mercredi 1 avril 2015

Le procureur a de la suite dans les idées [Actu]

Le procureur argentin Germán Moldes vient de se pourvoir en cassation contre la confirmation en appel, qu'il estime arbitraire, du non-lieu en faveur de Cristina Fernández de Kirchner et d'autres membres ou proches du gouvernement dans l'affaire déclenchée par un réquisitoire de Alberto Nisman, procédure que sa mort brutale, le 18 janvier 2015, l'a empêché de mener à son terme.
Germán Moldes est procureur fédéral, il a pris la suite d'un autre de ses confrères, après le premier non-lieu prononcé par le juge de première instance, Daniel Rafecas.
Moldes est aussi l'un des chefs de file de la manifestation du 18 février, en mémoire du défunt magistrat maintenant bien déconsidéré, manifestation qui avait rassemblé une bonne partie de l'opposition politique à l'actuel gouvernement.

A l'occasion de ce pourvoi, le procureur annonce qu'il ira jusqu'à la Cour suprême, si la Cour de Cassation entérinait l'arrêt de la Cour d'Appel (avant même de connaître les attendus du jugement de cassation. Que voilà une belle conception du droit en démocratie !)

Il devient de plus en plus clair que le but recherché par ce juge est de polluer la campagne électorale en cours pour les élections aux exécutifs provinciaux et fédéraux. Si le gouvernement kirchneriste est bel et bien corrompu, ce que plusieurs professionnels qui gèrent la partie française de certains contrats internationaux de défense et de diplomatie avec la République argentine me répètent à l'envi, ce que dénonce aussi depuis près de douze ans l'opposition en Argentine, depuis les socio-démocrates du GEN jusqu'aux ultra-libéraux du PRO en passant par les socialistes de SUR, comment se fait-il que cette justice, qui attaque si vaillamment les pouvoirs en place, ne parvient à poursuivre ces gouvernants qu'avec des incriminations ridicules ou fantaisistes ?
En effet, nous avons d'une part un vice-président poursuivi pour avoir déclaré une adresse inexacte pour l'immatriculation d'une voiture personnelle alors qu'il traversait une crise conjugale qui allait se traduire en divorce quelques mois plus tard (on peut faire des erreurs matérielles dans ces moments-là, que diable !) et de l'autre un procès, qui n'a ni queue ni tête, contre le chef d'Etat pour des entraves à la justice dont il n'y a pas le début de la moindre preuve d'un commencement d'exécution. Et pendant ce temps-là, on enquête à El Calafate sur des opérations de blanchiment d'argent et de pots-de-vin à travers un hôtel appartenant à Cristina Kirchner dans la Province de Santa Cruz. L'affaire traîne depuis près d'un an et n'a encore abouti à aucune inculpation.

Si corruption il y a, l'enquête de El Calafate aurait dû depuis longtemps aboutir à des procédures concrètes. Quel besoin dans ce cas d'aller attaquer sur des faits inexistants d'une manière aussi irrationnelle...

Il faut croire que toute la presse commence à se lasser de cette opération grossière puisque aucun quotidien ne fait sa une aujourd'hui sur ce pourvoi exotique.

Pour aller plus loin :
La Nación n'en fait même pas mention.