mercredi 15 avril 2015

Eduardo Galeano : les hommages se poursuivent – Article n° 4200 [Actu]

Página/12 construit son titre sur le titre d'un des livres de Galeano
El libro de los abrazos

C'est une foule considérable, de grands et d'anonymes et de toutes les générations, qui a défilé pendant sept heures, jusqu'à 22h hier soir, devant le cercueil de l'écrivain uruguayen Eduardo Galeano dans la salle des Pas Perdus du palais législatif de Montevideo. La veillée s'est faite en grande pompe, le cercueil recevant même les honneurs militaires, comme cela avait déjà été le cas pour le poète Mario Benedetti il y a quelques années. Le Président Tabaré Vázquez, son vice-président, l'ex-président et aujourd'hui sénateur José Mujica, la ministre de la Culture d'Uruguay ont été bien entendu les premiers à rendre hommage au disparu.

Photo Marcelo Bonjour

Un grand nombre d'artistes de diverses nationalités, dont beaucoup d'Argentins, ont fait le déplacement pour venir manifester leur émotion. Parmi eux, le catalan Joan Manuel Serrat, un auteur-compositeur espagnol très apprécié en Amérique du Sud.

Teresa Parodi, ministre de la Culture argentine et elle-même grande artiste du Litoral (1), avait traversé le Río de la Plata pour être là, à la demande personnelle de la Présidente Cristina Kirchner. La rédaction de La República insiste sur l'importance et la diversité de la présence argentine, avec des représentants de tous les secteurs, y compris les syndicats.

Le gros titre texte est pour la sécheresse qui sévit en Uruguay
et qui compromet les cultures d'hiver.
La photo principale montre Pepe Mujica de dos
avec différentes personnalités hier au Parlement

Tous les corps constitués et corps intermédiaires uruguayens ont tenu à participer, y compris la Marine nationale qui a fait déposer une gerbe qui n'est pas passée inaperçue dans un pays qui a souffert pendant douze ans sous une dictature militaire aussi cruelle que celles qui sévissaient ailleurs dans les mêmes années de plomb.

"La voix des humbles
L'Uruguay et le monde saluent Eduardo Galeano pour la dernière fois".
La photo représente le président Vázquez et son vice-président devant le cercueil.
Haute résolution disponible en cliquant sur l'image.

José Mujica, dans une déclaration émue, a rappelé que peu de temps avant la fin de son mandat, sachant l'écrivain très malade, il était allé chez lui lui rendre une visite :

Hace poco tiempo estuve a darle un abrazo en su casa y fui con mi querida compañera Lucía (Topolansky). Porque uno cuando se pone viejo, a veces presiente, y yo sentía que como presidente, institucionalmente debía simbolizar en un abrazo la gratitud a esa hermosa vida que en cualquier momento se podía ir por razones biológicas. Y así fue”
José Mujica, hier (chapelle ardente autour de Eduardo Galeano)

Il y a peu, je suis allé l'embrasser chez lui et j'y suis allée avec ma chère compagne Lucía [Topolansky]. Parce que quand on se fait vieux, parfois on présent et moi je sentais qu'en tant que président, je devais, de manière institutionnelle, symboliser dans cette étreinte notre gratitude pour cette belle vie qui, à tout moment, pouvait s'en aller pour des raisons biologiques. Et c'est ce qui s'est passé.
(Traduction Denise Anne Clavilier)

L'écrivain sera incinéré en privé aujourd'hui dans l'après-midi.

Pour en savoir plus :
lire l'article de El País (toujours malencontreusement rangé dans les pages divertissement !), qui a ajouté une galerie d'images
lire l'article de Página/12, dont Galeano était l'un des collaborateurs – Comme toujours, cet article est de toute la presse sur le même sujet celui qui a le plus fort contenu...
Página/12 publie en outre un article secondaire, toujours dans ses pages culturelles, sur le combat de Galeano pour que soient jugés les criminels des dictatures (la photo d'illustration le montre serrant dans ses bras Macarena Guelman, la petite-fille retrouvé du défunt poète Juan Guelman, lui aussi membre de la rédaction du journal, ce qui fait de Página/12 le journal phare de la vie intellectuelle argentine, comme le fut en son temps le quotidien Crítica du patron de presse Natalio Botana dans les années 1930 et 1940).




(1) On appelle Litoral l'ensemble des trois Provinces qui se situent entre les rives de l'Uruguay et du Paraná en Argentine, soit Misiones, Corrientes et Entre Ríos.