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lundi 8 septembre 2025

Une baffe de première pour Javier [Actu]

"La marée", proclame le gros titre ce matin
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Comme, au vu de la dégradation spectaculaire de la situation socio-économique d’une majorité d’Argentins, on pouvait l’imaginer et d’aucuns l’espérait fermement, les élections locales dans la Province de Buenos Aires ont marqué un échec indéniable de LLA, le parti libertarien du président Javier Mileí, et une victoire retentissante de Fuerza patria, l’alliance électorale des péronistes de gauche, tous courants confondus, rassemblés sous l’autorité du gouverneur de la province, Axel Kiciloff, qui fut ministre sous la présidence de Cristina Kirchner.

"Et le grand vainqueur est..." titre La Prensa
comme si ce résultat était celui d'un jeu télévisé
La Prensa est très hostile à Kiciloff.
Visiblement, elle lui préfère la vulgarité et la cruauté
systématiques de Mileí. Or ce quotidien est celui
de la droite catholique réactionnaire et passablement chauvine

Fuerza Patria (Force patrie, Courage Patrie ou Vas-y Patrie) a obtenu près de 50 % des voix tandis que LLA n’en a recueilli qu’un tout petit peu plus que 30 %. L’extrême-gauche arrache elle aussi 5 %, ce qui fait basculer la province majoritairement à gauche, pour une politique sociale de redistribution des richesses entre les habitants du pays.

"Le péronisme a écrasé Mileí, qui doit redéfinir
sa stratégie pour octobre", dit le gros titre
au-dessus d'une photo de Kiciloff après la victoire
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L’écart est si fort que Mileí a été obligé de reconnaître sa défaite, une concession exceptionnelle chez lui, ce qui ne l’a pas empêché de déclarer, tout gonflé de sa suffisance, qu’il continuerait la même politique en en accentuant encore le caractère dérégulateur, anti-social et anti-étatique qui a poussé les électeurs à voter pour les représentants de l’opposition. Entre ces promesses outrecuidantes et les soupçons solidement constitués de corruption qui touchent depuis environ un mois sa sœur, tout à la fois Première dame et principale collaboratrice politique du chef de l’État, il est probable que le président argentin se prépare une nouvelle déroute lors des élections générales de mi-mandat qui se tiendront dans un mois.

"Cruelle défaite du gouvernement face au PJ [les péronistes] :
Mileí confirme son plan économique", dit le gros titre
au-dessus de la photo des deux QG politiques
à gauche : autour de Kiciloff,
à droite : autour de Mileí
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Pourtant, cette fois-ci, les Bonaerenses se sont très peu mobilisés. C’est même la participation la plus faible depuis le retour à la démocratie en 1983 : 60,9 % du corps électoral. Malgré la sévérité de la crise dans laquelle Mileí a plongé le pays, il y a donc sans doute d’une part un peuple de droite qui n’y croit plus et qui sans doute n’apprécie pas l’auto-dissolution de la droite libérale dans le bougli-bougla libertaire d’un Mileí et d’autre part un peuple de gauche qui n’a pas complètement perdu l’espoir de reconquérir la démocratie et de reconstruire un État social qui constitue le rêve de la gauche argentine depuis 1916, date de l’élection du premier président de gauche, Hipólito Yrigoyen, lors de la première élection du président au suffrage universel, établi en 1912.


"Ecrasant", dit le gros titre de l'édition locale
de Página/12
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Mileí s’était efforcé ces trois dernières semaines à transformer ce scrutin en un plébiscite sur sa petite personne, en multipliant les provocations à la violence dans ses prétendus meetings électoraux. Il a perdu. L’épouse de Kiciloff a bien résumé le personnage : « Le président n’a que haine pour mon mari parce qu’il est tout ce qu’il aimerait être sans y parvenir ».

© Denise Anne Clavilier


Pour aller plus loin :

lire l’article principal de Página/12 (édition nationale)

Attention : les articles et les Unes ont été publiés très tôt ce matin alors que le dépouillement était encore en cours et les chiffres définitifs toujours inconnus.