jeudi 30 janvier 2014

San Lorenzo prépare son fastueux week-end [Actu]


Hier, les autorités en charge de l'événement ont publié le programme des festivités. Ce week-end en effet, comme tous les ans à la même époque, se tiendra la commémoration du combat de San Lorenzo, petite escarmouche qui eut lieu le 3 février 1813 sur la rive du Paraná, non loin de Rosario, mais devenue une charnière de la conquête de l'indépendance argentine, à une époque où, pourtant, la volonté de rompre avec l'Espagne était encore loin d'être majoritaire chez les futurs Argentins.

San Lorenzo est le seul combat mené sur le sol national par le futur général San Martín, qui n'était encore que colonel. Dans la mémoire populaire argentine, il occupe toutefois la place qu'a en France la bataille de Valmy.

L'année dernière (voir mon article principal sur le sujet, étiqueté San Lorenzo dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus),  pour des raisons de basse politique (et cette grande difficulté qu'ont les Argentins de passer par-dessus les dissensions idéologiques, même lorsqu'il s'agit de célébrer leur patrie), la Présidente avait boycotté les célébrations au grand scandale des admirateurs du général. Le vice-président, venu à sa place, au lieu de rendre hommage aux héros révolutionnaires, avait prononcé un plaidoyer si grossièrement électoraliste, qu'il avait été sifflé par une partie de la foule. Bref, beaucoup d'amertume du côté du Régiment des Grenadiers à cheval, le RGC, rené de ses cendres froides comme un phénix en 1903 pour être (c'est sa vocation) un symbole de l'unité du pays ! (1)

Cette année, on annonce la présence d'aucune délégation du gouvernement national.

On retrouvera cependant les éléments traditionnels de ces deux journées : défilé et musique militaire le dimanche, avec la musique à pied du RGC en fin de journée et concert, par la fanfare à cheval, sur le champ de bataille à la tombée du jour.

La charge de cavalerie, un exercice traditionnel pour ces cavaliers d'élite
que sont les Grenadier à cheval,
chaque 3 février.
Ici, la charge du Bicentenaire, l'année dernière, à travers un objectif professionnel.
Il est très difficile pour les spectateurs de filmer cette tradition : ça va trop vite !

Le lendemain, lever des couleurs à 8h sur le champ de bataille. Et tout au long de la journée, visite aux différents lieux symboliques, comme le pin historique, sous lequel San Martín aura écrit son rapport sur l'action, et les tombes des soldats morts au cours ou juste après le combat (Cabral, Bermúdez...) et bien entendu, les deux clous de la journée :

- la charge de cavalerie, qui reconstitue l'attaque surprise de San Martín contre l'ennemi légitimiste qui montait à l'assaut d'un couvent qu'il croyait abandonné et regorgeant de victuailles abritées là par les paysans du coin,

- et le Pericón Nacional, que l'on annonce dansé cette année, comme en 2013, par une centaine de couples...

Le Pericón Nacional, de l'année dernière
A même le champ de bataille (el Campo de la Gloria).
Cela nous laisse bouche-bée.

Une façon de fêter la Nation qu'on ne connaît guère chez nous, en France...

C'est ainsi que s'achèveront les festivités du Bicentenaire pour cet épisode historique marquant.

Pour en savoir plus :
vous pouvez vous rendre sur la page Facebook ouverte par les réservistes du RGC, qui fêtent au jour le jour chaque étape de ce long Bicentenaire en suivant les pas du mythique fondateur de leur unité, sur celle du Bicentenaire du combat de San Lorenzo et sur la page officielle du Régiment lui-même, protagoniste traditionnel de ces manifestations qui sont l'un des deux grands moments patriotiques dans la région de Rosario, en Province de Santa Fe.

Mon prochain livre reproduit bien entendu, en espagnol et en français, le rapport de San Lorenzo par San Martín, daté du 3 février 1813 et publié deux jours plus tard par la Gaceta de Buenos Aires, ainsi que quelques autres documents relatifs aux suites que San Martín voulut donner à cette courte mais décisive action militaire (prochainement sur www.editions-du-jasmin.com).


(1) Soit dit en passant, c'est une des rares unités militaires qui ait conservé son prestige et sa bonne réputation auprès de la population dans son ensemble, malgré le rôle fâcheux que l'Armée a joué dans la vie politique du pays de 1930 jusqu'en 1983. Les putschs divers et variés n'ont pas entamé l'affection que lui porte le peuple argentin.