vendredi 10 avril 2015

Deux idoles argentines au San Martín à la sauce Alfredo Arias [à l'affiche]


Alfredo Arias se replonge dans ses années d'enfance lorsqu'il avait neuf ou dix ans et que régnaient deux grandes dames de l'époque péroniste, l'une sur le petit écran (dans une cuisine improbable quoique apparemment tout à fait réaliste) et l'autre sur le grand écran. La première s'appelle Doña Petrona (et accessoirement Doña Petrona C. de Gandulfo), l'autre s'appelle Fanny Navarro et fut l'une des grandes vedettes du cinéma argentin de la haute époque péroniste.

Les deux spectacles sont donnés à partir de cette semaine au Centro Cultural San Martín, Sarmiento 1551.

Prix : 90 $ ARG. Cela vaut vraiment le coup.

Le premier spectacle, Comedia Repostera (comédie du dessert) de et par Alfredo Arias, est une fantaisie sur l'univers gastronomique assez peu réaliste de la diva des fourneaux qui inventa l'émission de cuisine à la radio et à la télévision en Argentine et qui lança la mode des livres de recettes dans le pays (je vous ai déjà parlé d'elle en février dernier à propos d'un essai qui vient de paraître sur la sociologie de cette émission et de ses conséquences dans l'imaginaire télévisuel argentin). Il met en scène l'auteur et sa comédienne fétiche, Alejandra Radano. Le spectacle utilise le livre de Doña Petrona et fait lire par Alejandra Radano ses recettes les plus délirantes et les moins réalisables. Comedia Repostera commence ce soir, vendredi 10 avril à 20h30, et se donnera par la suite les mardis, vendredis et dimanches, à la même heure.

L'autre spectacle a été écrit par Gonzalo Demaría et mis en scène par l'artiste argentino-français. Il évoque la figure dramatique de Fanny Navarro, une actrice née en 1920 et décédée en 1971, amie personnelle de Evita (elles avaient le même âge à quelques mois près) et maîtresse supposée du frère de celle-ci, Juan Duarte, qui mourut assassiné. Reprenant le titre d'un des films les plus célèbres de la carrière de Navarro, Deshonrada (déshonorée), et suivant le fil de l'intrigue de celui-ci, la pièce raconte l'arrestation imaginaire de l'actrice après l'assassinat de son prestigieux et sulfureux amant, qu'elle est soupçonnée d'avoir tué. Fanny Navarro est restée dans la mémoire populaire comme une icône de l'époque péroniste et elle a payé le prix de son engagement politique et personnel en subissant l'exclusion du monde du cinéma et du spectacle après le renversement du général, comme Nelly Omar ou Hugo del Carril. Mais dès la fin de 1952, elle se trouva en fort mauvaise posture : Perón ne l'aimait pas et tant Eva que son frère étaient décédés. Elle se retrouva dès lors sans protection dans une Argentine qui n'était guère tendre...
Deshonrada réunit sur la scène du San Martín Alejandra Radano et Marcos Montes.
La première a eu lieu mercredi et la pièce se donnera les mercredis, jeudi et samedis à 20h30.


Ce n'est pas la première fois que Alfredo Arias s'intéresse à ces deux thèmes liés au monde de son enfance et fort peu exploitables dans la partie francophone et européenne de sa carrière. En remontant sur plusieurs années, on trouve des articles de presse variés sur les différents avatars de ces deux sujets dans l'œuvre ariasienne.

Pour aller plus loin :
lire la présentation par Alfredo Arias sur le site du Centre culturel
lire l'interview de Alfredo Arias dans La Nación du 4 avril
lire l'article de El País (Montevideo) du 30 mars
lire l'article de Página/12 sur une manifestation précédente (édition du 10 juin 2010).

Sur Fanny Navarro :
lire la fiche de l'actrice sur le site Cine Nacional (avec filmographie complète) et sa biographie sur celui de l'Association des acteurs argentins
lire l'article de Página/12 du 9 décembre 2012 sur une autre pièce portant sur cette même figure mythique
lire l'article de La Nación du 15 juillet 2012
lire l'article de La Nación du 13 juin 2004.