Le Sénat argentin vient d’approuver la loi qui abaisse la majorité de l’âge de 21 ans à celui de 18 ans. Normalement, en Argentine, la survenue de la majorité d’un enfant libère ses parents de leur devoir d’assistance économique envers lui. Dès lors que l’enfant a 21 ans, les parents n’ont plus l’obligation de pouvoir à ses besoins. Et d’ailleurs les allocations familiales, la seule forme de d’aide financière aux particuliers qui existe en Argentine, cessent d’être versées dès ce moment-là (1), sans qu’il soit possible, comme c’est le cas en Europe, d’en prolonger le versement en fournissant à la caisse de prestations sociales (2) un certificat d’inscription de cet enfant majeur dans une école ou une université.
Comme dans la situation concrète qui est celle d’une très grande majorité de la population argentine, les enfants à 18 ans sont loin d’être autonomes, la nouvelle loi prévoit qu’à titre exceptionnel, l’obligation faite aux parents de pourvoir aux besoins matériels de leur enfant s’étend jusqu’au 21ème anniversaire de celui-ci. Donc pendant trois ans, les jeunes gens pourront faire ce qu’ils veulent (voyager, signer des contrats, ne rien faire) sans avoir à rendre de compte à leurs parents ("je suis majeur") tout en gardant chez eux le gîte et le couvert. C’est aussi la situation de très nombreuses familles en Europe, à ceci près que dans la plupart de nos pays, sur le Vieux Continent, le devoir d’assistance entre parents et enfants ne connaît pas de limite dans le temps et qu’il est réciproque, ces dispositions ayant été prises à une époque où les pensions de retraite n’existaient pas pour les vieux travailleurs et où les enfants en âge de travailler prenaient soin des parents devenus trop âgés pour gagner leur vie.
(1) Sauf si l’enfant est handicapé. Dans ce cas, il n’y a pas de limite de temps au versement des allocations familiales en Argentine. J'ai déjà écrit dans Barrio de Tango plusieurs articles à ce sujet.
(2) Ceci valant pour les allocations familiales, qui la plupart du temps varient en fonction du nombre d’enfants, les familles les plus nombreuses étant les plus dotées, et surtout pour le maintien de l’enfant, quelque soit la taille de la famille, sous le régime de couverture médicale (remboursement de tous les frais de santé, médicaments, recours au médecin, hospitalisation, prothèses) dont bénéficient les parents ou l’un des parents.