mardi 1 décembre 2015

Inculpation du Président élu ? [Actu]

Exceptionnellement, Página/12 relègue en manchette
la nouvelle identification annoncée par Abuelas de Plaza de Mayo

Depuis 2010, Mauricio Macri est dans le collimateur de la justice fédérale pour une affaire d'écoutes illégales contre plusieurs victimes de l'attentat de l'AMIA (en juillet 1995), des victimes qui militent à gauche et parmi elle, Sergio Burstein, président d'une association de victimes, 18J, qui a pris très vite ses distances avec les instances majoritaires de la communauté juive (AMIA et DAIA) et vient de créer sa propre institution représentative marquée à gauche, à la suite des réactions des instances majoritaires à la mort du procureur Alberto Nisman (dont on a découvert à cette occasion qu'il passait fort peu de temps à enquêter sur l'attentat).

Le juge d'instruction fédéral en charge de cette affaire d'écoutes illégales vient de clore son dossier qui passe donc au procureur qui va devoir décider de poursuivre ou non celui qui, entre temps, est devenu le Président élu. Mauricio Macri, comme c'est son droit et la logique même du code de procédure pénale argentin, vient de demander à bénéficier d'un non lieu. Les parties civiles au contraire tiennent à ce que la procédure aille jusqu'au bout, c'est-à-dire jusqu'au procès d'audience.

Si le procureur maintient l'inculpation, ce sera la première fois en Argentine qu'un chef d'Etat entrera en fonction en étant sous le coup d'une inculpation. L'enjeu symbolique, judiciaire et politique, n'est donc pas léger.

En l'occurrence, la presse s'oppose à nouveau diamétralement : les quotidiens qui soutiennent Macri estiment qu'il n'y a pas de preuve, Página/12 estiment lui qu'elles sont indiscutables et accablantes.

Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12, qui en a fait sa une
lire l'article de Clarín, qui l'a relégué en pages intérieures
lire l'article de La Prensa, qui prend la chose par le biais de la demande de non lieu
lire l'article de La Nación qui procède de la même façon.

Página/12 ajoute à son édition d'aujourd'hui une interview de Sergio Burstein, l'une des victimes des écoutes, aujourd'hui partie civile.

Vous pouvez également vous reporter à l'un des tout premiers articles de Página/12 sur l'affaire : il date d'avril 2010.

Ajout du 4 décembre 2015 :
Le procureur fédéral qui en un autre temps souhaitait voir Mauricio Macri comparaître devant un tribunal pour ces accusations lève sa main sur lui. Il vient d'annoncer qu'au vu du dossier il avait changé d'avis sur l'implication personnelle du désormais Président élu. Difficile de savoir qu'elle est la part du revirement et de l'analyse judiciaire. En revanche, l'un des collaborateurs de Macri devrait rendre compte de ses actes devant les juges du siège.
Sur cette affaire, lire l'article de ce matin dans Página/12 (persuadé que le procureur fait sa cour au tout prochain Président).

Ajout du 9 décembre 2015 :
Le procureur a officiellement annoncé que le ministère public abandonnait les charges contre Mauricio Macri.
Lire à ce sujet l'article de Página/12, qui analyse cette décision comme un retournement de veste opportuniste dans un contexte étrange où la Justice arrête que le mandat de Cristina Fernández de Kirchner s'achève en droit ce soir à minuit et non pas comme jusqu'à présent à midi, lors de la passation des pouvoirs et la prestation de serment du nouveau Président. Ce qui permet à Cristina de faire une dernière pirouette procédurale -elle est juriste, ne l'oublions pas- en disant qu'elle ne peut pas transmettre des pouvoirs qui auront cessé d'exister juridiquement. La Présidente ne sera donc pas là demain, à midi, au Sénat pour assister à la prestation de serment de son successeur (et longtemps adversaire acharné) et lui remettre son bâton de commandement et son écharpe bicolore de chef d'Etat. Peut-être est-ce pour elle un soulagement...

Ajouts du 29 décembre 2015 :
lire l'article de La Nación sur l'ordonnance de non lieu prononcé par le juge d'instruction
lire l'entrefilet de Página/12 sur le sujet.