dimanche 31 janvier 2016

L'opposition retrouve un peu d'humour [Actu]

Photo prise sur Plaza Congreso
On voit le bâtiment du Congrès derrière la table
Photo de Pablo Piovano pour Página/12

Vendredi dernier, nous étions le 29 janvier. Or en Argentine, tous les 29 du mois, c'est le jour des ñoquis (l'orthographe argentine pour le terme italien gnocchi, ces pâtes en forme de coquillage fermé faites à partir de pommes de terre au lieu de blé). Lorsque les ouvriers italiens arrivaient à la fin du mois à la fin du dix-neuvième siècle et au début du vingtième, que l'argent se faisait rare à la maison, les ñoquis offraient une très efficace façon de caler les estomacs de toute la famille pour une dépense minime...

Or le terme ñoqui désigne aussi le travailleur occupé à ne rien faire, voire celui qui occupe un emploi fictif offert dans une administration à un protégé du maire, du gouverneur, du député ou du ministre, voire du chef de l'Etat, ou à un militant du parti au pouvoir. Bref, il s'applique aux lampistes du système de clientélisme qui marque la tradition politique argentine au sceau d'une corruption endémique.

La nouvelle majorité nationale, partout où elle est en place, a procédé à de nombreuses révocations ou a mis fin à de nombreux contrats qui, d'après elle, correspondraient à des emplois de ñoquis. L'opposition estime à environ 25 000 le nombre de personnes ainsi mises au chômage (1) lorsqu'on cumule les ruptures de contrat de travail dans les municipalités, les Provinces tant dans les assemblées législatives que dans les instances dépendant de l'exécutif, et l'Etat fédéral lui-même, dont le Sénat, la Banque centrale, les musées, etc.

L'opposition a donc organisé une grande ñoqui-party sur Plaza del Congreso et sur le parvis du CCK, le centre culturel mis à l'arrêt total depuis le 1er janvier et pour tout l'été, en vue d'une révision complète, architecturale, technique, institutionnelle et programmatique, pour expliquer au Président Mauricio Macri, à tout le gouvernement et à la nouvelle majorité du Sénat ce que sont vraiment les ñoquis : des pâtes très bonnes et qui tiennent au corps et non pas de êtres humains. Les manifestants ont donc fabriqué à la main 100 kg de ñoquis sur l'une et l'autre place, ils les ont cuits à grande eau et à gros bouillons puis servis et dégustés... de bon appétit.

Plusieurs artistes se sont joints à la manifestation, dont l'auteur-compositeur interprète de chamamé Liliana Herrero.

De son côté, le prix Nobel d'économie Joseph Stilglitz a critiqué depuis les Etats-Unis les récentes mesures prises par le Gouvernement argentin, qui risquent fort de mettre en difficulté les couches les plus populaires de la population, notamment la libéralisation du marché de l'énergie, qui élimine les subventions publiques à la distribution de l'électricité et du gaz, ce qui augmente donc dans des proportions astronomiques la facture énergétique de monsieur et madame tout-le-monde. Le Gouvernement a cependant promis de mettre en place un tarif réduit réservé aux plus pauvres, sous un plafond de revenu. Ni le taux de réduction ni le montant du plafond ne sont encore connus. Pour le moment, seule la hausse de la facture est concrète et entame légèrement le capital confiance accordé au Président, toujours en état de grâce selon les sondages...

Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 sur l'opération ñoquis del 29
lire l'article de Página/12 sur les critiques présentées par Joseph Stilglitz.



(1) Parmi ses 25 000 personnes, environ 10 000 correspondraient à des nominations effectuées par les élus sortants, entre le second tour et les prestations de serment des nouveaux élus. Il s'agit donc de personnes nommées en toute connaissance de cause pour provoquer, immédiatement après la prise de fonction des nouvelles équipes, des révocations massives, destinées à créer le scandale.

jeudi 28 janvier 2016

Les associations des Droits de l'Homme à la Casa Rosada [Actu]

Les associations des Droits de l'Homme ont été reçues à la Casa Rosada, par le Premier ministre, le ministre de la Justice et le secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme. Cette réunion est une réponse à la demande d'audience auprès du Président lui-même qui a délégué cette mission, pour cause d'activités trop nombreuses (ce qui semble tout à fait exact) et cette réponse est loin de satisfaire les militants et sympathisants de ces causes, habitués qu'ils sont à être reçus directement et de façon inconditionnelle par l'ancienne Présidente, des mœurs auxquels ils ont pris goût et dont ils ont fini par considérer qu'elles constituent une normalité démocratique.

Photo Service de presse de la Casa Rosada
Présidant la réunion, le Premier ministre, Marcos Peña

C'est donc déjà un premier changement des us et coutumes de la Casa Rosada : il n'est plus question de cette hyper-présidence mise en place par Cristina Kirchner, qui occupait toujours le devant de la scène mais se détournait de vastes secteurs de la société.

Les associations représentées étaient Abuelas de Plaza de Mayo et Madres de Plaza de Mayo Linea Fundadora, en la personne de leurs présidentes accompagnées d'une bonne partie des deux bureaux d'administration.

Madres de Plaza de Mayo, sous la conduite de Hebe de Bonafini, continue à boycotter le gouvernement argentin, pourtant dûment élu. Hebe de Bonafini a profité de l'occasion pour déclarer que la dictature s'était abattue sur le pays et que Mauricio Macri était son "ennemi", un terme inacceptable qu'elle lui applique systématiquement depuis les résultats du second tour.

Les deux associations exigeaient l'arrêt de l'interruption des contrats de travail dans le secteur public (des contrats de travail qui soit prenaient fin effectivement le 31 décembre et n'ont pas été renouvelés, soit correspondaient à des nominations effectuées par le Gouvernement sortant dans la période de transition, sans coordination avec le Président élu, donc du personnel dont Macri ne veut pas puisqu'il n'a été nommé que pour entraver son action) et la libération de Milagro Sala, qui est depuis dix jours dans le collimateur de la Justice de Jujuy, sous l'inculpation de différents délits de corruption, abus de bien public, abus de pouvoir. Or malheureusement, ces accusations ont toutes les apparences de correspondre à une réalité objective, même si les deux organisations ont beaucoup de mal à l'accepter, parce qu'elles ont soutenu la politique de subvention publique dont Milagro Sala et Tupac Amaru auraient ainsi abusé.

Elles ont été reçues avec toute la courtoisie possible, leurs réclamations ont été écoutées mais les associations n'ont pas obtenu gain de cause, ce à quoi, d'après Página/12, elles réagissent assez mal, se disant inquiètes pour l'avenir. Mais ni l'une ni l'autre n'a publié de communiqué à l'heure qu'il est, ni sur leur site ni sur leur page Facebook. Si Página/12 reporte fidèlement leurs positions, elles ont du mal à entrer dans ce fonctionnement de la démocratie qui s'assimile e à un désaccord pacifique, lorsque de bords différents, on peut se parler dans le respect mutuel sans pour autant aboutir à un accord. Or depuis douze ans, ces deux associations ont pris l'habitude de n'avoir qu'à ouvrir la bouche pour que le pouvoir politique national se range à leurs côtés, ce qui les a d'abord surprises et qu'elles auront fini par trouver légitime en soi, ce qui correspond aussi au sentiment d'une partie de la population qui estime qu'elles avaient fini par prendre le pouvoir (1) au lieu de rester à leur place d'ONG, de vigie de la démocratie, de contre-pouvoir...

Pour aller plus loin :
lire l'article de La Nación hier après-midi, immédiatement après la rencontre
lire la dépêche de Télam dont Clarín s'inspire
voir les trois minutes de reportage vidéo de Télam
lire le très factuel et très succinct communiqué de presse du Gouvernement
consulter sa page Facebook
consulter le site Internet de Madres de Plaza de Mayo (Hebe de Bonafini)
consulter sa page Facebook.

Ajout du 29 janvier 2016 :
lire l'article de Página/12 sur la condamnation par Claudio Avruj, secrétaire d'Etat aux Droits de l'Homme (niveau fédéral), des propos négationnistes récemment tenus par Darío Lopérfido, nouveau ministre de la Culture du Gouvernement portègne, au sujet du nombre des disparus sous la dernière dictature  militaire (estimés à trente mille, entre 1976 et 1983). La rédaction doit se rendre à l'évidence qu'il n'est pas question du côté du Président Macri de remettre en question cette réalité historique.
Sur le même sujet, lire aussi l'article de La Nación.



(1) Il faut dire aussi qu'elles sont mal perçues de manière injuste par cette même partie de la population qui les trouve agressives et pleines de ressentiment sous prétexte qu'elles ne sont pas les seules grands-mères à avoir perdu des petits-enfants, puisqu'il y a aussi une forte mortalité juvénile du fait de la violence, des accidents de la route et de la drogue. C'est oublier deux choses : d'abord rien n'empêche les grands-mères victimes des maux sociaux comme la violence crapuleuse, l'alcoolisme et la drogue de militer comme l'ont fait les Grands-Mères de la Place de Mai, ensuite il y a une grande différence juridique entre les victimes des maux de la société et les victimes de la violence d'un Etat qui a signé la Déclaration universelle des Droits de l'homme. Mais là encore, la conscience politique argentine est loin de faire cette distinction et la campagne électorale de Mauricio Macri a bien participé à faire régner la confusion dans ce domaine. Avec Massa, il a délibérément confondu les deux plans, en rejetant Abuelas et Madres pour faire rejaillir le grand échec de Cristina qu'est la croissance du trafic de drogue dans le pays.

La coopération entre la Nation et les Gouverneurs s'installe [Actu]

Mauricio Macri avait déjà surpris son monde (1) en réunissant tous les Gouverneurs à la Casa Rosada au lendemain de son investiture. Même Alicia Kirchner, de Santa Cruz, avait accepté, avec le sourire, de se rendre à cette rencontre conviviale autour d'un asado à la résidence d'été de Olivos, que sa belle-sœur venait tout juste de quitter pour se replier sur un appartement privé à Palermo et sa demeure de Patagonie. C'était la première fois qu'un Président de la Nation rassemblait tous les Gouverneurs et entamaient avec eux un dialogue institutionnel et permanent.

Photo Service de presse de la Casa Rosada

Hier, c'est le ministre de l'Intérieur qui a réuni cette même assemblée pour envisager concrètement la politique de coopération entre le niveau fédéral et le niveau provincial, chose qui n'existait plus qu'au coup par coup et en fonction des alliances partisanes. Or sur 24 entités fédérées, il y a aujourd'hui 13 Gouverneurs kirchneristes. Au cours de cette réunion, plusieurs décisions ont été prises dont deux qui retiennent l'attention de la presse :
  • la part de budget fédéral accordée en subvention à la Ville Autonome de Buenos Aires va être révisée à la baisse (elle avait semblé démesurée à tous les observateurs et acteurs de la vie politique nationale)
  • et le niveau fédéral va aider les Provinces à éponger 10 millions de pesos de dettes accumulées pour leur permettre de repartir sur des bases saines.


Par ailleurs, le Président Macri s'en va à Mendoza se pencher sur les difficultés du secteur viticole à Cuyo (Mendoza, San Juan, San Luis), très affecté par une sécheresse récurrente depuis de nombreuses années. Il est prévu la signature d'un accord de coopération spécifique entre l'Etat fédéral et les provinces concernées.

Pour en savoir plus :
lire l'article de Página/12 (plutôt gêné aux entournures : le journal veut à tout prix trouver à critiquer mais il a bien du mal à justifier cette posture devant un Gouvernement conciliant qui ne dresse plus les gens les uns contre les autres comme le faisait Cristina, surtout ces deux dernières années, et qui est capable de faire évoluer ses décisions en fonction des critiques fondées qui lui sont adressées)



(1) Je viens d'en avoir une confirmation personnelle qui dépasse ce qu'en disent les médias.

Dans les Douze Travaux de Macri, voici les Ecuries d'Augias [Actu]

La carte de la corruption en 2015 par Transparency International
On voit clairement la tache de l'Uruguay et le filet du Chili en orange clair
comme la France et les Etats-Unis

On entre maintenant dans le dur : Mauricio Macri avait promis une lutte sans merci contre la corruption, un mal endémique qui ronge la vie institutionnelle argentine depuis l'époque coloniale. Il est probable qu'il doive son élection à cet engagement. Un mois et demi après sa prestation de serment, les promesses électorales aboutissent à des décisions concrètes et originales. Et celle qu'a annoncée hier Laura Alonso, directrice du Bureau anti-corruption, en fait partie. En profitant de la publication du rapport de Transparency International sur la perception de la corruption dans 168 pays de l'ONU (1), elle a annoncé que, dès le 1er mars, lors de la rentrée parlementaire, le Gouvernement soumettrait au Congrès un projet de loi accordant un régime judiciaire spécial aux repentis en matière de corruption. Ce régime fera partie de la révision du code pénal envisagé par le ministère de la Justice, pour remplacer la réforme kirchneriste qui avait été très critiqué par l'opposition en son temps.

Et sans doute est-ce ce qu'il faut faire car en Argentine, la corruption est un système délibéré, généralisé, très complexe et particulièrement verrouillé, qui touche toutes les formations politiques dites de gouvernement et à peu près tous les organismes politiques : gouvernements nationaux, provinciaux, municipaux, assemblées législatives sur ces trois mêmes niveaux et toutes les institutions qui en découlent, justice, musées, universités, écoles, hôpitaux, travaux publics, etc. Le Brésil dispose lui aussi de semblables dispositifs dans son actuelle et encore partielle opération Mains Propres.

Accorder aux repentis un régime privilégié est en effet la seule manière de s'attaquer au problème avec quelque chance de réussir, comme cela s'est pratiqué en Europe pour l'évasion fiscale et en Italie pour le crime organisé.

Simultanément, deux autres projets de loi seront présentés, l'un concerne la publicité de l'information et la confiscation des biens mal acquis par les titulaires de charges politiques qui auront été convaincus de corruption.

Il n'en reste pas moins qu'il va être très difficile d'obtenir un vote favorable au Congrès puisque le FpV (Frente para la Victoria) est majoritaire au Sénat et que c'est dans ses rangs qu'on risque de trouver le plus grand nombre de scandales, puisque ce sont eux qui étaient au pouvoir depuis l'élection de Néstor Kirchner en 2003...

Il est à noter que Página/12, qui a toujours soutenu le FpV depuis l'accession au pouvoir de Néstor Kirchner, n'en dit pas un mot dans son édition de ce jour.

Pour aller plus loin :
lire l'article de La Prensa sur le dernier rapport de Transparency International qui met l'Argentine très bas dans son indice de perception de la corruption
lire le communiqué de la section française de Transparency International.



(1) Ce rapport 2015 classe l'Argentine au 107e rang des pays par ordre croissant de perception de la corruption, le Danemark occupant la première place. Ce rang n° 107 est aussi celui du Togo, de la Côte d'Ivoire, de l'Equateur et du Belarus. L'Uruguay et le Chili occupent quant à eux la première place pour le continent sud-américain. L'Argentine a perdu deux points au cours de la dernière année, ce qui correspond assez bien avec la perception des gens qui ont voté pour Cambiemos, l'alliance électorale de centre-droit conduite par Macri.

Juan Vattuone présente son livre à la Casa del Bicentenario [Disques & Livres]

L'auteur-compositeur interprète Juan Vattuone présentera ce vendredi 29 janvier 2016 à 19h30 son premier livre, un recueil de contes, de récits et de pensées diverses, intitulé El Romance fantástico del poeta y la estrella de un tranvía (les vers fantastiques du poète et l'étoile d'un tramway), au patio de la Casa del Bicentenario, Riobamba 985.


Pour l'occasion, Juan Vattuone sera entouré de ses amis et de ses compagnons artistiques, comme Alejandro Swarcmann, Jorge Guiliano, Amanda Lucero, Horacio Avilano, Juan Carlos Gazanifa, Walter Hidalgo.

Ce livre a déjà fait l'objet de plusieurs présentations depuis le mois de septembre. Il est sorti en librairie le jour même où la Legislatura de Buenos Aires le recevait comme Personnalité de marque de la culture (personalidad destacada de la cultura).

Le livre a été préfacé par Horacio González, sociologue brillant, intellectuel sincère et ancien directeur de la Biblioteca Nacional (1). De nombreux artistes ont participé à l'illustration de l'ouvrage, parmi eux les petits-enfants de l'auteur, Juan, Lourdes et Francisco. Comme quoi, dans la famille Vattuone, le talent n'attend pas le nombre des années !

Pour aller plus loin :
écouter l'interview donnée par Juan Vattuone à Fractura Expuesta, la radio tango de La Voz de las Madres, le 17 août 2015 (disponible sur ivoox),
écouter l'interview de Juan Vattuone, accordée à Marca de Radio, le 29 septembre 2015, téléchargeable sur ivoox.



(1) Juan Vattuone est un péroniste plus que convaincu. Il est un inconditionnel de Madres de Plaza de Mayo dont il a repris le slogan, très vindicatif, pour en faire une chanson contre la dictature, Ni perdón ni olvido (que l'on peut traduire comme "ni pardon ni oubli" ou "ni grâce ni oubli"). Horacio González, qui refuse de travailler avec le nouveau Gouvernement argentin (et c'est réciproque), appartient à la même sensibilité politique, aujourd'hui minoritaire. Légèrement minoritaire, disent les chiffres officiels, dont il n'est pas impossible qu'ils aient été faussés à la marge : on pense en effet qu'au second tour les remontées des chiffres depuis les bureaux de vote tenus par les kirchneristes vers les autorités fédérales auraient comptabilisé les votes blancs comme des votes Scioli. Un maquilles similaires des chiffres aurait aussi existé au premier tour, mais sur ce point, les accusations sont moins insistantes. Il y a eu aussi des tentatives pour brûler des urnes. Avec cet arrière-fond, on comprend que les foules soient aussi exubérantes autour de Macri, toujours en état de grâce après un mois et demi au pouvoir, et que les kirchneristes sincères aient tant mal à faire entendre leurs positions, qui sont peut-être beaucoup plus minoritaires qu'ils ne le croient.

Premier Conseil des Ministres dans l'Intérieur, après messe [Actu]

Une du 27 janvier 2016 du  quotidien de Córdoba

Avant-hier, mardi 26 janvier 2016, le Président Macri et le gouvernement fédéral se sont retrouvés à Córdoba, pour la toute première réunion gouvernementale hors de Buenos Aires.

Cette réunion, qui a été combinée avec celle du gouvernement provincial, a suivi la messe de clôture de la Semana Brocheriana, une messe où le diocèse de Cruz del Eje et des fidèles venus de tout la pays, réclament à Dieu la canonisation du Cura Gaucho, José Gabriel del Rosario Brochero, qui sera sans doute célébrée dans une dizaine de mois à Rome, comme on l'a su vendredi dernier. Une messe informelle, en plein air, avec des officiels en bras de chemise et un prie-Dieu tout simplement installé dans l'herbe pour marquer la place du chef de l'Etat, lui-même assis sur la plus brave des chaises bon marché.

Mauricio Macri derrière son humble prie-Dieu
à la messe de clôture de la Semaine Brochérienne à Villa Cura Brochero
derrière lui, en bras de chemise bleu clair, le Gouverneur de Córdoba
(Photo service de presse de la Casa Rosada)
La visite du Président dans la Province a provoqué une grande excitation populaire, il a même pris des bains de foule qui paraissent plus spontanés que ceux que déclenchaient les visites de Cristina partout où elle allait, or je suis assez encline à croire ce que je vois, ayant récemment appris les conditions très détendues dans lesquelles s'était tenue la séance photo avec le gouvernement au grand complet dans le Jardín Botánico de Palermo, quelques jours avant la prestation de serment des intéressés : le service d'ordre était réduit au minimum et se comportait avec courtoisie envers les riverains qui passaient là pour leur promenade ordinaire...

A la fin de la messe, Mauricio Macri salue le cardinal Mario Poli,
archevêque de Buenos Aires et primat d'Argentine
et Monseigneur Santiago Olivera, l'évêque local (Cruz del Eje)
Photo du service de presse de la Casa Rosada

Ces événements à Córdoba n'ont pas beaucoup intéressé la presse de Buenos Aires (ah ! la la !, le manque d'intérêt de la capitale fédérale pour ce qu'il peut bien se passer dans ce qu'elle appelle l'Intérieur, avec un brin de condescendance !). Ils n'en ont pas moins permis au Premier ministre, Marcos Peña, de démentir les rumeurs (croissantes) de mésentente entre le Pape François et le Président argentin, rumeurs provoquées par l'absence d'entrevue entre les deux hommes depuis l'investiture présidentielle, y compris à l'occasion du voyage de Mauricio Macri à Davos. La raison en est simple : le Président ne veut pas se servir du Pape François pour accréditer sa politique ni entretenir sa popularité. Le fait est que Cristina de Kichner, elle, ne s'était pas privée d'en faire beaucoup dans ce sens, pour de nombreuses raisons, notamment parce qu'il lui fallait faire oublier et oublier elle-même la mauvaise opinion qu'elle avait de l'ancien archevêque de Buenos Aires. Le fait est aussi que Mauricio Macri a déjà eu une audience privée avec le Saint Père, avant son élection, et qu'il n'en a pas fait état dans sa campagne électorale ni même dans sa communication à la tête du Gouvernement de Buenos Aires. L'explication est donc des plus recevables.

Dans l'église de Villa Cura Brochero, le Président s'est approché du reliquaire du Cura Gaucho
comme le font tous les fidèles qui viennent se recueillir à cet endroit
Dans ce coin très enclavé des montagnes argentines, la messe de mardi a réuni quatre mille personnes.
C'est déjà pas mal !
(Photo du service de presse de la Casa Rosada)

Pour en savoir plus :
écouter l'intégralité de la conférence de presse de Mauricio Macri à Córdoba, en compagnie du Gouverneur de la Province, vidéo de 31 mn 52 disponible sur le site Internet de La Voz del Interior (elle est reprise du canal Youtube de la Casa Rosada)
consulter l'album photos publié par La Voz del Interior
lire l'article de La Nación sur le démenti apporté par Marcos Peña
lire le communiqué de la Casa Rosada sur la messe à Villa Cura Borchero
lire le communiqué de la Casa Rosada sur la réunion commune des deux gouvernements, national et local.

Le Vatican lui aussi salue ce qui fut, autour de la figure du Cura Brochero, la seconde rencontre officielle entre Mauricio Macri, en sa qualité de président, avec une représentation significative de l'épiscopat argentin, en français et en espagnol. Comme d'habitude, les deux textes varient sensiblement d'une langue à l'autre.

Ajout du 29 janvier 2016 :
lire l'analyse de La Nación sur les nouvelles us et coutumes diplomatiques entre l'Argentine et le Saint-Siège. Le Président Macri sera reçu par François, au Vatican, dans un cadre serein et institutionnel le 27 février prochain. Il n'est pas prévu que Macri se déplace au Mexique pour aller forcer la rencontre, comme le faisait Cristina, non sans provoquer un certain agacement, voire un agacement certain, dans les cercles vaticans, d'après ce qu'avance aujourd'hui La Nación, qui s'est, semble-t-il, donné la peine de mener une véritable enquête sur le sujet.
lire le communiqué (très succinct) de la Présidence sur l'audience prévue le 27 février 2016.

mercredi 27 janvier 2016

Samedi, Ariel Prat ouvre le carnaval à La Paila [à l'affiche]

Titre : "Histoire d'anticiprater le carnaval, Ariel Prat"

En 2016, le carnaval portègne culminera du 6 au 9 février, de dimanche à mardi gras, comme c'est la tradition pour le carnaval qui ferme la période du temps ordinaire juste avant que ne s'ouvre le carême avec le Mercredi des cendres. Cependant la manifestation va s'étaler sur tout le mois de février et occuper tous les week-ends de la capitale argentine avant la rentrée officielle du 1er mars.

Le murguiste Ariel Prat ouvrira donc les festivités ce samedi 30 janvier, à 22h30, au restaurant La Paila, Costa Rica 4848 à Palermo, qui s'est spécialisé dans la très réputée cuisine du nord-ouest argentin (Salta, Jujuy et Tucumán), qui mêle les influences espagnoles et quechuas.

Il est très vivement conseillé de réserver à l'avance.

Le programme du Torquato Tasso ces prochains jours [à l'affiche]


En ce mois de carnaval, le Centro Cultural Torquato Tasso nous propose un joli programme pour une pré-rentrée en douceur (on est toujours en pleines vacances d'été, là-bas) :

Demain, 28 janvier, ainsi que le 4 février, les chanteurs María Graña et Guillermo Fernández joindront leur talent pour une soirée tango qui promet le meilleur, tant du point de vue du répertoire déjà bien connu que des créations récentes, qui peinent à se faire une place au soleil, comme toujours pour ce qui est nouveau.

Le 11 février : Bruno Arias revient présenter son nouveau disque de forte revendication politique, El derecho de vivir en paz (le droit de vivre en paix).

Ce week-end, vendredi 29 et samedi 30 janvier 2016, retour de Rodolfo Mederos en formation de trio.

Et les vendredis et samedis de février, c'est le groupe de tango contemporain, La Chicana, qui s'empare de cette tanguería de la rue Defensa, 1575, à San Telmo.

Pour découvrir ces artistes à travers Barrio de Tango, donc en français, cliquez sur leur nom dans le blog Pour chercher, para buscar, to search, entre le titre et le corps de l'article.

Du folklore en Lo de Jac [à l'affiche]


La chanteuse Jacqueline Sigaut reprend ses invitations chez elle, à Palermo, pour des soirées de musique particulièrement conviviales. Ce samedi, 3 janvier 2016, à 21h30, elle propose une soirée consacrée à la musique de l'Intérieur, qui est habitée par la même question que le tango : qu'est-ce qu'être argentin ? Quel est ce pays immense qu'il reste à bâtir parce qu'il sort à peine de ses langes ?

Deux chanteurs, elle-même et Aníbal Chavero, accompagnés par un guitariste, Juan Martínez, et un percussionniste, Osvaldo Avena, seront réunis pour le meilleur.

Pour participer, une seule condition, s'inscrire au préalable auprès de Jacqueline, ce qui sous-entend qu'on parle espagnol, bien sûr !

Pour en savoir plus sur ces propositions, cliquez sur le nom de l'artiste dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus.

lundi 25 janvier 2016

Dédicace à bulles... dans tous les sens du terme [ici]


Du 4 au 7 février 2016, je serai présente au Marché de la Poésie jeunesse de Tinqueux, non loin de Reims, la capitale de la Champagne, pour dédicacer mes ouvrages sur la culture argentine... beaucoup pour les parents et un recueil de contes, Contes animaliers d'Argentine, qui convient aussi aux bambins (lecture autonome à partir de 9 ans en moyenne et tout dépend de la relation de l'enfant à la lecture).

Cette manifestation s'adresse aux jeunes et donc à leurs parents, pour les familiariser à la poésie et à la bande-dessinée (ça, c'est plus facile). C'est la troisième édition. Le jeudi 4 février, l'entrée est réservée aux professionnels. Le grand public dispose du vendredi et du week-end.

Je me tiendrai sur le stand des Editions du Jasmin, comme presque toujours, avec le mate à partager avec tous ceux qui le souhaitent.

Entrée libre et gratuite, dans la Salle des Fêtes, à côté du Carré Blanc, dans cette petite commune rurale.

Ariel Prat à Mar del Plata [à l'affiche]


L'auteur-compositeur interprète Ariel Prat présentera son nouveau disque, No solo murga (pas seulement de la murga), à Mar del Plata, les mercredi 27 et jeudi 28 janvier 2016 à 20h30 à La Casa de Enfrente (la maison d'en face), esquina Córdoba et 25 de Mayo.

Entrée : 100 $ ARG

Une restauration est proposée à prix très raisonnable.

La murga est par excellence le genre du carnaval qui, à Buenos Aires et dans la Province, occupe surtout le mois de février et les quatre jours gras (de dimanche à mardi gras, qui tombe très tôt cette année : le 9 février).

Soirée idéale après la bronzette sur la plage !

samedi 23 janvier 2016

Trio détonnant au Circé ce soir [à l'affiche]


Walter Hidalgo, Alejandro Szwarcmann et Juan Vattuone unissent leurs talents d'artistes, de tangueros et de provocateurs gauchistes pour présenter ce soir un nouveau spectacle, qui porte pour titre un oxymore bien déjanté : Hidalgos atorrantes (gentilshommes élevés dans une auge à cochon). La soirée mêlera la musique, la poésie, quelques dialogues absurdes et autres mythologies fantaisistes à une sélection de morceaux issu du répertoire de tango d'hier et d'aujourd'hui.

Le trio vous attend ce soir, samedi 23 janvier 2016, à Circé Fábrica de Arte, Avda Córdoba 4335, dans le quartier de Almagro.

Entrée : 150 $ ARG.

Pour aller plus loin :
lire l'interview à trois voix parue ce matin dans Página/12
vous connecter à la page Facebook de la salle.

vendredi 22 janvier 2016

Le premier saint argentin est de Córdoba [Actu]

Un grand classique de l'imagerie pieuse brochérienne
un montage entre la photo originale colorisée et un fond de montagne cordobaise

Ce n'est pas une surprise, le second miracle avait été accepté il y a quelques mois. Mercredi, à la fin de l'Audience générale, on a tous vu le Pape François donné l'étreinte fraternelle à l'un des évêques présents. Il ne fallait pas être grand clerc pour comprendre que tous les deux se connaissaient très bien et qu'il devait s'agir d'un prélat argentin (et il me semble qu'il s'agissait en effet de Monseigneur Santiago Olivera, dont la AICA semble dire qu'il est présent aujourd'hui dans son diocèse). Lorsque je l'ai vu offrir au Saint-Père une statuette qui de toute évidence représentait le Cura Brochero (il a une silhouette très reconnaissable, inconfundible comme disent les Argentins), je me suis dit que la nouvelle n'allait pas tarder à tomber. Je ne l'attendais pas précisément ce matin mais j'avais tort : d'abord parce qu'on est en pleine Semana Brocherania à Córdoba et ensuite parce que les deux hommes portaient sur le visage une telle expression de joie en se congratulant que cette étreinte de 10h30 avant-hier disait déjà tout. Et c'est vraiment une bonne nouvelle car ce Cura Gaucho est vraiment une figure rayonnante et il se peut que les non croyants eux-mêmes puissent être sensibles à sa personnalité, sa vie et son œuvre d'inlassable prêcheur et d'organisateur de communautés catholiques dans les montagnes alors très enclavées et très pauvres de sa province natale.

Cette photo a été prise à la fin de sa vie, intervenue en 1914

Ainsi donc, le bienheureux José Gabriel del Rosario Brochero, né en 1840 dans la bourgade de Santa Rosa dans la province de Córdoba, aujourd'hui Villa Santa Rosa de Primero Río, sera donc le premier saint argentin, né et mort sur le territoire national. La cérémonie de canonisation devrait se tenir sur la Place Saint-Pierre sans doute au cours de l'été ou à l'automne.

En Argentine, la nouvelle a tellement ému les gens que le modeste site Internet consacré au bienheureux, déjà sans doute très sollicité en cette semaine de prière à Villa Cura Brochero, a sauté : on ne peut plus y accéder !

Il est à peu près sûr que la nouvelle fera la une de La Voz del Interior demain matin !

Carte de la Province de Córdoba téléchargée
depuis le site Internet de l'Institut géographique national argentin (IGN)
Cliquez sur l'image pour obtenir une très haute résolution

Il est probable que Mauricio Macri était lui aussi informé de l'imminence de la décision pontificale : il y a deux jours, il a annoncé qu'il participerait à la clôture de la Semaine Brochérienne, une semaine d'exercices spirituels qui a commencé lundi à Villa Cura Brochero et s'achèvera mardi 26 janvier. Après la messe dans la bourgade où se trouve le principal sanctuaire consacré au futur saint, le Président se rendra à Córdaba, la capitale provinciale, pour y tenir un conseil des ministres, le premier qui aura lieu hors de la capitale fédérale, puis travailler avec le Gouverneur sur la coopération entre les niveaux fédéral et provincial (voir la dépêche AICA du 20 janvier 2016).

Pour aller plus loin :
tous les articles que je cite sont en ligne, ils ne figurent pas sur les éditions imprimées des quotidiens
lire l'article de La Voz del Interior, le quotidien de Córdoba
lire la dépêche de la AICA, l'agence de presse catholique
lire le communiqué du Vatican en français

Les catholiques seront intéressés par la déclaration pastorale de Monseigneur Olivera, évêque de La Cruz del Eje, diocèse dont fait partie Villa Cura Brochero, et vice-postulateur de la cause, raison de sa présence cette semaine à Rome.

On a découvert un dinosaure à Mendoza / "¡Muerto sí, claro!" (Article n° 4700) [Actu]

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Depuis 1993, c'est une blague permanente en Argentine dès qu'on parle de dinosaure : demander s'il est vivant, comme le fit cette année une vedette quelque peu évaporée (et dont on taira le nom) dans une conversation à bâtons rompus avec la super-vedette Mirtha Legrand, qui n'a pas pu s'empêcher d'éclater de rire devant la stupidité de la question...


Une partie de l'équipe et l'humérus du petit dino...
González Riga est au centre 

On a donc bien trouvé, dans le sud de la province de Mendoza, sur le territoire de la commune de Malargüe, quelques élément d'un gigantesque fossile appartenant au plus grand dinosaure connu à ce jour, baptisé du nom latin de Notocolossus gonzalezparejazi (ce qui se traduit "Colosse du Sud [en hommage à] Jorge González Parejas", un chercheur qui a travaillé à Mendoza pendant vingt ans sur ce sujet).

La petite bête mesurait 30 mètres (approximativement) et devait peser 60 tonnes. Elle vivait il y a 86 millions d'années. L'un de ses pieds est parfaitement conservé, la structure en est intacte, on voit très bien les articulations qui lui permettaient de se mouvoir. Son humérus, qui a été retrouvé intact lui aussi, mesure rien mois que 1,76 m, soit la taille d'un homo sapiens sapiens d'aujourd'hui comme on le voit sur la photo... La découverte a fait l'objet d'une publication dans la revue scientifique britannique Nature, le 18 janvier 2016, sous le titre : "A gigantic new dinosaur from Argentina and the evolution of the sauropod hind foot".

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Le paléontologue auquel on doit la découverte, le Pr. Bernardo Javier González Riga (1), du CONICET (équivalent du CNRS français), directeur du laboratoire des Dinosaures de la Universidad Nacional de Cuyo (UNCuyo), à Mendoza, a fait une partie de ses études à Córdoba, ce qui vaut à cette dernière cité de se sentir doublement honorée aujourd'hui : elle fête le premier saint argentin, qui est l'un de ses fils, et s'attribue un petit bout du prestige d'une découverte qui fait le tour du monde scientifique et médiatique.

Copie d'écran du site de Nature
en couleur les parties du squelette qui ont été retrouvées

Le fossile, de la famille des sauropodes mendocins, a été identifié en 2009 dans un gisement fossile lui-même découvert en 2006. Aujourd'hui, la nouvelle atteint le grand public grâce à la traduction en espagnol pour la presse généraliste. De son côté, l'université, en pleine période de vacances d'éta, publie une interview du chercheur et c'est un véritable dossier de vulgarisation en espagnol, réalisé à partir de l'article scientifique tel qu'il a été envoyé à la revue en avril 2015, qui est disponible en ligne. La presse provinciale met la nouvelle à la une.

La municipalité de Malargüe se prépare à ouvrir prochainement un parc thématique consacré aux découvertes paléontologiques réalisées sur son territoire. Ce nouvel atout culturel et touristique devrait s'appeler le Parque Cretácico Huellas de Dinosaurios (parc crétacique Empreintes de Dinosaures) et être développé pour la partie de vulgarisation scientique en partenariat avec l'UNCuyo.

Pour aller plus loin :
Du côté scientifique :
lire l'article de Nature (en anglais)
lire l'interview de González Riga sur le journal en ligne grand public de la UNCuyo, Unidiversidad
lire l'article d'hier sur le mode de vie du Notocolossus sur le même journal
lire l'article du 2 octobre 2012 sur un état antérieur de la découverte scientifique, toujours sur Unidiversidad
visiter le site Internet de la UNCuyo

Ajout du 7 février 2016 :
lire le communiqué du Conicet, le centre national de recherche scientifique et technologique argentin.



(1) Les Argentins disent Doctor González Riga, parce que le titre donné à quelqu'un est celui de son diplôme universitaire le plus élevé. En France, en Belgique et en Suisse, on utilise plutôt le titre relevant des fonctions universitaire.

jeudi 21 janvier 2016

Raúl Barboza chez lui puis au Café Vinilo [à l'affiche]


Le chamamiste argentin installé en France, Raúl Barboza, est en tournée comme tous les hivers (septentrionaux) en Argentine. Il participe ce soir à la Fiesta Nacional del Chamamé, dans sa ville de Corrientes, au nord du pays, et passera le week-end à Buenos Aires, au Café Vinilo.

Avec ses partenaires, le Français Francis Varis (accordéon), Roy Valenzuela (contrebasse), Nardo González (guitare) et Chacho Bernal (percussions), qui remplace le brésilien Ze Luis Nascimento qui a enregistré le disque, il présente en ce moment un disque imaginé et conçu en France, Chamamé Musette.

Vendredi 22 et samedi 23 janvier 2016, à 21h, ils seront au Café Vinilo, Goritti 3780, à Palermo, pour une soirée de musique parisino-litoralègne...


Entrefilet de Radar (Página/12)
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Entrée : 300 $ ARG. Le prix, élevé, est à la mesure de la rareté de l'apparition d'un musicien qui laisse dire dans son pays natal qu'il est le meilleur musicien de chamamé au monde. Ce qui n'est dû qu'à sa capacité à voyager parce qu'il vit à Paris, avec le niveau de vie qui s'y attache. Les Argentins gardent un indéniable sentiment d'infériorité qui les fait toujours pencher vers l'avis des étrangers (surtout s'ils sont français).

Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12 dans les pages culturelles de l'édition de ce matin (un entrefilet est aussi paru dans le supplément Radar, si j'en crois la photo trouvée sur la page Facebook du Café Vinilo qui en fait sa publicité)
consulter la page Facebook du disque-concert (une page tellement française qu'elle ne daigne même pas annoncer les programmations en Argentine).

Les preuves de la corruption et du clientélisme apparaissent [Actu]

A Jujuy, le système mis en place par l'organisation Tupac Amaru, qui se réclame de la révolution sociale, commence à apparaître au grand jour : un système de captation de fonds publics au profit de la dirigeante qui s'en est servi, de manière discrétionnaire, sans l'ombre d'un contrôle démocratique, pour lancer toutes sortes de chantiers, alors qu'elle-même n'avait aucun mandat exécutif constitutionnel qui l'y autorisait. Certes, ces chantiers ont considérablement amélioré la vie de certains (tant mieux pour eux), mais cela s'est fait au prix d'une opacité et d'un clientélisme qui sont maintenant dénoncés comme autant de manœuvres de chantage et de racket par certaines des organisations qui en étaient exclues ou des coopératives qui ont dû s'y soumettre pour rester dans la course économique. La dirigeante mise en cause, Milagro Sala, qui est aussi députée au Parlasur (la chambre supranationale de l'UNASUR) est en prison et une instruction de la justice provinciale de Jujuy est en cours. Au grand dam de Página/12 qui la soutient mordicus en évoquant, comme un gage d'innocence, son origine indienne et humble (comme si on ne pouvait pas être malhonnête quand on est un Indien prolétaire) et en accusant le Gouverneur Gerardo Morales (UCR) d'inventer des griefs fantaisistes et absurdes.

A Buenos Aires, un montage financier ahurissant est maintenant mis à jour à TV Pública autour de la défunte émission 6, 7, 8 : un débat non contradictoire (1) entre six journalistes et animateurs, qui occupait l'antenne tous les soirs, en prime-time, du lundi au vendredi, et soutenait la politique du gouvernement en place tout en critiquant l'opposition, voire en la calomniant ou en la tournant en ridicule. Les documents sortent et montrent qu'une bonne part du budget monstrueux de la production a été bâtie sur des contrats captifs de publicité pour l'ANSeS, la sécurité sociale qui, en Argentine, est une administration d'Etat et non pas un organisme paritaire (elle ne dispose donc d'aucune marge d'autonomie par rapport au gouvernement. Au contraire, c'est une division du ministère des finances). L'ANSeS achetait donc à prix d'or des campagnes de promotion des services qu'elle offre à la population la plus modeste et ces sommes ont fait tourner en partie le studio pendant les six ans qu'a duré l'émission. Les contrats découverts par les nouveaux dirigeants de l'audiovisuel public ont été envoyés à la Commission d'enquête anti-corruption qui a pour mission d'instruire les cas de corruption publique qui passeront en justice.

Lorsque Cristina Kirchner avait mis fin au régime de retraite par capitalisation pour mettre en place un régime obligatoire et universel de retraite par répartition, l'opposition avait beaucoup crié en l'accusant d'emblée de vouloir se servir personnellement dans ce nouveau trésor placé à sa merci. On avait alors beaucoup parlé du vol de l'argent des retraités : la plata de los jubilados retentissait dans le paysage politique argentin comme un cri de guerre de l'opposition. En l'absence totale de preuves de telles malversations, j'avais écarté ces critiques qui s'exprimaient a priori. Mais il faut croire qu'elles n'étaient pas dénuées de fondement et qu'elles s'élevait contre un un système si verrouillé que personne n'a jamais osé faire sortir le moindre document qui aurait pu servir de preuve dans ce sens (comme cela est presque toujours possible dans des démocraties institutionnellement plus rodées). Ce verrouillage, qui se déduit de ce silence longtemps respecté et enfin rompu (2), depuis que le gouvernement actuel a accès aux archives, donne quelque consistance au discours de l'opposition d'alors, la majorité d'aujourd'hui, qui parle de "mafia kirchneriste", de "clanisme", de "ministère de la propagande", d'"abus du bien public à des fins partisanes"...

Lorsque je voyais ces campagnes de la protection sociale d'Etat, je voyais surtout une sensibilisation des travailleurs à l'existence de leurs droits, une sensibilisation susceptible de faire reculer l'embauche au noir, puisque l'économie au noir en Argentine est beaucoup plus le fait du patronat que le système D de gagne-petit qui cherchent à mettre des sous de côté. C'est probablement l'un des effets recherchés et sans doute obtenus, mais de toute évidence, ce n'était pas le seul !

La Nación publie ce matin l'intégralité du contrat endogamique qui répartit les rôles entre les trois entités de RTA, la holding elle-même (Radio Télévision Argentine), TV Pública et Radio Nacional, et qui définit le recours à la publicité. De là à dire que La Nación accomplit le travail d'un Mediapart, il y a un grand pas qu'il convient de ne pas franchir. Il est plus que probable qu'elle n'est pas allée chercher le document mais qu'il a été mis à disposition de la presse par le gouvernement ou la nouvelle direction du groupe RTA. Il ne s'agit donc pas encore d'un journalisme d'investigation... Mais enfin, c'est toujours mieux que les précédentes accusations sans preuve.

Pour aller plus loin :
lire l'article de La Nación sur le coût de l'émission et les détails du contrat publicitaire
On peut aussi lire sur La Nación, qui semble être leader sur ce sujet, l'article publié dès mardi sur ce montage budgétaire, l'article publié le 17 janvier sur la provocation bravache de Victor Hugo Morales qui lançait à Hernán Lombardi qu'il était prêt à reprendre du service sur TV Pública, au nom du pluralisme, à condition de reprendre les journalistes de 678 pour refaire le même type d'émission et enfin la seconde grande interview donnée par Hernán Lombardi, le 15 janvier dernier, sur la politique qu'il entend mener dans l'audiovisuel public et où il annonçait vouloir garder Victor Hugo Morales sur Radio Clásica (la première de ces deux très longues interviews a donné lieu à une présentation sur Barrio de Tango le 29 décembre 2015).

On attend maintenant de voir à quoi ressembleront les grilles de radio et de télévision à la rentrée et si elles seront aussi pluralistes que le gouvernement veut bien nous le promettre. Pour l'heure, on constate qu'il y a une plus grande transparence dans la mesure où la presse est davantage informée et que les journalistes peuvent poser des questions, y compris celles qui fâchent, et les réponses, y compris les esquives, ressemblent beaucoup à celles que l'on connaît sous nos cieux européens.

Ajout du 23 janvier 2016 :
Tupac Amaru a tâché de nationaliser la querelle et de compter ses partisans en appelant à une manifestation généralisée qui devait se tenir hier sur tous les points du territoire. La saison n'est certainement pas la meilleure pour lancer ce type de pari : c'est la période des vacances d'été, ne l'oublions pas. Et ce n'est pas non plus une politique délibérée du gouvernement en place pour faire échouer les initiatives de l'opposition. Ce n'est pas lui qui a choisi cette date du 10 décembre pour entrer en fonction, une date qui a été choisie en 1983 parce qu'elle correspond au jour international des droits de l'homme, date retenue à l'ONU par une majorité de pays de l'hémisphère nord, pour lesquels elle correspond à la toute fin de l'automne et donc à l'activité à plein régime.
Les manifestations n'ont pas eu le succès espéré. Il n'est que de voir aujourd'hui la façon dont Página/12 en rend compte pour s'en persuader : cela n'est pas en une, il n'y a pas de photo montrant des rassemblements populaires, comme cela fut le cas au surlendemain du limogeage de Victor Hugo Morales de Radio Continental, ce que Página/12 a exploité en bonne et due forme.
De toute évidence, il n'y a pas d'appui populaire authentique à Milagro Sala. Ce qui ne veut évidemment pas dire que le risque qu'elle prend pour sa santé et sa vie avec sa grève de la faim soit acceptable par une société civilisée ni qu'elle est coupable. Pour le moment, elle n'est pas jugée, elle est donc présumée innocente, ce qui est un fait de droit inviolable en démocratie. De toute évidence, cependant, les accusations qui sont portées contre elle et son organisation ont quelque crédibilité dans l'opinion publique, ce qui en dit long sur la réalité vécue par les Argentins de ce qu'est Tupac Amaru.

Ajout du 29 janvier 2016 :
Lire l'article de Página/12 de ce jour et celui de La Nación sur le seating organisé par différents mouvements sociaux péronistes, dont la Tupac Amaru et le Movimiento Eva, sur Plaza de Mayo pour soutenir (enfin) Milagro Sala. Il aura donc fallu près de deux semaines pour qu'un mouvement de soutien se manifeste publiquement (c'est long, au regard des mœurs politiques argentines) et encore est-ce le fait des mouvements installés dans la Province de Buenos Aires (et non pas ceux de Jujuy), une province où Cambiemos est arrivé au pouvoir en ne recueillant que 36% des voix (donc sans représenter la majorité réelle, ce qui rend cette défaite du Frente para la Victoria encore plus douloureuse pour ses militants et sympathisants).



(1) Donc ce n'était pas vraiment un débat, même si pour une bonne partie des Argentins c'en est bien un. Ce que nous appelons pluralisme est encore une réalité inconnue de la majorité des Argentins, qui pourraient pourtant en avoir l'expérience en allant regarder ce qui est disponible sur depuis l'étranger sur le site Internet de la Radio Télévision espagnole (RTVE).
(2) Comme cela se passe aussi à Jujuy.

mercredi 20 janvier 2016

Avant Davos, Mauricio Macri a reçu des journalistes européens [ici]

Photo de Ricardo Ceppi, extraite du site Internet de El País

C'est avec un avion de ligne que le Président Macri et sa suite, dans laquelle a pris place Sergio Massa, au titre de l'opposition (1), s'est rendu à Davos. Un avion Air France (Aerolineas Argentinas n'a de desserte directe qu'avec Rome et Madrid en Europe et il est probable que, pour des raisons de sécurité, la compagnie ne sera jamais la même au fil des sorties du territoire - à moins que le choix se soit porté sur cette compagnie pour faire plaisir à François Hollande qui doit effectuer une visite, officielle ou d'Etat -je ne sais pas encore-, en Argentine le mois prochain).

En sa personne, c'est l'Argentine qui fait son retour au Forum économique mondial après treize ans d'absence, treize années qui correspondent aux trois mandats successifs des Kirchner, mari et femme. Mauricio Macri veut remettre son pays dans une dynamique d'échanges diplomatiques et économiques plus conforme à la position d'une démocratie en paix avec le reste du monde, et il est vrai que la politique extérieure péroniste est traditionnellement marquée du sceau de la méfiance et que son protectionnisme touche à une xénophobie presque arrogante et à coup sûr très déplaisante (2).

Avant de prendre son avion de ligne, pour cause d'abandon de la flotte présidentielle (3), Mauricio Macri a reçu des journalistes de quatre grands titres européens, Le Monde, The Guardian, El País (trois journaux historiquement ancrés à gauche et aujourd'hui convertis à l'économie libérale régulée) et La Stampa (4). Mais aucun journal suisse.. Par ce choix de quotidiens et de compagnie aérienne, il entend sans doute marquer sa considération pour notre continent, lui qui a pourtant fait une bonne partie de ses études aux Etats-Unis.

Cela ne désorientera personne : c'est dans El País que l'interview publiée est la plus complète. Les trois autres quotidiens se contentent d'un compte-rendu plus ou moins succinct. De toute évidence, dans l'actualité d'aujourd'hui, entre l'attentat au Pakistan sitôt après celui du Burkina-Faso, le scandale durable du silence des autorités allemandes sur les événements de Cologne, la mort d'Ettore Scola qui suit de si près celle de David Bowie, l'Argentine est le cadet de leurs soucis, même quand ils obtiennent en exclusivité l'interview d'un nouveau chef d'Etat super-photogénique, qui les reçoit  la Casa Rosada, dans un bureau officiel chargé d'histoire dont lui-même sourit en disant qu'il s'agit plus d'un "musée" que d'un lieu de travail.

Malgré cette relative et regrettable indifférence de notre part, il est possible que dans la presse argentine de cette fin de semaine, on voie fleurir des photos du nouveau Président aux côtés de la reine Máxima des Pays-Bas. Elle participe en effet au Forum économique de Davos, aujourd'hui, demain et vendredi, en sa qualité de promotrice du programme de l'ONU pour la finance au service du développement social, UNSGSA (voir le communiqué de la Maison royale des Pays-Bas, en néerlandais – le site est bilingue, néerlando-anglais). Mauricio Macri n'a pas caché son admiration pour elle : il estime en effet qu'elle est un atout de prestige pour l'Argentine (5).
Autre rencontre politiquement signifiante prévue dans la cité helvétique : celle avec David Cameron. Mauricio Macri a confirmé récemment la position de l'Argentine sur les Malouines : il faut entamer le dialogue avec le Royaume-Uni conformément à une résolution très ancienne de l'ONU, votée après la guerre anglo-argentine d'avril-mai 1982, car l'archipel est bel et bien une terre argentine (6).
En revanche, aucune escale n'est envisagée à Rome pour rencontrer le Pape, autre atout de l'Argentine pour sa projection dans le monde, selon l'analyse du Président.

Photo satellite argentine des Iles Malouines
(photo Instituto Geográfico Nacional)

Du côté de la politique intérieure, quelques signes peu susceptibles d'ambiguïté indiquent à présent que les soupçons de corruption qui pesaient sur de nombreuses organisations kirchneristes n'étaient pas dénués de fondement : à Jujuy, la dirigeante de la très puissante organisation de gauche Tupac Amaru, qui faisait la pluie et le beau temps pour les coopératives de la province, a été écrouée ce week-end sous le coup d'accusations graves dont la nature s'éclaircit peu à peu. Milagro Sala, qui est aussi députée au Parlasur, le parlement de l'UNASUR, aurait détourné d'astronomiques quantités d'argent public pour alimenter un clientélisme électoral acquis au péronisme provincial, qui vient de perdre les commandes après quarante ans de règne incontesté. Elle est en grève de la faim dans sa cellule à San Salvador de Jujuy. Amnesty International vient de lancer un appel en sa faveur mais les coopérateurs qu'elle avait rassemblés sur le parvis du palais provincial depuis un mois, pour exiger le maintien de la politique d'aides sociales et de soutien à l'activité coopérative, ne se bousculent pas pour la défendre. Pire, certains portent même plainte contre elle. La parole semble se libérer et on entend dire qu'elle dirigeait Tupac Amaru d'une main de fer en y faisant régner une terreur mafieuse... Mauricio Macri a donc quelques billes pour défendre sa politique, même si son arrivée au pouvoir est marquée par une mise au pas fort rude, voire brutale, de cette opposition plus que remuante (7).

Il est manifeste que Mauricio Macri a du pain sur la planche pour redonner à son pays le respect de l'opinion publique internationale. C'est à ce genre de détail que l'on voit les dégâts causés par l'enfermement croissant qui a caractérisé les deux dernières années de mandat de Cristina Kirchner.

Cela n'empêche pas Daniel Paz et Rudy de nous faire rire avec leur talent et leur humour habituels à la une de Página/12, en jouant sur une photo que Macri a diffusée récemment sur Twitter : son chien Balcarce (ah, les chiens des présidents !) qui s'est permis l'autre jour de grimper sur le siège du bureau présidentiel (8). Le chien est très ressemblant aussi...

Editions de Página/12 du 20 janvier 2016

Macri (téléphonant à sa vice-présidente, qui, en son absence physique sur le territoire national, assume les charges de chef d'Etat) : Gabriela, je m'en vais à Davos. Tu t'occupes de tout...
Elle (à l'autre bout du fil) : Qu'est-ce que j'ai à faire ?
Macri : Deux choses :virer les gens (9) et prendre soin de Balcarce. Dans ce sens-là, pas dans l'autre.
(Traduction © Denise Anne Clavilier)

Pour aller plus loin :
lire l'interview complète dans El País (Espagne)
lire aussi le communiqué officiel de la Casa Rosada sur le programme présidentiel à Davos (et vous remarquerez que le rédacteur a mis une majuscule au titre de Máxima, alors qu'elle n'est qu'une reine consort et qu'elle ne règne pas en Argentine ! - Il n'a tout de même pas poussé jusqu'à faire précéder le nom d'un S. M. pour Su Majestad mais c'était à deux doigts...).

Ajout du 25 janvier 2016 :
lire l'article de Página/12 sur l'annonce faite par Mauricio Macri de son absence au sommet économique de l'Amérique Latine à Quito.
Pour expliquer son absence, le Président avance son état de santé. Sa côte fissurée ne lui permettrait pas de supporter la haute pression de la très haute altitude de la capitale équatorienne. Le journal de l'opposition ne décolère pas : Davos est aussi en altitude et le journaliste en déduit que le choix du Président est surtout très idéologique, qu'il préfère l'Europe et l'hémisphère nord au continent sud-américain, comme il est de tradition dans la droite argentine (ce qui est une réalité historique mais Davos et Quito, ce n'est pas du tout la même altitude non plus et il se peut qu'enchaîner les deux ne soit pas vraiment indiqué pour un homme qui n'est pas vieux mais enfin, il n'a pas non plus vingt ans !)



(1) Sa qualité d'opposant est contestée par une bonne partie de la gauche péroniste (kirchneriste) puisqu'il est beaucoup plus conciliant que le FpV à l'égard de la nouvelle majorité. Il n'en a pas moins été opposé à Macri et son alliance électorale Cambiemos au premier tour de l'élection présidentielle à la fin du mois d'octobre dernier. Au moment de l'investiture de Mauricio Macri, il avait été convenu que celui qui accompagnerait le président à l'extérieur dans les missions économiques serait son opposant au second tour, Daniel Scioli, l'ex-Gouverneur de la Province de Buenos Aires. L'évasion spectaculaire de trois criminels d'une prison provinciale a mis au jour les ratés de l'administration Scioli et refroidit très vite les bonnes relations que les deux hommes étaient en train de s'efforcer de mettre en place. C'est donc Sergio Massa qui va prendre le bon air des Alpes suisses et non pas Daniel Scioli.
(2) Sans parler de son caractère très contre-productif puisque ça met en échec des tas d'initiatives, y compris culturelles comme on l'a vu depuis huit ans où seuls les artistes kichneristes parvenaient à se présenter officiellement à l'extérieur du pays, comme le récent Salon du Livre de Paris et toutes les Ambassades...
(3) Les trois avions, assez anciens, réclamaient trop de réparation et consommaient trop de budget à cet effet. Qui plus est, le Président ne pouvait pas avec eux atterrir n'importe où car ils pouvaient faire l'objet de saisie pour paiement de la dette nationale auprès de créanciers privés. Un avion Air France ne présente pas le même inconvénient.
(4) Il n'a pas invité La Reppublica, tout de même.
(5) Il n'a pas tort. Elle l'est à coup sûr pour les quelques millions de néerlandophones qui forment une partie non négligeable du Benelux, au cœur de notre continent. La reine Máxima est belle, enjouée, aimable, polyglotte, visiblement acquise à la démocratie et on lui doit au moins la mode des restaurants argentins (tenus le cas échéant par des Pakistanais, mais ne boudons pas notre plaisir) à Amsterdam et dans d'autres villes importantes du pays.
(6) L'archipel des Malouines appartenait à l'Argentine jusqu'en 1833, lorsqu'une escadre de la Royal Navy s'est emparé par la force de ces îles, neuf ans après que le Parlement britannique avait reconnu l'indépendance de la toute jeune Argentine. L'archipel figure toujours sur toutes les cartes du pays conçues, mises en ligne ou imprimées en Argentine.
(7) Pour ma part, je reste très frappée par l'air de libération qui régnait à Buenos Aires le jour de l'investiture sur les visages de la foule en liesse qui débordait sur le parcours présidentiel. Les informations précises qui commencent à arriver viennent confirmer le message que donnait cette foule : le CCK inauguré avant même la réception des travaux et fonctionnant avec des montages financiers complexes et opaques, Radio Nacional et TV Pública qui produisent et diffusent des émissions autour de vedettes les unes surpayées, les autres bénévoles, l'opacité de la gestion de l'AFSCA que trahit la destruction in extremis des archives avant l'arrivée de l'administrateur provisoire envoyé par Hernán Lombardi, les peuples originaires laissés à l'abandon malgré le discours officiel qui valorisait leurs cultures, l'existence d'un plan OrSec jamais mis en œuvre depuis 17 ans malgré la multiplication des catastrophes naturelles au cours de ces années et enfin ce scandale à Jujuy qui survient après la triple évasion qui s'est produite au début de l'année à General Alvear, dans la Province de Buenos Aires, avec des complicités probables dans l'administration pénitentiaire et la police provinciale...
(8) Ces présidents argentins sont bien désinvoltes avec l'histoire. Cristina avait appelé son adorable toutou, un chiot offert par le frère de Hugo Chávez, Simón (en souvenir de Bolívar !) et Mauricio emploie à la même fin le nom du premier chef d'Etat argentin, en 1814, donc avant même la déclaration d'indépendance. Il est vrai que Balcarce est aussi le nom de la rue qui dessert la Casa Rosada et l'adresse de celle-ci.
(9) Allusion aux nombreuses révocations et non reconductions de contrats dans tous les secteurs de l'Etat, soit parce qu'il s'agit de personnels nommés par le Gouvernement sortant pendant la période de transition sans négocation avec le gouvernement élu, soit parce qu'il s'agissait de contrats précaires en soi,soit parce qu'il s'agissait, en tout cas au regard des nouveaux responsables, d'emplois fictifs. Le même phénomène s'est produit au niveau des provinces et des municipalités qui sont passées du FpV à une autre majorité, la plupart du temps celle de Cambiemos (alliance électorale autour de Macri).