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lundi 14 novembre 2011

Don Quichotte en quechua [Disques & Livres]

Ce soir, lundi 14 novembre 2011, à 18h, se tiendra à la Casa del Bicentenario, Riobamba 985, dans le quartier de la Recoleta, la présentation d'un livre constitué de larges extraits du roman de Cervantes en langue quicha, la variante locale d'une langue indienne largement répandue, telle qu'elle est parlée dans la Province de Santiago del Estero (1). Dans cette Province, la langue quichua compte environ 60 000 locuteurs et elle est aussi utilisée par un nombre indéterminé de personnes qui ont immigré vers ou à Buenos Aires, comme c'est le cas de beaucoup d'habitants de l'intérieur parris vers la capitale à la recherche d'un travail.

Le livre a été tiré à 300 exemplaires pour cette première édition, par un amoureux du livre qui ne manque pas d'audace, Javier Merás, ancien agent de voyage qui a préféré se consacrer à sa passion de la littérature en créant, en particulier, une singulière librairie en ligne (à travers Amazon et Ebay), spécialisée dans les ouvrages de niche et autres curiosités bibliographiques à tirage confidentiel, Los injunables. Le même éditeur avait déjà publié en micro-format un Petit Prince de Saint-Exupéry dans cette même langue indienne du centre du sous-continent.

Deux hommes se sont mis à la tâche pour relever ce défi, doublement difficile : le traducteur Gabriel Torem et le correcteur Vitu Barraza. En effet, le Quijote présente des particularités littéraires carabinées, Cervantes ayant délibérément utilisé une langue et des tournures très archaïsantes pour ses propres contemporains et décrivant une société, qui elle-même n'existait déjà plus dans l'Espagne du 16ème siècle et dont l'équivalent indien n'est pas simple à identifier.

Certes, il existait déjà bien une traduction en quechua des aventures du chevalier à la triste figure, Alonso Quijano, et de son fidèle écuyer, Sancho Panza, mais elle date de 2005 et elle est sortie au Pérou, dans une variante linguistique qui est parlée dans la région de Cuzco, sous ce nom qui nous est un peu plus familier de "quechua", davantage une marque commerciale pour nous qu'une culture contemporaine.

Quelques uns des 300 livres imprimés sont encore en vente à Clásica y Moderna, la librairie du bar notable où, en ce mois de novembre, les Portègnes peuvent applaudir Amelita Baltar et Horacio Molina tous les samedis soir (Callao 892). Mais il n'en reste déjà plus que très peu sur le marché, les volumes s'étant arrachés très rapidement entre les quelques passionnés que ce pari pouvait intéresser d'emblée. Aussi l'éditeur prépare-t-il une réimpression d'ici quelques jours car il compte bien ne pas s'arrêter en si bon chemin. Après tout, les livres sont faits pour être lus !



Pour en savoir plus :
lire l'article de Página/12 qui a interviewé l'éditeur de ce jour

(1) A titre d'information, c'est dans cette province du nord-ouest de l'Argentine que le poète Homero Manzi, l'auteur du texte de Barrio de Tango (musique de Aníbal Troilo), est né le 1er novembre 1907.