85 morts et environ 300 blessés dont 151 atteints à vie, devant l’AMIA, rue Pasteur, dans le centre de Buenos Aires, le 18 juillet 1994, sous la présidence de Carlos Menem, qui fut un temps soupçonné d’avoir personnellement aidé les terroristes (1). C’était la plus grande institution juive d’Argentine qui était visée : l’AMIA est certes d’abord une mutuelle mais elle fait aussi office de consistoire et d’instance représentative de la religion juive face aux pouvoirs publics (la AMIA administre en effet, entre autres, l’abattage rituel et les cimetières juifs dans tout le pays). L’explosion du 18 juillet 1994 reste à ce jour l’attentat antisémite le plus meurtrier de l’histoire, en dehors du territoire d’Israël puisque les assaillants du 7 octobre ont tué plus de monde encore.
L’instruction, longtemps erratique, avait permis, sous Néstor Kirchner, de faire apparaître des commanditaires au sein du Hezbollah, un proxy de la République islamique d’Iran au Liban, récemment écrasé par Tsahal.
C’est le juge fédéral Daniel Rafecas (2) qui a décidé d’audiencer le procès sous la forme du jugement par contumace, qui est entré tout récemment dans le code de procédure pénale argentin.
Les
accusés principaux, dont la plupart seront donc jugés en leur
absence, sont sept Iraniens, dont plusieurs étaient les uns
ministres en Iran, les autres diplomates en poste à Buenos Aires,
trois Libanais, les deux exécutants dont la présence sur les lieux
est attestée, et leur supérieur, tous trois susceptibles d’avoir
bénéficié de la protection active du président Carlos Menem, dit
el Turquito (ce qui veut dire « l’Arabe » en bon
argentin, puisque, dans les années du pic du flux migratoire,
1880-1920, les immigrants arabes détenaient un passeport de l’Empire
ottoman. De même, « El Rusito » est un terme affectueux
qui désigne un juif, parce que, dans ces mêmes années, la
quasi-totalité de l’immigration juive, fuyant les pogroms,
arrivait de l’Empire tsariste). On pense que Menem aurait pu cacher
personnellement et en toute connaissance de cause au moins deux et
peut-être les trois auteurs de l’attentat dans une résidence
officielle dans les heures et les jours qui ont suivi l’explosion
qui venait de détruire le siège de l’AMIA.
A
côté de ces commanditaires et de ces exécutants, il existe aussi
des accusés secondaires qui devront répondre d’actes commis après
l’attentat : les uns sont accusés d’avoir, aussitôt après
l’explosion, délibérément protégé, avec ou sans la complicité
du président en place, les auteurs ; les autres ont agi sur le
long terme en faisant dérailler l’instruction, en l’orientant
sur des fausses pistes et en l’installant dans des impasses, ce qui
a largement donné aux trois Libanais le loisir de se réfugier à
l’étranger, en Iran ou au Liban, d’où il s’est avéré
impossible de les extrader mais dont ils ne peuvent pas sortir
puisqu’une notice rouge d’Interpol reste en vigueur contre eux.
Ces accusés secondaires sont tous argentins. Ils devraient donc
comparaître. Ils sont six : trois anciens magistrats (le
premier juge d’instruction et deux procureurs), deux anciens
responsables de la SIDE (le renseignement extérieur), très haut
placés, ainsi qu’un particulier qui a vendu aux terroristes le
véhicule qu’ils sont accusés d’avoir piégé puis garé devant
l’AMIA où il a explosé. S’il était encore en vie, Carlos Menem
aurait donc dû comparaître aux côtés de ces hommes.
Ce
procès très attendu sera probablement très suivi !
![]() |
L'info n'a droit qu'à un titre très secondaire à droite, au-dessus de la photo de Lalo Schifrin L'info people des mariés de Venise semble plus importante Cliquez sur l'image pour une haute résolution |
Rappelons
que l’Argentine est le pays d’Amérique latine qui compte le plus
grand nombre de citoyens se réclamant du judaïsme ou de la judéïté.
Pour
aller plus loin :
lire
l’article
d’hier de Página/12
lire
l’article
d’hier de La
Prensa
lire
l’article
d’hier de Clarín
lire
l’article
d’hier de La
Nación
Par
respect pour Lalo Schifrin, dont on a appris la mort hier et comme
j’en ai l’habitude en pareilles circonstances, j’ai retardé
d’un jour la publication des autres informations sur Barrio de
Tango.
(2) Ce juge a longtemps eu la réputation d’être kirchneriste mais pendant plusieurs mois, il a passé pour être le candidat que Mileí aurait voulu nommer à la Cour suprême, où les magistrats en fonction ne sont plus que trois, ce qui est intenable. Cette nomination gaguesque a tourné en rond pendant des mois et on en a depuis perdu la trace !!!!