jeudi 31 mars 2016

No solo murga : présentation du nouveau disque de Ariel Prat [à l'affiche]


Après-demain, samedi 2 avril 2016, à 21h30, l'auteur-compositeur interprète Ariel Prat présentera son nouveau disque intitulé No solo Murga (de la murga mais pas seulement) au CAFF, le Club Atlético Fernández Fierro, Sánchez de Bustamante 764.

Entrée : 120 $ ARG sans le disque, 200 $ avec !

Le disque a été enregistré en public l'année dernière, au Centre culturel Caras y Caretas, et comporte, à côté de la traditionnelle murga de carnaval, dont Ariel Prat est l'un des meilleurs représentants de sa génération, des chansons de Alfredo Zitarrosa et Enrique Cadícamo.

Pour aller plus loin :
consulter le site Internet de l'artiste.

Ajout du 2 avril 2016 :
lire l'article de Página/12 de ce jour. Ariel Prat est un artiste que ce quotidien aime bien suivre...

Les Forces Armées offrent, elles aussi, leurs conférences du Bicentenaire [à l'affiche]

Ce soir, la Commission d'hommage aux combattants des Malouines (1) lance son cycle de conférences pour le premier quadrimestre de cette année culturelle. Les causeries se tiendront au Palacio González Balcarce, superbe lieu de réception au cœur de la luxueuse Recoleta (que l'on peut découvrir à travers son site Internet et sa page Facebook). Elles prennent place dans les célébrations du Bicentenaire de l'Indépendance qui culmineront le 9 juillet prochain à San Miguel de Tucumán.


Le nouveau Gouvernement argentin maintient la défense de ses droits territoriaux sur cet archipel de l'Atlantique Sud, contre le Royaume-Uni (il ne peut pas faire autrement puisque cette réclamation est inscrite dans la constitution nationale), tout en voulant ouvrir le dialogue diplomatique et la coopération internationale, notamment économique, avec Londres.



(1) La guerre des Malouines a opposé l'Argentine et la Grande-Bretagne en avril-mai 1982, suite à la prise de ces îles par l'armée argentine, alors sous les ordres de la Junte militaire au pouvoir. En 1833, les Malouines appartenaient depuis plusieurs décennies à l'Argentine lorsque la Grande-Bretagne s'en est emparé par la force, sans déclaration de guerre et seulement neuf ans après que la Chambre des Communes avait reconnu l'indépendance de l'Argentine, du Chili et de la Colombie (scindée depuis entre Colombie et Venezuela). La guerre des Malouines de 1982 a été menée par une majorité d'appelés très mal équipés (ils n'avaient même pas de gilets pare-balles), à peine instruits sur le plan militaire et venant en majorité des zones nord du pays. Ils sont morts en grand nombre face à la flotte britannique sur-équipée.

mercredi 30 mars 2016

Ciné-tango chez Jacqueline Sigaut [à l'affiche]


Comme l'année dernière, un dimanche par mois, la chanteuse Jacqueline Sigaut propose une projection-débat avec le réalisateur chez elle, dans le quartier de Palermo. Cette semaine, dimanche 3 avril 2016 à 17h, elle vous propose le long-métrage de Juan Villegas, Victoria, qui suit une chanteuse sur une journée de sa vie, une chanteuse interprétée par Victoria Morán, qui a signé la musique du film et sera présente avec Villegas pour échanger avec le public.

Le film est sorti l'année dernière de façon assez confidentielle.

Comme toujours, il faut s'inscrire d'avance, par mail, auprès de Jacqueline Sigaut, comme indiqué sur l'affiche.

Pour en savoir plus :
consulter la fiche du film sur l'encyclopédie en ligne du cinéma argentin, Cinenacional.
On peut y visionner la bande-annonce.

Vendredi soir, on danse à la milonga de la Uni [à l'affiche]


Le CETBA, école du tango argentin à Buenos Aires, autrefois baptisée la Universidad del Tango, propose ce vendredi 1er avril 2016, à partir de 21h, sa traditionnelle milonga organisée par les élèves, avec son buffet convivial. Cela se passe rue Agrelo, dans le quartier central de Balvanera.

Participation aux frais : 25 $ ARG (trois fois rien).

L'une des milongas les plus authentiques de Buenos Aires, car elle ne vit pas du tourisme. Elle s'inscrit dans la vie culturelle pleinement locale, sans pittoresque artificiel...

Reinaudo et Peredo ce soir à La Trama [à l'affiche]

La photo, diffusée par Hernán Reinaudo par mail, les montre tous les deux
lors d'un précédent récital au bar Los Chisperos (les gars qui font des étincelles) (1)

Ce soir, mercredi 30 mars 2016, ) 21h30, le guitariste Hernán Reinaudo invite à La Trama, México 1500, le chanteur Osvaldo Peredo, un interprète octogénaire qui chante encore le tango comme très peu d'artistes savent le faire, avec toute la force de son expérience de la vie et de la scène... Le vieux style populaire et faubourien d'antan... Une merveille à ne rater sous aucun prétexte quand on se trouve à Buenos Aires.



(1) Un surnom donné à un groupe de révolutionnaires de la Revolución de Mayo (mai 1810). L'équivalent de nos "sans-culottes".

vendredi 25 mars 2016

Hier, une Plaza de Mayo comble et tous les journaux en parlent [Actu]

Le une de Página/12, en haute résolution pour une fois
Dans la manchette, un dessin de Daniel Paz et Rudy
brocardant l'hommage qu'Obama a rendu avant-hier à San Martín
(très drôle mais assez injuste)
et une interview de Dilma Roussef, qui s'entête à vouloir faire de Lula un ministre
contre son parlement et contre la magistraturen qui s'y oppose.
Elle parle même de coup d'Etat en préparation par voie judiciaire !
("Lula fera partie du gouvernement, qu'on le veuille ou non",
affirme-t-elle, avec un sens démocratique qui m'échappe)

La nouveauté n'est pas tant que cette place plus que symbolique ait été pleine de monde hier (elle l'est tous les ans à la même date) mais que tous les journaux s'en fassent également l'écho en ligne aujourd'hui qui plus est un Vendredi Saint, car ce jour est férié et les kiosques à journaux sont fermés. Les quotidiens ne paraissent donc pas, sauf ce mécréant de Página/12 qui met son édition à disposition du lecteur, gratuitement, en format pdf (il n'y a pas d'édition imprimée).

C'est aussi la première grande manifestation traditionnelle de la gauche péroniste qui connaisse un réel succès de masse depuis l'arrivée au pouvoir de Mauricio Macri et ça ne loupe pas : Página/12 y consacre largement sa une (c'est la première fois depuis le 10 décembre que le quotidien d'opposition peut montrer un rassemblement à forte dimension kirchneriste qui comble les attentes des organisateurs, à savoir les associations de droits de l'homme qui se veulent apolitiques mais ne le sont pas) (1).

La une de Clarín hier (il n'y en a pas aujourd'hui)
La photo ne met pas particulièrement en valeur Mauricio Macri,
bien au contraire : il apparaît petit, posture inélégante, sourire béat,
nettement dominé par son invité...

La Nación et Clarín publient tous les deux en ligne et sans tricher une galerie de photos qui rend compte de ce rassemblement massif. La Nación profite aussi de l'occasion pour publier une longue interview, intéressante et émouvante, de Graciela Fernández Meijide, militante des droits de l'homme, membre de la commission instituée par Raúl Alfonsín au retour de la démocratie pour faire l'état des lieux sur les crimes commis, ex-ministre du développement social sous le gouvernement de Fernando De La Rúa, lui qui était aux affaires lorsque l'Argentine a fait faillite et qui s'est enfui en hélicoptère de la Casa Rosada. Pour cette raison, elle est restée dans l'ombre médiatique, y compris dans la presse de droite, qui ne voulait pas s'occuper de droits de l'homme pendant les trois mandats kirchneristes pour bien se démarquer des deux présidents successifs, Néstor et Cristina (qui avaient en quelque sorte confisqué le sujet). Cette dame a le même âge que Estela de Carlotto, elle a 85 ans. Sous la dictature, elle a perdu un fils, tué par le terrorisme d'Etat. Il avait 17 ans, il serait sexagénaire aujourd'hui. Elle parle de ses relations difficiles avec les organisations des droits de l'homme et leurs deux figures emblématiques, la présidente de Abuelas de Plaza de Mayo, Estela de Carlotto, pour laquelle elle a du respect mais dont elle regrette qu'elle se soit laissé récupérer par le système kirchneriste, et la présidente de Madres de Plaza de Mayo, Hebe de Bonafini, dont elle souligne le caractère sectaire et intolérant qu'elle assimile à du fascisme (2), et qui, hier, défilait à part, tandis que Abuelas, Madres Linea Fundadora, H.I.J.O.S. et Familiares avançaient côte à côte et parlaient d'une même voix (elles ont lu un communiqué partisan, critiquant la politique du gouvernement en place et long comme un roman fleuve).

Deux pages de Página/12 pour rendre l'intégralité du message des ONG des droits de l'homme
Comme pour renouer avec la tradition kirchneriste ou castriste des discours interminables
Cliquez sur l'image pour lire le contenu

Hier, à côté de la manifestation populaire de Plaza de Mayo, les deux présidents, Mauricio Macri et Barack Obama, ont rendu hommage aux disparus dans le Parque de la Memoria, comme cela s'était produit lors du voyage officiel de François Hollande (3). Tôt le matin, seuls, sans aucune des organisations des droits de l'homme à leurs côtés, ils ont jeté une couronne de fleurs dans les eaux limoneuses du Río de la Plata qui borde le parc de l'ex-ESMA à Palermo. Sandra Russo, journaliste à Página/12 (4), croit voir dans cette solitude d'un côté et cette foule de l'autre la preuve de l'illégitimité populaire de ces deux hommes en matière de droits de l'homme tandis que la gauche qui défilait hier aurait fait la preuve de sa légitimité dans ce domaine. C'est oublier bien vite que si Barack Obama était tout seul pour rendre hommage aux disparus de la dictature, c'est parce que cette même gauche et ses mêmes organisations avaient annoncé qu'il risquait de passer un très mauvais quart d'heure s'il foulait le sol de l'ex-ESMA. Bien entendu, les services diplomatiques et de sécurité n'ont pas pris le risque... En tout esprit de démocratie, les organisations des droits de l'homme auraient dû accepter qu'un président étranger, représentant un pays démocratique (5), en visite officielle dans un pays avec lequel il est en paix depuis des années, se recueille sur ces lieux et elles auraient dû l'y accompagner comme elles ont accompagné Hollande, dont le pays n'a pas toujours été irréprochable dans ses rapports avec la junte argentine. Il existe dans le monde de très nombreux pays où une grande foule, bien disposée, aurait accompagné les deux chefs d'Etat dans un tel hommage, comme ce fut le cas le jour où De Gaulle et Adenauer se retrouvèrent à la cathédrale de Reims après la seconde Guerre mondiale, pour ne prendre que cet exemple connu de mes lecteurs français. Et quand on considère qu'Obama est le président qui s'efforce de donner aux Etats-Unis une diplomatie moins interventionniste et moins impérialiste, plus respectueuse de l'indépendance des Etats membres de l'ONU, on ne peut que constater que la gauche anti-macriste pratique dans ce domaine comme dans d'autres e le deux poids-deux mesures. Ce que dénonce Graciela Fernández Meijide dans son interview.

"Obama à Buenos Aires rend hommage aux victimes de la dictature militaire
Pour ne pas oublier"
La conférence épiscopale argentine a d'ailleurs elle aussi émis
un communiqué à l'occasion de ce triste anniversaire
Lire à ce propos l'article de Radio Vatican (en français)

L'Osservatore Romano, publié aujourd'hui et daté de demain (ci-dessus), a d'ailleurs préféré l'image diplomatique de Macri et Obama à celle de la foule remplissant Plaza de Mayo pour parler de la dictature militaire.

Force est de constater que le comportement de ce secteur politico-social ralentit et entrave le processus de réconciliation nationale et que cet éditorial de Sandra Russo, dont par ailleurs j'aime bien le style rédactionnel, participe à entretenir le malentendu et la discorde dans l'opinion publique alors que pour la première fois, la droite, revenue au pouvoir, a marqué cet anniversaire avec dignité en reconnaissant le caractère antidémocratique et illégitime du régime mis en place par les putschistes il y a quarante ans. Non seulement Mauricio Macri a tenu à faire un geste et plusieurs déclarations dans ce sens mais il en a été de même de la Gouverneure de la Province de Buenos Aires qui a elle aussi marqué l'anniversaire, ce qu'on n'aurait pas spontanément attendu d'elle...

Pour aller plus loin :

Ajout du 26 mars 2016 :
lire l'éditorial de Alfredo Leuco dans Clarín.
Avec un raisonnement articulé et posé, et non pas avec des invectives comme cela était si fréquent jusqu'en décembre, il y critique, sévèrement, la dérive politicienne et partisane de Madres de Plaza de Mayo (qui a, de surcroît, un grave problème de corruption ou au moins de gestion douteuse), de Abuelas et du CELS (l'organisme présidé par Horacio Verbitsky, journaliste plus militant qu'autre chose et dont chaque intervention a le don d'irriter tous les non-kirchneristes de la planète, et ça fait un bon paquet de monde).
L'article est très dur mais il fort intéressant à lire pour comprendre certains enjeux d'une alternance qui a été voulue par le peuple souverain argentin, quoi qu'on en dise et quoi qu'on en pense (il est trop facile en effet, quand un résultat d'élection nous déplaît, de le nier en prétendant que le peuple a été trompé. Peut-être l'a-t-il été mais c'est alors que ceux qui prétendent qu'ils ne le trompaient pas n'ont pas su se faire entendre). Cet éditorial reflète assez bien ce que j'ai entendu dans la bouche de gens raisonnables et qui,en août dernier, lorsque je les ai vus, ne supportaient plus de voir ne serait-ce qu'une photo de Cristina ni d'entendre le simple son de sa voix. Au sens littéral.


(1) En particulier depuis l'élection de Mauricio Macri, elles ont toutes plus ou moins donné la preuve de leur caractère très partisan, même dans leurs positions les plus conciliantes.
(2) Le terme est beaucoup moins fort en Argentine qu'en Europe et il n'a pas grand-chose à voir avec les idéologies abominables qui ont ravagé l'Europe entre les deux conflits mondiaux. Le mot désigne plutôt une collusion entre le délit et le crime de droit commun (la corruption en particulier) et l'extrémisme politique.
(3) A ceci près que François Hollande a posé le même geste entouré par les associations et seul, sans Macri, qui était déjà à l'aéroport pour prendre l'avion d'Alitalia qui le conduisait à Rome, où le Pape François l'attendait pour une audience officielle, le 27 février.
(4) Et ex-animatrice de la très polémique émission ultra-kirchneriste 678 qui occupait le prime-time de TV Pública du lundi au vendredi jusqu'à la mi-décembre.
(5) Certes d'une démocratie imparfaite mais encore heureux ! Une démocratie parfaite n'existe pas et ne pourrait pas être autre chose qu'une dictature et un masque.

Il y a deux cents ans aujourd'hui s'ouvrait le Congrès de Tucumán [Actu]

Alors que l'Argentine avait hier les yeux fixés sur le quarantième anniversaire du coup d'Etat de Videla et consorts, le 24 mars 1976, qui installait un gouvernement dictatorial sanglant pour sept longues années, et que pour la première fois droite et gauche commémorent l'événement (1), c'est aujourd'hui le bicentenaire d'un autre acte important dans l'histoire du pays qui va dans le sens opposé.

Il y a deux cents aujourd'hui en effet s'ouvrait la session du Congrès de Tucumán, l'assemblée constituante qui allait aboutir en juin à l'élection de Juan Martín de Pueyrredón au Directorat Suprême des Provinces Unies du Sud puis le 9 juillet 1816 à la Déclaration d'indépendance de ces mêmes provinces qui prendraient près de quarante ans plus tard le nom définitif de République Argentine.


Edition spéciale de la Gaceta de Buenos Aires
le journal officiel révolutionnaire
le 6 avril 1816
Cliquez sur l'image pour lire ce récit de la séance inaugurale

La maison où se tenait l'Assemblée est devenue un musée national, situé à San Miguel de Tucumán, la capitale de la province du même nom, dans le nord-ouest argentin. Une très belle maison qui finit de se refaire une beauté pour le mois de juillet : les doreurs et autres restaurations sont au travail.

Les honneurs militaires devant la maison
un jour de fête nationale

Pour aller plus loin :
lire l'article de La Nación d'avant-hier sur ce bicentenaire que le journal avance d'un jour et que l'actualité a fait disparaître des préoccupations nationales (entre 40ème anniversaire, visite d'Obama et terrorisme en Europe)
lire l'article de La Nación sur sa sélection d'ouvrages se rapportant à la dictature : une bibliographie de vingt titres (je n'avais encore jamais vu ce quotidien faire cet effort de vulgarisation sur ce thème)
lire l'article de La Nación sur la présidence de Jimmy Carter à propos de la dictature : un autre président démocrate qui prenait ses distances avec ce régime mis en place avec l'aide de la CIA
consulter le site Internet du Museo Casa Histórica de San Miguel de Tucumán
consulter la page Facebook du musée.



(1) Pas tout à fait à l'unisson mais c'est déjà un très grand progrès que l'événement soit reconnu pour ce qu'il fut, un crime contre la démocratie, par les deux secteurs politiques opposés. Je n'ai pas le souvenir d'avoir vu auparavant ces mots dans la presse patricienne (La Nación, La Prensa, Clarín...). Jusqu'à présent, la commémoration était uniquement le fait de la gauche et des ONG des droits de l'homme. Or avant-hier, même la Gouverneure macriste de la Province de Buenos Aires a tenu à recevoir Estela de Carlotto et lui a promis de mettre tout en œuvre pour que les archives provinciales soient ouvertes aux recherches concernant les disparus et surtout les bébés volés à leurs familles pendant cette période de sinistre mémoire.

jeudi 24 mars 2016

Il y a quarante ans aujourd'hui [Actu]

La une de Clarín, seconde édition, le 24 mars 1976
Pas gai et obéissant...

Le 24 mars 1976, Videla et consorts faisaient leur coup d'Etat. Pour la première fois, presse de droite et de gauche font écho à ce triste anniversaire, qui n'était guère jusqu'à présent commémoré que par la gauche péroniste et les militants pour le droit des victimes du terrorisme d'Etat... Un grand progrès sur le chemin de l'unité nationale et peut-être enfin un jour d'une réconciliation effective entre les deux camps de l'échiquier politique.

Quarante ans plus tard, la page nettement plus souriant du Rolling Stone de mars 2016


Le quotidien La Nación profite de l'occasion pour renvoyer les internautes sur l'article publié dans son supplément rock, Rolling Stone, dans lequel plusieurs grands artistes du genre, parmi lesquels Litto Nebbia, se souviennent de ce que fut pour eux ce jour terrible il y a maintenant quatre décennies.

Pendant ce temps-là, Barack Obama a reconnu, à demi-mots pour Página/12, d'une manière fort claire pour les autres quotidiens, l'intervention des Etats-Unis dans ce triste événement, il a dansé le tango avec Mora Godoy, grande danseuse devant l'Eternel qui assure qu'il est un excellent danseur (on la croit volontiers...), et il a goûté pour la première fois au mate (il a aimé : comme c'est juste une déclaration faite à La Boca devant de jeunes entrepreneurs argentins et qu'on n'a pas vu sa tête (cf. l'ajout du 25 mars 2016) lorsque le breuvage amer et brûlant a atteint son palais, on n'est pas obligé de le croire !) - j'en parle sur ma page Facebook.

La une de Clarín au lendemain du coup d'Etat
"Tout est normal.
Les forces armées exercent le pouvoir"
(N'y aurait-il pas une contradiction dans ce double gros titre ?)
Le bandeau en bas : résultat de football
"L'Argentine a gagné contre la Pologne"

Ajout du 25 mars 2016 :
Si ! On a la photo ! Grâce au photographe de la Maison Blanche, Pete Souza. C'était à l'Ambassade des Etats-Unis à Buenos Aires et la photo ne montre rien (il n'a pas encore eu le temps de réagir ou alors il a été averti d'avance et comme on sait que c'est un excellent comédien, il n'y a pas eu de faute protocolaire). La Nación a abondamment repris les clichés du photographe officiel...

Très beau mate en coloquinte longue,
avec son petit trépied et son habillage textile traditionnel
+ bombilla métallique (elle aussi traditionnelle)

mercredi 23 mars 2016

Néstor Marconi fête ses cinquante ans de carrière au Café Vinilo [à l'affiche]


Le bandonéoniste et compositeur Néstor Marconi fêtera ce soir, mercredi 23 mars 2016, à 21h, et mercredi prochain, ses cinquante ans de carrière et de scène, au Café Vinilo, à Palermo...

Ce sera à la tête de son quintette, avec Pablo Agri au violon, Leonardo Marconi au piano, Esteban Falabella, à la guitare et Juan Pablo Navarro à la contrebasse.

Pour aller plus loin :
lire l'interview que le Maestro a accordée à l'agence Télam et où il se plaint du peu d'espace laissé au tango à Buenos Aires, en dehors des établissements destinés aux touristes (un vrai désastre dans la capitale argentine)

Deux cents cinquante licenciements à la Biblioteca Nacional [Actu]

Une des pages culturelles de Página/12
Un spécimen de télégramme de licenciement (despedida)
acheminé par la Poste publique (Correo Argentino)
avec les noms des personnes concernées selon le journal :
Madame Culture (la salariée remerciée) et La BN (l'Employeur)

Le bruit courait depuis plusieurs jours, il se faisait de plus en plus insistant, malgré les dénégations de la directrice par intérim il y a quelques jours : elle avait assuré qu'aucun licenciement n'était envisagé et que s'il y en avait, elle démissionnerait. Ce matin, elle n'avait toujours pas démissionné malgré l'annonce qu'elle a dû assumer : deux cents cinquante salariés de la Bibliothèque nationale argentine ont bel et bien reçu le télégramme redouté qui met fin, pour certains, à un contrat de travail signé il y a vingt ans, même si la plupart des licenciés seraient entrés à la BN pendant les deux dernières années du mandat de Cristina Kirchner, dans la phase de radicalisation de sa présidence. Pour La Nación toutefois, le nombre de départs est un peu inférieur : il n'y aurait que 240 ruptures de contrats. L'annonce des départs n'en a pas moins provoqué des crises de nerfs, des malaises, des pertes de connaissance parmi les salariés licenciés comme parmi ceux qui restent, résultat de presque cinq mois d'incertitude et de démentis eux-mêmes cruellement démentis par les faits. On a vu hier un dramatique ballet d'ambulances et de voitures de pompiers autour de la Bibliothèque nationale dans le quartier de Recoleta pour porter secours aux salariés en détresse.

La directrice intérimaire elle-même a fait un malaise sur le lieu de travail puis elle a dû être protégée par la police de l'agressivité du personnel, dont elle était pourtant appréciée jusqu'à il y a peu de temps. Ancienne adjointe du précédent directeur, le sociologue Horacio González, elle tient le poste dans l'attente de l'arrivée de Alberto Manguel, prestigieux intellectuel qui achève l'année universitaire à New-York (1). Depuis sa nomination par intérim, elle n'a pas pu gagner la confiance des salariés, surtout depuis qu'elle a avalisé la suppression, apparemment temporaire (2), des ateliers de création artistique que proposait la BN depuis des années. La décision de licencier tant de gens, sur 1048 salariés, aura fini de rendre tout à fait invivable le climat de travail...

Selon la presse de droite, au cours des dix dernières années, les effectifs de la BN aurait triplé, ce qui fait sans doute beaucoup. Ce serait ce personnel excédentaire qui aurait fait les frais de ce dégraissage brutal, après des mois d'incertitude. La Nación se fait l'écho des rumeurs qui circulent et que Página/12 dénonçait déjà en janvier : Alberto Manguel voudrait en terminer avec les activités culturelles destinées au grand public pour recentrer l'activité de l'institution sur ses dimensions techniques et patrimoniales de conservation et de digitalisation du catalogue. Il faut bien reconnaître que les activités culturelles (des ateliers d'écriture et de création artistique) relèvent plus d'une bibliothèque ou d'une médiathèque de proximité (3) que d'une bibliothèque nationale, dont la mission première est d'archiver, d'organiser et de mettre à disposition des étudiants et des chercheurs, professionnels ou amateurs, l'ensemble de la production bibliographique d'un pays. Or sur cette mission essentielle, le BN Mariano Moreno accuse un gros retard sur ses homologues de l'hémisphère nord auxquelles elle aimerait pourtant pouvoir se comparer, elle qui s'enorgueillit, non sans raison, d'être la plus belle infrastructure du genre sur tout le sous-continent... Elle ne propose pour l'heure qu'un tout petit nombre d'ouvrages scannés en libre consultation gratuite, en ligne, comme le font depuis plusieurs années maintenant les bibliothèques nationales de France ou d'Espagne, la bibliothèque du Congrès des Etats-Unis, diverses bibliothèques d'Etat de plusieurs Landen allemands, différentes bibliothèques universitaires argentines, etc. Or le pays aurait eu les moyens, en personnel et en matériel, de commencer beaucoup plus tôt ce travail de digitalisation et d'ordonnancement de son patrimoine bibliographique qui n'a débuté qu'au compte-goutte il y a environ un an.

La perte brutale de leur emploi, dans des conditions difficilement supportables pour les salariés, est une chose désolante et il est difficile de comprendre pourquoi le gouvernement s'entête à s'y prendre avec aussi peu d'égards envers les agents publics. Il faut toutefois espérer que la BN développera sa mission patrimoniale qui fait tant défaut à la recherche nationale (or c'est très important pour mettre le monde universitaire argentin à un niveau international convenable) tandis que les activités culturelles pour le grand public seront reprises, la nature ayant horreur du vide, par des institutions publiques de proximité dont elles devraient constituer le quotidien et qui pourtant ne font pas grand-chose dans ce domaine (mais elles sont toutes aux mains de politiciens qui partagent complètement la ligne politique de Mauricio Macri, que ce soit dans la capitale ou dans la Province de Buenos Aires).

Ce qui est maintenant tout à fait certain, c'est que Alberto Manguel aura bien du mal à s'imposer auprès du personnel lorsqu'il prendra son poste en juillet. Son crédit est sans aucun doute terriblement atteint à l'heure qu'il est, après la façon dramatique dont les licenciements se sont produits. Une communauté de travail ne se remet pas si facilement après un épisode aussi traumatisant.

Pour en savoir plus :

Ajout du 29 mars 2016 :
lire l'article de Página/12 sur la situation sociale de la BN qui empire de jour en jour avec des décisions des pouvoirs publics qui ajoutent au trouble au lieu de calmer le jeu. Hier, le bâtiment a été entouré de voitures blindées de la police, ce qui a le chic pour faire sortir de leurs gonds salariés et syndicalistes. Quel gâchis humain et patrimonial !

Ajout du 4 avril 2016 :
Dans une lettre ouverte où il prend à témoin les bibliothèques d'Amérique du Sud, Horacio González défend son travail de plus de dix années à la tête de l'institution, notamment en matière de ressources humaines, de missions patrimoniales, d'informatisation et d'ordonnancement du catalogue.
A lire dans Página/12 avec attention, car le sociologue a retrouvé la clarté de style écrit qui était ordinairement le sien et qui lui faisait défaut (à mon humble avis) dans sa précédente lettre ouverte pour défendre (contre la nouvelle politique) la BN, son personnel et son propre bilan.

Ajout du 8 avril 2016 :
Quatre cents intellectuels et artistes du monde entier se solidarisent avec le personnel de la BN et s'émeuvent du récent licenciement des 240 ou 250 agents publics qui travaillaient dans l'institution. Et c'est La Nación, journal qui soutien le gouvernement de Mauricio Macri, qui en parle. Il semblerait donc que l'Argentine devienne effectivement un pays où le pluralisme est en train de s'imposer, conformément aux promesses électorales avancées par l'actuel Président.



(1) Les journalistes de Página/12 et les syndicalistes n'arrivent pas à prendre en considération le décalage de six mois dans l'année d'activité entre les deux hémisphères. Ils ne comprennent pas pourquoi Manguel ne peut pas arriver avec juillet, qui ne correspond à rien de particulier dans le calendrier argentin, qui ne connaît que mars (la rentrée) et Noël (le début des vacances d'été). Et cette incompréhension avive l'hostilité des salariés envers ce directeur fantôme dont la nomination avait pourtant réjoui tout l'éventail politique en décembre dernier.
(2) Les ateliers seraient à nouveau proposés l'année prochaine mais Manguel voudrait revoir l'intégralité de la programmation. Or pourquoi dans ce cas ne pas maintenir le statu quo, voir de quoi il retourne à partir de juillet et réfléchir à la nouvelle politique dans le second semestre pour mettre en place les nouveautés en mars 2017 ?
(3) En fait, ces activités ne bénéficient qu'à la population de Buenos Aires, ce qui est très discutable et montre que la population de Buenos Aires a tendance, et ce depuis l'origine, à s'approprier ce qui relève en fait de l'ensemble de la nation. Certes, en 1810, le révolutionnaire (de gauche) Mariano Moreno, fondateur de la bibliothèque, a surtout pensé à une institution de consultation locale mais l'Argentine n'existait pas encore. Par ailleurs, ces activités culturelles ne se tiennent que dans des bibliothèques associatives, dites populaires, et des clubs de quartiers, puisque les bibliothèques municipales, qui auraient de plus gros moyens, ne jouent plus ce rôle depuis très longtemps, quand elles l'ont un jour tenu. Il n'existe actuellement que fort peu de médiathèques en Argentine, alors que le pays a les capacités d'en monter quelques unes. Pour ma part, j'ai pu visiter l'une d'entre elles, à Godoy Cruz, dans la proche banlieue de Mendoza. Une très belle installation, due à un maire radical élu depuis au gouvernorat de la Province. Un gouverneur élu sous l'étiquette Cambiemos, l'alliance électorale de Mauricio Macri !

L'affaire Nisman passe au fédéral [Actu]

Hier, la Chambre criminelle a résolu d'envoyer à la Justice fédérale l'instruction sur la mort violente du procureur Alberto Nisman, retrouvé mort dans sa salle de bain le 18 janvier 2015. Cette décision fait suite au fait que la juge d'instruction portègne, Fabiana Palmaghini, s'est jugée incompétente il y a de cela quelques semaines.

La Chambre criminelle a justifié sa décision par le fait que le procureur bénéficiait d'une protection rapprochée, ce qui signifie que l'Etat avait conçu des inquiétudes pour sa sécurité, or il était un magistrat fédéral. Sa mort est donc du ressort de ce niveau de justice. On aurait donc pu accéder à la demande de la famille plus tôt puisqu'il n'y a rien de nouveau.

Página/12 souligne donc lourdement que la décision de la Chambre correspond comme par hasard au souhait émis, presque publiquement, par le Président Mauricio Macri et par l'ex-épouse du défunt, violemment anti-kirchneriste et qui appartient au même milieu social que la plus grande partie des membres du nouveau gouvernement... Dès que la juge d'instruction s'était déclarée incompétente, le soupçon d'une justice aux ordres avait été soulevé et pas seulement par Página/12, tant le revirement soudain de la magistrate était voyant et ses arguments peu crédibles (elle motivait sa décision sur des faits connus de tous depuis plusieurs mois) et ce ne sont pas les motifs de la Chambre qui vont lever ces hypothèses désagréables.

Les quatre journaux nationaux se font donc l'écho de cette péripétie de la procédure, malgré la lourdeur de l'actualité du jour, avec l'arrivée de la famille Obama à Buenos Aires dans la nuit (le président des Etats-Unis est arrivé avec sa femme, ses deux filles et sa belle-mère) et les attentats qui ont frappé Zaventem et Bruxelles hier.

Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 (opposition)
lire l'article de Clarín (majorité)
lire l'article de La Nación (majorité)
lire l'article de La Prensa (majorité)

Les attentats à Bruxelles et Zaventem dans la presse rioplatense - Article n° 4800 [ici]

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Ce matin, tous les journaux nationaux argentins et uruguayens traitent en une les tragiques événements de Belgique.

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Avec une différence notable, visible au premier regard, avec le traitement donné aux attaques du 13 novembre à Paris : Bruxelles n'existe pas pour elle-même pour ces journaux, elle n'est que le nom, passablement abstrait, d'une institution monstrueuse, incompréhensible, synonyme de monde développé et égoïste, l'Union Européenne.


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Aucune mention de ce qu'est la capitale de la Belgique, avec son irréductible identité culturelle, son histoire puissante, son bilinguisme en pleine évolution, ses institutions d'une complexité surréaliste qui nous rendent si sensible aujourd'hui l'union de ce peuple qui vit, après l'épreuve du sang, la signification de la devise nationale, choisie en 1831, lors de l'indépendance : "L'Union fait la Force"...


Les articles sont inversement nombreux dans chacun des quotidiens.
De deux (en ligne) dans La Prensa à douze (toujours en ligne) à La Nación.

La seule une qui montre un panneau d'hommage, bilingue, français-flamand,
sur la place de la Bourse, dans le cœur historique de Bruxelles,
à quelques pas de la petite église Saint-Nicolas et de la Grand-Place

Les unes sont parfois d'une crudité terrible. J'ai dissimulé les détails que je trouve insupportables, comme je l'avais déjà fait pour les unes concernant les attentats en France.

Le nombre de morts est encore surévalué à l'heure où El País a mis sous presse
Au moment où je publie cet article, vers minuit le 23 mars, il est de 31 victimes
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Voici les principaux :
en Argentine :
en Uruguay

Reprise pour le duo Cardenal-Reinaudo à La Trama [à l'affiche]


Le chanteur Javier Cardenal Domínguez et le guitariste Hernán Reinaudo reprennent leur série de concerts au bar culturel La Trama, México 1500, à Monserrat, l'un des quatre quartiers historiques de Buenos Aires. Ce sera ce samedi 26 mars 2016, à 22h, au cours du long week-end de Semana Santa.

Au répertoire : tangos, chansons criollas et autres chansons du Río de La Plata.

Entrée libre et participation au chapeau à la sortie.

mardi 22 mars 2016

Jacqueline Sigaut à La Ideal ce jeudi [à l'affiche]


Ce jeudi 24 mars 2016, à 20h30, alors que commence le long week-end de Semaine Sainte (du jeudi saint au dimanche de Pâques), c'est le tour de la chanteuse Jacqueline Sigaut de se produire à La Confitería Ideal, rue Suipacha 384, presque à l'angle avec Avenida Corrientes. Elle sera accompagnée par le pianiste Victor Simon.

Entrée : 80$ ARG sur réservation préalable, 100 $ sur place le soir même.

L'actualité culturelle argentine est presque tout entière suspendue à l'arrivée ce soir de Barack Obama alors que le souvenir du coup d'Etat du 24 mars 1976 se fait sentir jusque dans le Gouvernement qui prend à sa charge de le commémorer dignement. Et voilà que les attaques terroristes à Bruxelles occupent une bonne partie des médias en ligne dès ce matin...

dimanche 20 mars 2016

Ce sera un printemps dans les Hauts-de-France [ici]

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Nota con resumen en castellano

Nueva charla en francés: San Martín, la historia y el mito, Université du Littoral-Côte d'Opale, sección de Estudios hispanicos e hispano-americanos, en Boulogne-sur-Mer (subprefectura de Pas-de-Calais) - el martes 19 de abril del 2016
Para escuchar mis charlas en castellano, hacer clic acá.
El 1 de mayo, dedicaré mis libros en la Feria del Libro de Arras, prefectura del departamento de Pas-de-Calais.

C'est ainsi ! C'est le futur nom de la future grande région qui fusionnera bientôt les actuelles Nord-Pas de Calais et Picardie : Boulogne-sur-Mer et Arras, respectivement sous-préfecture et préfecture du Pas-de-Calais, sont donc dans les Hauts-de-France (c'est le nouveau langage administratif). Et dans les cœurs, dans l'histoire et la culture, cela restera le Boulonnais et l'Artois !

La chambre où le général est mort, dans les bras et sur le lit de sa fille, Mercedes
dont on fêtera cette année le bicentenaire de la naissance, le 24 août, à Mendoza
Le mobilier est une reconstitution, suivant les indications d'une des petites-filles de Don José
Cuarto de Mercedes de San Martín de Balcarce en la casa de Boulogne-sur-Mer
donde falleció el General San Martín
(segundo piso del Museo del Libertador - Casa San Martín en Francia)

Le 19 avril 2016, je donnerai une conférence sur San Martín, l'histoire et le mythe, à Boulogne-sur-Mer, à l'Université du Littoral-Côte d'Opale (ULCO), sur l'invitation de la Bibliothèque (BULCO), Section des Etudes Hispaniques et Hispano-américaines. Elle se tiendra dans une belle salle du centre universitaire dit de Saint-Louis (1), qui dispose de sa page Facebook et accueille les activités culturelles proposées par l'ULCO aux étudiants, aux enseignants mais aussi au grand public boulonnais.
Mes fidèles lecteurs ont fini par le savoir à force de consulter ce blog : cette haute figure de l'histoire argentine a fini ses jours le 17 août 1850, à Boulogne-sur-Mer, dans une belle et grande maison bourgeoise de la Grande-Rue, qui est aujourd'hui un musée argentin, la Casa San Martín. Considéré en Argentine comme le "père de la patrie" (c'est l'un de ses titres officiels), le Général (avec un G majuscule) était né à Yapeyú, dans l'actuelle province de Corrientes, le 25 février 1778. Personnage charismatique qui a si fort marqué la mémoire populaire qu'il est devenu, très tôt et très vite, un véritable mythe, avec tout ce que cela comporte de développement dans l'art et de fantaisie dans l'histoire, la littérature, le cinéma, la télévision et le théâtre quand les auteurs se projettent dans le personnage et se lancent dans un concours d'anecdotes invraisemblables, d'hypothèses surréalistes et d'anachronismes, loufoques ou scandaleux (2).

Dans cette nouvelle conférence, j'aborderai l'œuvre politique et militaire conduite par San Martín pour mener le continent à l'indépendance et à la liberté ainsi que la manière dont le mythe, dont il est devenu le support, se reflète dans l'art : chanson, cinéma, statuaire... Je soulignerai les différences qui se sont fait jour au fur et à mesure que le temps passe et que les Argentins s'éloignent des nécessités de la fin du XIXème siècle ainsi que celles qui existent entre les diverses régions (le San Martín de Buenos  Aires n'est pas tout à fait celui qui apparaît à Mendoza ; le premier est figé dans le bronze et toujours sanglé dans son uniforme, le second est beaucoup plus proche de la vérité historique, telle que les Mendocins en gardent la mémoire génération après génération).

L'église Saint-Nicolas de Boulogne-sur-Mer où ont été dites les absoutes
sur le cercueil de San Martín, avant qu'il ne soit porté dans la crypte de l'ancienne cathédrale
dans la Ville-Haute, l'ancienne et somptueuse citadelle médiévale
En esta iglesia San Nicolás, en Grande-Rue, a una media-cuadra de la casa donde vivió,
se cantó el responso en los funerales del prócer

Du fait de la capacité de la salle de la bibliothèque, l'Université doit réserver en priorité l'entrée à ses étudiants et son personnel.

Juste avant le début de la conférence, il y aura une dégustation gratuite de mate de façon à commencer sur une touche de convivialité 100% argentine, et comme la yerba mate est le produit phare de la région où San Martín est né...

Ce sera mon second séjour à Boulogne-sur-Mer où je m'étais déjà rendue en juin 2012 lorsque je préparais la biographie que j'ai publiée en décembre 2012 aux Editions du Jasmin : San Martín à rebours des conquistadors. Elle a été par la suite complétée par sélection de documents historiques, en version originale avec traduction en français, San Martín par lui-même et par ses contemporains (mai 2014).


Insert du 20 avril 2016 :
Pour des raisons très indépendantes de ma volonté comme de celle des Editions du Jasmin, fidèles d'entre les fidèles parmi les éditeurs qui participent à cette manifestation année après année, et donc bien à contre-cœur, nous nous voyons contraints, lui comme moi-même, de renoncer cette année à notre participation traditionnelle à cette fête du livre sans avoir reçu la moindre explication d'aucune nature de la part des organisateurs... Mon  prochain rendez-vous dans les Hauts-de-France sera donc à la fête du livre de Merlieux, dans l'Aisne, en Picardie, fin septembre.

Et le 1er mai, comme tous les ans, je serai à Arras, au Salon du Livre d'expression populaire et de critique sociale. Je signerai mes ouvrages sur le stand des Editions du Jasmin.
Avec bien entendu, là aussi et comme d'habitude encore, une dégustation gratuite d'un authentique mate artisanal, de coopérative de Corrientes ou de Misiones, que j'anime au milieu de nos livres pour tous les âges et tous les goûts et peut-être, si j'ai le temps de m'en occuper la veille, une ou deux spécialités solides de la gastronomie argentine...

Le salon s'organise sous un chapiteau, monté sur la Grand-Place, au centre d'Arras. L'entrée est libre et gratuite et les animations nombreuses pendant près d'un mois, ainsi que les offres de restauration, avec ici ou là de vraies spécialités de l'Artois traditionnel. Une manifestation très marquée à gauche dans une région où l'extrême droite avance à grands pas... Alors vive le muguet des travailleurs et leur fête !


Pour en savoir plus :
découvrir l'université du Littoral-Côte d'Opale grâce à son site Internet.



(1) Boulogne-sur-Mer reste attachée au souvenir de Saint Louis puisque c'est l'oncle de ce roi qui a fait bâtir le château-fort qui accueille aujourd'hui le musée municipal, dont je ne saurais trop vous conseiller la visite : il y a une galerie de peinture consacrée à la Côte d'Opale de toute beauté et une autre consacrée à la culture inuit et c'est unique en France.
(2) Des anachronismes souvent trompeurs pour le public argentin et sud-américain dans son ensemble, très mal formé en matière d'histoire.

samedi 19 mars 2016

Le 11ème festival Cambalache [à l'affiche]


Ce soir, samedi 19 mars 2016, s'ouvre une nouvelle édition du festival Cambalache, consacrée au mélange des disciplines du tango et au spectacle expérimental. Il n'était pas dit que la manifestation allait survivre au changement politique. Or non seulement, elle lui survit mais elle est même accueillie dans une institution dépendant du ministère de la Culture nationale : la Casa del Bicentenario, Riobamba 985, à Recoleta. La manifestation est subventionnée par Prodanza.

Le festival se concluera le 27 mars prochain, à la fin de la semaine alors que jeudi et vendredi sont des jours fériés (ce sont quelques jours de vacances, la Semana Santa).

Un programme très fourni, accessible en ligne sur les sites Internet du Festival Cambalache comme de la Casa del Bicentenario.

Toutes les propositions sont d'entrée libre et gratuite.

Pour en savoir plus :
écouter l'interview d'un des co-directeurs de la manifestation (ils sont cinq) : une interview menée par Leonardo Liberman sur RAE, la station internationale de Radio Nacional (qui vient de changer de sigle)

Déclassification des archives nord-américaines [Actu]

Gros titre : "Mieux vaut tard que jamais"
au-dessus d'une photo de Kissinger avec Videla
En manchette, "le coup d'Etat toujours en marche" :
une allusion à l'ouverture d'une procédure de destitution contre Dilma Roussef (1)

Faut-il parler de victoire des mouvements des droits de l'homme, comme le faisait Página/12 hier, ou d'habile résultat de la diplomatie conduite par Susana Malcorra ? Eu égard au ton assez peu diplomatique employé ces derniers temps par les associations argentines des droits de l'homme pour évoquer la prochaine visite officielle en Argentine de Barack Obama, on peut assez bien imaginer que c'est la ministre des Affaires étrangères qui a obtenu de Washington cette décision historique : la déclassification des archives sur la dictature de Videla et consorts, qui a fait 30 000 disparus et 500 enfants en bas âge volés à leur famille biologique, dont seulement une centaine ont maintenant retrouvé leur parenté.

Retrouvant son sens habituel de la conciliation, Estela de Carlotto, la présidente de Abuelas de Plaza de Mayo, s'est félicité, au nom de son organisation, de cette décision et le secrétaire d'Etat aux droits de l'homme, Claudio Avruj, a même reconnu publiquement l'implication de la CIA dans le coup d'Etat du 24 mars 1976.

Tout devrait donc être normalement réuni pour que le quarantième anniversaire de ce triste événement, le 24 mars prochain, se déroule dans le calme et la dignité, alors que Barack Obama se trouvera sur le sol argentin depuis le 22 au soir, en provenance de Cuba. D'autant que d'après une enquête exclusive publiée par La Nación (journal favorable à l'actuel gouvernement et hostile au précédent), 70 % de la population soutient encore aujourd'hui le Gouvernement de Mauricio Macri, même si la hausse des prix (très violente) est ressentie comme une dégradation grave de la situation par une grande partie des gens et un sujet de préoccupation plus important que celui de l'insécurité (un thème qui a pourtant fait florès pendant la campagne électorale). Seuls 29% des sondés déclarent rejeter la politique du nouveau gouvernement, un chiffre très faible, en perte d'une vingtaine de point par rapport au score obtenu par le candidat de la gauche, Daniel Scioli, au second tour de l'élection présidentielle (quatre points le séparaient de son adversaire) (2).

Par ailleurs, le Vatican a lui aussi fait savoir que, conformément à une promesse du Pape François à Estela de Carlotto en avril 2013, quelques semaines après son élection, les archives diplomatiques du Saint Siège concernant les dictatures en Argentine et en Uruguay seront très prochainement mises à la disposition des chercheurs. Le Vatican les organise en ce moment pour rendre possible cette consultation, qui correspond à une demande de très longue date de la part des organisations argentines.

Pour en savoir plus :
Sur l'ouverture des archives nord-américaine
lire l'article de La Nación sur la prise de position du ministre de la Justice argentin, qui annonce que ces archives vont en surprendre plus d'un
lire l'entrefilet de Página/12 sur les déclarations de Claudio Avruj
sur la position de Abuelas de Plaza de Mayo
sur les archives du Vatican
lire l'article de La Nación.

Ajout du 20 mars 2016


Une de Página/12 du 20 mars 2016
consacrée à la déclassification des archives du Vatican
On y voit Videla, à droite, en civil, verre en main, sans doute à la nonciature

Lire l'article de Página/12 sur la déclassification des archives du Vatican.
Un article court mais en une, en ce Dimanche des Rameaux...

La Prensa parle elle aussi de cette affaire en une, sans qu'il soit possible de trouver l'article correspondant en ligne sur son site Web. Ce qui arrive parfois avec ce journal (droite).

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Ajout du 24 mars 2016 :
lire le communiqué en français de Radio Vatican sur la déclassification des archives du Saint Siège
lire et écouter le communiqué en espagnol de Radio Vatican


(1) Página/12 trouve légitime la démarche de Dilma Roussef qui a nommé Lula Premier ministre pour lui octroyer une immunité qui le protège des investigations de la justice et l'ouverture par le Parlement d'une procédure de destitution contre la présidente (visée depuis deux ans par des accusations dont elle ne s'est jamais lavée) serait une tentative de coup d'Etat déguisé... Ben voyons !
De la part d'un quotidien qui n'avait pas de mots assez durs contre Berlusconi lorsqu'il faisait la même chose en Italie et qui s'est réjoui de la condamnation pénale définitive du "Cavaliere", c'est une attitude que je trouve inacceptable. La gauche aurait donc le droit de frauder, de s'enrichir par l'exercice du pouvoir, de ne pas répondre de sa gestion devant la Justice, tandis que la droite, dans la même situation déshonorante, devrait être jetée en prison et se trouve jugée avant même d'être entendue dans les formes constitutionnellement établies ! Ou plus exactement, lorsque la gauche est accusée de malversations, c'st un complot de la droite mais quand la droite est en fâcheuse posture, son délit est nécessairement constitué et ses accusateurs ne sont conduits que par la noble recherche de la vérité... Quand je lis ça, je comprends et je partage la rage de mes amis anti-K !
(2) Mes contacts personnels, ceux du moins qui ont voté pour Daniel Scioli, me disent s'être détournés de la presse de droite qui manipulerait l'information. Pour eux, seul Página/12 est fiable. Force m'est de constater toutefois que la politique de Mauricio Macri suscite relativement peu de réaction publique. Si cette réaction était forte, si elle correspondait bel et bien aux 49% de votes émis pour Daniel Scioli en novembre, il ne fait guère de doute, dans mon esprit en tout cas, que Página/12 ne manquerait pas de s'en faire largement l'écho. Or on trouve peu de référence à des manifestations publiques massives dans les colonnes de ce journal, que ce soit dans la rue, sur les réseaux sociaux, dans les théâtres ou les lieux de culture associatifs, coopératifs, alors qu'il y régnait jusqu'au 10 décembre une forte revendication kirchneriste de même que dans les institutions culturelles publics, maintenant gérées majoritairement à droite. En revanche, l'analyse, elle, est abondamment développée dans les pages du quotidien qui semble vouloir engranger les arguments contre la politique actuellement menée. J'ai donc tendance à penser que l'enquête de La Nación doit refléter de façon assez fidèle la réalité politique du pays et le fait que Claudio Avruj, d'habitude si prudent, ose parler de l'implication de la CIA dans le coup d'Etat de 1976 me conforte dans cette idée : il faut que ce gouvernement se sache largement soutenu pour aller ainsi contre l'aile extrême de la droite, que Mauricio Macri caressait si bien dans le sens du poil avant le premier tour de l'élection (en octobre) et lorsqu'il était à la tête du gouvernement local de Buenos Aires. Pour que Avruj se soit ainsi exprimé, il est presque certain que le thème aura été directement abordé avec John Kerry et l'Ambassadeur des Etats-Unis pendant la préparation du voyage d'Obama et que Kerry, voire le Président lui-même, aura clairement accepté qu'on parle ainsi des Etats-Unis des années 70. D'autant que ça ne peut pas faire de mal dans le cadre de la campagne électorale où cette brute de Donald Trump semble bien nostalgique de ces anciennes mœurs de l'Oncle Sam. Il n'est guère pensable en effet que Macri laisse une déclaration inconsidérée d'un de ses ministres mettre en péril la réussite de cette visite de laquelle dépendent son prestige et son crédit internationaux. L'idée n'est donc pas à écarter qu'à Buenos Aires, Obama puisse poser un geste spectaculaire, dans la lignée du recueillement de Willy Brandt au ghetto de Varsovie ou des mains unies de Kohl et Mitterrand à Verdun.