vendredi 30 décembre 2016

La justice argentine revient sur la chose jugée [Actu]

Página/12 titre : de l'attentat contre la AMIA à l'attentat contre la Justice
au-dessus du portrait des trois juges formant la première Chambre pénale de la Cour de Cassation
En manchette, en haut, un titre secondaire concernant Milagro Sala (en photo)

Hier, la première chambre pénale de la Cour de Cassation fédérale a choisi de faire droit à la demande de la DAIA (association parapluie de toutes les associations représentatives de la communauté juive nationale) de rouvrir un dossier pourtant définitivement clos, puisque la cause avait déjà passé toutes les étapes de la procédure en étant à chaque fois rejetée pour défaut de fait répréhensible : l'imputation de Cristina Kirchner par feu le procureur Alberto Nisman pour entrave à la justice constituée par sa tentative de conclure un accord d'échanges de procédures judiciaires avec l'Iran, suspecté d'abriter les commanditaires de l'attentat à la voiture piégée contre la AMIA, le 18 juillet 1994 (85 morts et plus de 300 blessés).
Or cette négociation avec l'Iran, qui n'a jamais fait retiré les ordres de capture internationale transmis à Interpol contre les commanditaires potentiels, est restée sans effet puisque l'Iran n'a jamais ratifié aucun accord. En revanche, du côté argentin, le Congrès a examiné le projet d'accord et l'a ratifié, ce qui rend encore plus ubuesque une inculpation pénale de la chef d'Etat. Depuis l'accord ratifié a été déclaré inconstitutionnel par la Cour Suprême fédérale, ce qui en aucun cas ne peut constituer un motif d'inculpation contre qui que ce soit.

C'est un gros coup de tonnerre car il y a deux principes intangibles dans l'Etat de droit :
  • On ne juge pas deux fois les mêmes faits dès lors que tous les recours et délais légaux sont épuisés. ; on ne revient pas sur la chose jugée.
  • La loi n'est pas rétroactive. Les actes doivent être jugés à la lumière de la loi qui était en vigueur au moment où ils ont été commis. Or au moment de la négociation, il n'existait en droit argentin aucune possibilité de jugement par contumace en Argentine et pour juger les commanditaires, il fallait donc pouvoir aller les auditionner en Iran si l'Iran ne voulait pas les livrer (et l'Iran ne les a jamais extradés). La possibilité de juger par contumace a été proposée récemment au Congrès, au cours de cette première année du mandat de Mauricio Macri, sans doute pour remédier à cette difficulté...


La Nación réserve la photo de une à la nouvelle équipe des ministres de l'Economie
voir mon article sur le départ du ministre Prat-Gay
(le physique de Macron, mais les idées nettement plus à droite)
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Il y a fort à parier qu'il va y avoir du sport dans le monde judiciaire argentin dans les jours ou les semaines qui viennent, une fois passée le réveillon de la Saint Sylvestre, et peut-être quelques démissions de juges qui voudront protester (les juges qui démissionnent se reconvertissent ipso facto en avocat, donc leur démission n'a pas le poids qu'elle aurait dans un pays comme la France où la reconversion d'un magistrat prend beaucoup plus de temps).

Le tribunal a fait savoir tôt dans l'après-midi que les juges travaillaient à la rédaction de l'arrêt. On a donc compris à ce moment-là que la Cour de Cassation fédérale rouvrait l'affaire. Dans le cas contraire, elle n'aurait pas eu besoin de longues heures entre ce premier communiqué et la publication (tard hier heure de Paris) du jugement, qui fait 249 pages intégralement publiées sur le site Internet du Centre d'Information Judiciaire (CIJ). La Cour a logiquement décidé d'écarter du dossier les juges qui l'ont déjà eu à en connaître mais la presse prend cette décision comme une sanction, notamment contre le juge Daniel Rafecas, que la droite soupçonne d'être favorable à Cristina (ce qui ne saute pourtant pas aux yeux). En tout cas, dès l'annonce de la réactivation du dossier, le gouvernement n'a pas caché sa joie, ce qui vient au regard de la gauche renforcer le soupçon d'une justice aux ordres, qui changerait d'avis en fonction du gouvernement en place.

Même politique sur Clarín
La photo de une est réservée à un problème social à Buenos Aires
avec des rues à nouveau immondes dans la chaleur de l'été
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Dans la même semaine, Cristina Kirchner a été inculpée de corruption et ses biens ont été mis sous embargo à hauteur de 10.000 millions de pesos (1) (pour éviter leur aliénation et sa fuite), dans l'affaire Lázaro Báez, un promoteur auquel la famille Kirchner a été liée sur le plan économique et sa partisane, Milagro Sala, la dirigeante du mouvement social et révolutionnaire Tupac Amaru, a elle aussi été condamnée à trois ans de prison avec surpris et une forte amende de près de 4.000 $ ARG pour une première série de chefs d'inculpation par la justice provinciale de Jujuy (une condamnation qui couvre l'intégralité de ce qu'il reste à courir du mandat de l'actuel gouverneur).

C'est donc une cataracte d'affaires judiciaires qui tombe sur le camp kirchneriste, qui garde un rôle central dans l'opposition nationale.

Pour en savoir plus sur la réouverture de l'affaire Nisman-Kirchner
Je vous donne ici les liens vers les articles d'hier mais vous pouvez accéder aux journaux et voir sur leurs sites les éditions d'aujourd'hui. Elles sont tout aussi édifiantes.
lire l'article de Página/12 (la rédaction était scandalisée, comme on peut l'imaginer, elle l'est toujours aujourd'hui comme en témoigne la une du journal)
consulter le schéma synthétique que La Nación a publié hier pour représenter l'embrouillamini des allers et retours du dossier entre les différents niveaux de juridiction depuis près de trois ans
lire le communiqué du CIJ qui propose l'intégralité de l'arrêt en format pdf téléchargeable

Pour en savoir plus sur l'inculpation de Cristina Kirchner, qui tombe entre les deux fêtes de fin d'année (2) :
lire l'article de Clarín sur la cascade judiciaire qui tombe sur l'ancienne chef d'Etat (la rédaction se frotte les mains)
lire le communiqué du CIJ de mercredi dernier (avec l'intégralité de l'acte d'inculpation contre Cristina et quelques autres co-inculpés, dont plusieurs ministres)

Pour en savoir plus sur la condamnation de Milagro Sala, qui reste en prison préventive dans le cadre d'autres affaires :
lire l'article de Página/12 (qui la soutient sans l'ombre d'une hésitation)
lire l'article de Clarín aujourd'hui sur l'amende qui a été infligée en plus de la peine de prison avec sursis.



(1) Cela fait beaucoup d'argent pour quelqu'un qui ne se serait pas enrichi pendant ses mandats et ceux de son défunt mari...
(2) Il est tout à fait possible que ce soit volontaire, pour éviter l'organisation de trop grosses manifestations, notamment à Buenos Aires, vidée d'une partie de ses habitants de la classe moyenne partis en vacances, à la mer, à la montagne ou à la campagne)

mardi 27 décembre 2016

Prat-Gay s'en va, Barañao reste [Actu]

Une une à jeu de mot, comme d'habitude :
le titre initial dit : "Pour que rien ne change"
le titre modifié en rouge dit : "Pour que tout continue à empirer"
La photo représente Prat Gay à gauche et Macri à droite
prenant le soleil sur une terrasse de Villa La Angostura,
une agréable station de montagne en Patagonie
où le Président passe ses vacances de fin d'année et où il avait convoqué le ministre
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Coup de tonnerre hier dans le monde politique argentin : alors qu'on savait depuis le 24 décembre que Lino Barañao, le ministre de la Recherche et de la Technologie et ancien physicien de renom international (UBA), restait en poste, après avoir menacé de démissionner si son budget était réduit au-delà du raisonnable, on apprenait au lendemain de Noël que le président Mauricio Macri avait exigé et obtenu la démission du ministre de l'Economie, le peu populaire Alfonso Prat-Gay, dont le ministère est désormais divisé en deux (comme il y a déjà six ministres pour s'occuper des affaires économiques... Plus on est de fous, plus on rit mais tout de même !)

La même photo mais sans jeu de mot
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Il faut d'ailleurs saluer la dignité du jeune ex-ministre, qui a refusé le chapeau à plume que le président lui offrait en guise de prix de consolation : en avançant des raisons personnelles, peut-être bien réelles d'ailleurs, il n'accepte pas le poste diplomatique auquel on avait pensé pour lui.

La Prensa a choisi une photo où les deux hommes marchent dans le jardin
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Les affaires gouvernementales viennent donc donner du grain à moudre aux rédactions qui s'endormaient gentiment pendant que le pays prenait son rythme estival entre les deux fêtes, au milieu des feux d'artifice privés et des bouchons de cidre qui sautent dans tous les foyers.

Comme d'habitude, Clarín préfère le fait divers qui a les honneurs de la photo
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Página/12 profite de l'occasion pour dresser un bilan épouvantable de cette première année de mandat et Cristina Kirchner, qui vient de se voir inculpée dans le dossier crapuleux du promoteur immobilier Lázaro Báez, critique Lino Barañao de trahir ses idéaux – ce à quoi le ministre a répondu en bonne et due forme !

Pour aller plus loin :
sur le départ de Prat-Gay
sur Lino Barañao
lire l'article de Página/12 du 24 décembre
lire l'article de La Nación sur la réponse du ministre aux attaques de l'ex-présidente
lire l'article de Clarín sur le même sujet.

jeudi 22 décembre 2016

Un dernier salut au Congrès de Tucumán [Bicentenaire]


L'Instituto Nacional Belgraniano, centre de recherche et de vulgarisation consacré au général Manuel Belgrano (1770-1820), a envoyé ses vœux il y a quelques jours avec cette carte digitale qui présente un tableau largement apocryphe représentant la session secrète du Congrès de Tucumán où, le 6 juillet 1816, Belgrano vint rendre compte de sa mission diplomatique à Londres et plaider la cause de la monarchie parlementaire comme régime pour le futur pays indépendant.

Comme presque tous les libéraux occidentaux, il s'était converti à la monarchie parlementaire à l'anglaise après la chute de Napoléon et les restaurations françaises, espagnole, portugaise et napolitaine qui avaient été assez catastrophiques pour les droits politiques conquis dans la période précédente tandis que la Grande-Bretagne avait gardé intactes toutes ses institutions politiques et l'ampleur de ses libertés publiques.

On reconnaît Belgrano à gauche : il est debout et il s'exprime, tandis que les députés constituants l'écoutent avec un respect qui n'est peut-être pas tout à fait historique ! Le Congrès de Tucumán n'a pas suivi ses recommandations !

En juillet de cette année, l'INB a tenu un session académique à Tucumán (voir mon article du 2 juillet 2016), pour commémorer cette étape du processus de la déclaration d'indépendance, votée le 9 juillet.

Pour en savoir plus :
l'Instituto Nacional Belgraniano dispose d'un site Internet (très bien documenté) et d'une page Facebook.

Hommage à Michèle Morgan dans la presse argentine [ici]

C'est au surlendemain du décès de l'actrice française que deux journaux argentins rendent hommage à Michèle Morgan : Página/12 et La Nación.


Dans les deux cas, la célèbre réplique de Quai des Brumes est au rendez-vous.

Página/12, très amoureux de notre cinéma populaire, intègre dans son article qu'elle a joué avec Jean Gabin, Gérard Philipe, Gary Grant et Humphrey Bogart.

La Nación est plus succincte comme d'habitude, mais non moins exacte.

Pour aller plus loin :

El Tata Cedrón lance un nouveau disque [Disques & Livres]


Le chanteur, guitariste et compositeur Juan Tata Cedrón a lancé il y a environ un mois un nouveau disque. Il s'agit d'un double album, intitulé Música de Tierra adentro (musique avec de la terre dedans). Il y reprend des classiques du folklore et met en musique des textes de quelques grands poètes, comme le Portugais de la Renaissance, Luis de Camoés, l'Espagnol du Siècle d'Or Francisco Quevedo ou les très argentins Raúl González Tuñón et Leopoldo Marechal, avec de jeunes musiciens pour partenaires, dont les noms figurent sur le devant de la pochette.

Página/12 en profite pour l'interviewer aujourd'hui.
On peut lire aussi la présentation de l'album qui a été publiée sur le blog du Cuarteto Cedrón le 22 novembre dernier.

Coup dur pour l'image du gouvernement : démission retentissante à Aerolineas Argentinas [Actu]

La démission de Isela Costantini a droit à la photo en haut à droite
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Une des icônes de l'alternance au libéralisme de Mauricio Macri jette le gant. Isela Costantini, la très jeune PDG de la compagnie Aerolineas Argentinas, reprise sous le contrôle de l'Etat par Cristina Kirchner il y a huit ans, vient de démissionner en avançant des raisons personnelles. Elle aurait franchi une étape de sa carrière et voudrait passer à autre chose. Un motif qui ne semble pas très convaincant chez une femme brillante et jeune, qui a donc un peu de temps devant elle.

Son départ semblerait être plutôt motivé par une tension grandissante avec le gouvernement qui n'accorde qu'un budget chic à la compagnie nationale. Et a levé l'obligation pour les responsables politiques de voyager sur Aerolineas. Même le Président Macri choisit des compagnies étrangères pour faire des destinations desservies par la compagnie nationale (il vole sur Air France, Iberia ou Allitalia). Qui plus est, le ciel argentin s'ouvre actuellement à des compagnies low-cost et le monopole d'Aerolineas a vécu. Cela va faire baisser les prix, rendre l'avion concurrentiel par rapport aux bus, dont les prix ne cessent d'augmenter (mais vous arrivez dans la ville elle-même), et le train qui promet de s'améliorer notablement. Dernier élément qui rendait difficile la gestion d'Aerolineas : la compagnie n'est pas concernée par la réouverture des liaisons entre l'Argentine et les îles Malouines dont l'accord a été signé avant-hier à Londres. Le moins qu'on puisse dire est que ce panorama n'est pas fait pour donner beaucoup d'espoir au personnel d'Aerolineas, qui avait vu d'un assez mauvais œil l'arrivée au pouvoir d'un libéral qui avait toujours douté du bien-fondé du sauvetage d'Aerolineas par la nationalisation (la compagnie avait été ainsi arrachée des mains du groupe espagnol Marsans, aujourd'hui disparu, qui tentait de la couler pour en faire un coquille vide qu'il aurait utilisée à d'autres fins, dans sa stratégie de holding).

La démission est là encore traitée en haut à droite
La photo du centre est pour les personnels du CONICET
le centre national de la recherche scientifique et technologique,
dont les personnels sont très inquiets des coupes budgétaires sévères
qui s'annoncent pour 2017
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Presque tous les journaux, de droite ou de gauche, font écho aux propos du responsable du syndicat majoritaire à l'intérieur de la Compagnie. Après avoir eu des rapports parfois tendus avec la Direction, l'homme rend hommage à la PDG sortante dont il estime qu'elle a été la meilleure chef d'entreprise qu'Aerolineas a eue depuis une vingtaine d'années. Ce qui n'est pas un mince compliment. Tous les observateurs reconnaissent aussi que son court mandat à la tête de la compagnie a été marqué par une vraie volonté de dialogue, ce qui n'était pas ce que les salariés attendaient d'une personne nommée par Mauricio Macri (ils craignaient une tueuse).

C'est un chef d'entreprise au profil plus classique, de soixante-deux ans, qui lui succède. Il était jusqu'à présent PDG d'une entreprise de fret aérien. Les syndicalistes ne sont pas enchantés.

Pour aller plus loin :
lire l'article de La Nación sur l'absence d'Aerolineas pour desservir les Malouines
lire l'article de La Prensa sur la réaction syndicale
lire l'article de Clarín, qui rapporte lui aussi les regrets du personnel syndiqué

mercredi 21 décembre 2016

Les vœux du Patio de Tango [Coutumes]


Le Patio de Tango est le nom de la milonga qui se tient tous les vendredis soir à la Manzana de las Luces, le grand complexe historique et muséologique de Monserrat.

Ces deux prochains vendredis, il n'y aura pas de bal puisque le musée fermera pour ces fins de semaine de fête.

En revanche, le Patio de Milonga donne rendez-vous aux danseurs dès le mois de janvier. Il n'y a pas de repos pour les braves !

mardi 20 décembre 2016

Comme tous les ans, vacances d'été austral pour Barrio de Tango [ici]

La grande plage de Mar del Plata en plein été !

Comme tous les ans, à quelques jours près, Barrio de Tango entre dans son rythme de l'été austral... C'est une période où l'actualité argentine et uruguayenne se met en sommeil et où j'emploie le temps ainsi récupéré sur mon blog à lancer et faire avancer les chantiers de l'année suivante.

En 2016, je n'ai pas sorti de nouveau livre mais j'ai créé deux nouvelles conférences qui m'ont demandé beaucoup de travail aussi. L'une porte sur la fille et le gendre de San Martín (elle s'adresse surtout au public argentin), l'autre, commandée par le Souvenir Napoléonien, porte sur Francisco de Miranda, le Précurseur de l'Indépendance hispano-américaine. J'ai déjà sur le métier un projet de livre qui réclame une recherche historique considérable, avec à nouveau une dimension plurilingue avec des sources en espagnol, en anglais et en français. La publication de cet ouvrage, qui devrait faire 650 pages, est prévue en janvier ou février 2020. Il y a donc du pain sur la planche et c'est ce à quoi je vais consacrer les mois de janvier et février pendant que les Portègnes se prélassent sur la grande plage de Mar del Plata, qui me sert tous les ans de symbole de vacances australes.

Et comme en Europe, on est en hiver, il est prévu que je participe aussi à trois salons du livre. Le premier se tiendra à Péronne les 20 et 21 janvier, le deuxième à Saint-Mandé (94) les 28 et 29 janvier et le week-end suivant, les 4 et 5 février, je serai à Bourges, dans le très beau palais du Duc Jean de Berry, où je marquerai d'abord et avant tout le bicentenaire de la Traversée des Andes dont les festivités vont commencer à Mendoza, San Juan et San Luis vers le 15 janvier, date anniversaire du départ de l'armée des Andes pour aller libérer le Chili. Le point d'orgue des festivités devrait être le 12 février, à quelques kilomètres de Santiago, sur le champ de bataille de Chacabuco. Autant que faire se peut, j'en rendrai compte sur Barrio de Tango, ainsi que des grands festivals d'été qui vont se dérouler un peu partout en Argentine.


Et je profite de cet article pour annoncer l'arrivée d'un nouveau sigle dans la partie basse de la Colonne de droite, celui de la Maison des Ecrivains et de la Littérature que je viens de rejoindre. C'est à travers ces organismes qu'un écrivain peut se professionnaliser au fur et à mesure qu'il publie et qu'il vend. Outre les services à ses adhérents, la Maison des Ecrivains et de la Littérature (MEL) propose au public des animations culturelles autour de l'écrit, notamment un programme de lectures en établissement scolaire subventionnées par la MEL et payables en droit d'auteur (1) (L'Ami littéraire) et des rencontres avec des écrivains dans les Universités (le Temps des écrivains). La MEL accueille des auteurs qui publient à compte d'éditeur (2), dans les mêmes conditions que les autres institutions professionnelles du secteur, Société des Gens de Lettres, SOFIA, Charte des auteurs et des illustrateurs jeunesse, Centre National du Livre.

Pour en savoir plus :
consulter le site Internet de la Maison des Ecrivains et de la Littérature
consulter le site Internet de la Charte.



(1) Le paiement en droit d'auteur permet de simplifier les opérations comptables pour l'organisateur de la manifestation. C'est une procédure similaire au salariat mais les contributions sociales sont incommensurablement plus simples et moins onéreuses.
(2) Ne peuvent pas être pris en compte ni les auteurs édités à compte d'auteur ni les auteurs auto-édités (dont le nombre a beaucoup augmenté ces dernières années, sous l'influence de l'uberisation de toute l'économie). En effet, en droit, ils sont assimilés à des éditeurs et non à des auteurs. Le mode de rémunération de leur travail et leur protection sociale sont distincts de ceux des auteurs.

samedi 17 décembre 2016

Le décès d'un grand historien : Enrique Mario Mayochi (1928-2016) [Actu]

L'un des ouvrages préfacés par Mayochi,
présenté dans le revers de la première de couverture

Hier à l'aube, le professeur Enrique Mario Mayochi est décédé chez lui, à Buenos Aires, à l'âge de 88 ans. Cet ancien journaliste de La Nación et ancien professeur d'école normale (formation des enseignants) était devenu, il y a déjà de nombreuses années, un historien reconnu, spécialiste des débuts de l'Argentine, la Révolution de Mai 1810 et la lutte pour l'indépendance. On lui doit de nombreux articles et plusieurs ouvrages sur les événements de Mai, le Congrès de Tucumán, le journalisme à l'époque de la Gaceta de Buenos Aires et de l'Argos. Il était membre de plusieurs académies, dont celle du journalisme (Academia Nacional del Periodismo), l'Academia Sanmartiniana (Instituto Nacional Sanmartiniano) et l'Instituto Nacional Belgraniano (pour n'en citer que trois). Bien avant les gouvernements Kirchner, il avait été l'un des rares présidents civils de l'Instituto Nacional Sanmartiniano. Il avait signé plusieurs articles et monographies dans les publications de l'Instituto de Investigaciones Históricas de la Manzana de las Luces, dont le sujet l'intéressait vivement : l'ancienne maison provinciale des jésuites, abandonnée de force en 1767 à la suite de l'édit royal d'expulsion de la Compagnie de Jésus et devenue par la suite imprimerie des Enfants Trouvés (Imprenta de los Niños Expositos) puis siège de la Bibliothèque Publique fondée par Mariano Moreno pendant la Révolution de Mayo puis siège des Archives nationales encore embryonnaires avant d'accueillir le Congrès de Tucumán rapatrié à Buenos Aires, etc. On lui doit en particulier une présentation des tunnels (1) qui relient la Manzana aux grands centres décisionnels coloniaux de l'actuelle Plaza de Mayo qui s'appelait alors Plaza Mayor (le Cabildo, le Fort San Miguel, la cathédrale) qu'il a signé avec mon amie, Ana María Di Consoli, guide culturelle à la Manzana et spécialiste du patrimoine religieux de Buenos Aires. En 1960, déjà très reconnu, il siégea à la Commission pour les cent-soixante ans de la Révolution de Mai.

Sa monographie sur le quartier de Belgrano,
qui fut un village (pueblo) à l'extérieur de Buenos Aires
baptisé du nom du général de la Révolution de Mai
Manuel Belgrano (1770-1820)

Fervent catholique, Mayochi avait présidé la Junta de Historia Eclesiástica Argentina et en dirigea la superbe revue, intitulée Archivum, succédant ainsi au prestigieux et presque légendaire historien jésuite, Guillermo Furlong, qui domine tout ce champ d'investigation en Argentine. Le Dr. Mayochi participait jusqu'à il y a encore peu de temps au jury qui récompensait les ouvrages présentés chaque année à la Feriadel Libro Católico, que dirige l'évêque de La Plata, Monseigneur Héctor Aguer. Il en était à présent membre d'honneur, à l'égal de l'archevêque de Buenos Aires, le cardinal Mario Poli !


Il vivait dans le quartier de Belgrano dont il avait écrit l'histoire de 1855 à 1998 comme membre de la Junta de Estudios Históricos locale, qu'il avait participé à fonder (chaque quartier de Buenos Aires et même chaque commune du pays, ou presque, a ainsi son cercle d'historiens, dont la rigueur méthodologique et l'ambition scientifique varient beaucoup d'un groupe à l'autre).
Depuis plusieurs années, il était très malade et vivait chez lui en hospitalisation à domicile. Il y a deux ans, j'avais failli être reçue car il était toujours le grand manitou du monde sanmartinien mais au matin de l'entrevue, on m'avait appelée pour annuler le rendez-vous : il avait fait un malaise et devait recevoir son médecin. Fin du rêve de connaître une personnalité de premier plan dans la recherche historique en Argentine, l'un des rares auteurs qui cherchait à se dégager de la sempiternelle tentation de l'historiographie dès qu'on aborde le passé national en Argentine.


Ses restes ont été veillés hier et il a été enterré dans un cimetière privé de Pilar, dans le nord de Buenos Aires, ce matin.

La Nación, dont il fut de 1960 à 1995, successivement directeur des archives, chef de rubrique pour la culture et l'éducation et sous-secrétaire de rédaction, lui rend hommage aujourd'hui, le seul quotidien à parler de sa disparition.
En plus de La Nación, une agence de presse a dressé une nécrologie : l'agence confessionnelle liée à la Conférence épiscopale d'Argentine, l'AICA.
C'est bien peu pour cette grande figure qui méritait plus de respect de la part des cercles culturels du pays.

D'ordinaire, dans Barrio de Tango, je ne publie par d'autres articles lorsqu'il y a une disparition. Je fais une exception aujourd'hui parce que le gros refroidissement dont j'ai souffert cette semaine m'a mise en retard sur l'actualité culturelle en Argentine et il me semble que les nouvelles de cette fin de semaine méritent vraiment de ne pas être passées sous silence.

Pour aller plus loin :
lire la notice biographique sur le site Internet de la Academia del Periodismo




(1) Une partie de ces tunnels se visite aujourd'hui. Une autre partie est inaccessible : les lignes de métro qui partent sous Plaza de Mayo ou la traversent sectionnent les tracés de ces anciennes voies souterraines.

Gotan Tropic, l'émission de la télévision communautaire de Villa 31 [à l'affiche]


Gotan Tropic est l'émission qu'un groupe d'artistes très talentueux, mené par Facundo Radice, Patricia Malanca et Gabriel Bartolomei, produit et anime à UrbanaTeVé, la télévision communautaire du Barrio Carlos Mujica dans la Villa 31, le bidonville qui longe le nord de Retiro, de l'autre côté de la gare routière.

L'équipe au grand complet dans son studio de fortune

Aujourd'hui, l'émission compte une dizaine de numéros d'une bonne heure chacun et clôt cette toute première année par une grande fête à la porte du studio, une fête ouverte à tous les habitants avec milonga, concert, récital, de 13h à 15h. Le tout sera retransmis en direct sur les ondes de AM 750, la radio du groupe Octubre, propriétaire de Página/12 et de Caras y Caretas (le nouveau magazine, pas l'original de Fray Mocho d'avant la seconde guerre mondiale).

La cabine technique : un ordinateur, trois écrans plats, une table de mixage
et beaucoup d'huile de coude et de jus de cerveau

L'émission est excellente, vivante, joyeuse et bien sûr militante (et de gauche – c'est difficile qu'il en soit autrement dans le paysage politico-médiatique actuel en Argentine). Son ton est le vrai ton populaire qu'on expérimente dans le monde tanguero de Buenos Aires (en dehors des milongas du centre-ville, qui sont de plus en plus formatées pour attirer les touristes et s'adressent beaucoup moins aux danseurs portègnes). Le débit est celui d'une mitraillette comme d'habitude. Le petit studio est aménagé dans un appartement en étage dans un immeuble de bric et de broc typique de ce type d'agglomération. Parfois la caméra n'a pas assez de recul, le cadrage déraille ou le son disparaît mais il faut voir dans quelles conditions ces techniciens travaillent. Le résultat est émouvant et d'autant plus brillant que ces gens ne se laissent pas vaincre par le manque de moyens : ils y vont, à la guerre comme à la guerre... Et avec du tango d'aujourd'hui, des danseurs qui viennent avec leurs vêtements de tous les jours et pas avec des fringues clinquantes que tant de monde croit indispensable pour danser le tango. Et regardez la belle danse que c'est, simple, inspirée, musicale... Idem pour les instrumentistes et les chanteurs. Un journaliste de Página/12 collabore avec l'équipe, c'est souvent le cas car les rédacteurs du journal sont tous des militants de la culture populaire et ils n'hésitent pas à rejoindre ces projets audacieux qui correspondent en profondeur à leurs convictions politiques et sociales.

Tournage dans le studio, avec vue sur la terrasse en briques brut de décoffrage
et un grand drapeau national dans un coin, comme tout le monde en Argentine !

L'émission devrait reprendre l'année prochaine, en mars, après la rupture de l'été. sur une autre longueur d'ondes hertziennes nouvellement attribuée à la chaîne de télévision, qui optimise les avancées technologiques pour diffuser ses émissions : chaîne Youtube, pages Facebook et utilisation de Whastapp pour sa gratuité.

Le même jour, La Nación propose dans ses Conversaciones une interview vidéo du ministre du développement social de la Ville de Buenos Aires, qui nous dit que la Villa 31 est rentrée dans la normalité et qu'on peut s'y promener comme dans n'importe quel autre coin de la capitale argentine, dans des rues qui se respectent, sur le plan de la sécurité comme sur les autres (1).

Pour aller plus loin :
consulter la page Facebook de l'émission
consulter les pages Idea consacrées à l'émission.
Vous pouvez également écouter l'interview du ministre portègne à La Nación.



(1) Il faut dire aussi que ce n'est pas vraiment difficile vu l'état normal des rues normales dans Buenos Aires : trottoirs défoncés, dalles arrachées ou disjointes, fondrières en tout genre, sauf dans les quartiers huppés, Palermo, Recoleta, Belgrano et le top du top en matière de voirie impeccable, Puerto Madero...

Exposition de Noël à la Abadía [à l'affiche]


Ce samedi 17 décembre 2016, le centre culturel La Abadía, qui est consacré à l'art latino-américain, Gorostiaga 1908, à l'angle avec avenida Luis María Campos, non loin du centre paroissial San Benito Abad, propose une exposition de crèches et d'images pieuses d'origine populaire sur le thème de la Nativité d'Argentine, du Mexique, de Bolivie, du Pérou et du Paraguay. Il s'agit de montrer un Noël du sud, un Noël en été, où les rennes et autres bûches sont un non sens.

Perché sur la barranca de Palermo, l'ancienne berge du fleuve, avant qu'on assèche les deux kilomètres du lit du Río de la Plata où l'eau n'atteignait pas un mètre de profondeur, la Abadía, grand bâtiment rose, est un centre culturel et de recherche privé, ouvert en octobre 2015, dans l'ancien monastère bénédictin de Buenos Aires, à la limite entre les quartiers Palermo et Colegiales, c'est-à-dire dans ce qui était encore il y a moins de deux siècles la campagne, là où l'on pouvait vivre loin du bruit de la ville et qu'appréciaient donc les ordres contemplatifs et les gens aisés (le quartier de Colegiales doit son nom à la maison de campagne du Colegio San Carlos où l'on emmenait les pensionnaires prendre l'air le dimanche et les jours fériés dans les années 1780-1810).

Le musée a repris l'idée des orchestres d'enfants au Maestro Claudio Expector, qui a été, il y a un an, définitivement révoqué de ses fonctions de coordinateur national du programme d'éducation musicale populaire qu'il avait fondée. C'est bien un orchestre de jeunes, mais de jeunes qui ne viennent pas des banlieues défavorisés, qui a trouvé dans l'ancien monastère son port d'attache. Quelle triste destinée que celui de cette belle idée qui ne bénéficie plus maintenant à ceux qui n'ont pas d'accès à l'enseignement de la musique du fait de leur situation sociale mais à des enfants qui peuvent y avoir accès par une multitude de moyens tous à leur porté dans ce quartier hyper-cossu ! Cela ne retire rien à cette superbe exposition...

Aujourd'hui à 17h, dernier des deux ateliers de fabrication de crèche en papier mâché
Joli, non ?

L'exposition, qui rassemble des pièces très fines, parfois naïves, parfois maladroites mais toutes pleine d'une dévotion visible au premier coup d'œil, sera ouverte ce soir à 18h jusqu'au 15 février prochain. L'entrée est libre et gratuite. On demande toutefois aux visiteurs de s'acquitter d'une participation en nature, une boîte de lait entier en poudre qui ira aux centres d'assistance sociale CONIN pour lutter contre la malnutrition infantile dans le Gran Buenos Aires où ces problèmes sont en hausse depuis l'arrivée au pouvoir de Mauricio Macri (c'est l'Eglise qui en fait le triste constat depuis plus de six mois maintenant).

La journée d'ouverture sera suivie demain par une journée solidaire, avec foire d'artisanat des peuples originaires dans les jardins, atelier de céramique, contes oraux et à 17h, un concert du Coro Polifónico de Ciegos (le Chœur polyphonique d'aveugles).

L'exposition est ouverte du mardi au dimanche, de 12h à 20h.

Pour aller plus loin :
se connecter sur la page Facebook de l'institution.

Papel Prensa se conclut par un non-lieu pour les patrons de presse [Actu]

L'article concernant le procès se trouve dans la colonne de gauche
La photo de une est consacrée à une quasi-émeute à Caracas
parce qu'il n'y a plus de billets de banque dans les distributeurs automatiques

C'était le grand scandale politico-crapuleux révélé par Cristina Kirchner en 2010 dans le cadre de sa guerre contre les groupes de presse oligarchiques et les titres Clarín et La Nación : le groupe Clarín se serait emparé pour un prix dérisoire de l'entreprise Papel Prensa, le principal fabricant argentin de papier journal, sous la Dictature militaire, avec l'aide du gouvernement putschiste, la complicité de La Nación, en faisant pression sur la famille propriétaire alors que le père de famille était mort dans un étrange accident de la route.

L'instruction vient d'aboutir à un non lieu pour les principaux inculpés qu'étaient les propriétaires et gestionnaires des deux quotidiens.

Página/12 y voit une concession du juge au pouvoir en place, la rédaction parle de cadeau de Noël pour les inculpés... Si cela est le cas, il faut avouer que le magistrat instructeur aura pris son temps pour faire cette fleur au président. Et puis lorsque la justice se prononce dans un sens qui plaît à Página/12, le journal loue la vertu de l'institution. Le petit jeu devient très agaçant.

Clarín en parle dans les pages intérieures et n'en dit pas mot sur sa une, consacrée à un horrible accident de circulation dans le nord du pays (une une très racoleuse).
La Nación lui consacre un encart à la une mais n'en fait pas son principal sujet. L'un et l'autre auraient pourtant pu crier victoire et en profiter pour vouer une nouvelle fois Cristina aux gémonies. Force est de constater que ce n'est pas le cas, ce qui pourrait bien indiquer que le jugement correspond à la réalité et qu'il s'agissait là d'une opération de propagande qui permettait comme trop souvent à Cristina Kirchner de désigner des ennemis pour déconsidérer son opposition, ce qui était d'autant plus efficace que les patrons de Clarín répondaient à tout cela avec une morgue assez peu sympathique.

Pour aller plus loin :
lire l'article de Página/12, pas content du tout.

vendredi 16 décembre 2016

"Notre Gégé" à la Usina del Arte lundi [à l'affiche]


Gégé va donner une Master Class à la Usina del Arte, lundi 19 décembre 2016, à 11h. Gratuit ! Mais vous pouvez être sûr que les inscriptions sont déjà fermées...

Gérard Depardieu, invité par le gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires, dans le grand centre de spectacles de La Boca ! Au moins, là, on voit à quoi passent les impôts des Portègnes...

Ajout du 17 décembre 2016 :
lire la dépêche de Télam sur la conférence de presse que l'acteur français a tenue dans un hôtel de Buenos Aires, dans la journée du 16 décembre, à son arrivée dans la capitale argentine. Il s'y est présenté comme un autodidacte qui devait beaucoup à la lecture et a qualifié Internet de fabrique d'idiots (ce qui n'est pas faux, vu l'usage qui en est fait actuellement, contre lequel le système éducatif semble bien désarmé).

La nuit des temples : cinquante lieux de culte à visiter demain [à l'affiche]


Demain, samedi 17 décembre 2016, alors que le Vatican fêtera les 80 ans du Pape François, sa ville natale, Buenos Aires, s'offre pour la première fois une nuit des temples (la Noche de los Templos), avec cinquante lieux de culte, chrétiens, juifs, musulmans, bouddhistes et autre, qui ouvrent leurs portes de 19h à 2h du matin pour des visites libres et commentées.

Et il y a beaucoup de choses à découvrir à Buenos Aires dans ce domaine, c'est l'une des villes qui s'est ouverte à la diversité des cultes très tôt, dès les premières années de l'indépendance. C'est ainsi que la cathédrale anglicane, Saint Jean-Baptiste, est la plus ancienne de l'Amérique latine, que la grande synagogue, sur Plaza Lavalle, à quelques pas du Teatro Colón, reste celle de la plus importante communauté juive de l'Amérique hispanique.

L'Université catholique (UCA) se joint à la manifestation avec un concert de l'orchestre de la faculté des Arts et Sciences de la Musique à l'église du Sacré Cœur de Jésus, avenida Alicia M. de Justo 1300.

Les fonds baptismaux seront de la fête, ceux de San Nicolás de Barri où Mariano Moreno, le fondateur de la Bibliothèque Nationale, le grand révolutionnaire qui fut l'une des tout premiers acteurs de la Semaine de Mai 1810, a reçu le baptême, et celle de la basilique María Auxiliadora y San Carlos Borromeo (un vrai bijou architectural), où François a été baptisé le jour de Noël 1936, dans le quartier de Almagro. C'est dans cette église aussi que Carlos Gardel a fait ses premières armes en musique dans la chorale des enfants de l'école que les pères salésiens, qui sont toujours à la tête de la paroisse, avaient cent mètres plus au nord. L'école existe toujours, mais c'est devenu un établissement laïc du réseau d'éducation publique.

Pour aller plus loin :

jeudi 15 décembre 2016

La Semaine des Milongas en ce moment à Buenos Aires [à l'affiche]


L'association des organisateurs de milongas, l'AOM, propose depuis dimanche sa troisième semaine de milongas dans tout Buenos Aires.
Beaucoup de ces milongas seront animées par des musiciens en chair et en os. Plus de soixante lieux participent à cette nouvelle édition.
L'association dispose d'un site Internet où vous pouvez aller découvrir le programme et une page Facebook.

Un méchant refroidissement, attrapé ce week-end sur deux salons du livre successifs, m'a empêché d'annoncer à temps cette belle manifestation.

Lidia Borda présente son nouveau disque au Torquato Tasso [Disques & Livres]


Ce samedi 17 décembre 2016, à 21h, au Centro Cultural Torquato Tasso, Defensa 1575, la chanteuse Lidia Borda présente son premier disque enregistré en public au Teatro Coliseo de Buenos Aires, dans le cadre du Mestiza Festival en 2015.

Cet album offre un mélange de tango et de folklore, une audace de plus en plus fréquente chez les grands musiciens argentins qui, jusqu'à il y a quelques années, gardaient précieusement les frontières entre les genres urbains et ruraux...

A cette occasion, Lidia Borda sera accompagnée par le pianiste Daniel Godfrid, qui assure la direction musicale du récital, le guitariste Ariel Argañaraz, le violoncelliste Luciano Falcón et le contrebassiste Pablo Motta.

Ce sera la seule présentation au titre de l'année 2016 alors que la saison s'achève et que les grandes vacances d'été arrivent dans dix jours.

Pour en savoir plus sur l'artiste, cliquez sur son nom dans le bloc Pour chercher, para buscar, to search, ci-dessus.

Nelly Omar pour la soirée ciné chez Jacqueline [à l'affiche]


Retour sur Barrio de Tango après une interruption due à un sévère refroidissement pour cause de deux salons du livre successifs dans les courants d'air, à Tours samedi (façon stage de survie dans le majestueux mais très frisquet grand hall de la mairie de Tours) et à Neuilly-Plaisance dimanche.

Retrouvons donc Buenos Aires et son actualité...

La chanteuse Jacqueline Sigaut propose sa dernière soirée ciné-tango chez elle, à Palermo, ce dimanche 18 décembre 2016 à 17h. Au programme, un documentaire sur Nelly Omar, si grande chanteuse qu'elle fut surnommée la Cantora Nacional. Elle est décédée le 20 décembre 2013 à Buenos Aires à l'âge de 102 ans (voir mon article du lendemain).

Le film date de 2014, l'année suivant la mort de l'artiste. On le doit à la petite-nièce de Nelly Omar, Teresa Saporiti. Le film, un long métrage, a été réalisé grâce à l'appui de l'INCAA, l'institut du cinéma et de l'audiovisuel argentin. Il n'a pas encore été distribué dans les salles de cinéma. Il a eu une projection publique sur grand écran à Buenos Aires.

Le film dispose d'une brève notice sur le site Internet de la chaîne télévisée de l'INCAA et d'une page Facebook.

vendredi 9 décembre 2016

Hommage à Libertad Lamarque à la Academia Nacional del Tango [à l'affiche]

Libertad Lamarque

Lundi prochain, 12 décembre 2016, à 19h30, la chanteuse María Graña rendra hommage à Libertad Lamarque, chanteuse et actrice qui brilla au firmament des années 1930, 1940 et 1950, avant de devoir s'exiler au Mexique pour des raisons politiques (voir sa fiche avec notice biographique, anecdotes et enregistrements, sur le site encyclopédique Todo Tango).

Libertad Lamarque a été la marraine artistique de María Graña qui racontera les moments clés de la vie et de la carrière de cette grande artiste en bavardant avec Gabriel Soria.

Des extraits de films tournés au Mexique, jamais montrés en Argentine, illustreront la soirée.


En clôture de la rencontre, María Graña interprétera la chanson la plus célèbre du répertoire de Libertad Lamarque, Besos Brujos (baisers ensorcelés), et sera accompagnée au piano par Pablo Estigarribia.

Entrée libre et gratuite, à la Academia Nacional del Tango, avenida de Mayo 833, 1er étage.

* * *

Pendant ce week-end, il n'y aura pas de publication sur Barrio de Tango pour cause de salon du livre, samedi à Tours et dimanche à Neuilly-Plaisance, où je vous retrouve avec plaisir pour parler de tango, d'histoire et de folklore.

jeudi 8 décembre 2016

Milonga à la Manzana [à l'affiche]


Ce vendredi 9 décembre 2016, comme tous les vendredis de l'année de travail, le musée national de la Manzana de las Luces accueille la milonga Patrio de Tango, animée par la Orquesta Típica Cambio de Frente, de 21h à minuit, avec des cours ouverts de milonga à 18h et de tango à 19h30.

Entrée par la rue Perú à la hauteur du 272.

La soirée a lieu qu'il pleuve ou qu'il vente !

Entrée libre et gratuite avec participation au chapeau (la recette est destinée à payer les musiciens).

Pour aller plus loin :
consulter la page Facebook de la  manifestation.

La fin d'année se laisse voir ! [à l'affiche]


Dernier récital de la saison pour le chanteur Alfredo Piro, ce soir, jeudi 8 décembre 2016, à 21h, au CAFF, Sánchez de Bustamante 764, sous le titre de Chansons d'occasion (Canciones usadas).

En Argentine, la saison prend fin à Noël quand commence les grandes vacances d'été.

lundi 5 décembre 2016

Une semaine entière sous le signe du tango au CCK [à l'affiche]


Le Centro Cultural Kirchner (CCK), qui dépend du ministère des médias et contenus publics au niveau national, propose tout au long de la semaine, de demain mardi jusqu'à dimanche 11 décembre 2016, un large programme de concerts instrumentaux, de récitals de chanteurs et chanteuses (Amelita Baltar, María Graña et Raúl Lavié, excusez du peu), cours de danse et grande milonga de clôture le 11 à partir de 18h.

Comme toujours, il faut retenir ses places à l'avance, dans des conditions qui ne sont guère commodes pour les gens soumis à des horaires de bureau, ce qui est la majorité de la population à Buenos Aires.

Dimanche marquera la date traditionnelle du Día nacional del Tango et, malgré l'organisation déplorable des réservations, c'est une bonne chose qu'un centre culturel national de cette taille et de ce prestige s'associe amplement aux célébrations. Ce n'était pas vraiment le cas sous les gouvernements de Néstor et Cristina Kirchner.

Pour connaître l'intégralité du programme, consulter le site Internet du CCK.

Ce matin, Página/12 commente l'événement dans un article court où la rédaction a réussi à glisser des critiques de la politique économique du gouvernement. Ce n'est pas que ce soit faux (les milongas ont été fortement impactées par l'augmentation soudaine de l'énergie) (1) mais ça ne leur arracherait pas ni plume ni la rotative de reconnaître que l'initiative du CCK va plutôt dans le bon sens !


Il est probable que je ne pourrai pas publier les mardi et mercredi 6 et 7 décembre. Pendant ces deux jours, je suis en réunion à la Société des Gens de Lettres.
Donc pas de mise à jour de Barrio de Tango,
sauf événement majeur lié à l'actualité argentine ou uruguayenne.



(1) En fait, l'énergie (électricité et gaz) était fortement subventionnée, tout comme l'eau. On pouvait arriver à une facture de 50 ou 60 $ ARG (moins de 5 €) pour deux mois pour un particulier. Et il n'y a pas de différence de tarification entre particuliers et entreprises. Ce qui explique l'emploi disproportionné de l'électricité ou du gaz (il faut voir les Argentins mettre et remettre la bouilloire sur le feu pour se servir l'eau chaude du mate au lieu d'employer une bouteille thermos comme font les Uruguayens ou comme nous-mêmes le ferions en Europe pour le même usage) et le gâchis de l'eau. A Buenos Aires en particulier, il y a des fuites d'eau partout et tout le temps, des robinets qui gouttent dans la cuisine comme dans la salle de bain, des chasses d'eau qui ne se remplissent jamais, etc.