mercredi 30 novembre 2016

Fêtons le Día nacional del Mate [Coutumes]


Le 30 novembre a été déclaré fête nationale du mate en 2014, sur initiative d'une députée de la Province de Misiones et d'un décret d'application de janvier 2015. Il s'agit donc de la deuxième édition de cette fête qui va donner lieu à des manifestations culturelles variées, dont des conférences, dans les provinces productrices. La date a été choisie parce qu'il s'agit de l'anniversaire de naissance de Andrés Guacari y Artigas (1778- ? 1821), le premier homme issu des peuples originaires, en l'occurrence le peuple m'byá (guarani) qui ait pris part aux luttes de l'indépendance comme officier supérieur et gouverneur de province. Le premier et sans doute le seul ! La légende veut qu'il ait fortement contribué à faire repartir la culture de la yerba mate, laissée quasi à l'abandon depuis l'expulsion des jésuites en 1767, eux qui avaient su développer les plantations jusqu'à en faire l'une des ressources principales de la région aujourd'hui partagée entre les provinces argentines de Misiones et Corrientes.

Affiche du documentaire de 2014 (production INCAA-Province de Corrientes)

Depuis le XVIIIème siècle, tous les Argentins, les Uruguayens, les Paraguayens et les Chiliens consomment l'infusion inspirée aux jésuites par une pratique indienne transformée à la mode du thé anglais (on a versé de l'eau chaude sur la plante hachée en lieu et place de l'eau fraîche ou des jus de fruits indigènes).


La fête du jour permet à la presse de sortir de l'actualité sinistre (hommage à Fidel Castro à Cuba et sur tout le continent, catastrophe aérienne qui a fait disparaître tout un club de football brésilien en Colombie, préoccupante et durable chute de la consommation des ménages en Argentine malgré la perspective des fêtes de fin d'année...) pour mettre quelques notes de couleur et d'érudition chimico-diététique dans les éditions du jour (le mate est bourré de vertus organoleptiques pour autant que l'on utilise l'eau à des températures raisonnables, soit entre 75 et 80° !)

C'est aussi l'occasion de rappeler la figure assez oubliée à l'échelle nationale du Comandante Andresito, que la présidente Cristina Kirchner a cru bon d'élever très largement post-mortem au grande de général, en avril 2014, ce qui a ravi une partie de son électorat dans les provinces du Litoral. Elle avait aussi fait financer un documentaire commenté par l'auteur-compositeur interprète Victor Heredia, Buscando al Comandante Andresito, où le réalisateur donne à entendre la langue guaranie qui était celle du héros.

On n'a pas de portrait du vivant d'Andresito
Les illustrateurs s'en donnent donc à cœur joie
Ici, un portrait à la mode révolutionnaire mais exécuté en 1945

Andresito était donc né le jour de la saint André (d'où le choix de son prénom), en 1778, dans l'ancienne mission jésuite de Santo Tomé (Corrientes aujourd'hui), dans une famille aborigène catholique comme l'immense majorité du peuple m'byá à cette époque. A quelques mois près, il avait donc le même âge que José de San Martín (1778-1850), né à Yapeyú (également dans l'actuelle province de Corrientes), et que Bernardo O'Higgins (1778-1842), qui a libéré le Chili, il y a deux cents ans, comme général chilien de l'Armée des Andes, placée sous le haut commandement de San Martín qui l'avait levée et organisée du côté argentin. Andresito ne savait pas lire, il était né trop tard pour bénéficier des écoles que la Compagnie de Jésus avait répandues dans toute la région sur laquelle elle avait obtenu du roi d'Espagne un privilège d'exclusivité. On ne connaît pas avec précision les circonstances de la mort du héros, sinon qu'elle est intervenue sur le territoire brésilien, sans doute à Rio de Janeiro, la capitale de l'empire lusophone à cette époque. Andresito a pris part aux luttes pour l'indépendance en se joignant d'abord aux troupes du général Manuel Belgrano (1770-1820), le premier des révolutionnaires à être venu guerroyer dans cette partie du territoire, dès 1811, dans la première année de la Révolution de Mai. Très vite, lorsque les troupes sont passées sous le commandement de José Rondeau, au comportement beaucoup plus agressif vis-à-vis des populations amérindiennes, Andresito a rejoint les combattants de la Ligue fédérale, animée par l'Uruguayen José Gervasio Artigas (1764-1850), jusqu'à la défaite de celui-ci, devant les Portugo-brésiliens, à Tacuarembó en 1820. La guerre était alors finie pour la Ligue Fédérale en tant que telle. Artigas trouva abri au Paraguay, dont le dictateur, Gaspar de Francia, l'accueillit, sous la condition qu'il ne prenne plus aucune part à la vie politique et militaire. Andresito se retrouva prisonnier, exilé à Rio. Entre temps, Andresito avait assumé la direction politique du nord-est argentin et avait été adopté par Artigas, qui en avait fait son premier lieutenant sur la rive occidentale du fleuve Uruguay.

Une lettre de 1815, signée par Andrés Guacari mais écrite par son conseiller spirituel

Aujourd'hui, une marque de yerba mate porte son nom, une modeste production qu'on ne peut se procurer que dans des petites épiceries (mais ce n'est pas la meilleure du marché). Il est aussi présent dans la toponymie, puisqu'il a donné son nom à une ville dans la province de Misiones, la plus au nord de l'Argentine (côté est).

Pour en savoir plus :
lire l'article de La Nación (édition d'hier)
lire l'article de El Litoral (le quotidien de Corrientes)
consulter la fiche du documentaire Buscando al comandante Andresito (à la recherche du commandant Andresito)

Une petite dernière avant les longues vacances d'été [à l'affiche]


Ce vendredi 2 décembre 2016, à partir de 21h, la Milonga de la Uni fait sa grande dernière de l'année. Comme d'habitude, l'entrée est libre et gratuite, avec une participation volontaire à partir de 25 $ pesos et toute la recette ira à la coopérative d'une école.

Tombola, buffet, démonstrations et cours pour débutants et intermédiaires de 21h à 23h (le niveau avancé n'existe pas puisqu'il y a toujours quelque chose à apprendre en matière de tango).

Cette milonga est organisée et animée par les élèves de troisième année du Centre de Formation du Tango de Buenos Aires (Centro Educativo del Tango de Buenos Aires) qui dépend du Gouvernement de la Ville.

mardi 29 novembre 2016

Cap au sud dans les quartiers nord [à l'affiche]


Ce vendredi soir, 2 décembre 2016, à 21h, alors que Buenos Aires commence à voir venir l'été, Jacqueline Sigaut vous propose de faire cap vers le sud avec cette soirée de musique patagonienne avec un duo de chanteurs et instrumentistes, Nora Passolano et Andrés Larzen. Rendez-vous dans le quartier de Palermo, du côté de Plaza Italia, dans le nord de la capitale argentine.

samedi 26 novembre 2016

Contre-offensive médiatique de l'opposition [Actu]

Felipe Pigna, de plus en plus mal rasé, et María Seoane
font la couverture des pages culturelles de Página/12 ce matin
Les quotidiens argentins ont bouclé trop tard dans la nuit
pour rendre compte de la mort de Fidel Castro dans leurs éditions papier.

Cette semaine, le groupe médiatique Octubre, qui a soutenu les gouvernements de Néstor et Cristina Kirchner et qui se place ouvertement dans l'opposition à Mauricio Macri, met le paquet contre les oligarchies argentines revenues au pouvoir selon lui en les dénonçant dans le prochain numéro mensuel de Caras y Caretas.

Le groupe Octubre a récupéré l'ancienne directrice de Radio Nacional, la très kirchneriste María Seoane, et l'a nommée directrice des contenus de son mensuel, à côté du directeur-général qui n'est autre que l'historien-couteau suisse Felipe Pigna qui a, lui, conservé son émission sur les ondes de Radio Nacional (écrivain, documentariste, producteur et animateur radio, journaliste, etc.).

Le numéro de novembre du mensuel illustré sera vendu avec Página/12, le quotidien du groupe qui possède aussi la radio AM 750 et qui était le producteur de l'émission de télévision 678, qui faisait tous les soirs la propagande gouvernementale sur la chaîne de télévision publique du lundi au vendredi et qui a été arrêtée dès la prise de fonction de Mauricio Macri. Página/12 annonce le retour d'une revue rendue plus démocratique, pluraliste et progressiste mais on peut avoir quelques doutes sur les deux premiers adjectifs. Le pluralisme démocratique n'est pas la marque de fabrique du Grupo Octubre.

Le numéro d'octobre 2016 était consacré au tango contemporain
Le nouveau magazine a volé jusqu'au lettrage du titre de son prédécesseur
Quelle tromperie sur la marchandise !

L'opération Caras y Caretas est très contestable : le titre prétend récupérer la gloire d'un ancien hebdomadaire fondé par Fray Mocho à la Belle Epoque, en octobre 1898, mais qui a cessé de paraître en 1939 (1). Il n'y a donc aucun lien entre le mensuel actuel et l'hebdomadaire historique, ce qui n'empêche pas le site Internet du premier de revendiquer, avec un culot inouï, à la limite de l'immoralité, la paternité et la propriété intellectuelle des premières couvertures dont les très beaux dessins en quadrichromie ont fait la réputation de ce premier magazine illustré argentin.

Décidément, le groupe Octubre montre un visage de moins en moins sympathique avec ces impostures et ces stratégies de bernard-l'hermite, ce crustacé qui s'abrite dans des coquilles vides. Il prospère de cette manière sur le manque de culture historique du public argentin et son corollaire, le penchant d'une bonne partie du lectorat, de droite comme de gauche, au complotisme.

Pour en savoir plus :
visiter le site Internet du nouveau Caras y Caretas (qui a osé s'attribuer un nom de domaine en .org alors qu'il s'agit d'un magazine commercial comme n'importe quel autre titre de presse).



(1) A plusieurs reprises, j'ai renvoyé mes lecteurs au Caras y Caretas authentique lorsque j'ai consacré certains de mes articles à des événements historiques comme la bataille de Verdun (pour mon article n° 4900), l'arrivée au pouvoir du président Hipólito Yrigoyen, il y a cent ans ou sur le centenaire de la déclaration d'indépendance, l'un de mes articles du 9 juillet dernier.

vendredi 25 novembre 2016

Après vendredi, un samedi musical chez Jacqueline [à l'affiche]


Demain, samedi 26 novembre 2016, à 21h30, Jacqueline Sigaut accueillera chez elle, dans le quartier de Palermo, la chanteuse Victoria Morán et le guitariste Osvaldo Burucua, pour une soirée qui promet !

jeudi 24 novembre 2016

Hommage au poète Héctor Negro ce soir à la Academia Nacional del Tango [à l'affiche]


Ce jeudi 24 novembre 2016, à 19h, la Academia Nacional del Tango rendra hommage à l'un de ses membres décédés il y a quelques mois, le poète Héctor Negro (1). On diffusera un documentaire intitulé Gorrión nomás (un moineau, sans plus). Le poète aimait beaucoup ce passereau autrefois si commun dans la grande ville qu'est Buenos Aires, ce tout petit oiseau opportuniste et chapardeur qui symbolise le petit peuple argentin, qui lutte pour survivre dans sa misère...

Ce documentaire est dû au tangologue Carlos Varela qui travaille depuis 2008 à recueillir les souvenirs et les analyses des grands du genre comme Horacio Ferrer, Pascual Mamone, Susana Rinaldi, Raúl Garello, etc. Dans le film de ce soir, Héctor Negro raconte sa vie à la première personne et récite quelques uns de ses textes.

Entrée libre et gratuite, au 830 avenida de Mayo, 1er étage.



(1) Héctor Negro fait partie du corpus de 109 poèmes et letras de dix auteurs contemporains que j'ai publiés et traduits dans Deux cents ans après, le Bicentenaire argentin à travers le patrimoine littéraire du tango, Tarabuste Editions, décembre 2010 (n° spécial de la revue Triages). Héctor Negro est également présent dans Barrio de Tango, recueil bilingue de tangos argentins, Editions du Jasmin (mai 2010).

Entre Maule et Tours, le salon du livre de jeunesse de Montreuil [ici]

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Pour la première fois cette année, je participerai le jeudi 1er et le samedi 3 décembre 2016 au grand rendez-vous de l'édition jeunesse française de Montreuil, en Seine Saint-Denis, sur le stand des Editions du Jasmin, pour y dédicacer en premier lieu Contes animaliers d'Argentine mais aussi mes autres livres sur l'Argentine et la variété de sa culture populaire, Barrio de Tango, San Martín à rebours des conquistadors, San Martín par lui-même et par ses contemporains (tout frais réédité) ainsi que Tango Negro (la version française du livre de Juan Carlos Cáceres).

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Comme pour n'importe quel autre salon, je compte apporter tout ce qu'il faut pour une dégustation de mate, si les services de sécurité ne voient pas d'un mauvais œil mon thermos d'eau chaude. Normalement, cela devrait passer mais je ne promets rien...

L'entrée générale à ce salon est payante le week-end.
Jeudi 1er décembre : entrée gratuite pour tous. Le salon est ouvert de 9h à 18h
Samedi 3 décembre : entrée générale à 5 € (dont 4 en chèque-livre si vous achetez votre laissez-passer en ligne). Le salon est ouvert jusqu'à 20h.
L'entrée payée à la caisse à 5 € ne comporte pas de chèque-livre.
Attention : personne ne peut être admis dans le salon sans disposer de son laissez-passer, que l'on peut obtenir sur le site Internet de la manifestation.

Ce salon In Seine-Saint-Denis ® vous propose 400 exposants et plus de 700 rencontres sous le thème général de Sens dessus dessous, à l'Espace Paris-Est Montreuil, 128 rue de Paris à Montreuil (M° Robespierre). Une belle façon de rehausser l'image de ce département si décrié et si maltraité dans les médias.

Toute l'information est disponible sur le site Web et sur la page Facebook de la manifestation.

Ajout du 1er décembre 2016 :
Petite incertitude ce matin sur ma participation. Une cheville foulée, par accident hier soir, compromet ma capacité à me rendre jusqu'au salon. Si une solution se présente, j'y vais. Sinon, je dois ménager mes articulations pour assurer au moins mes engagements suivants.

Ajout du 2 décembre 2016 :
Participation confirmée pour le samedi 3 décembre. Eclopée mais debout !

Demain, vendredi musical chez Jacqueline Sigaut [à l'affiche]


La chanteuse Jacqueline Sigaut recevra chez elle demain vendredi 25 novembre 2016 à 21h30 son confrère et ami, Luis Filipelli, accompagné par le guitariste Leonardo Andersen, selon les modalités habituelles à ce rendez-vous d'excellente musique à la bonne franquette.

Pour participer, il faut suivre les consignes indiquées sur l'affiche.

Pour mieux connaître ces artistes, cliquez sur leur nom dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search ci-dessus. Vous remonterez ainsi en page d'accueil tous les articles qui leur ont déjà été consacrés dans Barrio de Tango.

mardi 22 novembre 2016

Avec San Martín, à Tours, le 10 décembre [ici]

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Ce dimanche 10 décembre 2016, le salon La Plume et l'Epée, organisé par le forum de la pensée militaire, fera une petite place au général argentin José de San Martín (1778-1850), qui porte -et ce n'est pas un hasard- le nom du saint évêque de la capitale tourangelle (1). Le salon se tient à l'hôtel de ville de Tours. J'y dédicacerai la biographie, San Martín à rebours des conquistadors, et le recueil de documents historiques (multilingue), San Martín par lui-même et par ses contemporains, dans ses habits neufs (voir mon article d'hier), ainsi que Contes animaliers d'Argentine, qui relèvent eux aussi de l'histoire du pays et relatent, de manière indirecte bien sûr, plusieurs épisodes militaires comme la Guerra Gaucha, une des modalités de la guerre d'indépendance, la Conquête du Désert (mais vue à travers l'expérience des mapuches combattus par l'armée régulière descendue de Buenos Aires sous les ordres du général Julio Argentino Roca) ou, en remontant dans le temps, la première rencontre des aborigènes andins avec les armes à feu des blancs...

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A 14h30, une conférence portera sur la personnalité historique de saint Martin de Tours en sa qualité de soldat. En général, on se souvient assez bien de l'anecdote du manteau coupé en deux, abondamment représenté dans l'iconographie médiévale, mais on oublie qu'il s'agissait bel et bien d'une part de son uniforme.

Je verrai si je peux apporter sur place le mate et le matériel pour le préparer. Avec un aller-retour dans la journée, c'est loin d'être évident.

Entrée libre et gratuite de 10h à 17h (le lendemain matin, j'enchaînerai avec le salon jeunesse de Neuilly-Plaisance, en Seine-Saint-Denis).

Pour aller plus loin :



(1) Il y a plusieurs San Martín dans l'histoire espagnole. Lorsqu'il s'agit d'hidalgos, ce qui est le cas en ce qui concerne don José, ce patronyme remonte souvent au tout début de la Reconquista espagnole, lorsque les compagnons du Cid Campeador (celui que Pierre Corneille a fait connaître aux Français) se mirent sous la protection des saints de la piété populaire. C'est ainsi qu'on retrouve dans les familles nobiliaires de la Péninsule les patronymes comme Santa Ana (ou Santana), Santa María (ou Santamaría), San Martín (un légionnaire romain qui avait évangélisé la ville gallo-romaine de Tours) ou Santiago, du nom de Jacques, frère du Seigneur dont la ville de Saint-Jacques de Compostelle (Santiago de Compostela) garderait les reliques.

Dernière soirée Cucuza Menesunda pour la saison [à l'affiche]


Le chanteur Cucuza reprendra une dernière fois pour 2016 son tour de chant intitulé Menesunda, qui mêle le tango et le rock, au Galpón B, Cochabamba 2536, avec son fidèle trío inestable, son fils Mateo Castiello à la guitare, Noelia Sinkunas au piano et Sebastián Zasali au bandonéon.

A cette fine équipe s'ajoute une flopée d'invités.

Donc rendez-vous samedi 25 novembre 2016, à 21h au Galpón B.

Présentation de la Orquesta Típica La Martino au CAFF [à l'affiche]


C'est un jeune compositeur et musicien qui présentera ce soir, mardi 22 novembre 2016, à 21h30, au CAFF, Sánchez de Bustamante 772, son premier disque, qui porte le nom de l'orchestre qu'il a fondé, la Orquesta Típica La Martino. Nehuén Martino n'a pas encore vingt-cinq ans et comme son prénom mapuche l'indique assez bien, il vient de Patagonie, une origine peu fréquente dans le monde du tango, plutôt portègne, bonaerense (Province de Buenos Aires), santafesino (Rosario en particulier) et cordobés (Córdoba)...

L'orchestre, qui a déjà pas mal tourné dans Buenos Aires et à l'étranger, notamment à Berlin, récemment, se compose de 15 musiciens, dont deux chanteurs, une formation importante de nos jours, dont il faut espérer qu'elle pourra survivre dans les conditions économiques difficiles que les artistes traversent.

Le disque présente des morceaux originaux, composés par Martino, qui entend rester fidèle à la tradition de la musique à danser (bailable), qui ont fait les beaux jours des grandes formations classiques, notamment celle de Alfredo Gobbi, dont Martino se dit grand admirateur et entend recueillir l'héritage sans passéisme, dans la modernité de notre siècle.


La jaquette de ce premier CD montre une photo d'un lac de la province de Chubut, dont Nehuél est natif : un lac dont la végétation a été détruite il y a quelques années par une série d'incendies criminels qui ont dévasté la région de Lago Puelo (d'où ce cliché enfumé et obscur). Une catastrophe écologique pour cette province du grand sud argentin.

Cette plongée dans le tango n'est donc pas un reniement de ses racines mais tout le contraire : Martino entre dans la musique de la grande ville en portant très haut son drapeau régional.

Le groupe dispose d'un site Internet et d'une page Facebook. L'un comme l'autre vous permettent de découvrir cette musique qui fait irruption dans la movida tanguera et rejoint la grande variété de musiciens qui font vivre le genre depuis une trentaine d'années.

Página/12 a publié une interview ce matin. Sur les pages du groupe, vous pouvez accéder aux autres interventions, en particulier sur Radio Nacional et La 2 x 4.

Pour aller plus loin :

lundi 21 novembre 2016

Dernier salon avant Noël : rendez-vous à Neuilly-Plaisance [ici]


Au lendemain du salon La Plume et l'Epée à l'hôtel de Ville de Tours, où l'accent sera mis sur le général San Martín et dont je vous parlerai dans un très prochain article (1), je serai au salon du livre jeunesse de Neuilly-Plaisance (93), 3ème édition, pour y dédicacer l'ensemble de mes ouvrages sur la culture argentine mais plus particulièrement les Contes animaliers d'Argentine, qui sous l'apparence des animaux racontent en fait la société toute entière tout en revisitant les paysages et l'histoire du plus vaste pays de l'Amérique hispanique.

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Je serai présente comme d'habitude sur le stand des Editions du Jasmin, avec une dégustation gratuite de maté argentin. Ce sera un lourd week-end qui terminera en beauté un automne riche en salons avec des publics très variés, avant le faux calme des mois d'été austral, que je consacrerai comme toujours à faire avancer mes autres projets, un article historique en espagnol (pour une revue de Buenos Aires) et un septième livre à publier dans une autre maison (et j'ai du travail sur la planche !)

Le salon se tient dans la salle des fêtes municipale, 11 avenue du Maréchal Foch.

Entrée libre et gratuite.

La manifestation, à laquelle je participerai pour la troisième fois, dispose d'une page Facebook.



(1) Et il en faudra encore un autre pour le Salon du livre et de la presse de jeunesse de Montreuil, auquel je participerai pour la première fois le 1er et le 3 décembre prochain.

Présentation du livre de García-Blaya ce soir à la Academia [à l'affiche]


Pour l'une des dernières soirées académiques de cette année, la Academia Nacional del Tango donne la parole à Ricardo García-Blaya, fondateur et éditeur du site encyclopédique Todo Tango, pour la présentation du livre qu'il a sorti il y a un an, en décembre 2015 : Tango argentino, Memoria y Testimonio, apuntes sobre títulos, letras y discos.

Ricardo García-Blaya sera en dialogue avec le président de l'institution, Gabriel Soria.

L'espace artistique sera confié à la chanteuse María José Mentana.

Entrée libre et gratuite comme d'habitude, ce soir, lundi 21 novembre 2016, à 19h30, avenida de Mayo 833, 1er étage.

Le nouveau San Martín est arrivé [ici]


Les Editions du Jasmin viennent de sortir la deuxième édition de San Martín par lui-même et par ses contemporains, l'anthologie de documents historiques (1) que j'avais publiée en mai 2014.

Dans cette nouvelle édition, j'ai ajouté des précisions et des corrections historiques, correspondant à l'avancée de mes recherches au-delà de la publication. J'ai aussi modifié mes traductions pour obtenir une plus jolie mise en page des documents bilingues (anglais-français et espagnol-français). La nouvelle rédaction reste fidèle au sens mais elle s'adapte mieux à la taille du texte original (en général, les traductions en français augmentent le nombre de caractères). Quelques notes en bas de page ont aussi connu quelques modifications en fonction de certains détails biographiques dont j'ai eu connaissance après la sortie du livre.

Nous avons profité de cette réédition pour nettoyer le texte de toutes les coquilles que nous avions laissées parce qu'au printemps 2014, nous ne parvenions plus à détecter. Les trois langues impliquées dans l'ouvrage, le français, l'espagnol et l'anglais, avaient eu raison de toutes nos relectures et de notre capacité d'attention, à tous, relecteurs, auteur et même logiciel de correction super-performant, qui n'arrivait pas à digérer ce trop gros pavé (ses capacités techniques se sont améliorées depuis).

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Le livre est disponible chez l'éditeur, au même prix qu'à sa sortie il y a deux ans et demi, et sutout en commande (2) chez tous les libraires qui connaissent leur métier et le pratiquent avec conscience.

C'est cette nouvelle édition que je présenterai le 10 décembre 2016, à Tours, au salon La Plume et l'Epée du Forum de la Pensée militaire.

Pour en savoir plus sur l'ouvrage, reportez-vous à mes articles le concernant dans Barrio de Tango et sa page de présentation sur mon site Internet.



(1) Je suis à nouveau plongée dans ce corpus que je suis en train d'enrichir, pour les besoins d'un prochain article à paraître en espagnol à Buenos Aires. Ce qui vous explique le rythme inhabituel de ce blog, qui fait les frais de la conjonction de planète : beaucoup de salons avant Noël et nouvelles recherches historiques.
(2) Comme mes autres livres. Les libraires n'ont pas la capacité à tenir en stock tous les livres disponibles sur le marché. La plupart du temps, il faut donc les commander.

vendredi 18 novembre 2016

Caballito fête la musique [à l'affiche]


C'est le printemps à Buenos Aires et cela se sent. C'est l'heure des festivals de plein air. Dimanche 20 novembre 2016, le Galpón Artístico de Caballito, avenida Avellaneda 1359, organise toute une journée d'activités gratuites avec récitals, expositions de peinture et de photographie, conférences et cours ouverts de tango-danse.



Dans ce cadre, la chanteuse de tango Viviana Scarlassa se produira à 16h30, accompagnée de Hernán Ielapi et Nahuel Siera Bas.

Pour en savoir plus :
consulter la page Facebook du centre culturel et son site Internet.

Milagro Sala bientôt libre ? [Actu]

Página/12 fait sa une avec un jeu de mot sur le prénom de Milagro Sala
"Miracle à la Casa Rosada"

Il y a plusieurs semaines, un groupe de travail de l'ONU sur les droits de l'homme a soulevé des irrégularités dans la mesure de détention préventive dont la députée du Parlasur Milagro Sala fait l'objet depuis une dizaine de mois pour faits de corruption, prévarication et abus de pouvoir.

Les députés du Parlasur semblent ne pas être couverts par une immunité parlementaire, ce qui est peu commun dans le monde des organisations internationales.

Jusqu'à présent, le Gouvernement argentin a toujours réagi en ignorant cet avis, il se disait incompétent puisque c'est une juridiction provinciale qui a décidé de cette détention. C'est exact sur le plan du droit strict mais comme le gouverneur a été élu sous les couleurs et avec le programme de Cambiemos, on peut penser qu'il y a des moyens politiques d'étudier la question, tout en respectant la séparation des pouvoirs et les compétences respectives des provinces et de l'Etat national en Argentine. Cependant, le Premier ministre canadien, en visite officielle en Argentine, vient de se faire l'écho auprès de ses hôtes de la préoccupation internationale autour de cette affaire et les relations de l'Argentine avec les Etats-Unis marquant le pas avec le changement de majorité à Washington (1), voilà que le Président argentin, qui veut sans doute conserver de bons rapports avec le nord anglo-saxon du Nouveau Monde, annonce une nouvelle prise de position dans cette affaire : il accepte d'ouvrir une discussion sur le sujet.

Pour en savoir plus :
lire l'article de Página/12, qui soutient Milagro Sala et le travail de son mouvement, Tupac Amaru (un mouvement social qui se dit révolutionnaire et revendique la culture amérindienne du nord-ouest argentin)
lire l'article de La Nación, quotidien de droite très hostile à Sala et convaincu de la réalité des faits délictueux qui lui sont reprochés.



(1) D'autant plus que l'équipe gouvernementale argentine avait presque ouvertement tout misé sur la victoire de Hillary Clinton, que la ministre des affaires étrangères connaît déjà, puisqu'elle a travaillé longtemps à l'ONU et rencontré dans ce cadre la Secrétaire d'Etat qu'était Hillary Clinton sus le premier mandat de Barack Obama.

jeudi 17 novembre 2016

Mar del Plata : le festival commence demain [à l'affiche]


Environ trente longs métrages projetés chaque jour du 18 au 27 novembre 2016, dans sept salles réparties sur toute la ville balnéaire et portuaire de Mar del Plata, dont le grand théâtre Colón (à ne pas confondre avec son homologue à Buenos Aires).

Plusieurs projections nocturnes, en plein air, sur la plus célèbre plage d'Argentine qui dessine une jolie courbe de sable blond. Un grand nombre de courts et moyens métrages.

Une flopée de compétitions. Trente-deux sections différentes. Des conférences, des tables-rondes, des expositions, des ateliers...

C'est le Festival International de Cinéma de Mar del Plata qui ouvre demain sa trente-et-unième édition. La plus grande manifestation cinématographique d'Amérique du Sud.

Les places sont à 30 $ ARG en plein tarif (à 15 pour les étudiants et les retraités). Mais il existe de nombreuses activités gratuites proposées dans six salles avec, entre autres, une exposition de costumes de cinéma argentin, un séminaire de plusieurs jours sur le cinéma de genre, des présentations de livres, dont un hommage au regretté grand acteur argentin Alfredo Alcón, une rencontre avec Olivier Assayas, car la France est amplement présente dans la programmation tous les ans ou un atelier pour les enfants des écoles (niveau primaire) où on leur apprendra à faire un film d'animation...

Et avec un peu de chance, appréciez les lions de mer et autres morses qui se prélassent dans les criques au soleil ! Ils symbolisent la ville... et son festival. Venise a son lion, Berlin son ours. Chacun son animal...

Pour en savoir plus :
consulter sa page Facebook.

Cette fois-ci, on troque la musique des villes pour celle des champs [à l'affiche]


Une fois n'est pas coutume, la traditionnelle soirée musicale du samedi soir chez la chanteuse Jacqueline Sigaut, à Palermo, sera consacrée après demain, 19 novembre 2016, à 21h30, au folklore (1), avec la participation de la maîtresse de maison et d'une autre chanteuse, Rocio Araujo, accompagnées par le guitariste Juan Martínez et le percussionniste Osvaldo Avena.



(1) En Argentine, il ne faut pas confondre tango, qui est une musique populaire des grandes villes (donc surtout Buenos Aires), et le folklore, qui comprend toutes les formes musicales des vastes régions rurales que compte le pays et qu'on peut répartir en cinq ensembles, le nord-est très fluvial et forestier, avec ses vastes plantations de yerba mate et ses vergers d'agrumes, le nord-ouest andin, traditionnel pays du maïs et de la pomme de terre (ah, les fameuses papas andinas !), Cuyo, la plaine semi-désertique pourtant très fruti-, horti-, oléi- et viticole, qui s'étend le long des Andes, au nord de la Patagonie, la Patagonie elle-même qui désigne tout le sud du pays et les Pampas, région traditionnelle d'élevage bovin, de haras et de culture du blé, qui entoure Buenos Aires. On retrouve ces caractéristiques dans les Contes animaliers d'Argentine que j'ai publiés aux Editions du Jasmin et que je dédicacerai prioritairement samedi à Châtenay-Malabry.

lundi 14 novembre 2016

Les salons se suivent sans se ressembler [ici]


Alors que je suis plongée depuis quelques jours dans des travaux liés à des articles, l'un pour une revue en France, l'autre pour une autre, à Buenos Aires, quelques mots en ce lundi soir pour annoncer que le dimanche 27 novembre 2016, je serai au Salon du Livre de Maule (78) sur le stand des Editions du Jasmin, comme toujours, avec le mate comme d'habitude.

Entrée libre et gratuite pour découvrir avec moi la culture argentine, faire des emplettes de Noël auprès des nombreux éditeurs qui participent tous les deux ans à cette chaleureuse manifestation en pleine campagne.

L'association organisatrice ACIME donne quelques informations sur sa page Internet.

jeudi 10 novembre 2016

Lumières ! Pour la recherche et pour l'histoire [ici]

Beaucoup d'honneur dont la nouvelle m'arrive un peu tard... C'était compliqué à gérer, cette tournée en Argentine en août dernier.

Me nombraron Miembro adherente del Instituto de Investigaciones históricas de la Manzana de las Luces de Buenos Aires. Se le agradezco al Consejo Directivo de la entidad este honor.


L'IIHML a choisi pour emblème la Sala de los Representantes
le premier hémicycle d'Amérique du Sud 

Mes lecteurs fidèles ont déjà entendu parlé de la Manzana de las Luces, que l'on peut peut-être traduire par Hôtel des Lumières. Il s'agit de ce vaste édifice qui a accueilli, du 25 mai 1661 (1) jusqu'en 1767, le maison provinciale de la Compagnie de Jésus à Buenos Aires, dans le quartier historique de Monserrat à quelques centaines de mètres de la Grand Place (Plaza Mayor), aujourd'hui Plaza de Mayo. En 1767, un décret du roi Carlos III expulsait les jésuites de tous les territoires placés sous son autorité et quelques années plus tard, le pape dissolvait cet ordre qui présentait un danger certain pour les monarchies absolues par l'ouverture d'esprit et la culture de l'esprit critique qu'il cultivait depuis sa fondation par saint Ignace de Loyola. A Buenos Aires, les jésuites ont longtemps répandu la connaissance. Ils étaient souvent les seuls médecins disponibles et des bibliothécaires avisés. Leur maison était aussi un dispensaire de préparations pharmaceutiques autant qu'un entrepôt débordant des marchandises arrivant du nord : cuir, yerba mate des Misiones, viande séchée, bois précieux, instruments de musique...

La Sala de los Representantes
Photo issue de la page Facebook de la Manzana de las Luces
Aujourd'hui elle accueille des conférences, des présentations d'ouvrages et des spectacles

La Manzana de las Luces est à présent un musée. Auparavant, elle aura été, entre autres, successivement ou simultanément :
  • un atelier d'imprimerie dont les bénéfices soutenaient l'orphelinat des enfants trouvés (d'où son nom de imprenta de los niños expósitos, devenu un peu plus tard imprenta de la Independencia) : c'est de ces murs que sortirent tous les périodiques et ouvrages de la période révolutionnaire et indépendantiste, c'est là qu'avaient été imprimées les convocations au Cabildo Abierto du 22 mai 1810 où l'Ancien Régime colonial allait rendre l'âme (voir mon article du 22 mai 2010 à ce propos)
  • le siège de l'Académie de dessin, fondée par le futur général Manuel Belgrano sous l'ancien régime
  • le siège des académies de français et d'anglais (ce qui vous explique pourquoi les révolutionnaires de 1810 dominaient si souvent l'une ou l'autre de ces deux langues, quand ce n'était pas les deux à la fois comme dans le cas de Mariano Moreno)
  • le premier siège de la Biblioteca Nacional, fondée par Mariano Moreno le 7 septembre 1810. C'est un Français naturalisé argentin, le savant Paul Groussac, qui la déplacera en 1901, tout près de là, dans l'actuelle rue Mexico, où ses locaux abritent maintenant l'Institut Nacional de Musique (l'institution a encore déménagé depuis et elle a pris maintenant ses quartiers à Recoleta dans la rue Agüero, du nom du curé de Monserrat en 1810)
  • le premier siège de l'Université de Buenos Aires, fondée le 22 août 1821 par Bernardino Rivadavia (voir mon Retour sur images du 23 novembre 2011 sur les 90 ans de cette prestigieuse institution) : depuis, elle a dispersé ses différentes facultés un peu partout dans la ville
  • le premier siège des Archives nationales, fondées le 28 août 1821 (aujourd'hui sur l'avenue Leandro Alem, près du Vieux Port)
  • le premier hémicycle d'Amérique latine en 1821 ; l'assemblée législative de la Province de Buenos Aires y siégea jusqu'en 1884, date à laquelle la fédéralisation de la ville de Buenos Aires la contraignit à déménager à La Plata qui venait d'être fondée (voir mon article sur la candidature de La Plata au patrimoine de l'humanité) – aujourd'hui on y donne des conférences et des spectacles.


Dans le grand hall du CNBA, cette plaque de marbre rappelle tous les noms de l'institution
depuis la fondation de la Manzana en 1622

L'école fondée par les jésuites au sein de leur maison provinciale, sous le nom de Colegio San Ignacio et placée plus tard sous le vocable de San Carlos Borromeo (que les Français connaissent sous le nom de saint Charles Borromée) (2), en hommage au roi Carlos III d'Espagne, après l'expulsion, a formé presque tous les acteurs portègnes de la période révolutionnaire, des deux côtés, dont le plus illustre est sans aucun doute Manuel Belgrano (3), ainsi que plusieurs grands personnages de l'histoire tout au long du XIXème siècle. Le 14 mars 1863, il a reconverti par décret présidentiel (4) en Colegio Nacional de Buenos Aires (CNBA) et c'est sous ce nom qu'il est connu aujourd'hui (5).


L'ancien bâtiment de l'Université dans la Manzana (côté rue Perú)
Cette aile a été détruite. A sa place, il y a un parking à ciel ouvert et passablement déglingué.
Source : Archivo General de la Nación Argentina

Au sein du même groupe de bâtiments, se dresse aussi l'ancienne église des jésuites, San Ignacio, qui est aujourd'hui une paroisse du diocèse (ce n'est pas là que les jésuites se sont installés à leur retour en Argentine). En face de ce qui est l'une des plus vieilles églises toujours consacrées de tout Buenos Aires, on trouve une librairie, la plus ancienne elle aussi (elle a été fondée en 1784), autrefois librería del colegio, aujourd'hui librería Avila, du nom de son propriétaire. C'est toujours un rendez-vous des lecteurs et bibliophiles de la capitale argentine. Autrefois, elle était dans la même série de bâtiments que le Colegio, mais donnait sur une autre rue. Aujourd'hui, elle a changé de trottoir et s'est séparée architecturalement de la Manzana.

L'article de El Argos, du 1er septembre 1821, qui donne en titre
le nom définitif du bâtiment
Le chroniqueur en dresse l'histoire depuis la fondation
Source Biblioteca Nacional Mariano Moreno
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En 1821, un rédacteur de El Argos, un périodique révolutionnaire qui parut de 1821 à 1825, baptisa ce complexe Manzana de las Luces (le pâté de maisons des lumières) pour saluer l'apport du lieu à la vie intellectuelle et culturelle de la ville depuis l'arrivée des jésuites en 1608 et leur installation définitive à cette adresse en 1822.

Avec la direction des musées du Ministère de la Culture, l'Université de Buenos Aires a longtemps exercé la co-tutelle de la Manzana de las Luces (6). La Manzana de las Luces était alors l'un des deux centres culturels qu'elle anime dans la ville (il ne lui reste plus en propre que le Centro cultural Ricardo Rojas, du nom d'un de ses plus brillants recteurs, dans les Années Folles, sous la présidence radicale). Sous la tutelle de la UBA, il s'est fondé à la Manzana un institut de recherche historique consacré à l'étude de ce joyau du passé intellectuel de la capitale argentine : el Instituto de Investigaciones Históricas de la Manzana de las Luces, l'imprononçable IIHML.
Cette institution réunit d'authentiques historiens, qu'ils exercent ou non cette spécialité à l'université elle-même, que l'histoire constitue ou non leur activité professionnelle majeure. L'IIHML édite une revue sur l'histoire pluridisciplinaire du monument (vie intellectuelle, archéologie, histoire de l'art et architecture, vie politique, vie sociale locale, vie scientifique, etc.) et propose un programme de conférences ouvertes au grand public dans les locaux de la Manzana.

L'ancienne façade du Colegio Nacional de Buenos Aires au début de la photographie
Vous reconnaissez la silhouette d'un bobby britannique - l'Argentine officielle louchait du côté de Londres...
Le style architectural est celui qui a été conservé plus ou moins sur la façade des rues Perú et Moreno
Source : Archivo General de la Nación Argentina

C'est cette institution qui m'a acceptée le 17 août dernier comme membre associée résidant en France. Je l'ai su quelques semaines seulement, un peu par hasard, à l'occasion d'un échange de mails. Le message qui m'informait en août s'est probablement perdu entre la bousculade qui a marqué mon programme d'activités pendant ma tournée à Cuyo et celle qui entraîne le président de l'institution, le professeur José Sellés Martínez, un distingué géologue espagnol, de la UBA, toujours entre deux avions, deux congrès, deux coopérations internationales avec des universités dans le monde entier. Ceci dit, je savais que cette nomination était dans les tuyaux, car il m'en avait parlé lorsque nous nous étions vus à la Manzana de las Luces, dans un petit café du voisinage.

Le CNBA (bâtiment de Norbert Maillard)
A droite, la rue Bolívar qui mène à la Plaza de Mayo.
La tour dans l'alignement est celle de l'église San Ignacio
A gauche, la rue Moreno, qui rejoint la rue Perú
Source : Archivo Genral de la Nación Argentina

C'est donc la troisième société savante qui me fait l'honneur de reconnaître mon travail. Comme pour les deux précédentes, la Academia Nacional del Tango en 2010 et el Institito Nacional Sanmartiniano en 2015, je considère que cette nomination est pour moi une mission dont je dois m'acquitter plutôt qu'une couronne de lauriers sur laquelle je peux dormir. Et la collaboration prendra sans doute cette année la forme d'un article qui m'a été commandé en août et que j'ai accepté pour la revue La Manzana de las Luces, Crónica de su Historia, ainsi qu'une nouvelle recherche historique dans laquelle je me lance actuellement sur l'un des élèves du Colegio San Carlos dont j'avais admiré en 2011 l'impressionnante bibliothèque.

Logo de la milonga du vendredi soir à la Manzana de las Luces

Et puis il y aura aussi des projets touristiques, puisque la Manzana de las Luces est un des lieux qu'il faut visiter, avec un guide compétent, quand on est à Buenos Aires et qu'on aime la culture.

Pour aller plus loin :
consulter la page Facebook de l'IIHML (elle n'a pas été mise à jour depuis avril mais elle existe bel et bien)
consulter la page Facebook de la Milonga del Patio, la milonga qu'une association anime tous les vendredis soir à l'intérieur du musée (pas mal comme décor, pour danser, non ?).

Les différentes institutions culturelles qui ont séjourné dans ces murs ont elles aussi leur site Internet :
les Archives nationales (Archivo General de la Nación, AGN, sous tutelle du Ministère de l'Intérieur), également présentes sur Facebook (et la page est animée, riche, intéressante)
la Biblioteca Nacional Mariano Moreno, dont le contenu en ligne, comme c'est le cas de l'AGN, s'enrichit à vue d'œil avec une belle présentation, moderne et efficace (ce n'était pas le cas avant)



(1) L'année de la mort de Mazarin pour prendre un repère français (9 mars 1661).
(2) Il se trouve, j'ignore si c'est un coïncidence ou une volonté de Jean-Paul II, que la paroisse romaine dont le cardinal Jorge Bergoglio avait la charge symbolique, ès qualité, est précisément la paroisse placée sous la vocable de ce saint archevêque de Milan (qui est aussi l'une des grandes figures de la Compagnie de Jésus). Devenu Pape, l'ex-cardinal a nommé à cette paroisse romaine son successeur à la tête de l'archidiocèse de Buenos Aires, le cardinal Mario Poli, primat d'Argentine.
(3) Parmi ces célèbres élèves, on compte Cornelio de Saavedra, le président de la Primera Junta, le collège gouvernemental mis en place le 25 mai 1810, les frères Mariano et Manuel Moreno, Bernardo de Monteagudo, le premier rédacteur de la Gaceta de Buenos Aires, Antonio González Balcarce, Tomás Guido, Mariano Necochea et les deux frères Escalada, Manuel et Mariano, tous les cinq collaborateurs de San Martín au cours de son épopée continentale qui le mena jusqu'à Lima. Juan Manuel de Pueyrredón, le premier chef d'Etat élu par une assemblée représentative, et Bernardino Rivadavia, le premier Président de la République argentine, y passèrent, ainsi que Vicente López y Planes, l'auteur argentin du texte de l'hymne national (tandis que le compositeur, Blas Parera était quant à lui... un Espagnol né à Murcie, à la limite entre l'ancien royaume de Valence et l'Andalousie). Et même Francisco Narciso Laprida, le député constituant sanjuanino dont je vous parlais dans mon Retour sur Images sur San Juan qui était aussi le 5100ème article de ce blog il y a quelques semaines.
(4) du président Bartolome Mitre (1821-1906), le célèbre intellectuel qui forgea la geste nationale par ses travaux d'historiens. Il habitait à quelques centaine de mètres plus au nord dans le prolongement de cette même rue (mais de l'autre côté, elle porte le nom de San Martín). Sa maison est devenue un musée national très intéressant.
(5) L'ancien bâtiment du Colegio San Carlos a disparu. Il a été remplacé par un immense édifice qui longe la rue Bolívar et dont l'architecture imite les grands lycées parisiens de la Belle Epoque. Les plans furent confiés à un architecte français, Norbert Maillard, qui en fit quelque chose de somptueux, pour l'élite des lycéens de la capitale (dont un bon nombre ne sont guère conscient du luxe dans lequel ils étudient). En Argentine, un Colegio Nacional est une école du second degré qui accueille des élèves avec des notes supérieures à la moyenne et qui les accompagnent dans un parcours d'excellence pour les préparer à l'enseignement supérieur un peu comme le font en France nos classes préparatoires aux grandes écoles nationales (Normale Sup., Polytechnique, Ponts et Chaussées, etc.). Il en existe dans beaucoup de grandes villes. Ils sont liés institutionnellement et fonctionnellement à l'université nationale locale. Pour Buenos Aires, il s'agit de la UBA.
(6) Il y a très peu de temps, la UBA s'est laissé écarter du fait du peu de réactivité d'un recteur qui semblait avoir peu de goût pour l'histoire et bien peu de sens du symbole (cela arrive). Il est probable toutefois que les chercheurs de l'université et notamment les historiens n'aient pas dit leur dernier mot sur cette affaire et que l'institution reviendra prendre sa part de la gestion de ce qui fut son berceau.

mercredi 9 novembre 2016

L'élection de Donald Trump dans la presse du Río de la Plata [Actu]

Sans commentaire !
La légende dit :
"Au cœur de l'état de choc mondia, Trump devient le nouveau président
d'un (sic) Etats-Unis fortement polarisé (sic)
devant le profil xénophobe, belliciste et sexiste de sa campagne"

Cette élection, à laquelle personne ne voulait croire en dehors des citoyens nord-américains qui ont choisi ce bulletin de vote, est présentée comme une catastrophe par tous les journaux en Argentine et en Uruguay. La violence verbale contre les Mexicains, dont le futur président des Etats-Unis a fait preuve pendant sa campagne, une violence raciste et xénophobe, fait peur à de très nombreux Latino-Américains, quelle que soit par ailleurs leur couleur politique. Sans parler de l'attitude du futur chef d'Etat dans le domaine de l'économie puisque la première puissance du monde n'est pas un monopoly d'investisseurs en bourse.

"Que Dieu pardonne l'Amérique, dit La República à Montevideo,
c'est le populisme de Trump qui a gagné"
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"Trump gagnait, dit Clarín en employant cet imparfait si étrange pour une une, (1)
et les Etats-Unis entament une ère qui bouleverse le monde entier"
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Tous les quotidiens nationaux, en Argentine et en Uruguay, consacrent de très nombreux articles à l'événement.

"Le monde en équilibre sur un fil : Trump à un pas de la Maison Blanche"
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La Prensa ne parvenait pas tôt ce matin, lorsque les résultats définitifs ont été connus, à actualiser son site Internet. Elle ne l'a fait que très tard, au cours de la matinée (heure argentine).


Presque tous les journaux ont pris du temps à composer leur une, à part Página/12 qui a été le premier à réagir.
"Il a emporté la victoire sur tout le monde"

A Mendoza, le Diario Uno s'est même trompé : il a mis en ligne le projet de une qui avait été élaboré en cas de victoire d'Hillary Clinton...

Ajout du 10 novembre 2016, lorsque la une a été disponible en ligne
"Trump a fait le coup"

Pour aller plus loin :
lire l'article principal de El País (le titre publié à Montevideo)
lire l'article principa lde LR21 (quotidien en ligne)



(1) Comme si la une avait été bouclée d'urgence, à cause du décalage horaire, alors que la rédaction espérait encore un éventuel retournement de situation aux Etats-Unis.