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"La marée", proclame le gros titre ce matin Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Comme, au vu de la dégradation
spectaculaire de la situation socio-économique d’une majorité
d’Argentins, on pouvait l’imaginer et d’aucuns l’espérait
fermement, les élections locales dans la Province de Buenos Aires
ont marqué un échec indéniable de LLA, le parti libertarien du
président Javier Mileí, et une victoire retentissante de Fuerza
patria, l’alliance électorale des péronistes de gauche, tous
courants confondus, rassemblés sous l’autorité du gouverneur de
la province, Axel Kiciloff, qui fut ministre sous la présidence de
Cristina Kirchner.
Fuerza Patria (Force patrie, Courage Patrie ou
Vas-y Patrie) a obtenu près de 50 % des voix tandis que LLA
n’en a recueilli qu’un tout petit peu plus que 30 %.
L’extrême-gauche arrache elle aussi 5 %, ce qui fait basculer
la province majoritairement à gauche, pour une politique sociale de
redistribution des richesses entre les habitants du pays.
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"Le péronisme a écrasé Mileí, qui doit redéfinir sa stratégie pour octobre", dit le gros titre au-dessus d'une photo de Kiciloff après la victoire Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
L’écart est si fort que Mileí
a été obligé de reconnaître sa défaite, une concession
exceptionnelle chez lui, ce qui ne l’a pas empêché de déclarer,
tout gonflé de sa suffisance, qu’il continuerait la même
politique en en accentuant encore le caractère dérégulateur,
anti-social et anti-étatique qui a poussé les électeurs à voter
pour les représentants de l’opposition. Entre ces promesses
outrecuidantes et les soupçons solidement constitués de corruption
qui touchent depuis environ un mois sa sœur, tout à la fois
Première dame et principale collaboratrice politique du chef de
l’État, il est probable que le président argentin se prépare une
nouvelle déroute lors des élections générales de mi-mandat qui se
tiendront dans un mois.
Pourtant, cette fois-ci, les Bonaerenses se sont très peu mobilisés. C’est même la participation la plus faible depuis le retour à la démocratie en 1983 : 60,9 % du corps électoral. Malgré la sévérité de la crise dans laquelle Mileí a plongé le pays, il y a donc sans doute d’une part un peuple de droite qui n’y croit plus et qui sans doute n’apprécie pas l’auto-dissolution de la droite libérale dans le bougli-bougla libertaire d’un Mileí et d’autre part un peuple de gauche qui n’a pas complètement perdu l’espoir de reconquérir la démocratie et de reconstruire un État social qui constitue le rêve de la gauche argentine depuis 1916, date de l’élection du premier président de gauche, Hipólito Yrigoyen, lors de la première élection du président au suffrage universel, établi en 1912.
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"Ecrasant", dit le gros titre de l'édition locale de Página/12 Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Mileí s’était efforcé ces trois dernières semaines à transformer ce scrutin en un plébiscite sur sa petite personne, en multipliant les provocations à la violence dans ses prétendus meetings électoraux. Il a perdu. L’épouse de Kiciloff a bien résumé le personnage : « Le président n’a que haine pour mon mari parce qu’il est tout ce qu’il aimerait être sans y parvenir ».
Pour aller plus loin :
lire l’article de La Prensa
Attention : les articles et les Unes ont été publiés très tôt ce matin alors que le dépouillement était encore en cours et les chiffres définitifs toujours inconnus.