dimanche 7 septembre 2014

Il y a deux cents ans aujourd'hui, San Martín s'installait à Mendoza [Bicentenaire]


Le 7 septembre 1814, José de San Martín, nommé Gouverneur-intendant de la Province de Cuyo le 10 août (voir mon article à cette date cette année), arrivait dans la capitale, Mendoza.

Très vite, il allait écrire à sa femme, Remedios de Escalada, de le rejoindre, elle qui, à 17 ans, vivait encore chez ses parents à Buenos Aires et ne l'avait bien évidemment pas suivi dans sa campagne dans le Haut-Pérou (aujourd'hui la Bolivie et une petite partie du territoire du nord-ouest argentin). Il lui demandait de le rejoindre aux pieds des Andes. Et il faut croire qu'il était passablement impatient de la retrouver si l'on en croit le ton apaisant du Directeur suprême de l'heure, Gervasio Posadas, dans un courrier qu'il lui envoya de Buenos Aires et que je vous ai présenté, pour vous parler d'elle, le 9 mars dernier.

San Martín arrivait de Córdoba, où il avait passé sa convalescence après une grave crise d'asthme doublée d'un ulcère à l'estomac qui l'avait saisi à Tucumán. Il pensait sans doute alors se consacrer pleinement à un vaste plan de libération du Pérou par la mer, ce Pérou qui restait le point d'amarrage de la colonisation espagnole dans l'Amérique du Sud. Hélas, le 3 octobre suivant, une catastrophe arrivait de l'autre côté de la cordilière : la défaite des révolutionnaires chiliens et la reconquête du Chili par les troupes vice-royales. Tout son programme changeait : ses deux années à la tête de cette grande province (aujourd'hui Mendoza, San Juan et San Luis) allaient être consacrées à la fois au projet continental et à la défense du territoire ci-andin.

Imaginez la situation : c'est la fin de l'hiver, Mendoza compte 3500 habitants en tout et pour tout et soudain, du 4 au 7 octobre, c'est 2000 réfugiés chiliens qui dévalent de la montagne enneigée et qu'il faut héberger, organiser, nourir et réconforter. Ils ont tout perdu. De l'autre côté, leurs biens, quand ils en ont, ont déjà été confisqués. Ils n'ont plus de chef légitime tant la discorde est forte entre les deux leaders révolutionnaires, Carrera d'un côté, O'Higgins de l'autre. Il va lui falloir écarter ce factieux de Carrera, ses deux frères et les 500 partisans qui ne jurent que par lui, pour bâtir, avec l'aide de Bernardo O'Higgins et son demi-millier d'hommes de troupe, une vraie armée capable de traverser les Andes et de l'autre côté, de reconquérir le Chili, d'en assurer l'indépendance définitive et il n'a encore aucune ressource sur place. Il faut tout faire. Il va tout faire.

C'est cette aventure extraordinaire que va célébrer le Congrès international d'Histoire qui se tient la semaine prochaine à Mendoza (Espacio Cultural Julio Le Parc) et auquel j'aurai l'honneur de représenter la France, avec mes deux ouvrages sur ce personnage historique qui mérite une célébrité universelle (voir Colonne de droite)  ...

Pour en savoir plus :
lire l'article d'hier dans le quotidien Los Andes
lire le communiqué du ministère de la Culture du gouvernement de Mendoza

voir le programme de la manifestation sur le site Web de l'Espace culturel hôte.
Vous pouvez également vous connecter à la page Facebook de l'Espace Julio Le Parc.