On sait maintenant pourquoi Mauricio Macri, le très controversé Chef du Gouvernement de la Ville Autonome de Buenos Aires, a coupé sa moustache au début de l'hiver ! Cela devait piquer Madame...
Le 31 août, il a annoncé son prochain mariage avec Juliana dans un magazine people, Gente, dont la couverture, que je vous ai rapportée de Buenos Aires, vous indiquera d’elle-même, ci-dessus, le haut niveau intellectuel. Les noces seront célébrées dans la très belle propriété de ce cher Mauricio que les deux tourtereaux, en parfaits imitateurs du couple présidentiel français, ont fait visiter (enfin, les jardins seulement !) aux photographes de presse.
Je passe sur ces clichés qui rappellent les images sirupeuses des propriétés de Berverly Hills vues par les séries télévisées de Hollywood. Je vous épargne le texte si niaiseux qu’on hésiterait à le lire même dans une salle d’attente. C'est à peu près la même chose que chez nous, en peut-être un tout petit peu pire si c’est possible. Bref, une lamentable démagogie.
Ce genre de racolage fait bien entendu rire l'opposition qui fait feu de tout bois pour rappeler les nombreuses casseroles de Macri depuis qu’il est aux commandes de la ville de Buenos Aires, des casseroles si nombreuses et si bruyantes que les invités (triés sur le volet) de la noce pourront les accrocher au parechoc de la voiture des amoureux, avec l’inévitable et discrète pancarte "Just Married", lorsqu'ils partiront en lune de miel à la mode anglo-saxonne...
Au lendemain de l'effondrement de ce bar de Palermo, qui fit 2 morts (voir mon article du 11 septembre 2010), alors qu’au lieu de revenir dare-dare à Buenos Aires, secouée par le tragique accident, Macri continuait impavidement sa tournée des capitales européennes (il était alors à Rome).
Macri : Regarde-moi le Colisée... A quoi ça sert, tu peux me dire ? Toute cette ville tombe en ruine. Ici, on ne lui dit rien, au Chef du Gouvernement ?
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Le 13 septembre, alors que le scandale de Palermo continue à nourrir les conversations partout en ville.
La femme : Des bâtiments qui s'écroulent, des lycées occupés, la bagarre avec son père (1), des problèmes avec la justice...
Le mari : Oui, et alors ?
La femme : Et si tout ça, pour Mauricio, c'était des excuses pour pas se marier ?
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Le 15, après le nouvel accident cardiaque subi le week-end précédent par Néstor Kichner, son adversaire politique majeur (rappelons que Página/12 est un quotidien foncièrement kichneriste) :
Macri : Kirchner n'aurait pas de problème de santé s'il faisait comme moi !
Le journaliste : comment ça ?
Macri : Réfléchissez... Un bistrot qui s'écroule. Est-ce que j'annule ma ballade en Europe ? Non. La sérénité avant tout.
(Traduction Denise Anne Clavilier)
Enfin, hier, dimanche 19 septembre, Daniel Paz et Rudy s’en payaient encore une louche en mélangeant tout façon cocktail (voyons si vous saurez seuls, sans recourir aux notes, identifier ce à quoi ils font référence) :
L’observateur à l’arrière-plan : Macri veut maintenir une bonne relation avec l’Eglise.
Macri (au téléphone portable (2). Pour votre gouverne, en Argentine, on dit celular) : Vous l’ai-je dit, Monseigneur ? Je vais me marier...
L’évêque au bout du fil (3) : Ah oui ?
Macri : avec une femme, bien sûr ! (4) (5)
(Traduction Denise Anne Clavilier)
(1) Les lycées occupés : allusion aux mouvements récurrents d’élèves et de professeurs qui manifestent contre l'abandon de l'école publique, tant au point de vue matériel qu'au point de vue social et économique. La bagarre avec son père est une allusion aux mésententes familiales qui se jouent surtout à la tête du groupe industriel et commercial et incidemment à certains propos du père qui contribuent délibérément à discréditer politiquement le fils.
(2) L’usage inconsidéré de Twitter, pour saisir un juge en juillet dernier, dans l’affaire du panneau géant (lire mon article du 2 juillet 2010) ou pour envoyer ses condoléances depuis Rome à deux familles endeuillées (lire mon article du 11 septembre 2010)
(3) On peut bien entendu faire de nombreuses conjectures sur l’identité de cet anonyme Monseigneur. Mais étant donné qu’on est sur Página/12, on peut légitimement penser et sans trop de risque d’erreur qu’il s’agit de Monseigneur Bergoglio, archevêque de Buenos Aires et primat d’Argentine, et accessoirement, bête noire mitrée de la rédaction.
(4) Voir la première réaction de Mauricio Macri (très favorable, il s’est repris après pour ne pas perdre son éléctorat) à un premier arrêt de justice prononcé par un juge portègne en faveur d’un mariage entre deux hommes, et ce, avant le vote d’une loi instituant le mariage entre personnes de même sexe pour l’ensemble du territoire en juilet dernier. Sur la réaction de Macri à l'’arrêt de la justice portègne, voir mon article du 2 février 2010, lorsqu'il a annoncé son intention de se présenter à l'élection présidentielle de 2011. Sur le vote de la loi du matrimonio igualitario comme on l’appelle là-bas, voir mon article du 15 juillet 2010.
(5) Ce matin, Paz et Rudy ont tous les deux remis le couvert avec le dessin de une. On y voit un représentant du Gouvernement portègne se défendre devant un journaliste qui lui tend un micro : "Comment, on ne prend pas de mesure ? Désormais, le casque sera obligatoire..." Le journaliste : "en moto ?" Le type : "à l’école, au gymnase, au resto et dans tous les lieux qui se casser la figure..."