samedi 30 juillet 2016

Une présentation en beauté à la Esquina Homero Manzi [à l'affiche]

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C'est dans un très beau cadre et avec une belle brochette d'artistes que se fera cet après-midi, samedi 30 juillet 2016 à 16h30, la présentation Frutos Rojos, Tangos cosecha 2015 (Fruits rouges, tangos récolte 2015), un disque de tangos tout nouveaux dus à la plume de deux paroliers qui entrent dans la carrière.

L'album est parrainée par la Academia Nacional del Tango.

Alors, rendez-vous esquina San Juan y Boedo, pour écouter cette collection de belles voix d'hommes et de femmes pour le tango d'aujourd'hui.

mercredi 27 juillet 2016

Le Marchetti Club ce soir au Torquato [à l'affiche]


Une soirée très particulière ce soir, mercredi 27 juillet 2016, à 22h au Centro Cultural Torquato Tasso, la tanguería de San Telmo, Defensa 1575, avec le chanteur Cucuza et le Conjunto Falopa, que mes lecteurs connaissent déjà, au moins les lecteurs assidus...

L'animateur radio Pedro Saborido fait lui aussi partie du programme !

Entrée : 170 $ ARG avec réservation par téléphone, ou 200 $ à la caisse ce soir même (ouverture des portes à 20h45, pour le dîner, sur une carte traditionnelle de cuisine familiale à prix correct).

A lire la présentation faite par la salle, voilà qui promet une belle soirée, qui vaut largement son prix d'entrée !

lundi 25 juillet 2016

Un Yo quiero al Tango pour les petits [à l'affiche]


En ce moment, Buenos Aires est en vacances scolaires d'hiver, jusqu'à la fin du mois.

Ce soir, lundi 25 juillet 2016, à 16h, la Academia Nacional del Tango invite les familles à une après-midi tango pour les enfants, grâce notamment à Graciela Pesce, auteur d'un remarquable travail de création d'un répertoire de tangos accessibles aux enfants. C'est charmant, drôle et pas bêtifiant pour deux sous.

Entrée libre et gratuite.
Avenida de Mayo 833, 1er étage.

Comme toujours avec ce collectif, le tango est présenté dans toutes ses dimensions : danse, chanson, musique, poésie, etc.

Une des plus vieilles librairies du monde est à Buenos Aires [Disques & Livres]


Ce matin, Página/12 propose une interview de Miguel Avila qui a rendu la vie à la plus ancienne librairie de Buenos Aires, qui fut aussi la toute première fondée dans la ville (en 1784), peu de temps après son élévation au rang de capitale vice-royale du Río de la Plata (1776).

La librairie, qui fait le bonheur des gros lecteurs au rez-de-chaussée et celui des chineurs au sous-sol, est l'une des plus intéressantes de Buenos Aires, et elle est idéalement située face au Colegio Nacional. De part et d'autre de la rue Bolívar, vous avez ainsi d'un côté la librairie et de l'autre la Manzana de las Luces. Un rare plaisir pour les passionnés d'histoire...

La librairie serait la plus ancienne au monde pour ce qui est des établissements toujours actifs et elle a l'avantage d'avoir conservé son adresse, même si, bien entendu, la toponymie a changé depuis sa fondation.

Pour aller plus loin :

Estela de Carlotto prend ses distances avec le passé [Actu]


Hier à l'heure du déjeuner, Estela de Carlotto a participé à l'émission très people de Mirtha Legrand, une des vedettes télévisuelles emblématiques de la droite. La présidente de Abuelas de Plaza de Mayo a longtemps refusé ne serait-ce que d'envisager de participer à cette émission. Sa présence hier à cette célèbre table est donc le signe non négligeable d'une rectification de la part d'une personnalité qui se situe clairement dans l'opposition depuis le 10 décembre, jour de l'accession au pouvoir de Mauricio Macri, une opposition démocratique, prête au dialogue mais sans ambiguïté pour autant.

Au cours du déjeuner qui est le prétexte à l'entretien au cœur du programme, Estela de Carlotto a dit ne pas être une amie de Cristina Kirchner et de n'avoir pas été la "chouchoute" du gouvernement précédent. En revanche, elle a désigné Hebe de Bonafini pour ce rôle, ce qui chez elle ne peut pas êre interprété autrement que comme un signe de désolidarisation politique (au sens partisan du terme). La rupture est en effet consommée entre Carlotto et Bonafini, depuis que celle-ci se comporte en adversaire de la démocratie puisqu'elle s'entête à nier la légitimité des résultats de l'élection présidentielle pour la seule raison qu'elle considère Macri comme son "ennemi".

En tenant ces propos dimanche midi, Estela de Carlotto confirme donc son adhésion aux processus démocratiques, y compris lorsqu'ils provoquent une alternance, et prend sans doute ses distances avec la mouvance kirchneriste dont les cas de corruption avérée sont maintenant nombreux, particulièrement graves et grossiers et à très haut niveau de responsabilité institutionnelle (même si rien n'a encore été prouvé contre Cristina elle-même, qui est pourtant dans le collimateur de la justice depuis décembre, et on pourrait remonter plus haut sans qu'aucune preuve n'ait jamais été produite). Estela de Carlotto s'est efforcée de ne pas mentir, elle a fait une distinction sémantique entre être ami (amigo/a) et être en relation (tratar), affirmant sans doute avec raison que ses nombreux rendez-vous avec la Présidente ne faisaient pas une amitié (mais une coopération opérationnelle).

En cela, il n'est pas impossible qu'elle protège aussi son association, puisque la cause qu'elle sert a été notoirement atteinte par la proximité de ces ONG avec le pouvoir de Cristina Kirchner, qui les a fait passer pour des larbins du gouvernement, à la remorque duquel plusieurs de leurs activités étaient attachés (une grosse partie du financement des propositions culturelles était de l'argent public).

Sur cette émission qui marque une étape, on trouve un article dans La Prensa et La Nación, deux journaux de la majorité.

Ajout du 27 juillet 2016 :
lire cet article de Página/12 sur le rapport du procureur spécial sur les crimes de la dictature qui souligne une décélération des audiences de jugement depuis l'arrivée au pouvoir de Mauricio Macri (il est effectif qu'une partie de la population,et cela se reflète dans tous les corps constitués y compris la magistrature, n'est pas favorable à la tenue de ces procès et pense que l'oubli est préférable, ce que l'expérience historique infirme pourtant très nettement).

jeudi 21 juillet 2016

Samedi, les Castiello père et fils présentent leur prochain disque [à l'affiche]


Samedi 23 juillet 2016, à 22h, au café El Alambique, de Villa Pueyrredón, le chanteur bien connu de mes lecteurs Cucuza Castiello et son fils, le guitariste Mateo Castiello, donneront un avant-goût du disque qu'ils doivent bientôt sortir ensemble, leur premier ensemble...

A ne pas manquer. Il est fortement recommandé de réserver.

Quand Página/12 détourne les éléments de langage du Gouvernement – Article n° 5000 [Actu]

Adam : Pourquoi tu as mis ça ?
Eve : Dieu a dit que si tu es tout nu, tu dépenses trop en chauffage
(Traduction © Denise Anne Clavilier)
Comme je suis censée être en vacances, je vous la fais courte :
voyez-vous même les textes dans la bande saumonée du bas.
Elle vaut son pesant d'encre...

Toutes les semaines, Página/12 sort un supplément humoristique en général très drôle pour qui connaît l'actualité politique de la semaine, dans un esprit délibérément frondeur et méchamment satirique, Sátira, qui n'est pas sans nous rappeler l'humour féroce du Canard Enchaîné.


La mort de Juan Bautista Cabral au soir du combat de San Lorenzo, le 3 février 1813
Cabral s'adresse à San Martín qui le soutient sur son lit de douleur
'Je meurs heureux, car nous avons remis l'ennemi à zéro"
(Traduction © Denise Anne Clavilier)
La phrase de Cabral mourant était : "Je meurs content car nous avons vaincu l'ennemi"
On représente traditionnellement Cabral en vieux grognard de Napoléon, d'où l'épaisse moustache.
Cabral était en fait un tout jeune soldat d'environ 20 ans dont le baptême du feu fut aussi le dernier jour de sa vie.

Après un numéro consacré au bicentenaire de l'Indépendance, le quotidien a choisi le 16 juillet de s'en prendre aux éléments de langage qu'on retrouve dans la bouche du Président, de la Vice-Présidente et de tous les ministres :
"les décisions de subventionner la distribution d'énergie et les transports nous ont coûté, nous ne les avons pas prises de gaîté de cœur, ça non ! mais il fallait le faire, nous n'avions pas le choix",
"les Argentins doivent faire des économies d'énergie, le futur de la Planète est en jeu, arrêtons le gaspillage" (ce n'est pas faux),
"il faut établir le juste prix dans les questions économiques" ou "on remet les compteurs à zéro dans toute l'économie"
"au second semestre, l'économie va redémarrer et l'inflation sera jugulée"
"il faut autoriser les augmentations" (la Justice a été saisie dans de nombreuses provinces pour mettre un coup d'arrêt à l'augmentation des prix de l'électricité et du gaz dont les gens ont un besoin vital surtout en hiver).

Le Martín Fierro (cliquez sur l'image pour une meilleure résolution)
Le texte de la milonga pastiche les premiers sizains de l'épopée
Là aussi, je vous la fais courte, façon farniente
Ci-dessous, le premier sizain de l'œuvre authentique que vous comparerez avec le texte ci-dessus
A mourir de rire !

Aquí me pongo a cantar
al compás de la vigüela,
que al hombre que lo desvela
una pena estraordinaria,
como el ave solitaria,
con el cantar se consuela.
José Hernández

Voici que je me mets à chanter
au rythme de ma guitare *
car l'homme que tient éveillé
un extraordinaire chagrin
comme l'oiseau solitaire
se console en chantant
(Traduction © Denise Anne Clavilier)


Et toute la mythologie nationale passe dans ce numéro de samedi dernier, sous prétexte de "macriser" l'ensemble du discours, comme la majorité actuelle accuse le kirchnerisme d'avoir "kirchnerisé" ce même discours, ce que la majorité appelle le relato K (le récit K) : la Bible, les images d'Epinal de l'histoire, le Martín Fierro, la grande épopée gaucha qui est à l'Argentine ce que le Don Quichotte est à l'Espagne... Je me suis contentée de faire un choix.

L'histoire encore, mais celle de la guerre civile cette fois-ci.
La mort du gouverneur de Buenos Aires Manuel Dorrego, fusillé par Lavalle qui a pris sa place
L'officier : Monsieur Dorrego, le général Lavalle était très angoissé à l'idée de devoir vous faire fusiller
mais il nous a néanmoins priés de le faire quoi qu'il en coûte
(Traduction © Denise Anne Clavilier)

Donc on prend l'image consacrée et on la renverse. Une sorte de démonstration par l'absurde, discutable sur le fond mais artistiquement très réussie, aussi bien pour ce qui est du choix des allusions, des jeux de mots, des reprises de mots historiques et du dessin. Ces artistes ont beaucoup de talent et une conviction militante à toute épreuve !

La religion encore !
Le légionnaire rose : Il va ressusciter ?
Le légionnaire vert : On dit que ce sera pour le second semestre.
(Traduction © Denise Anne Clavilier)

Pour voir la totalité de ce numéro de Sátira, cliquez sur ce lien.

Attention : le document cessera d'être en ligne dans la journée de dimanche prochain (date en Europe, décalage horaire oblige).

Grande soirée tango à la Manzana de las Luces demain [à l'affiche]


Chanteurs, musiciens et poètes se retrouveront demain sur la scène dans l'antique amphithéâtre de la Manzana de las Luces, là même où se réunirent les premières assemblées élues de l'Argentine révolutionnaire puis confédérale, demain, vendredi 22 juillet 2016 à 21h précises, pour une soirée gratuite avec chapeau (al funyi, dit le lunfardo).

Et en plus des artistes présentés sur l'affiche, on nous annonce des surprises !

La Manzana de las Luces (entendez "le carré des lumières") est un des hauts lieux du patrimoine historique de la capitale argentine. A l'origine, et c'est le pourquoi de ce nom, c'était la maison provinciale de la Compagnie de Jésus établie dans le sud de l'Amérique australe. Après l'expulsion des jésuites de l'Espagne, en 1767, le lieu accueillit plusieurs institutions dont un orphelinat avec son école d'un côté et conserva le collège que les jésuites y avaient fondé, le Colegio San Carlos (pour saint Charles Borromée), devenu aujourd'hui le Colegio Nacional de Buenos Aires, qui dépend de l'Université de Buenos Aires (UBA), qui y fut logée dans ses premières années à partir de 1821 et qui en fait aujourd'hui son centre culturel.

A visiter obligatoirement lorsque l'on est en voyage à Buenos Aires.

Ce soir et tout le week-end, María Graña et le Sexteto Mayor au Torquato [à l'affiche]


La chanteuse María Graña et le Sexteto Mayor se partagent la scène du Torquato Tasso, Defensa 1575, à San Telmo, ce soir, jeudi 21 juillet, ainsi que vendredi et samedi, avant de remettre la même chose à la fin de la semaine prochaine.

De belles soirées en perspective.

mardi 19 juillet 2016

Le musée du Cabildo pour les minots [à l'affiche]


Le musée national du Cabildo de Buenos Aires, consacré à l'histoire de la révolution de Mai, qui s'y est produite, du 22 au 25 mai 1810, propose pendant toutes les vacances scolaires des activités gratuites aux enfants d'âge scolaire.

Avec la nouvelle direction (changement de majorité oblige), il semblerait que le musée soit beaucoup plus dynamique qu'auparavant et ait monté en grade son offre culturelle et didactique.

En tout premier lieu, le programme des vacances propose aux enfants un atelier d'imprimerie liée aux idées, une jolie façon d'aborder l'un des enjeux fondamentaux de la Révolution de Mai : la diffusion des idées, l'éducation pour tous (dans une époque où seuls les Blancs avaient le droit d'apprendre à lire et à écrire) et la liberté de la presse. Deux des premières décisions du gouvernement révolutionnaire fut de lancer une gazette politique (la gazette officielle) et de fonder une bibliothèque publique, qui est maintenant la Biblioteca Nacional Mariano Moreno.

Le musée du Cabildo est un des bijoux de la Plaza de Mayo. Sa visite est rapide (entre 1h et 1h30) et fort utile pour comprendre cet événement fondateur de l'Argentine contemporaine.

Le Cabildo dispose d'un site Internet et d'une page Facebook.

Présentation de Tintas de Tango au Museo Mundial del Tango Horacio Ferrer [Disques & Livres]

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Ce jeudi 21 juillet 2016, à 19h30, c'est une belle soirée que propose la Academia Nacional del Tango à son siège, avenida de Mayo 833, 1er étage : à côté de la présentation du livre de Guillermo Arena avec ses 80 pages de caricatures et autres portraits à l'encre (tinta) noire tous consacrés au tango, l'institution un hommage au payador Gabino Ezeiza, dont c'est cette année le centenaire de la disparition, un artiste complet et génial, à la fois compositeur, poète et chanteur (doué, disaient les contemporains d'une voix qui rivalisait avec les plus grands artistes lyriques du Teatro Colón).

Pepe Kokubu prêtera lui aussi sa voix à cette soirée festive, où une tombola permettra d'attribuer une œuvre picturale originale du poète Horacio Ferrer, fondateur de l'académie.

Entrée libre et gratuite.

Hier, la Ville de Buenos Aires rendait elle aussi hommage à Gabino Ezeiza au Museo de Arte popular José Hernández du nom de l'auteur du Martín Fierro, l'épopée qui est à l'Argentine ce que le Don Quichotte est à l'Espagne (sur ce point, lire le communiqué du Gouvernement portègne).

Le nouveau ministre de la Culture portègne est un novice et un musicien [Actu]

Le gros titre est vache : "Culture zéro"
Ce n'est pas pour rien que Página/12 est le quotidien de l'opposition !

Près de quinze jours après la démission de Darío Lóperfido, qui avait eu l'art de se mettre à dos la presque totalité du secteur culturel de Buenos Aires (voir mon article du 7 juillet 2016), son remplaçant a été nommé avant-hier et il a prêté serment dans la foulée.

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Il faut ça pour repérer l'info sur cette une

Il s'agit d'un compositeur et chef d'orchestre bien connu dans le monde de la comédie musicale, Angel Mahler, qui n'a aucune expérience politique, n'a jamais été élu mais espère qu'il peut faire des grandes choses à la tête de ce ministère qui ressemble un peu en Europe au poste d'adjoint (ou d'échevin en Belgique) chargé de la culture. L'homme offre un profil beaucoup plus acceptable, il est sympathique, ouvert, souriant et on ne lui connaît aucune propension à la provocation politique comme son prédécesseur. En plus, il a du talent dans son domaine et il connaît la musique, si l'on ose ce trait... On peut espérer qu'un musicien saura servir le théâtre et la musique, qui ont bien besoin d'un soutien. Premier rendez-vous : le festival de tango, dont il n'assumera pas la préparation mais qu'il devra animer à la fin du mois d'août.

Sur la une de La Nación, l'info est mieux traitée, en manchette gauche
Cliquez néanmoins sur l'image pour une haute résolution.

En tout cas, l'opposition du secteur doit être considérable pour qu'il ait été aussi compliqué de trouver ce nouveau ministre et qu'aucun militant du PRO n'ait voulu s'y coller.

Depuis quelques semaines, la une de La Prensa est déformée et très laide
Les administrateurs du site doivent avoir des problèmes techniques
mais l'info est en bonne place et déjà bien déployé, même s'il est introuvable en ligne

Le chanteur de tango Raúl Lavié, qui avait appelé à voter Macri au second tour de l'élection présidentielle, s'est dit ravi de ce choix qui lui semble mérité.

Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 qui fait du nouveau ministre local la une de son supplément culturel
La Prensa présente la nouvelle en manchette sur sa une mais l'article n'apparaît pas sur le site Internet du quotidien
lire le communiqué officiel du Gouvernement portègne

lundi 18 juillet 2016

Tecnópolis ouvre ses portes à l'occasion des vacances scolaires [à l'affiche]


Ce week-end ont commencé les vacances d'hiver pour les écoliers argentins. C'est l'heure pour le parc d'attractions et de vulgarisation scientifique et technologique créé en 2010, Tecnópolis, de rouvrir ses portes, après un toilettage idéologique pour le rendre plus neutre aux yeux de l'actuelle majorité.

Le parc est toujours situé à l'orée occidentale de la capitale argentine, sur la commune de Vicente López, au-delà l'autoroute General Paz, qui est à Buenos Aires ce que le périphérique est à Paris.

L'entrée reste libre et gratuite et il semblerait bien que l'offre de contenus se soit étendue. Ce qui est très bien.

Un parc pour susciter des vocations de chercheurs et d'ingénieurs dans tout le pays puisque l'exposition est aussi itinérante, pour couvrir tout le territoire.

Pour en savoir plus :
consulter la page Facebook du parc et son site Internet.

Ajout du 19 juillet 2016 :
lire l'article de La Prensa, sur l'inauguration de la nouvelle saison par le Président Macri.

Ajout du 20 juillet 2016 :
lire l'article de La Nación sur cette inauguration.

La Academia Nacional del Tango termine l'étape dans les temps [à l'affiche]

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Ce soir, lundi 18 juillet 2016, à 19h30, la Academia Nacional del Tango présentera la deuxième étape de son projet pharaonique qu'a été le Proyecto Bicentenario pour organiser les archives et documents qu'elle thésaurise dans sa bibliothèque, sans doute l'une des plus riches au monde sur le genre.

La célébration s'organisera autour d'une présentation par le coordinateur du projet, Alejandro Martino, l'un des piliers du travail quotidien dans l'institution.

Et à côté du tango rituel, qui sera pour l'occasion Expres del Escondido, la soirée s'achèvera sur un moment artistique confié à Edgardo Acuña, avec le deuxième album des tangos contemporains, écrits et composés par les artistes formés par les différents cursus mis en place par l'institution.

samedi 16 juillet 2016

Le Marché, feria de la cocina francesa, pour le 14 Juillet [à l'affiche]


A Buenos Aires, ce week-end, du 16 au 17 juillet 2016, la représentation française, en partenariat avec la Ville Autonome de Buenos Aires, organise le 14 Juillet avec des cours de français très particuliers à la Biblioteca Café, promus par l'Alliance Française, et une manifestation gastronomique traditionnelle, Le Marché, la Fiesta de la Cocina francesa.

A découvrir sur la page Facebook de Le Marché et celle de l'Alliance Française de Buenos Aires.

Rien que des bonnes choses d'hiver pour supporter le froid de gueux
qui règne en ce moment à Buenos Aires : entre 5 et 10° !

Un peu de baume au cœur après la nouvelle tragédie sur le sol national.

Lo de Jac, samedi 16 juillet [à l'affiche]


Ce soir, samedi 16 juillet 2016 à 21h30, la chanteuse Jacqueline Sigaut, qui porte un nom français mais est bien argentine, propose sa soirée musicale habituelle, à son domicile, à Palermo.

Pour l'occasion, elle a mis au programme du tango et un peu de folklore aussi, unissant ainsi les deux musiques du pays, celle de la ville et celle des champs.

Elle sera accompagnée d'un duo de guitare et percussion, celui formé par Claudio Ceccoli et Mariano Risso.

Pour participer, il faut vous inscrire (en espagnol, soyons polis) auprès de l'hôtesse qui vous donnera tous les détails utiles.

jeudi 14 juillet 2016

Il y a deux cents ans aujourd'hui, Francisco de Miranda disparaissait [Bicentenaire]

Piédestal du cénotaphe de Miranda à Caracas
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"Le Venezuela pleure le chagrin
de n'avoir pas pu retrouver les restes du Général Miranda
qui ont été perdus, jetés à la fosse commune de la prison
où a expiré ce grand martyr de la Liberté américaine.
La République les garderait [aujourd'hui]
avec tous les honneurs qui leur sont dus
dans ce monument qui a été érigé pour eux
par le décret du Président de la République,
le général Joaquín Crespo, en date du 22 janvier 1895"
(Traduction © Denise Anne Clavilier)

Le 14 juillet 1816, le Précurseur de l'indépendance de l'Amérique hispanique, Francisco de Miranda, avait un peu plus de soixante-six ans.
Depuis plus de trois ans, il expiait, dans la sinistre forteresse de San Fernando, près du port militaire de Cadix, trente années de lutte passionnée pour l'émancipation du continent qui l'avait vu naître, le 28 mars 1750, à Caracas, qui était alors la capitale de la capitainerie-générale du Venezuela.

Le pays dont rêvait Francisco de Miranda
Image tirée de www.franciscodemiranda.info

Dès que le prisonnier eut exhalé le dernier soupir, les gardiens emportèrent son corps enveloppé dans un simple drap, uniquement vêtu de sa chemise de nuit, pour le jeter sans aucun égard à la fosse commune. Les religieux, censés apporter leur assistance spirituelle aux détenus, refusèrent d'accéder aux prières de son valet qui aurait voulu que lui soient rendus les derniers devoirs de la religion. Le défunt était agnostique ; les frères n'étaient pas disposés à accorder la moindre faveur à un conspirateur qui avait porté atteinte à la grandeur de l'empire espagnol même après son décès. Une fois débarrassés du corps, les gardiens revinrent dans la cellule, rassemblèrent tout ce qui s'y trouvait et y mirent le feu. Un autodafé, comme il s'en pratiquait à nouveau dans l'Espagne de la restauration.

Le 1er avril 1816, Miranda avait souffert un accident vasculaire cérébral qui l'avait laissé fortement handicapé, selon le témoignage pathétique que nous en a laissé son domestique, qui partageait sa captivité tout en étant lui-même assez libre de ses mouvements pour parvenir à communiquer secrètement, au péril de sa vie, avec les Britanniques de Gibraltar.

Plaque apposée sur la maison où vécut Miranda à Londres

A Londres en 1811, Miranda avait laissé une compagne aimante, la très discrète Sarah Andrews, de vingt-quatre ans sa cadette, et leurs deux fils, de douze et dix ans, Leander et Francisco, qui n'auront probablement conservé que fort peu de souvenirs personnels de leur illustre père.

L'information du décès parvint à Londres au début du mois de septembre, par des chemins clandestins, car il ne fallait pas que l'on soupçonnât les contacts que l'Angleterre avait pu garder avec le détenu.
Le 11 septembre, on lit dans le Hereford Journal cette simple phrase :

"A letter from Cadix communicates the death of General Miranda, who has at length fallen a victim to Spanish barbarity."

Une lettre de Cadix nous apprend la mort du général Miranda qui a péri, victime de la barbarie espagnole.
(Traduction © Denise Anne Clavilier)

The Caledonian Mercury
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Le lendemain, le Caledonian Mercury (ci-dessus) révélait les détails communiqués par le billet que le valet avait fait parvenir à Gibraltar (1) :

"Nous sommes au regret de dire qu'une lettre de Cadix annonce la mort du général Miranda qui, au terme de ses jours, a péri victime de la barbarie espagnole (2) après un emprisonnement de près de quatre années dans un horrible donjon, en violation d'une capitulation des plus solennelles. La vengeance l'a poursuivi jusqu'au-delà de la tombe. Les moines n'ont pas autorisé son fidèle majordome à lui rendre le moindre rite funéraire. Au contraire, ils ont emporté le corps sur un misérable matelas et le lit de camp sur lequel il avait expiré et livré aux flammes tous ses vêtements et tout ses autres effets."
(Traduction © Denise Anne Clavilier)

Dans l'Europe soumise presque entière à la restauration et très éprouvée de surcroît par une année froide et pluvieuse qui avait affecté la production agricole dans tout l'hémisphère nord, peu de journaux continentaux eurent l'audace de défier les souverains en reproduisant cette information sulfureuse, à la notable exception de La Gazette de Lausanne qui reprenait, dès le 1er octobre, le peu que son éditeur et fondateur, Gabriel Antoine Miéville, avait pu apprendre mais il lui faudra encore un an pour écrire le fonds de sa pensée et rendre enfin l'hommage mérité à Miranda, qu'il pourrait bien avoir connu personnellement lors du circuit exhaustif que le Sud-Américain avait réalisé en Suisse en 1789 (3).

La Gazette de Lausanne, le 25 novembre 1817
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En 1816, Miranda était encore un homme extrêmement célèbre dans toute l'Europe.

Après dix années de service dans l'armée espagnole, il avait participé, de 1780 à 1783, à la guerre d'indépendance des Etats-Unis d'Amérique comme officier supérieur dans le corps expéditionnaire espagnol, envoyé aux insurgés à côté des troupes de La Fayette.
Calomnié par un autre officier qui le jalousait, Miranda quitte le service du Roi et visite les Treize Colonies qui viennent de gagner leur indépendance du Royaume-Uni. Il y restera jusqu'en décembre 1785 et y rencontrera la plupart des membres du Gouvernement, y compris le président George Washington.
De retour en Europe, Miranda entame depuis Londres un long et exhaustif tour d'Europe jusqu'en décembre 1789. Il rencontra ainsi des personnalités aussi prestigieuses que Frédéric de Prusse et Catherine de Russie qui lui exprimèrent leur admiration et lui apportèrent protection et ressources financières, malgré l'opposition manifeste des ambassadeurs espagnols.

Lettre manuscrite de Miranda, en français, à James Madison
le 22 janvier 1806
juste avant l'expédition contre Caracas
(d'où sa demande sur le silence à garder)
Archive de la Library of Congress (Etats-Unis d'Amérique)
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et admirez cette petite écriture lisible et régulière et ce beau français

Ecrivain polyglotte, Francisco de Miranda nous a laissé des carnets de voyage minutieux, plusieurs essais et discours, des monographies sur la musique, la botanique ou les arts des contrées qu'il traversait. Il arrive en France lorsque la Révolution éclate. Il parcourt alors le pays du sud au nord, se lie d'une amitié indéfectible avec de nombreux girondins. Il est de retour à Londres au début de l'année 1790.
Lorsque la France abolit la monarchie deux ans plus tard, il revient à Paris où il veut s'adresser à la Convention Nationale mais... la patrie est en danger. Elle lève en masse une armée citoyenne et les girondins demandent à Miranda de prendre du service contre la première coalition. Sous les couleurs du drapeau national, Miranda sert à Valmy puis à Jemappes, il monte jusqu'à Anvers et Maastricht avant d'être défait à Neervinden, à cause d'une stratégie incohérente de Dumouriez dont les ordres absurdes sont une diversion dont le but est de couvrir son passage dans le camp des émigrés.

Au lendemain de l'acquittement de Miranda, Chauvau Lagarde publia sa plaidoirie
pour informer le public partout dans le pays
Détail de la page de garde de l'édition originale conservée à la BNF

Traîné devant le Tribunal révolutionnaire en 1793 à la suite de cette défaite et accablé par la haine de Robespierre et de Saint-Just, Miranda obtient malgré tout son acquittement. Il doit cette heureuse issu de son procès à son propre charisme et à sa passion contagieuse pour la liberté mais aussi au long et génial plaidoyer de son défenseur, Claude-François Chauveau-Lagarde, qui, le lendemain, exulte de ce succès retentissant qui sauve la vie d'un homme exceptionnel. Après le 9 Thermidor, on pourrait penser que l'horizon se dégage pour Miranda mais l'éclaircie est de très courte durée. Sous le Directoire, les difficultés réapparaissent pour Miranda qui plaide sa cause, sans se lasser, pour être que le gouvernement l'autorise à rester en France. Mais celui-ci veut l'expulser car, depuis 1795, la France et l'Espagne se sont alliées après la défaite de celle-ci dans la guerre du Roussillon.
Le 22 décembre 1798, la mort dans l'âme, Miranda se résout enfin à gagner Londres une nouvelle fois, en espérant que le Royaume-Uni, qui représente alors à ses yeux un ordre politique conservateur, voire réactionnaire, comme pour tous les révolutionnaires sincères (4), acceptera de lui fournir un soutien armé et diplomatique pour donner sa liberté à l'Amérique espagnole.

Page de garde de la première édition
des documents publiés à Londres en 1810
sous couvert d'un jeune Equatorien récemment arrivé en Grande-Bretagne
quelques semaines avant son propre départ pour la révolution sud-américaine
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C'est à Londres, en 1802, qu'il fait la connaissance de Sarah Andrews. Elle est sa logeuse et elle devient sa maîtresse (5). Elle lui donne deux enfants. Dans la capitale anglaise, il va obtenir en 1806 une double opération qui sera un double désastre, l'une vers Caracas, sous son commandement direct mais avec des moyens insuffisants, et l'autre vers Buenos Aires, où le corps expéditionnaire écossais sera rejeté à la mer par les Portègnes, commandés par le capitaine du port, le Français Jacques de Liniers.
Miranda est revenu à Londres depuis deux ans lorsque Caracas se soulève enfin. La capitale de la capitainerie-générale du Venezuela refuse de prêter serment au Conseil de Régence qui gouverne l'Espagne fidèle au roi contre l'occupation française. Le 18 avril 1810 a en effet éclaté cette révolution qu'il appelait de ses vœux depuis au moins 1783.

 Malgré les difficultés de circulation, l'action révolutionnaire de Miranda parvient
jusqu'à Buenos Aires, comme en témoigne cette édition du Grito del Sud
L'un des documents, de plus en plus nombreux,
que l'on peut consulter en ligne sur le site de la BNA Mariano Moreno
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"Avant d'aborder les points que j'ai indiqués dans le numéro 17, il m'a semblé opportun d'insérer dans la présente édition les portraits de quelques personnalités du congrès [constituant] du Venezuela pour mieux éclairer le public dans un domaine aussi important. Si nous ne nous voyons pas dans la nécessité de donner au monde la preuve manifeste de la rectitude de nos procédés, il n'y aurait nul besoin de prendre la plume pour démontrer que nous devons être indépendants*, eu égard aux raisons que ce très sage congrès a exposées.
Congrès du Venezuela, séance du 3 juillet
Après que plusieurs députés s'étaient exprimés, Monsieur Miranda prit la parole et soutint la nécessité de l'indépendance avec de très solides raisons qui forment un long discours énergique.
Une des principales raisons sur lesquelles il appuyait sa position a été l'ambiguïté que notre conduite induisait dans les calculs que font l'Angleterre et les autres puissances capables de venir nous aider. Toutes, dit-il, veulent savoir de manière positive quel est le véritable état de nos relations avec cette autre puissance à laquelle nous avons été unis jusqu'à présent** [...]
(Traduction © Denise Anne Clavilier)

* Nous sommes en novembre 1812. Le moins que l'on puisse dire est que les révolutionnaires argentins sont loin d'être déjà convaincus de la nécessité de cette indépendance. Lorsque cette année-là, Manuel Belgrano a présenté son besoin de créer un drapeau qui soit propre aux patriotes (révolutionnaires), il s'est fait sévèrement reprendre par le pouvoir politique (et n'en a guère tenu compte, puisque les circonstances opérationnelles rendaient indispensable ce drapeau spécifique). De même lorsque San Martín est arrivé en mars 1812, il est déjà indépendantiste à titre personnel et il se marie dans une famille déjà acquise depuis longtemps à cette conception politique, mais il se garde bien d'en dire un mot au Triumvirat toujours très frileux sur le sujet. Le fondateur du Grito del Sud n'est autre que Bernardo de Monteagudo, l'un des membres les plus actifs de la toute récente Sociedad Patriótica, et son principal rédacteur est Juan Manuel Cano (c'est lui qui dit "je" dans le journal).
Le périodique est apparu le 14 janvier 1812. Le deuxième numéro est sorti le 21 juillet et le titre a cessé de paraître en février l'année suivante. Trop audacieux pour son époque, sans doute. Comme le savent mes fidèles lecteurs, il faudra attendre le 9 juillet 1816 et tout le poids politique de personnalités comme San Martín et Belgrano pour que les députés argentins osent déclarer l'indépendance.
** l'Espagne bien sûr, mais le rédacteur ne veut même pas la nommer.


En 1811, le Précurseur parvient, non sans mal, à rejoindre la terre qui l'a vu naître. Il se bat pendant deux ans aux côtés de Bolívar mais les bonnes relations entre l'aîné et le cadet ne résistent pas à l'épreuve de l'action et lorsque Miranda s'estime acculé à une capitulation qu'il pense honorable, Bolívar préfère le livrer à l'ennemi plutôt que de se soumettre à cette décision qu'il estime inique. Le traité de capitulation devait assurer la sécurité de Miranda mais les Espagnols violeront très vite leur promesse à laquelle ils ne se sentaient nullement tenus envers celui dont ils avaient maintes fois depuis trente ans demandé l'extradition à tous les souverains, même à la Grande Catherine elle-même, tout là-bas, dans la très lointaine Russie.

Une pénible agonie l'attend donc dans la sinistre prison de Cadix mis cette déréliction se verra compensée outre-tombe par une gloire posthume inégalable :

Les archives de Miranda, bapstisées Colombeia, ont été publiées en 23 volumes (11 464 pages), de 1929 à 1950. Plusieurs tomes ont été imprimés à Caracas, les autres l'ont été à La Havane, à Santiago du Chili et à Buenos Aires. On avait longtemps cru perdus ces documents dont l'existence était manifeste dans son testament de 1805 et c'est l'historien de l'université d'Urbana, dans l'Illinois, William Spence Robertson, qui les découvrit en 1922 dans le manoir d'un descendant d'un haut fonctionnaire du Foreign Office qui les avait entreposées chez lui, comme des documents privés, après avoir quitté ses fonctions au ministère.

Plaque sous la statue de Miranda à Valmy
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"Vainqueur à Valmy aux côtés de Dumouriez et Kellerman,
il est entré dans la citadelle d'Anvers
comme commandant d'une armée française.
Orateur, écrivain, entraîneur d'hommes, il a joué ensuite,
tout imprégné des énergies de la pensée française,
le grand rôle de précurseur de l'indépendance de l'Amérique latine
(1750-1816)"

En 1930, pour le champ de bataille de Valmy, un sculpteur vénézuélien, Lorenzo González Cabrices (1877-1948), a conçu une puissante statue pédestre qui se dresse sur un haut piédestal sur lequel on peut lire un éloge enflammé, rédigé dans un français d'une belle concision (ci-dessus). Cette statue a été reproduite dans des nombreuses villes et lieux de mémoire, à La Havane, Caracas, Philadelphie, São Paolo et Paris (square de l'Amérique Latine, XVIIème arrondissement). A Paris, le nom de notre général est en outre gravé sur l'Arc de Triomphe, où les représentations diplomatiques du Venezuela présentes à Paris, accompagnées par le Souvenir Napoléonien, ont déposé une gerbe le 22 juin dernier.

Londres et Cadix s'ornent de deux autres statues pédestres, qui le représentent toutes deux dans une attitude pacifiée, en penseur et en orateur, et non plus en général au cœur de la bataille. A Londres, le Venezuela a acheté la maison où il a vécu à partir de 1802, celle où Sarah Andrews a terminé ses jours en 1847. Cette maison du plus pur style londonien est devenue un musée, comme la maison où San Martín a vécu à Boulogne-sur-Mer. Devenue, quant à elle, un musée argentin.

Enfin, Caracas a édifié un cénotaphe très émouvant à la mémoire du Précurseur.

Couverture originale d'un recueil de documents historiques
offert par la République du Venezuela à la France
à l'occasion du Centenaire de la Révolution Française
conservé à la BNF
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Depuis 1808, les biographies de Miranda sont nombreuses au Venezuela, en Colombie, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne, et ailleurs dans le monde. Sa vie a inspiré plusieurs cinéastes ainsi que des musiciens, comme le Vénézuélien Luis Ochoa...

A Paris, le Souvenir Napoléonien prolongera les commémorations de ce bicentenaire avec une conférence que je donnerai le 20 octobre 2016, à la mairie du VIIIème arrondissement, à 18h (entrée libre et gratuite).

Pour aller plus loin :
consulter le site Internet privé d'un passionné d'histoire qui porte le nom de Miranda sans se réclamer de sa descendance. Site en espagnol mais administré depuis la Suisse
consulter le site Internet que le Venezuela a consacré au Colombeia, le fonds d'archives que Miranda avait disposé par testament qu'il soit remis à la bibliothèque publique de Caracas et qui est désormais entreposé à la Academia Nacional de Historia (Venezuela).

* * *

Cet article conclut donc l'ensemble des articles que j'ai consacrés, depuis 2010, au Bicentenaire de l'Argentine puisque Miranda appartient autant à l'Argentine qu'aux autres pays de l'Amérique hispanique. Cela ne veut pas dire que j'en aie fini avec ce mot-clé de Bicentenaire.
Tout d'abord parce que l'Alliance Française m'a réservée en Argentine quelques occasions de prendre tout prochainement la parole dans le cadre de ces célébrations en août prochain. Ensuite parce que le 24 août 2016, Mendoza, San Juan et San Luis fêteront les deux cents ans de la naissance d'une personne qui leur est très chère, Mercedes Tomasa de San Martín Escalada, la fille biologique du Padre de la Patria, or je serai dans ces provinces à cette date. Enfin parce que nous entrons à présent dans le bicentenaire de la geste continentale de San Martín, avec de belles célébrations à venir, autour du parlement de San Martín avec les Pehuenches, en septembre à San Carlos puis autour de la Traversée des Andes en janvier et février. Ce sera ensuite les grandes dates du Chili (2017-2018) puis celles du Pérou (2020-2022), sans oublier les deux cents ans du passage à l'immortalité de Manuel Belgrano, le 20 juin 2020. Et plus tard, si Dieu me prête vie, le Bicentenaire de l'Uruguay se profile à l'horizon 2028-2030...



(1) Le rédacteur choisit délibérément un vocabulaire qui renvoie au Moyen Age, que le romantisme naissant s'imagine volontiers en repoussoir obscurantiste et cruel, et, depuis son protestantisme ou simplement ses sentiments anti-papistes, il s'en prend avec mépris cet emblème du catholicisme qu'est le moine.
(2) Les Britanniques en savaient quelque chose : en 1806, lorsque l'expédition de Miranda échoua à Caracas, les Espagnols saisirent un des bâtiments de l'escadre britannique. Ils considérèrent les marins, du haut en bas de la hiérarchie, comme autant de pirates, alors qu'il s'agissait de militaires réguliers. Douze officiers furent pendus, plusieurs autres condamnés au bagne comme plusieurs hommes d'équipage dont certains furent eux aussi exécutés. Après un tel crime de guerre de la part des autorités espagnoles, on imagine sans peine ce que coûta aux Britanniques de retourner leur alliance traditionnelle en juillet 1808, après l'invasion de la Péninsule par les troupes de l'Empire français !
(3) C'est un peu l'impression que me donne le ton assez personnel de ces quelques lignes. Or chez Miéville, quand le ton devient sensible à ce point, c'est souvent le signe de son engagement personnel. Miéville était né en 1766. Lors du passage de Miranda en Suisse, il avait donc 23 ans.
(4) En 1815, la perception va changer : les libéraux vont s'éprendre de la monarchie parlementaire à l'anglaise puisque le pays aura su conserver pendant toute la tourmente révolutionnaire et napoléonienne la constance de ses mœurs politiques, ses libertés individuelles, sa liberté de la presse. Et le modèle anglais va devenir le modèle par excellence pour les opposants aux restaurations du continent.
(5) J'évite ici d'entrer dans la polémique vénézuélienne sur la nature du lien entre les deux amants. Y eut-il un mariage ? Et dans ce cas, fut-ce un mariage catholique ou un mariage anglican ? Et comment écarter une union libre à la mode des premiers révolutionnaires de France, dont Miranda pourrait bien avoir été adepte ?

mardi 12 juillet 2016

Un 14 Juillet spécial Argentine à Boulogne-sur-Mer [ici]

Capture d'écran du site Internet du trois-mâts

Après une escale de plusieurs jours à Amsterdam où elle se trouvait pour le Bicentenaire de l'Indépendance, pour saluer la reine Máxima (1), argentine de naissance, la frégate Libertad viendra à Boulogne-sur-Mer, dans le Pas-de-Calais, le 14 juillet 2016, pour saluer la ville où le Libertador continental, José de San Martín, a fini ses jours, à l'été 1850.

Rodolfo Terragno, l'Ambassadeur de l'Argentine à l'UNESCO, présidera les cérémonies pendant la fête nationale française au nom de son Gouvernement.

Pendant cette traversée du Bicentenaire, où le bâtiment a abordé à Baltimore et à New-York, pour la première fois aussi depuis treize ans, le navire-école argentin fait également étape dans un port britannique, un geste de la diplomatie argentine pour enterrer la hache de guerre au sujet des Malouines sans pour autant renoncer à la revendication de l'archipel (2).

Si vous aimez les beaux et vieux gréements, ce sera le jour d'admirer celui-là, qui refait le tour du monde pour la première fois depuis sa saisie illégale dans un port du Ghana sous le mandat de Cristina Kirchner. Décidément, selon le slogan du gouvernement, l'Argentine "reprend sa place dans le monde".

Sur le boulevard Sainte-Beuve, non loin du centre de la Mer Nausicaa, vous pourrez saluer la statue équestre de San Martín, érigée en 1909, en préparation du centenaire de l'Argentine. Et à mi-chemin entre la ville basse et la ville haute, dans la Grande-Rue, visitez la Casa San Martín, le petit musée qui a été installé dans la maison où le grand homme a rendu l'âme. L'appartement est au deuxième étage. Trois pièces toutes simples et supérieurement émouvantes pour autant qu'on connaisse a minima la vie et l'œuvre du personnage (pour cela, il suffit de lire les bons livres, ceci dit sans me vanter).

La frégate Libertad n'a plus de page Facebook dédiée sous les nouvelles autorités politiques.
Son tout nouveau site Internet a choisi cette somptueuse photo pour accueillir l'internaute. Cela donne envie de naviguer, non ?

Ajout du 15 juillet 2016 :
lire l'article de La Voix du Nord sur l'inauguration de la nouvelle chapelle commémorative dédiée à José de San Martín dans la crypte de Notre-Dame de la Mer où il a été enterré de 1850 ) 1861.
Merci à Solange Bazely d'avoir attiré mon attention sur cet article. Une Toulousaine qui lit La Voix du Nord ! Bravo !



(1) qui n'a probablement pas pu profiter de la présence dans le port du navire-école de son pays natal puisqu'elle a été victime d'un léger accident cérébral il y a quelques jours et doit se reposer par ordre de la faculté.
(2) Le fait que les Malouines font partie du territoire argentin est inscrit dans la constitution de ce pays. Les îles ont été prises par la force par une petite flottille britannique en 1833, sans déclaration de guerre, et alors que le Royaume-Uni avait reconnu le nouvel état sud-américain en 1824 (en présence de San Martín, d'ailleurs).

Retour au Faro pour Cucuza [à l'affiche]

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Demain soir, mercredi 13 juillet 2016, à 20h (c'est très très tôt), le chanteur Cucuza Castiello vous invite à le rejoindre dans son repaire, le Bar El Faro, dont il a obtenu il y a plusieurs années maintenant qu'il soit inscrit dans la liste des Bares Notables de Buenos Aires pour son caractère traditionnel et sa forte implication dans la vie culturelle et artistique de la capitale argentine. Vous connaissez déjà son adresse si vous êtes un habitué de Barrio de Tango : esquina Constituyentes y La Pampa à la limite entre trois quartiers de l'ouest de Buenos Aires, Villa Urquiza, Villa Pueyrredón et Parque Chas.

Ce sera l'occasion de mêler deux passions : le tango et le football. Et il y a beaucoup de chansons de tango sur le football dans le répertoire ancien comme dans les créations actuelles.

Il a donc invité des joueurs et des commentateurs très appréciés du public. Grâce à une super-brochette de sponsors, dont Eurosport !

Mieux vaut réserver votre place dès maintenant si vous avez la chance d'être à Buenos Aires en ce moment (si vous y habitez à l'année, vous le savez déjà !)

lundi 11 juillet 2016

Le Bicentenaire à travers les unes nationales du lendemain [Bicentenaire]

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Hier, se tenait le troisième jour des festivités du Bicentenaire, concentrées sur la capitale fédérale. Les unes des journaux portaient toutes sur le succès populaire qu'ont connu les célébrations à San Miguel de Tucumán et dans toutes les autres villes d'importance car pas une n'avait boudé l'événement, même dans les trois provinces dont les gouverneurs n'ont pas voulu se rendre à San Miguel se joindre au président de la Nation.

Página/12 reprend la formule de Cambiemos sur le récit K (le récit kirchneriste)
et tente de le retourner contre Mauricio Macri (le récit macriste)
El relato K désigne la façon de raconter
l'histoire du pays et l'action du gouvernement qu'a développée Cristina Kirchner

Toutes les unes sauf celle de Página/12 qui se tient sur une réserve dédaigneuse et ne consacre au discours de Mauricio Macri qu'une petite manchette où il déforme les propos du chef de l'Etat : "Cher Roi, ces hommes [les députés qui ont voté l'indépendance] ont dû avoir quelque angoisse de se séparer de l'Espagne", alors que, je peux le dire pour l'avoir écouté in extenso, Macri parlait des hésitations (bel et bien historiques) (1) des constituants à l'heure de rendre le pays indépendant comme on peut avoir des craintes à s'assumer et à prendre la responsabilité de construire un pays sans plus pouvoir reporter la faute des éventuels échecs aux autres (claire allusion aux slogans kirchneristes, qui attribuent aux puissances impérialistes les difficultés de l'Argentine). La phrase de Macri ne s'adressait pas à l'Espagne et n'était nullement une remise en question de la décision prise il y a deux cents ans (mais alors vraiment pas !) mais une critique, certes très sévère et même cruelle, du complotisme permanent qui sous-tend le discours péroniste (notamment celui de Página/12) (2). Le reste de la une parle d'autre chose et profite de l'occasion pour faire un bilan ravageur de la politique économique du nouveau gouvernement, accusé de toutes les perversions politiques, mensonge, maquillage des données (avant, c'était l'opposition qui accusait l'INDEC de fournir des chiffres faussés), appropriation des décisions efficaces du gouvernement précédent. Bref, Página/12 fait aujourd'hui ce qu'il reprochait il y a sept mois à La Nación et à Clarín. C'est triste...

Hier, La Prensa n'a pas publié en ligne sa une du jour.

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Ce matin, deux éditoriaux montrent ce renversement dans le paysage médiatique argentin.
Dans La Prensa, c'est un gouverneur radical (alliance Cambiemos majoritaire dans le pays) qui décrit le changement intervenu dans le pays, l'arrivée d'un pluralisme authentique et ce en quoi il voit une neutralité idéologique dans les cérémonies officielles (3).
Dans Página/12, c'est Horacio González qui part en croisade contre un gouvernement à qui il reproche de ne plus tenir le même discours historique que le précédent, alors que le discours du précédent était lui aussi un récit tout aussi simpliste que celui qu'on critique aujourd'hui. Je l'analyse dans un autre article de ce jour.

Pour aller plus loin :



(1) C'est bien parce qu'ils éprouvaient une certaine angoisse devant la gravité de leur décision, sachant quelles représailles s'étaient abattues sur les peuples qui avaient déjà déclaré leur indépendance en 1811 dans le nord du continent, qu'ils ont mis aussi longtemps à faire cette déclaration. Depuis Mendoza, San Martín a travaillé au corps les trois députés de Cuyo avant d'arriver à les convaincre de prendre cette décision. Donc, oui, Macri avait raison : ils ont été pris de vertige à l'idée de se séparer de la puissance coloniale.
(2) Et comme d'habitude, il est des plus probable que la vérité politique se trouve au milieu. Il y a dans les échecs de l'Argentine une responsabilité des pays industriels qui font tout ce qu'ils peuvent pour tenir dans un degré inférieur de développement les pays issus de la colonisation et une responsabilité des gouvernants nationaux et des citoyens qui les élisent, puisqu'ils font souvent des choix politiques contraires aux intérêts du pays et se laissent souvent aller à une corruption rampante et omniprésente, qui ruine les potentialités du pays tout entier.
(3) Neutralité est sans doute un bien grand mot mais il est clair que les lignes choisies sont pacifiées et relèvent beaucoup moins qu'avant d'un sectarisme partisan.