Le violoniste de tango Pablo Agri, un grand musicien et professeur de violon dont j’ai déjà parlé dans ces colonnes (voir sous ce lien), s’est fait voler, dans une station service Esso de Buenos Aires, le 25 mars dernier à 8h du matin, son violon, c'est-à-dire son outil de travail. L'un des mails qui a relayé l'appel qu'il lui-même a lancé dit qu'il s'agit du violon de son père, Antonio Agri, né en 1932 à Rosario et décédé le 17 octobre 1998. Antonio Agri fut un des plus grands violonistes de tango de tous les temps et a appartenu au Quinteto Nuevo Tango d’Astor Piazzolla...
Dans les heures qui ont suivi l'appel de Pablo Agri, la solidarité tanguera s’est mise en branle et les mails ont commencé à circuler à grande échelle, un peu partout, de continent en continent, pour que soient avertis tous les musiciens, les luthiers, les brocanteurs, les antiquaires, les tenanciers de dépôt-vente (les fameux cambalaches de Buenos Aires), les amateurs de beaux objets, les collectionneurs susceptibles de l'acheter, des caractéristiques de l’instrument :
L’étui, tout d’abord, qui est facile à reconnaître : il est en forme d’empanada (l’empanada, c’est ce chausson fourré, frit ou cuit au four, en forme de demi-lune dont raffolent les Argentins et les Espagnols, qui l’ont inventé, et la plupart des hispanophones sous n’importe quelle latitude).
Le violon lui-même porte une marque qui l’identifie clairement : au fond de la caisse de résonance, près du manche, on peut lire 4 lettres pyrogravées faciles à reconnaître.
L’étui contient également deux archets.
Toute personne qui se verrait proposer un violon présentant ces caractéristiques doit se montrer vigilante et prendre contact le plus rapidement possible avec Pablo Agri (les personnes qui diffusent ce message et dont je fais donc partie ont connaissance d’un numéro de téléphone fixe à appeler en Argentine).
Tout le monde espère que la diffusion de cette information empêchera le voleur de pouvoir vendre son butin et permettra ainsi à Pablo Agri de récupérer ce violon, comme il y a quelques mois le bandonéoniste Carlos Corrales a pu retrouver son précieux Doble A, qu’un individu de basse moralité lui avait subtilisé sur la scène d’un théâtre de Buenos Aires (voir l'article sous ce lien).
On peut écouter Antonio Agri interprètant Nostalgias (de Juan Carlos Cobián), en solo de violon, sur You Tube.
Ici, sous le lien, l’une des dernières critiques reçues par Antonio Agri, de son vivant. C’était dans La Nación, le 2 février 1998 : Antonio Agri, un violon de haut-vol.