jeudi 31 juillet 2014

La Fédération argentine de Football perd son inamovible président [Actu]

Julio Humberto Grondona au micro, il y a un an, en août 2013
dans la salle Clémentine au Vatican
Audience du Pape aux équipes nationales italienne et espagnole de football
à la veille d'un match amical en son honneur au stade de Rome

La AFA, Fédération argentine de Football, vient de perdre son plus fort pilier en la personne de Julio Grondona, 82 ans, son inamovible président depuis trente-cinq ans.

La une de Clarín ce matin
Cliquez sur l'image pour découvrir les textes, moins alarmistes que les titres

Chef autocratique et discrétionnaire, très puissant à la FIFA, bouffi de sa propre puissance jusqu'à la caricature, haï de nombreux amoureux du foot en Argentine, à commencer par Diego Maradona, avec lequel il avait des rapports plus qu'orageux jusqu'à il y a peu, au dernier Mundial, celui du Brésil, Julio Grondona laisse un grand vide derrière lui, un vide qu'il a sciemment contribué à constituer en empêchant la relève de se manifester.

Il avait une devise : Todo pasa (tout passe), une pensée volée à sainte Thérèse d'Avila (mais, ça, bien sûr, il ne s'en est guère vanté) (1). Une devise qu'il portait ostensiblement sur une grosse chevalière en or. Tout passe en effet, et lui aussi.

Ce matin, les unes des journaux se partagent à part égale ou presque entre sa disparition et le sort du pays suspendu au règlement à New York d'une partie de la dette externe, un point que la presse en Europe tient pour résolu au détriment du grand pays sud-américain (à les lire, l'Argentine serait d'ores et déjà irrémédiablement en faillite) alors que le gouvernement n'a pas dit son dernier mot et s'évertue à garantir la souveraineté nationale contre une petite poignée de créanciers privés qui veulent imposer la loi de leurs intérêts à court terme au monde entier, dans une invraisemblable course à un libéralisme ultra-dérégulé, soutenue par quelques pétroliers texans et toute chose approchante dont le profit est le Veau d'Or.

Sur Página/12, c'est pas mal non plus.
en vedette néanmoins le très jeune ministre des Finances pendant sa conférence de presse
"Il n'est pas questions de faillite".

Le gouvernement argentin continue donc de chercher des solutions et quelques banques nationales pourraient s'associer pour racheter cette dette aux hedge funds : on s'entend mieux entre gens du même métier, de part et d'autre de l'équateur, et de banque nationale à Etat au sein d'un même pays (en tout cas, il faut l'espérer). Tout ça pour 7% de créanciers qui font suer le reste du monde et ne veulent pas de l'échéancier accepté il y a plusieurs années par 93% des fonds détenteurs de la dette argentine. Quand la minorité fait la loi, c'est la loi de la jungle.

Dans le cadre de ce blog (et en plus pendant mes vacances !), je ne peux vous renvoyer à la totalité des articles disponibles sur l'une et l'autre affaires du jour. Chaque quotidien a publié une bonne douzaine d'analyses, entrefilets, éditoriaux sur chacune d'elles. A noter toutefois qu'à part La Nación, tous les journaux titrent sur les ressources tactiques et financières dont l'Argentine dispose encore. Seule La Nación affiche une position défaitiste. Ce qui explique peut-être pourquoi les homologues européens reproduisent si fidèlement et avec une telle sinistrose la version des faits qui a été servie sur un plateau à la presse, hier, par les hedge funds eux-mêmes, fidèlement suivis en cela par les agences de notation (La Nación passe pour le journal argentin de référence et c'est donc le seul que consultent nos journalistes, hormis leurs confrères espagnols, qui eux font l'effort d'aller regarder plus loin que le bout du museau de leur souris !).

La Nación, le seul à baisser le pavillon national

Sur la mort de Grondona, on pourra lire l'un des articles de Página/12, l'un des articles de Clarín, l'un des articles de La Nación et l'un de ceux de La Prensa.

Le Pape François a fait parvenir un télégramme de condoléance ultra-minimaliste mais aussitôt publié par la AFA sur son site Internet (vous remarquerez que sur la version anglophone du site, il n'y a pas un mot sur la mort du grand patron, alors que dans les pages en espagnol... Mama mia !)
Leonel Messi fait le voyage pour se recueillir dans la chapelle ardente.
En signe de deuil, il n'y aura pas de match de foot ce week-end sur tout le territoire du Cône Bleu. Et ce malgré l'exploit du Club Atlético San Lorenzo de Almagro (l'équipe du Pape) qui disputera la phase finale de la Copa Libertadores contre une équipe paraguayenne. Match aller mercredi prochain à Asunción. Attention : il va y avoir du sport. Cela fait si longtemps qu'ils lorgnent sur cette coupe, les azulgranas !


(1) Nada te turbe, nada te espante. Todo [se] pasa. Dios no se muda. La pacienza todo lo alcanza. Quien a Dios tiene nada le falta. Sólo Dios basta. Que rien ne te trouble, que rien ne t'épouvante. Tout passe. Dieu ne bouge pas. La patience obtient tout. Rien ne manque à qui a Dieu. Il n'y a que Dieu pour nous suffire.