L'hémicycle hier soir, au moment du vote, sous les applaudissement du public, à la tribune.
En dernière lecture, la Chambre des Députés de la République Orientale de l'Uruguay vient de voter que les crimes commis sous la dernière dictature (1973-1985) étaient désormais imprescriptibles. Le vote intervient in extremis puisque, selon la loi uruguayenne jusqu'à hier, ces crimes auraient été prescrits le 1er novembre de cette année, dans quelques jours.
En dernière lecture, la Chambre des Députés de la République Orientale de l'Uruguay vient de voter que les crimes commis sous la dernière dictature (1973-1985) étaient désormais imprescriptibles. Le vote intervient in extremis puisque, selon la loi uruguayenne jusqu'à hier, ces crimes auraient été prescrits le 1er novembre de cette année, dans quelques jours.
Au début de l'année, un verdict de la Cour Interaméricaine des Droits de l'Homme (CIDH), dont l'Uruguay est l'un des membres, avait condamné la petite république pour le caractère illégal de sa loi d'amnistie, dite Ley de Caducidad, votée en mars 1985, au moment de la passation des pouvoirs de la Junte au président démocrate. A plusieurs reprises, le gouvernement uruguayen avait tenté, ces dernières années, de faire abroger cette loi et avait échoué.
Cette fois-ci, l'abrogation est passée. Après un débat de 12 heures, à 2h15 ce matin, par 50 voix pour, sur les 91 députés présents. Seuls ont voté pour les élus du Frente Amplio, qui forment tout juste la majorité à la Chambre. L'ensemble des représentants de l'opposition sont restés sur leur ligne, le maintien de l'amnistie.
Un peu plus tôt dans la semaine, Bordabery, le fils de l'un des anciens dictateurs, l'un des ténors de l'opposition, arrivé en 3ème position au premier tour de l'élection présidentielle en 2009, avait lancé un dernier baroud en déclarant publiquement sa conviction que le Frente Amplio ferait un coup d'Etat pour se maintenir au pouvoir en cas de défaite à la prochaine élection présidentielle, prenant appui pour cela sur la réaction plus que malvenue du FA aux déclarations belliqueuses inconsidérées de l'ancien Présidente Tabaré Vázquez, qui a finalement décidé de se retirer définitivement de la vie politique (voir mon article du 16 octobre 2011 à ce propos). Mais Bordabery, qui ne risque rien personnellement et dont l'histoire a déjà jugé le défunt père, n'a obtenu que de déclencher une très large protestation, dans tout le spectre politique du pays, bien au-delà du Frente Amplio.
Cette victoire de la démocratie et des droits de l'homme du côté oriental des fleuves Uruguay et Río de la Plata, intervient le jour même où, sur l'autre rive, du côté argentin, les premiers bourreaux de l'ESMA, un centre de détention de la dictature de 1976-1983, sont condamnés à perpétuité.
Pour aller plus loin :
lire l'article de La República (dont le site Internet s'appelle depuis quelques jours La Red 21)
lire l'article de El País (le quotidien de Montevideo, et non celui, homonyme, de Madrid)
lire l'article de Página/12 (Argentine)
lire l'article de Clarín (Argentine)
lire l'article de La Nación (Argentine)