vendredi 5 juin 2015

El CCK ouvre sa première saison [à l'affiche]

Publicité dans la presse pour annoncer l'ouverture du CCK
(avril 2015)

C'est un magnifique programme qui entame aujourd'hui cette toute première saison du Centro Cultural Kirchner qui vient d'être inauguré dans l'immense bâtiment historique du Correo Central entre Monserrat et Puerto Madero...

Exposition permanente
Ici une série de timbre reprenant de dernier vers de l'hymne national

Une programmation chatoyante, pluridisciplinaire, variée, qui fait appel à des artistes argentins, brésiliens, uruguayens, péruviens, costariciens et vénézuéliens, qui donne une place à de la vulgarisation pédagogique (Diego Fischerman est chargé de cette tâche pour la musique) et au tango, tant pour la partie musique que pour la partie danse ! (1)

Ce soir, vendredi 5 juin 2015, le premier concert sera partagé entre la chanteuse Lidia Borda, le compositeur Diego Schissi et sa formation et la Orquesta El Arranque dans l'une des salles de La Ballena Azul, à 21h. Le premier spectacle théâtral sera celui donné par la comédienne Cristina Banegas, à partir du long poème de Leónidas Lamborghini, écrit en 1972, Eva Perón en la hoguera (Eva Perón au bûcher) (2) à La Cúpula, à 20 h. Le spectacle, que la comédienne a conçu en 1994, a déjà été représenté à de nombreuses reprises, dont une il y a deux ans à la Casa Nacional del Bicentenario et à Espacio de la Memoria Haroldo Conti l'année dernière (lire à ce propos l'article de Página/12 du 7 juin 2013 et consulter le site Internet de l'actrice).

Dans cette même partie du bâtiment, La Cúpula, à 15h, aujourd'hui, un atelier de percussion animé par un musicien brésilien, Nana Vasconcelos, qui arrive de Permanbouc et qui travaille avec le corps et des instruments construits en respectant l'environnement ! C'est à voir, ça. Il sera d'ailleurs au cœur d'un festival Conexión Pernambuco tout le week-end à la Ballena Azul.

Il y a aussi des expositions, dont une exposition permanente de philatélie, c'est normal dans ce lieu, avec une boutique associée où les gens peuvent acheter les plus beaux timbres officiels argentins.

Le rideau se lève sans la Présidente qui a quitté l'Argentine dans la nuit pour rallier Rome où elle est attendue à la réunion générale de la FAO, par le Président de la République italienne qui doit la recevoir au Quirinal et par le Pape François qui le recevra dimanche, à son retour de Sarajevo, pour sa dernière audience avant la fin de son mandat présidentiel.

Eva Perón en la hoguera
Photo tirée du site Web du CCK

Le site Internet du nouveau centre culturel fourmille d'informations, d'articles, de belles photos, de vidéos, il affiche un design très moderne et bigrement attractif. Le site est doté d'un service qui devrait lui permettre de retransmettre en direct et en vidéo certaines manifestations via un streaming. Bref, tout cela ressemble bel et bien à une très belle réussite d'infrastructure culturelle et muséographique ! Je tâcherai d'aller y faire un tour à mon prochain séjour dans la capitale argentine... Depuis le temps que je voyais ce monument encombré de travaux poussiéreux et bruyants qui avaient l'air de ne jamais vouloir se terminer !

Pour aller plus loin :
consulter le site Internet du CCK
se connecter sur sa page Facebook
lire l'article de Página/12 aujourd'hui

Ajout du 6 juin 2015 :
lire l'article de Página/12 sur Nana Vasconcelos.


(1) Les artistes de tango ont beaucoup reproché à l'actuel gouvernement de ne s'intéresser que fort peu au tango, tous les ministres et la Présidente elle-même ayant été davantage marqués par le rock comme tous les gens de leur génération qui est entrée dans l'âge adulte à la fin des années 1970. Il semblerait que l'arrivée au Ministère de la Culture de Teresa Parodi aura rééquilibré les choses, tant à Radio Nacional que dans les centres culturels, théâtres nationaux et grands événements festifs comme on l'a vu lors des récentes Fiestas Mayas. Pourvu que ça dure !
(2) Un titre qui paraphrase celui de l'oratorio français d'Arthur Honegger et Paul Claudel, Jeanne au bûcher (1938). Le poème reprend des passages du livre écrit par Evita, La Razón de mi vida (1951), pour recomposer la vie d'une figure devenue mythique et d'autant plus fascinante qu'au début des années 1970 le péronisme n'était guère en odeur de sainteté dans l'Argentine officielle. Or Eva Perón est la fondatrice de l'Etat-Providence en Argentine et à peu près tout le système de redistribution de la richesse qu'elle avait mis en place ou initié sous le premier mandat de Perón a été détruit après le coup d'Etat de septembre 1955 qui a interrompu le second mandat du général. Ce n'est qu'avec les Kirchner, Néstor et Cristina, et après une dizaine d'années d'ultra-libéralisme thatchéro-reaganien, qu'une restauration de cette politique a été mise en œuvre de manière suivie et cohérente pour rendre effective la sécurité sociale, rétablir un système de retraite viable, instituer des minimums sociaux (qui ne sont respectés que dans l'économie déclarée, ce qui représente 60 à 70% de l'économie réelle en tout et pour tout), etc. Ces écrits-là ont donc le vent en poupe actuellement...