 12 et 26 février 2013, à 21h, le café-librairie Clásica y Moderna, Callao 892, que connaissent bien mes fidèles lecteurs (j'y ai fait plusieurs Retours sur images avec quelques grands tangueros du moment dans les colonnes de ce blog).

Ce soir et mardi en huit, les chanteurs Luis Filipelli et Marcelo Tommasi partageront la scène de ce Bar Notable du sud de Recoleta avec un répertoire de tangos et de milongas accompagnés au piano par le compositeur José Pepo Ogivieki. Ils présenteront aussi quelques nouveaux morceaux qu'ils n'avaient encore jamais interprétés en public.

Comme d'habitude à Clásica y Moderna, il faut appeler pour connaître les prix d'entrée (et comptez les consommations obligatoires en plus, mais cela vous sera dit au téléphone). Si vous êtes sur place, rien de plus facile que de réserver d'un coup de bigophone (4812 8707 ou 4811 3670).

Les jeudis de ce même mois de février, c'est la chanteuse María Volonté qui propose son récital intitulé Tangos alla Volonté (petit jeu de mots dans le titre qui se comprend même en français). A la même heure (21h). Pour sa part, elle est accompagnée par les guitaristes Román Vergagni et Joaquín Althabe, eux aussi connus des lecteurs de Barrio de Tango. Cette semaine, donc le 14 février (pour la Saint-Valentin), elle a aussi invité le bluesman harmoniciste Kevin Carrel Footer.

Belles soirées estivales en perspective !

dimanche 10 février 2013

Le Lady's Tango Festival attend ces dames à Buenos Aires [à l'affiche]



Comme tous les ans pour le 8 mars, Johana Copes et plusieurs de ses consœurs professeurs de danse, invitent ces dames à un festival d'une semaine, du 2 au 8 mars 2013, axé sur l'expression féminine dans le tango : technique (de conduite et de suivi), style, musicalité, tous les points délicats pour les danseuses de tango, et deux messieurs en invités d'honneur.

Dix-huit cours donnés par sept professeurs dont Johana Copes, Milena Plebs et Aurora Lubiz (dont je vous parle parfois dans ces colonnes) et une grande fête de clôture au Piazzolla Tango, un cena-show de la rue Florida, le tout avec la bénédiction de la Academia Nacional del Tango dont Johana est membre et où elle enseigne.

Une façon comme une autre de fêter la reprise de l'année de travail et – ou de prolonger la saison touristique au-delà de la coupure d'été actuelle.

Pour en savoir plus :
connectez-vous sur le site Internet du festival.

Le carnaval porteño en couverture du supplément culturel de Página/12 [Coutumes]



Depuis deux ans, l'Argentine tout entière a récupéré les deux jours fériés du Lundi et du Mardi gras. Depuis hier samedi, Buenos Aires (et d'autres villes argentines) sont entrées dans la phase culminante des fêtes de carnaval selon le schéma traditionnel qu'avaient voulu faire disparaître les brutes galonnées de la Dictature des années 1976-1983 en rendant ouvrés ces deux jours traditionnellement fériés. En septembre 2010, l'actuel gouvernement leur a rendu leur caractère festif (qu'ils ont aussi soit dit en passant dans un certain nombre de départements d'outre-mer français, en particulier en Amérique).

Pour la deuxième année consécutive, le quotidien Página/12 fête donc dans son supplément culturel la tradition populaire retrouvée et la douce folie qui marque cette fête du renversement des valeurs. C'est un aspect très important sur un continent qui a été très marqué depuis l'arrivée des trois caravelles de Christophe Colomb par le caractère opprimant des gouvernements qui se sont succédés dans ces régions devenus des pays indépendants trois siècles plus tard.

Sous l'Ancien Régime, le carnaval était un moment où l'ordre social était brièvement oublié au point qu'on y perdait quelque peu le sens de la mesure et de la dignité des personnes, toutes conditions sociales confondues, comme en témoigne la Gaceta de Buenos Aires de l'époque révolutionnaire qui s'étonne que la folie continue à s'emparer de la ville alors que le pays est devenu indépendant et qu'il n'est plus sous le pouvoir despotique d'un tyran lointain. C'était aussi l'un des rares moments où les esclaves africains avaient la licence de s'amuser et en profitaient pour renouer avec leurs rites ancestraux sous couvert de danse et de déguisements. Cette éphémère liberté, toute relative, a ainsi donné naissance au candombe, dont l'un des développement ultérieurs n'est autre que le tango de la Guardia Vieja (1). Après la révolution et l'indépendance, l'Argentine a connu plus de gouvernements despotiques que de régimes respectant les droits de l'homme, traduits en lois par l'Assemblée de l'An XIII dont on fêtait la semaine dernière le bicentenaire (voir mon article du 31 janvier 2013), un épisode révolutionnaire qui fut si rapidement relégué au magasin des accessoires par les dirigeants de la nouvelle république américaine. Le dernier avatar du carnaval aura donc été la dernière dictature militaire qui a voulu détruire pour toujours cette occasion d'expression populaire et de revendication sociale et politique qui est toujours le propre du carnaval en Amérique du Sud (contrairement à l'image très exotique, légère et grivoise que nous en faisons, nous autres, en Europe).

D'où la très belle une qu'hier Página/12 a offerte à son supplément culturel.

Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 sur le programme des quatre jours.


(1) Voir d'ici quelques semaines la version française de l'essai de Juan Carlos Cáceres, Tango Negro, qui doit sortir aux Editions du Jasmin, traduit et commenté par mes soins. Voir également l'interview de Juan Carlos Cáceres dans Página/12 à laquelle j'avais fait écho le 26 juin 2010 dans les colonnes de Barrio de Tango.