Hier, partout en Argentine (1),
les différents sanctuaires dédiés à San Cayetano ont été fermés
pour éviter le rassemblement des fidèles, les plus intrépides
desquels se sont tout de même déplacés de nuit ou de jour pour
venir dire une petite prière devant des grilles ou des portes
closes, souvent gardées par des forces de police.
Le sanctuaire de Buenos Aires hier matin (photo Guillermo Rodriguez Adami) Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
A
Buenos Aires, l’archevêque-primat, le cardinal Mario Poli, est allé
célébrer la messe à Liniers, comme il en a l’habitude, mais
cette fois-ci devant des bancs vides avec ici et là quelques invités
triés sur le volet (soignants, personnels de sécurité, employés
du sanctuaire, représentants d’organismes de soutien social comme
il y en a beaucoup dans cette zone de Buenos Aires).
Le
président Alberto Fernández
a tenu à assister à la retransmission (2)
de cette messe et a tenu à le faire savoir. Il a ensuite reçu en
audience via Zoom des représentants du secteur social. D’ordinaire,
le chef d’État ne se mêle pas de cette fête dont la
signification est exclusivement religieuse, sans aucune dimension régalienne. Or c’était le premier 7 août de son mandat.
Après avoir (brillamment) réglé le problème de la restructuration de la dette extérieure et
annoncé un ambitieux programme de construction de prisons pour
lutter contre la délinquance et le crime et améliorer quelque peu
les conditions de détention des détenus, il fallait sans doute
qu’il s'adresse à son électorat et qu'il revienne vers l'objectif essentiel de son programme de gouvernement :
améliorer le sort des plus vulnérables et de la classe moyenne,
deux secteurs sociaux qui ont été rudement impactés par quatre ans de politique ultra-libérale et d'argent jetés par les fenêtres aux plus riches du pays.
C’était d’autant plus vrai que
l’Argentine doit célébrer demain en huit la fête des enfants (Día
del Niño), un dimanche où les gamins
sont comblés de cadeaux (lors de grandes réunions familiales où les embrassades sont toujours au rendez-vous, qui plus est en milieu confiné puisque c’est
l’hiver.)
Un magasin de jouets hier à Buenos Aires (photo Fernando de la Orden) Le magasin ne semble pas s'être équipé de vitres en plexiglass comme en Europe Cliquez sur l'image pour une meilleure résolution |
Dans ces conditions, les magasins de jouets subissent eux
aussi une terrible chute de leurs ventes à l’une de leurs
meilleures dates de l’année avec les jours qui précédent
l’Épiphanie.
Pour
en savoir plus :
lire
l’article de Página/12
sur l’homélie du cardinal Poli qui a relevé le scandale de la
pauvreté des enfants (environ 7 millions de gamins vivant sous le
seuil de la pauvreté)
Sur
la fête à Godoy Cruz
lire
l’article de Los Andes
lire
l’article de Uno
(1)
Sauf à Godoy Cruz, une ville limitrophe de Mendoza, où, malgré les
consignes de l’archevêque, la paroisse San Cayetano a ouvert ses
portes et célébré quatre messes publiques tout au long de la
journée. D’après les journaux mendocins, ce ne fut pas malgré
tout la grande affluence habituelle que l’on aurait pu craindre.
Dans cette province qui affiche 2.000 cas positifs et un taux de 65 %
d’occupation des lits dans les unités de soins intensifs du Gran
Mendoza, déplore 48 morts, compte 47 personnes touchées et
aujourd’hui rétablies et 24 salariés de supermarché récemment
infectés par le covid-19, la population s’est montrée prudente.
(2)
L'archidiocèse de Buenos Aires dispose de sa propre chaîne de
télévision, accessible plus facilement par Internet que par le câble. Elle a été mise en place par l’archevêque précédent,
le cardinal Jorge Mario Bergoglio, plus connu maintenant comme pape.