"Le petit dictateur", dit le gros titre pastichant le titre original du film (The Great Dictator) Ok, c'est facile... mais c'est efficace Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
A la suite de l’arrêt de la cour de Cassation confirmant la condamnation de Cristina Kirchner pour corruption dans la complexe affaire dite des voies publiques de Santa Cruz, Javier Mileí a supprimé les deux pensions dont jouit Cristina. L’une lui est due au titre de son veuvage d’un ancien président. L’autre est liée à ses deux mandats présidentiels qui ont suivi celui de son époux.
Ces pensions sont établies par
la loi, elles trouvent leur origine dans l’élection du président
et leur existence est justifiée par le fait que tant le président
que la Première dame perdent leur activité professionnelle (quand
les épouses en ont une) pendant la durée du mandat. Ces pensions
sont par ailleurs généreuses comme le sont généralement les
indemnités électives en Argentine.
Tout en haut à gauche, avec une photo de Cristina : "Il était temps !" dit le titre Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Le président n’a pas
compétence pour retirer ce type de pension à un bénéficiaire. La
seule institution qui peut procéder à cette privation, c’est le
Congrès mais uniquement à l’issue d’une procédure de
destitution (juicio
político), qui ne
peut exister que pendant le mandat de l’intéressé. Or les mandats
générateurs de ces droits sont achevés et ni elle ni lui n’a été
destitué. Il n’est donc pas possible de retirer le bénéfice de
ces pensions à Cristina, d’autant qu’aucune confiscation de ses
biens ou de ses revenus n’est mentionnée dans le jugement qui la
condamne.
Quoi qu’on pense de Cristina, qui se serait grandie en renonçant par exemple à la pension de réversion plutôt que de tout cumuler (ça fait mauvais genre), sachant que par ailleurs, elle ne manque pas de revenus et que de surcroît, depuis son départ de la Casa Rosada, elle n’a presque jamais cessé d’exercer de nouveaux mandats indemnisés, la décision présidentielle est parfaitement illégale et illégitime même si Mileí s’en vante auprès de qui veut bien l’écouter !
Cela n’empêche pas la presse
de droite de se réjouir de cette mesure délibérément humiliante
pour sa puissante adversaire politique et la presse de gauche,
essentiellement Página/12,
de crier au scandale.
"Mileí a annulé la retraite présidentielle de Cristina : Tout ne se vaut pas", proclame le gros titre avec en dessous cette photo à Mar-a-Lago Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
A noter que la veuve de Carlos Menem touche elle aussi la pension de réversion liée au mandat de son époux. Le fait que ce président néolibéral vénéré par Mileí avait été multi-condamné ne trouble nullement son actuel adorateur à la Casa Rosada. Il n’est pas question de priver la veuve de quoi que ce soit.
"On retire les retraites présidentielles à Cristina et elle déclare que c'est illégal", dit le gros titre Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Après cette décision pour le moins contestable, le couple présidentiel, Mileí et sa sœur, se sont envolés pour Mar-a-Lago, où ils ont passé une soirée festive avec Trump et Elon Musk, entourés de leurs familles respectives, dans les décors clinquants de la résidence privée du président-élu. Tout ce joli monde d’apprentis-dictateurs est en train de comploter contre les politiques internationales pour limiter le réchauffement de la planète et contre la COP qui se tient actuellement (sans espoir d’accord pertinent) à Bakou.
Pour aller plus loin :
lire l’article de Clarín
lire l’article de La Nación