C'est fait ! Depuis hier, grâce à un vote presque unanime en deuxième lecture à la Chambre des Députés, l'Argentine est devenue le 8ème pays d'Amérique Latine à interdire de fumer dans les lieux publics et fermés.
Plutôt que de vous dresser la liste des lieux où il est désormais interdit de fumer sur tout le territoire argentin (c'était souvent déjà le cas à Buenos Aires et dans une demi-douzaine d'autres Provinces), mieux vaut dresser celle des lieux où les fumeurs pourront encore s'adonner à leur vice si nuisible pour leur santé : les domiciles privés, les balcons, patios et autres terrasses à l'air libre des entreprises et autres lieux publics recevant du public, sauf établissements d'enseignements et établisssements hospitaliers et assimilés où ça reste totalement interdit même à l'air libre, dehors (la rue, le jardin...), dans votre bureau dans votre entreprise (enfin, plutôt celle de votre patron) à condition que vous ne le partagiez avec personne d'autre et dans un club de fumeurs, qui continuent d'avoir le droit d'exister (contrairement à ce qui se passe normalement en France depuis plusieurs années). Grosso modo, la loi est à peu près identique à celles qui existent désormais entre autres en France, au Portugal, en Espagne, et récemment même en Irlande où ça a fait grincer des dents pendant un jour ou deux. Et puis, c'est comme tout, on s'y fait.
La loi a obtenu hier 182 voix pour, 1 voix contre (il ou elle a dû se sentir bien seul) et 1 abstention (il s'est senti seul). Elle interdit désormais toute publicité pour les produits à base de tabac, les campagnes en cours à la télévision et à la radio vont être immédiatement interrompues, elle interdit les sociétés du tabac de sponsoriser quelque activité publique que ce soit. Elle oblige les cigarettiers à apposer sur leurs paquets des avis de santé aux formules choc ainsi que le numéro d'appel anti-tabac national. Et sous les panneaux Interdit de fumer, il y aura aussi le numéro où les personnes importunées par un fumeur récalcitrant pourront porter plainte contre le contrevenant, le 0800.
Ceci dit, l'Argentine n'a toujours pas ratifié un accord-cadre international qui fait du tabac une plante nocive dont la culture doit être limitée, voire interdite. Un traité signé par Néstor Kirchner en son temps et auquel les provinces argentines où l'on cultive l'herbe à Nicot se sont toujours opposées sous prétexte notamment que ce serait une perte sèche pour l'Etat qui empoche la taxe sur le tabac (quelle vertu patriotique !). Et puis comme dit l'un de leurs élus, 90% de la production argentine est pour l'exportation... C'est comme le soja, ça rapporte de devises.
Pourtant, on compte en Argentine environ 40 000 morts par an causées directement ou indirectement par le tabagisme, actif ou passif, sur une population totale de 40 millions. Pas négligeable.
Pour aller plus loin :
lire l'article de Clarín
Pour une fois, les trois quotidiens ont bien du mal à se distinguer les uns des autres malgré leurs habituelles divergences de vue politiques.
Cela fait du bien, un peu de consensus national, dans le feu de la campagne électorale !