samedi 9 août 2014

La liesse et l'agitation médiatique continuent autour de la plus célèbre grand-mère d'Argentine [Actu]

L'étreinte a été demandée à grands cris par les journalistes,
avides de capter La photo !

Ignacio Hurban a fait sa première apparition publique, au siège de l'ONG Abuelas de Plaza de Mayo, entouré de sa grand-mère, la présidente de l'association, Estela de Carlotto, et de toute sa famille, à l'exception de quelques membres de la branche Montoya, dont sa grand-mère paternelle, qui, à 91 ans, vit en Patagonie. Il a souhaité que l'on continue à l'appeler du nom que ses parents adoptifs lui ont donné, sous lequel il a vécu depuis sa naissance et pendant trente-sept ans.

Il a répondu aux questions, parfois limite idiotes (1), de journalistes surexcités, expliquant qu'il espérait que le retentissement de son identification puisse aider à se faire connaître toutes les personnes de sa génération qui ont des doutes, des doutes qu'elles ont du mal à reconnaître et à accepter. Tout le monde a à présent pris conscience du caractère catalyseur de cette identification-là, parce que la personne de Estela a focalisée sur elle une quantité d'affection que l'on ne s'imaginait pas jusqu'à présent mais que les événements depuis mardi font paraître au grand jour.
Comme presque tous les autres petits-enfants identifiés, il a souligné la délicatesse et la discrétion avec lesquelles les gens sont reçus chez Abuelas, s'est dit soulagé et heureux comme d'un devoir accompli, il a ajouté qu'il avait conscience d'avoir ainsi participé à un "travail de cicatrisation" de blessures profondes dans un épisode tragique de "notre" histoire. Il a déclaré avoir compris d'où lui venait sa vocation de musicien, lui qui a été élevé par un couple de travailleurs agricoles sans aucun lien avec l'art, puisque son père biologique, Walmir Oscar Montoya, était lui-même musicien, et il a défini la musique comme une forme d'engagement politique – un propos que peu de musiciens pourraient tenir dans nos vieilles démocraties mais qui s'avère très exact dans un pays neuf et tourmenté comme l'Argentine.



Il a beaucoup plaisanté sur la situation qu'il affrontait depuis mardi, sur l'entretien d'hier avec la Présidente ("je la voyais à la télévision et brutalement, j'étais là à parler avec elle et même il me semblait qu'elle parlait avec moi"), avec cette nouvelle famille qui lui tombe du ciel à l'improviste et qu'il trouve très nombreuse, lui qui a été élevé tout seul à la campagne, sur les réactions qui étaient les siennes entre 2010 (année où il a commencé à avoir des doutes) et mardi, lorsqu'il envisageait qu'il pouvait être fils de disparu. Sa femme lui trouvant quelques traits de ressemblance avec Estela de Carlotto, il blaguait autour de l'idée de tant qu'à être fils de disparus, autant que ce soit être petit-fils de Estela. Il a conclu : "Faites attention avec vos souhaits, des fois ils s'exaucent !"

Malgré l'agitation des journalistes, qui s'agglutinent autour de la table comme pour le toucher, l'attitude de tous les intéressés, eux, est très apaisante. Il se dégage de tout cela une impression de cordialité bon enfant et d'authenticité très rare dans notre monde de la communication surexposée.


Pour en savoir plus;
lire l'article de La Nación, qui propose aussi un extrait vidéo de la conférence de presse
lire l'article de Página/12, qui retranscrit le plus fidèlement le déroulement de l'interview, là où les autres journaux donnent davantage dans le sensationnel.
Il y a quelques jours, le Pape François a réagi avec la même émotion que tous les Argentins à la bonne nouvelle venue de Buenos Aires (article en français de Radio Vatican).


(1) "Tu as été arraché aux bras de ta mère cinq heures après ta naissance. As-tu des souvenirs ?"