En
février, les chaînes de la grande distribution avaient
signé un accord suscité par le Gouvernement pour geler
les prix à la consommation en l'état de leurs linéaires
à la date de la signature (voir mon article du 5 février 2013). La mesure arrivait à échéance dimanche 31
mars. Toutes les entreprises du secteur, y compris les supérettes
indépendantes dites supermercados chinos et les distributeurs
d'équipements de la maison, avaient adhéré au
programme. Il vient d'être prolongé pour deux mois,
assurant aux clients une stabilité des prix jusqu'à la
fin du mois de mai. Et cette mesure semble avoir été
efficace puisqu'au cours du mois de février, l'inflation
n'aurait été que de 0,55%, ce qui n'est rien pour un
pays à l'économie aussi ravagée que l'Argentine.
Du
coup, le Gouvernement peut aussi lancer une nouvelle carte de crédit
qui permettra aux clients des différentes enseignes de grande
distribution d'accumuler des points en fonction de leurs achats. Ce
sera la même carte pour tout le monde puisqu'en Argentine, la
gestion de la dette oblige le Gouvernement à contrôler
toute émission de monnaie et le crédit privé en
fait partie. Ce nouvel instrument de paiement, doté d'un
plafond de 3 000 pesos (c'est très haut) et d'un encours
de crédit de 1 000 pesos, a été baptisée
la Supercard et va remplacer différents programmes bancaires
en partenariat avec les enseignes pour encourager la consommation
grâce à des points de fidélité et des
facilités de paiement sur compte courant.
Comme
d'habitude, Página/12 encense la réussite du
Gouvernement (avec une inflation de "super" en une) tandis que Clarín se cherche des tas de raisons
pour faire la tête et bouder dans son coin et que La Nación
enfile un beau paquet d'articles nous permettant de nous faire une
idée du processus qui s'est joué (la négociation
a commencé le 9 mars), avec l'analyse de l'opposition
nationale. Détail amusant : Página/12 fait son premier
article sur la Supercard et le second sur le maintien du gel des
prix. Clarín parle des mêmes sujets mais dans l'ordre
inverse...
Dans
un premier temps, la carte ne sera acceptée que dans les
enseignes des grandes chaînes : Carrefour, Wallmart, Disco,
Coto, Jumbo, Dia% (marque Casino dans les pays hispanophones), etc.
Pour eux, c'est l'assurance de voir baisser le paiement par carte
bancaire des grandes marques internationales (Visa, Mastercard) qui
leur valent des commissions très élevées et très
variables d'une enseigne à l'autre, et ces différences de frais de gestion supportés par les uns et les autres crée une
distorsion de la concurrence non négligeable. Dans un second temps, les enseignes
d'équipement de la maison se joindront au programme.
La
Supercard entrera en vigueur après les vacances de Semaine
Sainte (en Argentine, les jeudi et vendredi saints sont fériés
comme le samedi et le dimanche, un très long week-end qui
favorise les réunions familiales et le tourisme intérieur).
Página/12
ajoute sur ce thème l'annonce de la parution du nouvel indice
de suivi des prix élaboré par l'INDEC (l'institut
national des statistiques et du recensement), un indice qu'il fallait
impérativement toiletté parce que son maintien donnait
des résultats trop éloignés des impressions du
public et participait à la mauvaise réputation de
l'institut. On verra si cela change quelque chose. En tout cas, le
maintien du gel des prix est une bonne nouvelle, en particulier pour
les Portègnes et les banlieusards, menacés par la
hausse démentielle du voyage en métro dans la capitale
(voir mon article d'hier).
Pour
en savoir plus :
lire
l'article de Página/12 sur la Supercard
lire
l'article de Página/12 sur le gel des prix
lire
l'article de Clarín sur la Supercard
lire
l'article de Clarín sur le gel des prix
lire
les articles de La Nación sur la Supercard
lire
aussi l'article de Página/12 sur le nouvel indice de l'INDEC