La compagnie d’aviation Air Comet, appartenant au groupe de tourisme espagnol Marsans, vient de se faire interdire de vol par un tribunal britannique à cause d’une dette de 27 millions de dollars (rien que ça) dont 20 à l’égard d’une banque allemande pour l’achat d’une partie de sa flotte (un total de 16 avions) et le reste à son personnel.
Il y a 18 mois, le Gouvernement argentin a pris une décision d’expropriation pour récupérer la compagnie Aerolineas Argentinas, qui était alors une filiale de Marsans et une partenaire indissociable d’Air Comet en matière d’exploitation des dessertes aériennes. Le groupe Marsans avait, comme je l’ai raconté à l’aide de la presse argentine, littéralement dépouillé Aerolineas, qui n’avait plus de flotte propre ni de simulateur de vol pour la formation de ses pilotes, et dépendait donc complètement de sociétés tiers pour son exploitation (leasing des aéronefs, externalisation de la formation continue des personnels navigants, etc.). Marsans avait laissé aussi une ardoise fiscale plus qu’impressionnante à l’aéroport d’immatriculation de la flotte Aerolineas (celui d’Ezeiza, l’aéroport international de Buenos Aires) et à la Province de Buenos Aires, à laquelle il n’a jamais payé un sou vaillant d’impôt sur son chiffre d’affaires...
La liaison Madrid-Buenos Aires vient donc de perdre 6 vols aller-retour par semaine. Les passagers qui avaient des billets pour les jours qui viennent en seront sans doute pour leurs frais, car il serait surprenant qu’Air Comet, qui devrait être déclarée en cessation de paiement demain, puisse rediriger ses clients sur des vols d’autres compagnies (cela coûte très cher), qui plus est en cette période de fête où tous les avions sont pleins. Et le blocage au sol des avions dans de telles circonstances n'est évidemment pas un bonne nouvelle pour les passagers qui avaient choisi cette compagnie, sans pouvoir imaginer cette fin imminente. Et comment ne pas penser aussi et plus encore aux salariés d'Air Comet, déjà payés avec un lance-pierre depuis quelques temps, et désormais en plus menacés de chômage, à quelques jours de Noël ?
En revanche, c’est de l’espace libre qui s’ouvre à nouveau pour Aerolineas et la confirmation que, quoi qu’en aient dit les esprits chagrins depuis le début de cette difficile nationalisation de cette société, et même si cela a déjà coûté beaucoup d’argent à l’Argentine, le Gouvernement de Cristina Kirchner a sans doute bigrement bien fait de remettre la main sur la compagnie nationale privatisée en 1992 par le président Carlos Menem, avant qu’elle ne sombre avec son ex-société-soeur.
Pour aller plus loin :
(Re)lire l’ensemble de mes articles sur Aerolineas Argentinas et sa complexe renationalisation à partir de juillet 2008.
Lire l’article de Clarín daté d'hier.