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jeudi 1 octobre 2020

Mafalda est orpheline [Actu]

Toute la une occupée par un dessin de Rep
qui se passe de traduction

Quino (diminutif de Joaquín, son prénom) avait 88 ans. Hier matin, il est mort dans un hôpital de Mendoza, où il avait été admis il y a quelques jours après un AVC.


Tous les journaux mainstream partagent leur une
entre la disparition de Quino et le nouveau taux de pauvreté
(ce que je commenterai demain).
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La nouvelle est si touchante qu’elle a même été répercutée dans notre Europe qui a su apprécier les albums de Mafalda, écolière perspicace et insolente de San Telmo pendant la Guerre froide dans une Argentine écrasée par une censure très sévère qui étouffait la presse et l’édition. Dans ces conditions difficiles, Mafalda fait preuve d’une vision très critique du monde dans lequel elle vit, une vision qui appartient à la même veine que celle des poètes du tango qui ont créé le répertoire littéraire du genre dans des circonstances historiques similaires.


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Quino était né à Mendoza en 1932. Il y sera incinéré aujourd’hui, conformément à sa volonté. Dans les années 1960 et 1970, il s’était établi à Buenos Aires, dans le quartier sud de San Telmo, ce qui fait que Mafalda y habite elle aussi, faisant du quartier un lieu emblématique de la classe moyenne, ce qu’il est resté jusqu’à aujourd’hui, malgré les assauts d’un tourisme qui tend, comme partout et tout le temps, à le dénaturer.


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Depuis hier, les hommages pleuvent dans la presse argentine.

Tous les quotidiens consacrent de nombreux articles au grand artiste disparu.

Parmi les hommages les plus poignants, ceux de Miguel Rep, qui se considère comme un disciple du maître et voyait en lui un second père. Ce matin, sa vignette du jour pour Página/12 est un rectangle blanc, sans même une signature. Même Clarín publie un article à l’émotion qu’exprime le dessinateur du journal ennemi !


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Par décision du gouvernement, ce jour est un jour de deuil national pour toute l’Argentine.

Pour aller plus loin :

sur les sites Internet des quotidiens hier :
lire l’article principal de Página/12 qui publie l’entretien entre Quino et Miguel Rep lorsque le premier a fêté ses quatre-vingts ans
lire l’article de Página/12 sur les quinze phrases de Mafalda que le quotidien de gauche considère comme toujours d’actualité
lire l’article de Clarín sur l’hommage rendu par Miguel Rep

dans les éditions de ce jour
lire l’entrefilet de Página/12 sur les premières cases où apparaît Mafalda en 1964 (le producteur et animateur radiophonique et télévisuel Nolo Correa m’a raconté hier soir qu’il avait été l’un des tout premiers à voir ces dessins puisque Quino et lui se croisaient alors à la rédaction du même journal)
lire l’article principal de Los Andes, l’un des deux principaux quotidiens de Mendoza
lire le décret officiel qui fait de ce 1er octobre un jour de deuil national.

Ajout du 3 octobre 2020 :
L'humoriste Rudy vient de publier sur le site Internet de Página/12 une réflexion personnelle sur "ce qui est urgent et ce qui est important, où il cite une vignette de Mafalda qui s'interroge sur le devoir de "chercher les racines de ce qui est national".