mercredi 14 juin 2017

Un tout nouveau Museo Casa Carlos Gardel [Actu]

Le patio de la maison, où il était habituel d'organiser des concerts
Il était débordant de couleurs comme le sont les patios des maisons vivantes
Il semble que les couleurs crème et beige dominent désormais,
un décor qui n'existe nulle part chez les vrais gens à Buenos Aires

Demain, jeudi 15 juin 2017, à 18h30, le gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires préside à la réouverture du Museo Casa Carlos Gardel, qui s'est passé chez le chirurgien esthétique. Il était fermé depuis dix-huit derniers mois pour travaux.

Le musée, installé dans la maison personnelle de l'artiste, dans le quartier de l'Abasto, rue Jean Jaurés, a été doté de nouveaux moyens interactifs, parmi lesquels des écouteurs en usage libre pour entendre plus de huit enregistrements effectués par Carlos Gardel tout au long de sa courte vie (il est décédé à 45 ans, dans un accident d'aviation, le 24 juin 1935). Les nouvelles technologies font leur entrée au musée.

Ce que les médias montrent aujourd'hui de la nouvelle muséographie indique la disparition du décor domestique qui caractérisait ce lieu, à juste titre, puisque Gardel et sa mère y avaient vécu dans l'intimité et avec les allées et venues des amis. C'est même dans cette maison que la vieille dame, déchirée par la mort précoce de ce fils unique adoré, a rendu le dernier soupir... Dans l'ancienne disposition, on sentait vivre les personnalités qui étaient venus là en visite amicale ou pour des séances de travail intense : les poètes Enrique Cadícamo et Celedonio Flores, le comédien Tito Lusiardo, le jockey uruguayen Irineo Leguisamo, qui conduisit à la victoire Lunático, le cheval de Gardel, et enfin, le partenaire des deux dernières années, l'auteur de Volver, Alfredo Le Pera, qui mourut avec lui dans le même avion.

Il faudra aller voir ce qu'il en est quand je serai à Buenos Aires en août. Toutefois la première impression est triste : le lieu semble avoir été aseptisé, il est tiré à quatre épingles et comme embourgeoisé, à mille lieues du caractère populaire et spontané qui est celui du tango net de la maîtresse des lieux, l'âme du Zorzal Criollo...

Vous trouvez ça gai ? Ecouter de la musique debout face à un mur saumon ?

Pour cette occasion très festive, une soirée musicale est organisée avec les chanteurs Sandra Luna et Oscar Lajad, accompagnés par Federico Mizrahi au piano, et le Quinteto Julián Hermida.

Entrée libre et gratuite, Jean Jaurés 735.

Deux autres musées municipaux vont maintenant passer sous le scalpel du chirurgien. Pourvu que ce soit plus inspiré !

Pour en savoir plus :
lire l'article de La Nación

Ajout du 15 juin 2017 :
le petit reportage photo de Clarín, endeuillé ce matin par la disparition de sa PDG, semblerait confirmer mon impression. Un musée qui a perdu son caractère domestique et intimiste. Un lieu dont l'âme du Gardel faubourien a été chassée au profit d'une muséographie à l'européenne, qui ne convient pas et qui, de ce fait, devient pédante.