dimanche 29 novembre 2015

Quiero al Tango de novembre demain [à l'affiche]


La Academia Nacional del Tango ouvre ses portes, comme chaque mois, à une nouvelle soirée du collectif Quiero al Tango (j'aime le tango ou je veux du tango), qui milite pour l'introduction du genre dans les programmes scolaires et une meilleure place dans le paysage télévisuel de l'Argentine.

Demain, lundi 30 novembre 2015, la soirée rendra hommage au chanteur Guillermo Galvé. Comme toujours le programme rendra compte de tous les aspects du tango : musique instrumentale, chant, poésie, danse...

Le président de la Academia, Gabriel Soria, sera là, entouré de plusieurs membres de l'institution comme Pepe Kokubu, Fernando Finvarb, Oscar Fresedo, Alejandro Molinari et Roberto Martínez qui viennent tous les deux de présenter un nouvel ouvrage au catalogue de leur maison d'édition sur la culture urbaine.

Entrée libre et gratuite au Palacio Carlos Gardel, Avenida de Mayo 833, 1er étage.

Ce soir, du jazz à Palermo [à l'affiche]


Ce soir, dimanche 29 novembre 2015, à 21h, le jazzman Guillermo Marigliano et son quintette présente leur tout nouveau disque au Borges 1975, dans le quartier de Palermo.

Ce nouveau disque s'intitule Realidades Paralelas (réalités parallèles).

Pour l'occasion, le musicien, guitariste et compositeur, s'entoure de trois invités...

Une belle soirée en perspective pour terminer en beauté le long week-end de la fête de la Souveraineté qui a été célébrée par un jour férié vendredi dernier.

Guillermo Miragliano dispose d'un profil Facebook où vous pouvez le retrouver.

Tangos traditionnels au Museo Casa Carlos Gardel [à l'affiche]


Demain, lundi 30 novembre 2015, à 18h30, dans le cadre des festivités pour les 125 ans de la naissance de Carlos Gardel, le musée qui porte son nom, rue Jean Jaurès 735, propose une soirée de tangos traditionnels par un trio issu du Conservatoire Julián Aguirre, dans le patio couvert.

Entrée libre et gratuite.

vendredi 27 novembre 2015

Théâtre du CETBA au Julián Centeya [à l'affiche]


Le Centro Educativo de Tango de Buenos Aires, qui s'appelait autrefois la Universidad del Tango, vous invite, ce samedi 28 novembre 2015 à 20h, à une représentation d'une des pièces les plus connues du répertoire du sainete porteño, ce théâtre populaire en un acte qui a fait flores dans les années 1910-1930 dans les faubourgs de la capitale argentine. Il s'agit de la pièce El conventillo de la paloma (comprenez "le taudis au pigeon") de Alberto Vacarrezza, grand dramaturge et parolier de tango de cette première grande époque du genre.

Le spectacle est ouvert à tous. Entrée libre et gratuite à Espacio Cultural Julián Centeya, avenida San Juan 3255. Le spectacle fait partie du programme culturel public de la Ville Autonome de Buenos Aires.

Une transition plus douce que prévu [Actu]

Le nouveau bastón de mando (la canne de commandement)
attend le Président Macri à la Casa Rosada
L'orfèvre qui l'a décoré l'a livré il y a quelques jours à l'Etat contre 1 peso symbolique
Avec l'écharpe bleu et ciel, c'est l'un des insignes du pouvoir exécutif argentin

Le ministre du Travail a été nommé : il s'agit d'un député PRO, qui est aussi le fils d'un des anciens dirigeants de la CGT. A ce titre, son père a occupé ce même poste dans les années 1990, sous la présidence de Carlos Menem (de si affreuse mémoire). Cependant, le retard dans cette nomination est due aux consultations conduites par l'équipe Macri avec les syndicats, qui ne voulaient pas du premier candidat, trop lié au patronat à leurs yeux. Avec la nomination de Jorge Triaca fils, les syndicats s'estiment respectés. Quel progrès par rapport à la prise de fonction de Mauricio Macri à Buenos Aires en 2007, quand l'une de ses premières décisions avait été d'aller directement à l'affrontement avec les syndicats du métro et des salariés de la Ville ! La seule réaction franchement hostile semble venir d'un dirigeant ingérable de la CGT, le patron des camionneurs, le séditieux Hugo Moyano, qui n'avait pas hésité, il y a quelques mois, à déserter les rangs péronistes pour se ranger sous la bannière de Macri. Il fanfaronnait encore lundi matin. Peut-être est-il tout simplement dépité, il a pu croire que le poste lui reviendrait !

La reconduction du ministre de la Recherche scientifique stupéfie toujours son monde et oblige les différents acteurs politiques à prendre position. Cristina Kirchner a ainsi confirmé publiquement et en personne ce qu'avait révélé avant-hier son Premier ministre : elle a été consultée par Lino Barañao lorsqu'il s'est vu proposer son maintien. Il ne voulait pas accepter sans son accord. Elle le lui a donné et s'en est publiquement félicité hier, tout en avertissant qu'elle y avait mis deux conditions : que la politique de développement scientifique et technologique soit maintenue et qu'elle bénéficie des mêmes moyens budgétaires et humains. Par ailleurs, la Présidente sortante a reçu les sénateurs kirchneristes et elle a obtenu d'eux qu'ils cèdent la présidence de leur assemblée au PRO pour la période de transition, avant même la prestation de serment de Gabriela Michetti, la prochaine présidente du Sénat. L'actuel vice-président est depuis quelques jours en très mauvaise posture judiciaire : poursuivi depuis de nombreux mois pour des soupçons de trafic d'influence et de corruption, il vient de se voir notifier l'interdiction de sortir du pays, y compris pour les vacances d'été après la fin du mandat.

Du côté de l'Education, la transition s'annonce tout aussi pacifique : Alberto Sileoni a reçu son successeur au Ministère et s'est dit rassuré sur le maintien de la politique actuelle, l'éducation pour tous, une montée en niveau et en équipement. Il estime même que Esteban Bullrich améliorera encore les choses et continuera à développer le système éducatif argentin.
Daniel Scioli lui-même, le candidat malheureux à ce second tour présidentiel, a accordé une interview apaisée à Clarín, considéré jusqu'à il y a quelques jours comme l'ennemi juré du kirchnerisme (et il y avait en effet une hostilité très marquée). Scioli appelle les péronistes à garder leur sang-froid et à coopérer démocratiquement avec le nouveau gouvernement, en montrant leur sens des responsabilités, et se dit le premier à vouloir le faire. Et il le fait avec cette interview donnée à ce quotidien-là !

Pour ma part, je dois reconnaître que je m'attendais de part et d'autre à une transition vociférante, très véhémente, car dans les deux camps on donnait jusqu'à présent volontiers de la voix et les arguments qu'ils se jetaient à la figure manquaient quelque peu de nuances. Pourtant il ne me semble pas aujourd'hui que ce à quoi l'on assiste relève de postures ni chez les uns ni chez les autres. S'ils sont si nombreux, du côté des sortants comme du côté des entrants, à dire que les politiques qui ont prouvé leur efficacité seront reconduites et à montrer leur bonne volonté en évitant les habituels noms d'oiseaux, c'est qu'une page est sans doute en train de se tourner en Argentine et qu'un progrès considérable a été réalisé dans l'instauration de la démocratie de ce pays, à l'abri des regards, sous la véhémence des querelles politiques quotidiennes.

Estela de Carlotto était hier au Centro Cultural Kirchner pour la présentation de la biographie que lui a consacrée le journaliste cordobais Javier Folco. Elle avait la mine soucieuse et semblait préoccupée (ce résultat est celui qu'elle redoutait) mais elle a tenu à dire que la démocratie surpassait tout et qu'elle respectait donc le suffrage exprimé, tout en considérant qu'il ne fallait pas abaisser les drapeaux, qu'il fallait continuer le combat et exiger que la justice continue son œuvre.

Il y a toutefois eu des réactions vraiment très désagréables et même, pourquoi ne pas le dire, franchement anti-démocratiques dans les rangs de la gauche péroniste :
  • l'appel sectaire et déplorable de Hebe de Bonafini, la présidente de Madres de Plaza de Mayo, qui appelle à une manifestation contre Mauricio Macri pour le 10 décembre, le jour de sa prise de fonction. Bonafini déclare ouvertement qu'elle considère ce dernier comme un ennemi (enemigo) et qu'elle condamne (repudia) sa présence à la Casa Rosada ;
  • une faction kirchnériste à Córdoba qui appelle au boycott de la Province pour les prochaines vacances d'été. Pourquoi ? Parce que la Province de Córdoba a voté à 73% pour Macri et aurait de ce fait insulté tout le reste du pays. On est en plein délire. Heureusement, ce type de réaction est rare et n'est pas représentatif des organismes qui animent la vie du pays : partis politiques, associations légales, syndicats, corps constitués...

Pour en savoir plus :
Sur le nouveau ministre du Travail :
lire l'article de Clarín sur la fureur de Hugo Moyano

Sur la transition :
lire l'article de Página/12 sur l'accord de Cristina Kichner au maintien de son ministre, qui n'a donc pas été débauché par Macri pour faire un coup politique, comme Bernard Kouchner l'avait été par Nicolas Sarkozy
lire l'article de Clarín sur le même sujet
lire l'article de La Prensa sur les réactions positives de Alberto Sileoni (actuel ministre de l'Education, très apprécié lui aussi pour ses compétences, malgré la mauvaise volonté de quelques lecteurs de Clarín qui n'engage que ceux qui l'expriment)
lire l'article de Página/12 sur le cession de la présidence du Sénat au groupe PRO pour la durée de la transition, alors que la Chambre des Députés continue sur sa lancée et vote en pagaille des dizaines de textes qui étaient déposés sur son bureau mais n'ont plus de raison d'être
lire l'article de La Nación sur les prises de position conciliantes de Daniel Scioli
lire l'article de La Prensa sur le même sujet, qui là encore surprend absolument tous les observateurs et bien au-delà d'eux !
lire l'article de Página/12 sur les positions expressément démocratiques exposées hier par Estela de Carlotto

Sur quelques rares réactions anti-démocratiques :
lire l'article de Clarín sur l'appel à manifester de Hebe de Bonafini, qui vient probablement de se discréditer définitivement après plusieurs scandales de mauvaise gestion financière à la limite de l'escroquerie
lire l'article de La Nación sur le même sujet
lire l'article de La Nación sur l'odieux appel au boycott de la Province de Córdoba.

Fin de saison pour l'UOT [à l'affiche]

Ce soir, la Unión de Orquestas Típicas (UOT) propose la dernière soirée de son cycle de concerts au Centro Nacional de la Música y la Danza, México 564, dans le quartier de Monserrat.


Il s'agira d'un travail conjoint du Grupo Imágenes, de l'ensemble Marcapiel de Alan Haksten et de Ignacio González Cano, tout à la fois metteur en scène et éclairagiste. Un travail expérimental qui mêle la musique instrumentale et vocale, le théâtre, la chorégraphie et l'improvisation, entre réalité et fiction. Les artistes ont du talent, je peux en témoigner (je les connais). C'est à voir.

Entrée libre et gratuite dans la limite des places disponibles.

Guitare et voix à la Casa Jungla demain [à l'affiche]


Ce samedi 28 novembre 2015, à 21h30, le guitariste et compositeur de tango, Julián Graciano, se produira avec la chanteuse Grisel Bercovích à la Casa Jungla, Estados Unidos 1560.

L'entrée est fixée à 70 $ ARG. Mais si vous venez à deux, vous ne payerez que 100 $ pour les deux. Une bonne manière de remplir la salle !

jeudi 26 novembre 2015

A chaque jour sa surprise politique – Article n° 4600 [Actu]

Cliquez sur l'image pour y voir plus clair

Hier, le prochain Premier ministre, Marcos Peña, l'ex-directeur de campagne de Mauricio Macri, a annoncé la composition du nouveau gouvernement : une surprise de taille attendait les Argentins, le maintien dans ses fonctions actuels du ministre des Sciences et Technologies, le biochimiste Lino Barañao, qui a créé ce ministère après y avoir été nommé par Cristina Kirchner en 2007, dès son accession à la magistrature suprême. Avant cette date, il n'existait qu'un secrétariat d'Etat pour la recherche scientifique.

Geste d'ouverture authentique ?
C'est possible car la configuration est très différente de celle qui a marqué en France l'arrivée au pouvoir de Nicolas Sarkozy, en 2007 là aussi, quand avec un culot qui a laissé tout le monde pantois il a débauché quelques figures de gauche hautes en couleur qu'il a ensuite pris soin de réduire à l'impuissance, voire de tourner en ridicule (comme Bernard Kouchner), de sorte qu'elles n'ont jamais eu d'ouverture que le nom. Ici, on est dans une vraie alternance, bien clivante, et le ministre "d'ouverture" est en poste depuis huit ans avec des résultats incontestables.

Geste d'apaisement à l'égard du monde universitaire et scientifique qui s'était tant ému ces deux dernières semaines à la perspective d'une victoire néolibérale ?
Possible encore, même si le président du CONICET a annoncé immédiatement sa démission (peut-être un mouvement d'humeur ou de sectarisme, car les responsables en place aujourd'hui sont souvent des militants péronistes très convaincus). Le vice-président, quant à lui, préfère l'avenir et n'a pas pris de décision définitive. Ce ministre est connu et son action à la tête de son ministère est appréciée et respectée jusque dans l'organisation des manifestations des dernières semaines pour réclamer la poursuite de l'actuelle politique scientifique, manifestations auxquelles il s'est lui-même joint publiquement. Son maintien en poste a officiellement le soutien de Cristina Kirchner elle-même, qui semble jouer le jeu au moins sur ce plan (1). Le ministre se tenait d'ailleurs à ses côtés hier lors d'une cérémonie officielle dans un hôpital prestigieux et emblématique.
Si le ministère de la Recherche scientifique conserve un niveau budgétaire décent dans les quatre années qui viennent, on aura bien affaire à une authentique ouverture. Quelles que soient par ailleurs les arrière-pensées tacticiennes des uns et des autres. Car il y en a.
Lino Barañao est en effet le seul ministre du gouvernement sortant qui ait fait savoir très vite après le premier tour son souhait de rester en poste en cas de victoire de Mauricio Macri pour continuer l'œuvre entamée (l'avenir à long terme du pays en dépend en partie). Une offre de service peut-être motivée par son remplacement trop vite proclamé par Daniel Scioli qui avait désigné Daniel Filmus, brillant homme d'Etat kirchneriste mais il n'a pas un profil scientifique. Enorme gaffe de Scioli que de publier ainsi la composition de son gouvernement avant la tenue du scrutin et tout aussi gros impair de sa part que d'écarter avec si peu d'égards un ministre apprécié et dont le parcours spécialisé lui vaut sans aucun doute des contacts scientifiques de très haut niveau à l'extérieur des frontières (il a fait un post-doctorat au très prestigieux Max Planck Gesellschaft en Allemagne, l'équivalent du CNRS français ou du CONICET argentin). Au sein de la Academia Nacional del Tango qui depuis quelques années l'a pour ministre de tutelle, je sais de première main que ses services fonctionnent bien, d'une manière intelligente et efficace (c'est rare parce que la bureaucratie argentine, ça pèse un âne mort !) (2)

En soi, ce maintien en poste semble constituer une première révolution symbolique (3). A ma plus grande surprise, peut-être assiste-t-on à une étape marquante que je n'attendais pas de la part d'un politicien qui n'avait jusqu'à présent montré qu'un cynisme très offensif (et il aura du mal à gagner la confiance d'un important secteur de la gauche intellectuelle). Il est encore trop tôt pour savoir s'il avait eu raison en dépit des apparences, voire au prix d'une conduite très contestable (4).

On a connu des unes de Página/12 plus fair-play et plus drôles
Les dessinateurs semblent sonnés,
ils ont du mal à retrouver leur humour.
Patricia Bullrich : "Comme ministre de la sécurité, je vais lutter contre les délinquants"
Macri : "Pour ça, il faut des ressources. Où vas-tu les trouver ?"
Bullrich : "Je ne sais pas. On pourrait prendre 13% sur les retraites"*
(Traduction © Denise Anne Clavilier)
* Allusion à une baisse de 13% des salaires des fonctionnaires
de la Ville de Buenos Aires

Autre surprise, le ministre du Travail n'a pas été désigné. Il est vrai que l'annonce dès lundi du retrait définitif de la vie politique d'un des alliés de Cambiemos, le radical Sanz, dont on pensait qu'il accéderait à un ministère, chamboule la composition du personnel politique susceptible de prendre part à l'aventure.

Et nominations qui ne sont pas des surprises et qui au contraire pourraient apparaître comme de véritables provocations vis-à-vis de la majorité sortante : la nomination des deux Bullrich, Patricia à la Sécurité et Esteban à l'Education. Ces deux éléphants du PRO ne sont pas connus pour leur sens du consensus, c'est le moins qu'on puisse dire, et la gauche péroniste qui n'a eu de cesse de combattre leurs idées et leur action les détestent cordialement. Quant au Secrétariat aux Droits de l'Homme, il fusionne avec le ministère de la Justice, dont l'intitulé devient de la Justice et des Droits de l'Homme. Décision cohérente avec les mises au point de lundi.

Une du rapport quotidien de Télam ce matin
Cliquez sur l'image pour lire les textes

Côté culture, Hernán Lombardi apparaît comme prévu comme ministre, un ministre qui ne devrait pas faire partie du Gouvernement puisque sa feuille de route est, dit-il, de détacher les médias publics de l'esprir partisan qui les caractérise encore à ce jour et d'y faire régner le pluralisme, comme à la BBC, à Radio France et France Télévision et à la RTVE. Aucune de ces institutions n'est dirigée par un ministre, cela se saurait. Peut-être est-il toutefois nécessaire qu'un ministre se charge de ce changement de mode institutionnel. Attendons pour juger.
Quant au ministère de la Culture à proprement parler, le maroquin va sans surprise au journaliste Pablo Avelluto, qui s'occupait à Buenos Aires des médias publics. C'est sous son autorité que la 2 x 4, la radio tout tango de la Ville, a perdu de sa richesse programmatique pour devenir la majeure partie du temps un robinet à musique sans grande cohérence culturelle. Aujourd'hui, le jeune ministre parle comme de réussites un bon nombre de réalisations du gouvernement national sortant (tant mieux, car le travail qui a été fait dans le domaine de la culture mérite d'être perpétué), en critique l'esprit partisan et exclusif (il n'a pas tort, tout cela manquait de pluralisme, les antennes publiques portègnes aussi au demeurant, 1 point partout) et promet que dorénavant c'est le talent plus que les opinions politiques des artistes qui sera le critère du Ministère dans ses choix et ses interventions. Avelluto veut en finir avec la vision monolithique de la réalité. Que Dieu l'entende !

Et à propos de Dieu, voici l'info la plus pittoresque de toutes celles qui concernent ce nouveau gouvernement : la nomination du rabbin Sergio Bergman à l'Environnement et au Développement durable. A lui la biodiversité, la réintroduction des espèces en voie d'extinction dans leur écosystème naturel, les nombreux parcs, sanctuaires maritimes et autres monuments naturels nationaux. Sans oublier la lutte contre le réchauffement climatique or ça chauffe rudement sur les glaciers de cercle polaire austral ! Il a promis qu'il suivrait les pistes proposées par l'encyclique Laudato Si' du Pape François. En voilà du dialogue inter-religieux bien compris !
Sergio Bergman est ministre du culte en exercice dans une synagogue de Buenos Aires, c'était aussi depuis 2013 un député PRO qui représente la capitale fédérale au Congrès, après deux ans comme député PRO à la Legislatura, la Chambre locale de Buenos Aires. A cinquante-trois ans, l'âge où en général on s'assagit et où on acquiert un peu de tempérance, c'est une sorte de Zébulon flamboyant, très médiatique, passablement m'as-tu-vu. Il semble monté sur ressorts et son image ultra-colorée colle aussi peu que possible à celle d'un homme imprégné de foi et de spiritualité (qu'il est peut-être au-delà des apparences). Il a fait des études de pharmacie et de biochimie à l'Université de Buenos Aires (UBA) – dans cette fournée il est donc l'un des rares ministres issus du système universitaire public et gratuit - puis des études rabbiniques dans l'une des écoles de Buenos Aires jumelée avec un institut de formation de Jérusalem.

Pour aller plus loin :
J'ai sélectionné ici un petit nombre d'articles. Chaque quotidien est rempli d'analyses et de portraits des nouveaux ministres. Vous ferez votre propre choix en allant cliquer sur les liens des journaux qui se trouvent en permanence dans la rubrique Actu, de la partie basse de la Colonne de droite.
Lire l'article de présentation du nouveau gouvernement par Página/12 (médiocrement emballé, on s'en doute)
lire l'article de Clarín au ton nettement plus réjoui
lire le portrait de Sergio Bergman dans La Prensa
lire le portrait de Pablo Avelluto dans La Prensa.
Lire aussi la critique très dure de Clarín envers les récents propos d'un pédiatre vedette, le Dr. Abel Albino, sur l'homosexualité. Ce médecin a apporté tout son soutien intellectuel et politique à Mauricio Macri.
Peut-être peut-on écarter maintenant l'idée que l'éditorial de La Nación de lundi était un coup monté publié à seule fin de permettre à Macri de jouer les esprits généreux ou de rassurer à bon compte les militants des droits de l'homme. Il semblerait plutôt que certains de ses ultras tâchent de le déborder par la droite. Et visiblement, ça lui complique plutôt la vie !



(1) Par ailleurs, la majorité kirchneriste au Congrès continue à voter les textes qui sont dans les tuyaux (en particulier les nominations et les promotions, au bénéfice des militants de la majorité sortante) alors même que Macri, légitimement élu, a demandé que tout soit suspendu. Si jamais il doit faire voter l'inverse après le 10 décembre, c'est lui qui apparaîtra comme le méchant de l'histoire. Le gouvernement sortant de Mendoza, du Frente para la Victoria (mais avec une dent personnelle contre Cristina), a agi de même avec des dispositions budgétaires valables pour les quatre ans à venir, face à l'alternance avec le nouveau gouverneur radical qui prend ses fonctions le 4 décembre. Quel manque de classe !
(2) En France, on se plaint beaucoup des lourdeurs administratives mais si les mêmes personnes vivaient en Argentine ! Mamma mia !
(3) Il me semble qu'on ne pourra parler de révolution concrète qu'une fois que ce gouvernement aura mis en œuvre ses premières mesures effectives.
(4) Il n'a pas déféré aux convocations de la justice portègne qui lui ont été adressées à titre personnel, il a laissé sans effet plusieurs décisions des tribunaux comme c'est le cas pour la réintégration de Claudio Espector à la tête des Orquestas Infantiles de la Ciudad de Buenos Aires, il n'a pas assuré la sécurité à La Boca sauf dans quelques rues que le portail de la ville conseille d'emprunter et dans lesquelles se trouvent divers commerces gérés par ses connaissances, il a fait chasser de la capitale fédérale des sans-abris à coup de matraque par des milices encagoulées et opérant la nuit ou il l'a laissé faire sans s'en offusquer, il a ordonné par décret la fermeture de nombreux centres culturels autogérés dans les quartiers populaires abandonnés, il a laissé se dégrader la voie publique dans tous les quartiers hormis Palermo, Recoleta, le nord de San Nicolás, Belgrano, Retiro et Puerto Madero. J'en passe et des meilleures (il faut voir l'état des rues dans Buenos Aires, même autour de Plaza de Mayo et de la Casa Rosada, et le comparer au quartier des ambassades à Palermo ou au vieux port à Puerto Madero pour se rendre compte du choix politique que cela représente). Là encore, mon expérience me renvoie à des souvenirs européens comme l'avant et l'après-élection d'un Nicolas Sarkozy, dont l'agressivité ne s'est pas tempérée à l'épreuve du pouvoir même s'il affirme le contraire. Mais je peux aussi penser, en Belgique, à l'avant et l'après-élection d'un Charles Michel, qui avait à gauche la réputation d'un cost-killer néolibéral qui allait détruire le système de protection sociale du pays, une machine à la solde du grand capital, et qui, dans l'épreuve que Bruxelles traverse depuis ce week-end, vient de prouver qu'un an après sa prestation de serment comme Chef du Gouvernement fédéral, il avait acquis une légitimité consensuelle que personne ne lui conteste. Et après tout, la politique, c'est ça. Ce n'est pas de choisir entre une bonne et une mauvaise solution, ce serait trop simple, comme en témoigne Michel Rocard. C'est de choisir entre plusieurs mauvaises solutions.

mercredi 25 novembre 2015

Droits de l'Homme et Economie : clarifications du lendemain [Actu]

Dès hier, Mauricio Macri, le président élu argentin, a tenu à mettre certaines choses au clair, en paroles. Pris de vitesse par ses ultras qui s'étaient empressés dès lundi de publier dans La Nación un éditorial réclamant la fin des procès contre les criminels de la Dictature, procès comparés à des actes de vengeance (1), le futur président a annoncé que les procès continueront mais que le traitement pénal de ces crimes relèverait désormais exclusivement de la Justice et ne feront plus partie d'une "politique d'Etat" (2).
En Argentine, on confond encore volontiers Etat et Gouvernement. Macri signifie donc ici que l'exécutif ne prendra plus aucune initiative pour favoriser ces démarches pénales. Or il se trouve que depuis 2003, c'est-à-dire l'arrivée au pouvoir de Néstor Kirchner, les ONG des droits de l'homme (Abuelas, Madres, HIJOS, Familiares, etc.) sont soutenues par des subsides publics grâce auxquels elles ont pu mener tant et tant de campagnes de sensibilisation du public (tant et si bien que ce ne sont peut-être plus exactement des ONG...). Ce sont ces campagnes nationales et internationales qui  ont pourtant permis de retrouver des enfants volés et de mettre en place toute l'infrastructure juridique et technique capable aujourd'hui de faire la lumière sur ces affaires, d'identifier les corps et les vivants et de refermer un peu les plaies ouvertes par les années de plomb.

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Cette nouvelle déclaration a le mérite de modérer les propos tenus par Mauricio Macri plus tôt dans la campagne où il avait promis d'en finir avec les droits de l'homme ! Apparemment son intention se réduirait à couper les vivres aux ONG qui devront donc trouver des sources privées de financement, des appels aux dons, comme le font ici la plupart des associations du même type. A ceci près que dans un pays pauvre comme l'Argentine, l'affaire se présente d'une manière un peu différente et il faut sans doute en conclure que le Secrétariat d'Etat aux droits de l'homme a vécu et ne sera pas pourvu dans le gouvernement qui s'annonce.

Cet éditorial de La Nación a d'ailleurs déclenché une vague d'indignation dans la presse et une protestation des plus vives de la part de l'assemblée des journalistes du journal lui-même, ce dont le quotidien a rendu compte dans son édition d'hier, photo à l'appui. Preuve à première vue que l'élection de Mauricio Macri n'aurait pas été motivée par une volonté des citoyens de renier l'acquis en la matière des années écoulées. Ce matin, Página/12 se faisait même l'écho des déclarations apaisantes du président, très macriste, de la Cour Suprême argentine, qui allaient dans le même sens : il n'est pas question de faire machine arrière dans ce domaine !

Ils n'ont même pas attendu un jour,
proteste Página/12 en gros titre,
en exhibant en une la page contestée de La Nación

Du côté économique, l'autre grosse inquiétude soulevée par la majorité sortante, Mauricio Macri a annoncé la création de six ministères pour les activités économiques (c'est dire si, sans surprise, il met l'économie au cœur de sa politique), six ministères au lieu des trois qu'il avait mentionnés jusqu'alors. Il a aussi annoncé la levée du contrôle des changes dès le 11 décembre, au lendemain de son investiture, et le lancement d'une expertise sur les contrats signés entre l'Argentine et la Chine afin que ces échanges internationaux apportent un flux de dollars US au pays, car il pense que les réserves fédérales de dollars US sont épuisées et que le Gouvernement le cache à la nation.

Dès lundi, il a accordé deux interviews aux deux principaux journaux qui ont soutenu sa campagne : La Nación (longuement) et Clarín (plus succinctement, comme d'habitude – Clarín fait partie de la catégorie des quotidiens légers). Dans ces deux entretiens, Macri se montre conciliant mais peu évasif sur quelques questions précises, se contentant de répondre qu'il faut d'abord rétablir la confiance, qui serait le moteur de tout le reste (dans un pays aussi divisé que l'Argentine, ce ne sont que des vœux pieux). Il évite en particulier la question de la dévaluation, préférant promettre de combattre l'inflation de toutes ses forces (comme tout le monde, de tous les côtés – le gouvernement sortant a lui aussi tenté de réduire le phénomène qui ne se résout pas d'un coup de baguette magique). Son peu de précision serait toutefois à mettre au compte de l'opacité des affaires publiques et de la nécessité pour lui d'y voir clair dès qu'il aura accès aux dossiers. Le reste de ses déclarations correspond à ce que n'importe chef d'Etat peut dire au lendemain de son élection dans l'attente de sa prise de fonction : il sera implacable avec la corruption (il utilise à ce propos le langage du Pape pour parler des finances du Vatican et de la pédophilie chez les ministres ordonnés). Il luttera contre le trafic de drogue en lui opposant "plus d'intelligence que de muscle". Il proposera à la Cour suprême des constitutionnalistes avec lesquels il n'a jamais été en contact et tâchera qu'elle soit au complet au plus tôt (voilà plusieurs années qu'elle ne fonctionne plus qu'avec quatre et maintenant trois juges alors qu'elle devrait en compter une dizaine). Macri veut professionnaliser la police fédérale comme il l'a fait avec la police métropolitaine (3), il promet que les allocations sociales seront mises à niveau progressivement pour accompagner le changement sans créer une crise du pouvoir d'achat, il déclare qu'il lui appartiendra de fluidifier et de clarifier la vie institutionnelle du pays qu'il trouve trop brouillonne, ce en quoi il n'a pas tort mais ses adversaires de la gauche péroniste auront beau jeu de lui répliquer qu'il a lui-même fait bien peu de cas de la justice portègne lorsqu'il gouvernait la Ville et que c'est un l'hôpital qui se moque de la charité.
Ceci étant posé, Macri présente cette consolidation du fonctionnement institutionnel comme une audace inédite de sa part et prétend en cela se distinguer de la pratique du gouvernement sortant. C'est très discutable. Si l'on prend un peu d'altitude, on se rendra compte que cette consolidation est une préoccupation de tous les partis depuis la faillite de 2001, un mouvement continu auquel Néstor et Cristina Kirchner ont largement contribué, même s'ils n'ont pas pu se défaire d'un esprit partisan qui est largement partagé par tout le personnel politique à tous les niveaux de responsabilité (j'ai toutefois remarqué qu'au niveau local, à Florencio Varela, par exemple, on peut se parler et travailler ensemble en bonne harmonie entre militants de partis antinomiques). Le véritable progrès apporté par Mauricio Macri consisterait donc à réaliser cette étape supplémentaire de la construction de l'Etat démocratique en dépassant cet esprit partisan qui appartient à une démocratie qui a encore peur, qui manque de maturité. Wait and see comme on dit de l'autre côté de la Manche !

Cliquez sur l'image pour lire les textes
en une : l'interview de Macri, comme sur celle de La Nación (plus haut)

Il prévient enfin qu'il n'est pas magicien, qu'il aura besoin de toutes les bonnes volontés pour réussir et qu'il entrera en conciliation avec l'opposition pour travailler avec tout le monde, à commencer par Daniel Scioli. S'il passe aux actes et qu'il réussit dans une opération aussi inédite, c'est qu'il est un grand politique. C'est la première fois qu'il arrive aux commandes non pas à la tête du PRO tout seul mais en chef de coalition. Peut-être tient-il compte ici des autres éléments, même s'ils n'ont recueilli que bien peu de voix lors des primaires du début août (ils n'ont pas boudé leurs efforts pour le soutenir par la suite), ils pourront faire l'appoint au Congrès lorsqu'il faudra dégager une majorité pour chaque projet de loi présenté sur le bureau des chambres. Jusqu'à ce jour toutefois, on ne l'a jamais vu aller dans le sens de la recherche d'un consensus. Etait-ce à cause de l'intransigeance de l'autre camp (Cristina Kirchner) comme il le suggère lui-même et comme beaucoup de ses électeurs me l'ont affirmé à Buenos Aires et à Mendoza ? C'est possible. Tout autant qu'il est possible qu'il ne s'agisse que de propos lénifiants, de circonstances, tels qu'on en entend dans à peu près tous les pays au seuil d'un mandat électif, surtout quand il marque une alternance politique. Seul l'avenir nous dira ce qu'il en est et on devrait le savoir assez vite.

Quoi qu'il en soit, son ton a changé par rapport à celui de sa campagne électorale. Il a pris soin de saluer dans ses interviews Cristina Kirchner et mentionne son appel téléphonique et son fairplay, ce qu'il avait commis l'erreur d'omettre au soir de son élection, dimanche. Elu, il ne ressent peut-être plus le besoin de montrer les dents et d'attaquer ses adversaires, qui n'ont plus rien à lui opposer de concret, ou bien il a déjà mesuré l'effet désastreux que cela produisait sur la moité de la population qui n'a pas voté pour lui.

La transition sera courte : dix-huit jours seulement, là où les institutions argentines ont l'habitude de fonctionner sur deux mois. Les noms des ministres sont peu à peu annoncés à la presse et ce goutte à goutte nourrit le flux de consultation des sites Internet. On attend la liste complète ce soir, à 17h, heure locale, au cours d'une conférence de presse de Marcos Peña, l'ancien directeur de campagne, qui sera le premier ministre (jefe de gabinete) (4). On murmure déjà le nom du futur ministre de la Culture : ce serait Pablo Avelluto, l'actuel responsable des médias publics de la Ville Autonome de Buenos Aires, tandis que son chef, l'actuel ministère portègne de la Culture, Hernán Lombardi, prendra (c'est déjà officiel) la direction du groupe médiatique public, Radio Nacional avec toutes ses stations, TV Pública, Canal Encuentro, Paka Paka (la télé éducative) et l'agence Télam. Il aura rang de ministre et devrait aussi voir tomber dans son escarcelle le parc saisonnier Tecnópolis (vulgarisation des sciences et des technologies) dont Mauricio Macri avait mis en doute l'utilité (5), sous prétexte qu'il gênait le trafic automobile aux environs. A travers plusieurs interviews radio, Lombardi annonce qu'il veut faire passer ce groupe d'une inféodation au gouvernement en place (6) à un groupe d'Etat pluraliste comme les groupes similaires en Grande-Bretagne, en Espagne et en France, précise-t-il (il a beaucoup voyagé dans ces pays depuis qu'il est ministre, peut-être a-t-il réellement pris le temps d'étudier la question sur place ?). Qui plus est, il salue ce qui s'est passé au sein de la rédaction de La Nación après l'éditorial au vitriol comme un signe de bonne santé du journalisme.

L'assemblée des journalistes de La Nación lundi
posant dans le studio vidéo installé au milieu de la rédaction
Ils portent tous la même phrase : "je condamne l''éditorial"

Du côté de la majorité sortante, il y a quelques mauvais perdants passablement agaçants, comme Aníbal Fernández, le premier ministre, qui compare les résultats de l'élection à un score à égalité, alors que trois points séparent l'élu de son challenger. Certes, c'est peu en Argentine, où la différence est plus souvent de l'ordre de la quinzaine de points, mais ce n'est pas pour autant un score à égalité. Il est vrai que Fernández a perdu beaucoup de plumes dans l'affaire et qu'il ne devait pas s'y attendre du tout. Candidat malheureux au gouvernorat provincial de Buenos Aires, il se retrouve aucun mandat, il ne sait pas encore ce que sera son avenir politique et n'avait visiblement pas prévu de stratégie de repli. Quant à Daniel Scioli, malgré la double défaite cuisante qu'il a subie, l'une dans sa Province où son successeur désigné ne prend pas sa suite, l'autre au niveau national, où son résultat n'est cependant pas catastrophique, il se verrait bien prendre la direction du Partido Justicialista et devenir le chef de la principale force d'opposition au nouveau gouvernement. Il y a peut-être des personnalités qui feraient mieux l'affaire après un recul aussi puissant en nombre de voix (la proposition du PJ était arrivée largement en tête aux élections primaires en août dernier) mais Cristina Kirchner n'a pas préparé sa suite et ce sont donc les actuels caciques du parti qui risquent de s'entre-déchirer, comme toujours après le retrait d'un leader très charismatique et qui occupait tout l'espace politique.

Pour en savoir plus :
lire l'éditorial très contesté de La Nación lundi (intitulé Plus jamais la vengeance)
lire l'article de une de Página/12 hier, en réaction à cet éditorial
lire l'article de La Nación dont l'assemblée des journalistes a protesté contre les positions de l'éditorialiste
lire l'article de Clarín sur les réactions à l'éditorial de La Nación
lire l'entrefilet de La Prensa sur les propos de Macri au sujet des droits de l'homme
lire l'article de Página/12 ce matin sur les déclarations du juge Lorenzetti, président de la Cour suprême, sur la poursuite des procédures judiciaires contre les criminels de la Dictature
lire l'article de Clarín sur ces déclarations de Ricardo Lorenzetti
lire l'article de Clarín sur la composition des chambres et la délicate majorité à trouver pendant les deux ans qui viennent avant le renouvellement partiel de mi-mandat (avec deux schémas couleurs qui illustrent les équilibres en vigueur)
lire l'interview de Mauricio Macri dans La Nación
lire la dépêche de Télam sur le programme annoncé par Hernán Lombardi (que n'a-t-il agi avec cette libéralité et cette équité idéologique à la tête du ministère de la culture de la Ville Autonome de Buenos Aires !)



(1) Des esprits mal placés ou simplement méfiants pourraient aussi imaginer un coup monté, particulièrement tordu, surtout en voyant la place accordée par La Nación à la réaction de son assemblée des journalistes (ce n'est vraiment pas dans la tradition du titre) : l'éditorialiste aurait pu publier ce texte uniquement pour offrir à Macri l'occasion de se dédouaner ou de calmer d'emblée les cris de la militance des droits de l'homme. A ce stade, tout est possible, mais pour le moment, il faut raison garder et attendre de voir comment les étapes démocratiques vont se concrétiser et se suivre les unes les autres. Je ne peux m'empêcher ce soir de retourner trente ans en arrière lorsque François Mitterrand avait été élu et qu'une certaine panique avait envahi une partie de la population et des ambassades de l'alliance atlantique. On voyait déjà la population brandir le portrait du président pendant le défilé du 14 Juillet et les grosses fortunes s'empressaient d'envoyer de l'argent à l'étranger au cas où... Et puis rien de catastrophique ne s'est passé, la vie institutionnelle et démocratique a continué son cours paisiblement. A noter que La Prensa n'a pas fait allusion à cet éditorial de la discorde !
(2) Encore faut-il que le budget fédéral donne à la Justice les moyens de sa mission, or le budget sort nécessairement des services de l'Exécutif.
(3) Une promesse qui risque de survolter les militants de droits de l'homme eu égard à la violence aveugle dont a su faire preuve la police locale de Buenos Aires à de nombreuses reprises ces dernières années.
(4) Pour le moment, il n'existe pas de conseil des ministres en Argentine. Comme aux Etats-Unis, chaque ministre dépend directement et formellement du Président. Il est révocable ad nutum individuellement par le chef d'Etat et seulement lui (ou elle). Le rôle de Jefe de Gabinete est un mixte entre ce qui est en France le Premier ministre (surtout maintenant avec le quinquennat) et le Secrétaire général de l'Elysée. Un titre intraduisible par conséquent. On distingue en Argentine Gobierno (ensemble de l'exécutif y compris et surtout le chef d'Etat) et le gabinete (ensemble des ministres en fonction, ce qui se traduit en français par "gouvernement").
(5) Probablement pour faire de la surenchère et se différencier coûte que coûte au vu de sondages qui prévoyaient un faible écart entre les deux candidats.
(6) Aujourd'hui, tous les éléments de ce groupe médiatique sont la voix de l'Argentine officielle comme l'ORTF était la voix de la France avant Mitterrand. Il en va de même des radios publiques portègnes, qui tiennent uniquement un discours macriste. Si cela se produit effectivement, c'est une révolution et d'ailleurs, quand cela s'est produit en France, tout le monde doutait de la faisabilité du changement à long terme et puis c'est passé dans les mœurs. Dans le camp kirchneriste, personne n'avait jamais tenu des propos aussi fermes et aussi précis sur le sujet. La demande d'introduction du pluralisme ne dépassait pas le stade de la langue de bois pur caroubier (algarrobo) !

Festival Bailemos Tango de printemps ce week-end [à l'affiche]

Tout un week-end pour danser le tango et apprendre à le danser, en prolongement du LadysTango, le festival lancé il y a quelques années par Johana Copes vers le 8 mars de chaque année.

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Trois lieux : la Academia Nacional del Tango demain, jeudi 26 novembre 2015, le Salón Dandi samedi 28 novembre et à nouveau le dimanche pour un marathon de tours (giros) et de enrosques, avec une série de professeurs très prestigieux emmenés par le couple Zucca...

Présentation bibliographique à la Academia Nacional del Tango [Disques & Livres]

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Hier soir, les éditeurs et auteurs Roberto Martínez et Alejandro Molinari, fondateurs de Editorial ECU (Editorial Cultura Urbana) présentaient à la Academia Nacional del Tango leur nouvel ouvrage, une analyse socio-historique de la première étape du tango, bornée par Angel Villoldo (1861-1919), le compositeur de El Choclo, qui fut l'un des premiers musiciens à apporter le tango à Paris et un piètre parolier, et de l'autre côté par Carlos Gardel (1890-1935), le chanteur et compositeur de légende à qui on doit l'apparition du tango-canción, du tango poétique et littéraire, en 1916 grâce au poète Pascual Contursi.

La préface est de Gabriel Soria, président de la Academia Nacional del Tango, dont les deux auteurs sont membres depuis des années. Il accompagnait hier Roberto et Alejandro.

On peut trouver la fiche du livre sur le site Internet de FACU (Foro Argentino de Cultura Urbana).

Sortie d'une biographie de Estela de Carlotto [Disques & Livres]


Demain, jeudi 26 novembre 2015, à 18h30, le journaliste Javier Folco présentera la biographie de Estela de Carlotto, que vient de publier la jeune maison d'édition Editorial Marea.

La présidente de Abuelas de Plaza de Mayo sera présente, aux côtés de l'auteur, de l'éditrice, Constanza Brunet, et de la journaliste Milena Heinrich, sur la Terraza de la Ballena Azul du Centro Cultural Kirchner, Sarmiento 151.

La couverture du livre montre la militante, née en 1930, debout, en grande conversation avec son petit-fils, Ignacio Montoya Carlotto, qui a retrouvé son identité de naissance il y a à peine un an et demi, dans le grand bruit dont ce blog s'est fait l'écho en juillet 2014. Cette biographie a déjà été présentée à Córdoba, la ville natale de l'auteur, à la faculté de philosophie et d'humanités de l'Université (la plus ancienne du pays).

La présentation à Córdoba le 19 novembre dernier

Le livre est préfacé par l'ancien juge espagnol spécialisé dans les droits de l'homme, Baltazar Garzón. Il compte 248 pages et est vendu au prix de 225 $ ARG en Argentine. Il peut être commandé en ligne sur le site Internet de la maison d'édition. Sur le site, on peut accéder en format pdf à une dizaine de pages de l'ouvrage en lecture gratuite.

En savoir plus :
lire la fiche du livre sur le site Internet de Marea.

Première Journée internationale El Tango en Escena [à l'affiche]


La Asociación para la promoción y difusión de las artes performáticas (entendez de spectacle) propose pour la première fois une rencontre de trois jours, du 26 au 28 novembre 2015, dans quatre sites distincts de Buenos Aires : la Faculté des sciences sociales de la UBA (Universidad de Buenos Aires), la Bótica del Angel (qui dépend de la Universidad del Salvador, USAL, l'ancienne université jésuite) et la Dirección Nacional de Artes.

La rencontre se compose de cours, démonstrations, tables-rondes et conférences au sujet de la danse de tango, non pas tant dans sa version très spectaculaire du tango de scène (tango escenico) qui touche parfois à l'acrobatie pure et simple mais de l'usage de cette danse dans l'univers du spectacle, où elle peut prendre des formes beaucoup plus authentiques, comme Eduardo et Gloria Arquimbau en ont fait la preuve mille et mille fois dans le monde entier.

Le programme complet. Cliquez sur l'image pour lire

La manifestation est organisée par un comité artistique où siègent des artistes reconnus comme Aurora Lubitz, Milena Plebs, Gachi Fernández, Mario Morales et Leonardo Cuello. Elle bénéficie de soutiens officiels, comme celui du Ministère national de la Culture et la Legislatura Porteña, qui a déclaré l'événement d'intérêt culturel, et de soutiens privés, dont celui de Melografías, le magazine en ligne sur la musique populaire, la revue Balletín (sur toutes les danses) et le magazine Tangauta.

Il est indispensable de s'inscrire par mail (tout est sur le blog). Le montant de la participation est de 300 $ ARG pour couvrir les frais d'organisation mais cela n'a pas un caractère obligatoire. Ceci dit, ce n'est vraiment pas cher !

L'association dispose d'un blog Internet et d'un profil Facebook.

La presse est discrète sur le sujet mais il ne faut pas oublier l'article de Página/12 ce matin et le blog Maldito Tango, hébergé par La Nación.

mardi 24 novembre 2015

Elue à l'unanimité pour représenter l'Académie Sanmartinienne en France [ici]

El 11 de noviembre, estuve nombrada Miembro correspondiente en Francia de la Academia sanmartiniana, del Instituto Nacional Sanmartiniano.
Abajo publico la carta que me mandaron desde Buenos Aires para agradecerme el trabajo que estoy haciendo acá en la región francohablante de Europa

Mis libros publicados hasta junio del 2015
Mes livres déjà parus (jusqu'à ce jour)

Bien qu'avertie depuis le 11 novembre dernier de l'honneur que me faisait l'Académie sanmartinienne (Academia Sanmartiniana) en me nommant correspondante (miembro correspondiente) en France, hier soir, j'ai été surprise en lisant la notification officielle qui vient de me parvenir. Je m'attendais à un document administratif avec une touche de solennité, et je tombe sur une épître laudative qu'avec fierté et sans fausse modestie, j'ai donc décidé de reproduire et de traduire ici :

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"Au nom de l'Académie de l'Institut national Sanmartinien, qui se consacre à cultiver le souvenir du Père de la Patrie, nous avons le plaisir de nous adresser à vous pour vous informer qu'au cours de sa réunion du 11 courant, il a été accordé par décision unanime de vous désigner comme Membre correspondant en France.

Ce vote récompense le travail de diffusion de la vie du général (1) San Martín que vous avez réalisé dans votre pays natal conjointement à une importante contribution à la culture argentine grâce aux différentes activités que vous menez pour associer fraternellement nos deux pays dans l'histoire et la culture populaire (2).

Pour cette raison, nous vous prions de bien vouloir accepter les félicitations du corps académique et l'assurance de notre plus grande estime et de [toute] notre considération." (3)
(Traduction Denise Anne Clavilier)

La lettre est signée par l'historienne Emilia Menotti, pour le corps académique, et le président de l'Institut, Eduardo García Caffi, pour ce dernier, qui agit en autorité de tutelle de l'Académie.

Bandeau utilisé par l'INS pour sa page Facebook

C'est en effet sous l'égide et dans les locaux de l'INS (Instituto Nacional Sanmartiniano) que l'Académie sanmartinienne rassemble, par cooptation, des historiens et des historiographes qui s'emploient à faire connaître San Martín, à enrichir la recherche historique sur sa vie, son œuvre et son époque (4) et à fédérer, voire à susciter, toutes les initiatives, de toute nature, destinées à célébrer sa mémoire partout dans le pays et même au-delà ainsi qu'à sensibiliser le public argentin à cet épisode fondateur de l'histoire nationale.

Couverture de la thèse de José Otero soutenue à la Sorbonne
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Tapa de la tesís de doctorado de José P. Otero
publicada en París en el 1917
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L'INS a été fondé le 5 avril 1933 comme institut privé consacré au souvenir patriotique du général par un historien argentin formé à la Sorbonne, José Pacifico Otero (1874-1937). La Bibliothèque Nationale de France conserve d'ailleurs plusieurs de ses ouvrages écrits dans un français impeccable et édités ici dont certains sont déjà consultables en ligne sur Gallica : sa thèse de 1917 (en pleine guerre mondiale, on a du mal à y croire) ainsi que le premier tome d'une somme en quatre volumes, L'Argentine devant l'histoire (1922).
Quelques années après sa fondation, l'Institut s'est installé dans une jolie maison à Palermo, dans la très chic zone des ambassades, dans un petit coin de la ville qui est un micro-Paris des beaux quartiers absolument exquis (mais c'est le seul endroit de Buenos Aires qui ressemble vraiment à une ville française). Cette maison est une reproduction, à l'échelle 1,30, de la maison de campagne que San Martín avait achetée en 1835 dans le paisible petit village d'Evry-sur-Seine, à sept lieues de Paris, desservi dès le 20 septembre 1840 par la ligne de chemin de fer Paris-Orléans (embranchement de Corbeil) (5).
Face à la maison reconstituée, un groupe sculpté intitulé El Abuelo inmortal (le grand-père immortel), dont je vous ai déjà parlé à propos du voyage culturel à Buenos Aires que je vous propose avec mon partenaire, Human Trip (voir aussi à ce propos mon article du 14 décembre 2013). Le monument, inauguré en 1950, pour le centenaire de la mort du général, représente le Padre de la Patria, dans son vieil âge, en compagnie de ses deux petites-filles qu'il aimait tendrement. Une première tentative de l'art officiel pour humaniser un personnage jusque-là figé dans le bronze martial de statues équestres qui l'installaient très haut, tout à fait hors de portée du commun, dans une pose symbolique sans rapport avec l'homme de chair et d'os qu'il avait été et que José P. Otero et Ricardo Rojas (1882-1957), chacun pour sa génération, avaient été les premiers à restituer. Ce qu'on appelle en Argentine sacar a San Martín del bronce ("dégager San Martín du bronze").

José P. Otero dedicó su tesís a sus maestros de la Sorbona :
"Dedico este trabajo donde Francia, madre de la democracia,
reconocerá la influencia de su filosofía libertadora
en nuestro primero ciclo histórico"

Depuis son passage sous l'autorité du gouvernement national, l'Institut a souvent été dirigé par des généraux, parfois par des historiens civils, comme le Dr. Enrique Mario Mayochi. Depuis trois ans, il a à sa tête un musicien (un ancien batteur de rock, si, si, je vous assure !) qui a derrière lui un long parcours dans le secteur culturel, dont un passage très apprécié à la tête de Radio Nacional (où il a laissé un très bon souvenir), Eduardo Emanuel García Caffi. En ces jours où des modifications risquent d'intervenir bientôt dans les organigrammes des principales institutions culturelles, je ne voulais pas manquer à le saluer : comme j'y ai fait allusion dans un article d'hier, il a le mérite d'ouvrir les portes de l'INS au grand public, de proposer des conférences accessibles à tous et des expositions, alors que cet institut était longtemps resté le domaine en quelque sorte privé des académiciens et des salariés qui y travaillent au quotidien, fonctionnant aux yeux du public comme une maison d'éditions qui a publié intégralement, en une quarantaine de petits cahiers, toute la documentation écrite qui nous est parvenue sur ce personnage clé de l'histoire argentine.
Eduardo García Caffi n'a pas encore eu le temps de casser complètement l'image désuète et vieillotte qui colle encore aux ardoises de cette maison et lui vaut de solides inimitiés de la part des historiens revisionistas qui se sont, en grande partie contre lui, rassemblés dans l'Instituto Nacional de Revisionismo Histórico Manuel Dorrego, autour de Pacho O'Donnell (qui s'en est retiré depuis devant l'irruption du pluralisme dans ses murs). J'espère que le nouveau ministre de la culture lui proposera de rester en fonction (quitte à ce qu'il refuse, puisque c'est un militant kirchneriste convaincu) : il faut que cette maison continue à rendre San Martín à tous les Argentins et en particulier aux civils qui l'admirent fort mais le connaissent très mal, or c'est là un travail délicat et difficile à réaliser, qui demande une expérience très complète des animations publiques et une bonne qualité de relation descendante et ascendante avec les salariés (au peu que j'ai pu voir, il me semble bien que c'est le cas).

Couverture de l'anthologie en français dirigée par Philippe Raxhon
Tapa de la antología en francés de documentos sanmartinianos
bajo la dirección del Dr. Philippe Raxhon (Universitad de Lieja, Bélgica)

Autour de l'INS gravitent des Associations culturelles sanmartiniennes locales. On en compte dans toutes les provinces. Chacune des villes grandes et moyennes de ce vaste pays a la sienne. Les unes font du très bon travail, innovent et proposent des tas de choses intéressantes, c'est le cas de celles qui m'ont accueillie à Mendoza, à San Martín-Los Barriales ou à San Rafael.... D'autres sont plus plan plan, car, comme toujours dans le monde associatif, tout dépend de la personnalité des présidents et des motivations des adhérents, selon qu'elles sont militantes ou simplement mondaines. A l'étranger aussi il existe quelques unes de ces associations, certaines dynamiques, d'autres invisibles (comme à Toulouse, autour de Carlos Gardel, on voit de tout).
A ce vaste réseau, animé en général par des historiens amateurs (parfois plus rigoureux que de nombreux professionnels), s'ajoutent les Instituts du Chili et du Pérou, les deux autres pays libérés par San Martín, respectivement en 1817 (à la bataille de Chacabuco, confirmée par la victoire de Maypú, le 5 avril 1818) et en 1821. Depuis Buenos Aires, l'INS tâche enfin de rayonner à travers ses correspondants étrangers, sans qu'à ce propos on puisse encore parler de réseau (mais ça viendra bien un jour) (6). Pour la francophonie, l'INS et l'Académie sanmartinienne comptent désormais deux correspondants, la plus récente qui signe ces lignes en France, le plus ancien qui vit et travaille en Belgique dans la Cité Ardente : le professeur Philippe Raxhon, de l'Université de Liège, un spécialiste de l'histoire de cette ville (7) qui a aussi publié plusieurs articles très intéressants sur San Martín dans différentes revues savantes, en français et en espagnol, et dirigé une anthologie unilingue de correspondance et autres écrits de San Martín (présentés dans une admirable traduction qui restitue le français du début du XIXème siècle) (8).

Mi próxima charla el sábado que viene (28/11/15)
Affiche pour ma prochaine conférence sur San Martín
ce samedi 28 novembre 2015
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Samedi prochain, le 28 novembre 2015, à 11h, j'inaugurerai donc mon titre de membre correspondant de l'Académie sanmartinienne avec une conférence sur San Martín, à la mairie de Gretz-Armainvilliers (77), qui a été annoncée dans le programme du Souvenir napoléonien (délégation de Paris et d'Ile-de-France).

Que soit ici remercié le Dr Miguel Angel Di Marcó que j'ai connu à Mendoza, au congrès d'histoire en septembre 2014, et avec qui j'ai partagé une conférence, à trois, avec Fabiana Mastrangelo, cette année, à Buenos Aires, organisée par Pina Poggi, la très dynamique présidente de l'Asociación Cultural Sanmartiniana de San Martín, dans la Province de Buenos Aires (dans la banlieue ouest de la capitale argentine). C'est lui qui a pris l'initiative de présenter ma candidature et m'a fait l'honneur de la défendre.

Posant avec le Dr De Marcó (gauche), Fabiana Mastrangelo et Pina Poggi
à Buenos Aires le 25 août 2015
Con el Dr. De Marcó, Fabiana Mastrangelo y Pina Poggi
en Buenos Aires, el 25 de agosto del 2015

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(1) Autre grande surprise : c'est la première fois dans un document argentin que je vois écrit général San Martín avec une minuscule au grade !
(2) En Argentine, le mot Folklore a une acception beaucoup plus forte et surtout nettement moins passéiste qu'en Europe (d'où ma traduction en culture populaire). Et quand je parle de passéisme, c'est parce qu'en Europe, ce terme désigne des systèmes culturels, simples ou complexes, d'arts et de traditions populaires, plus ou moins anciens, qui tous ont précédé (souvent de très peu) la constitution de nos Etats-Nations qui agglomèrent depuis le début du XIXème siècle diverses entités régionales pour former des ensembles territorialement et culturellement plus larges (appelés désormais à leur tour à se fondre dans une Europe politique encore très lointaine, voire utopique). Il se trouve donc qu'aujourd'hui une partie de la population voudrait que ces idiosyncrasies anciennes et infra-nationales perdurent au-delà de ces inéluctables et successives modernisations de nos différents pays. C'est précisément l'intérêt porté à ces réalités culturelles promises au déclin à la fin du XIXème siècle qui a fait apparaître le substantif folklore en France en 1885. En Argentine, le folklore ne relève pas ainsi d'un passé révolu prêt à sombrer dans l'oubli et que des passionnés retiennent dans le présent avec quelquefois (mais pas toujours) succès et authenticité. C'est une réalité en cours de création que le folklore argentin, l'un des processus d'élaboration d'un pays encore enfant avec ses deux cents ans d'âge (et un peu plus si l'on inclut la période coloniale, que de nombreux Argentins refusent de prendre en compte). Dans la lettre, le mot désigne donc toutes les formes de culture populaire, conformément à la pratique universitaire argentine. Il faut être soi-même folklorista ou tanguero pour pratiquer la distinction sémantique (à laquelle je tiens beaucoup) entre tango (culture populaire citadine) et folclore (culture populaire rurale). A l'Université Nationale des Arts (UNA), à Buenos Aires, il n'existe qu'une seule unité de recherche et d'enseignement pour les deux, la Area Folklore-Tango. A l'Ecole de musique populaire de Avellaneda, en revanche, les deux cursus sont séparés. Et à côté de la Academia Nacional del Tango à laquelle j'ai aussi l'honneur d'appartenir, fondée en 1990, il existe depuis peu une Academia Nacional de Folklore (décret de fondation daté du 28 mars 2014 et promulgué le 18 juin). Cette académie dispose d'un site Internet et d'une page Facebook.
(3) En Espagnol, la rupture grammaticale est permise à l'intérieur de la même phrase, même dans la formule de politesse en bas d'une lettre. En français, non. D'où ma traduction qui applique la syntaxe épistolaire française. L'année dernière, Eduardo García Caffi m'a confié la traduction de la biographie de San Martín proposée aux visiteurs à côté du mausolée, dans une chapelle latérale de la cathédrale de Buenos Aires. C'est un texte superbe rédigé par l'historien du corps des réservistes du Régiment des Grenadiers à cheval, dans la plus belle tradition rhétorique hispanique. Mais il a fallu que j'en restructure plusieurs phrases pour que la version française tienne debout. Et dire qu'à première vue, nous avons l'impression que nos deux langues se reflètent l'une l'autre comme dans un miroir. Que nenni !
(4) Parfois au prix de fortes dissensions entre eux, de divergences d'opinion, d'analyse et de sensibilité à fleur de peau.
(5) Pour ma série de conférences d'août dernier à Buenos Aires puis à Mendoza, j'avais concocté un petit montage de documents anciens, lithographies, estampes et cartes, entremêlés de photos de matériel ferroviaire historique exposé en 2003 sur les Champs-Elysées par la SNCF. L'idée m'était venue d'abord pour les besoins de mon intervention au Colegio Don José de San Martín à Florencio Varela, dans la banlieue sud de la capitale, et j'avais ensuite composé une seconde version pour un public adulte. Petits et grands ont regardé ça avec une émotion très perceptible tant cette France de la Monarchie de Juillet que San Martín a parcouru de long en large pendant son exil leur est un pays mythique, enveloppé dans le mystère de l'éloignement dans le temps et l'espace. Mais la maison de San Martín à Evry, dans le quartier de Grand-Bourg, ne se visite pas, elle abrite depuis 1852 un couvent de la congrégation Notre-Dame de Sion. Elle a été entièrement réaménagée pour les besoins de la communauté qui lui a ajouté une chapelle.
(6) La même question du maillage et de la coopération entre pairs se pose aussi à la Academia Nacional del Tango, où nous sommes en train de mettre sur pied des procédures d'échanges et de partage ainsi que ce congrès du tango qui devrait se tenir désormais tous les ans au mois d'août.
(7) Philippe Raxhon s'est vu récemment confié en Belgique la direction scientifique du centenaire de la Grande Guerre et celle du Bicentenaire de Waterloo.
(8) Un travail d'histoire linguistique dont je me suis abstenue dans l'élaboration de San Martín par lui-même et par ses contemporains, paru aux Editions du Jasmin, comme la biographie, San Martín à rebours des conquistadors.