Le
président Mauricio Macri vient d'annoncer que, conformément au
programme politique qu'il avait lancé à la rentrée de mars
dernier, le Campo de Mayo, un domaine militaire, au nord-ouest de
Buenos Aires, où ont fonctionné quatre centres de détention
clandestine sous la dernière dictature militaire, sera transformé
en un parc public urbain, dans une zone déjà fort bien lotie en
matière de grands espaces verts, grâce au delta du Paraná qui
s'apprête à se jeter dans le Río de la Plata. L'installation des
forces armées sur ce domaine de 8.000 hectares remonte à 1901,
l'époque où cette région de la banlieue chic de Buenos Aires a
connu son plein développement résidentiel pour familles
patriciennes des plus huppées.
L'idée
de convertir en parc naturel ce lieu où l'on a torturé, assassiné,
volé des bébés à leur naissance, avait rassemblé contre elle
toutes les associations de victimes de la dictature : Abuelas,
Madres, H.I.J.O.S, Familiares, etc.
Elle
se fera sans passer par le Congrès, en évitant donc un débat très
conflictuel. Le parc restera sous la responsabilité du ministère de
la Défense. Il sera censé bénéficier à 10 millions d'habitants
du Gran Buenos Aires, mais c'est une fiction : les pauvres, qui
habitent le sud, n'auront pas les moyens de faire tout ce chemin pour
aller se balader dans un parc situé à plus de 40 km de chez eux.
Página/12,
très attaché à la mémoire des victimes de la dictature, s'en
étrangle.
La
Prensa, beaucoup moins sensibles à ce passé sanglant, raconte la
cérémonie au cours de laquelle le président, en compagnie de
quelques ministres, a fait son petit effet devant les autorités
militaires rassemblées en affirmant que les Argentins étaient tous
d'accord sur le thème de l'écologie. Ce qui est faux : il n'y
a qu'à voir les querelles que déclenchent l'usage des pesticides !
Et l'habillage écologique ne marchera jamais devant les partisans
des droits de l'homme.
Et
pour l'occasion, on a vu réapparaître le très discret, quasi-transparent, inodore et incolore (gouvernementalement parlant) Secrétaire d'Etat à l'Ecologie, le rabbin Sergio
Bergman avec son habituelle kippa multicolore.
Pour
aller plus loin :
lire
le communiqué officiel de la Casa Rosada.
Ajout du 23 novembre 2018 :
lire le communiqué de presse de Abuelas de Plaza de Mayo, qui exprime l'opposition du collectif à la conversion du domaine en espace vert de loisir.
Ajout du 23 novembre 2018 :
lire le communiqué de presse de Abuelas de Plaza de Mayo, qui exprime l'opposition du collectif à la conversion du domaine en espace vert de loisir.