François et Verón (de dos) au Vatican il y a quelques jours |
Le prochain Match pour la Paix (football), une manifestation née en Israël, au bénéfice
d'une fondation voulue par le Pape François pour développer des
projets éducatifs, Scholas Occurentes, se jouera le 10 juillet à La
Plata, en Argentine, en lieu et place du 29 mai à Rome, cette
dernière date ayant été annulée à cause de l'agenda chargée de plusieurs
joueurs internationaux qui devaient participer à la rencontre. La date n'a pas été choisie par hasard : elle sera comme un signe d'amitié du Pape au lendemain des 200 ans de la déclaration d'indépendance.
C'est un cadeau que le
Pape fait à son pays d'origine, dont il avait été dit et espéré
qu'il pourrait y faire une visite pastorale cette année. C'est aussi
un signe de bonne volonté et de dialogue maintenue avec le Pro, qui
dirige la province de Buenos Aires depuis les élections de décembre
dernier.
Le Gouvernement a annoncé
ce matin un don de 16 millions de pesos à la fondation pontificale
en signe de remerciement pour ce geste du Pape. C'est en effet la
première fois depuis la création du match en 2013 qu'il se
disputera en Amérique du Sud. Il dirigera donc les regards du monde
sur la capitale de la province de Buenos Aires, grande ville
universitaire et candidate au patrimoine mondial de l'Unesco pour sa
conception datant de 1882 et sa cathédrale néo-gothique typique de
ce mouvement architecturale en Argentine (voir mon article du 16 mars 2015).
Extrait de L'Osservatore Romano, daté des 30 et 31 mai 2016 cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Un bon nombre de
quotidiens se sont fait l'écho de la nouvelle, qui calme les esprits
après les déclarations et les attitudes, quelque peu offensives et
offensantes, que le Gouvernement a multipliées depuis deux semaines,
depuis qu'on a appris l'audience accordée à Hebe de Bonafini (voir mon article du 28 mai 2016), avec
un point culminant le 26 mai (voir mon article du 26 mai 2016), quand les dirigeants du pays ont
annoncé des décisions qui contredisaient leurs belles paroles de la
veille, selon lesquelles ils étaient à 100% d'accord avec le
cardinal-primat d'Argentine alors qu'ils faisaient exactement
l'inverse de ce qu'il venait de suggérer.
Aussitôt après la très
controversée militante des droits de l'homme, c'est le président du Club Estudiantes, une ancienne vedette du ballon rond, Juan Sebastián
Verón, que le Pape a reçu et auquel il a remis le ballon qui
servira au match. Puis il a aussi reçu en audience privée le
président de la jeunesse PRO, qui l'a assuré que le Pro n'était
pas la droite (ah bon !) et s'est empressé de démentir certaines des
affirmations les plus polémiques de Hebe de Bonafini vendredi
dernier (1).
Les journaux de droite
font assaut d'articles apaisants après avoir jeté de l'huile sur le
feu dans les jours qui avaient suivi la fête nationale.
Pour aller plus loin :
sur le Match de la Paix
lire l'article de Clarín
lire l'article de Ole,
complément sportif de La Nación
lire la dépêche de Télam
lire l'article de La Nación sur le don de 16 millions de pesos à Scholas Occurtentes
lire la dépêche de Télam
sur le sujet
sur les arguments déployés
pour pacifier le ton autour du Pape
lire l'entrefilet de La Prensa qui rapporte l'analyse de Eduardo Valdés, ancien ambassadeur
argentin au Saint Siège et actuel député péroniste au Parlasur
lire l'entrefilet de La Prensa sur l'audience accordée au président des jeunes Pro
Ajout du 13 juin 2016 :
lire cet article de Página/12 qui explique que la fondation Scholas Ocurrentes a refusé, sur ordre du Pape, le don de 16 millions décidé par Mauricio Macri. Le Pape estime en effet qu'en acceptant ce don, il contribuerait à diviser les Argentins. Scholas n'est pas une ONG comme une autre, c'est une fondation du Pape qui ne peut pas être acheté par le gouvernement de son pays natal. Página/12 se situant dans l'opposition, l'article n'est pas un modèle d'impartialité. Hier, le quotidien en a fait la une de son édition dominicale.
Ajouts du 17 juin 2016 :
lire cet article de Página/12 sur une lettre du Pape à ses collaborateurs de Scholas qui a fuité dans un média italien spécialisé sur le Vatican (cette lettre était confidentielle, elle n'avait pas été écrite pour être publiée). Le Pape y explique sa défiance vis-à-vis des dons officiels et d'un montant important, qui pourraient faire glisser l'organisme récipiendaire dans la participation involontaire à des actes de corruption. Il est possible que ce qui aura irrité le Saint-Père soit un don d'argent public à un moment de politique de rigueur dont les plus pauvres souffrent beaucoup en Argentine et non pas un don d'argent privé, sur décision d'un homme d'Etat qui a une importante fortune personnelle.
Il est même possible que le match soit simplement annulé.
lire l'article de La Nación
lire l'article de La Prensa
lire l'article de Clarín
Ajout du 13 juin 2016 :
lire cet article de Página/12 qui explique que la fondation Scholas Ocurrentes a refusé, sur ordre du Pape, le don de 16 millions décidé par Mauricio Macri. Le Pape estime en effet qu'en acceptant ce don, il contribuerait à diviser les Argentins. Scholas n'est pas une ONG comme une autre, c'est une fondation du Pape qui ne peut pas être acheté par le gouvernement de son pays natal. Página/12 se situant dans l'opposition, l'article n'est pas un modèle d'impartialité. Hier, le quotidien en a fait la une de son édition dominicale.
Ajouts du 17 juin 2016 :
lire cet article de Página/12 sur une lettre du Pape à ses collaborateurs de Scholas qui a fuité dans un média italien spécialisé sur le Vatican (cette lettre était confidentielle, elle n'avait pas été écrite pour être publiée). Le Pape y explique sa défiance vis-à-vis des dons officiels et d'un montant important, qui pourraient faire glisser l'organisme récipiendaire dans la participation involontaire à des actes de corruption. Il est possible que ce qui aura irrité le Saint-Père soit un don d'argent public à un moment de politique de rigueur dont les plus pauvres souffrent beaucoup en Argentine et non pas un don d'argent privé, sur décision d'un homme d'Etat qui a une importante fortune personnelle.
Il est même possible que le match soit simplement annulé.
lire l'article de La Nación
lire l'article de La Prensa
lire l'article de Clarín
Ajout du 25 juin 2016 :
Fin de partie : le Pape a annoncé dans l'avion qui l'emmenait en Arménie qu'il avait donné l'ordre d'annuler le Match pour la Paix pour que la fondation ne prenne pas le risque de la moindre corruption. Lire à ce propos cet article de Clarín. Il n'y aura donc pas de geste du Saint Père pour marquer le bicentenaire de la déclaration d'indépendance de son pays natal. Il faut croire que les soupçons étaient importants et il est vrai que la fédération argentine de football est maintenant dans le collimateur de la justice.
(1) Elle avait en effet
prétendu que le Pape pensait que l'Argentine se trouvait dans le
même état qu'en septembre 1955, juste après le coup d'Etat qui
avait renversé Perón. Une déclaration qui allait beaucoup trop
dans le sens de Bonafini pour être crédible, quelque soit ce que
pense le Saint Père à titre personnel. Il n'est pas assez bête
pour lui avoir dit cela avec une telle netteté.