vendredi 30 août 2013

L'émission Cultura, Gestión y Marketing du 24 août est en ligne [à l'affiche]

Dans le studio de Concepto FM/AM, le 24 août, avec le mate
(sinon nous ne serions pas à Buenos Aires)
Pour ceux de mes lecteurs que ces enjeux de valorisation économique du patrimoine et des phénomènes culturels dans leur ensemble intéressent, voici qu'a été mise en ligne l'édition n° 7 de l'émission Cultura, Gestión y Marketing, qu'animent avec talent et conviction Claudio Sabaté et Pepe Kokubu, tous les samedis, en direct sur les ondes de Concepto FM (ou Concepto AM, à l'extérieur de Buenos Aires), la radio mise en œuvre par l'IUNA, l'Institut Universitaire National des Arts.

Le 24 août 2013, j'étais l'une des invités et nous avons parlé marketing de produits alimentaires, instauration (difficile) d'une culture de la qualité dans l'industrie argentine, fidélisation du client, y compris dans le secteur touristique (où ces enjeux sont encore très peu pris en compte) et d'autres questions du même ordre qui travaillent au corps ce vaste pays depuis quelques années, depuis que l'amélioration de la situation économique permet de se poser quelques questions de fond sur l'entrée de l'Argentine dans une mondialisation pro-active et non plus victimaire comme cela fut le cas jusqu'à il y a environ cinq ans.

Bref, une émission qui, de l'intérieur, m'a paru intéressante et impliquante pour nous aussi, en Europe, qui traversons nous aussi une crise de nos débouchés économiques et de nos process de développement.

L'émission, qui dure deux heures, en espagnol, peut s'écouter à volonté, sans téléchargement, sur son blog (en cliquant ici).

Un lien permanent a été mis en place dans la Colonne de droite et dans la page Radio de mon site Internet.

jeudi 29 août 2013

Le premier dimanche du mois : conférence et récital au Museo Casa Carlos Gardel [à l'affiche]


Vous connaissez désormais bien ce rituel culturel du quartier de l'Abasto : le premier dimanche du mois, en l'occurrence ce 1er septembre 2013, Carlos Ríos prend le micro au Museo Casa Carlos Gardel, Jean Jaures 735, pour nous entretenir de l'histoire de la Orquesta Típica. Ensuite de quoi, la soirée se prolonge avec un récital de chant.

Entrée libre et gratuite. Et ça vaut le coup : il est passionnant.

Jamais deux sans trois dit-on souvent. Il y a du vrai ! [à l'affiche]


Samedi 31 août 2013, je visiterai pour la troisième fois les locaux de Concepto FM, la radio de l'IUNA, invitée il y a quelques heures par Gustavo Provitina, second Vice-Président de la Academia Nacional del Tango, à l'émission qu'il anime en direct, chaque premier jour du week-end, de 16h à 18h, en buvant force mate (normal!), juste avant que Pepe Kokubu et Claudio Sabaté s'emparent du studio pour Cultura, Gestión y Marketing (voir mes interviews précédentes en cliquant par exemple sur le mot-clé Radio ou Media dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus).

Le bain culturel, orchestré par l'Institut Universitaire National des Arts de Buenos Aires, se prolonge donc pour moi avec une longue interview (en espagnol, of course) sur ma relation avec le tango et le pourquoi du comment de mon blog, de mes livres, de mes virées en France avec mon programme de conférences et de tout ce qui les accompagne (voyages, histoire, etc.).

Attention, attention : notre président Horacio Ferrer sera à l'écoute, en direct (il l'a noté précieusement sur son agenda tout à l'heure !).

L'émission peut s'écouter en direct par streaming (vous connaissez déjà).
A Buenos Aires, elle passe en Modulation de Fréquence sur 95.5.
Par la suite (sans que je puisse vous donner de date mais autant ce blog que ma Page Facebook vous donneront l'information en temps utile), elle sera disponible sur mon site Internet en écoute à volonté.

Attention au décalage horaire : il est actuellement de 5 heures entre Buenos Aires et l'Europe occidentale.


Pour aller plus loin :
visitez le site Internet de la Academia Nacional del Tango (vous connaissez déjà par cœur et vous l'avez en lien permanent dans la Colonne de droite, rubriques Les Institutions).

mardi 27 août 2013

Tango Negro (version française) à Buenos Aires [Disques & Livres]


Tango Negro, de Juan Carlos Cáceres, Traduction et Commentaires de Denise Anne Clavilier, paru en avril 2013 à Paris, aux Editions du Jasmin, peut être désormais consulté à Buenos Aires à la bibliothèque du Centro Cultural de la Cooperación Floreal Gorini, Corrientes 1543, et à la bibliothèque de la Academia Nacional del Tango, Palacio Carlos Gardel, Avenida de Mayo 833.

La versión francesa de este manifiesto o ensayo de Juan Carlos Cáceres (primera edición en Buenos Aires, en Planeta, 2012), salió en Francia en abril del 2013, en Editorial Editions du Jasmin.
El libro se encuentra en las bibliotecas porteñas siguientes :
Centro Cultural de la Cooperación Floreal Gorini, Corrientes 1543
Academia Nacional del Tango, Palacio Carlos Gardel, Avda de Mayo 833.

dimanche 25 août 2013

L'émission Cultura, Gestión y Marketing du Día de San Martín est disponible en ligne [Agenda de Barrio de Tango]

Le 17 août 2013, Día de San Martín (1), j'avais l'honneur de participer à l'émission Cultura, Gestión y Marketing de Pepe Kokubu (le deuxième debout à gauche) et Claudio Sabaté (en pull rouge,debout et à gauche), sur Concepto FM, la radio de l'IUNA, l'institut universitaire national des arts, à Buenos Aires.

Photo de groupe après l'émission : les deux animateurs avec la brochette d'invités.

Cette émission a été mise en ligne il y a quelques jours sur le blog de l'émission où vous pouvez l'écouter gratuitement.

Ecouter l'émission (en espagnol, cela va sans dire).

Dès que l'émission d'hier sera elle aussi disponible, je tâcherai d'y faire référence sur Barrio de Tango pour autant que mon emploi du temps m'en laissera le loisir. En attendant, celle de la semaine passée est d'ores et déjà en lien permanent dans la Colonne de droite dans la rubrique Agenda de Barrio de Tango.



(1) anniversaire de sa mort à Boulogne-sur-Mer, le 17 août 1850.

Une nouvelle rubrique dans la Colonne de droite : quelques sources sur l'histoire argentine

Dans la Colonne de droite de Barrio de Tango, dans sa partie inférieure, celle qui est réservée aux liens vers les sites Internet extérieurs à ce blog, je viens d'installer une nouvelle rubrique qui rassemble un certain nombre de sites pertinents (du moins je l'espère) pour qui s'intéresse à l'histoire argentine.

Quelques institutions traditionnelles, comme la Academia Nacional de Historia ou les deux grands instituts consacrés l'un à José de San Martín, l'autre à Manuel Belgrano (créateur entre autres du drapeau national et vainqueur de la bataille de Salta dont on fêtait le bicentenaire le 20 février dernier – voir mon article à ce sujet).

Des structures plus récentes, parfois au centre de véritables guerres picrocholines dont l'ardeur laissent les Européens bouche-bée, comme el Instituto Nacional de Revisionismo histórico Manuel Dorrego (placé sous la direction de l'historien hyper-contesté et ultra-partisan Pacho O'Donnell) ou la Casa del Bicentenario, nettement plus consensuelle et pacifique.

Quelques musées (j'ai retenu ceux dont le site est efficace, ce qui n'est pas encore le cas de tous).

Vue perspective de la grande salle du Museo Nacional del Bicentenario,
avec les deux grenadiers à cheval de garde
(c'est ce régiment qui assure la sécurité des bâtiments officiels nationaux)
Photo MNB - Casa del Gobierno

Et deux sites non institutionnels, d'origine personnelle, comme le site monté et dirigé par l'historien vedette de la télévision, de la radio et chéri des maisons d'édition, Felipe Pigna, dont j'ai déjà eu l'occasion de vous parler à plusieurs reprises (un personnage public très controversé et qui fait ce qu'il faut pour le rester, sa manière à lui de lutter pour une histoire plurielle, détachée de l'histoire officielle enseignée aux enfants) et le site ultra-partisan, pour ne pas dire franchement belliqueux, du courant fédéral actuel intitulé La Gazeta Federal (une lecture de l'histoire liée à un courant politique longtemps majoritaire dans les couches populaires de l'Intérieur argentin, né juste après la guerre d'indépendance et qui fut le grand protagoniste de la guerre civile qui ravagea le pays de 1820 à 1880, il y fut réduit à une déroute presque complète à l'orée de ce qu'on appelle la Generación del Ochenta, 1880-1916).

Sur tous ces événements et leur enchaînement, voir le Vade-mecum historique dont vous trouverez le lien dans la rubrique Petites chronologies en partie centrale de la Colonne de droite.

Tous ces sites sont naturellement rédigés en espagnol, la plupart du temps de manière exclusive, et il vous appartient, de surcroît, de ne pas vous laisser entraîner dans les querelles idéologiques dont ils sont nécessairement pétris comme l'est toute l'histoire nationale en Argentine, qui ne se distingue encore qu'à grand peine d'un autre genre, celui de l'historiographie qui consiste à raconter le passé pour construire la mémoire collective d'une communauté, nationale ou locale.

samedi 24 août 2013

Salon du Livre Catholique à Buenos Aires [à l'affiche]

Lundi 26 août 2013 s'ouvrira à Buenos Aires le 25ème salon du livre catholique, sous le thème : "Les bons livres, une lampe pour la Foi" (un thème choisi en lien avec l'Année de la Foi, fil rouge 2013 pour toute l'Eglise catholique).

La manifestation, qui avait tous les ans les honneurs de la visite de l'ancien archevêque (vous voyez de qui je veux parler), se tiendra jusqu'au 8 septembre prochain (une fête mariale très importante en Argentine), à la Casa de la Empleada, Sarmiento 1272, tout près de l'Obélisque.

Entrée libre et gratuite, cela va de soi.

Les paris sont ouverts pour estimer à vue de nez le nombre de livres exposés qui se rapporteront à l'actuel Pape !

Pour en savoir plus, visitez le site Internet de la manifestation.

Mis tardes con Gardel : le programme de lundi prochain [à l'affiche]


Lundi 26 août 2013, à 18h30, nouveau programme pour la soirée musicale du Museo Casa Carlos Gardel, Jean Jaures 735 dans le quartier de l'Abasto.
Chant et guitare, comme toutes les semaines.

Entrée libre et gratuite, bien sûr.

vendredi 23 août 2013

Et un petit coup de micro "de yapa" ! [à l'affiche]

Seconde invitation, pour l'auteur de ces lignes, au studio de Concepto FM et au micro de Pepe Kokubu et de Claudio Sabaté. C'est du rab (de yapa, en Argentine).



Ce sera le samedi 24 août 2013, de 18h à 20h en direct (horaire de Buenos Aires, il faut donc ajouter 5 heures pour tomber juste en Europe occidentale). Dans l'émission Cultura, Gestión y Marketing, dont je n'ai même pas encore eu le temps de revisiter le blog, où les émissions passées sont mises en ligne pour une audition différée.

Concepto FM (qui existe aussi comme Concepto AM pour être audible partout dans le pays) est l'antenne de l'IUNA, l'institut universitaire national des arts, qui regroupe à l'université tout l'enseignement supérieur artistique qui se répartit en Europe dans des tas d'écoles différentes, conservatoires, écoles d'architecture et de beaux-arts, etc...

L'émission peut être écoutée en direct sur le site de Concepto. Elle est entièrement en espagnol bien entendu.
Elle peut être écoutée plus tard sur son blog, tenu de main de maître par Carlos Senra.
Vous pouvez écouter l'émission du 17 août 2013 à laquelle j'ai participée en cliquant sur ce lien.
Dès que j'ai un moment, je mets la Colonne de droite à jour sur Barrio de Tango et la page Radio de mon site Internet (tant qu'on y est!)
Pour en savoir plus sur l'IUNA, visitez son site Internet.

Marcapiel et Acquaforte ce soir à Monserrat [à l'affiche]


Comme d'habitude à Buenos Aires, surtout le vendredi, et encore plus pendant le festival, il faut se couper en plusieurs morceaux ou choisir son spectacle.

Ce concert promet de belles émotions en pagaille (a granel comme on dirait dans le coin). La nouvelle formation de Alan Haksten (un besito Alan !), Marcapiel, et le sexteto Acquaforte se produisent ce soir, samedi 23 août 2013, dans la série de concerts montée par la Unión de Orquestas Típicas et ses amis, A pura sangre, au Centre national de la Musique de la rue Mexico, dans le quartier de Monserrat... Toutes les infos sont sur l'affiche.

Entrée libre et gratuite. On aurait tort de se priver !

jeudi 22 août 2013

Le Festival de Tango de Roquebrune-sur-Argens déclaré d'intérêt culturel par l'ANT [ici]


Le festival français La Plaza del Tango, dont la première édition s'est tenue du 17 au 20 juillet dernier, dans le village si typiquement varois de Roquebrune-sur-Argens (ci-dessus), vient, à ma demande, de se voir attribuer une déclaration d'intérêt culturel par le Comité Directeur de la Academia Nacional del Tango, à laquelle j'ai l'honneur d'appartenir depuis plusieurs années.

Cet été, j'ai moi-même eu le plaisir et l'honneur de participer en qualité de conférencière à cette manifestation sympathique, bon enfant et de haute qualité culturelle. La participation massive d'un public festif, l'engagement fervent de très nombreux bénévoles, celui, financier, d'un nombre considérable de commerçants de la municipalité, le foi et la passion d'un Président qui s'est multiplié à plusieurs reprises pour tout suivre et mettre partout de l'huile dans les rouages, la diversité de la programmation qui a tenu compte d'emblée du caractère globalisant du tango, comme culture à part et non pas comme une simple danse de loisir ou de spectacle, l'inventivité de plusieurs interventions dans la rue ou dans les salles mises à disposition par la Mairie, m'avaient convaincue que La Plaza de Tango méritait cette distinction.

Voilà qui est fait. Félicitations de tout cœur à toute l'association Camito de Tango qui l'a imaginée et organisée. 

Nommée Correspondante à Paris du Centenaire Troilo [ici]


L'année prochaine, à partir du mois de mars, on fêtera le centenaire de la naissance de Aníbal Troilo, dit aussi Pichuco, né à Buenos Aires le 11 juillet 1914 et mort, dans sa ville natale, le 18 mai 1975.

Géant entre les géants parmi les grands musiciens qui ont fait l'apogée du tango dans les années 1930-1950, il est connu et reconnu pour son talent de compositeur et de bandonéoniste, au point que son nom est presque devenu un synonyme de l'instrument.

Ses petits-enfants organisent actuellement une immense série de manifestations à travers le monde, dans plus de 100 villes, en Amérique, en Europe, en Asie et en Océanie, un vaste programme où se mêleront concerts, expositions, projections cinématographiques, conférences, milongas, cours divers et variés.

Tous ceux qui, à un titre ou à un autre, à Paris et en France, veulent participer d'une manière ou d'une autre peuvent, à partir de la mi-septembre, prendre contact avec moi pour examiner comment leur initiative peut s'intégrer dans ce vaste ensemble culturel et musical très festif, à l'image généreuse de son héros et qui se déploiera en tout lieu où le tango a fait son nid...

En Argentine même, les manifestations sont coordonnées par la famille Torné, composée des petits-enfants de Zita de Troilo, l'épouse adorée de Pichuco, et par une Commission Nationale qui siège à Buenos Aires.

Alfredo Piro au Celta ce samedi [à l'affiche]


Le chanteur Alfredo Piro se produira ce samedi 23 août 2013, à 22h, au bar Celta, Sarmiento 1701, dans le quartier de Balvanera, au cœur de la capitale argentine, dans un tour de chant intitulé Le temps des imbéciles.

Interviews désormais traditionnelles sur les ondes de RAE [à l'affiche]

Mardi 27 août 2013, à 19h, enregistrement de deux interviews -c'est désormais une habitude- dans les studios de Racio Nacional, pour le compte de Radiodifusión Argentina al Exterior (RAE), animées l'une par Leonardo Liberman, pour les émissions en espagnol, et l'autre par Magdalena Arnoux, pour celles diffusées en français.

Les dates de passage à l'antenne le sont encore inconnues mais les deux interviews donneront lieu à une mise en ligne sur le blog de RAE ou sur la médiathèque de Radio Nacional. Elles seront alors relayées sur Barrio de Tango et sur mon site Internet où trois pages sont déjà consacrées aux différentes entrevues dans l'une et l'autre langues, sur Radio Nacional, France Culture, Radio Provincia Buenos Aires, RFI, RCF, bientôt rejointes par l'émission de samedi dernier sur Concepto FM, la radio de l'Institut Universitaire National des Arts (IUNA), dont je vous recommande l'écoute (c'est une radio de type France Culture mais en argentin !)

mercredi 21 août 2013

Une salle San Martín au Museo Histórico Nacional de Buenos Aires [à l'affiche]


Vendredi 23 août 2013, en fin de matinée, le Museo Histórico Nacional, situé dans le Parque Lezama de San Telmo, face au Centro Cultural Torquato Tasso, inaugurera une nouvelle salle consacrée au Général San Martín, dont les souvenirs étaient jusqu'à présent éparpillés dans tout l'établissement.

Ce très beau musée, difficile à décrypter et à comprendre pour un Européen sans un guide bien au fait de l'histoire argentine autant que de la méconnaissance que nous en avons, est destiné depuis sa fondation à un public très strictement national (mais il n'en reste pas moins passionnant pour qui vit hors des frontières du Cono Azul). Il a été fondé à la veille du premier centenaire du pays pour rassembler la population, largement composée d'immigrants arrivés de fraîche date, dans une même communion patriotique autour d'une lecture idéalisée de l'histoire nationale, dans la perspective mitriste (1) chère à l'époque.

Aujourd'hui, ce musée a beaucoup évolué du point de vue idéologique. Il est devenu celui de l'analyse de la mise en scène, voire de la manipulation de l'histoire par les classes dirigeantes, dans un pays en pleine construction de soi et des personnages, bannis en 1900, y sont à présent bien représentés, comme c'est le cas de Juan Manuel de Rosas (1793-1877), qui dispose d'une salle à lui tout seul. Il était donc normal que le héros de San Lorenzo et le vainqueur des Andes y ait aussi sa place. D'autant plus que le musée du Parque Lezama a longtemps été le reliquaire de son sabre, qui est aujourd'hui confié à la garde des Grenadiers à Cheval, qui le conservent dans le vestibule d'honneur de leur caserne située à Palermo, et qu'il a été l'éditeur d'une anthologie de référence sur San Martín, un ouvrage désormais épuisé mais largement disponible partout dans le monde occidental dans les bibliothèques universitaires, Su Correspondencia, un petit livre admirablement fait (surtout pour son époque, les années 1900) et qui reprend, parfois avec quelques censures, les courriers échangés avec des personnalités aussi diverses que le Chilien Bernardo O'Higgins, l'Anglais William (Guillermo) Miller, l'Argentin Tomás Guido, le Français Gabriel Lafond de Lurcy et beaucoup d'autres.

Pour en savoir plus :
visitez le site Internet du Musée (il y a des sites de musées mieux faits que celui-là mais bon ! il existe)
relisez les articles de ce blog consacrés à San Martín en cliquant sur son nom dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus.


(1) du nom de Bartolomé Mitre (1821-1906) qui publia la première histoire de la Révolution de Mai dans les années 1860 en même temps qu'il fondait le journal La Nación et qu'il se mettait en tête de devenir le chef de l'Etat.

Claudia Levy demain à l'auditorium YMCA [à l'affiche]


Le festival de tango a beau avoir en ce moment même, les autres spectacles continuent à travers la ville. C'est ainsi que l'auteur-compositrice-interprète et pianiste Claudia Levy se présentera le jeudi 22 août 2013 à 19h30 à l'auditorium de l'YMCA, Reconquista 439, pour un tour de chant où elle sera accompagnée par le guitariste Nacho Iruzubieta.

Entrée libre et gratuite.

Lucrecia Merico a la Botica del Angel ce vendredi [à l'affiche]

La chanteuse Lucrecia Merico sera bientôt à la Botica del Angel, le centre culturel lié à l'Université du Sauveur (l'USAL), l'université de la Compagnie de Jésus à Buenos Aires, pour un tour de chant intitulé Noche Bohemia. Ce sera le vendredi 23 août 2013 à 21h30, au Luis Saenz Peña 541, dans le quartier de Monserrat.

Participation aux frais : 50 $.

La salle étant exiguë, il est recommandé de réserver par téléphone au 0800 333 8725 ou au 4384 9396 ou par mail à uds-botica@usal.edu.ar.

La chanteuse sera accompagnée comme d'habitude par Juan Nacho Iruzubieta et elle aura pour invités Mirta Alvarez, Alba Iruzubieta et un poète, Matias Mauricio.

dimanche 18 août 2013

L'hommage de Miguel Rep à San Martín [Humour]

Au lendemain du Día de San Martín, le 17 août 2013, qui vaut à l'Argentine la torpeur d'un long week-end hivernal, puisque lundi sera férié, l'irrévérencieux dessinateur de presse Miguel Rep, que mes lecteurs connaissent bien, a renouvelé son hommage au héros national (1778-1850), dont vous savez désormais qu'il est mort sur le sol français, deux jours après l'Assomption, dans la belle ville de Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais (j'ai eu l'occasion d'en parler assez longuement hier sur Concepto FM, en direct et... en espagnol !).

L'année dernière déjà, alors que je mettais la dernière main à la énième épreuve de San Martín, à rebours des conquistadors (Editions du Jasmin, décembre 2012), le même artiste s'était fendu d'une vignette pas piquée des hannetons que je vous avais déjà traduite (et dont vous comprendrez mieux les subtilités après avoir lu mon bouquin) – voir l'article du 30 octobre 2012.

Voici la vignette de cette année, parue dans Página/12 en ce long week-end et reproduite aussitôt dans le blog du peintre. Il y a bien entendu deux grilles de lecture, l'une historique (l'Argentine était alors encore plongée dans une guerre civile entre fédéraux et unitaires) et l'autre partisane, qui ne quitte pas d'un pouce l'actualité politique de cette campagne électorale où tous les partis défouraillent à tout va.



"Je suis José de San Martín. Je suis mort hier, mon corps n'aura plus jamais mal aux dents (1). Ce n'est plus qu'une crampe étrangère (2). Pour ma part, je suis désormais ailleurs. Ma fille reste là, avec les problèmes de succession (3). Maintenant je vois tout, moi qui étais privé de tout par la cataracte. Je vois Boulogne, la mer, les couleurs de l'été (4). Je vois une poignée de gens qui viennent saluer mes restes (5). Je vois ce que je n'ai jamais aimé chez les gens. Ceux qui jouent les bons apôtres. Ils passent leur temps à t'embobiner. Sourires, belles paroles et trahison. Un vrai truc de politicien. Je ne suis pas, je n'ai jamais été bien commode (6). J'aurais dû écrire cette maxime (7) : Ne te fie pas à ceux aux saintes-nitouche. Et mon pays en est rempli (8). Ils arrivent tout d'un coup, ils coupent la parole avec leur petit sourire faux-jeton et leur vide sidéral. Enfin ! j'espère qu'ils finiront par apprendre quelque chose ! J'ai toujours pensé aux autres. Serait-ce cela, l'immortalité : être lucide ? L'immortalité durera-t-elle longtemps ou a-t-elle une fin ? L'immortalité est-elle mortelle ? (9) Et puis flûte, que m'importe si je ne l'ai pas méritée ? Qu'ai fait [après tout] ? Travailler pour l'oubli. Je ne suis pas plus important que cette mouche sur mon cadavre. Allez, profitez-en bien !" (10)
(Traduction Denise Anne Clavilier)

Miércoles 21 de agosto, presentación (en castellano) de San Martín, à rebours des conquistadors, primera biografía en francés del General, en el CCC Floreal Gorini, Corrientes 1543, sala Dubrovsky (3r piso). Entrada libre y gratuita.



(1) L'expression originale argentine est "avoir des fourmillements".
(2) Allusion à la description de sa mort par les témoins oculaires.
(3) Allusion probable au leg de son cimeterre à Juan Manuel de Rosas (1793-1877), alors Gouverneur fédéral de la Province de Buenos Aires (et pas tendre avec ça), qui rendit furieux les unitaires qui estimaient que ce sabre ne pouvait pas revenir à cet assassin de Rosas. San Martín récompensait par ce don posthume le courage et le patriotisme dont Rosas avait fait preuve au cours des années 1840 contre les Français et les Britanniques qui avaient tenté d'imposer leur loi à le toute jeune Argentine.
(4) En Argentine, le mois d'août renvoie à l'hiver.
(5) La famille Balcarce-San Martín, autour de Mercedes, la fille, se conformant aux dernières volontés du défunt, était restée très discrète sur ce décès jusqu'au jour de la sépulture.
(6) C'est surtout une légende en ce qui le concerne. Il n'était pas tendre avec les traîtres mais avec les personnes de bonne foi, ses contemporains ont toujours décrit un homme délicieux, aimable, conciliant au-delà de l'imaginable et personnellement très attachant. C'est bizarre de trouver cet élément de la légende mitriste sous la plume d'un journaliste de Página/12.
(7) Allusion à un texte de San Martín que les Argentins apprennent par cœur à l'école et qu'en général, devenus adultes, ils vomissent tant ils l'interprètent de travers. Mais il faut voir aussi comment c'est enseigné aux gamins. Tout est dans la biographie que j'ai publiée aux Editions du Jasmin.
(8) Et une cuillerée pour l'opposition !
(9) Je suppose qu'il y a là une allusion à la réputation de philosophe qui s'attache, non sans raison, à San Martín. Encore que sa philosophie n'ait jamais semblé très portée sur la métaphysique...
(10) Je suppose qu'il parle ici du long week-end et du jour férié de lundi.

samedi 17 août 2013

Au micro de Pepe Kokubu, ce soir, invitée de Cultura, Gestión y Marketing [Chroniques de Buenos Aires]


Ce soir, 17 août 2013, fête du Général San Martin, à 18h, heure de Buenos Aires, sur la radio privée Concepto FM, je serai l'invitée de José María Kokubu, membre de la Academia Nacional del Tango, et de Claudio Sabaté, dans leur émission hebdomadaire intitulée Cultura, Gestión y Marketing, qui traite des liens qui existent entre la culture et les activités économiques. J'y aborderai, en espagnol cela va sans dire, mes propositions de voyages culturels avec l'agence française Human Trip (www.humantrip.fr) et de séminaires de réflexion managériale à partir des exemples offerts par quelques épisodes de l'histoire argentine, que je développe en français sur mon site Internet (www.denise-anne-clavilier.fr).



Pour écouter l'émission en direct, connectez-vous au site Internet de la station.

Buenos Aires 2013 : premières observations [Chroniques de Buenos Aires]

A Buenos Aires, j'ai la chance d'habiter à Monserrat dans un rayon de 600 mètres autour de la Plaza de Mayo, tant et si bien que si je débarquais de la planète Mars en ayant été coupée de la Terre depuis le mois du même nom, il y a une chose qui ne pourrait pas m'échapper : Gaudium magnum... Habemus Papam. Dans la rue, vous entendez même l'expression dans la conversation des passants. Le nom de François est partout, à commencer par l'aéroport chez les employés que vous croisez et dont c'est une préoccupation immédiate que de tester la perception que vous avez du héros local (je n'avais encore vu faire ça pour personne dans ce pays). Et quelle fierté lorsque vous marquez de l'intérêt !

La photo (ou plutôt les photos) de François sont partout : sur la devanture des magasins, y compris les salons de coiffure, à la caisse de nombreux commerces, du sol au plafond dans les kiosques à journaux et sous toutes les formes, depuis le supplément hebdomadaire de Clarín ou l'album souvenir (1) de La Nación sur les JMJ de Rio (avec les articles d'Elisabetta Picqué dont je vous ai déjà parlé) jusqu'aux gadgets à la limite du ridicule comme ces énormes badges ronds à épingler sur vos vêtements, tous à l'effigie du Souverain Pontife, en passant par des calendriers 2014 très abordables malgré leur taille impressionnante (2), des fanions, des plaques fileteadas (encore rares pour ce que j'ai pu observer), des cartes postales rondes ou rectangulaires, des posters et même des planches entières de stickers pour tous les usages possibles et imaginables. Je n'ai pas encore repéré ni pins ni magnets ni mates gravés à son nom, à l'une de ses citations ou simplement ornés de son portrait (ça devrait venir!). Sur les kiosques à journaux, Evita et le Che ont soudain un peu de mal à respirer, tant ce nouveau venu prend de la place. Même Carlos Gardel y perd ses plumes de Zorzal  !
Sur les couvertures des magazines à grand tirage, la photo du Pape côtoie désormais l'habituelle pin-up un peu trop déshabillée de la dernière Star Academy à la mode. Le "choc des photos" et le "poids des titres" sont parfois explosifs...
Chose plus étonnante : je n'ai pas encore croisé un seul kirchnériste qui fasse la grimace à l'énoncé de son nom (et pourtant les kirchnéristes sont nombreux dans le monde du tango). Même de fervents militants sont ravis, notamment au Festival de Tango, là-haut, à Recoleta, lorsqu'ils constatent dans le public très international de la manifestation que de tous pays, on leur rapporte l'enthousiasme et l'amour que le Pape suscite, lui qui leur fut pourtant si encombrant et pendant si longtemps. Le fait que le monde entier aime cet homme les touche et les remplit de fierté comme je ne l'aurais jamais imaginé. De l'autre côté de l'échiquier politique, nombreux sont encore les Argentins, opposés à l'actuel gouvernement, qui croient dur comme fer que Cristina a refusé au Primat d'Argentine les nombreuses audiences qu'il lui aurait réclamées en sa qualité de Président de la Conférence Episcopale et qui lui en veulent à mort, malgré le démenti écrasant des nombreuses photos de l'homme en soutane noire à liseré rouge assis avec elle autour d'une table sous les ors de la République, photos qui couvrent précisément nos fameux kiosques à journaux (3).

Du côté économique, le paysage quotidien à Buenos Aires n'est pas très réjouissant. L'opération séduisante du gel des prix des 500 produits de base entamée en février avec la grande distribution et renouvelée à deux reprises pour durer jusqu'en octobre, c'est-à-dire jusqu'aux élections législatives définitives de mi-mandat, se révèle, sur le terrain, quoi qu'en dise Página/12, un dramatique échec. Certes les prix de ces produits se sont maintenus mais, dans la grande distribution, c'est au détriment du choix, de la qualité et au prix d'une augmentation spectaculaire sur les produits similaires hors du panier des 500 : ces produits équivalents, mais d'une autre marque ou d'un autre grammage, sont environ 30% plus chers. Ils ont donc subi une augmentation de la même ampleur sur six mois, ce qui est bien pire que la moyenne de l'inflation (autour des 25% l'an).
Côté gondole, je n'ai pour l'instant vu que les effets de cette politique sur mon supermarché Coto le plus proche (San Telmo) et c'est dévastateur. Le rayon fromages, dans un pays gros producteur de lait rappelons-le, s'est réduit de moitié par rapport à l'année dernière. Deux ou trois marques à peine, celle de Coto (Ciudad del Lago), Verónica et La Serenísima. Sancor a disparu et on ne trouve plus de fromages de Santa Rosa ni de San Ignacio. Il n'y a plus qu'un seul bleu et les pâtes molles, insipides et  caoutchouteuses si typiques de la grosse artillerie laitière partout dans le monde, occupent la place de la muzzarella locale un peu plus goûteuse. La vitrine des yaourts est à pleurer : vous avez désormais le choix entre yaourt à la fraise et yaourt à la fraise, là où l'année dernière vous aviez fraise, poire, fruits des bois, pêche, pruneau, dulce de leche et même du yogur para cocinar (yaourt nature, que les Argentins ne se résolvent pas à manger tel quel, avec ou sans sucre comme les Européens, et dont ils commençaient à peine à découvrir l'usage pour des sauces ou des marinades). Quant aux pâtes à tartiner, elles ont subi le même sort : il n'y a plus que deux ou trois variétés pour deux marques, et tous produits de régime (0% ou 30%, jamais entier).
L'huile d'olive est proposée à part, comme un produit de luxe, sans que pour autant son prix ait significativement augmenté (il s'agit sans doute de laisser plus de place en rayon aux produits moins chers, l'arachide, le tournesol et les mélanges ineptes mais toujours vantés par les étiquettes pour leurs supposées qualités organoleptiques).
Le rayon de yerba mate est encore plus pauvre que l'année dernière, comme si c'était possible. Les prix, très élevés l'an passé pour un produit d'une telle consommation, n'ont que peu évolué (2 pesos de plus aux 500 gr), mais le choix n'y est vraiment plus. Quatre marques et pas une de plus. De la yerba nature, avec ou sans tige (le sans tige demande plus de travail à l'industrie du broyage), plus ou moins doux (suave, pour ceux qui ne supportent pas le caractère tannique du breuvage), et pour la yerba parfumée, guère autre chose que le Taragüi à l'écorce de citron et son frangin à l'écorce d'orange. Fermez le ban, il n'y plus rien à voir.
Le rayon boucherie et celui des pâtes fraîches (deux vaches sacrées en Argentine) ont connu la même régression, le rayon boulangerie-pâtisserie fraîche s'est réduit comme peau de chagrin

Les opposants semblent voir dans ce désastre le résultat couru d'avance de l'imprudente campagne voulue par le ministre Guillermo Moreno (vilipendé et honni par la presse d'opposition) et il est vrai que Clarín, La Nación et La Prensa avaient annoncé dès février qu'il en serait ainsi. Les kirchneristes ont tendance à y voir un complot du grand capital pour faire échouer la politique gouvernementale. Pour ma part, je n'en crois pas un mot. C'est toute la stratégie commerciale cohérente que j'ai toujours vu appliquer depuis sept ans chez Coto qui s'effondre, son image de marque et sa relation avec sa clientèle qui prennent du plomb dans l'aile. Qu'il puisse s'agir d'une tactique bassement politicienne me paraît peu vraisemblable : le commerce fait toujours du commerce avant de faire de la politique. J'y vois plutôt soit un mécanisme technique des circuits de distribution soit une stratégie d'adaptation d'une entreprise qui a d'abord besoin de rester rentable pour survivre et qui vise donc désormais le chiffre d'affaires immédiat au détriment du développement qualitatif de plus long terme qui avait jusque là ses faveurs. Désolant mais réaliste.

Ceux qui semblent tirer leur épingle du jeu dans toute cette triste affaire, ce sont les supermercados chinos, les "Arabes du coin" en Argentine, ces supérettes d'allure assez miteuse et peu engageante au premier abord mais si pratiques, ouvertes jusqu'à pas d'heure 365 jours sur 365 et tenues par des Vietnamiens, des Laotiens, des Cambodgiens et même des Chinois du continent depuis les années sombres des grands exodes asiatiques.
Eux proposent désormais, à des prix parfois aussi attractifs que les Coto et autres Disco, une gamme de produits beaucoup plus étendue que les grandes enseignes, alors qu'ils n'ont que très peu adhéré au programme de gel des prix. On trouve donc dans ces petites ou moyennes surfaces indépendantes, à des prix presque identiques à ceux de l'année dernière, un grand choix de yerbas autour de 16 $ la livre (même prix chez Coto), des yaourts en packs de 4 (alors qu'on ne trouve à nouveau plus que des duos au Coto de San Telmo) autour de 12 $ avec le choix des quatre parfums habituels, dont le dulce de leche cher aux locaux, et je viens de découvrir la nouvelle tête du chino le plus proche de chez moi : c'est maintenant une mini grande surface. La grosse épicerie tristouille et déglinguée que je connaissais depuis des années est devenue un joli magasin propret, avec de belles gondoles stylées et sobres, en bois sombre s'il vous plaît, un éclairage ergonomique et stable et une offre pléthorique de traiteur en libre-service comme on la connaissait chez Coto avant l'épidémie de grippe A de 2009 qui a tout aseptisé et glissé sous cellophane en atelier, sans plus d'odeur appétissante, sans plus d'ajustement personnalisable des quantités, sans plus ce plaisir, presque gourmet déjà, de mélanger les empanadas et les milanesas sur le même petit plateau en polyester compensé, en se régalant à l'avance et en imagination du repas sur le pouce qui se prépare ainsi. Tout le rayon, soit une bonne trentaine de préparations différentes, sèches ou en sauce, est vendu à prix unique, pas cher du tout : 4 pesos les 100 gr (environ 55 centimes d'euros). Les produits arrivent tout frais ou tout chauds de la cuisine (je soupçonne que le magasin s'est s'agrandi pour développer ce service, même si une partie des produits n'est pas cuisiné sur place). Des plats à l'asiatique côtoient ainsi des recettes plus typiquement argentines dans une grande harmonie gustative et odoriférante. J'y ai vu des chorizos grillés qui donnaient envie de se jeter sur un bout de pain pour les y enfouir et y croquer à pleines dents !

Dans plusieurs chinos du coin, c'est la génération des enfants qui semble maintenant à la manœuvre. Avec leurs yeux bridés, ces jeunes gens de 20 ou 25 ans sont des Argentins comme les autres, qui maîtrisent parfaitement la langue et vous accueillent avec les mêmes qualités (ou les mêmes défauts) que leurs autres compatriotes. Quand ils sont aimables, c'est formidable. Quand ils sont revêches, ils sont aussi insupportables que n'importe quel commerçant argentin pas aimable (ça existe, croyez-moi). La génération précédente, avec son espagnol laborieux, ses courbettes et son éternel sourire, s'occupe maintenant du stand des fruits et légumes (toujours pas en libre-service) ou gère le stock dans la réserve, laissant aux petits, devenus grands, le contact avec les clients. Et avec le personnel, car ils ont embauché des équipes entières et hors de la famille, et les relations de travail semblent plutôt harmonieuses. Les petits en question sont donc en train de bousculer les us et coutumes du commerce de proximité, qui, jusqu'à l'année dernière, ressemblait beaucoup à la "misérable blanchisserie de votre indigne serviteur" des premiers albums de Lucky Luke.

Quelle différence avec la ville que j'avais découverte en août 2007 !

Sur le plan politique, les primaires de dimanche dernier ont montré que 30% de l'électorat restait attaché au Frente para la Victoria (Cristina Kirchner, actuellement au pouvoir), tout comme il y a quatre ans. Il était donc inutile de faire voter les mineurs, leurs voix n'ont pas permis de renverser la vapeur. Les 70% restant¨se dispersent sur une opposition divisée, explosée en multiples tendances très concurrentielles les unes envers les autres, ce qui rend peu probables des alliances durables ou efficaces dans l'une ou l'autre chambre et laisse donc encore les mains libres à la majorité actuelle, malgré ce risque de baisse des effectifs parmi les élus. Massa, qui fut quelques mois durant le très brillant Premier Ministre de Cristina, sous son premier mandat, et reste un excellent maire (intendente) de la ville de Tigre (dans le nord du Gran Buenos Aires), se révèle l'un des grands vainqueurs de cette élection préparatrice (dite PASO, pour Primaires ouvertes et obligatoires). Du coup, le ton de Página/12 a son égard a quelque peu évolué : on est passé d'une causticité particulièrement agressive au respect de l'adversaire.

Les jeux ne seront faits qu'en octobre. D'ici là, Cristina de Kirchner (et Dieu sait que je ne lui suis pas hostile par principe) semble prendre un chemin assez déplaisant de négation de la réalité, de surenchère et de fuite en avant qui ne dit rien qui vaille pour les deux prochaines années de ce mandat qu'elle ne pourra pas prolonger (la Constitution le lui interdit). Avec ce qui apparaît comme de l'aveuglement ou de l'orgueil selon les sensibilités, elle prend le risque de s'aliéner encore des voix. En tout cas, c'est la première fois que j'entends aussi nettement et aussi vite après mon arrivée s'exprimer nettement des arguments, très sensés, contre sa politique, chez des gens qu'elle devrait rallier et qu'elle ralliait jusqu'à il y a peu : hôtesse de l'air, chauffeur de taxi, libraire intellectuel...

Et comme une surprise ne vient jamais seule, voilà que la 2x4 met un orteil dans le pluralisme en faisant parfois allusion à tel ou tel article de Página/12, en vantant auprès de ses auditeurs le programme proposé ce soir par la télévision publique ou en relayant la campagne d'informations de Abuelas de Plaza de Mayo. On marche sur la tête...



(1) Très solide soit dit en passant.
(2) Présenté en 4 pages, à raison d'une saison par page (soit trois mois), il coûte 20 pesos. A raison d'une page par mois, il revient à 40 pesos.
(3) L'épiscopat lui-même avait démenti ces bruits complaisamment diffusés par Clarín et La Nación à la mi-mars. Je vous en avais parlé alors.

vendredi 16 août 2013

Homero Manzi à l'honneur au Museo Casa Carlos Gardel dimanche [à l'affiche]


Ce dimanche 18 août 2013, le Museo Casa Carlos Gardel accueille une conférence sur le poète Homero Manzi, auteur du tango qui a donné son titre à ce blog mais aussi de la première milonga ciudadana (milonga de la ville, alors que c'était avant un genre de la campagne), Milonga sentimental, créée par Carlos Gardel qui en fit le tube de l'été 1933.

La conférence, à 17h, au siège du musée, Jean Jaurés 735, sera suivie d'un concert.
Entrée libre et gratuite.

Festival de Tango de Buenos Aires ; c'est reparti pour un tour ! [à l'affiche]

Le festival de tango de Buenos Aires s'est ouvert le 14 août au soir avec une grande fête autour du Sexteto Mayor et de ses 40 ans d'existence. Le siège central de la manifestation est toujours, pour la troisième année consécutive, au Centre municipal des Expositions, à Recoleta, avec sa piste de danse, son espace de concert sans solution de continuité et tout autour les différents stands des exposants, parmi lesquels, au milieu des chaussures et des robes chatoyantes, on trouve les livres de l'éditeur Corregidor, les propositions de Troilo.co.ar et dj label Pichuco Records pour le centenaire, l'année prochaine, de Pichuco et celles de l'association des danseurs, professeurs et chorégraphes de tango argentin...



Après cette superbe entrée en matière, on a eu droit, hier, 15 août, à un magnifique concert de Amelita Baltar, qui offre un répertoire revu et corrigé avec un courage artistique peu commun après une carrière comme la sienne. J'en parle sur ma Page Facebook dont je vais beaucoup utiliser les ressources simples pendant la durée de ce festival au programme d'une grande richesse.
Ce soir, c'est le chanteur Horacio Molina que j'aurai le plaisir d'applaudir, après un rendez-vous de travail avec les ayant-droits de Troilo qui préparent donc actuellement le centenaire du grand-père, centenaire où Paris devra proposer quelque chose (on va voir quoi).

Plus d'info sur le programme du festival en cliquant ici
Pour accéder à ma Page Facebook,  cliquez ici.

dimanche 11 août 2013

Luis Filipelli avec Guillermo Fernández au Bar 36 Billares [à l'affiche]


Le jeudi 15 août 2013 (1), le chanteur Luis Filipelli fête ses quarante ans de carrière au Bar 36 Billares, de Monserrat (Avenida de Mayo, 1265) avec pour invité un autre chanteur, qui a connu lui aussi le succès grâce à la même émission de télévision, Grandes Valores del Tango, dans les années 70 : Guillermo Fernández.

Luis Filipelli, le clip de présentation de son dernier disque, Utopia,
qui forme le socle du répertoire de ses concerts cette année.

Ils seront accompagnés à la guitare par Julián Hermida.

Droit au spectacle : 70 $ (peso argentin). Comme au Bar el Faro, à Notorious, à Almagro Tango Club, au Vinilo, au Torquato Tasso, pensez aussi aux consommations (en général, la carte propose une petite restauration simple à des prix raisonnables).

Il est conseillé de réserver (5353 6670).

Guillermo Fernández, avec cette belle gueule d'ange qui le caractérise depuis tout petit,
chantant No quiero verte llorar (je ne veux pas te voir pleurer), tiré de son dernier album en date.


(1) Comme je le dis dans un autre article de ce jour, l'Assomption n'est pas un jour férié en Argentine. Donc programme habituel.

Acho Estol vous donne rendez-vous au Bar el Faro [à l'affiche]


Vendredi prochain, 16 août 2013, à 21h30, Buenos Aires vous propose un autre concert de tango dans un autre coin de la ville : à la frontière des quartiers Villa Urquiza, Villa Pueyrredón et Parque Chas, au désormais célèbre Bar El Faro, avec Cucuza en vedette américaine.

Le compositeur et guitariste Acho Estol présentera un répertoire mixte entre tango et folclore avec les musiciens du groupe Las Moscas de Bar (les mouches de comptoir), Rafael Varela, Martín Elizalde, Pablo Clavijo, Federico Telechea et Patricio Cotella.

Droit au spectacle : 50 $

Bar El Faro, esquina Constituyentes y La Pampa. Je n'ai pas besoin de faire de dessin à mes lecteurs fidèles, c'est une de leurs adresses préférées dans la capitale argentine.

Noelia Moncada au Almagro Tango Club [à l'affiche]


Vendredi 16 août 2013 (1), à 21h30, la chanteuse Noelia Moncada offrira un récital fondé sur le répertoire de son dernier disque, Marioneta, pour lequel elle a été nominée aux Prix Gardel 2013, au Almagro Tango Club, Medrano 688.

Elle sera accompagnée comme si souvent par le contrebassiste Daniel Falasca, le violoniste Sebastian Prusak et le pianiste argentin, originaire de Rosario comme Noelia, Octavio Brunetti, sera de la fête. Octavio Brunetti vit à New-York.

Le spectacle sera présenté par Alfredo Gurruchaga.


(1) En Argentine, l'Assomption n'est plus un jour férié. Il n'y a donc pas de pont. En revanche, c'est bien la veille d'un long week-end, car le lundi, tout le pays fêtera le souvenir du Général San Martín (en fait le día de San Martín tombe samedi, le 17 août, mais il fait partie des fêtes mobiles, qui sont déplacées systématiquement au lundi suivant pour créer un long week-end et favoriser le tourisme intérieur).

Les lauréats de La Falda demain au Museo Casa Carlos Gardel [à l'affiche]


Demain, lundi 12 août 2013, les deux lauréats du concours de chant du festival de tango de La Falda, Province de Córdoba, Vivi Verri et Lautaro Mazza, feront entendre leurs voix au Museo Casa Carlos Gardel, Jean Jaurés 735, dans le cadre du cycle de concerts intitulé Mis tardes con Gardel, à 18h30.

Ils seront accompagnés à la guitare par Gonzalo Manzino.

Entrée libre et gratuite, comme tous les lundis.

Círculo de Brujas à Martínez [à l'affiche]


Nos quatre auteurs-compositrices interprètes du Círculo de Brujas élargissent leur champ d'action et s'en vont samedi prochain, le 17 août 2013, porter leurs sortilèges à Martínez dans la banlieue de Buenos Aires (Teatro de la Media Legua, Aristóbulo del Valle 199), à 21h30.

Entrée : 50 $.

Elles ont invité Eleonora Eubel, elle-même auteur-compositrice-interprète, le guitariste Osvaldo Burucuá et le percussionniste Diego de La Zerda.

Dominlonga, un lieu à connaître à San Telmo [à l'affiche]


Domilonga (contractation de domingo -dimanche- et milonga) Tango Club est une milonga avec musique vivante et cours préalables. Ce soir, dimanche 11 août, à 23h (les résultats des élections seront alors connus), l'orchestre La Vidú s'y produira.

Entrée : 30 $ (peso argentin). Le reste du temps, il semble que l'entrée soit en libre participation.

Cela se passe avenue Independencia, au numéro 572, dans le quartier de San Telmo.

Voir le reste de la programmation du mois sur l'affiche ci-jointe.

samedi 10 août 2013

Un autre grand s'en va : Eduardo Falú [Actu]

Une du supplément culturel de Página/12
Il avait 90 ans et il vivait retiré depuis plusieurs années. Eduardo Yamil (1) Falú, né à Salta le 7 juillet 1923, dans une famille de commerçants d'origine syriaque (la vieille tradition phénicienne !), a été et demeurera l'un des très grands compositeurs, chanteurs et guitaristes du folklore argentin, à côté de figures comme Mercedes Sosa, Ariel Ramírez ou Atahualpa Yupanqui. Il est une part de la contribution essentielle et abondante du Nord-Ouest argentin au patrimoine musical national.

Sa mort, hier, à son domicile de Buenos Aires, laisse toute l'Argentine de la musique rurale orpheline d'un grand maître. La Sadaic, société des auteurs et compositeurs, et la toute jeune Academia Nacional del Folklore lui rendent hommage. La presse nationale et locale aussi.


L'événement est traité dans la manchette de gauche.
Le reste est consacré à une victoire du CA San Lorenzo contre le Racing (3 à 0 !)
aux élections primaires de demain et aux survivants de la tragédie de Rosario mercredi (a)

Il avait commencé la guitare à l'âge de 11 ans et la carrière professionnelle à celui de 15 ans. Vers 1945, au début du gouvernement Perón par conséquent, il s'était installé à Buenos Aires. Au cours de sa longue trajectoire, il aura enregistré une cinquantaine d'albums. Pour composer ses chansons, il s'associait à de grands poètes. Il a même travaillé avec Ernesto Sabato et Jorge Luis Borges, pour des œuvres longues, Romance a la muerte de Juan Lavalle et José Hernández (2), mais c'est surtout son partenariat avec Jaime Dávalos qui retient l'attention des commentateurs aujourd'hui.
Ses tournées l'ont conduit aux Etats-Unis, en URSS (en 1958), au Japon (1963) mais aussi en Espagne, en France (1959) et en Allemagne, encore qu'en Europe on ait vite oublié l'effet qu'il put produire en son temps. Il s'était engagé dans la défense et la promotion de la musique populaire dans son pays, exerçant même les fonctions de vice-président de la Sadaic, où son neveu, l'autre grand guitariste de folklore, Juan Falú, suit ses traces.

Clarín préfère réserver au Maestro Falú sa manchette droite.
Et comme vous le voyez, il donne une importance notable à la victoire du San Lorenzo,
ne réserve qu'une manchette verticale aux événements de Rosario
et se mobilise sur l'organisation des élections en évoquant un risque de fraude (b).

Il a fait des incursions dans la musique de chambre et la musique épique, participant même à redorer le blason d'un personnage peu aimable du début du XIXème siècle, le général Juan Lavalle, qui s'empara de la Province de Buenos Aires en 1828 en en faisant fusiller le Gouverneur, le fédéral Manuel Dorrego, tenu pour un grand héros dans l'intérieur des terres (3) (4).

Tonada del viejo amor, de et par Eduardo Falú, avec Los Fronterizos et Ariel Ramírez, en 1993

De nombreuses villes l'ont fait citoyen d'honneur (ciudadano ilustre) et il a été reçu à l'Université de Córdoba, la plus vieille du pays, en qualité de Docteur Honoris Causa.

Sa province natale, Salta, a décrété deux jours de deuil.
Les obsèques ont lieu aujourd'hui, au cimetière de la Chacarita, sans cérémonie ni veillée funèbre (ce qui est rare). A 14h, heure de Buenos Aires, il sera porté en terre dans le caveau de la Sadaic.

Eduardo Falú buvant le maté en fumant une cigarette.

Pour aller plus loin :


(1) Djamel dans la transcription française.
(2) Dont on pourrait dire qu'elles sont au folclore ce que María de Buenos Aires (Piazzolla-Ferrer) et Oratorio para Gardel (Salgán-Ferrer) sont au tango. Des œuvres fleuve qui intègrent leur genre d'origine au répertoire réputé noble de l'opéra et de la musique de chambre. Un peu comme lorsque Molière, dans la France du Grand Siècle, est passé de la farce en un acte et en prose à la comédie en cinq actes et en alexandrins.
(3) Juan Carlos Cáceres fait allusion à toutes ces musiques composées depuis sa mort en l'honneur de Dorrego à travers la légende de son bourreau, dans son ouvrage, Tango Negro, dont j'ai publié la version française, traduite et commentée par mes soins, aux Editions du Jasmin, en avril de cette année. Elles ont une telle force évocatrice que Cáceres veut y voir des témoignages permettant de décrypter les événements historiques qui ont suivi la guerre d'indépendance, entre 1820 et 1852. Romance a la muerte de Juan Lavalle, composé par Eduardo Falú sur un livret de Ernesto Sabato, ne peut bien entendu pas entrer dans la catégorie des documents d'époque mais dit bien le retentissement de cet épisode historique dans la mémoire populaire actuelle.
(4) En général, Buenos Aires a construit son identité politique dominante (et quelque peu dominatrice) à travers l'unitarisme tandis que les Provinces intérieures du centre et du nord du pays (le sud n'existait pas encore en tant qu'entité politique) l'ont fait à travers les héros de la fédération. Depuis la fin du XIXème siècle, la pensée contestataire, notamment les courants radicaux et péronistes, valorise quant à elle l'épopée fédérale.
(a) Mercredi dernier, une explosion de gaz a soufflé un immeuble du centre de Rosario, la plus importante ville de la Province de Santa Fe. L'explosion a endommagé gravement plusieurs manzanas des alentours. Elle a fait à ce jour 14 morts, 7 disparus (que l'on a guère d'espoir de retrouver vivants), de nombreux blessés et des centaines de sinistrés sans toit. L'employé de l'entreprise gazière qui travaillait sur une conduite de l'immeuble est sous les verrous. Les dirigeants sont inculpés mais ont été laissés en liberté. Rosario est en deuil pour plusieurs jours.
(b) Clarín est hostile, c'est le moins qu'on puisse dire, au Frente para la Victoria de Cristina de Kirchner que les sondages annoncent comme le grand vainqueur de cette première phase électorale (les vraies élections législatives auront lieu en octobre. Demain on qualifie les candidats).