C’est quelque chose qui ne plaît pas à tout le monde là-bas (le machisme argentin, ce n’est pas des blagues), mais qui existe, se maintient et même se développe envers et contre tout (1). Ce festival, iconoclaste à plaisir et à rebrousse-poil des stéréotypes populaires, se déroule depuis hier 7 décembre et jusqu’au dimanche 13, un peu partout dans le centre de Buenos Aires, avec une fête finale et champêtre à Tigre, dans le Delta du Paraná, au nord-ouest de la capitale argentine (voir la promenade du dimanche 30 août dernier et les photos que j’en ai rapportées dans ce blog au mois de septembre). Et si ce festival s’appelle queer, c’est par anglicisme : queer en anglais, c’est "bizarre". A New York et dans quelques villes plus tolérantes et cosmopolites que d’autres aux Etats-Unis, l’adjectif désigne tout ce qui est homosexuel d’une manière un peu moins agressive, voire plus amicale, que d’autres termes, franchement injurieux...
Hier lundi, a eu lieu à 22 h le cocktail d’inauguration avec un Café Concert à Bien Porteño, une salle très en vogue de l’avenue Rivadavia (au n° 1392), avec, entre autres, la chanteuse Lucrecia Merico, que mes lecteurs connaissent bien, venue chanter quelques tangos reos qu’elle chante d’ordinaire avec Valeria Shapira (reportez-vous à mes articles sur ces deux artistes et leur spectacle, Las Minas del Tango Reo).
Ce soir, mardi 8 décembre, à 22h, c’est la fête d’ouverture, avec un bal à la Milonga Tango Queer, haut lieu du tango homosexuel de la rue Perú 571 en plein micro-centro portègne, avec le groupe d’électrotango Debayres (là aussi, ça plaît ou ça ne plaît pas, la plupart des passionnés de tango dénient l’appartenance au genre à ce type de musique assistée par ordinateur).
Demain, rendez-vous dans l’autre haut lieu du tango gay, la milonga La Marshall, dans la rue Maipú 444, là encore dans le centre de Buenos Aires. Au programme, des démonstrations du couple de danseurs Aurora Lubiz et Luciano Bastos (je vous ai quelques fois parlé de la Maestra Aurora Lubiz, récemment parce qu’elle est aussi au Festival Bailemos Tango, qui se tient cette semaine dans un hôtel 5 étoiles de San Telmo et il y a plus longtemps parce que je suis ses cours à la Escuela de Tango Argentino lorsque je me trouve moi-même à Buenos Aires).
Jeudi 10 décembre, à 23h : nuit de gala dans la prestigieuse Confitería La Ideal, à ne pas manquer avec son décor fleurdelysé en hommage à la femme du premier propriétaire, qui était française (Suipacha 380, au 1er étage). Il y aura un orchestre : Los Reyes del Tango, une formation instrumentale qui reproduit le style de Juan D’Arienzo.
Le Festival fête lui aussi en plein air le Día nacional del Tango, vendredi soir, avec une pratique, des démonstrations et un spectacle de... flamenco, au 2450 de la rue Perón.
Retour le lendemain à 23 h pour une nuit de clôture à Bien Porteño et le surlendemain tout se terminera par des chansons par un dimanche au bord de l’eau, toute une journée en plein air à Tigre, agrémentée d’un déjeuner dans l’une des îles du Delta, pour lequel il est impératif de réserver et au plus tôt via le site, multilingue, du Festival.
(1) Même Mauricio Macri, dont le gouvernement, celui de la ville autonome de Buenos Aires, soutient le développement du tourisme homosexuel de luxe dans la capitale argentine, où se construit à Puerto Madero un hôtel 5 étoiles dont on dit qu’il sera réservé à une clientèle gay et lesbienne (!), a finalement fait machine arrière sur. Il a fait appel de l’autorisation judiciaire donnée à un couple d’hommes pour se marier à Buenos Aires et l’affaire est repartie pour un tour.