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vendredi 30 novembre 2018

Faire jouer la Libertadores au Bernabéu : l’humiliation suprême Actu]

Une du quotidien sportif argentin Olé
"P... de m... Finale à Madrid"
Dans le développement de son gros titre
le quotidien fait en toutes lettres l'interprétation historico-symbolique :
"La Conmebol a décidé que River et Boca joueraient la Coupe
(Conquistadores ?) sur le terrain du Real Madrid,
avec des suporters des deux équipes. Un échec de l'Argentine"

La Conmebol, la fédération sud-américaine du football, a rendu son verdict : le match retour de la finale de la Copa Libertadores se jouera le dimanche 9 décembre, à 19h30 (heure locale), à Madrid, au stade Sebastián Bernabéu, entre les deux équipes argentines, dont la fédération a jugé que leur pays était incapable d’assurer la sécurité de la rencontre… Peut-on infliger plus cinglante humiliation aux Argentins qui continuent à vibrer comme un seul homme aux enjeux de décolonisation économique et culturelle, deux cents ans après avoir déclaré son indépendance de l’Espagne, de son roi et de toutes les autres puissances étrangères ? Comble de l’humiliation, cette décision tombe en plein milieu de la rencontre au sommet du G20, devant une bonne partie de l’Europe et en présence de pays émergents eux aussi décolonisés, comme le Brésil et l’Afrique du Sud !

En bas : "un châtiment mérité", dit le second gros titre
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Même le président Mauricio Macri, pourtant assez peu doué pour défendre l’orgueilleuse susceptibilité indépendantiste de son pays, a piqué une colère noire en plein G20 contre cette décision des instances footeuses, qu’il connaît bien puisque il a été pendant des années le président du Boca Juniors (c’était avant qu’il se lance dans la politique partisane et qu’il pose sa candidature au parlement puis à des charges exécutives).

En haut en manchette : le grand duel sera à Madrid
En espagnol, duelo veut dire "duel" mais aussi "douleur morale", "deuil"
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Et El Diez, D10S, Diego Maradona, s'est fendu d'une bordée d'injures à l'attention des dirigeants de son sport et de son métier.

Par ailleurs, la Conmebol contingente la capacité de représentation des deux clubs concurrents et sanctionne (ce qui est juste, au regard de la jurisprudence ordinaire de la FIFA) le club de River Plate, dont les supporters (ou supposés tels) sont à l’origine des émeutes qui ont empêché que le match se joue au Monumental.

Chaque équipe ne pourra envoyer en Espagne que 70 personnes en tout et pour tout, toutes catégories comprises (présidence du club, techniciens, soigneurs, médecins et joueurs, qui devront supporter la différence thermique entre le début d'été plutôt chaud de Buenos Aires et l'hiver glacial du plateau continental où est plantée la capitale espagnole). La fédération argentine ne pourra envoyer que 20 représentants (pour une finale du la Libertadores, c’est peu).

En manchette, en haut, sur toute la largeur
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River Club est condamné à une amende de 400.000 dollars US et à deux matchs de compétition officielle à huis clos.

Aucun des deux clubs n’est satisfait de cette décision. Boca Juniors ira jouer mais a rendu publique son intention de faire appel.

Et que dire des supporters qui devront débourser des sommes considérables pour prendre l’avion sans délai pour se rendre à Madrid, où ni le logement ni le stade ne sont gratuits !

Pour en savoir plus :
lire l’article de La Prensa (qui estime la sanction méritée)
lire l’article de La Nación sur l’échec du football argentin
lire l’article de La Nación sur la patriotique colère du président Macri pendant la réception officielle du G20.

Ajout du 2 décembre 2018 :
lire cette analyse de Página/12 qui enfonce le clou en parlant de la Coupe des Conquistadors d'Amérique à Madrid. Il faut avouer que le choix est vraiment suffoquant de la part d'une instance qui siège à Asunción !
lire cet article de La Prensa sur le recours judiciaire interposé par River Plate contre le transfert de la rencontre à Madrid. Le club se dit gravement offensé. Et avec juste raison, même si ce sont des personnes portant ses couleurs qui sont à l'origine de cette décision ;
lire cet article de Clarín pour qui, malgré tous les recours de la terre, le transfert est irrévocable et les places du Bernabéu sont déjà en vente
lire cet article de La Nación qui, depuis Madrid, montre que les madrilènes sont assez peu enthousiastes à l'idée de recevoir la rencontre sportive portègne dans leur ville

Ajout du 4 décembre 2018 :
lire cet article de Página/12 sur l'appui apporté désormais par Mauricio Macri au dépaysement du match, à la suite d'une agression qu'a subie Gianni Infantino, le président de la FIFA, au salon de thé du stade Monumental (il s'est fait cracher dessus). Mauricio Macri aurait argumenté que ce crachat était pire que le jet de projectiles (subi par le bus de son ancienne équipe, Boca Juniors).

Ajout du 5 décembre 2018 :
lire cet article de La Prensa sur les deux vols que Aerolineas Argentinas, la compagnie nationale toujours publique, affrète entre Buenos Aires et Madrid pour emmener les supporters.